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 [Q] - Larmes de crocodile

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Latone
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Latone
Sam 17 Juil 2021, 01:24

[Q] - Larmes de crocodile Banniz89

Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : RIP.

~~~


Bottes sur le ponton, leurs claquements atténuèrent le morbide du silence. Lorsque le Réprouvé renifla, l'odeur nauséabond lui fit regretter son retour pour la première fois de sa vie. Depuis toujours, Sceptelinôst l'avait habitué aux pires fragrances que pouvait engendrer l'humanité ; décomposition, poiscaille, vomi, foutre, excrément. Mais ces effluves-ci en particulier lui arrachèrent une grimace. Était-il vraiment chez lui ? Était-il toujours… Pendrake Hrafninn ?

" Bienvenue. Un coup d'œil et un sourire plus tard, Norcadès rajouta : Mon Roi. "

" Ferme ta sale gueule et sors d'ici. " Pesta-t-il en jetant son manteau sur le dispositif prévu à cet effet. Le tissu était trempé d'alcool et de sueur.

Enfin un Démon, devait-elle se dire, étant donné son regard goguenard. Cela faisait déjà un bon mois que ces succubes squattaient chez lui et Pendrake ne parvenait toujours pas à cerner la plus dangereuse des trois. Son chantage le troublait et le rendait parfois paranoïaque : à tout moment, cette pouffiasse pourrait faire remonter son existence jusqu'aux oreilles de l'authentique Bhūta Rāja. Il lui suffisait de susurrer l'information à n'importe quel diablotin pour répandre la rumeur comme une traînée de poudres. Pourquoi miser sur lui ? Pourquoi se contenter du moins puissant ? Juste à cause d'une histoire d'odeur corporelle ? On dirait presque Aria. Hmm, se souvenir de cette rouquine le faisait encore bander. Malgré tout, les caprices de ses hormones furent réfrénés par son état d'esprit si pitoyable et calamiteux. Tout comme le brouillard s'abattant sur Sceptelinôst – un voile point assez épais pour masquer les cadavres de porc à foison – sa tête ne renfermait plus qu'une brume immuable. Perspicace, la Démone le remarqua vite et traita ce renseignement sans piper mot. Il l'ignora et la dépassa pour rejoindre sa chambre. Son parfum ne lui avait pas manqué.

Contrairement à celui de Cælys.


" Nutaar'Kra, t'es passée où… ? "

Qu'est-ce qu'il se passait chez les Deslyce ? Pendrake se retrouvait bredouille de son passage à Pabamiel, simplement un extrait de la potion de Jouvence en main. Oh bien sûr, du côté des Verrachia, une franche réussite. Annibale eut ce qu'il voulait et lui promettait de préparer sa réponse aux exigences du Hrafninn. Mais à quoi bon ? Son intérêt pour Sceptelinôst s'effritait, la cité plongeait dans une lente agonie qui ne lui plaisait pas. Le charme des bistrots fut chassé par l'invasion des nuisibles, les eaux se teintaient de l'encre des seiches, les cieux obligeaient les locaux à s'accoutumer aux lueurs des torches. C'était comme s'ils perdaient une part d'eux-mêmes, comme s'il fallait faire ses adieux. Le Noir et le Blanc ne se confondaient plus. Il ne lui restait alors qu'une unique branche à laquelle se raccrocher : celle des Deslyce.

" Cælyyyyys… Siffla-t-il entre deux gorgées de whisky. Où est Oria ? " Son timbre devenait caverneux, dégradé par la colère et l'alcool.

Aucune, absolument aucune de ces putains de cousines n'étaient parvenues à l'aiguiller sur la position de la Sirène, encore moins sur leur progéniture. Il s'était pris la peine de fouiller le moindre recoin de leurs domaines : Rilbalia à la Citée Engloutie, Khanmath à Avalon, Arvala de Pabamiel… même sur Taelora, à Dhisalia, les îles Orahna, Deliliah, Harliëne, Beraleasa, Shebainen, Serehe, Leeria, Lenga, Siwa, Helmni, Azsa, Cascenha, Orahcla, Eglesha. Où es-tu ?! Il jeta son verre par la fenêtre. Il avait besoin d'elles. Ce silence et cette discrétion n'étaient pas normales. Il était son mari ! Il avait tous ses droits sur elle ! Seraient-ce encore ses humeurs d'Ondines qui faisaient des siennes ? Merde, il avait si mal à la tête…

Si mal…


~~~

Il fit un rêve. Dans ce songe : il coulait vers les abysses. Des dizaines de bras l'entraînaient toujours plus au fond. Lui, il n'avait même pas la force de lutter. Il se contentait de fixer la lueur de la surface s'amenuiser à mesure que les ténèbres l'enserraient et que les rires macabres se multipliaient. Il ne se noyait pas. Mais il mourrait.

Toc. Toc. Toc. Toc.

Pendrake se réveilla. Il faisait sombre, encore. Il glissa hors du lit et manqua de se viander à cause d'une bouteille vide à ses pieds. Il porta sa main au front. Oh bon sang, il ne s'était pas injecté que de l'eau hier soir. Un silence morne régnait en maître sur la demeure ; les succubes devaient être parties. Il jeta un coup d'œil en contrebas ; une silhouette l'attendait à la porte, mais il ne parvenait pas à l'identifier. Il descendit, sans prendre la peine de se rhabiller. On restait Réprouvé en ces murs.

Le bois du hall craquela sous ses pieds et provoqua un malaise palpable. Son cœur se resserra et le fit s'arrêter. Il avait l'impression de subir une chute éternelle. La sensation ne voulait pas partir et finit par avoir raison de ses chevilles : une force inconnue les étreignait et l'empêchait d'avancer. Le Choucas savait que son visiteur demeurait derrière l'entrée. La possibilité d'une nouvelle attaque le traversa et redoubla son envie d'ouvrir cette fichue porte pour en finir une bonne fois pour toute. Il força sur ses jambes et saisit la poignée comme il attraperait les cheveux d'une Réprouvée pour se la taper.


" N'ouvre pas la porte ! "

" Quo— ? "

Toc. Toc. Toc. Toc.

Pendrake se réveilla. Il faisait sombre, encore. Il glissa hors du lit et manqua de se viander à cause d'une bouteille vide à ses pieds. Il jeta un coup d'œil en contrebas. Il descendit, sans prendre la peine de se rhabiller.

Le bois du hall craquela sous ses pieds. Son cœur se resserra et le fit s'arrêter. Il avait l'impression de subir une chute éternelle. La sensation ne voulait pas partir et finit par avoir raison de ses chevilles. Il força sur ses jambes et s'apprêta à saisir la poignée.


" N'ouvre pas la porte ! " Il s'arrêta au dernier moment.

" Quoi ? "

Le type lui saisissait littéralement les mollets, avachi sur le sol comme s'il perdait son temps à ramper. Un rapide coup d'œil fit comprendre au Hrafninn que le malheureux se révélait être bien atteint des jambes. Les afflictions ressemblaient à des entailles. Pendrake imaginait un taré lui sectionner les muscles un à un, pour… pour quoi faire, en fait ? Qui était ce type ? Il lui disait quelque chose.

" Lâche-moi ! " Bizarrement, ce clodo possédait une bonne force !

" Jamais ! " Par réflexe, le Réprouvé tenta d'utiliser la poignée à portée pour contrecarrer cette emprise.

" Nuta— ! "

Toc. Toc. Toc. Toc.

Pendrake se réveilla. Il faisait sombre, encore. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Il évita la bouteille cette fois et descendit à toute vitesse.

Aux pieds des escaliers, le Hrafninn se tint à la rambarde pour observer son hall. Sur sa droite, la porte entrouverte laissait place au salon, sans pour autant lui signaler une présence intrusive. Et sur sa gauche, c'était la cuisine, sauf que la porte était bien verrouillée ; à l'intérieur, le Drem gardait quelques ingrédients dangereux sous le coude. On ne savait jamais, peut-être que les propriétaires légitimes du Smurin viendront le chercher par eux-mêmes. De toute manière, il était bien plus préoccupé par le retour de l'énergumène. Malgré sa prudence, la sortie exerçait une force attractive. Il n'arrivait pas à faire machine arrière, physiquement et mentalement. Ainsi, il suffisait de deux pas pour réitérer le phénomène.


" N'ouvre pas la porte ! "

Ils se trouvaient bien plus loin cette fois. Le Réprouvé fixa l'inconnu pisseur de sang et son regard livide ne l'empêcha de constater avec effroi une vérité criante. Un miroir, une sorte de reflet de son subconscient.

" Tu es moi… " L'autre n'avait pas la force de sourire, ni même de rire de soulagement. Ses mains tremblaient contre la peau du Drem.

" Je peux encore te sauver, reviens ! " Pendrake fronça les sourcils.

" Qu'est-ce que tu racontes ? … Oh mais bien sûr, j'ai trop bu ! " Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ?

D'un coup d'un seul, le Réprouvé fut entraîné en direction de la porte, comme si on le saisissait par le bras cette fois. Il ressentait bel et bien une autre présence en action, toutefois sa vision se troublait à mesure que la porte se rapprochait.


" Non… ! "

Toc. Toc. Toc. Toc.

Pendrake se réveilla. Il faisait sombre, encore. Il descendit.


" Dépêche-toi d'ouvrir la porte. "

L'antagoniste – si on pouvait le qualifier ainsi – lui paraissait beaucoup plus reconnaissable que l'autre à ses pieds. De par le passé, le Réprouvé avait fait appel bien plus souvent à cette forme-ci, le fameux Démon intérieur. Cela lui paraissait étrange de lui faire face, mais ce ne serait que s'admirer dans un miroir. Il reconnaîtrait sa crinière entre mille, son épiderme malade jusque dans les entrailles infernales, ses iris flamboyantes. C'était lui, tout bonnement.

" N'ouvre pas la porte ! "

Ainsi, l'autre "Pendrake" était l'Ange intérieur. Il lui semblait si faible, si ridicule, comme si on l'avait récupéré en la Terre Blanche. Il le dégoûtait mais son emprise sur lui l'obligeait à le prendre en considération. Juste pour cette fois.

" Pourquoi cette réunion de famille ? " Cela ne lui était jamais arrivé auparavant, puis il n'avait pas souvenir d'un tel phénomène chez son peuple.

" N'est-ce pas évident ? Il le pointa de sa griffe. Tu te trouves actuellement sur la Dilon (Mort). "

Son cœur s'arrêta, le mort interdit le fit frémir. Son instinct lui fit aussitôt tendre la main vers la poignée.

Toc. Toc. Toc. Toc.


Pendrake se réveilla.

" C'est quoi ces conneries ?! Je ne suis pas mort ! "

Le Démon flotta autour de lui, tentateur, alors que l'Ange luttait pour lui rappeler son importance.

" Oublie ce fumier une simple seconde et regarde autour de toi. "

L'effort mit à l'épreuve sa ténacité. Ses iris bleutées s'abattirent sur le fameux plancher hurlant pour constater que sous lui – sous eux – l'Enfer lui-même ouvrait sa gueule en grand. Un faux pas et ce serait la fin. L'Ange planta ses ongles dans la chair, le Drem se détourna alors de cette vision cauchemardesque.

" N'ouvre pas les yeux ! Ne te réveille pas ! " Toutes ces négations commençaient à lui donner le tournis.

" Il est un poids. Tant qu'il te garde, il parviendra à te faire revenir, encore et encore. "

" Revenir… chez moi ? "
Le Démon resta interdit quelques secondes.

" Il n'y a plus de "chez moi". Tu peux choisir de laisser ce boulet t'aveugler pour toujours ou… Il se dégagea. Ouvrir la porte. "

Toc. Toc. Toc. Toc.

" Qu'y a-t-il derrière cette porte ? "

" Une sortie. Finie la Dilon, plus jamais la Dukaan (Déshonneur). Tu seras libre. "

" Mais il n'y aura plus la Laas (Vie) ! "


Le Démon se jeta sur l'Ange sans pouvoir l'atteindre.

" Qu'est-ce que la Laas peut lui offrir d'autre, si ce n'est une éternelle désillusion ?! "

Toc. Toc. Toc. Toc.

" Il n'y a pas de rédemption. Il a choisi de succomber et de chuter. Plus personne ne cherchera à le sauver. Deslyce, Taiji, Belegad, Yuërell, Zuriel, que des noms qui ne signifient plus rien pour nous. Il s'arrêta au niveau du forcené. Oh, j'en ai oublié un, le plus important : Hrafninn. " Son souffle était glacial.

Toc. Toc. Toc. Toc.

" Sans moi, il ne sera plus jamais comme avant ! " Malgré lui, le désespoir commençait à enserrer sa foi.

" Tu veux plutôt dire qu'il reprendra enfin son identité en main. Tu nous es devenu inutile, Hrafninn. "

" Je suis tout aussi important que toi ! Nous sommes Réprouvé ! "


Le Démon se tourna vers le Bipolaire.

" Plus maintenant. "

Toc. Toc. Toc. Toc.

" Ouvre la porte ! Cesse d'errer ici ! Venge-toi ! Fais-leur payer de t'avoir enterré ! Tue l'Usurpateur ! Brûle-les tous et utilise leurs cendres au nom de l'alchimie ! Nous avons tout un monde à conquérir ! "

Toc. Toc. Toc. Toc.

" PAR LA DESTRUCTION, JE RÉGNERAI ! "

Toc. Toc. Toc. Toc.

Pendrake serra les dents et saisit un flacon à la volée. Son contenu effraya l'Ange et ravit le Démon. D'un coup sec, le Réprouvé mordit le verre et le liquide s'écoula sur ses papilles. La magie de la potion de Jouvence s'opéra : ses traits se rajeunirent à vue d'œil et un second souffle lui permit de s'extirper de l'étreinte de l'Ange. Enfin, il rejoignit la porte et l'ouvrit.

De l'autre côté, l'immaculée tenta son baroud d'honneur. Les bras tendus, fermes, l'Ange refusa de laisser son réceptacle passer. Les yeux assassins de Pendrake le figèrent. Un réflexe surhumain le prit de court : la lame du Réprouvé fila lui trancher la gorge.

Pendrake se réveilla.


" … Car… mine ? "

Il pleuvait. Cependant, même le courroux céleste n'effaçait pas le sang s'écoulant le long de la plaie. La rousse porta ses mains à son cou, son regard embrumé par la peur de l'inévitable. Ses forces la quittèrent aussitôt et Carmine chuta sur lui. Le Hrafninn la rattrapa et la déposa le plus délicatement possible, cherchant par tous les moyens de la sauver. Lorsque l'idée d'user sa magie le traversa, des échos de Norcadès l'empêchèrent de subir à nouveau le traumatisme. Ainsi, le Choucas ne put que regarder son amie tenter d'appeler à l'aide. En vain.

Cette nuit-là, Pendrake tua son ultime Ange. Sa dernière étincelle.


~~~

Des jours plus tard. Royaume de Kāma.

Neorim fit craquer ses jointures. Cela lui faisait une bonne trotte depuis son terrier, mais la récompense n'en sera que plus incroyable. Au tout début, il avait eu du mal à croire les rumeurs : son propre descendant devenu Bhūta Rāja ? Non, il n'arrivait pas à se le figurer. Pourtant, il avait vu à plusieurs reprises le portrait du nouveau Monarque. Toutefois, malgré l'effarante ressemblance, il ne pouvait être le petit Réprouvé qu'il laissa mûrir à Sceptelinôst. Sa satanée mère l'avait abandonnée sur le palier de péquenauds de la pègre. Comment s'appelaient-ils déjà… ? Bah, qu'importe, le plus important : c'étaient les retrouvailles.

Au détour de dédales plus profondes, le Démon n'eut qu'à suivre les ricanements jouissifs pour trouver l'objet de son désir. Ici-bas s'étaient rassemblés plusieurs diableteaux, hâtifs à l'idée de faire joujou. Entre leurs griffes, le damné subit de longs supplices. Son sang devait avoir repeint la moindre roche à la ronde avant de revenir dans ses veines. On l'avait conservé intact, du moins, deux jambes, deux bras, une tête… Bref, tout ce dont on avait besoin pour multiplier les tortures. Peut-être l'avait-on mutilé, puis recollé. Peut-être l'avait-on violé. Kāma, après tout.


" Hahaha ! Mon petit Choucas… Ils ne t'ont pas ménagé. Les vicelardes créatures s'écartèrent : ce nouveau venu ne leur inspirait aucune confiance. Dégagez, la fête est terminée. Aussitôt dit, ils ne furent plus que tous les deux. Il est enfin prêt. "

Quel gâchis… Toutes ces années de peaufinage pour revenir à la case départ. Au moins, Neorim remarqua cette étincelle dans ces yeux : l'appel du carnage. Le Démon l'aida à se relever. Le damné s'avérait être en bien mauvais état pour se déplacer seul. Le glas de sa libération sonna.

" Bienvenue à la maison, diablotin. "


2607 mots ~



By Jil ♪
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