Maak avait reçu beaucoup de blessures dans sa vie, et celle que lui avait porté le zombi n’était pas la pire d’entre toute, mais elle figurait parmi les pires qu’il n’ait jamais eu. Être paralysé par la douleur, il connaissait bien ça, pour l’avoir vécu à de nombreuses reprises ; un coup à l’estomac était sûrement l’un des endroits les plus délicats à soigner car : il ne pouvait pas savoir exactement la profondeur du coup porté, ni savoir si un organe avait été touché, même s’il y avait très peu de chance. En outre, le pouvoir de guérison demandait beaucoup de temps et d’énergie, et même s’il n’était plus dans l’urgence à proprement parlé, il suffisait d’une erreur d’inattention de sa part pour que soit mal guéri.

Autour de lui, tous les zombis étaient annihilés, plus aucuns ne donnaient signe de « vie ». Tous les guerriers, ou presque, étaient sains et saufs, et très peu d’individus de leur rang avaient dû succomber à une morsure des morts vivants. Le petit groupe qui avait été désigné comme les plus forts pour tendre un piège s’en était lui aussi merveilleusement sorti. La cheffe Bélua avait mené les actions d’une maître qui faisait honneur à sa race, sa fonction et même à son sexe car, une femme avec autant de caractère, de sang-froid et de poigne, était très peu souvent mis en valeur. Dommage d’ailleurs, car cela rembarrerait sans nul doute les langues trop bien pendus de certains de ces messieurs...

Alors que tout le monde s’apprêtait à rentrer chez soi et fêter la victoire à coup de beuverie, plaisir, et autres célébrations, une personne apparue aux yeux de tous. Une femme, sèche, qui n’attirait nulle sympathie et qui ne voulait certainement pas en donner non plus. Cela faisait la seconde fois qu’une apparition de la sorte se produisait : la première fois pour dénoncer le coupable de cette folie, et aujourd’hui pour apporter une nouvelles semblait-il, mais elle préféra d’abord essayer de culpabiliser ces braves gens qui avaient risqué leur vie pour maintenir le peuple du Yin et du Yang en vie. Quelle mascarade...

Le Réprouvé n’avait jamais éprouvé de compassion ou de remord pour qui que ce soit, et il n’allait pas commencer aujourd’hui, devenu une sorcière qui n’avait rien pour plaire à l’hybride qui plus est. Personne n’avait de reproche à se faire : tous les volontaires avaient combattu vaillamment pour leurs famille, leurs amis et connaissances et devait être remercié comme tel, non disculpé. Cependant, elle ne fit pas que cela : elle déclara que l’antidote contre ces zombis avait été trouvé, et qu’à présent, tous les survivants allaient retrouvés une vie normale, ce qui n’était sans nul doute pas pour leur déplaire...

Faisant léviter une fiole de cette potion devant tout le monde, elle ordonna de l’administrer à chaque personne contaminée afin de sauver les quelques survivants. Le Réprouvé le ferait dès que possible, mais quelques tâches l’incombait avant : tant qu’il était à Sceptelinôst, il avait autant aidé à reconstruire la ville. Il n’était pas en état de voyager, et n’en avait d’ailleurs nullement la force. Il préférait donc donner un coup de main ici, où il serait bien plus utile. Tandis que d’autres n’avaient qu’une hâte : retourner chez eux ; nombreux furent ceux qui se dirigèrent vers le tunnel pour regagner le continent.

Maak les regardait, comme des âmes ivres de joie à l’idée de s’en être sorti, et se dirigea lentement, plus profondément dans la vie, quittant les côtes du rivage, ses cadavres et tous les mauvais souvenirs que l’océan emportait avec lui...