Spoiler:

Myrialuna était sûre et certaine d'une chose du moins: elle voulait sauver ce petit garcon. Dans son coeur, elle ne pourrait se résoudre dans l'idée de l'abandonner et de le laisser dans le pétrin. Et si les deux jeunes n'étaient que son dernier espoir? Si personne n'était parti à sa recherche? La fée ne pouvait donc pas vraiment se résoudre à prendre part à abandonner cette quête. Elle souhaitait y aller jusqu'au bout et c'est certainement ce qu'elle allait faire. Ses yeux bleus océaniques firent un peu le tour de ce qui était présent autour d'elles. Il n'y avait pas grand chose d'intéressant ou qui piquait à l'oeil. La fée retournait soudainement son attention sur son dragon qui s'était simplement posé près d'eux et attendait que les deux jeunes femmes fassent quelque chose. Il n'était pas vraiment facile d'accéder à quelques caprices d'un dragon. Elle se demandait comment tout cela devait être en présence d'un démon comme le compagnon de cette femme aux cheveux roux.


Je me nomme Sherry et voici mon compagnon Kai. Je crois qu'il est plutôt fasciné par votre ami dragon.


Puis ce fut le démon à parler. La fée l'écouta. Du moins écoutait ce qu'il avait à dire. Il avait raison dans un sens mais trop se presser n'était pas bon non plus. Il pouvait y avoir des oublis. Ou encore des blessures dans d'autres cas. Et un esprit qui n'était pas calme ou préoccupé par quelque chose... pouvait facilement être déconcentré et les choses peuvent s'envenimer davantage. La fée entendit un léger son provenant de son dragon et elle lui jeta rapidement un coup d'oeil. Celui-ci ne semblait pas dérangé par quelque chose. Luna pensait donc qu'il devait avoir eu une légère digestion quelconque. Si ca provenait de son estomac...


-Préférez vous vous y rendre à pied ou en utilisant nos ailes ? C'est comme il vous plaira le mieux et devant nous en passant par ce sentier , tout droit , se trouve le lac que j'ai mentionné. C'est là que se trouve notre passerelle vers les grottes légendaires et peut-être y trouverons nous ce que nous cherchons. Du moins , je l’espère.


La question ne se posait certainement pas. Les fées adoraient voler et elle devait sûrement être l'une d'entre elles qui passait le plus sur la terre ferme. Mais alors que Sherry avait posé sa question, elle s'était détournée en ouvrant ses ailes. C'était très irrespectueux d'avoir demandé si c'était mieux à pied ou dans les airs et qu'elle décidait finalement de l'issu sans même en reparler. Myrialuna soupira tout doucement et sortie ses grandes ailes en forme de papillon et se mit calmement à voler dans les airs en la suivant. Khôr avait aussi battu de ses ailes afin de rejoindre les deux jeunes femmes. Il arriverait certainement à les distancer très rapidement vu sa taille et sa force. Surtout celle qui résidait dans ses ailes. Après tout la plupart des dragons sont fait pour voler. Myrialuna se posait calmement sur le sol peu de temps après la réprouvée et s'approcha calmement de quelques pas. Un léger tremblement de terre se fit sentir lorsque son dragon se déposait à son tour sur le sol. La fée se retournait alors vers lui.


- Tu resteras ici... tu ne peux pas nous accompagner dans ces grottes..


De toute manière, il s'y attendait sûrement. La fée se retournait donc vers Sherry une fois de plus et observait l'entrée.


- Et comment suggérez-vous d'y parvenir?

Sherry savait que le fait de partir sans l'accord de sa nouvelle partenaire , beaucoup plus honnête souhaitant aider le petit garçon de toute bonté de coeur , serait très rude de sa part mais elle savait a réponse que celle-ci lui donnerait et il s'avérait presque inutile d'attendre qu'elle lui réponde. Leur envol ne dura pas tellement longtemps , le dragon volant avec une vitesse impressionnante , ce qui n'était pas si étonnant si on prenait en compte la différence de taille de ses ailes comparée à celle des deux camarades.

Sherry ne pouvait s'empêcher de penser à Shoshanna et s'étonnait quand même un peu de sa réaction ainsi que de la façon dont elle était partie. Le mendiant n'avait mentionné que le fait que ce soit une urgence mais ne savait les informait de quoi il s'agissait. Un peu de curiosité mélangée à une légère inquiétude , sachant que la chaman savait très bien s'occuper d'elle-même , elle continua sa route pour retrouver le petit garçon avant qu'il ne soit trop tard ou que l’irréparable soit commis.

Le dragon fit trembler le sol en s'y posant de par son anatomie de géant mais une douceur d'animal de compagnie. Il semblait beaucoup apprécier la fée , était à son service , obéissait à ses demandes , l'observait de son regard protecteur. Comment pouvait-il faire autrement ? La réprouvé n'avait parlé avec elle que très peu mais elle croyait avec cerné sa personnalité bienveillante envers les autres , ne se souciant pas que de son propre petit monde et ce qui tourne autour . Le dragon calme , impassible et silencieux , écoutait les paroles de la jeune fée pendant que celle-ci s'adressait à lui , prête à partir dans cette découverte sous-marine.Ils ne pouvaient être sûres du passage qu'ils allaient emprunter ni de ce qu'ils y trouveraient en s'aventurant.

- Tu resteras ici... tu ne peux pas nous accompagner dans ces grottes... Et comment suggérez-vous d'y parvenir?

Le dragon devait certainement être inquiet pour la santé de sa maîtresse en s'y aventurant seule , avec ces deux nouveaux pour compagnie tout compte fait , mais lui était incapable de s'y rendre , son corps colossal l'en empêchait. Sherry passa directement aux explications de son idée , trouvant Myrialuna particulièrement frontal , ne voulant en effet pas perdre de temps ou le gaspiller de manière inutile , dans le vent.

- En observant la glace qui recouvre la surface du lac , j'ai pu apercevoir , comme j'ai déjà dû le mentionner plutôt , que à certains endroits , la couche s'avère être plus fine, facile à traverser. Cela est dû à la présence des courants d'eau chaude qui coulent par dessous la plaque de la surface , avec une force considérable. C'est sur ce point que se jouerait la stratégie. Si nous profitons de sa force puissante , ils devraient être en mesure de nous transporter , étant donné que nos masses corporelles ne sont pas si lourdes , jusqu'aux grottes qui ne doivent pas se trouver tellement en profondeur , si mes déductions sont bonnes. Dans le cas contraire , nous finirions coincés quelque part je suppose. Il faudrait juste pouvoir tenir assez longtemps la respiration sous l'eau , avoir prit bien leur souffle , et tout devrait aller pour le mieux .-elle prit enfin une pause pour respirer , elle devait essayer de s'habituer à ses longs monologues car cela en devenait trop- Qu'en penses-tu Myrialuna ?

Sherry avait dévoilé toutes les conclusions aux quelles elle était arrivée , en déduisant , d'après sa découverte dans le lac. Ignorant totalement si cela pouvait vraiment les y mener , ils devraient confier leur destin au petit bonheur la chance et qui sait s'ils parviendraient à bon bord. Elle ne savait pas si cela lui était permis mais elle voulait essayé d'approcher le dragon , première fois qu'elle en voyait un , la jeune réprouvé. S'approchant alors du creux de son oreille , elle lui chuchota qu'ils veilleraient sur sa maîtresse au cas où la situation deviendrait critique , même si elle savait se débrouiller toute seule , et qu'ils la ramèneraient saine et sauve.

Khôr était inquiet pour Luna. La fée lui avait demandé de rester là où il était. Le dragon n'allait pas pouvoir suivre les deux jeunes femmes là où elles allaient. C'était donc pour cela que la jeune femme lui avait demandé de rester de l'autre côté. Elle savait fort bien que cela ne plaisait guère à son animal. Mais elle n'avait pas d'autres choix. Les yeux bleus de la jeune femme croisait les yeux violacés de son dragon et elle eu un léger pincement au coeur. La fée avait toujours de la difficulté à le laisser tout seul. Elle était toujours près de ses amis. C'était donc pour cela qu'elle avait ce léger pincement dans sa poitrine alors qu'elle se retournait afin de regarder la réprouvée. Sherry ne semblait pas aussi inquiète que la fée mais les yeux de la jeune femme furent bientôt recouvert d'un voile qui cachait cette peur. Elle se faisait confiance et en même temps elle donnait la confiance en cette jeune femme qu'elle ne connaissait pas vraiment.


Une personne était sûrement en danger. La jeune femme n'avait nullement le temps de s'arrêter en plein chemin et de faire en sorte de laisser quelqu'un le risque de mourir. Le jeune garcon mourrait peut-être de faim en ce moment même. Ou peut-être souffrait-il d'un grand froid? Peut-être était-il malade? Plusieurs possibilités s'offraient à elle mais la jeune femme était sérieusement en train de penser qu'il fallait foncer le plus rapidement possible. Cependant, il valait mieux ne pas foncer tête baissée sans réfléchir un minimum. Myrialuna s'était donc doucement rapprochée de Sherry en la regardant. Le regard azuré de la fée était toujours aussi doux. Elle écoutait les paroles de la jeune femme aux cheveux roux et baissait tranquillement ses yeux sur la glace quelques secondes. Puis, elle entendit la fin de son récit:


(...) Dans le cas contraire , nous finirions coincés quelque part je suppose. Il faudrait juste pouvoir tenir assez longtemps la respiration sous l'eau , avoir prit bien leur souffle , et tout devrait aller pour le mieux.


Tenir assez longtemps? Luna ne savait pas vraiment à quoi elle pense mais cette rouquine savait-elle qu'elles risquaient leur vie en ce moment même? Soudain, la jeune femme sût de quoi il était question. Elle se rappel aussi avoir un pouvoir sur l'élément de l'air. Elle allait pouvoir leur transmettre de l'oxygène et même leur fabriquer un petit casque d'air dans l'eau pour qu'elles puissent respirer et ne pas se noyer. La jeune femme fit donc signe calmement à Sherry de commencer à marcher sur la glace et la fée fit de même.


- J'en pense que l'idée de me mouiller n'est pas la meilleure en goût mais je suis totalement prête à le faire pour aider ce jeune garcon. Cependant, je ne crois pas que nous risquerons nos vies inutilement sous l'eau. Je possède un contrôle sur le vent et je pourrais une créer une bulle d'air supplémentaire autour de nos têtes qui pourrait durer quelques minutes sous l'eau et ainsi nous permettre de voguer tranquillement jusqu'aux grottes.


Les yeux de la jeune femme s'étaient redressés pour la regarder droit dans les yeux pendant qu'elle parlait mais tout d esuite après, Myrialuna avait baissé les yeux sur le sol afin de regarder là où elle mettait les pieds. Soudainement, elle tendit doucement la main en direction de la réprouvée et elle la regardait de nouveau dans les yeux.


- Je pense auss, par mesure de sécurité, que nous devrions nous tenir la main même sous l'eau. Les courants pourraient nous amener à d'autres endroits. Qu'en penses-tu?


Elle attendait qu'elle lui réponde. Elle attendait aussi qu'elle prenne sa main si jamais elle acceptait. La fée ne savait pas quand la glace allait cédé. Le poids de la fée était bien inférieur à celui de la réprouvée. Et toutes les deux pourraient éviter la glace si elles voleraient mais les grottes se trouvaient en-dessous...

Sherry n'avait pas beaucoup d'expérience dans ce genre de domaine et elle avait pour mauvaise habitude de prendre des décisions à la hâte pour la plus part des fois le regretter. Elle avait donné cette idée où le facteur chance influençait énormément le résultat de l'affaire et rare est la personne qui est prête à courir un tel risque de noyade , voire de devoir affronter la faucheuse plus tôt que prévu , pour sauver un gamin inconnu qui n'avait rien à faire sur les lieux. Il avait dû se trouver au mauvais endroit et au mauvais moment car il était impossible pour un simple humain inoffensive de braver tous les dangers que ces deux jeunes filles étaient prêtes à courir pour son bien , les bonnes âmes qui devenaient rares dans ces terres plongées dans la guerre existaient néanmoins.

Elle avait perdu trop de temps avec ces va-et-vient incessants , à la recherche d'une coéquipière qui à la fois est partie pour des raisons qui intriguaient toujours la réprouvé , plusieurs allers retour avaient ralenti ce qui au commencement s'annonçait une mission plutôt facile que le grand-père du bambin était prêt à entreprendre seul s'il fallait. Il n'aurait pas duré longtemps malheureusement si la réprouvé ne l'avait pas découragé à ce fait et était venue elle à sa place , bon côté au final avoir rencontré une jeune fée qui lui rappelait vaguement quelqu'un quand elle la regardait mais il lui était impossible de savoir qui. La réprouvé semblait très angoissée , elle ne pouvait rester sur place alors que sa camarade de voyage de voyait tout à fait sereine , pour la jeune demoiselle , il lui était impossible de garder cette impassibilité pendant qu'elles s'approchaient possiblement du but , cependant la fée la regarda en lui faisant signe pour qu'elle écoute ses paroles bien plus sages.

- J'en pense que l'idée de me mouiller n'est pas la meilleure en goût mais je suis totalement prête à le faire pour aider ce jeune garcon. Cependant, je ne crois pas que nous risquerons nos vies inutilement sous l'eau. Je possède un contrôle sur le vent et je pourrais une créer une bulle d'air supplémentaire autour de nos têtes qui pourrait durer quelques minutes sous l'eau et ainsi nous permettre de voguer tranquillement jusqu'aux grottes.

Sherry apparentait un énorme soulagement sur son visage alors qu'elle se disait aussi être inutile jusqu'à présent dans la quête en cours , on pouvait lire facilement les émotions en elle comme dans un livre ouvert , ne cherchant aucunement à les cacher , et parfois certains en profitaient pour les dompter ces sentiments purs pour les utiliser à leur avantage voire la manipuler , la séduire grâce à eux. Elles venaient de répondre à la question cruciale du dilemme qu'elles se voyaient obligées de résoudre , ensemble bien que des simples étrangères quelques minutes auparavant , la réprouvé tourna le regard vers son côté droit puis le gauche pour observer l'étendue de la surface glaciale qui recouvrait les eaux du lac plus loin qu'elle ne pouvait apercevoir et qui s'agissait de leur passage jusqu'aux profondeurs , ces lieux sur lesquels aucune rumeur ne semble s'approcher de la vérité , des grottes dont personne ne croit se souvenir avec exactitude de l'emplacement ni de ce qu'elles contiennent , un mystère à part entière.

Elles s'engagèrent toutes deux sur le chemin qu'elles créaient au fur et à mesure qu'elles se voyaient avancer , Sherry les pieds dénudés pour mieux sentir la froideur de l'élément et mieux se fondre dans l'eau , posant ses pieds légèrement l'un après l'autre , depuis les orteils jusqu'au talon , elle faisait de son possible pour ne pas créer la moindre fissure sur le gel bleuté. La réprouvé n'avait pas prononcé un mot depuis quelques instants pour concentrer toute son attention sur la situation fragile dans laquelle elle se trouvait , sentant le sol devenir plus fin à chaque pas , ne pouvant cacher sa chaleur corporelle ni contrôler son poids qui serait probablement la cause principale si elles sentaient la paroi céder. Elle senti un léger contact sur sa main gauche avant de regarder vers la source de celui-ci et entendre les mots qui venaient de sa compagne , il était plus que possible qu'elle se soit rendue compte de ce qui l'inquiétait , l'anxiété qui opprimait ses faits et gestes .

- Je pense aussi, par mesure de sécurité, que nous devrions nous tenir la main même sous l'eau. Les courants pourraient nous amener à d'autres endroits. Qu'en penses-tu?

- Je me sens rassurée maintenant ! Je tremblais de toutes parts à l'idée de fragiliser encore plus le sol et nous voir séparées une fois qu'on descendrait sous l'eau. C'est certes la meilleure des solutions mais j'espère quand même qu'ils ne seront pas sauvagement dangereux et qu'ils nous mèneront à bon port.- dit Sherry avec un large sourire sur le bout des lèvres.

Sans plus hésiter dans ses actions avec la jeune demoiselle , elle prit sa main et l'enveloppa avec la sienne , un peu moite comme tout le reste de son corps d'ailleurs , l'agrippa fortement pour être sûre de ne plus la lâcher , du moins pas avant d'être arrivées à destination saines et sauves , comme elle avait promit de faire au dragon de la fée avant de l'avoir laissé seul sur la côte. La couche avec laquelle les pieds de la réprouvé entraient en contact depuis le début , était devenue grossièrement plus fine et elle devrait bien céder avec ce poids qui s'exerçait sur elle alors que cela faisait bien longtemps que les gens n'osaient plus s'en approcher dans des circonstances normales. Elles se verraient toutes deux plongées dans les marées puissantes qui rendraient tous leurs efforts pour résister complètement inutiles et qu'elles se verraient obligées à suivre malgré le fait qu'elles pourraient se voir heurter un obstacle ou arriver dans un cul-de-sac , impossible de sortir par la suite. Aucune des deux n'avaient envie de voir sa courte vie s'achever de la sorte et cette envie de vivre les mènerait certainement à nouveau à l'air libre.

Ce fut sur cette pensée que Sherry entendit le premier craquement provenant de derrière elles et qu'elle vit s'approcher de l'endroit sur lequel elles se tenaient , arrêtée sur place dés que le son se fit entendre , aucune manière d'y échapper , au contraire elles devaient se laisser porter , abandonner leurs envies pour suivre celles des courants qui choisiraient où les mener , du moins le problème de l'oxygène n'en était plus un et elles ne risqueraient pas de s'étouffer sans air pur pour respirer. La couche de glace finit par lâcher , les enveloppant dans l'eau glaciale en dessous bien que les courants chauds réchauffaient heureusement la température sous marine et leur permettait un plus grand confort. La réprouvé qui n'avait pas une grande passion pour la nage et qui ne s'était approchée des grandes étendues d'eau que très rarement , pataugeait dans le liquide immense qui l'entourait de tous côtés , un domaine où elle n'était certes pas des plus compétentes et que selon les dires de la fée , ne lui plaisait pas énormément non plus.

Devant les jeunes filles qui se laissaient porter par les courant marins , divers possibilités semblaient s'offrir à elles , notamment un tunnel sombre qui s'érigeait à leur droite et qui pourrait les mener à un endroit plus sec et sûrement moins périlleux que l'actuel. La réprouvé qui n'était pas du tout en mesure de prendre la moindre décision et qui de toute façon avait besoin de l'accord de sa belle amie , tira un peu plus fort pour l'avertir qu'elle s'apprêtait à prendre la parole et en la regardant dans les yeux , pointant avec la main qui restait libre de ses mouvements , une infrastructure des plus sombres derrière le dos de la jeune fée , regardant brièvement le chemin qu'elles prenaient à grande vitesse vers les profondeurs et que bientôt elles ne pourraient échapper .

- Que dirais-tu de commencer par là ? Ou tu veux continuer à descendre ?

Juste après les paroles de la fée, la rousse semblait un peu plus rassurée. Les deux femmes allaient donc se tenir la main lorsqu'elles allaient plonger dans l'eau. Le courant était assez puissant que pour les demoiselles se laissent emporter et même qu'elles se noient si jamais elles ne laisse pas leurs mains accrochées ensembles. Les choses vont vite dégénérées si tout cela ne prend pas du mieux. Prenant une grande inspiration, la fée observe l'eau de ses yeux céruléens sans prendre conscience du grand danger que les demoiselles courent en osant s'aventurer dans un tel endroit. Mais elles doivent avoir le cœur net au sujet de ces aventuriers qui partent et reviennent avec la mémoire complètement effacée de leur aventure et surtout ils reviennent les mains vides.

Les choses deviennent plus stressantes. La glace sur laquelle les deux femmes se promènent depuis tout à l'heure s'est amincie de beaucoup mais sans pour autant céder sous leur poids. Ou pourrait-on dire, plus précisément, sous le poids de Sherry car Myrialuna ne pèse rien. Grâce à ses ailes, elle est aussi légère qu'une plume. Mais malgré cette faculté, la fée n'abandonnera pas la rousse. Elle ne veut surtout pas qu'elle périsse sous l'eau. Si jamais les deux jeunes femmes commencent à manquer d'air, la fée pourrait envelopper leur tête d'une bulle d'air juste avant qu'elles ne tombent dans l'eau, assurant ainsi une quantité d'oxygène pendant un cours moment. Malgré bien que ce court moment pourrait certainement leur sauver la vie.

Le premier craquement se fit entendre et la glace finit par céder sous le poids. Les deux jeunes femmes glissèrent ensembles dans un mouvement simultanés. Lentement, leur corps s'enveloppa dans l'eau glacée qui fit tout de suite effet sur le corps de la fée. Le froid mord la peau fragile de la femme aux cheveux de neige et elle tourne ses yeux bleus vers la réprouvée mais sans aucun succès. La fée arrive néanmoins à resserrer sa prise sur la main de la rouquine. Quelques courants chauds arrivent à maintenir une température suffisante dans le corps de la demoiselle mais ce n'était guère assez. Elle était encore gelée après cette entrée des plus glaciale

Alors que la fée essayait de garder le plus d'air possible dans ses poumons, la jeune femme aux cheveux rouges tira un peu plus fort sur sa main pour attirer son attention. Les yeux bleus de la femme aux ailes de papillon se tournaient alors vers elle. La réprouvée lui montra un emplacement derrière son dos et elle entendit un peu les paroles qu'elle souhaitait lui faire part. Les deux jeunes femmes allaient devoir faire vite afin de se rendre à et endroit et d'être plus sèche. Myrialuna se mit donc en mouvement et se dirigea vers la plateforme indiquée. Elle tenait toujours la main de la rouquine et ensemble, elles purent franchir cette étape et la fée sortie enfin la tête hors de l'eau et s'accrocha à l'infrastructure et aida même Sherry à pouvoir s'accrocher elle aussi.

- Je ne crois pas que nous sommes loin de notre objectif. Nous ne pouvons pas rester ici. Nous devons continuer et en avoir le cœur net. Il faut prévenir ces pauvres gens s'il y a vraiment du danger. Qu'est-ce que tu en pense?

Suite en solo

Tout se brouillait autour d'elle. Sherry crut se noyer sur place au moment où son anatomie plutôt frêle, réduite en chair, franchit le seuil, la surface du lac glacial pour venir s'immiscer dans l'eau juste en dessous. Cette même eau prêtait à confusion, voilait son regard au point où ouvrir convenablement ses deux yeux de miel relevait déjà de l'exploit. Elle ignorait où l'eau pouvait bien les conduire, elle ne pouvait s'empêcher de se le demander. C'était capital pour elle d'examiner les environs et découvrir une échappatoire qui ne serait pas aléatoire et qui leur permettrait de s'en sortir sans devoir complètement recourir à la bonne volonté de l'étendue douce. Le temps qu'elle pourrait tenir de sa maigre respiration n'était que très réduit, certainement dû au peu d'expérience qu'elle avait et n'ayant jamais été une nageuse aguerrie. Ce simple fait rendait la trouvaille d'une cachette ou autre arrêt possible dans leur périple on ne peut plus capital dans de tels instants de faiblesse, du moins de la part de la rousse.

Elles n'avaient qu'une chance et pas vraiment droit à l'erreur même la plus infime si leur envie était de parvenir au but qu'elles s'étaient fixé. Voilà qui pourrait causer une certaine anxiété pour n'importe qui, n'ayant pas l'habitude de ces voyages mouvementés et très certainement dangereux. Elle essayait tant bien que mal de se concentrer sur la fée qui l'accompagnait mais son regard semblait toujours revenir se focaliser sur le paysage aussi magnifique qu'énigmatique, une végétation sous-marine luxuriante, des coraux des plus diverses couleurs même si celles-ci semblaient tourner autour des plus belles nuances de rouge, des algues à en perdre de vue. Serais-ce trop exagérer que d'appeler cela un paradis aquatique teinté de bleu ? Sherry au moins le trouverait bien magique s'il n'eut été muni de dents acérées qui s'apprêtaient à leur voler beaucoup plus que leur liberté de mouvement si elles ne se méfiaient pas suffisamment.

Alors que le moment n'était pas vraiment propice à des discussions intérieures entre son cœur et sa conscience, la jeune femme ne put se garder d'interroger son esprit l'ayant guidé jusque là à la demande d'un simple et pauvre paysan. Qu'est-ce qui pourrait bien la pousser, la mener à sacrifier sa vie de la sorte, celle-ci étant pour tant d'autres bien trop précieuse pour ce genre d'expéditions périlleuses et loin d'être rémunérées ? Pourquoi voulait-elle à tout prix sortir du danger des personnages dont elle ignorait tout et qui n'étaient à ses yeux rien d'autre que de vagues inconnus qui pourraient à tout moment la rejeter, se tourner contre elle en sachant sa véritable nature ? Ils n'avaient pas manqué de s'aventurer dans ces eaux dévoratrices qu'ils savaient être des plus menaçantes mais n'avaient-ils tout de même pas continué sans s'en soucier et en devenir prisonniers ? Alors pourquoi ??

La réponse la plus évidente, qui traversa son esprit aussi rapidement qu'une décharge électrique parcourant son corps, mettant fin à ce questionnement incongru et sans valeur, c'est qu'elle n'avais pas le courage, encore moins la cruauté bestiale, d'abandonner ces âmes perdues. Ceux pour qui la vie n'avait pas encore sourit, ceux des plus démunis n'ayant aucun argent à dépenser, ou encore ceux se voyant hantés par quelque chose dont ils ne peuvent se débarrasser par leurs seuls moyens et qui les poussent donc à aller voir des étrangers itinérants qui parfois assouvissent leurs désirs. C'était aussi simple que ça. Inutile d'enquérir une raison supplémentaire.

Laissant ces pensées assez absurdes de côté, elle put suivre tranquillement la jeune fée en direction de ce tunnel obscure puisqu'elle n'avait pas le mérite d'en être capable seule. Sortant la tête hors de l'eau d'un geste assez manifeste, étant de toute évidence presque à court d’oxygène, elle respira en haletant, le souffle lourd, la poitrine pompant de plus en plus vite l'air qui subsistait malgré le liquide cristallin les entourant. Après avoir dégagé rapidement le peu d'eau qui subsistait sur ses paupières et orbes jaunâtres, elle se tourna vers sa camarade qui s'adressait à elle et qu'elle écoutait attentivement, bien que ses oreilles se voient encore un peu bouchées. « Je suis bien d'accord. dit-elle doucement en se grattant le menton au même temps et s'installant les jambes croisées à même le sol.

Elle considéra rapidement toutes leurs options avant de reprendre sur le même ton avec, cela dit, un sourire assez large sur son visage, contente de ne pas avoir à traverser seule toutes ces épreuves plutôt malveillantes. « Nous devrions continuer de descendre. Chercher peut-être l'entrée d'une grotte ou quelque chose qui y ressemblerait et qui pourrait connecter directement à la surface puisque autrement ceux y ayant pénétré ne pourraient jamais y échapper. De plus, il nous est impossible de voir quoi que ce soit avec l'obscurité qui assiège ces tunnels donc même si l'on aurait souhaité les continuer, on aurait été dans l'embarras. Je ne veux pas paraître acrimonieuse mais il me semble que si de tels événements se produisent c'est que forcément quelqu'un en est la source, le risque que ce soit un événement naturel étant considérablement plus réduit. Mais nous verrons cela en temps et en heure je suppose, donc pas le peine de se morfondre la dessus avant même d'avoir atteint avec succès l'endroit. »

S'approchant de l'ouverture par laquelle il leur avait été possible d'entrer et qui n'était pas particulièrement épaisse, la réprouvé peut-être par insouciance ou bien car elle croyait vraiment pouvoir en tirer quelque chose d'une tentative si vaine, elle plongea dans le trou aqueux gardant sa main fortement appuyée sur le rebord, ne voulant pas se voir entraînée. Cherchant rapidement des yeux dans le tableau s'offrant à elle, elle analysa les extrémités de pierre longeant le tunnel. Diverses espèces animales semblaient les utiliser pour se réfugier des prédateurs tandis que quelques plantes poussaient tout le long grâce à des cavités de plus en plus massives au fur et à mesure que des profondeurs les murs s'approchaient. L’érosion s'étant accentuée au fil du temps au plus profond de ces murailles gigantesques, la belle rousse fit le lien avec certains dires autrefois entendus au sujet de grottes pouvant se former de cette même manière. Les courants d'eau très forts, la désintégration des roches pour se voir emportées au loin et finalement se voir créés d'énormes cratères d'une importance assez impressionnante.

Revenant alors très rapidement pour reprendre sa respiration, s'asseyant sur le rebord du petit trou ne s'étant absenté que quelques instants au final, elle regarda Myrialuna d'un air fatigué mais avec un espoir naissant. « Désolée d'être partie comme ça mais je voulais m'assurer de quelque chose et je crois avoir trouvé un endroit plutôt sûr où on pourrait chercher. Je ne sais pas si c'est vraiment là l'endroit mais je crois que ça vaudra la peine d'y aller. C'est plus bas entre les deux parois de rochers, bien que plongés dans des ténèbres moins conséquents que ceux actuels. Si l'on descend assez profondément, on pourra très certainement trouvé quelque chose. Tu en penses quoi ? On y va ? » ajouta-t-elle avec sa respiration encore un peu chamboulée, prenant fiévreusement la main de sa partenaire dont elle n'osait plus se séparer, la sienne étant tremblante, hésitante, courageuse toutefois. Se relevant dans le silence le plus total, elle emporta la fée tout près de l'ouverture dans la roche et s'apprêtait très certainement à plonger si la fée lui donnait son accord.

Spoiler:

 
La journée s'annonçait longue, pénible, sans fin. Un tumulte d'émotions pour le petit bout de femme qu'elle était, en rien un aventurier aguerri pour qui danger rime avec divertissement ou succès. Elle était tel un jeune bourgeon venant d'éclore, une pousse fragile qu'on se doit de défendre contre vents braves et mains libertines désirant en faire sa cueillette. Cependant, serait-il si étrange pour elle, bel oiseau captif et rose du printemps, de désirer un tant soit peu de liberté hors de ce jardin parsemé aussi bien d'une odeur de sève que de celle des murailles de fer éparpillées dans tout le périmètre ? Tel un poisson n'ayant jamais quitté son étang et qui ne peut donc pas à juste titre connaître fraîcheur de la mer.

Cependant, elle ne demanda jamais ni le rejet ni la servitude, ces deux notions allant de pair pour une jeune femme de sa condition ou même tout autre individu s'étant vu doté de ces mêmes ailes disparates qui pourtant lui sciaient si merveilleusement bien. Elle s'était vue abandonnée, ignorée et méprisée. Ce serait bien piètre de dire qu'elle avait traversé les sept enfers pour trouver enfin ce foyer qu'elle oserait nommer chaleureux, cette paix intérieure qu'elle savait incapable de perdurer. Elle s'amusait, vivait le jour comme si c'était le dernier, acceptait le sommeil comme s'il apportait une goutte d'espoir en plus. Cette petite Sherry commençait seulement à s'y faire à ce genre de vie intrépide, pleine de mystères et sûrement de plus de souffrances à venir qu'elle ne pourrait en supporter, mais cela ne saurait empêcher l'espoir ni l'envie de l'atteindre, cette volonté d'aller de l'avant par tous les moyens.

Cependant, cette nouvelle réalité s'écroulait déjà à un des premiers obstacles qu'elle eut à affronter. Un sentiment de faiblesse, de rejet et de rancune. * Pitoyable * se dit-elle intérieurement d'un air maussade et très peu enthousiaste, renforçant sa poigne sur la main de la fée la juxtaposant. Elle essayait toutefois de refouler au plus profond d'elle même – le temps de la mission pour le moins – ce genre de problèmes sentimentaux pouvant être une gêne à sa mission. Une main moite, un souffle mal balancé, des sueurs froides perlant sur sa peau de soie. Dès qu'une d'entre elles se fut, écrasée au sol deux éternités plus tard, cette dernière emprise, cette dernière assurance que lui apportait la main de sa camarade – sur laquelle elle misait tout de cette expédition – se brisa abruptement.

Un ruban qu'on tisse et qui se défait, une confiance qu'on attise mais qu'on délaisse la flamme par la suite. Le même genre de sentiment que de se voir trahie, humiliée en flagrant délit. Elle se sentit tomber, ses pieds fourcher sur les rebords mal nivelés du puits et de ses profondeurs dans lesquels elle se noyait lamentablement. Sa respiration s'arrêta nette, malgré le fait que son esprit suivait difficilement les événements, son souffle s'échappait à chaque bulle d'air que sa bouche entre-ouverte laissait échapper.

Son regard resta figé sur les parois de roche tandis qu'elle se laissait tomber, comme si elle pouvait réellement voir à travers ce qui s'y passait. L'avait-on abandonné une fois de plus ? Cette femme avec qui elle n'avait encore pas la moindre compatibilité l'avait-elle si facilement écarté ? Ou étais-ce une pulsion étrangère, une raison inconnue qui l'y avait contrainte sans que la réprouvée ne se rende compte de rien ? Cette possibilité n'était pas à exclure certes mais demeurait très peu probable. Sherry le savait. Elle ne connaissait que trop bien l'esprit perverti des hommes, leur avarice, leur cupidité, leur besoin de se faire grands ou de se savoir admirés de tous. Ils n'avaient de scrupules de piétiner les autres si cela pouvait leur apporter la victoire ou la réussite et tous ceux n’adhérant pas à cette course, cette optique de la loi du plus fort, ne pouvaient espérer une place décente en société. Tel était le monde qu'elle connaissait, que son enfance – si l'on peut encore la nommer comme cela n'ayant pu goûter à aucun de ces délices que tout autre enfant désirerait en temps normal – lui avait inculqué.

Les hommes étaient égoïstes, les femmes froides d'une beauté ardente. C'était tout ce qu'il y avait à savoir à leur sujet, du moins le croyait-elle encore à cet instant. Son corps, immobile criait de douleur, empoisonné par ce même sentiment d’abandon qui lui était pourtant déjà si familier qu'elle aurait pu y être immunisée,se laissa emporter jusqu'aux profondeurs des abîmes marines, le courant étant le seul à pouvoir décider de son sort. Ses muscles, écrasés par la pression des eaux, des courants que seules les queues dont les sirènes étaient dotées pouvaient maîtriser, chevaucher, prirent quelques dizaines de minutes avant de pouvoir supporter de nouveau son poids. Son esprit fougueux et déviant continuait de se débattre même dans l'inconscience. Ses paupières s'ouvrirent péniblement laissant le tant soit peu de lumière disponible dans la cavité souterraine en provenance des étendues verdoyantes, atteindre ses orbes de miel.

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Elle pensait, capable enfin de quelque acte raisonnable et raisonnant, n'ayant aucune autre activité divertissante pour l'occuper pendant son temps libre, lui faire perdre de vue sa situation désespérée, perdue en ces catacombes souterraines :  elle songeait à son démon l'attendant patiemment au dehors comme un animal de compagnie fidèle et appliqué qu'on a dressé pour qu'il agisse de la sorte ; elle pensait au dragon à qui elle avait juré la protection de sa maîtresse – promesse qu'elle ne pourrait plus tenir par ses seuls moyens – et qu'elle s'apprêtait donc à décevoir de tout son être, nouvelle qu'elle peinerait à lui annoncer le moment venu ; elle prêtait enfin quelques minutes de son silence à l'ennui et la solitude qui l'accueilleraient une fois rentrée au bercail.

Seule et abandonnée, rien ne l'empêchait de se perdre dans les méandres de ses mémoires. Elle marchait cela dit, désireuse de voir de nouveau les rayons lumineux de l'astre solaire, la tête baissée cependant comme un condamné à mort que le bourreau conduit à la sentence finale. Mais que pouvait bien l'attendre en dehors de ces murs ? A quoi bon rentrer dans une demeure vide  la plupart du temps, dans un foyer de solitude et de regrets ? Ses rêves revenaient la hanter. Ces rêves où plus rien ni personne ne s'occupait d'elle, où Kai n'était plus, où ses parents n'étaient plus, où ce premier homme qu'elle avait aimé n'était plus. Elle s'essayait à diverses méthodes pour chasser de son esprit ces pensées pour le moins négatives, mais rien ne semblait y faire aucun effet.

Quelques éraflures sur son dos et jambes, probablement causées par l'éboulement de pierres à l'entrée et par le trajet mouvementé qui fini par la mener droit dans la grotte convoitée, la firent souffrir les premières heures de marche avant de faire profil bas le reste du voyage. Ne pouvant se permettre de rester captive de cette nouvelle prison ne fut-ce que quelques minutes de plus, elle pressa le pas écrasant sous sa surface plate des centaines de cailloux innocents, les uns plus robustes que les autres lui donnant un peu de fil à retordre. Elle se vengeait sur eux, elle qui détestait ce sentiment plus que tout au monde, elle qui l'avait vu si souvent dessiné sur le visage de sa mère en des temps de détresse émotionnelle, une émotion dont elle ne se rappelait que trop  bien la douleur.

Pas après pas, elle voyait ses pieds céder, ses jambes perdre leurs forces petit à petit, abandonner la résistance à cet endroit de malheur lui pompant toute sa vitalité, la seule chose réelle qui lui restait. Les vents y étaient minimes, les effluves s'y promenaient agréablement, des senteurs peu accommodantes il faut avouer. La grotte empestait  l'odeur marine et le poisson frais, donnant le tournis à la petite poupée qui de toute évidence n'avait aucunement l'habitude d'être agressée de la sorte par un tel méli-mélo d'odeurs putrides. Des ossements éparpillés au sol donnaient à penser à un cimetière marin dont parlent les légendes bien souvent plus en mal que en bien. Les parois respiraient l'humidité par les pores et par leur peau rugueuse tandis qu'à travers la bouche grotesque leur parvenait des jets d'eau, des éclaboussures des vagues s'y étant écrasées. Elle essuyait de temps à autres avec détermination, ces mêmes gouttes de pluie fugitives, s'immisçant parmi quelques larmes évasives à leur tour.

Des milliers de possibilités de trouver à l'arrivée un cul-de-sac au lieu d'une porte de sortie paraissaient dans son esprit au fur et à mesure que ses pensées fusaient, que de ses idées surgissaient, les plus vils schémas, une échappatoire à ce rêve virant au cauchemar. Un véritable labyrinthe. Des parois insalubres à n'en plus finir, une mélodie de pluie battante l'entourant de toutes parts. Une succession de milliers de sentiers identiques qu'il lui était impossible d'examiner un par un tant cette tâche causerait en son anatomie une fatigue presque mortelle ; des passages identiques s'enchaînant dans une suite aveuglante d'images; des cris de quelques bêtes inconnues étant son seule réconfort, sa seule manière de se savoir vivante ; un sombre destin s'assouvissant davantage avec chaque grognement qu'entre ces murs de pierre résonnait ; une vision trouble de la vérité et du phénomène en question dont elle était chargée.

Un soupir d'exaspération. Trois hochements de tête et un regard désapprobateur. Comment savoir ce qui était réellement à l'origine de telles anomalies ? Comment dénicher dans ces confins ténébreux une quelconque magie, ancienne ou pas peu importait au final, qui aurait pu en se déclenchant avoir raison des souvenirs de tant d'individus ? Des gens y ayant pénétré pour mettre la main sur un trésor enrichissant mais qui finirent par en sortir avec des mémoires défaillantes, une perte totale de ce genre d'ambitions. La méthode portait ses fruits - de manière bien trop ambitieuse même – mais le principal délit, cette protection extrême ayant possiblement coûté la vie d'un enfant, restait intact tant que celui-ci ne lui revenait pas. Au final, malgré peines et angoisses, la petite réprouvée n'avait pas la moindre intention de partir, de quitter les lieux tant que le mystère restait entier, que sa curiosité ne se voyait pas assouvie. Elle prit le tournant suivant, voyant à son arrivée une toute autre vue de ce à quoi elle s'attendait. Un tableau chatoyant comparé à tout sur quoi elle avait posé ses yeux jusque là. * Une illusion ?* fut la seule pensée qui traversa son esprit alors que tant d'autres questionnements étaient à l'ordre du jour.

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Hébétée, sans une réelle envie de se débattre, de renier cette vision trop idéale, elle se résigna à admettre observant avec lenteur les environs. La toiture, irrégulière, ascendante comme décroissante par endroits, se voyait recouverte d'une fine couche blanchâtre, donnant ainsi une nouvelle impression de la chose. Un candélabre, bien que de petite taille, y pendait, donnant l'illusion d'une demeure de riche naissance avec quelques trésors et héritages vieux comme le monde. Des lotissements, en bois pour la plupart, s'étendaient de part et d'autre de la salle – aussi grande qu'un pavillon – le tout sculpté dans la roche, un dur labeur que des décennies de travail n'auraient suffit à le réaliser avec une telle perfection. Des statues de pierre, ornées de nombreux bijoux parfaitement adaptés à leur musculature et pose adroite, trônaient par ci par là, comme une suite de lignées et leurs héritiers. Des rideaux, majestueux et d'une couleur rouge vive, gardaient quelques passages sombres à l’abri des regards, leur destination étant préférablement gardée secrète jusque là. Le sol, tapi dans la roche et pourtant délicieux au touché, s'était vu recouvert d'une couche étrange de pierre brillante au point où la réprouvée pouvait s'admirer aussi bien que sur le miroir de sa chambre à coucher. La subtilité du décor et l'élégance qui en découlait alerta la petite dame comme un enfant qui découvre dans la chambre de ses parents, par mégarde, une chose qu'il n'aurait jamais du, un secret qui aurait mieux fait de rester enterré. Ne pouvant faire marche arrière, elle se contenta simplement d'observer.

Deux éternités plus tard, elle se permit de croire ce que ses yeux semblaient lui suggérer depuis le commencement. Cependant, bien que la réalité partiellement déformée lui soit revenue, elle sentit quelque chose lui effleurer l'échine. Dans un effroi momentané, elle se retourna, croyant dur comme fer que quelque chose se dissimulait derrière elle, prêt à l'attaquer dès que ses yeux l'auraient aperçu. Une existence maligne qui essayerait de la tenter, de la faire crouler dans les abysses depuis qu'elle y mis les pieds. Elle s'arrêta net, évalua ses alentours d'un œil de faucon, espérant repérer dans un premier abord ce qui avait causé tant d'angoisse en elle mais vit cette tentative vouée à un échec cuisant. Rien ne semblait avoir changé, à part les brises agréables s'étant transformées en des rafales de vent plus puissantes mais en rien suspectes à ses yeux.

Coiffant ses boucles de feu que la brise à l'instant avait rendue chaotiques, elle se retourna de nouveau, pour cette fois – contre toute attente – croiser le regard d'une tierce personne qui n'aurait jamais dû se trouver là, à quelques centimètres à peine de son visage. Sous le coup de l'horreur, une émotion difficilement retenue, elle laissa s'échapper un cri, chassant ainsi sans se rendre compte la petite créature inoffensive qui ne lui voulait aucun mal. Celle-ci croyant que la belle inconnue lui voulait du mal, alla prévenir son maître la laissant là vouée à elle-même avec grande réticence.

Ignorant de quoi il en retournait, Sherry brossa sa robe de ses doigts fins, espérant en enlever toute la poussière et la boue qui s'y était incrustées pendant sa chute. Elle s'accorda le bénéfice du doute, croyant que de toute manière ils ne tarderaient pas à se revoir s'il tenait d'une manière ou d'une autre à la tuer, ou si au contraire il tenait à l'écarter de cette salle que, de toute évidence, personne avant elle n'avait déferlé aussi librement. Les rafales se faisaient plus fortes à travers les rideaux fermés, comme un coffre dont on ne veux pas exposer le contenu précieux et inestimable, et parvenaient jusqu'à la réprouvée qui aurait mieux fait de les ignorer.

Derrière un de ces nombreux passages, dans lequel elle s'engouffra malhabilement ignorant les troubles qui l'y attendaient, elle trouva une porte colossale de laquelle jaillissaient ces flots aériens provoquant un véritable déluge dans la grotte trop fragile pour les contenir avec succès. Elle semblait s’effriter un peu plus à chaque coup de fouet qu'il lui portait et c'était une question de temps avant qu'elle ne cède définitivement laissant tous ces objets de valeur enterrés à jamais, croulant au fond de cet océan de glace. Deux morceaux d'or massif de chaque côté, un poids considérable pour les maigres chaînes bleutées qui les retenaient closes miraculeusement.

Quelques joyaux imprégnaient la surface de l'élément, des gravures antiques en abusaient la totalité, Sherry étant, pour son plus grand malheur, incapable de les déchiffrer. Elle en effleura la surface, aussi glaciale que la neige qui tombait abondante aux abords du lac malgré la chaleur à quelques centaines de mètres au delà des rives. De nombreux outils, déposés non loin de cette porte et gardés par centaines dans des armoires imposants et résistants, servaient probablement à examiner l’artefact dans l'espoir de découvrir son secret. Peut-être étais-ce là la sortie qu'elle espérait tant ? Étaient ces vents liés de près ou de loin aux disparitions mystérieuses et aux pertes de mémoire énigmatiques ?

Elle voyait ses forces la quitter, son esprit se brouiller comme si elle perdait complètement conscience de la tâche qu'elle devait accomplir. Ses yeux se fermaient langoureusement, son esprit figé, enveloppé d'un brouillard enneigé, ne réfléchissait qu'avec grand mal. Ses yeux, vides et vitrés, se posèrent sur une clé - assez grande pour ouvrir la serrure du cadenas – et sans réfléchir elle en saisit l'extrémité pour l'enfoncer dans le verrou. Un cri strident éclata dans son dos mais il était trop tard pour empêcher le mouvement de ses paumes de porcelaine et du désastre qu'elles préparaient.

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Un simple ''clic'' et la catastrophe était annoncée. D'une force phénoménale, les vents déchaînés emportèrent dans leur course l'anatomie de la petite femme, projetée dans les airs pour atteindre à l'arrivée le mur opposé, atterrissant à quelques centimètres à peine de écornures pointues qui se seraient faites un plaisir de la transpercer. Encore sous le choc, elle ne comprit qu'à moitié les paroles qu'une silhouette postée devant elle essayait de lui diriger. Sa main, que Sherry attrapa du mieux qu'elle put lorsque l'homme la lui tendit, se voyait chaude et rassurante malgré le ton rêche qu'il employait avec elle.

Se laissant choir dans ses bras le temps de reprendre ses esprits, elle ouvrit les yeux pour l'admirer. Une chevelure noire poudrée de reflets brillants malgré l'absence de soleil, des iris violets aux nuances écarlates très subtils pour un corps ayant atteint tout juste la vingtaine. Des habits moulant son corps, des bras musclés qui la protégeaient sans effort, elle qui pourrait s'envoler à tout moment si elle détournait ne serais-ce qu'une seconde le regard. Des longs cils noirs d'ébène, des paupières basses, une bouche rosée délicieuse, une dentition parfaite : en somme un régal pour les yeux, n'eussent été ses paroles écrasantes d’honnêteté, on ne peut plus rudes toutefois. Elle s'en éloigna, marquant une brève pause pour reprendre son souffle sans compter sur l'air qui faisait pression, - l'homme la devançant la gardant du danger – avant de formuler un « Merci » informe et embarrassé que l'homme comprit avec aisance.

S'abritant derrière une chaîne de rochers plus larges les uns que les autres, il prit sa main de nouveau pour l'empêcher de décoller et de cette fois s'infliger bien plus que quelques courbatures ou un muscle fêlé.  La puissance des vents ne cessait de croître et de fil en aiguille, elle devint si intense qu'elle commençait à détruire sur son chemin tout ce que cet homme et ceux y ayant vécu avant lui, étaient parvenus à construire sur des décennies d'existence silencieuse, parfaitement secrète. Son repentir était immense et elle ignorait quoi faire exactement pour racheter cette erreur monstrueuse mais absolument involontaire, ne réfléchissant même pas une seconde à la véritable identité de cet inconnu ni ce qu'il faisait sur place à un tel moment.

L'homme, d'un air agacé et avec une grimace à l'émotion accablante sur sa frimousse hâlée, la dévisageait quelque peu. « Par quoi pouvais-tu bien être possédée quand l'idée d'ouvrir ces portes t'es venue ?? N'as-tu pas le moindre sens du danger ou même des responsabilités ? Comment oses-tu dans la maison d'un autre te promener comme tu le fais et explorer les abîmes de sa maison pour y créer une totale anarchie ? Pff … Maintenant, je vais bien profiter de ta présence pour réparer ce que tu as fait ! Et on ne discute pas ! » vociféra-t-il ne se privant guère de lui faire la morale, entre deux coups de poings portés à l'intention des pierres les entourant, se défoulant sur elles plutôt que sur une femme fragile qui le regardait d'un air médusé. Elle secoua la tête simplement pour lui montrer son accord, ses yeux vertueux lui faisant part de l'étendue de ses remords et de son désir de lui venir en aide. Sherry n'était pas quelqu'un qui pouvait mentir à tout va et cela procurait souvent chez ses interlocuteurs un sentiment de confiance, fort heureusement.

Arrachant les côtés de sa robe pour y créer une ouverture - pouvoir se mouvoir plus rapidement étant le but de la démarche – elle se mit debout, courbée toutefois pour écouter de plus près le plan du jeune homme et comment il comptait procéder. Celui-ci lançait des paroles hasardeuses par ci par là, ignorant de toute évidence ce qu'ils pourraient faire pour empêcher ce typhon de dévaster ce qui restait de son chez-soi. La petite réprouvée se permit une petite remarque innocente et en toute bonté d'âme …   «  Je peux nous téléporter si tu le souhaites. Juste devant la porte, du moins le plus près possible de cette dernière pour que tu puisses la fermer sans trop de problèmes. Je pourrais également construire une bulle temporelle autour de nous qui nous couperait donc de l'espace-temps où nous nous trouvons mais je dois dire que ce sort est bien trop entreprenant pour que je l’exécute dans de telles conditions … » … avec cette même insécurité qui lui était propre. L'homme resta bouche-bée, la regardant comme on regarde une bête de foire, un animal d'une rareté exceptionnelle qu'on ne s'attend pas à trouver au détour d'une rue mal famée comme dans une taverne des plus fréquentées, encore moins dans un tel donjon hanté et inapprécié.

Il sourit. Il lui suffit d'un geste pour que la rousse comprit ses intentions et lui sourit en retour. Prenant une ou deux fois pleinement sa respiration, plaçant ses bras autour de sa taille et lui faisant face pour que la transaction ne soit pas trop douloureuse, ils se virent transportés en une fraction de seconde à quelques mètres à peine de l'ouverture des portes. Ces dernières se balançaient au gré du vent comme des feuilles emportées par le courant marin au bord d'une cascade. Prenant garde à rester les deux pieds tenus bien fermement au sol, ils avançaient tous deux, la jeune femme derrière, le jeune homme sans que leurs mains ne se quittent une seule seconde. Le vent était fort mais leur détermination l'était d'autant plus, leur permettant ainsi d'arrêter avec succès un tel fléau. Cependant, un peu de rangement était nécessaire pour l'heure et seulement après pouvaient-ils se permettre de se reposer autour d'un verre à discuter d'une sortie possible de cet endroit ou de quoi que fut-ce d'autre …

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Se recueillant brièvement devant les décombres qu'elle avait causé, Sherry reprit bien vite sa place à la table du bel homme assis du côté opposé. La vaisselle, qu'elle suspectait en argent massif de sa part sa couleur et son touché, brillait comme si l'on venait de la cirer tandis que les vers, à la surface scintillante, regorgeant de vin rouge émettaient une lumière écarlate sur la nappe de nacre. La rousse s'y installa avec gêne, ignorant si la rancœur qui lui portait son hôte était encore vive ou si elle avait su comment l'apaiser avec l'aide qu'elle lui offrit. L'homme , dispensant tous les serviteurs qu'il avait pu garder au fil des années – une demie-douzaine tout au plus – les pria de les laisser seuls.

La belle femme craignait un silence malhabile, une tension inappropriée mais au contraire, contre toute attente la conversation s'engagea avec un grand naturel comme s'il n'avait jamais été question de paiement ou de secret à garder. « Quel rustre je fais. Je ne crois pas m'être convenablement présenté. Je me prénomme Luke. Enchanté. » fit-il tout en saisissant le verre devant lui, le faisant tourner deux ou trois fois entre ses doigts longs, frêles mais experts, avant d'en ingurgiter une seule gorgée tel un sommelier évaluant la qualité de ses produits. La petite semblait l'admirer bien plus que la bienséance ne le permettait, laissant son regard brûlant se porter sur son apparence attrayante mais cherchant toute autre chose dans celle-ci. Il ne lui était pas inconnu. Elle croyait déceler en lui un air familier, quelque chose qui le rapprochait d'elle autant qu'elle l'en éloignait et ce petit élément de rien du tout l'intriguait incroyablement.

Sortie de sa rêverie par les paroles du gentilhomme, auxquelles elle ne réagit que quelques minutes plus tard, elle s'empressa d'y répondre pour ne pas paraître rude ou impolie. « N'en faites rien, je suis dans la même situation que vous. Je m'appelle Sherry, enchantée de même. » dit-elle avec une certaine hésitation, insinuant presque qu'elle avait beaucoup plus à dire qu'elle ne le laissait paraître. L'homme, consciencieux et perspicace, se laissa attendre avec patience que la jeune femme continue sa réplique, si des questionnements elle avait, si des doutes elle voulait formuler. Ne s'y attendant guère, elle prit quelques instants à réaliser la nature de son geste mais finit par s’exécuter. « Pardonnez mon audace mais je me dois de vous poser la question avant toute chose. Quel est cet endroit ? Pourquoi vous y trouvez-vous ? Ce vent est-il la cause de tous ces humains affectés et hantés par ces pertes de mémoire ? Loin de moi l'idée de vous accuser ou encore de faire passer cet agréable entretient pour un interrogatoire, qui plus est je ne suis pas en position de, mais je me devais une fois de plus de chercher une réponse à ces quelques questions. » affirma-t-elle dans un seul souffle tant son embarras était grand.

Elle laissa son regard braqué sur ses cuisses et les poings qui se refermaient sur la robe déchirée, n'attendant que quelques explication de la part de Luke qui de toute évidence n'avait pas l'air d'être le genre de personnage malfamé comme il semblerait. Pour ne pas faire languir sa compagne, l'homme commença : « Ne vous souciez point de cela je vous prie. Je suis heureux de vous apporter des réponses, j'ai le sentiment que vous ne trahirez pas ma confiance. » Il réfléchit longuement, ignorant par où commencer dans ces quelques explications qu'il lui devait. « Pour tous vous dire, ceci est une affaire de famille. Nous nous avions vu forcés de vivre ici et y avons établi notre domaine. Je ne puis plus vous dire ce qui nous a poussé à une telle réclusion mais cela est en partie à cause de cette même porte qu'à l'instant vous avez essayé de forcer et de franchir. Les vents qui s'en dégagent sont fortement déconseillés pour les êtres humains, leurs émanations pouvant donc provoquer des pertes de mémoire et que sais-je encore si l'exposition se prolonge sur plus de quelques heures. Nous avons donc, nous qui y sommes immunisés maintenant, à ce que personne ne puisse s'en approcher. Il est évident que nous protégeons également de nombreux trésors qui ici sont amassés mais en rien nos intentions n'étaient de faire le mal. Je vous prie de me croire sur parole, même si celle-ci ne doit sans doute pas être très fiable à vos oreilles. Je crois avoir éclairci tous les points que vous avez mentionné mais s'il vous en reste n'hésitez pas à vous manifester. » acheva-t-il toujours du même ton dogmatique qu'à son habitude.

La réprouvée, tout de même assez surprise par ces révélations, ne put dire mot pendant quelques temps, dégustant de son côté également le vin qu'il lui avait servi et lançant à son égard quelques regards incongrus par moments. La curiosité aurait raison d'elle et de sa ténacité, elle le savait. Trop de souvenirs semblaient survivre dans ce visage angélique pour qu'elle puisse l'oublier, mais elle demeurait incapable de le reconnaître clairement. Elle se devait de connaître sa véritable identité et le lien qui les aurait une fois uni, faisant ainsi une croix sur ce genre de tracas tels que le protocole ou autre idiotie de ce genre. « Nous sommes nous déjà rencontrés quelque part ? » formula-t-elle on ne peut plus clairement, ne cachant aucunement le côté irréfléchi de la chose, cette sensation étrange qu'elle ne pouvait chasser. L'homme eut un sourire ouvert mais énigmatique. Un silence s'installa entre eux.

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La question, sortie du néant, surprit le bel homme aussi bien de par sa formulation que de par son intensité. Cependant, il s'attendait depuis le début à ce qu'elle la lui pose et y répondrait avec grand plaisir.
« Vous avez le mérite d'être directe, pour sûr. Buvez, buvez. Nous avons tout le temps de nous remémorer ce genre de vieilles histoires. » abrégea-t-il en prenant son verre et la bouteille rosée pour venir s'installer aux côtés de la demoiselle. « Je tiens en premier lieu à m'excuser à m'excuser pour mon comportement puéril de tantôt. Cela n'étant aucunement digne de moi. La surprise et l'horreur m'ont frappé et je n'ai pas su me contrôler en face de vous. Sans vouloir vous paraître grossier, quel âge avez-vous ? »
« Ne vous en souciez point, cela est longuement oublié. Euh … J'aurais aimé éviter  ce genre de questions mais bon. J'aurai bientôt 20 ans. » déclara-t-elle avec une certaine méfiance envers l'homme qui ne lui avais toujours pas apporté de réponse satisfaisante.
« Cela fait donc plus de 15 ans que j'ai quitté la maison de votre père pour venir vivre ici. Cela ne me surprend pas que vous n'ayez plus souvenir de mon visage, bien que j'étais un de vos seuls amis à l'époque. Vous avez bien grandit à ce que je vois. » répondit-il d'un sourire bienveillant tandis que sa main vint s'écraser sur la tête de la rousse pour caresser ses cheveux soyeux.

Soudaine, une horde de souvenirs lui vinrent et elle rougit rien que de s'en rappeler. Ses yeux brûlaient, ses joues en feu devenaient souffrantes de cette chaleur et bientôt elle ne put plus retenir un sourire béat de déformer ses lèvres. Il était bien plus jeune à l'époque et pourtant il s'avérait le meilleur apprenti que son père n'aurait jamais pu trouver. Ignorant tout de ses affaires, une chose dont elle était sûre et certaine, c'est que ce petit prodige n'était en rien aussi imbu que les précédents, tout le contraire pour être sincère. Il avait grand nombre de connaissances et savait les mettre à profit quand il était nécessaire. Il était devenu en très peu de temps le seul refuge sentimental dont disposait la petite gamine, soignant ses blessures à chaque fois qu'il la voyait, écoutant ses peines quand ces dernières devenaient un fardeau trop dur à supporter pour ses épaules chétives. Sa disparition avait été pour elle comme une lame appelée ''trahison'' qu'on plante derrière le dos du plus inoffensif des hommes quand il s'y attend le moins. Elle lui en avait longtemps voulu, reproché ce départ inopiné, cette séparation à laquelle il l'avait contrainte, une inquiétude à laquelle il l'avait obligé. Néanmoins, ne voulant pas se rappeler de la mauvaise version de cette histoire chaleureuse, elle se contenta de sourire – se privant de le questionner au sujet des différentes raisons de son départ - et d'ajouter un « Toi aussi » à son intention.

« Je sais que cela peut paraître étrange venant de moi, mais comment va ton père ? Je doute qu'il se soit résigné à ses recherches mais bon, il était le genre d'homme à négliger tout sauf son travail. » s'enquit-il espérant ne pas froisser la gente dame à qui il avait maintenant affaire. Cependant sa réaction – beaucoup plus prometteuse que ce à quoi il s'attendait – l'époustoufla énormément, voyant se former au creux de ses yeux une vague de larmes qu'il savait qu'elle ne laisserait pas couler, ou encore une nervosité particulière qui se voyait sur ses traits. « Ne me dit pas qu'il est … ? »
« Je l'ignore. » l'interrompit-elle. « Ma mère n'a rien voulu me dire à son sujet. Simplement qu'il ''était mort''. J'ignore si cela est vrai ou un mensonge de plus. finit-elle sans changer son expression, s'étant déjà préparée à ce genre de discours à chaque fois que l'affaire de ses parents était mentionnée. Un silence de mort pesa sur eux à partir de là. Elle se permit de prendre le premier pas et de briser la glace, incapable de rester sur place ne serais-ce qu'une heure de plus malgré le fait que la conversation n'était toujours pas tout à fait à jour. « Luke, pourrais-je te demander si tu n'as pas gardé ici avec toi un petit garçon de campagne venu chercher ses parents si je me souviens bien ? C'est ce qui m'a mené jusqu'ici. Je ne peux repartir sans lui. Peut-il rentrer en ma compagnie ? » pria-t-elle humblement.
« Je crois que tu seras comblée car effectivement j'ai bien trouvé un jeune garçon s'étant aventuré trop près de cette cachette. Il serait plus judicieux que tu l'emmènes près de sa famille, en leur indiquant de bien le surveiller les premières nuits pour qu'il ne remette pas les pieds ici. Cela pourrait devenir nocif pour toi aussi, à long-terme, donc ce serait pour le mieux que tu quittes cet endroit. Je te conduis à la sortie. »

Et ainsi fut. Quémandant un de ses serviteurs qui ramena le petit bonhomme jusqu'à elle, bien nourrit et profondément endormi, il l'accompagna jusqu'à un des passages donnant tout droit sur les rives du Berceau Cristallin, là où elle pourrait rejoindre facilement ses amis. Il la salua d'un sourire quelque peu attristé, la jeune femme le remerciant énormément pour son aide et lui faisant part du bonheur de l'avoir revu. Elle ne pleura pas mais fut tentée de le faire, sachant que leurs disparités ne leur permettraient plus de se revoir. Mais tout cela est une histoire pour une autre fois.

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