*Dix ans. Dix années s'étaient écoulées depuis ma dernière rencontre avec mon paternel. Celui qui m'avait donné ma nouvelle vie voulait à présent me la reprendre. Cette visite inattendu me laissa vide, épuisée, à bout de souffle, à bout de vie, sans la moindre force, si ce n'est celle tout juste nécessaire à me relever, et à fuir. Fuir. C'est ce que je fais maintenant, et ceux tout au long de ces dix dernières années.

Je l'ai moi même laissé pour mort. À vrai dire, le combat fut plus ou moins équilibré, et la chance fut de mon côté surtout. Aujourd'hui, il doit être entrain de récupérer ses forces, et à ma recherche. Il était temps pour moi d'arrêter ma fuite, car je sais que tôt ou tard, il me retrouvera. Je dois me tenir près pour se jour, et surtout être assez fort pour lui tenir tête à nouveau, voir même le mettre hors d'état de me nuire à nouveau. C'est à dire mort.

Je ne sais même pas où j'ai atterrit aujourd'hui. Je me suis jusqu'à présent laisser guider par mon intuition, mon instinct et mes proies. Je regarde autour de moi, reprenant conscience comme je n'avais su le fait tout au long de ces dix dernières années. Je suis au milieu d'une forêt, et non loin s'élève un gros rocher, sortant de nul part, s'étirant comme s'il avait voulu un jour atteindre la lune. Le paysage était magnifique. Mes méninges se mirent en route. Je ne connais pas ce lieu, n'y étant jamais venu, mais je le connais de nom: le rocher au clair de lune.

Bien. Je me mets à siffler, appelant Iri. Après quelques secondes, et sans un bruit, elle vint à moi. Je tends mon bras afin qu'elle puisse se poser dessus. Je lui demande alors si elle aperçut ce qui pourrait me servir de dîner. Elle ne parle pas, mais me comprends parfaitement. Je lui ai appris à répondre oui ou non de son corps. Et là, elle me répondit non. La poisse. Je commence sérieusement à avoir les crocs. Je sors de ma poche une musaraigne, et lui donne, tout en lui demandant d'inspecter à nouveau les environs.

Je vais m'assoir au pied d'un arbre. Je me sens las. Je retire mon wakizashi, et je le garde en main, afin d'être assis confortablement, et de pouvoir réagir en cas de mauvaise rencontre. Je finirai bien par rencontrer une âme qui vive à cet endroit. Un chasseur imprudent peut-être. Ou même une bête, peu importe, j'ai tellement faim que même du sang animal me contenterait.

Je prête une oreille attentive aux environs. Au bout d'un moment, j'entends des bruits de pas. Et pas de nouvelles d'Iri. Ce foutu hibou n'en faisait décidément qu'à sa tête. Je retrousse mes jambes, près à me relever d'un bond si besoin. Mes mains sont respectivement placées sur la garde et sur le fourreau de mon sabre. Cependant, je reste calme, et attend de voir ce que la nuit m'apporte comme compagnie.*

Alice.... Peux tu me dire ce qu'on vient faire là ?

-Yulenka, pas Alice. Je voudrais bien, mais je n'en ai aucune idée..... J'ai juste besoin de marcher.

Il fallait avouer que depuis le temps que Yulenka errait dans la nuit sans but ni raison, lui demander maintenant des explications était un peu inutile. De toute manière, elle n'avait de compte à rendre à personne. Son fidèle gardien décharnait la suivait toujours scrupuleusement. Il apparaissait et disparaissait sans cesse, son sourire si particulier au lèvre. Depuis qu'il avait retrouvé sa jeune protégée, il n'avait cesser de jouer les mères poules.

Tu n'oublieras pas de boire la gourde de sang que je t'ai préparé hein ? Un seul humain pour une nuit c'est devenu insuffisant pour toi.

-Ouiiiiiiiiiiiiii papa.....

N'empêche il avait raison. Voilà plusieurs nuits qu'à présent, qu'importe son activité physique elle avait besoin d'au moins deux proies pour satisfaire complètement sa soif. Elle n'y comprenait plus rien. D'abord sa vague de mauvaise humeur sanguinaire, à présent sa soif qui s'intensifiait et qui devenait insupportable, vraiment il se passait des choses étranges. Et on aura beau faire, les livres ne vous donne pas toujours de solutions. Soudain Chess s'arrête.

Je sens quelque chose de vivant !
-Dans un cimetière ça aurait été surprenant, mais ici tu sais....
Reste sur tes gardes quand même.
-J'espère que c'est hostile, que j'ai un bon prétexte pour l'éviscérer....
....

Pas plus inquiétée que ça, notre vampirette nationale à poils bleus continua son chemin, préparant tout de même ses armes à être employée, histoire de rassurer Chess. Depuis qu'elle était vampire, il n'avait jamais été dans sa nature de se soucier des potentielles mauvaise rencontre qu'elle pouvait faire. Après tout, elle était devenue la prédatrice universelle de toute les autres races non ? La seule chose qu'elle pourrait vraiment craindre serait la malveillance d'un autre vampire.

Et sur ce point là, elle était plutôt tranquille. Le peu de vampires qu'elle avait croisé pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Autant dire que pour sa propre race, son existence était plus reléguée au rang de légende, de racontars. En même temps, l'histoire d'une jeune et très belle vampire, à la voix aussi enchanteresse qu'envoûtante et aux longs cheveux saphir, forcément, ça suscite le doute.

Mais elle fut tirée de ses rêveries pas la vision émergente d'un corps au loin. Vivant à n'en point douter. Tiens donc, Chess avait vu juste. Un choix s'imposa alors. Soit elle allait elle même à l'encontre de ce qui s'avérait être un homme. Soit elle le laissait venir à lui, laissant son charme et surtout son charisme vampirique opérer. Il fallait dire que sous les rayons de la lune elle était à son plus beau jour.... Enfin nuit ! Finalement, et alors qu'elle n'avait pas cesser de marcher, elle fit mine de ne pas l'avoir vu. Et de là, elle prit un chemin en parallèle de la position de l'inconnu près de l'arbre. Cheveux au vent, son visage et son corps mis en valeur par la lune, elle attendit une approche. Chess avait disparu, se cachant dans les hauteurs. Il préféra rester caché au cas où il serait nécessaire qu'il intervienne

Les bruits de pas se confirment, et au loin, je vois apparaître ce qui semble être une jeune femme. Plus elle se rapproche, et plus je peux la distinguer avec précision. Environ un mètre soixante-dix, les cheveux très long, plus long que les miens, d'une couleur foncés. Cependant, je n'arrive pas à discerner la couleur exact. Ils me paraissent bleu, ce que je trouve incongru. Elle semble assez jeune, peut-être en fin d'adolescence, ou tout début de la vingtaine.

Elle marche avec assurance, malgré le fait qu'elle m'ait vu. J'en suis sûr. Cependant, elle prend un itinéraire parallèle au chemin sur lequel je me trouve. Pourtant, je ne ressens aucune crainte, aucune faiblesse dans ses pas, qui n'ont ni ralentis, ni accélérés. Elle continue juste sa route, comme si elle ne m'avait pas remarqué.

Je trouve cela assez étrange. Une jeune fille, seule, en plein milieu de la nuit. Un piège? Qui sait. Cependant, la soif me pousse à aller voir de plus près. Je reste sur mes gardes, je me relève tout en regardant autour de moi. Je suis des plus vigilant. Je remets mon arme à ma ceinture, et m'avance, ma main sur la garde. Je marche plus vite qu'elle, sans pour autant avoir l'air pressé. Lorsque j'arrive à sa hauteur, je reste sur mon chemin, plus ou moins parallèle au sentier qu'elle emprunte. Je dois me trouver à cinq mètres d'elle maintenant, sur son côté droit.

La lumière de la lune traverse les feuillages. Ses cheveux sont bien bleu, où alors je suis en proie à un sort. Cependant, les deux hypothèses n'étaient pas impossible.

Je veux parler, mais seul une sorte de râle enroué sort de ma gorge. Il est vrai que je n'ai pas parlé depuis quelques temps, et ma voix est quelque peu rauque de ce fait. Je me racle la gorge, et tente à nouveau de l'interpeller.

- Bonsoir Mademoiselle. Puis-je venir à votre rencontre?

Je regarde à nouveau autour de moi, mais rien ne me semble suspect.

- C'est une très belle nuit, et l'endroit est très sympathique, mais... n'est-il point imprudent pour une jeune demoiselle de se promener seule? Veuillez, je vous prie, accepter mon humble demande, et laissez moi vous accompagné jusqu'à la cité la plus proche.

Je continue de marcher en parallèle, m'arrêtant si elle s'arrête, et j'attends sa réponse et son autorisation pour pouvoir m'approcher d'elle. Elle semble ravissante, mais le monde m'a appris que les apparences peuvent être trompeuse. Je reste donc méfiant, et cela doit se ressentir aussi dans a voix, et mes gestes.

J'entends la voix mélodieuse de la jeune femme. Wahou! Quelle mélopée. Une véritable mélodie, et pourtant, ce n'était là que quelques mots. Elle m'autorise à m'approcher d'elle, et même à l'accompagner. Et bien, même si mon approche était quelque peu maladroite, elle a fonctionné. Cependant, la fille émet l'hypothèse qu'elle pourrait le mener dans une situation des plus délicates, ce qui me laisse sur mes gardes, toujours main au fourreau.

Je me rapproche pour atteindre sa hauteur, et je me mets à suivre son pas, une vitesse de croisière régulière. Je peux la distinguer clairement à présent. Yeux et cheveux bleus, vêtements légers, plutôt pratique, tout en mettant son corps en valeur. Sa peau diaphane me rappelle la mienne. Elle a l'air d'être plutôt joueuse, vu son attitude. Elle me parait un peu plus jeune à présent que je suis près d'elle. Je regarde aux alentours, puis vers le ciel, où je peux apercevoir Iri dans le ciel. Ceci me rassure quelque peu. Je suis tenté de la siffler, mais je préfère attendre encore un peu. Je réponds brièvement à sa question avant de laisser le silence s'installer à nouveau.

- Non, je n'ai point peur du danger, mais j'avoue que je suis plutôt méfiant ce soir. J'ai le pressentiment que le mal rôde en ces lieux.

Je n'avais pas tord, car si cette fille s'avérait être inoffensive, alors ce serait moi qui incarnerais le mal de ces bois.

La soif se fait de plus en plus forte. Je suis en manque de sang, mais je dois me contrôler. Je prends une grande inspiration. Ce bol d'air frais me fait un peu de bien et me remets les idées en place. Cependant, je ne suis pas dupe. Il y a quelque chose de louche à propos de cette jeune femme. Peut-être devrais-je parler pour en savoir un peu plus sur elle.

- Et où vous dirigez-vous ainsi chère demoiselle?

Je regarde dans sa direction, sans pour autant la dévisager. Puis je hausse les yeux au ciel en pensant que j'en oublie mes bonnes manières à trop penser à mon déjeuner.

- Au fait, j'en oublie de me présenter. Je me nomme Dess. Et vous même?

J'écoute sa voix mélodieuse, et continue à marcher droit devant. En face de nous, la forêt semble s'arrêter. Enfin, s’éclaircir plutôt. Encore quelques mètres, et je distingue que nous arrivons à une étendue d'eau. Probablement un grand lac. Bien, j'en profiterais pour demander à faire une escale. Se sera le lieu idéal pour tomber les masques.

Lorsque j’évoquai la présence possible du mal, la jeune femme sembla surprise, et même quelque peu inquiète au vu de l’intonation de sa voix. Mais de quelle planète pouvait-elle bien venir? Bien sûr que le mal est partout en ces terres. Et quand je parle de mal, je ne parle pas que des bandits de grands chemins, qui sont, un moindre mal disons. Et d'ailleurs qui seraient ici une bénédiction. Un buffet à volonté... Je m'égare. Mais bon, soit. Disons qu'elle est très prude et innocente, et que la canonisation lui tend ses bras.

Ainsi, elle se dirige vers Dhitys. Intéressant. Je me mets à réfléchir en quatrième vitesse pour trouver comment rebondir à mon aise sur cette information.

- Moi aussi, je vais à Dhitys. C'est bien là que vous allez? J'aurais aimé atteindre la ville avant la tombé de la nuit, mais la carte que j'ai suivi datée un peu, et... je me suis perdu. Je prenais une pause lorsque je vous ai vu arriver.

Oui, c'était pas mal ça comme excuse. Crédible. Et moins maladroit que mon approche plus tôt. Je commence à reprendre mes aises, bien que je reste méfiant et attentif.

- Vous allez chanter là bas? En même temps, vous avez une voix si douce. Moi, j'y vais pour affaire. On me demande pour veiller personnellement sur quelqu'un de haut rang pendant son déplacement.

Garde du corps. Oui, c'était pas mal ça. Et en plus, ça aller dans le sens de la mascarade qui s'était montée jusque là. Après que je me sois présenté, elle me dit son nom.

- Yulenka?!? Hum... je n'avais jamais entendu ce prénom auparavant. C'est original, et plutôt jolie.

Après un court instant, nous atteignons le lac que j'avais aperçu un peu plus tôt. Là, je lui propose de nous arrêter un court instant, histoire de se reposer quelques instant, mais aussi de se désaltérer au besoin. Je pourrais profiter de la quiétude de ce lieux pour attaquer ma proie en toute tranquillité. De plus, l'endroit dégagé me semble idéal pour repérer toute sorte de danger qui pourrait arriver.

- Depuis combien de temps êtes vous sur la route?

Je la regarde se poser sur un gros rocher. Je m'approche d'elle, d'un pas sûr. Mes yeux sont plongées dans les siens. Je m'avance encore, d'un pas sûr. Je lui souris. J'allais fondre sur elle, mais un son me parvient. "Houhou... hou. Houhou... hou." Iri. Que ce passe-t-il? Je lève les yeux au ciel. Un cercle long dans le sens horaire, deux cercles court dans le sens anti-horaire. Puis cinq cercles très court, en piqué, dans le sens horaire. Iri va alors se poser sur un arbre non loin, tout en silence.

Je m'arrête brusquement, et porte ma main à mon fourreau. Non, je décide finalement de sortir mon Nunchak, rangé à ma ceinture, dans mon dos.

- Savez-vous vous défendre mademoiselle Yulenka? Car il se trouve que cinq personnes se dirigent vers nous, avec des attentions des plus mauvaises. J'ai bien peur que la rencontre soit pour bientôt.

Au vu du signal d'Iri, je dirais qu'ils devraient arriver d'ici deux ou trois minutes. Ils nous ont pisté, et remonte celle-ci jusqu'à nous. Je peste intérieurement, la miss aurait pu me prévenir plus tôt. Elle a dû être croisé avec une bourrique, ce n'est pas possible autrement. Je me tiens près à accueillir nos charmants voyageurs. Ca tombe bien, j'ai faim. Et si la jeune fille est protégée par quoi que ce soit, je le découvrirai grâce à eux. Sinon... elle fera un parfait dessert.

La jeune femme semble ne pas vouloir se battre, voir ne pas savoir se battre. Je souris lorsqu'elle me avoua que la vue du sang la rendait toute chose. un sourire malsain. Je ne pu m'empêcher de penser tout haut "et moi donc". le combat à venir m'excite au plus haut point, je me sens revigoré. Je bloque une tige sous mon aisselle droite, j'avance ma jambe gauche et tend mon bras gauche en avant. La paume de ma main gauche fait face aux adversaires qui approchent maintenant.

Cinq bandits, trois sortent leurs épées moyennes, semblables à des glaives romains, un autre sort une paire de couteaux, et celui qui semble être le chef, est armé d'une lance. Ces cinq brigands se lancent à l'assaut sous l'ordre de leur chef.

Allez les gars pas de quartiers !

Les cinq malfrats se mettent cependant à tous regarder en direction de Yulenka, en même temps. Je ne peux cependant me retourner pour voir ce qu'ils avaient vu. Cependant, ce qui hors de ma vision ne l'était pas de la vision d'Iri. Mais, nous y reviendrons plus tard.

Butez le mec, la nana peut se revendre!

Bon, au moins, je n'aurais pas de difficulté à les contenir sur moi. Je les regarde s'approcher en courant, alors que je reste sur place. Je ne bronche pas d'un sourcil, mes yeux allant de l'un à l'autre afin d'identifier leurs mouvements. Le chef reste en retrait, alors que les quatre autres ralentissent pour s'approcher plus prudemment, et enfin s'arrêter à deux mètre cinquante de moi environ. Ils m'encerclent, l'homme aux couteaux se plaçant dans mon dos. Cependant, je reste immobile. Si mes yeux ne bougeaient pas, et si un large sourire n'était pas venu illuminer mon visage, on aurait pu croire à une statue de cire.

Mon sourire, d'ailleurs, les décontenance quelque peu. Ils se regardent, interrogatifs, puis l'un d'eux monte à l'assaut. J'analyse rapidement son mouvement, esquive son coup d'épée vertical d'un pas de côté, puis, dans mon élan, je me tourne sur moi même, afin de suivre son mouvement, et lâche la pression de sous mon aisselle, relâchant ainsi le bâton de mon nunchaku, qui fila tout droit à la tête du pauvre bougre. L'extrémité de la branche vint heurter sa tête, c'est à dire là où le coup est le plus puissant.

L'avantage de cette arme, c'est qu'elle est légère, maniable, et que sa puissance vient du mouvement de rotation, et de la longueur de ses branches. La vitesse étant maximum à l'extrémité mobile, la puissance du coup atteint inexorablement son maximum aussi.

Le son produit sonne comme une cloche lugubre. L'os occipital se fêle, et l'homme tombe à terre, inconscient. Je prends l'ascendant psychologique sur le petit groupe de trois. Je fais maintenant face à l'homme aux couteaux, qui me regarde, regarde son ami tombé, puis ses deux autres compères. Il se met à crier, suivi des deux autres coupes jarret dans mon dos, puis ils foncent vers moi, de rage et de peur.

Bien, c'est exactement ce à quoi j'attendais. Je m'avance vers l'homme au couteau, l'esquive, et vint rapidement me placer derrière lui, en l'agrippant par la gorge, via mon nunchaku, et me servir de lui comme bouclier. Ce qui s'avère être efficace, car l'un des hommes n'arrive pas à retenir son épée, et le plante en plein ventre. Une blessure non mortelle, sauf si elle n'est pas soigné.

L'homme lâche ses couteaux pour se tenir le ventre. La vue du sang me rend encore plus joyeux, et je ne peux m'empêcher de rire aux éclats, dévoilant ainsi mes canines.

C'est à ce moment là que le chef de la bande se décide à attaquer, me fonçant dessus avec sa lance. Son avantage est son allonge. Mais je suis rapide, ce qui me permet d'éviter ses coups. Son attaque galvanise les deux restant qui suivent leur chef. Mon nunchaku rebondit d'une arme à une autre afin de parer leurs coups respectifs. J'attends l'ouverture, tout en reculant, j'atteins bientôt le bord du lac.

Alors que mon pied d'appuis se trouve à moitié dans l'eau, je repère une petite ouverture, me permettant d'avancer, en me baissant, pour venir taper derrière le genoux d'un des épéistes. Celui-ci est forcé de le poser à terre, et je me faufile entre eux pour être maintenant parallèle au bord du lac. La branche de mon nunchaku va alors à la rencontre de la bouche de l'homme, genoux à terre, le faisant basculer à la renverse, et voler plusieurs de ses dents, le sonnant quelques instants.

Je n'ai cependant pas le temps d'en profiter, les assauts continuant. Je recule encore de deux pas, mais cette fois, les ouvertures sont plus nombreuses avec la perte d'un assaillant.

Comme précédemment, j'esquive, je pare, je récupère la branche de mon nunchak en main, et en me baissant, dans une esquive, j'avance pour passer entre les deux malfrats, et je me retrouve derrière eux. Toujours dans le mouvement, un coup vertical vient frapper la clavicule du dernier épéiste, qui lâche son arme sous la douleur, dans un cri des plus appréciable à mon oreille.

L'homme se tient l'épaule, et le chef se retourne pour m'attaquer à nouveau. Cette fois, je me permets de jouer un peu. Malgré son allonge, et ses coups vifs, je ne me contente que d'esquiver, faisant tourner mon nunchaku verticalement, sur mon côté droit.

C'est à ce moment que le ciel, obscurcit par quelques nuages, décida de se découvrir, dévoilant une lune presque pleine, reflétant dans l'eau du lac, limpide. Mais hormis la lune, il faisait assez clair pour que leur chef émettent un reflet aussi dans l'eau. Mais pas moi. Ce que l'homme à la clavicule casser ne manqua pas de repérer. Il lança à son chef, terrifié:

Harz! C'est un vampire!

Harz se retourne alors, puis me regarde. Ses coups se stoppèrent. Il regarde ensuite sur le lac. J'en profite de me rapprocher de lui, tout crocs dehors, et de planter ceux-ci dans sa gorge. Je le vide de son sang rapidement, afin de combler ma soif. Je relâche mon étreinte, laissant un corps las, tombé au sol, comme si l'on avait sectionné d'un coup toutes les cordes d'une marionnette.

Je m'approche de l'homme à la clavicule cassait, qui se retourne pour courir. Dans la précipitation, il s’emmêle les jambes... ou peut-être était-ce moi qui m'était amusé à enrouler son ombre autour de ses pieds... Quel vilain je fais.

Je prends mon temps pour m'approcher de lui. Je déguste chaque moment, le voir se retourner, ramper, voir son visage terrifié, se retourner à nouveau tout en rampant, tenter de se relever... et crier de douleur. Ma main libre va en effet agripper son épaule casser, je resserre mon étreinte, et son cris s'amplifie. Je le retourne, afin qu'il me fasse face. Je souris et... l'homme s'évanouit. Je suis dessus. Je ne sais s'il est tombé inconscient à cause de la douleur, ou de la peur. Peut-être les deux.

Je le traine jusqu'au premier des hommes qui tomba, et je laisse son corps tomber sur l'autre. L'homme au couteau tenta lui aussi de fuir. Je le laisse partir, sans m'en occuper pour le moment. Sa piste sera simple à suivre. Le pauvre se dirige vers les buissons où se trouve Yulenka, je n'y fais pas attention.

Le dernier, à la dentition perdue, reprend alors conscience. Je m'avance vers lui. Le pauvre à du mal à analyser la situation. Il voit un corps par terre, et finit par l'analyser comme son chef. Il se tourne vers moi, et me regarde tout penaud. Je souris. Il tente de répondre à mon sourire, sans trop comprendre. Un sourire des moins francs, hésitant et... sans dent de devant. Il comprend alors que je suis un danger, et me demande pitié. Je l'attrape par la gorge, et le force à se relever. De mon autre main, j'attrape son bras. Il me regarde terrifié, ne sachant à quoi s'attendre. Je plante alors mes crocs dans son bras, et me régale d'un sang chaud. De son sang. Je bois doucement cette fois, si bien qu'il finit par s'évanouir quand la quantité de sang devient trop faible. Je le laisse tomber à terre, sans le tuer pour le moment. J'étais rassasié, et il me faut des provisions pour la route.

Je me retourne pour m'avancer vers les buissons. Mon dessert m'y attend. Mais Iri vient alors me barrer la route, se posant face à moi, au sol, toutes ailes ouvertes. Je la regarde interrogateur, mais si elle m'arrête, c'est qu'il y a une raison. Je lui tends mon bras, et elle vient s'y poser. J'interpelle alors ma compagne de voyage.

- Montre toi, Yulenka. Et dévoile moi ton secret!

J'attends une réponse de la belle, et je me prépare au combat, au cas où, préparant cette fois mon sabre.

Je n'ai pas eu à attendre très longtemps, et déjà la jeune femme sort des fourrées, avec ce qui se trouve être l'homme au couteau. Le pauvre homme, si l'on peut ainsi le définir, se trouve être agrippé par la mâchoire, trainé comme une loque, sans plus aucune volonté. La femme n'avait aucun mal à trainer ce corps d'ailleurs. Mais autre chose m'intrigue. Quelque chose qui me rend... attiré par cette jeune femme. Sa voix m'ensorcèle. La douce mélopée qui sort de sa bouche m'obsède au point que je ne puisse détacher mes yeux d'elle.

Je l'observe s'approcher de moi. Elle est irrésistible. J'ai envie de l'étreindre, dans une passion folle et meurtrière, mais aussi sensuelle et sexuelle. Comme si toutes mes envies, mes pulsions, les plus basiques voulaient s'adonner en même temps, avec le corps de cette jeune femme. L'éclat de la lune sur sa peau diaphane rendait le spectacle encore plus beau. Cependant, je ne peux bouger d'un pouce. Je suis comme immobile. Mes sens sont si captivés, mes instincts si embrouillés, que je ne peux réagir autrement que de suivre du regard la demoiselle.

Elle jette son fardeau plus loin, et pourtant, je ne m'occupe même pas du corps. Elle tourne autour de moi, et ma tête suis son mouvement. Même Iri semble captivé par la demoiselle, mais je n'y fais même pas attention. Lorsqu'elle lèche son doigt, un frisson d'envie parcourt mon corps. Envie de sang. Envie d'elle.

Elle continue de tourner, et se place derrière moi pour me susurrer quelques mots à l'oreille:

- Ne vous avais-je point dis que vous risqueriez des situations bien périlleuses en ma compagnie ?

Là encore, mon corps frissonne à nouveau, un frisson du au souffle de sa voix contre ma peau. Là, je peux entendre et ressentir les ombres se déplacer, broyant des os. Le gémissement de l'homme à terre s'arrête alors. Et ce n'est d'ailleurs qu'avec cette arrêt que je remarque que l'homme gémissait doucement.

Elle s'éloigne de moi. Inconsciemment, je fais un pas faire l'avant, je tends mon bras, comme regrettant son départ, comme pour la rattraper. Mais hormis ça, je n'avance pas plus. Son chant s'arrête, et je commence à reprendre mes esprits. Comme si j'ai été sonné par un coup, je mets quelques secondes à réaliser ce qui s'est passé.

Je recule alors d'un pas, fronçant les sourcils, mais sur ma garde, prêt à dégainer. Iri s'envole, silencieusement, et s'éloigne dans les airs. Je fixe la demoiselle du regard.

- Tu t'es bien joué de moi! Mais qu'es-tu à la fin?

Les éléments se regroupent alors dans mon esprit, l'homme semblait comme hypnotisé, complétement apathique, ne se débattant même pas. Sa mélopée pouvait être trompeuse, mais sa maîtrise des ombres indiqué une voix, plus son goût pour le sang... Je m'entends alors dire:

- Vampire? Serais-tu... toi aussi?

Surpris par ma conclusion, je baisse ma garde. Il faut dire que j'ai, jusqu'à présent, rencontré très peu de représentant de mon espèce. À part mon géniteur d'ailleurs... Et vu sa maitrise de l'ombre, elle est déjà assez puissante. Plus que moi, pour sûr. Je ne suis plus que l'ombre de ce que j'ai bien pu être d'ailleurs.

J'attends alors de voir sa réaction. Le fait que nous soyons de la même race ne veut pas forcément dire qu'elle peut m'être amicale. De plus, certaines créatures peuvent développés des pouvoirs identiques aux nôtres, et même si ma conclusion est la plus plausible, il se peut très bien qu'elle soit tout autre.

La réaction ne se fait point attendre. Déjà, la voilà qui se retourne vers moi, et d'un coup rapide, m'agrippe de son fouet, m'emprisonnant ainsi sans que je ne puisse réagir. Je me retrouve bloqué. J'essaye vainement de me débattre pendant quelques secondes, mais ma force ne sera pas suffisante pour me libérer. La voilà qui m'attire à elle, et je dois faire de grand pas pour ne pas tomber sous la force qu'elle y met. Je peux à présent sentir la douceur de son corps contre le mien. Elle me montre alors, via un grand sourire, ses grandes dents.

-Et maintenant ? Que vous dit mon beau sourire ?
- Que vous pourriez employer vos lèvres bien d'autres choses, que ce n'en serait qu'autant agréable, si ce n'est plus.

Je ris quelque peu, essayant de faire un peu d'humour, même si cela reste d'un genre douteux. Mais après tout, autant rentrer dans ce petit jeu qui commence à me plaire. Elle glisse alors son index encore couvert de sang, pour ensuite le retirer d'un coup. Je passe alors ma langue sur ma lèvre, afin de me délecter de ce sang... même si le goût est altérer par le fait qu'il est refroidit, et pris l'air. Contrairement au vin, le sang est meilleur dès sa sortie du corps.

Elle se retire, déroulant son fouet, ce qui à pour effet de me faire tourner quelques tours sur moi même. Encore un peu, et j'aurais pu avoir le tournis. Mais la belle était douce... et taquine. Et j'aime jouer. Surtout si on y mêle un peu de sensualité, et de frustration.

Pourtant, la belle, même si son charme naturelle était des plus sympathique, ne m'aurait pas attiré plus que cela en tant normal. Mais le goût du jeu, le goût du risque, ne me laisse pas indifférent.

Je ris lorsqu'elle énonce sa phrase.

- Il est vrai que je ne suis pas un bandit, mais il est tout aussi vrai que j'avais très faim, et que mon plan était celui même du bandit que vous me décrivez. Cependant, mon instinct n'avait pas confiance en vous, et y voyez un certains danger, que vous avez pris plaisir à atténuer, je suppose.

Je ris encore un peu. Un petit rire doux, sans vulgarité.

- Et je pense que si ces brigands n'étaient pas intervenu, j'aurais pu me montrer impoli et discourtois. Et je vous prie de bien vouloir me pardonner. Mais j'ai l'impression que c'est ce que vous auriez souhaité dans le fond, après ce que vous me dîtes, et la manière de vous vous êtes comportée, non?

Cette fois, je souris, un sourire complice et taquin. Je montre ainsi que ce jeu n'était pas pour me déplaire, et que même si j'aurais sûrement été victime, cela aurait pu être amusant au final. Je ne doute point qu'elle aurait pu me mettre à mort, mais le goût du risque est si... motivant.

Voilà à présent qu'elle s'éloigne. Je m'avance alors vers elle, décontracté cette fois, et à une vitesse moindre, ce qui fait que je ne peux la rattraper. Je l'interpelle de mon ton le plus agréable, et lance une invitation à diner.

- Yulenka! Attendez. Nous pourrions faire un autre bout de chemin ensemble... de plus, le dîner est servi. Pourquoi ne pas se délecter d'un peu de sang frais. C'est deux là sont toujours vivant.

Je pointe d'un geste du menton, les deux hommes inconscient, au milieu de la scène.

- Quand dites-vous? Et puis... j'avoue que vous m'intriguez quelque peu. Je n'ai rencontrer que très peu de confrères, et le dernier qui a croisé mon chemin à failli me tuer.

Bon, ce n'est pas faux, mais il manque quelques détails plus ou moins important. Mais je ne vais pas dévoiler ma vie, ou ma non-vie, comme ça, à une inconnue. Je m'arrête, et attends de voir ce qu'elle fera.

La jeune femme accepte ma proposition. Ou plutôt devrais-je dire la jeune dentue. Qui sait, peut-être est-elle plus vieille que moi. Plus puissante en tout cas. Je crois que je devais être un poil plus puissant avant la dernière visite de mon géniteur. Toujours est-il que là, c'est elle qui menait la danse, et qu'elle pouvait se débarrasser de moi quand bon lui semble.

-Vous comptez toujours m'escorter jusqu'à la prochaine ville également ?
- Pourquoi pas. Mais peut-être pas à Dhitys. À vrai dire, je n'ai pas encore de destination précise. Enfin, juste quelques idées.

Je reviendrais dessus plus tard, je continue de discuter avec la belle.

-Vous avez le don de vous attirer la sympathie des gens dîtes moi ? Hi hi hi ! Mais que diable lui aviez vous fait ?
- Oh... rien de bien méchant, un simple désaccord sur un sujet qui lui tient "Vraiment" à cœur. Mais vraiment. Donc bon.

La demoiselle accepte mon invitation au repas, et se trouve un coin agréable où s'assoir. Elle use de sa magie pour faire glisser les corps jusqu'à elle. Je viens m'assoir à mon tour, lui faisant face. Et là encore, elle me surprend, usant de son contrôle du sang, afin de vidé de son sang l'édenté, et de créer de des bulles de sang, plus ou moins grosses, qu'elle dispatche autour d'elle, avant de les boire une à une, gentiment. Je la regarde faire, mais je ne bois pas, à vrai dire, je suis rassasié pour le moment. Un corps et demi, ce devrait me satisfaire jusqu'au levé du jour.

-J'espère que vous avez de bonnes histoires à raconter, car je n'ai pas grand chose d'intéressant à dire pour ma part.
- Pas vraiment. Je ris légèrement. En fait, je suis là tout à fait par hasard, marchant au gré du vent comme on dit. Je cherche à devenir... plus puissant, pour être tout à fait sincère, mais jusqu'à maintenant, je ne savais pas par où commencer.

Encore une fois, je passe les détails sur ma vie, et je continue sur ce qui pourrait être intéressant.

- En fait, j'ai entendu une histoire, cela se passe dans le désert. Un histoire sur un Galion capable de traverser le désert, et de se dissimuler aux yeux de tous. Il parait que l'ancien capitaine de ce fabuleux navire cherche à le récupérer. Qui sait, peut-être irais-je tenter ma chance. Les récits et légendes ont toujours une pars de vrai après tout. Et cela ne me surprendrait pas. Cependant, je ne sais pas si je pourrais y arriver seul... surtout avec ma puissance actuelle... ou plutôt mon absence de puissance.

Mon regard se porte dans le ciel, dans le vague. Je soupire. Il me faut faire quelques quêtes pour obtenir forces et sagesses, ainsi que des artefacts puissants. Qui sait. Jusqu'à aujourd'hui, je m'étais contenter de vivre, et d'évoluer avec le temps. Mais là, je dois forcer le temps, et évoluer plus rapidement. Il parait même qu'il y aurait des personnes susceptibles de m'apprendre de nouveaux pouvoirs. J'ai hâte.

- Et vous? Que prévoyez-vous de faire actuellement?