Alice était partie en direction du monument religieux au matin. Elle avait passé la nuit précédente à rire et à boire avec les marins du port, leur contant ses aventures et écoutant les leurs. Puis ils avaient dansé et chanté devant la mer, pour se coucher à l’aube. Alors, en ce début d’après midi, le réveil était difficile. La jeune femme avait mal à la tête et était un peu nauséeuse. Une humeur suffisant à éroder un peu sa motivation, mais pas pour l’empêcher. Se traînant hors de ses draps depuis la taverne où elle avait loué une chambre, elle était descendue en ville pour prendre l’air, avant de s’élancer dans la suite de ses aventures. Le marin à la chevelure blonde et rugueuse comme du crin de cheval lui avait parlé d’une légende qui entourait le monument religieux. Il s’agissait d’un artefact pouvant remonter le temps que l’on aurait caché quelque part en son sein. L’objet serait difficile à trouver, peut être même était il question d’une mise à l’épreuve. Elle n’en savait pas plus, car son interlocuteur lui-même ignorait les détails de cette histoire. Mais cette information, aussi ténue fut elle, suffisait à pousser Alice à s’y essayer. Car depuis quelques jours, beaucoup de choses s’étaient produites. Là plus grave étant la perte de son compagnon Manitou, toujours introuvable. Tout deux avaient été séparé lors du passage de la jeune femme dans l’antre des damnés. Une perte partielle de la mémoire, du à un coup derrière la tête, privait désormais Alice d’informations capitales quant au sort de son ami. C’est pourquoi Alice s’était mise en tête de trouver l’objet et ainsi remonter le temps jusqu’à cet instant fatidique.
La jeune femme traversa la ville d’un pas lent. Elle parvint rapidement au monument religieux, qui n’était pas loin. L’édifice qui se dressait devant elle avait des allures de cathédrales. Mais Alice ne s’y trompa pas, elle savait que ce qu’elle voyait n’était que le fruit de son propre esprit, puisque la battisse avait cette particularité de changer selon les yeux qui la regardait.

La jeune femme pénétra dans les lieux avec une attitude quelque peu solennelle. Elle n’était pas habituée à se trouver dans un tel endroit. Eloigné de la nature, dégageant la beauté du pur esprit et quelque chose d’absolu, la cathédrale était tout ce que Alice n’était pas.
Cependant, l’intérieur parut correspondre tout à fait à ce que Alice imaginait de la religiosité. L’endroit était haut. Le plafond se perdait comme le ciel bien au-delà des têtes. Il y avait de nombreuses colonnes de marbre blanc alignées loin vers l’avant qui se joignaient à l’horizon par l’effet de perspective. Derrière les arcs brisés, il y avait encore des allées blanches dont la lumière ondulait selon les couleurs des nombreux vitraux et plus de couloirs encore partant d’entre les contreforts. Les nervures se joignaient au sommet des voûtes qui semblaient transparentes car on voyait comme le ciel au travers. A la croisée du transept, c’était comme si la nef s’étendait encore au lieu des transepts, ainsi qu’aux travées. L’endroit donnait l’illusion d’un infini labyrinthe blanc, comme une multitude de cathédrales enchâssées les unes dans les autres et quelque fut la direction que l’on décida de prendre, on se retrouvait toujours face à l’abside et ses hauts vitraux comme de l’eau ondulante.

Alice resta immobile un long moment, comme pour s’approprier la réalité de l’endroit. Elle n’était pas certaine de ce qu’elle voyait, ne pouvant s’empêcher de se questionner sur le sens de tout ceci. Puis, lorsqu’elle fut assez sure d’elle, on la vit s’avancer dans le vaisseau central de l’édifice. C’est soudain qu’elle cru entendre un bruissement et un éclair sombre trancher la périphérie de son champ de vision. La jeune femme se figea et regarda de coté. Elle ne vit rien, si ce n’est la même ombre disparaître par un transept. Par instinct, elle se mit à courir. C’est quand elle parvint à la croisée que tout changea, comme dans un rêve évoluant instantanément au milieu de son cours. Elle se trouvait maintenant au carrefour de quatre couloirs longs et blancs, de colonnes albâtres entourés. Rien d’autre n’existait hormis ceci et au bout de chacun, on distinguait une silhouette. Alice plissa les yeux comme pour y voir plus loin. Face à elle, il y avait cette forme d’humain qui lui était familière, car c’était un souvenir inscrit dans sa chair.

« Glenn ?

Glenn était le prénom de son frère disparu, celui qu’elle avait cherché avec tant d’ardeur depuis la fin de la terreur provoquée par Orion. Sans plus réfléchir, Alice se mit à courir. On entendait ses pas résonner et se perdre très loin. A mesure qu’elle avançait et reconnaissait le visage de son frère, celui-ci s’éloignait doucement. Tout en courant, elle tendit la main vers l’avant.

« Glenn ! Je t’en pris ! Attend !

La fuite cessa et Alice arriva brutalement à la fin du couloir. Mais au lieu de son frère, elle rencontra un mur de pierre. Un choc brutal, elle tomba à terre sur le sol glacé de marbre. Tout en se frottant un visage endolori, elle leva les yeux. Le mur semblait être apparut entre les colonnes. C’était une pierre lisse qui paraissait voiler un monde au-delà, derrière. La jeune femme se releva et le toucha. Son reflet la mirait aussi de l’autre coté. C’était elle, mais avec quelque chose de différent. Elle semblait si fatiguée. C’était étrange. Alice prit peur et tourna les talons sans cesser de regarder la pierre.
Elle tourna les yeux vers l’avant et le croisement reparu sous ses pieds, comme si elle avait parcouru ce long couloir en un instant. Alice regarda alors dans une autre direction. La silhouette qui se dressa devant elle était celle d’une femme. Une femme qu’une fois encore elle connaissait.

« Maman…

Murmura t’elle émue. Alors, oubliant ce qu’elle venait de vivre avec l’illusion de son frère, elle se lança à la rencontre de sa mère. Mais une fois encore, celle-ci s’évanouie comme un songe, ne laissant à la vue de la jeune humaine que son reflet. Il était triste, terne. C’était comme si tout bonheur l’avait quitté, bien que rien ne fût si différent de ce qu’elle était en vérité. La chose était une sensation, une sensation insupportable qu’elle ne pu que fuir.
Alice s’en retourna alors une seconde fois en arrière, sanglotant de ne pas comprendre ce qui se jouait en cet instant. Quant elle fut de retour au croisement, elle dirigea son regard vers le troisième couloir. Une larme s’écoula le long de sa joue tandis qu’elle laissait échapper un gémissement.

« Papa…

Mais la jeune femme ne s’y trompa pas cette fois ci. Elle resta immobile au centre de la cathédrale et tomba doucement à genou pour pleurer. La quête, qu’elle était la quête ? Alice ne se rappelait plus ce qu’elle faisait ici. Pourquoi voyait elle ses parents ? Pourquoi laissaient ils à son approche un reflet décharné de sa personne ? La jeune femme était démunie et ne comprenait rien. Elle se souvenait à peine de la raison de sa venue, pleurant seulement sur les silhouettes de ses proches qui la contemplaient de loin, depuis le fond de leur long couloir. Car ils étaient tous reparus dès qu’elle s’en était retournée au centre de la nef.
C’est alors qu’on la vit se figer, cessant son sanglot. Quelque chose lui était apparut comme une évidence. Se relevant, elle se retourna en direction de là où elle était venue. Le seul couloir qu’elle n’avait pas regardé. Au bout du chemin albâtre, il y avait Manitou. L’humaine sembla s’emplir de hardiesse, elle s’élança dans la course la plus folle qu’elle n’eu jamais entreprise, courant à en perdre haleine. Hélas, à chaque foulée l’image de son compagnon disparaissait derrière le miroir, pour laisser apparaître la sienne. Alice s’écrasa de tout son corps contre la pierre. Elle y resta collée, tapant sa surface de ses poings et crachant d’une sorte de rage. On aurait dit qu’elle était folle. Des coudes, des pieds et du corps, elle frappait la roche, encore et encore. On l’entendait hurler à présent, tandis qu’elle s’y brisait les ongles à en griffer la surface. Alors, l’humaine s’immobilisa, l’œil à quelques centimètres de la surface glacée. Elle s’y vit faible et apeurée et, pleine de rage, s’y vit aussi disparaître à mesure qu’elle fulminait. Quand son reflet disparut tout à fait, Alice se décolla du miroir, qui n’était plus que marbre, en chancelant. On la vit alors saisir sa hachette et attaquer la roche de toute la force de son âme. Au lieu de s’y briser, la lame de métal s’y planta, envoyant alentour une multitude d’éclats. La jeune femme continua d’attaquer la surface de pierre jusqu’à y creuser un trou, de ce trou naquit une cavité et puis un passage. Alice ne cessa de s’acharner sur le roc que lorsqu’elle fut épuisée et incapable de tenir sur ses jambes. Elle rampa alors à l’intérieur du trou.
Devant elle, ce n’était qu’une toute petite pièce circulaire. Au centre, sur un petit présentoir, il y avait une sphère. Une sphère qui semblait faite d’or et couverte par endroits de pierreries. La jeune femme s’en saisit d’une main tremblante de fatigue, l’approcha de son visage et éclata d’un rire ponctué de sanglots. Point de Manitou, mais elle avait trouvé l’orbe du temps.

Alice n’eut ensuite aucun mal à sortir de la cathédrale. Une fois extirpée de son trou, elle se trouva dans ce qui semblait être un bâtiment religieux tout à fait normal, voir même modeste. Quelque chose de simple et de serein, comme elle en ce moment. Elle sorti et s’élança à travers les rues, pour se diriger ensuite à l’écart de la ville, sur la colline d’un parc ou d’un petit bois. L’orbe en main, elle prit un long instant à repenser à ce qu’elle venait de vivre. Un papillon lui passa devant les yeux, la ramenant à la réalité. Alors, elle sera l’objet contre elle afin d’en activer le pouvoir, yeux clos et concentrés. Quand elle ouvrit les yeux, elle constata se trouver au même endroit, au lieu du moment du drame, comme si rien n’avait changé. Mais lorsque, une minute plus tard, un papillon lui passa devant les yeux, elle comprit. L’orbe avait bel et bien le pouvoir de remonter le temps, mais d’une minute seulement. La légende qu’on lui avait rapportée était vraie, mais incomplète. Alice avait fait tout ceci en vain, elle ne retrouverait pas Manitou aujourd’hui. Déçue, dépitée, elle rangea l’objet dans son sac de voyage et resta pensive jusqu’à la tombée du jour, ignorant vers quel endroit ses pas la dirigeront le lendemain et quel sera son destin. La seule chose dont elle était sure, c’était de l’objectif qu’elle s’était fixée.

En cours ^^

~ Enfin, la dernière aventure du périple de la demoiselle semblait arriver. Sans savoir pourquoi, la jeune fille avait laissé son instinct la guider, sans aucun but précis, sans rien vraiment chercher. Windy volait, tout simplement, au gré des envies de la Passeuse. Pour autant, elle pouvait faire ce qu'elle voulait avec Kuro à ses commandes. Le jeune homme avait toujours Shiro devant elle, préférant la voir entre lui et le cou de son amie ailée que derrière lui. Mais bon, c'était la jeune fille qui avait décidé que sa place serait ici quand ils seraient tous les trois. Le Démon et la dragonne faisait donc quelques pirouettes pour agrémenter le voyage. Shiro les entendait rire et parfois pousser quelques cris de joie. Cela ne la dérangeait pas, au contraire, cette joie vint embellir son visage avec son sourire d'enfant. C'était banal comme situation, oui, trois voyageurs qui survolaient joyeusement une terre, quelconque, sans vraiment se soucier du reste. En revanche, la jeune fille n'en oublié pas son objectif pour autant. Elle sentait qui lui rester encore une chose à découvrir avant de dire que son périple était terminé. Une chose, qu'elle percevait, tout près d'elle.

Brusquement, un bâtiment apparut, surgissant majestueusement du brouillard. Il semblait gigantesque à première vue et la petite Ombre fut tout de suite captivée. Kuro et Windy observèrent aussi l'endroit, arrêtant un instant leur enchaînement habile. Maintenant, ils survolaient l'édifice qui attirait toujours plus la demoiselle. Elle s'interrogea intérieurement sur ce qu'il était, mais bientôt, comme-ci Kuro avait lu dans ses pensées, il vint répondre par un bel hasard à sa question,

"Tiens, voici le monument religieux. Tu n'y es jamais aller Shiro, non ? C'est un lieu étrange, qui prend la forme que tu souhaites, d'une façon mystérieuse. On a l'impression une fois dedans qu'il lit en nous et, soit fait ressortir nos souvenirs les plus sinistres, soit peut nous apporter la paix. Je m'y suis déjà rendu il y a longtemps, mais bon, je n'ai pas beaucoup de souvenir pour ma part"

Shiro se tourna pour observer son ami pendant qu'il parlait. Son regard était tourné sans cesse vers le bâtiment, qu'y avait-il vécu ? Elle espéra au fond de soi un jour le savoir, car même s'ils commençaient à se connaître depuis un bon moment, la jeune fille avait toujours vu un voile de mystère autour de Kuro. Elle n'en dit rien, restant impassible. Le Démon paraissait avoir affecté la jeune fille, lui ayant comme appris à dissimuler ses sentiments sous la voile de l'impassibilité qu'elle maîtrisait bien désormais. Ils étaient à la fois, le maître et le disciple de l'un et de l'autre. Shiro lui avait appris à se montrer plus ouvert, plus tact avec les gens et lui avait fait retrouver le sourire tandis que Kuro lui avait enseigné l'art d'être impassible, de garder son sang-froid dans toutes les situations. Ils s'étaient bien entraidés. La jeune fille demanda amicalement à Windy de descendre pour atterrir, ce qu'elle fit aussitôt. L'animal orienta son poids vers la droite pour perdre en altitude et stopper son vole en douceur.

Une fois à terre, Shiro s'empressa de descendre de Windy et de filer voir le bâtiment qui ressemblait effectivement à une église. Le Démon l'observa faire avec la dragonne qui interrogea le jeune homme du regard. Celui-ci haussa les épaules, car il n'en savait pas plus qu'elle sur les intentions de Shiro. L'Ombre vit qu'il était de grande taille et aussi de couleur assez sobre, marron foncé en particulier. De belles fenêtres richement décorées ornaient le bâtiment tout le long et un toit d'ardoises noires profonds couvraient l'édifice. La demoiselle sourit et pensa,

*Si seulement ce bâtiment pouvait être un beau château, tout doré avec de grandes fenêtres bien propres, des rideaux en soie et des chaises accompagnées de tables en argent. Ouais, ça serait comme dans les contes de fée, manquerais plus que le roi et la reine ainsi que le prince et la princesse*

La petite Ombre rigola, ça lui plaisait bien finalement cet endroit. Elle rejoignit à grand vole Kuro et Windy qui s'étaient assis pour attendre la jeune fille. Ils se tournèrent vers elle quand ils l'entendirent arriver, joyeuse. Une fois à leur hauteur, elle déclara, très enthousiaste,

"Bien, si nous allions visiter ce magnifique monument ? Tu m'as dit Kuro que cet édifice pouvait prendre la forme que l'on voulait ? Est-ce que donc il peut devenir un super château doré qui brille au soleil ?"

Le jeune homme se releva et s'approcha de son amie avant de sourire. Puis, il porta son regard sur le bâtiment où il était venu il y a longtemps cela maintenant. Le Démon déclara,

"Oui c'est ce que j'ai dit. Que dirais-tu d'aller en avoir le coeur net par tout même, en route pour l'église alors ! Ou aussi, le château qui brille au soleil de Shiro"

La Passeuse rigola et Windy fit de même, comprenant le comique de la situation. C'est donc ensemble que les trois voyageurs se mirent en route pour le bâtiment qui serait peut-être la fabuleux château des contes de fée de Shiro. Ils firent plusieurs pas avant d'arriver à l'entrée de l'immense bâtisse. L'Ombre l'analysa avant de pousser les portes du bâtiment. Elle sentait que se n'était pas le hasard qui la menait jusqu'ici, c'était quelque chose d'autre, une intuition forte voir une attirance particulière d'elle au lieu. Elle était certaine qu'elle ne reviendrait pas bredouille de cette petite escale au monument religieux. L'accès grinça légèrement sur les gondes qui semblaient être là depuis longtemps. Un bruit sourd résonna dans toute la pièce mystérieuse, cachée encore un peu par l'entrée. Une fois dégageait, l'endroit lui paru sombre et ne vit presque rien. Elle fit un pas dedans, suivit de Kuro et Windy qui se demandaient ce qui allait se passer maintenant. La jeune fille fit un tour sur elle-même silencieuse, quand soudain, une fois son tour terminé, une vive lumière vint l'éblouir, tout comme les deux acolytes derrière. L'Ombre n'eu pas peur et, dès qu'elle pu revoir, une immense salle coloré or, blanc et argent s'offrit à eux.

La jeune fille poussa un wouah d'émerveillement. Puis, elle tourna sa tête pour voir de sublimes tables et chaises ornées de beaux bijoux, des rideaux de soie et de satin blanc et doré filtrés la lumière chaleureuse que laissait passer les grande fenêtres, les murs et le plafond étaient recouverts de mille et une décoration et, tout au fond de a pièce éleva de deux petites marches, un joli fauteuil semblable à un trône plus sobre que le reste du mobilier disponible. Elle n'en revenait pas, c'était le même château qu'elle voyait dans sa tête quelques minutes auparavant. Le Démon le comprit très bien en croisant le regard écarlate de la demoiselle. Windy aussi semblait existait et observait des étoiles dans les yeux tout ce qui s'offrait à ses mirettes. Shiro s'approcha de Kuro, lui hurlant presque dans les oreilles,

"T'as vu ça ? Mais c'est fantastique, c'est magique ! C'est le même château que j'espérais voir, ce monument est incroyable. On devrait aller visiter toutes les autres pièces, aller, bougez-vous ! Je me demande vraiment ce qu'on va découvrir derrière cette jolie porte, pas vous ?"

Une vague soudaine d'énergie s'empara de la jeune fille. Elle était tout existait de bonheur et de merveille. Le Démon ne put rien dire car déjà son amie l'entraînait comme toujours quand elle était montée sur vingt mille volts. Windy se mit à courir pour les suivre, aussitôt débordante d'énergie que Shiro. Ils parcourent vivement la pièce pour arriver à une porte d'assez grande taille, faite sûrement d'or et d'argent. Elle poussa avec énergie la porte pour pénétrer dans un nouveau lieu. Windy déboula juste à leur suite avant de freiner pour être à leur côté. Les deux amis bipèdes stoppèrent leur course quand l'endroit se dévoila à eux. Une pièce plus terne, seulement faite d'un métal blanc, peut-être du zinc avec de l'argent ou de l'aluminium. Quoi qu'il en soit, les fenêtres étaient plus haut perchées et il n'y avait pas de rideau de satin, pas de jolies tables et chaises, pas de fauteuil, pas de belles décorations. La salle était pourtant aussi vaste, mais bien plus sobre. Kuro observa l'endroit et comprit de quoi il s'agissait. Kuro le dit clairement à ses deux amies, Shiro se tournant de suite vers lui,

"C'est, une arène de combat. Pas de doute, cette pièce en cercle, cette sobriété habituelle, cette lumière particulière et ces parois métalliques, c'est bien une arène, j'aurais même hésité à dire un colisée. Et je le connais, cet endroit..."

L'Ombre l'observa un court instant, alors ils étaient donc dans une pièce des souvenirs de Kuro. Etrange arène pour Shiro. Elle fit le tour de l'arène avec son regard, la pièce était bien plus grande qu'elle ne l'aurait imaginer. Cependant, quand son regard se posa sur la porte d'où ils venaient, celle-ci c'était volatilisée. Etaient-ils coincés pour de bon ? La jeune fille fronça les sourcils, hors de question pour elle de rester cloîtré dans ce lieu sans issu. Brusquement, une voix déchira le silence et leur étonnement. Une voix que Shiro et Kuro aurait reconnut entre mille, une voix qui, rien qu'un sifflement de celle-ci, leur faisait monter la rage dans le sang, ou plutôt la soif immense d'une vengeance encore incomplète,

"Eh bien, que faites-vous ici mes amis ? On sait perdu ? Quel dommage, je crois que vous ne pouvez pas faire demi-tour en plus de ça. Pas de chance, vous allez devoir vous débrouiller autrement.."

Les deux amis se tournèrent simultanément vers cette voix hautaine, égocentrique et méprisant. Windy fit de même, bien que comprenant moins bien ce qui se passait. Le Démon et l'Ombre froncèrent les sourcils et serrèrent les poings quand ils reconnurent ce sourire narquois et malsain, ces cheveux rouges surmontés de mèches blanches et ce regard sang insignifiant. Le nom de cet odieux personnage leur brûlait à la lèvre, personne n'avait connaissance de lui dans leur entourage, mais il était la cause de pas mal de leurs problèmes et surtout, il était la cible première de leur vengeance. Celui qui les avait lié d'un pacte qu'ils n'auraient jamais dû faire. Shiro dit d'un air dégoûtait le nom de l'homme avide et détestable qui se trouvait devant eux,

"Fujitaka, tiens donc, t'es sorti de ton trou paumé finalement, une envie soudaine de prendre l'air dit moi ? Faut dire, ça s'en tellement le renfermé chez toi que personne pourrait y vivre, pas même un putois !"

Kuro lui jeta un regard aussi dur que celui de la demoiselle, mais comprit tout de suite ce qui se passait. Il était impossible que Fujitaka sorte de son trou paumé, non, il était bien trop préoccupé avec ses affaires de grandes envergures, du moins, d'après lui c'était d'une grande importance. Fujitaka, pour la Passeuse et le Démon, c'était juste un sale type de première à qui il fallait faire payer le crime de les avoir sournoisement lié en croyant qu'il serait ensuite tranquille dans sa baraque toute pourrie. Fallait-il être fou pour croire que Shiro, Ombre connaissant la vengeance comme sa poche et Kuro, ancien assassin sans pitié et meilleur ami de la jeune fille, ne viendraient pas prendre leur revanche et faire sonner le requiem de le vengeance ? Sûrement. En tout cas, Fujitaka avait la fâcheuse habitude de se prendre pour Monsieur "je suis pas n'importe qui" et surtout, Monsieur "Le sublime gardien". Il allait mordre la poussière dans peu de temps, une fois que Shiro aurait réglé ses affaires personnelles, elle viendrait avec son fidèle acolyte assouvir son dernier acte pour être considérée comme un esprit en paix. Pour le moment, le problème était de mettre au courant la demoiselle sur la nature de ce Fujitaka, qui n'était qu'une simple copie presque parfaite de l'homme perfide et orgueil. Il se tourna donc vers la demoiselle qui continuait de foudroyer du regard le soi-disant gardien. Il lui déclara,

"Shiro, pas la peine de s'emporter comme ça ? Tu crois vraiment que Fujitaka serait sorti de chez lui juste pour venir nous enquiquiner alors qu'il nous croit déjà mort ? Il était pourtant clair la première fois, il se fiche pas mal de ce que devient, car il est certain qu'on est en train d'agoniser ou déjà enterré quelque part. Ce n'est qu'une simple illusion, rien de réelle, bien que je t'avoue qu'elle est extrêmement bien réalisée"

Shiro se calma un peu, retrouvant son sang-froid. Effectivement, Kuro avait raison, jamais l'homme aux cheveux rouges et blancs ne serait sorti pour voir s'ils allaient bien. Cependant, Shiro répondit,

"Oui, tu as raison Kuro, mais illusion ou pas, peut-être quand battant ce Fujitaka fautif, on pourra sortir d'ici, tu en penses quoi Windy ?"

Elle se tourna vers la dragonne qui approuva d'un gémissement. Kuro acquiesça à son tour, elle avait autant raison que lui. Shiro s'orienta à nouveau en direction de Fujitaka, avant de faire apparaître d'un geste élégant et dans un nuage magique sa sublime Sombre Virtuose. Kuro dégaina sa fidèle lame, qui fit son effet dans l'air et Windy se mit en garde, montrant déjà les crocs. L'homme eu un sourire avant de faire sortir lui aussi une faux d'os, qui devait sûrement être une de ses armes de prédilection. Il fit aussi apparaître un dragon aux écailles sombres et à la mine peu sympathique. La bête nouvellement apparue poussa un hurlement assourdissant. Shiro comprit vite que Windy combattrait la bête pendant qu'eux se chargeraient de l'illusion. Il suffit d'un seul regard à l'Ombre et son amie ailée pour se mettre d'accord. Finalement, Shiro déclara,

"Eh bien, tu sembles bien préparé mon cher Fujitaka, dit moi. Je te préviens, Windy n'est pas commode, oh non ! En garde, espèce de maudit balais à brosse rouge pire que la peste !"

Les deux amis laissèrent Fujitaka faire le premier pas, ce qui ne tarda pas a arriver. Le dragon noir se jeta sur Windy qui hurla son cri de guerre et s'envola dans les airs pour combattre, l'arène étant très haute. Kuro et Shiro se préparèrent à voir venir l'homme aux cheveux lisses. L'Ombre se concentra et usa de son pouvoir de lecture de l'avenir pour anticiper avec précision les mouvements de son adversaire. Cela fonctionna à merveille, comme toujours. L'Ombre rouvrit les yeux et fit comprendre du regard à Kuro que faire. Celui-ci obéit, faisant habilement un pas sur la droite pour esquiver le coup de Fujitaka. Il sembla avoir comprit le petit jeu du duo et fit virer sa lame de bord vers Shiro. Cependant, celle-ci s'y attendait et sauta haut dans le ciel grâce à sa lévitation. La lame siffla dans l'air, bredouille. Shiro enchaîna avec une maîtrise des ombres pour attraper le bras armé de son opposant et le reste de ses membres. Se fut le tour de Kuro qui lui dégota un superbe coup de poing dans l'estomac. Il eu le souffle coupé et la demoiselle en profita pour user de ses ombres pour le soulever du sol. Le Démon voulu continuer le mouvement, mais Fujitaka utilisa sa création du feu et son contrôle de cet élément pour attaquer. Kuro para le tout avec un bouclier magique. Cette défense brisa l'enchaînement qu'avait mit au point les deux amis. Cependant, Shiro rattrapa la mise et brisa ses ombres/fils pour plaquer au sol grâce à sa télékinésie leur adversaire. L'Ombre croisa le regard du jeune homme qui s'exécuta. Il planta presque sauvagement et avec vivacité la lame dans la poitrine de Fujitaka.

Celui-ci poussa un dernier cri avant de soupirer son dernier souffle. La bataille de courte durée prit fin. Ce Fujitaka là n'était pas bien futé apparemment et, même s'il semblait bien ressemblait à ce méprisant personnage que connaissait les deux voyageurs, tous deux savaient pertinemment qu'il était bien plus puissant que ça en vrai. Windy semblait aussi en avoir fini avec l'autre dragon couleur ébène qui, à vrai dire, avait disparut en même temps que l'illusion c'était fanée. D'ailleurs, le corps de l'homme se transforma en une multitude de petits cristaux volants avant de disparaître pour de bon. Soudain, un bruit de porte attira leur attention. Là où le faux Fujitaka se tenait quelques minutes auparavant, il y avait désormais une porte grande ouverte qui donnait sur une autre salle. Les trois amis se regardèrent avant de se mettre en route en direction de celle-ci, Kuro rangeant sa lame et Shrio faisant disparaître sa faux qui finalement ne lui avait pas tellement était utile. Une fois à l'intérieur de la nouvelle sale, La porte qui menait à l'arène se referma. Shiro ne fut pas surprise et observa la petite pièce dans laquelle ils étaient. De grande baie-vitrée sur les côtés, cachées par de fins rideaux blancs et quelques ornements sur les piliers qui alternaient les ouvertures en verre. La pièce était faite de marbre bleu délavé, légèrement gris, tout simple et très propre. Au centre de la pièce, un petit autel avec un coussin blanc où dessus reposait quelque chose qui ressemblait à une pierre ronde et polie.

La jeune fille s'approcha et déposa ses pieds à terre. Le contact froid du marbre la fit légèrement frémir. Kuro suivit son amie tout comme Windy. Une fois à la hauteur de l'autel, celui-ci sembla étrangement se régler aux deux mètres vingt de la jeune fille. Sur le petit coussin était poser une pierre, comme elle l'avait pensé, mais ce n'était pas n'importe quelle sorte de minerai, c'était une orbe. Une orbe magique d'après l'aura qu'elle dégageait. Elle était d'un mystérieux bleu profond constellait de plusieurs points blancs et de petites bandes fines et colorées. Cela lui rappela le ciel nocturne, perlait de ses milles étoiles. Puis en réfléchissant un peu plus, elle trouva l'image parfaite. Cette orbe semblait représenter le cosmos, l'espace, avec son fond bleu profond, presque noir, ces taches lumineuses, ses galaxies en spirales et même ses comètes. Elle était tout bonnement magnifique. La jeune fille tendit ses mains et saisit la belle pierre ronde. Une voix lui parla soudain, à elle mais aussi à Kuro,

"Toi qui a trouvé cette orbe, prends-en grand soin. Cette pierre est particulière, elle permet à celui qui la possède de remonter dans le passé d'une minute. Cela peut te sembler court, mais pourtant, une minute peut tout changer dans l'histoire. Elle est dorénavant ta propriété. Ne t'en sépare jamais"
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