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 Et le monde finira noyé par ses larmes. {Vanille}

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Dim 29 Juil 2012, 04:48

« Et le monde finira noyé par ses larmes »


Je marchai le long de la côte depuis plusieurs heures déjà. Suivant le chemin sinueux des berges qui longeait les pieds de falaises abruptes, je veillai à rester loin des vagues qui venaient déposer leurs écumes sur le rivage. À l'horizon, là où la terre disparaissait dans les eaux, les embruns qui parsemaient l'air semblaient être fait de cristaux. Le soleil, aussi cuisant qu'accablant, était à son zénith. Bientôt, la mer viendrait s'écraser avec plus d'ardeurs sur les rives et viendraient avaler ce qui restait de mes pas encastrés dans le sable blanc.

J'avais beau dire, pas une année ne passait sans que je ne revienne dans ce petit coin de pays. Là où il fait toujours beau et où la mer, éternelle traitresse, semblait à jamais prisonnière d'un sommeil profond. Cependant, je savais ô combien il devait y avoir de ces jours où la nature se déchaînait et où l'océan engloutissait d'énièmes navigateurs imprudents. Ces jours-là, pensai-je, j'étais toujours bien loin à l'intérieur des terres. Et pourtant, il m'arrivait parfois de me rendre jusqu'au pied des ports, dans l'idée vaine de monter à bord du premier navire marchand et de laisser la mer m'entraîner dans sa gueule béante. Néanmoins, je finissais toujours aux rangs des demoiselles restés à quai, regardant leur compagnon hisser les voiles pour un énième périple. Certaines pleuraient, d'autres encore, souriaient en caressant leur ventre rond, alors que moi, intrus parmi les intrus, je regardai avec désespoir l'horizon avaler les restes des vaisseaux. Il ne me restait plus alors qu'à tourner les talons et à m'évanouir dans la nature, comme je l'avais toujours fais jusqu'à lors. Je n'avais plus jamais remis les pieds sur un navire depuis que celui que j'avais commandé autrefois avait sombré au fond des océans. Ce qui se traduisait par : plus depuis ma vie de mortel.

Je me souvenais encore de la dernière fois où mes pieds avaient foulés la coque d'un bateau. C'était il y avait de cela des décennies, si ça n'était des siècles. Capitaine, à l'époque, d'un trois mât dénommé le Bel Espoir, mon équipage et moi avions lutter une nuit entière comme une frégate ennemie de 30 canons et le déchaînement de mer nature. J'entendais encore le bruit assourdissant des boulets de canons qui s'écrasaient contre le Bel Espoir et les murs d'eaux qui se déversaient sur le pont du navire, entraînant des hommes à la mer. Avant la fin de la nuit, La Rieuse, cette calamité des mers, avaient fini par venir à bout de mon vaisseau de ligne. Au petit matin, les eaux étaient redevenus calmes : le Bel Espoir et La Rieuse avaient disparus, l'un au fond des mers et l'autre repartis avec la satisfaction d'avoir éliminé tout un équipage. Car oui, si la mer m'avait recraché sur ses flancs, il fallait dire qu'elle ne l'avait pas fait en un seul morceau... Je n'avais jamais pu rejoindre mes hommes dans leur tombe au fond des océans. Encore aujourd'hui, lorsque je m'abandonnai aux rêves, la figure de proue de La Rieuse venait me narguer.

Et alors que j'étais pourtant bien éveillé, elle fut là, semblant sortir de nulle part. Son corps svelte mais fragile, sa longue chevelure rappelant les brasiers les plus ardents qui caressaient ses bras nus offert aux vents marins. Le galbe musclé de ses jambes basanés, son joli minois pourtant si trompeur me dévisageant avec intérêt. La seconde suivante, alors qu'elle sembla passer son chemin, je lui empoignai vivement le bras. « Attendez... » murmurai-je d'une voix troublée. Évidemment, il était impossible qu'il s'agissait de cette même et unique femme taillé à même la proue de La Rieuse, et celle-ci devait d'ailleurs avoir disparus depuis des siècles. Pourtant, la ressemblance était plus que frappante. « Vous et moi...Ne nous sommes nous pas déjà rencontrés ? »

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Ven 03 Aoû 2012, 00:18






Le sourire peut parfois être le signe d'une joie

bienveillante, le rire jamais.




Paupières closes, Vanille courba légèrement la tête en arrière, offrant son visage si pâle aux rayons agressifs de l'astre du jour, à son zénith dans un magnifique ciel d'un bleu azur. Assise sur un gros rocher non loin des vagues, elle profitait de la chaleur du soleil qui réchauffait son corps mince, si blanc, à l'allure si fragile tant les membres étaient fins et graciles. Simplement vêtue d'une vaporeuse robe claire, le tissu humide dessinait tout en transparence la silhouette de la sirène, qui sortait tout juste des flots où elle avait passé toute sa matinée. Durant de longues minutes, la jeune ondine resta immobile tandis que quelques gouttes d'eau roulaient sur sa peau blême. Pensive et étrangement calme, elle étira avec douceur ses longues jambes avant de rouvrir lentement ses grands yeux verts qui contemplèrent quelques instants les grands oiseaux blancs qui, dans de légers bruissements d'ailes, tournaient inlassablement en rond. Elle passa rapidement sa langue sur ses lèvres, appréciant le petit goût salé de l'Océan. Comme toute les sirènes, Vanille se sentait étroitement liée avec l'élément aqueux, et cette vaste étendue bleutée qui s'étalait à sa vue était son berceau, son père et son confident, son meilleur ami mais pourtant, il représentait tout ce qu'elle haïssait et cherchait sans cesse à s'en séparer, ou du moins, à s'en éloigner. Seulement, la jeune femme ne pouvait nier qu'elle était une digne fille du large et des abîmes. Aussi traitresse, cruelle et changeante que la mer, aussi lumineuse que ténébreuse, elle était à la fois quelqu'un de très simple et de très difficile à cerner. Elle jeta un dernier coup d'œil aux albatros qui volaient, puis, comme une poupée désarticulée, elle se laissa glisser de la pierre.

Au pieds de son rocher, Vanille laissa son regard vagabonder dans les environs. L'écume venait lui chatouiller les pieds, et avec une certaine brutalité, elle ramena ses genoux près de sa poitrine, veillant à éviter tout contact avec l'eau qui lui rendrait son apparence originelle. D'une main, elle prit une petite poignée de sable dorée et le laissa s'envoler au gré des brises maritimes. Elle songea quelques brefs instants à Kesmos et Anzu, si fidèles compagnons qu'elle avait, pour une énième fois, abandonné pour profiter de quelques moments de répit, puis à Aimé et aux deux petites qu'elle avait revu récemment non loin d'ici. Un étrange sourire illumina le visage de poupée de Vanille. La rencontre ne s'était pas exactement passé comme elle l'espérait, mais le résultat lui convenait. Ce fut souriante que la sirène se releva d'un bond pour s'élancer d'un bon pas le long de la côté. D'humeur rêveuse, elle avançait d'une démarche dansante et aérienne sans vraiment prêter attention à ce qui l'entourait. La sirène n'était guère une altruiste ni même une personne qui se préoccupait des autres. Elle les considérait presque tous comme ennuyeux, ils n'étaient que des moyens pour Vanille d'accéder à ce qu'elle aspirait. Très peu d'individus, jusque là, lui avait parut assez intéressant pour qu'elle s'y intéresse un minimum, et elle ne portait pas de réel amitié à quelqu'un, pas même une petite affection. Indépendante et libre à tout point de vue, elle n'avait aucune attache et pouvait agir à sa guise, n'en faire qu'à sa tête.

Du coin de l'œil, Vanille perçut la fine silhouette d'une jeune femme aux cheveux blonds qui marchait lentement dans sa direction. Une petite idée derrière la tête, la sirène ne prit même pas la peine de lui accorder un autre regard, elle devait simplement continuer son chemin et parcourir le continent du matin calme pour trouver un lieu bien spécial. Mais avant qu'elle puisse dépasser l'étrangère, une main lui saisit fermement son bras pour la retenir. Surprise, elle recula de quelques pas, les yeux écarquillés. Aussitôt, elle planta violemment, comme un coup de poignard, son regard d'émeraude dans le bleu de prunelles de l'inconnue. Contrairement à ce geste impromptu et brusque, la voix de la jeune femme était calme et douce quoique parsemée de petites notes troublées. Vanille effleura en toute discrétion l'esprit de sa mystérieuse interlocutrice, un contact furtif qu'elle voulait le plus fugace possible, ne désirant pas se faire repérer, juste entendre deux ou trois pensées. L'esquisse d'un sourire se dessina alors. D'une voix chantante et suave, elle répondit : «C'est une possibilité. Qui peut prétendre ce souvenir de toutes les rencontres de sa vie? D'autant plus quand celle ci est plutôt longue...» Jamais personne n'avait demandé à la sirène son âge, et si cela avait été le cas, la demoiselle aurait certainement menti. Elle entretenait un véritable mystère autour de sa naissance, et une grande différence entre la version officielle et la vérité qu'elle seule connaissait. Les apparences étaient trompeuses, surtout dans un monde où l'on ne pouvait s'y fier tant la longévité était importante. « Votre visage m'est vaguement familier.» Mensonge ou non, dur à dire, mais face à un telle bouille angélique et un ton si convaincant, comment faire la part des choses entre authenticité et malveillance? Les secondes s'écoulèrent, et Vanille se dégagea doucement de l'emprise de la femme devant elle, n'appréciant guère qu'on la touche sans son autorisation. Lentement, elle pencha la tête sur le côté, dévisageant avec une pointe d'intérêt son interlocuteur. Et le léger rire cristallin de Vanille qui lui était si caractéristique, petites clochettes tintant au vent, résonna dans tous les environs.
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Mer 08 Aoû 2012, 19:06


Ces yeux...Ils m'évoquaient les plongeons mortels au cœur des plus violentes tempêtes. Là où les vagues atteignent des hauteurs vertigineuses, happant sur les navires les matelots imprudents avant de les jeter dans la gueule béante de la mer. Là où le ciel n'est plus que volutes goudronneuses et où les éclairs lézardent sans relâche l'obscurité oppressante. De tels ouragans avaient causés et causaient encore aujourd'hui la perte de milliers de vies et de centaines de vaisseaux téméraires. Le fond des océans n'étaient plus que le plus grand cimetière que la terre n’ait jamais connu, refusant de relâcher les corps abandonnés des navigateurs qui avaient pourtant lutés vaillamment contre eux. Lorsque je regardai ces yeux-là, du vert céladon dont se teinte la mer lorsqu'elle se prépare à punir ceux qui prétendaient pouvoir la dompter, je savais : ils causeraient la perte de bien plus d'hommes que l’océan n’en avait jamais comptés.

Je restai immobile, le regard arrêté sur sa longue chevelure des plus surprenantes. Ils me faisaient penser à la crinière démentielle de la gorgone Méduse lorsque la brise les animait, voltigeant autour de leur maîtresse comme des possédés. Sur sa peau laiteuse, leur couleur m'inspirait davantage le sang que le feu et malgré le contraste saisissant, je savais que cette femme-là n'appartenait pas au ciel comme je l'étais, non plus à la terre, comme n'importe quel autre mortel. Non : sa présence et même la force tranquille, mais presque perverse qui émanait d'elle ne me rappelait que trop bien le malaise constant qui me hantait lorsque j'étais près de la mer. Et malgré le doute omniprésent qui me guettait depuis que je l'avais aperçue, je savais que je n'aurais pas oublié quelqu'un comme elle si nos routes s'étaient autrefois croisées. Si on oubliait ses traits physionomiques pour le moins hors du commun, la méfiance et le mystère qu'elle inspirait étaient de ceux que l'on range rarement dans un coin de notre mémoire. Néanmoins, toutes les raisons du monde ne pouvait me dissuader du fais que son visage ne m'était pas inconnu. Au-delà du fait qu'elle était le portrait craché -et vivant- de la figure de proue de La Rieuse, je ne pouvais m'empêcher de croire qu'ici, sur cette plage où le soleil nous carbonisait littéralement, elle n'avait pas sa place. Surtout qu'avec son teint affreusement pâle, elle aurait tôt fait d'être brûlée à vif comme une sardine échouée sur le rivage. Enfin, là n'était pas le plus important. Si elle était effectivement la femme qui avait inspiré l'architecte de La Rieuse, cela voulait irrémédiablement dire que cette gazelle-là devait avoir plusieurs siècles de vécus derrière elle. Peut-être avait-elle été l'amante du fameux architecte ou alors avait-il seulement rêvé d'elle après l'avoir aperçus au coin d'une rue marchande, au final, peu importait par quel coup du hasard elle avait servi de modèle. À l'épilogue de ce drôle d'énigme, son portrait s'était retrouvé à la tête d'un navire de guerre qui en avait envoyé bien d'autres à leur triste repos au fond des océans.

Et son rire mutin, aux sonorités rappelant une clochette, m'extirpa vivement de mes réflexions. Son amusement, à ma plus grande surprise, m'exaspéra quelque peu, cependant qu'elle n'avait peut-être aucune idée de l'étendue de la confusion que sa seule apparition me provoquait. Bien que sa petite boutade aurait pu confirmer le fait qu'elle et moi nous étions déjà vues quelque part, la mesquinerie des êtres de son genre n'était plus à prouver. Car oui, si elle n'était en réalité qu'une femme aussi ordinaire que toutes les autres, sa race d'appartenance, quant à elle, m'avait été simple à deviner. « Vous êtes de celles qui appartiennent à la mer, » déclarai-je sur le ton de l'évidence davantage que sur celui de l'interrogation. « Une fille des eaux, comme je l'ai moi-même été...Il y a de cela trop longtemps pour le compter. » Et mon visage se ferma, dévisageant les vagues qui s'écrasaient à nos pieds d'un œil accusateur. Il me semblait entendre dans le fracassement ce celles-ci les gémissements plaintifs d'une mère quémandant le pardon. Cependant, comme à mon habitude depuis les derniers siècles, je lui répondis en reculant de quelques pas, tandis que l'écume se retirait tristement. Bientôt sa peine laisserait place à une colère vengeresse qu'elle laisserait éclater contre des pêcheurs forçant leur chance du beau temps. Je le savais depuis longtemps déjà : l'océan était aussi changeante et traitresse que le devait l'être sa fille qui me faisait face.

Et pourtant, tandis que le ciel se couvrait soudainement et que la pluie s'abattit lourdement sur nous, je vins me poster à ses côtés et déployai mes larges ailes au-dessus de nos têtes, tentant tant bien que de mal de nous soustraire aux caprices de dame nature. À des kilomètres de là, au-dessus de l'océan, les éclairs commençaient déjà à éclater. Bien que ma compagne aurait pu se retirer dans ses quartiers au fond des abîmes, je me doutais qu'elle n'était peut-être pas encore tout à fait prête à rejoindre son monde, et comme la pauvre n'avait pas grand-chose sur les épaules, j'essayai de lui épargner l'idée d'une douche glaciale automnale. Je lui indiquai un point invisible vers le Nord, à quelques centaines de pas de l'endroit où nous étions. « Il y a une cavité dans les falaises un peu plus loin. Vous venez ? Nous y serions à l’abri pour le temps que durera cet orage. » Et je me dirigeai lentement mais sûrement vers la destination, ne me préoccupant guère si la sirène me suivait ou non, mais laissant tout de même mes ailes en arc au cas où l'idée d'un lieu sec et sécuritaire la séduirait autant que moi.

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Ven 05 Oct 2012, 18:18

Peu attentive aux paroles sévères et quelque peu mélancoliques de la fille qui se tenait non loin d'elle, Vanille, songeuse, contemplait l'horizon qui devenait subitement sombre et menaçant. Quel étrange phénomène que celui qui se produisait sous ses yeux. Le ciel se couvrait en moins de temps qu'il fallait pour le dire. Funeste présage, oiseau de mauvais augure, il semblait être annonciateur de bien des malheurs à venir. Et pourtant, Vanille souriait. Le paysage était le même que cette nuit-là, il y a plusieurs siècles, lorsque la jeune sirène parcourait la plage lors d'une nuit d'orages. A moitié nue, à peine sortie des flots, elle semblait danser sous la pluie alors qu'elle ne faisait que fuir le mauvais temps et s'apprêtait à regagner l'auberge où elle avait abandonner son amant du moment. Elle voulait simplement, tout d'abord, retrouver les quelques affaires qu'elle avait dissimuler près d'un gros rocher. Et c'est là qu'elle le rencontra … Caliel, jeune artiste prometteur aux multiples talents, jeune homme au visage d'ange et au caractère doux et passionné, il fut comme épris de la jeune femme dès qu'il posa le regard sur elle. Il en avait fait sa muse, son inspiration, un démon des merveilles, et il ne vivait plus que pour elle.

Quelques gouttes tombèrent sur les joues de Vanille, ramenant la jeune femme à la réalité. Toujours souriante, elle suivit son interlocutrice d'une jour dans le plus grand des silences. Qu'il était bon de lire de désarroi et le doute dans les yeux de cette demoiselle céleste, qui face aux fantômes de son passé, semblait désemparée. La sirène savait la vérité, et qu'il était amusant d'être en possession de toutes les cartes, d'être le maitre du jeu. Que lui avouerait-elle ? Elle n'avait pas encore vraiment décidé, mais une chose était sûre, le divertissement serait au rendez-vous. Même pour l'ondine, cette expérience était des plus intéressantes, cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait songé à son existence d'autrefois et à Caliel. Au loin, un éclair fendit le ciel avec toute la violence et la splendeur dont Mère Nature était capable. Le grondement sourd du tonnerre ne tarda pas à résonner à des kilomètres à la ronde, tel un avertissement.

Vanille fit quelques pas dans la crypte, laissant ses pieds nus s'accommoder à la fraicheur du sable. L'humidité régnait en maitresse dans les environs. Doucement, elle effleura du bout des doigts la paroi froide de cette grotte naturelle, avant de s'assoir simplement, avec élégance, en pliant une jambe. C'est une fois installée seulement qu'elle se décida à reprendre la parole, de sa voix claire et mélodieuse non dépourvue d'accents sarcastiques :

«Une fille de l'Océan, exacte. J'espère que trouver à quelle race j'appartiens n'a pas été trop dur.»

Il n'y avait que très peu de jeunes femmes qui venaient se baigner nues dans les environs. Et seules les sirènes étaient assez farouches pour se dévêtir entièrement dans les eaux où l'on était susceptible de croiser quelqu'un, satires et pervers compris, et plonger dans les profondeurs de la mer, ou là où elle se déchainait.

« En ce qui vous concerne, pas la peine de demander, petite ange»

Cette aura là... Vanille était capable de la discerner au premier coup d'œil, et pour cause, c'était aussi ce genre de lumière qui l'entourait, quelque chose de pur et de bénéfique, comme si la nature trouvait la jeune femme angélique. Le mal dissimulé sous l'innocence.

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Dim 09 Déc 2012, 23:28

Tout en escortant la demoiselle jusqu'à la dite grotte qui nous servirait d'abris temporaire le temps de l'orage, je me remémorai ma rencontre avec La Rieuse. Cette calamité des mers étaient tout droit sortie de nulle part, fendant la mer et la brume par laquelle elle nous avait surpris et il nous avait fallu changer radicalement de cap pour éviter une collision tant redouté en haute mer. L'erreur m'avait été fatale, puisque le Bel Espoir n'aurait fait qu'une bouchée de la petite frégate. Hélas, ils m'avaient eu par surprise, et tandis que j'avais essayer de ramener l'ennemi dans notre ligne de tir, ce dernier en avait profité pour nous craché ses dangereux boulets de canons qui endommagèrent une bonne partie du pont et dont les explosions envoyèrent bon nombre de marins à la mer. Si le Bel Espoir avait été beaucoup plus massif et imposant, La Rieuse avait profité de son poids léger pour fendre les vagues et jouer de ruse pour, lentement mais sûrement, nous amener contre les récifs où mon navire s'était violemment écrasé. Mise K.O, elle avait alors appliqué la même technique pour venir à bout de Laurence et de son navire. Je me souviendrai toujours de cette scène : Celle d'une femme, une vampire, à la chevelure aussi flamboyante que le feux, plantant ses crocs dans la tendre chair de mon amant alors que le tout autour, tout était de flammes et de sang. La seconde suivante, une vague avait déferlé et la mer s'était emparée de ma vie.

Nous arrivâmes à la grotte à l'instant même où le tonnerre éclata au-dessus de nos têtes et où la pluie se déversa comme un torrent sur la plage maintenant déserte. Je lançai un coup d’œil à ma compagne, cette dernière visiblement peu perturbée par l'étrangeté de la situation, et après quelques secondes, je décidai d'écarter les futiles convenances. Elle non plus ne se gardait, de toute façon, aucune gêne. « La Rieuse. » Lui lançai-je, attendant un cillement des sourcils, une stupeur dans ses yeux, et pourtant rien n'y fit. Probablement accoutumé à de tel questionnement, la demoiselle devait être passé maître dans l'art de la comédie. Après tout, les sirènes étaient réputées malicieuses et moqueuse. Je ne me laissai pas décourager pour autant. « Un navire militaire. Une frégate, pour être plus précise. » Elle ne semblait pas réagir. Je grinçai des dents. « Ça doit forcément vous dire quelque chose, puisque votre réplique en était la figure de proue. » répondis-je un peu plus fermement.

Je n'attendais pas tourner en rond pour les prochaines heures et attendre bien sagement qu'elle me donne une réponse digne de ce nom, et ma question n'était pas entièrement désintéressé. Depuis plusieurs décennies déjà, je tentai de retracer l'histoire de La Rieuse dans l'espoir d'obtenir les noms des personnes qui l'avait commandé, et ainsi découvrir l'identité de la femme responsable de la mort de Laurence. Et de la mienne, par la même occasion. Certes, je devais bien l'avouer, connaître son nom n'était pas la seule chose qui me motivait à son sujet...« Cela fait plusieurs centaines d'années de cela, mais comme je me doute que vous n'êtes pas née de la dernière pluie, c'est un détail dont, je suis certaine, vous vous souvenez parfaitement. » Je n'avais pas pour habitude d'être aussi catégorique. D'ailleurs, un tel comportement n'était pas coutume chez les anges. Et pourtant, le sentiment envahissant de savoir que j'étais peut-être près du but après toutes ces années avait quelque chose d'emballant, voir, d'exaltant. Je soupirai. Mon ton soudainement ferme n'avait pas dû plaire à mon interlocutrice. « Écoutez, je ne connais pas votre nom ni même votre âge mais cela m'importe peu. J'ai simplement besoin d'un nom, quel qu'il soit, en lien avec ce navire. Qu'il s'agisse d'une personne l'ayant construit où ayant servit à bord, je n'en ai cure. »

« Je veux simplement connaître la vérité. »



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Sam 29 Déc 2012, 02:19

    Pauvre petite sotte emprisonnée dans les méandres de son triste passé, vivant encore avec les fantômes et les démons d'autrefois, mue par une colère immémoriale d'un misérable sort et d'un bonheur déchu. C'était d'un risible. Sans sourciller, Vanille se délectait de ce spectacle pour le moins minable mais tellement amusant. Quel délice que de voir cette jolie blonde, qui n'avait pas volé la couleur claire de sa longue chevelure, articuler un monologue savamment étudié pour faire mouche, mais qui trouvait avec la sirène un impact aussi infime qu'un galet qu'on jetterait dans l'immensité de l'Océan. Quel plaisir que de la voir agacé face au masque d'impassibilité que gardait l'Ondine. Cette Ange se voulait sévère, elle s'essayait à l'autorité, ces sourcils légèrement fronçais en signe de mécontentement, mais Vanille avait l'impression d'être dans l'un de ces chapiteaux, devant un numéro comique. Se rendait-elle compte que ce qu'elle disait était assez drôle? Peu probable. Mais qu'importe, la jeune sirène ne se lassait pas de l'entendre glapir et de la voir gesticuler, à la recherche de la moindre information qui viendrait la réconforter, elle et sa pauvre existence passée. Le visage assez neutre, simplement orné d'un léger sourire énigmatique, Vanille demeurait immobile, attendant que la femme face à elle cesse un peu de parler de son ton pincé et coincé. Son dos nu plaqué contre la paroi froide de la grotte, elle patientait. Mais même lorsque le silence se fit, elle laissa quelques secondes s'écouler, où seuls l'orage, la pluie, et le murmure des vagues se faisaient mélodie d'ambiance, parfois agrémenté du bruissement des gouttes d'eau qui coulaient des longs cheveux humides de la sirène pour s'effondrer au sol. Bras croisés sous sa poitrine davantage dessiné par ce geste et ces vêtements qui collaient à sa peau blanche, elle finit par murmurer doucement sur un ton cynique:

    « Que c'est touchant. Une amoureuse transit qui cherche à venger son tendre amour perdu et ses navires coulés.» Vanille ricana avec délicatesse, son si doux et chantant qui résonnait de manière si inquiétante dans la pénombre de la grotte. « Et vous croyez que je suis la clé de cette énigme? Je ne pensais pas que vous étiez aussi stupide que votre apparence le suggère.» Tant de double sens venait à l'esprit de la jeune femme. Du bout des doigts, elle emmêlait entre ses doigts une boucles rousses qui tombait au niveau de ces hanches. Ainsi, cette petite Ange voulait qu'elle parle? Soit, elle le ferait, mais certainement pas de la façon qu'elle s'attendait. D'un petit bond félin, Vanille fit un pas vif en avant, puis d'autres plus lents, quoique d'une grâce aux airs dangereux, pour se rapprocher de la jeune étrangère. Elle finit par s'arrêter devant elle, calme et sereine, souriante, un éclat lumineux, malicieux, mais étrangement carnassier illuminant ces prunelles vertes. Elle ne lâchait pas du regard l'Ange, la fixant droit dans les yeux : « Alors, petite, tu es donc intimement persuadée que, parce que ma face et mon corps était la figure de proue, je connais forcement un petit détail qui te permettrait de connaître la vérité ? Quelle belle histoire digne des contes de fée pour enfanst» Et sans crier gare, elle asséna une pichenette du bout de ses longs ongles rouges sur le menton de l'étrangère. « Bienvenue dans la réalité. Si j'étais la figure de proue, ce que je ne nie pas, c'est tout simplement parce que j'étais la muse et l'inspiration d'un artiste de l'époque.» Elle rit « Ou, au risque de bouleverser tes chastes oreilles, parce que j'étais la maîtresse et l'obsession d'un homme qui me désirait plus que tout.» Vérité ou mensonge, il était dur de juger. Car ce que la jeune femme blonde ne pouvait savoir, c'était que Vanille avait tendance à être au courant de tout sur tout, même sur les choses et sujets qu'elle ne devrait pas. Ainsi, peut-être était-elle en possession de quelques informations qui auraient été précieuse pour cette demoiselle en détresse, mais la sirène n'était guère disposée à le lui révéler.

    Vanille rit davantage à ces pensées. « D'ailleurs ma chérie» Mot bien choisis pour paraître le plus faux possible dans sa petite bouche rose exquise « Devine pourquoi le bateau qui t'a coulé se nomme La Rieuse?» A cette époque, Vanille avait une certaine renommée dans plusieurs villes, elle ne vivait pas dans la pénombre comme aujourd'hui. Elle avait fait un choix, celui de vivre au grand jour et s'amuser un peu, maintenant, elle mettait à exécution quelques plans pensées il y a des siècles. Mais à l'époque du navire, elle avait eu de nombreux amants et était la favorite de bon nombres d'hommes. L'artiste, pendant longtemps, n'avait pas été le seul qu'elle fréquentait, car il était un ange, et la sirène avait tendance à apprécier par dessus tout les relations physiques. Le visage de Vanille demeurait souriant, mais il était emprunt d'une certaine froideur, communément appelé la cruauté. Elle ajouta, sarcastique: « Alors, Sayuri» Car elle connaissait son nom, bien sûr. Elle ne l'avait jamais vu, mais entendu parler d'elle justement à cause du naufrage. Il fallait être stupide quand on savait ce que Vanille savait pour ne point faire le lien « Je suppose que tu es déçue que je ne te révèle rien qui atteigne tes espérances. Navrée.» Quel contraste entre paroles et expressions. Vanille continua, sous-entendant qu'elle ne dirait pas ce qu'elle savait si elle était en possession d'une bride des désirs de cette ange: « De toute manière, vous vous doutez bien que rien n'est gratuit, dans ce bas monde.» Et le démon au visage d'ange sourit.
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