Musique d'écriture • Tous les cris les S.O.S - Daniel Balavoine
Tout devait se finir...

... un jour où l’autre. Oublier la tranquillité d’un bon moment passé en ne pensant à rien d’autre qu’à se libérer des traquas quotidien. Oublier cette solitude qui était parfois si chère aux individus et que beaucoup avait malheureusement du mal à trouver, d’où sa rareté. On ne pouvait pas indéfiniment échapper à la réalité, qui finissait par toujours arriver dans les moments les moins importuns, là où on ne l’attendait pas forcement et où on ne voulait pas la voir surgir. Cette réalité, c’est ce qu’on appelait la vie, il n’y avait rien à faire contre elle, on ne pouvait que la subir, subir ces coups du sort qui faisait d’une existence, une chose unique en son genre, unique pour chaque être vivant, quelle que puisse être sa race. Cela ne servait à rien de luter, il fallait simplement laisser faire le court du Destin.

Le Réprouvé était un fataliste dans l’âme, incapable de penser à l’existence du hasard, mais luttant tout de même pour vivre. Jamais il ne se laisserait abattre, en aucune façon, c’était tout bonnement impossible, ce serait renoncé au sacrifice qu’on fait tant de personne pour qu’il puisse exister en tant qu’un Réprouvé, fière d’être un hybride si atypique, comme tous ses semblables. Maak ne s’est jamais considéré non plus comme quelqu’un d’exceptionnel qui sortait du lot, comme quelqu’un qui pouvait se prétendre à part des autres, à part des individus de son peuple. Il était simplement un homme parmi tant d’autres qui se confondait dans la masse des êtres normaux, et qui vivait au jour le jour, parcourant les terres du Yin et du Yang au petit bonheur la chance, en espérant qu’un jour quelque chose changera.

Est-ce que les terres d’émeraudes avaient cet effet mélancolique sur toutes les personnes qui osaient poser les pieds sur leur sol d’un vert incomparable ? L’hybride s’était souvent retrouvé face à lui-même en contemplant le vide de ces étendues sauvages ; peut-être était-ce le fait que la population était inexistante ici et qu’ainsi les pensées pouvaient librement se laisser aller, qu’elle pourrait ainsi ne pas être dérangée par qui que ce soit. Au fond, peut-être était-ce parce qu’il savait que le peuple auquel il appartenait se trouvait non loin d’ici et qu’il était sûr de pouvoir compter sur cette grande famille lorsqu’il aurait besoin d’elle. Évidemment, il avait déjà une famille, de son sang, aussi bien sa femme, que son fils ou encore que son frère, mais les Réprouvé était bien autre chose que ça, bien plus que ça à vrai et un jour le monde finirait par en prendre conscience.

Maak sourit en retour à Zéleph lorsque ce dernier empoigna sa main, il était à présent plus qu’un souverain aux yeux de l’hybride, il était un camarade, un frère auprès duquel il pourrait combattre jusqu’à son dernier souffle et le suivre dans ses choix. Leurs conceptions de voir les choses étaient si proches, qu’il était impossible d’envisager qu’ils puissent s’affronter un jour. Avec un souverain comme ce Réprouvé à sa tête, le peuple finirait pas s’élever bien au-dessus des autres races, la Sentinelle en était convaincue. Et s’il s’amusait à lui envoyer Yang Fang pour chaque missive, Vergil n’oserait même pas dire un mot en sa présence, sa fierté en avait déjà pris un coup, jamais il n’oserait réitérer l’expérience.

Bien sûr, l’hybride ferait de son mieux, il ferait de son mieux pour honorer le poste auquel il avait été promulgué, il porterait fièrement les couleurs des Réprouvés, doit-il y laisser la vie. Il lui faudrait peut-être du temps pour s’adapter à tous ces changements nouveaux, mais il savait qu’il pourrait compter sur Zéleph en cas de besoin. C’était cependant à Maak de s’adapter au mieux la situation, de se débrouiller comme il l’avait fait jusqu’à maintenant, à la différence près qu’à présent, il ne serait plus le seul impliqué dans ses décisions, il mettrait en jeu plusieurs centaines de milliers de vie. La poigne forte de Zéleph s’abattit sur l’épaule de son semblable, une manière de l’aider à ne pas trop s’en faire pour le futur, mais qui ne serait pas inquiet à sa place ?

« À bientôt Zéleph. »

Le Réprouvé aurait bien du mal à appeler Zéleph « altesse », « souverain » ou même « roi », parce qu’il le considère tout simplement comme un camarade qui lui est égal, le rang n’avait pas sa place dans une grande fratrie. À l’avenir, Zéleph resterait toujours Zéleph. Ce dernier s’apprêta à prendre son envol, lorsqu’il donna un dernier conseil à Maak, qui le fit très largement rigoler ; on ne lui avait encore jamais donné de conseil de ce genre jusqu’à aujourd’hui.

« J’y penserais ! »

Il était temps à présent pour lui de remplir sa mission et... De vérifier que le cadavre était bien mort...