¤ Quête de l'éternel / Partie II ¤

Sam 03 Mar 2012, 14:23

Chapitre II : Un symbole tu trouveras

C'était l'heure, l'heure de dire au revoir à son statut de reine des Ombres. Cela faisait quelques jours que Mitsuko avait annoncé aux personnes à qui elle faisait confiance ce qu'elle avait l'intention de faire par la suite. Après la création magique d'enfants ayant son propre ADN et celui de chefs de races, la jeune femme était partie à la rencontre de Dante afin de lui confier Faust. Maintenant que le côté familial était réglé, elle devait s'occuper de choses bien plus officielles, qui se rapportait à son statut actuel de reine des Ombres, un statut qu'elle allait devoir quitter avant de continuer sa quête de l'éternel. La jeune femme se devait donc de prendre des dispositions à cet égard.

C'est ainsi qu'elle convoqua le Requiem ainsi que toutes les personnes prétendant au trône dans une des salles du Royaume des Abîmes. A chaque passation de pouvoir, le Requiem se faisait entendre, la mort emportant la vie de plusieurs innocents sur son passage, symbole du sacre d'un nouveau souverain. Mais pour l'instant, personne ne savait ce qu'allait décider la reine, personne ne pouvait se douter de cette décision de quitter le pouvoir. Mitsuko, en haut du trône de l'esprit de la mort regardait ses sujets avec un oeil neutre mais qui semblait tout de même impitoyable. D'une voix ferme, elle prit la parole, se levant par la même occasion de son assise :

« Si je vous ai réunis aujourd'hui c'est pour vous annoncer que je renonce au trône. »

Des murmures presque inaudibles s'élevèrent de l'assistance. Jamais aucun souverain des Ombres n'avait renoncé à sa place de roi, jamais. C'était la première fois que cela arrivait et cette nouvelle semblait presque irréelle à chacun des membres du Requiem. Mitsuko continua cependant, sans se soucier des chuchotements.

« Cependant, soyez fiers de ce choix car pour la première fois dans l'histoire des Ombres, une souveraine aura réussis à s'élever au rang d'Aether. »

Les murmures se firent plus nombreux mais un seul regard autoritaire de Mitsuko suffit à faire taire la foule qui ne semblait plus apte à savoir que faire dans un moment pareil. Communio s'avança cependant vers la souveraine afin de lui témoigner son ressenti :

« Ma reine, nous autre membres du Requiem n'avons jamais douté de votre puissance. C'est un honneur pour nous de savoir que vous nous quittez pour une cause bien plus grande, ce sera toujours avec fierté que nous évoquerons votre nom, sachant pertinemment ce que vous avez apporté aux Ombres et le courage dont vous avez fait preuve en détrônant notre précédent roi. L'admiration que nous vous portons ne cessera jamais de croître et nous espérons qu'en tant que déesse, vous parviendrez à atteindre vos objectifs. »

« Merci Communio. J'espère quant à moi être en mesure de choisir un bon souverain pour toutes les Ombres en ce jour. »

« Nous ne doutons pas de l'opportunité de votre choix. »

En fait, Mitsuko savait pertinemment qu'une nouvelle reine ne tarderait pas à monter sur le trône mais peu importait, il lui fallait un remplaçant en attendant cet événement. Elle avait déjà pris sa décision à vrai dire, la décision de ne pas briser le Requiem qui était actuellement composé de personnes qui convenaient parfaitement à ce rôle. C'est ainsi qu'elle reprit la parole.

« Je choisis l'Ombre se prénommant Jack Daemon pour me succéder. En ce qui concerne les sept membres du Requiem, n'ayez aucune crainte, vous avez tous largement le niveau pour être souverains mais votre rôle est d'une importance telle dans la hiérarchie et votre harmonie est si parfaite qu'il serait inopportun de vous séparer. Ce trône appartient désormais à l'homme que je viens de nommer, qu'il vienne prendre ce qui lui revient de droit. »

Et le Requiem retentit sur toutes les terres du Yin et du Yang en un murmure lent alors que Jack montait sur le trône et que Mitsuko se retirait.

Lun 05 Mar 2012, 17:22

« La beauté peut ne point se voir mais s'entendre »

Mitsuko avait abandonné son peuple, une étape qui ne devait normalement point être réalisée dès à présent mais elle avait osé changer les règles afin que ce dernier ne souffre pas d'un souverain absent. La jeune femme se trouvait à présent devant le lac de la transparence, un lieu qu'elle n'avait absolument pas choisis par hasard. La transparence...oui, voilà ce dont elle avait besoin pour se retrouver elle-même, pour connaître la vérité sur ses propres sentiments, pour se construire, pour se comprendre. Et si ce lac portait ce nom, ce n'était pas par hasard car l'ancienne reine des Ombres savait pertinemment qu'il n'y avait pas, ou si peu, de hasard sur les terres du Yin et du Yang. Le destin, voilà ce qui la poussait dans ce lieu, voilà ce qui avait guidé ses pas, et bien sûr, le destin de Mitsuko, c'était elle-même qui le construisait, chaque jour, en acquérant des connaissances qui lui permettait de prendre en main ce même destin et de ne point être qu'une victime. Mais était-ce vrai? Car si l'on prend en compte que le destin existe, ne serait-ce pas lui qui, au final, contrôlerait tous nos actes, nous obligeant à nous conduire de telle ou telle manière, nous rendant acteur ou spectateur de notre propre vie?

Un petit vent balayait l'endroit, faisant voleter les vêtements de la jeune femme. Son éternelle robe blanche était de mise, bien qu'inutile dans un tel moment. Doucement, Mitsuko l'enleva, tout comme ses sous-vêtements, dévoilant son corps aux yeux du monde. Elle savait que trop bien qu'il n'y avait personne dans les environ et dans le cas contraire, son enveloppe charnelle n'en était qu'une parmi tant d'autres, attirante certes mais insaisissable. A un moment pareil, cela ne vint même pas à l'idée de l'Ombre qu'un individu puisse l'observer, elle n'en avait que faire, bien trop occupée à ce qui l'attendait dans les prochaines heures, dans les prochains jours surement. Détachant également l'élégante barrette qui ornait ses cheveux, celle-ci tombant au sol sans le moindre bruit, elle disposa sa chevelure de chaque côté de sa tête pour masquer une partie de ses formes. Puis, utilisant sa magie noire, elle fit apparaître des instruments de musique qui ensembles, commencèrent à entonner la chanson qu'elle s'apprêtait à chanter.

Ave Maria

Doucement, la jeune femme ouvrit la bouche, se rappelant des cours de chant qu'elle suivait enfant. Cela lui arrivait rarement de chanter et, pourtant, sa voix était semblable à celle des anges, une voix cristalline mais puissante, une voix profonde et fragile à la fois, une voix juste, suivant parfaitement le rythme que prenait les instruments. Après seulement quelques instants de chant, une seconde voix vint l'accompagner, la voix d'une sirène qui venait d'apparaître non loin de là. Puis, de par la beauté de ce chant magique, d'autres sirènes apparurent à leur tour, chantant avec leur cœur, chantant pour la gloire, chantant pour l'espoir.

Puis, lorsque le lac de la transparence fut enfin remplit de sirène, une chose incroyable se produisit, une chose merveilleuse. En plein milieu du lac, des milliers de lucioles apparurent, des lucioles bleues qui se rassemblèrent pour bientôt former une forme lumineuse qui s'avéra être un temple, un temple d'une beauté incroyable de par son architecture, de par sa couleur, de par l'aura qu'il dégageait. Et, les lucioles bleues n'ayant point finis leur travail avancèrent jusqu'à Mitsuko, construisant un pont pour accéder à l'édifice avant de se regrouper juste devant cette dernière, une femme d'une beauté spectaculaire apparaissant alors dans la lumière. Celle-ci semblait être un esprit, une muse, peut-être une muse du chant, mais peu importait, elle semblait emportée par la mélodie qu'elle entendait et n'ouvrit les yeux qu'en même temps que l'ancienne reine, une fois que l'hymne fut fini. Les sirènes se turent également, disparaissant sans bruit dans les profondeurs du lac de la transparence.

¤ Quête de l'éternel / Partie II ¤ 9j0y12

Lun 05 Mar 2012, 20:08

Mitsuko et la jeune femme qui lui faisaient face se regardèrent un instant. C'était l'un des moments que l'on croyait qu'il durait une éternité. Le silence était revenu, à l'exception de quelques petits poissons qui sautaient vers le ciel comme s'ils avaient la ferme intention de s'envoler, à l'exception du bruit du vent dans le feuillage des arbres entourant le lieux. Et puis, il y avait aussi le temple qui semblait murmurer un son étrange, peut-être le son de la vérité, de la transparence. L'esprit prit la parole en première, sa voix étant une pure merveille :

« Félicitation jeune demoiselle, vous avez trouvé le temple de la transparence. »

L'ancienne reine des Ombres ne dit rien, gardant le silence jusqu'à ce que cette femme splendide lui demande de parler. Certes Mitsuko était puissante, mais elle avait appris il y a bien longtemps à rester humble devant plus fort que soi, et cette femme était sans nul doute bien supérieure à sa condition d'ancienne souveraine de race, cette femme était une déesse sans aucun doute. Elle reprit :

« Peu de personnes y arrivent mais il suffit d'y croire pour le voir, d'y croire et de faire entendre la beauté de sa voix. Que puis-je faire pour toi? »

L'Ombre savait pertinemment que cet esprit était celui qu'elle cherchait, celui de la transparence, qui lui permettrait de se trouver elle-même, de renouer avec son soi intérieur. Cependant, elle n'était pas ici pour devenir l'une des fidèles ou des disciples de cette entité, non, si elle était ici c'était pour faire un autre pas dans sa quête de l'éternel. Mitsuko prit à son tour la parole :

« Je ne vous cacherai pas que la découverte de cet endroit m'a demandé beaucoup d'efforts et de recherches. Je trouve cela étrange d'être aussi dissimulée lorsque l'on possède votre statut, celui d'un Aether... »

La jeune femme ne fut par surprise de ce commentaire, comme si elle savait par avance ce que l'Ombre venait faire en ces lieux.

« Vous découvrirez bien vite, Mitsuko, que lorsque l'on obtient le statut de déesse, il ne vaut mieux pas prendre la première personne venue, il faut choisir vos fidèles, les choisir avec minutie en attendant de devenir bien plus puissante... »

« Et vous avez décidé que ceux qui arriveraient à trouver votre temple mériteraient de devenir vos fidèles? »

« C'est exact. Malheureusement, peu de personne en ces temps croient en la transparence. Chaque individu dissimule toujours une partie de sa personne, quant ce n'est pas l’entièreté de celle-ci comme vous en êtes l'exemple vivant. Aussi, si j'ai un conseil à vous donner, choisissez bien de quoi vous souhaitez être la déesse, de ce choix dépendra votre future gloire. »

Mitsuko ne dit rien. A vrai dire, elle n'avait pas encore réfléchi à la question. Enfin, si, elle y avait pensé mais pas de manière assez poussée à son goût et elle estimait que tant qu'elle n'aurait pas réussis à retrouver l'usage de ses sentiments, elle ne pourrait se connaître assez pour savoir exactement ce qu'elle désirait incarner. Car, bien sûr, le fait de devenir Aether avait un lien avec son histoire, ses désirs de voir son nom de famille retrouver sa gloire passée, mais cela ne suffisait pas, il lui fallait faire à présent un travail plus personnel, plus poussé, un travail qui allait la confronter à ce dont elle avait toujours eu peur : la transparence de ses sentiments. Car en elle s'étaient toujours posées une multitude de questions, était-elle maléfique? Bénéfique? Neutre? Était-elle capable d'amour? D'amitié? Ne serait-elle pas en danger si elle dévoilait ses émotions? Ne pouvait-on pas plus facilement manipuler quelqu'un qui rendait transparentes ses émotions? Bien entendu, Mitsuko n'avait pas l'intention après cette épreuve de dévoiler ses sentiments au premier individu venu, mais peut-être à quelques uns, des personnes que ce test révéleraient comme proches...

L'esprit finit par dire :

« Mon temple vous est ouvert, même si vous ne comptez pas devenir l'une de mes fidèles, le simple fait que vous croyez en moi me permet d'exister un peu plus. Mais je vous préviens, une fois à l'intérieur, vous pourriez vivre la pire situation qui ne vous ait été encore donné de vivre. Une existence à se mentir à soi-même sur ses sentiments ne peut que révéler de terribles secrets, de terribles constatations. A la fin, il vous faudra assumer toutes les occasions manquées, toutes les renonciations au bonheur dont vous êtes la seule cause. Je pense que vous souhaiter bonne chance ne sera pas en trop... »

Et la déesse fit un petit signe de la main à Mitsuko, lui montrant qu'elle pouvait à présent emprunter le chemin qui menait à son destin...

Mar 06 Mar 2012, 16:32

L'ancienne reine regarda la déesse de la transparence un instant. Peut-être hésitait-elle a commenter ce que cette dernière venait de dire, mais finalement, elle acquiesça doucement de la tête avant de s'avancer vers le chemin qui menait au temple. Cette voie était plutôt longue, surement pour donner le temps aux personnes souhaitant s'aventurer dans le temple de réfléchir, de remettre en question leur décision, car la transparence était surement une véritable épreuve pour quiconque la désirait. Le passage qui menait au temple était ensorcelé, Mitsuko le comprit tout de suite quand elle vit de chaque côté de ce dernier les personnes qu'elle avait croisé dans son existence, des personnes qu'elle pouvait bien entendu nommer, et d'autres dont elle ne se rappelait pas. Il y avait sa mère, son père, son oncle, Orion, Natsuo, Kaguya, Lison, Dante, Blacky, Akito, Takias, Shizuo, Edwina, Iro, Isabella, Caroline, Naram-Sin, Mitsuko I, Seth, Alec Kuro, Benoit, Aya, Isarno, Parah d'Ox et bien d'autres encore, des gens qui l'avaient marqué ou non, des gens dont elle se rappelait des souvenirs tout droit sortis du passé. Et puis, au milieu de tous, une forme sans visage, sans nom, un espèce de brouillard qu'elle n'arrivait pas à distinguer, quelque chose qui ne pourrait plus jamais ressortir de sa mémoire.

Mitsuko avançait sur le chemin, se demandant ce qu'elle allait trouver dans ce temple. Elle savait que ses sentiments allaient être révélés, libérés de l'obscurité dans laquelle elle les avait plongé, mais est ce que cela l'aiderait à avancer? Cette révélation n'allait-elle pas plutôt la plonger dans le regret? La jeune femme n'avait jamais dévoilé ses sentiments à personne, même pas à elle-même, mais que ce serait-il passé si elle l'avait fait en temps et en heure? Serait-elle arrivée là où elle se trouvait à présent, prête à toucher l'éternel? Serait-elle plus heureuse? L'ancienne reine savait que, parfois, si le destin nous conduisait dans une voie, ce n'était pas pour rien, et que tout venait toujours à temps. Aussi, elle décida d'arrêter de regarder ces milliers de visage, se concentrant sur son objectif : le temple, sans se poser de nouvelles questions. Elle devait se montrer forte, ne pas plier sous le poids du doute. Elle devait aller jusqu'au bout de son objectif et même si cela était surement le plus mauvais moment à passer, celui des révélations.

Une fois qu'elle fut devant la porte, deux sirènes lui barrèrent la route, la regardant avec des yeux océans, des yeux dans lesquels il était facile de se perdre. La profondeur de ces derniers était extraordinaire et l'impression que cela fit à Mitsuko fut celle de la connaissance, comme si ces deux ondines savaient tout d'elle. Celle de droite prit la parole :

« Avant de te laisser entrer, nous devons te poser une question. Une question dont tu dois avoir la réponse quelque part, au fond de ton cœur. Cela sera la première étape vers la transparence de tes sentiments et puisqu'il concerne une émotion que personne ne peut ignorer, nous sommes certaines que tu sauras répondre. »

« Je vous écoute... »

« Quelle est la personne qui est la plus chère à ton cœur? »

La question semblait tellement simple, mais pour Mitsuko, c'était une véritable énigme. Bien entendu, Jun était surement celui de qui elle était le plus proche, celui sur qui elle pouvait compter en toute circonstance...mais était-il pour autant la personne la plus chère à son cœur? Et, dans l'esprit de l'ancienne reine, quelque chose revint, la forme ténébreuse qu'elle avait aperçut dans le chemin, la forme sans visage. Et elle comprit que cette personne, elle avait décidé de l'oublier, une personne qui devait être par le passé la plus chère à ses yeux. Mitsuko prit conscience que maintenant, il était trop tard, jamais elle ne retrouverait ce qu'elle avait perdu. Elle ressentit un profonde tristesse qu'elle réussit à contenir, répondant alors d'un ton neutre :

« Il s'agit de Jun. Celle qui était le plus chère à mon cœur a été annihilée de mes souvenirs...pour toujours. »

« Bien, entre à présent... »

Les deux ondines s'écartèrent, laissant le loisir à la jeune femme de passer la porte du temple.

Mar 06 Mar 2012, 17:16

A vrai dire, Mitsuko s'était retenue afin de ne pas signaler à l'ondine qu'il aurait été bien qu'elle la vouvoie. Le fait d'être trop familier à son égard alors qu'on ne la connaissait pas était une chose qui avait tendance à l'énerver considérablement et pour le moment, seul Jun était autorisé à la tutoyer. Cependant, à quoi bon perdre son temps à apprendre les bonnes manières à cette jeune fille? Elle ferma les yeux un instant, inspira profondément et fit les quelques pas qui la séparaient de la porte du temple, porte qu'elle ouvrit. Après avoir fait ce geste, une grande lumière blanche l'aveugla et elle se sentit aspirée dans l'édifice, blanc qui se transforma bien vite en noir...tout était noir autour d'elle et elle se sentait flottait, tomber peut-être dans un puits sans fond mais doucement, comme si elle n'avait eu que le poids d'une plume. Et soudain, dans l'obscurité, une petite chose brilla au loin, elle s'en rapprochait, la chose étant un corps, ce corps étant le sien, seule source de lumière dans l'obscurité. Oui, son corps nu était recroquevillé sur lui même, en position fœtale. Mais si son corps était là, où était-elle elle? Il lui fallut peu de temps pour constater qu'elle n'était que spectatrice, possédant une sorte d'omniprésence, comme si elle pouvait deviner tout ce que son corps ressentait, ses propres émotions mais de façon extérieure, comme si cette femme là n'était pas elle.

« Je suis désolée, je ne peux plus rester vivre avec vous... »

« ... »

Une image était apparue brièvement dans ce décor sombre, l'image d'un adolescence qui n'était autre qu'elle même, une enfant qui avait, dès l'instant où elle avait compris son lien avec Mitsuko I, décidé de quitter sa famille. C'était le jour où elle avait annoncé à son père et à sa mère qu'elle partait, surement l'une des premières utilisations de son contrôle des sentiments sur sa propre personne. Elle avait dit cela de manière si neutre, sa mère se mettant doucement à sangloter comme si elle s'en doutait depuis longtemps, comme si elle ne pourrait rien faire, comme si le sort s'abattait sur sa famille, son père la regardant et se retenant de pleurer, consolant plutôt sa femme. Mais elle dans tout ça? Elle, Mitsuko, qu'avait-elle ressenti? Oh ce jour là elle s'en souvenait, elle s'était forcée à ne pas vouloir comprendre la situation, forcée à refouler ses sentiments et à oublier sa famille, à faire comme s'ils n'avaient jamais existé. Mais à ce moment là, elle avait ressenti une déchirure, une violente déchirure. Car ce qu'elle recherchait surement, c'était un soutien quelconque, que sa mère la retienne, fasse quelque chose. Mais cet air si froid sur son visage aurait découragé n'importe qui...et cette déchirure si pénible, elle la ressentait maintenant, tel un coup de poignard en plein cœur. Et une fois que cette image passa, elle ne put voir que son propre corps pleurer, comme elle-même aurait pleuré si elle se trouvait dans ce corps. Et si sa mère l'avait retenu, que ce serait-il passé?

Les questions fusaient dans sa tête mais une nouvelle scène vint stopper sa pensée. Elle se souvenait de cet endroit qu'elle avait traversé à cheval un jour, un endroit où la guerre entre deux peuples avait fait rage. Ce jour là, des cadavres gisaient à même le sol et les mères pleuraient la perte de leurs fils, les femmes pleuraient la perte de leurs maris, les hommes pleuraient, les enfants pleuraient. Et elle, elle n'avait regardé ce désastre que d'un air neutre, ne ressentant pas la moindre tristesse, même lorsqu'une femme la confondit sur le coup de l'espoir avec sa fille, disparu. Et elle apprit plus tard que ce jour là, elle avait bien pris l'apparence de cette fille par hasard. Et là encore, au vue de ce qu'elle avait fait, causé de nombreux espoirs à cette mère pour ensuite les détruire, les réduire en miettes, ça ne l'avait nullement touché, restant neutre...terriblement neutre.

Plusieurs épisodes de sa vie passèrent ensuite en boucle, des moments d'une extrême tristesse, qui aurait fait pleurer n'importe qui, peiné n'importe qui...ces moments où elle n'avait rien ressenti. Mais à présent, elle ressentait les effets de cette tristesse, cette même tristesse ne cessant de devenir de plus en plus forte au fil des scènes, cette tristesse qui la rongeait de l'intérieur, qui lui faisait ressentir une boule au ventre, qui faisait qu'elle voyait flou maintenant, ses yeux remplis de larmes qu'elle n'avait jamais versé et qu'elle se devait de laisser couler pour apprendre de nouveau à ressentir de véritables sentiments. Cette épreuve était dure et au bout d'un moment, elle sut que ce n'était pas près d'être finis...car la tristesse n'était qu'un sentiment parmi tant d'autres. Certes, il n'y avait surement pas de pires sentiments que la tristesse ou la colère mais est ce que l'amour était-il moins dangereux que les deux premiers, surtout lorsqu'il était fané, passé, qu'il n'avait existé que brièvement à cause des occasions manquées?

Mer 07 Mar 2012, 06:17

« L'injustice entraine la rage, la rage entraine la destruction, la destruction entraine la tristesse, la tristesse nous aide à devenir plus fort. »

Le décor changea tout à coup. Cette fois, il n'était plus question d'une expérience consistant à regarder son propre corps dans un environnement neutre, cette fois, Mitsuko allait vivre cette expérience, l'expérience de l'injustice. Des mots raisonnèrent dans le noir, l'obscurité qui progressivement laissait place à une scène encore non visible :

« Tu es vierge, enfin tu l'étais »

C'était les paroles qu'avait prononcé le roi des vampires juste avant qu'il essaye de la violer, juste avant qu'elle ne le tue. Oh, bien sûr la jeune femme avait déjà tué autrui mais généralement, ce n'était jamais gratuit, il y avait toujours une raison, et ce jour là, cet homme avait connu la pire des morts. Cela dit, ce qui était pénible à l'ancienne reine en ce moment même, c'était qu'elle commençait à comprendre qu'elle allait devoir vivre quelque chose de non plaisant.

Mitsuko sentit ses poignets et ses chevilles attachés, son corps retenu par des liens qui ne lui permettaient plus de bouger. Quelqu'un touchait son corps...pire, quelqu'un la souillait à ce moment même et même si les sensations étaient encore un peu flou, elle savait d'avance qu'elle ne les appréciait pas.

« Hé Marco, quand t'auras finis, laisse la moi...y a pas de raison que tu sois le seul à en profiter... »

Elle pouvait voir à présent, la tête horrible de l'homme qui se trouvait, haletant au dessus d'elle, puant la transpiration à plein nez. Il était gras, sale, ses cheveux pendant devant son visage, probablement pas lavés depuis un bon mois...mais ce qui était plus dégueulasse encore, c'était l'expression qui trônait sur son visage, l'expression perverse d'un homme dominant une femme qui ne pouvait rien faire pour se défendre. Et là, Mitsuko ressentit les sensations, une sensation de brulure, de souillure, il violer son corps mais également son esprit. Et alors, elle voulut utiliser sa magie pour tuer cet individu qui avait osé la toucher sans son consentement mais les liens aspirèrent sa magie. L'homme rit, se moquant ouvertement d'elle avant de la frapper violemment :

« Tu ne bouges pas sal*pe! »

L'esprit de la jeune femme ne devint plus que brouillard, son attention se porta simplement sur un oiseau qui se trouvait non loin. Ils étaient au milieu d'un champs de bataille surement puisque plusieurs cadavres reposaient là. Il y avait des gens qu'elle connaissait mais elle ne souhaitait pas regarder, elle ne voyait que cet oiseau, libre lui, un oiseau qui lui permettait d'échapper psychologiquement à ce qu'il se passait. L'autre homme vint à son tour, faisant son office de manière bien plus brutale que le premier, mais peu importait, Mitsuko se concentrait sur cet oiseau...

Trente minutes après, ils la relâchèrent, dénouant ses liens en rigolant encore plus fort, des rires de porcs, gras qui s'estompèrent petit à petit lorsqu'ils commencèrent à s'éloigner. La jeune femme tomba à terre, ses membres bien trop engourdis pour se relever de suite, son corps saignait, de l'intérieur. Qu'avait-elle fait pour mériter cela? C'était injuste, elle avait toute sa vie travailler pour que ce genre de situations ne se produise point et tout cela partait en fumer juste avec l'intervention de deux êtres qui n'avait aucun respect des choses, aucun respect des êtres, aucune manière. Cela n'allait pas se passer comme cela...

Et à ce moment même, il se passa quelque chose qui n'avait encore jamais existé dans le temple, car Mitsuko allait détruire cette illusion par la force de sa volonté, par la force de sa magie, et détruire bien plus encore...
Des larmes de rage coulaient sur ses joues, elle n'avait pas peur de les cacher. Elle regarda devant elle, les deux hommes, de dos, qui riaient en expliquant les sensations qu'ils avaient ressenti avec « cette chienne ». Le corps ne devait pas être un obstacle à sa vengeance et puisqu'il n'y avait pas de justice dans ce monde, elle allait faire cette justice elle-même.

De par sa seule force mentale, la jeune femme réussit après plusieurs essais à se lever. Son regard était terrifiant, bien plus terrifiant qu'il n'avait jamais été et son corps s'échappait une immense aura de magie. Cela lui prit quelques minutes avant de réunir l'énergie nécessaire, l'énergie magique mais également l'énergie de sa volonté. Fermant les yeux, elle plaça ses mains parallèlement devant elle, sa conscience sachant très bien qu'elle était dans une illusion, et aspira l'énergie de tous ces hommes et femmes tombés au combat, tous leurs pouvoirs, les mêlant aux siens, tous leurs espoirs aussi, ces mêmes espoirs qui nous rendent tous plus forts. Une petite boule se forma alors, terriblement petite mais terriblement puissante également. Et, d'un seul mouvement, elle écarta ses bras se qui projeta la sphère magique sur ces deux hommes.

Ce que Mitsuko ne savait pas, c'est que la magie qu'elle venait de créer était bien réelle, et que, en plus de détruire ses tortionnaires, la puissance de l'explosion détruit également le temple lui-même. Les décombres volèrent sur les berges du lac de la transparence, certains tombant dans les eaux clairs, une fumée s'élevait de l'endroit où se trouvait auparavant l'édifice, édifice qui n'était à présent qui ruines. Et, lorsque le brouillard se fut dissipé, un allo de lumière blanche apparut, gardant précieusement le corps de l'ancienne reine, corps qui lui demeurait intact.

La déesse de la transparence se trouvait sur les berges, en compagnie d'Asîlah, l'un des esprits du temple :

« Je te l'avais dit que si tu acceptais sa requête, tu en subirais les conséquences... »

L'esprit ne dit rien, bien trop étonné de voir ce qu'il se produisait pour répondre quoi que ce soit...

Mer 07 Mar 2012, 06:48

Je ne sentais rien, que la tristesse de mon cœur. Je les avais tué mais cela n'avait pas suffit à soigner le mal que j'éprouvais, qui me rongeais. Je connaissais ce qu'il fallait penser, les paroles sages des êtres qui m'auraient alors dit qu'avec le temps, tout finissait par passer. Oui, j'en avais conscience, tout finissait s'atténuer, mais jamais disparaître. Je savais très bien que parfois j'y penserai, parfois, malgré mes efforts pour oublier, je ne pourrai être aussi forte que je le souhaitais. Et cette tristesse ne disparaîtrait probablement jamais totalement...pourtant, je savais aussi qu'il ne fallait pas s'attarder sur les mauvaises choses.
Mon esprit retrouva peu à peu son calme et une voix s'adressa à moi. Je ne savais pas réellement où j'étais, je ne sentais plus mon corps, juste mon âme, juste cette blessure.

« Ce n'était qu'une illusion, et tu le sais Mitsuko. »

Une illusion? Je ne comprenais pas pour le moment. Comment une illusion pouvait-elle faire aussi mal? Puis, l'endroit où je me trouvais, l'endroit qui ne semblait exister dans aucune dimension, changea. Je me retrouvais au dessus du lac de la transparence, contemplant le temple qui avait été détruit, contemplant mon corps qui flottait au dessus de lui, mon corps qui semblait ne jamais avoir été souillé par ces hommes. Oui, cela n'avait été qu'une illusion. Ma blessure s'effaça au moment même où j'en pris conscience, demandant alors à la voix :

« Qui es-tu? »

« Je ne suis que le reflet de ton imagination. Tu es dans le coma actuellement, ta magie ayant préservé ton corps, mais ton esprit étant bien trop blessé pour se réveiller pour le moment. A toi de le rassurer... »

« Je pensais que mon esprit était assez fort... »

« Il l'était lorsque tu niais ce que tu ressentais. Tes sentiments, tu les connais et au fond de toi, tu n'en as jamais douté. Tu es venu ici dans l'espoir d'avoir une révélation, mais la révélation, tu es la seule à pouvoir l'avoir en arrêtant d'user de ton don de contrôle des sensations. Car ton esprit ne peut oublier ce que tu as ressenti, même si tu as voulu nier ces sensations, ces sentiments. »

« Tout dans ce temple n'est qu'illusion... »

« Oui. »

« Ce qui signifie que ces sensations, je les ai ressenti que par ma volonté de les ressentir? »

« Exact. »

Je comprenais à présent. Les seuls que j'avais toujours trompé étaient les autres car au plus profond de mon être, je savais ce que je ressentais pour chacun, l'amitié, l'amour, je savais aussi ce que je ressentais dans une situation donnée, la tristesse, la joie...mais je refusais de le montrer, préférant substituer à mes propres sentiments d'autres émotions qui ne reflétaient que le mensonge. Et en mentant aux autres, j'avais finalement cru me mentir également à moi-même, ce qui n'était pas le cas. J'étais apte à ressentir, je l'avais toujours été. Ce qu'il s'était passé dans le temple m'était entièrement dû, c'était moi qui avait décidé de tourner les choses de la manière suivante, me vengeant des sensations que je n'avais su exprimer par le passé en les exprimant de manière trop brusque, forçant mon esprit à faire un effort qu'il ne pouvait supporter et si j'avais continué, cela aurait signifié le suicide de mon âme, étouffé sous le poids de sensations qu'elle n'avait pas l'habitude de ressentir. C'était complexe, terriblement complexe et je me rendais compte que mes sentiments avaient toujours été là, toujours été ressentis mais toujours caché des autres et de moi-même par ma seule volonté, comme si j'étais moi-aussi un être qui pourrait me détruire en prenant conscience de mes sentiments.

Mais je savais que je ne pouvais me détruire et que je devais apprendre à assumer ce que je ressentais, je deviendrai bien plus forte ainsi. Mon moi imaginaire ria doucement, son rire cristallin enchantant l'air avant de disparaître. Je savais que je venais de soigner mon esprit et dès que je clignais des yeux, je me retrouva dans mon corps qui flottait à la surface du lac de la transparence, regardant alors l'esprit du temple et la déesse de la transparence avec un calme étrange. Je ne me souvenais pas de ce qu'il s'était passé lorsque je surplombait la scène avec mon imagination, mais je me sentais étrangement apaisée...

Lun 12 Mar 2012, 21:02

Mitsuko regardait Asîlah et la déesse de la transparence d'un calme qui aurait très bien plus effrayé le plus valeureux des guerriers. Ce calme était celui de la puissance retrouvée, celui d'une personne qui connaissait parfaitement toutes ses capacités et toutes ses faiblesses, une personne neutre, juste qui ne pouvait qu'inspirer le respect. Doucement, l'aura de magie qui se situait autour d'elle la ramena vers les berges du lac de la transparence où l'attendaient ces futures interlocutrices. Ce n'est qu'au moment où ses pieds touchèrent le sol que l'aura disparut comme par enchantement. L'ancienne reine ne savait pas ce que cette dernière représentait mais ce qu'elle savait par contre, c'était qu'elle avait échappé à une mort certaine. Elle avait tellement concentré sa magie que cette dernière avait détruit le temple d'une déesse.

Toujours dans le calme le plus complet, il était certain que la jeune femme n'avait pas l'intention d'entamer la conversation mais attendait que l'une des deux autres femmes s'exprime. Ce fut Asilâh qui prit la parole la première :

« Eh bien ma chère, tu n'as pas changé, partout où tu passes, tu détruis les temples dans lesquels tu te trouves... »

L'esprit faisait bien sûr allusion à la première épreuve de la jeune femme au temple des esprits, alors qu'elle n'était encore qu'une sorcière. Sauf qu'à cet époque, Mitsuko avait dû utiliser toute sa puissance pour détruire le temple des esprits, tombant dans l'inconscience la plus totale juste après. A présent, il ne s'agissait plus de cela, elle avait juste voulu détruire l'illusion, une simple illusion, pas un temple. Elle ne l'avait pas voulu, et les dégâts avaient tout de même était limité au temple, le temps qui contenait l'illusion elle-même. En y réfléchissant, de quoi était-elle capable à l'heure actuelle? Quels seraient les conséquences si elle décidait subitement de détruire le monde entier? Oh bien sûr, elle n'était pas stupide, si elle faisait de cela son objectif, il était certain qu'elle rencontrerait une opposition telle qu'elle finirait par mourir. Non, Mitsuko était bien plus subtile que cela, aimant contrôler les actes des autres, aboutir à un résultat sans employer la force ou la magie, juste son étonnant pouvoir de persuasion. Mais était-ce qu'elle souhaitait faire en tant que déesse?

La jeune femme répondit alors à l'esprit, un fin sourire se dessinant sur son visage alors que sa voix n'avait jamais était aussi calme :

« Ne t'inquiètes pas Asîlah, je serai bientôt de retour pour continuer mon apprentissage dans votre temple à vous les sept esprits... »

« Oh, je pensais qu'en tant que future déesse, notre temple n'aurait plus aucune importance à tes yeux. »

Bien sûr, l'esprit avait dit cela sur le ton de l'ironie, ce à quoi Mitsuko rétorqua sans attendre :

« Oh, je ne voyais pas cela sous cet angle mais puisque tu le dis... »

D'un point de vue extérieur, cette conversation aurait pu paraître véridique mais si Mitsuko avait dit cela, elle n'en pensait rien. Le temple des esprits avait toujours été important pour elle, tant par ce que l'on apprenait que par l'idée de discipline qui y régnait, de fidélité. Aussi, la jeune femme dit doucement :

« Ne t'inquiètes pas ma chère, lorsque je serai déesse, j'accorderai une grande importance à votre temple et inciterai mes disciples à s'y présenter. »

Asîlah sourit comme si elle était reconnaissante. Mais il fallait savoir que cet esprit était un peu spéciale et ne montrait que rarement ce qu'elle ressentait. Mitsuko était honorée qu'en ce jour, elle ait pris une apparence normale, abandonnant sa tête squelettique pour pouvoir parler et faire passer quelques émotions sur ses traits. La déesse de la transparence n'avait pas dit mot, scrutant son temple qui était en train de se reconstruire seul, par magie. Il y eu un petit silence avant qu'Asîlah ne demande :

« Si je suis ici, ce n'est pas par hasard. J'aimerai savoir ce que tu comptes devenir? »

Elle marqua un temps d'arrêt avant de préciser :

« Bien sûr, je sais que tu souhaites devenir Aether mais je voudrai plus de précisions quant à ce que tu souhaites accomplir. De quoi as-tu envi de devenir déesse? Qu'est ce qui te motive? Qu'est ce qui reflète le plus ta véritable nature Mitsuko? Car c'est cela que tu dois te demander ma chère. Tu ne pourras devenir la déesse que de ce qui te représente, que de ce que tu es, que de ce à quoi tu es favorable. Oh je pense que tu y as déjà réfléchis mais l'énoncer ne rendra cette réflexion que plus claire. »

« Ai-je le choix? »

« Non. »

Mitsuko sourit alors, comprenant que les esprits du temple lui resteraient à jamais supérieur.

Mar 13 Mar 2012, 02:21

Mitsuko ne répondit pas tout de suite, gardant son éternel sourire pour le moment. Il était certain qu'elle avait déjà réfléchi à ce qu'elle souhaitait incarner en tant que déesse et même si son projet concernant la famille Taiji représentait un objectif non négociable et donc très important, la jeune femme devait avant tout s'interroger sur ce qu'elle voulait vraiment. Qu'est ce qui la représentait? Qu'était-elle au fond d'elle-même? La réflexion prit plusieurs longues minutes, l'ancienne reine observant le temple en reconstruction. Elle savait pertinemment qu'Asîlah pouvait parfaitement attendre car cette dernière avait l'éternité devant elle, tout comme la déesse de la transparence. L'Ombre se demandait ce qui avait poussé cette femme aux traits merveilleux vers cette voie, avait-elle trop vécu dans le mensonge? Ces mensonges l'avaient-ils détruits au point qu'elle veuille donner la possibilité aux individus de découvrir leur véritable personnalité? Elle regardait maintenant cette déesse, la marque qu'elle avait sur sa poitrine. Oui, c'était certain qu'elle avait souffert du mensonge. Posant alors une question à cette dernière, elle lui demanda :

« Puis-je savoir de quel peuple avez vous été la reine? »

Mitsuko vouvoyait cette déesse car, contrairement à Asîlah, cette dernière faisait de même pour sa personne, lui montrant son respect de cette manière. Et puis, elle la connaissait moins que l'esprit du temple. La jeune femme blonde lui sourit avant de répondre :

« J'ai été reine des Orines un temps. »

Mitsuko sourit, cette femme avait dû connaître l'asservissement toute sa vie, étant menée en bateau par un maître sans doute peu soucieux de sa condition, l'obligeant à être ce qu'elle n'était pas réellement. L'Ombre ne la connaissait pas et ne pouvait faire que des suppositions mais elle dit simplement avant de se replonger dans ses réflexions :

« Je comprend. »

Il ne fallut que quelques minutes supplémentaire à Mitsuko avant de dire, regardant Asîlah droit dans les yeux :

« Je souhaite être la déesse du changement. »

L'esprit la regarda sans la moindre émotion, soulignant alors :

« Ce domaine est très vaste, ne veux tu pas plutôt te contenter d'une fonction plus réduite? »

Mitsuko n'était pas dupe. Elle savait très bien qu'Asîlah la testait. Oh bien sûr, un esprit faible aurait sans doute revu ses positions mais l'ancienne reine n'était en rien comparable à cela. Son regard se durcit, avant de s'adoucir légèrement alors qu'elle répondait :

« Non. Ma décision est prise. Je veux incarner le changement. »

Elle marqua une pause avant de reprendre :

« De plus, je pense être assez intelligente pour savoir que plus mon domaine sera large, plus des personnes croiront en moi. Et l'objectif d'un Aether n'est-il pas d'avoir des fidèles pour exister? Je ne souhaite pas quitter mon statut de reine pour me retrouver à tout jamais aussi bas que l'enfer. Je veux évoluer, apporter ma contribution à ce monde, et ne plus vivre dans l'ombre. Je souhaite que mes actions soient connues, que l'on me connaisse, que mon nom soit prononcé. Et ce domaine est en tout point compatible avec ce que je suis. »

« Ah oui? Et quels arguments as-tu à m'avancer ma chère? »

Un petit air de défit se lisait dans le regard de l'esprit du temple. Mais défier Mitsuko était très dangereux car la jeune femme n'avait nullement besoin de recourir à la violence pour gagner. Sa victoire, elle l'obtiendrait avec des mots.

Mar 13 Mar 2012, 02:49

Ce que je veux, je l'obtiens.

L'ancienne reine des Ombres eut comme une petite lueur qui s'alluma dans son regard, une lueur qui était identique à celle qui se trouvait dans les yeux d'Asîlah. Mitsuko ne garda pas le silence longtemps, elle avait été reine et, de ce fait, était capable de tenir un discours, de formuler des arguments, de donner son avis sans aucune peur, sans aucune crainte. La prestance qu'elle avait à ce moment là était celui d'un monarque, d'un souverain et le fait que l'esprit à qui elle s'adressait pouvait la réduire au néant n'avait aucunement l'air de l'impressionner. Pourquoi vivre si c'est simplement pour subir sa vie? Pourquoi vivre si c'est pour ne pas savoir avoir du culot au bon moment, savoir affirmer sa pensée? La jeune femme s'était battue à chaque instant de sa vie pour avoir ce qu'elle avait aujourd'hui et elle ne reculerait devant rien, surtout pas les balivernes d'un esprit qui essayait de la piéger dans un jeu auquel elle excellait. Asîlah pensait-elle réellement que Mitsuko ne trouverait aucun argument? Non, c'était certain, elle aurait été bien peu intelligence de penser cela. L'ancienne reine se rapprocha de l'esprit de façon à se trouver bien en face d'elle, aussi proche que la bonne éducation pouvait le permettre.

« Le changement, je l'ai connu toute ma vie. As tu connu beaucoup de personnes ayant changé trois fois de race? J'ai connu le bien, j'ai connu le mal, j'ai connu la neutralité, le changement est quelque chose que j'ai côtoyée durant mon existence entière. J'ai voulu évoluer, devenir plus puissante, changer ce que j'étais jadis, une personne faible qui n'avait aucun avenir. J'ai voulu me démarquer de mon héritage, ne point être vue comme l'héritière ratée d'une reine aux pouvoirs d'exception. »

Ne quittant pas Asîlah des yeux, Mitsuko continua :

« Et grâce à mes efforts, aux changements qui se sont opérés en moi, aujourd'hui, je dépasse cette femme. Oh et mon objectif n'a jamais été celui de la dépasser, je voulais devenir puissante pour faire quelque chose moi-même, marquer le monde, laisser une trace. J'aime le jeu politique, contrôler le jeu d'échec en entier sans que personne ne le remarque. C'est ce que je me suis employée à faire de nombreuses années, et maintenant, je souhaite le faire d'une manière différente que précédemment, le changement intervenant de nouveau. »

La jeune femme marqua une nouvelle pause, appuyant sa supériorité de par son regard sur Asîlah :

« Je suis une enfant du changement et je souhaite changer la vie des personnes qui choisiront de croire en moi. Je ne souhaite en aucun cas être la déesse d'un mauvais changement, et quelque soit la race, le sexe, les ambitions des individus qui seront mes fidèles, je veux les aider à changer dans le bon sens, leur donnant les moyens de réussir sans être considérée comme une sainte. Le changement se mérite, il se mérite par le travail que l'on fournit pour l'atteindre. Le changement demande des efforts, des sacrifices parfois, j'en suis consciente, je l'ai vécu. Un faible ne peut devenir fort d'un claquement de doigt, un drogué ne peut se désintoxiquer en un éclair, un individu ne peut devenir roi en un instant. Le travail est la clef de la réussite de tout changement, le travail et la volonté. Aussi, je serai la déesse des personnes qui désirent changer, certes, mais qui sont aussi motivées par ce changement, qui sont prêtes à tout pour l'obtenir. »

L'aura de magie entoura de nouveau Mitsuko, une aura qui venait d'un pouvoir inconnu, faisant voleter légèrement ses cheveux :

« Le changement n'est pas quelque chose qui se donne et je pense que personne ne peut mieux l'incarner que moi. Si ça te pose un problème, Asîlah, je n'en ai que faire et ce n'est pas ta supériorité magique qui me fera renoncer à ce que j'ai choisis de devenir. »

L'aura disparu alors, la jeune femme ajoutant d'une voix plus douce, un sourire finissant sa phrase :

« Si tu as d'autres questions ou remarques, je t'en prie... »

Asîlah sourit également, visiblement assez contente de ce que venait de faire l'ancienne reine. Elle dit alors :

« Non, je pense que je t'ai dit tout ce que j'avais à dire. »

Puis, semblant se rappeler d'un élément important, elle ajouta :

« A présent que tu sais exactement ce que tu souhaites incarner, il va te falloir partir en quête de l'Aether des symboles, un très vieux Dieux sur ces terres. Avec lui, tu pourras choisir celui qui sera le tien. Bonne chance pour la suite. »

Elle allait partir puis ajouta :

« J'ai connu ton ancêtre, je sais qu'elle aurait été surement fière de toi, même si ce que tu t'apprêtes à faire ne correspond pas exactement à ce qu'elle projetait pour ta personne. »

« Je n'ai que faire de ses recommandations et désirs. Je vis pour moi, non pour elle. »

« C'est amusant car vous vous ressemblez sur un point : vos goûts en ce qui concerne les hommes... »

Puis, sans demander son reste, l'esprit disparut, laissant Mitsuko avec la déesse de la transparence.

Mar 13 Mar 2012, 12:41

La déesse de la transparence regarda Mitsuko un instant. Elle semblait préoccuper par quelque chose depuis le discours de la jeune femme. Aussi, elle demanda :

« Êtes vous consciente que le changement implique forcément de mauvaises choses? »

Mitsuko sourit alors, un air beaucoup moins angélique éclairant son visage. La déesse avait un sens de l'analyse bien plus grand que celui d'Asîlah, quoi que l'ancienne reine se doutait que cette dernière avait compris le double sens sans qu'elle n'eut à l'énoncer. Aussi, répondit-elle à la question :

« Bien entendu. Je n'ai parlé que des individus qui souhaitaient croire en moi. J'ai conscience qu'au début de ma divinité, je ne serai capable que de petites choses, n'apparaissant qu'aux êtres souhaitant ma venue. Mais ensuite la tendance s'inversera, ma puissance étant due, bien entendu, à l'ensemble de mes fidèles mais étant si grande, quand l'humanité entière aura eu vent de mon existence, que je pourrai agir selon mon bon vouloir. Je compte être une déesse bénéfique pour ceux qui souhaitent changer, mais je n'ai jamais dit le devenir pour les autres. »

La jeune femme marqua une pause avant de reprendre :

« J'ai bien conscience que les alliances d'un Dieu sont capitales mais je compte rester dans le jeu politique , contrairement à certaines déesses de ma connaissance... »

Mitsuko visait ici précisément la déesse du changement qui se trouvait devant elle. A vrai dire, elle n'avait eu l'occasion de rencontrer un autre Aether mais elle trouvait que cette femme, malgré ce qui la représentait, restait effacée, était inconnue sur les terres du Yin et du Yang et c'était pour cette raison que ses pouvoirs étaient si faibles. Cependant, cette déesse dit :

« Je ferai attention si j'étais vous car entrer dans le jeu du pouvoir est très dangereux »

« Dangereux? Intéressant serait le mot le plus juste selon moi. »

« Je vous pensais bénéfique à vrai dire, mais, à présent, je ne suis plus sûre de ce que vous êtes... »

« Oh mais le jeu politique n'apporte pas que le mal, le bien nait du chaos, la paix nait de la guerre, et la guerre nait de la paix. Ne comprenez vous pas? »

La jeune femme marqua une pause, avant de reprendre :

« La légende qui raconte que mon ancêtre et sa soeur seraient nées des volontés du créateur du monde est peut-être fausse, mais j'ai appris de cette histoire que si le nom de ma famille est Taiji, ce n'est pas pour rien. Ce symbole est celui qui stipule que le mal se trouve dans le bien et vice versa. Ne pensez vous pas que chaque bonne action comporte une part de mauvais? Que chaque mauvaise action peut avoir de bonnes conséquences? L'équilibre dans ce monde n'est que chimère, si le mal est détruit à jamais, le bien le sera également... »

Mitsuko pensait à la dernière phrase d'Asîlah. Bien entendu, elle ne pouvait se rappeler de Vlad mais elle sourit, songeant à un autre homme.

« Si la reine du mal elle-même a été capable d'amour, ne pensez-vous pas que le mal n'est pas si maléfique que cela? Les sentiments sont la clefs de tout bien et tout mal, la maîtrise des sentiments permet de rendre un individu bon ou mauvais. Les pulsions de chacun forment leurs actions et les individus de cette terre interagissent de façon continue, de façon à ce que le bien et le mal ne pourront jamais cesser d'exister. »

« Votre façon de penser me dépasse je dois dire. Ainsi, pour vous, faire le mal contribue à créer le bien? »

« C'est exact. C'est parce qu'un guerrier souffre au combat qu'il devient plus fort, c'est parce qu'une femme décide d'aller à l'encontre des règles établies en subissant le courroux de ceux qui en sont à l'origine qu'elle acquiert la liberté. Je veux être la déesse de ce changement là, d'un changement positif qui peut connaître des intermédiaires maléfiques car pour moi, les deux sont liés... »

« Vous partez du principe qu'une âme torturée sa vie durant aura plus de chance de réussite qu'une personne ayant déjà tous les atouts de son côté. »

« Oui, aura plus de chance de réussite, mais également plus de mérite. »

« Vous êtes bien étrange... »

« Et c'est pour cela que vous n'arriverez jamais à lire en moi. Je vous dépasse intellectuellement. »

La déesse du changement tourna le regard vers son temple. Mitsuko savait que la discussion était à présent clause. Elle demanda cependant :

« Où puis-je trouver l'Aether des symboles? »

« Dans votre imagination je suppose... »

Et la déesse et le temple disparurent, laissant Mitsuko sur les berges du lac de la transparence redevenue des plus calme.

Mar 13 Mar 2012, 13:20

Le symbole, une chose qui ne représentait rien si l'on ne connaissait pas sa signification, une chose qui pouvait cependant avoir un véritable poids, émouvant les individus à sa vision, déchainant les foules, faisant naître l'espoir. Un symbole pouvait être un bon comme un mauvais présage et Mitsuko devait trouver celui qui serait parfait pour représenter ce qu'elle souhaitait créer, l'empire qui serait le sien lorsqu'elle aurait réuni un certain nombre de fidèle. Il fallait bien entendu un symbole qui ne serait pas difficile à comprendre et la jeune femme avait conscience qu'elle devait réfléchir, puiser dans sa connaissance du monde, dans son histoire pour créer celui qui lui ira le mieux.

Elle ne savait pas où se trouvait l'Aether des symboles, aussi avant d'aller le trouver, elle préférait avoir une vision claire de la chose qu'elle souhaitait pour la représenter. Se déplaçant vers les alentours, elle trouva une zone parfaite, composée d'un parterre de terre non encore foulée. Prenant un bout de bois mort, la jeune femme commença à réfléchir, dessinant ce qui lui venait à l'esprit. Cela lui prit beaucoup de temps, passant des heures à refaire et défaire les traits qu'elle faisait apparaître sur la terre. Lorsqu'elle eut finit, un sourire apparut sur son visage, c'était exactement cela.

Mitsuko sentit soudain une présence, levant les yeux de son ouvrage pour apercevoir un homme qui regardait son œuvre avec un grand sourire.

« Vous êtes sans aucun doute... »

« Oui. »

Le fait qu'il la coupe dans son discours ne plut pas à la jeune femme mais à quoi bon discuter avec un Aether de son comportement? Elle avait besoin de lui pour rendre concret ce symbole, pour pouvoir le créer. L'homme examinait encore le dessin puis, après une bonne dizaine de minutes de silence qui exaspéra l'ancienne reine, il demanda :

« Expliquez moi ceci, pourquoi l'avoir choisis? »

« Je pensais qu'un Dieu comme vous devinerez ma pensée... »

C'était un moyen de se moquer de lui et de se venger du fait qu'il lui ait coupé la parole. Cependant, Mitsuko savait parfaitement qu'elle devait répondre et le regard noir que lui lança l'homme signifia qu'il n'appréciait pas les plaisanteries. Son étroitesse d'esprit la surprit fortement pour quelqu'un qui avait voulu représenter les symboles mais peu importe, elle n'était pas ici pour psychanalyser ce dernier.

« Tout d'abord, concernant le support, il s'agit d'une carte, une carte de tarot. Comme vous le savez, un tarot est composé d'arcanes majeures qui représentent toutes quelque chose. La carte représentant le changement est la carte numéro treize : la mort. J'ai bien sûr souhaiter ici faire un clin d'oeil à mon ancienne condition d'esprit de la mort, une façon de rappeler ce que j'ai été. Le paysage est sombre, ce qui rappelle également les créatures de la nuit, autrement dit, les vampires. Je n'ai souhaité faire ces illustrations que pour les deux races desquelles je suis devenue reine, tout en maintenant la cohérence de mon futur statut d'Aether. »

Mitsuko marqua une pause puis reprit :

« Cette carte se veut effrayante d'un premier abord car le changement suppose des sacrifices et des efforts. Mais bien plus encore, ce qui terrorise reste plus facilement gravé dans les mémoires. La mort n'est cependant pas une carte maléfique, elle implique juste la fin d'une chose, le début d'une autre, elle applique un changement radicale, la rupture et la continuité. Elle n'indique en aucune manière la fin simple, la mort est la carte qui promet un avenir. »

La jeune femme montra alors le cercle qui se trouvait aux quatre coins de la carte :

« J'ai voulu modifier le symbole Taiji Tu, afin de me l'approprier. Je trouvais ce symbole trop connu, trop commun, pour faire parti de celui qui constituerait ma carte. Ainsi, en le changeant, il devient unique, nouveau, innovant. Ce signe rappelle que le changement suppose toujours le bien et le mal. L'univers entier fonctionne ainsi, je ne vois pas pourquoi je serai une déesse qui ne prendrait pas en compte ce facteur. »

« Bonne analyse. Eh bien soit, voici donc votre symbole... »

Une boule de magie se forma entre les deux personnes, la lumière qui en sortait rendant la sphère impossible à regarder. Mitsuko détourna les yeux jusqu'à ce que cela cesse et put découvrir en posant de nouveau son regard dessus que la lumière avait fait place à une carte bien réelle, bien plus jolie que le dessin qu'elle avait fait dans la terre.

« Prenez cette carte avec vous, elle est un élément essentiel aux fins de votre élévation. Vous avez déjà parcouru un grand chemin ma chère, le plus dur sera sans doute de vous détacher de votre monde. Cependant, je crois que vous y êtes prêtes. »

C'était le troisième esprit qui disparaissait sans demander son reste en ce jour. Mitsuko sourit, prenant la carte dans ses doigts fins. Elle était parfaite.

¤ Quête de l'éternel / Partie II ¤ 11v5cn6

Jeu 15 Mar 2012, 14:48

Mitsuko était restée nue depuis qu'elle était arrivée en ce lieu et même si le jour commençait à décliner, elle décida de profiter de cette nudité pour se baigner dans le lac de la transparence. La jeune femme sourit en pensant à ce que certains écrit disait de son ancêtre « une femme aimant se baigner nue dans les lacs, attirant de par ce simple fait le naïf passant qui passait par là ». Eh bien, peut-être attirerait elle-aussi quelqu'un? Le paysage était magnifique, le soleil roussissant à vue d'oeil, se dirigeant de plus en plus vers l'horizon. Mitsuko aurait juste le temps de se baigner un peu si elle voulait que son corps sèche par la suite avant de remettre ses vêtements qui étaient toujours posés délicatement sur le sol, encore immaculés. Et dire qu'il y avait à peine quelques heures, les débris du temple trainaient encore ici et là, c'était incroyable ce que la magie pouvait faire et défaire en un rien de temps.

Trempant son corps dans l'eau relativement fraiche, un frisson la parcouru. Il avait fait beau en ce jour mais visiblement pas assez pour chauffer l'eau du lac de la transparence. Cependant, après s'être mise entière dans le liquide, son corps s'habitua à la température. Ainsi, la jeune femme se mit à nager, pensant à ce qu'avait dit Asîlah. Décidément, les histoires de cœur de son ancêtre semblaient ne jamais la quitter. Elle n'en avait pas conscience mais Vlad avait été l'objet de bien des nuits torrides dans les bras de son arrière arrière arrière grande mère. Cette vision des choses étaient tout bonnement peu ragoutante à vrai dire, mais vu que la jeune femme l'avait oublié, elle ne pouvait y songer. Quant à Naram, oui, il avait été l'amour de la vie de Mitsuko I, mais elle ne comprenait pas où Asîlah voulait en venir avec sa phrase. Naram lui plairait-il? Parlait-elle bien de lui? Il est vrai que cet homme était l'un des plus plaisant qu'elle avait rencontré mais il ne demeurait pas moins un génie et l'ancienne reine savait oh combien il fallait se méfier des génies, faiseur de rêves et briseurs de rêves également. Néanmoins, la relation qu'elle entretenait avec ce dernier était tout bonnement délicieuse d'un point de vue littéraire. Elle aimait converser avec lui, entrer dans son jeu pour mieux l'enfermer dans le sien, si bien qu'on ne pouvait jamais réellement savoir qui tirait les ficelles de tout ceci. Naram l'attirait mais elle doutait que c'était pour les mêmes raisons que son ancêtre.

Mitsuko nageait, se posant soudain une question : si elle devait concevoir un enfant de manière naturelle, avec qui le ferait-elle? Déjà, la conception la rebutait fortement, comme si elle avait subit un traumatisme quant à ce sujet. Elle savait parfaitement d'où celui-ci venait et elle ne voulait pas finir comme son ancêtre, dévorée par son propre enfant. Se tournant pour faire la planche, la jeune femme admira le ciel. Elle ne ferait pas d'enfant avec un homme faible, elle avait besoin de quelqu'un qui puisse porter un très grand poids sur ses épaules, quelqu'un de fort mais pas uniquement physiquement. Hum, cette pensée était stupide, elle ne savait même pas pourquoi elle y songeait, cela ne rentrait nullement dans ces objectifs. Mais elle espérait un jour trouver un égal, quelqu'un qui n'aurait pas peur de l'affronter et qu'elle n'aurait pas peur de blesser. Était-ce possible? Elle en doutait.

« Hé vous là bas! »

C'était la voix d'un homme, qui, visiblement, la regardait depuis un bon moment du fait de l'amusement qui s'affichait sur son visage. Il riait en la regardant, comme s'il n'avait jamais envisagé avoir la chance de surprendre une femme nue dans un lac. Mitsuko le regarda un instant puis décida de nager vers lui, d'humeur également joueuse après ce qu'elle avait traversé aujourd'hui. L'homme avait un chien, un gros chien pleins de poils qui semblait aussi joyeux que son maître. La jeune femme sortit de l'eau, se fixant devant lui avec un sourire.

« C'est à moi que vous parlez? »

« Vous savez, vous ne devriez pas vous baigner toute seule ici. Il va bientôt faire nuit et vous n'êtes pas à l'abri de vous faire agresser, ou pire, voler vos vêtements. »

Mitsuko leva un sourcil :

« Je suppose que tant que je suis seule, je ne risque pas grand chose... »

L'homme rit, quelle drôle de femme que celle-ci. Il la regarda de nouveau puis proposa en rougissant légèrement :

« Écoutez, j'habite pas loin, si vous voulez, vous pouvez venir chez moi le temps de vous sécher. Je vous promet que je ne suis ni un violeur ni un agresseur... »

« De toute manière, si vous en êtes un, vous ne reverrez probablement plus la lumière du jour, donc profitez bien du soleil couchant... »

« Vous êtes amusante vous savez! »

Les yeux de Mitsuko s'écarquillèrent. Était-il fou ou terriblement niais? Cependant, elle accepta de le suivre, se disant qu'elle n'avait rien à perdre.

Jeu 15 Mar 2012, 14:48

Mitsuko est l'inconnu arrivèrent rapidement à la maison de ce dernier, la jeune femme toujours nue, sa peau n'ayant pas encore eu le temps de sécher. L'homme lui fit signe d'attendre devant la porte, lui signalant qu'il allait lui chercher une serviette pour qu'elle se sèche. Quelques secondes après, il réapparut et dit simplement, toujours d'un air comique :

« Séchez vous et habillez vous, ensuite vous pourrez entrer, pas avant car il y a des personnes dans cette maison qui ne doivent pas suivre votre exemple! »

Mitsuko fit ce qu'il dit et une fois correctement vêtue, entra dans la maison. C'était une petite maison, modeste, mais qui était correctement aménagée. La jeune femme fut étonnée d'entendre rapidement des cris d'enfants qui chahutaient dans le bonheur le plus absolu. Évitant soigneusement les deux petites filles, elle s'assit sur une chaise que lui proposait l'homme qui lui demanda :

« Vous aimez les enfants? »

« Hum...pas vraiment. »

« Vous n'en avez pas? »

Mitsuko sourit aimablement pour signaler que non. Enfin, ce n'était pas réellement exact puisqu'elle avait Faust, un enfant qu'elle avait élever un temps mais, qui, à présent, était avec son père : Dante. Et puis, bientôt, elle aurait une dizaine d'enfants créés par magie, mais elle se doutait que cela n'était pas compris dans la question. Le chien de l'homme vint se coucher à côté d'elle et son premier réflexe fut de le caresser doucement. L'homme sourit :

« C'est étrange qu'une personne qui n'aime pas les enfants aime les bêtes. Peut-être n'en avez vous pas conscience mais je pense que vous feriez une très bonne mère. Enfin, je ne vous connais pas mais c'est l'impression que vous me donnez. »

« Et où est la mère des petites? »

La jeune femme préférait changer de sujet de conversation, elle n'était simplement pas faite pour devenir mère un jour, elle ne voulait pas d'enfants et c'était comme cela qu'elle passerait son existence. L'homme baissa les yeux puis répondit à la question que la future déesse avait posé :

« Elle est partie un jour sans rien dire. Nous nous étions disputés la veille et j'ai eu beau la chercher par la suite, je ne l'ai pas retrouvé. Enfin, ça faisait longtemps que notre couple battait de l'aile et à présent, j'essaye de faire tout mon possible pour mes filles. J'ai décidé cependant de ne pas changer de lieu d'habitation. Comme ça, si un jour elle souhaite revenir, elle nous trouvera facilement. »

« Les relations humaines sont toujours conflictuelles, compliquée. »

« Vous paraissez si neutre vis à vis de cela. N'avez vous jamais vécu de moments intenses dans votre vie? »

Mitsuko ne répondit rien, cessant de caresser le chien et se levant doucement de sa chaise, changeant une nouvelle fois de sujet de conversation, annonçant son départ :

« Je vous remercie pour ce moment passer en votre compagnie. Je sais à présent que vous n'êtes pas un agresseur. »

L'homme sourit, répondant à l'expression de la jeune femme. Elle ajouta :

« Si je souhaite revenir à l'avenir, puis-je? »

« Je vous en prie. Mais avant que vous ne partiez, j'aimerai que nous échangions nos prénoms, vu que nous ne nous sommes toujours pas présentés. Je m'appelle Melchior, et vous? »

« Mitsuko. »

« Eh bien enchanté Mitsuko! »

Visiblement, il n'avait jamais entendu parler d'elle, tant mieux. Ce qui était étrange, c'est qu'elle n'avait pas ressenti de magie émaner de lui depuis le début de leur échange. Elle demanda alors :

« Excusez moi mais...êtes vous un humain? »

Il sourit de nouveau mais cette fois de façon différente, comme si son secret avait été découvert :

« Oui, exactement. »

« Alors c'est vous qui devriez être prudent. Des créatures veulent votre extermination vous savez... »

« Oh je ne m'en fait pas, mon ange gardien est très puissant. »

« Heureusement que les anges sont là pour vous soutenir. Ecoutez, j'ai beaucoup de respect pour votre race, je reviendrai ici et je vous promet que je ferai tout mon possible pour tous vous protéger. »

« Vous êtes semblable à une déesse vous savez. »

« Oh et bien je ne le suis pas encore mais ça ne saurait tarder! »

Mitsuko disait cela en souriant et Melchior trouva la plaisanterie très amusante. Sans plus tarder, la jeune femme prit congé, se demandant si elle le reverrait un jour. Après tout, la vie des humains sur ces terres n'était que précaire. Oui, c'était une promesse qu'elle se faisait à elle-même : lorsqu'elle deviendrait Aether, elle protégerait les humains du mieux qu'elle pourrait.

Jeu 15 Mar 2012, 14:49

Il faisait noir lorsque Mitsuko rentra dans le manoir qui était le sien, en haut de l'antre des damnées. Elle avait passé une journée bien éprouvante, une journée qui lui avait demandé des semaines de préparation afin de trouver la déesse de la transparence et elle n'était pas rentrée dans sa demeure depuis trop longtemps à son goût. Elle devait repartir le lendemain mais peu importait, cette nuit, elle souhaitait dormir chez elle. Elle avait donc fait envoyer une missive à Jun afin que ce dernier soit présent, elle avait envi de le voir, de sentir sa présence auprès d'elle. Et lorsqu'elle avait poussé la porte, ayant précédé cette même action de la part de Seth, elle fut heureuse de voir l'étonnement du majordome. Elle lui sourit avant de se rendre dans la salle de bal où une table était dressée pour deux, Jun l'attendant près du feu qui avait été allumé pour l'occasion. Il ne faisait pas particulièrement froid mais la couleur des flammes et le crépitement qui se faisait entendre avaient un côté chaleureux. Le jeune homme lui sourit, faisant venir doucement une flamme de la cheminée à sa main :

« J'aime contrôler le feu... »

Mitsuko prit à son tour le contrôle de la flamme, la rendant à la cheminée et observant d'un ton amusé :

« A force de jouer avec ce dernier, tu vas finir par te brûler Jun... »

« Dis-tu cela à cause de ma faiblesse? »

La jeune femme vint enlacer l'ancien ange, appuyant sa tête contre l'épaule de ce dernier.

« Non bien sûr que non. Je sais que tu retrouveras ta puissance. C'est de ma faute, j'en suis consciente mais nous ne pouvions nous rapprocher que comme cela. En tant qu'ange, ton devoir était d'en finir avec moi car tes supérieurs hiérarchiques avaient peur que je devienne aussi maléfique que mon ancêtre... »

« Je le sais, mais je n'aurai pas été capable de te tuer... »

« Je crois que si, et si tu ne m'avais pas tué, je l'aurai fait. Tu étais une faiblesse pour moi Jun et c'était ce qui avait été prédit. »

Le silence s'installa un instant dans la pièce, le jeune homme refermant ses bras sur cette femme qui était pourtant bien plus forte que lui. Les hommes avaient tendance à vouloir protéger le sexe opposé mais il ne pouvait rien pour elle à l'heure actuelle, il en était conscient. Mais peut-être était-il un réconfort, un pilier qui la rassurait quelque part. Il ne le saurait sans doute jamais car Mitsuko ne dévoilait jamais ses propres sentiments et il ne pouvait que les deviner. C'est pour cela qu'il projetait de se rendre au lac de la transparence, ayant entendu dire qu'il pourrait lire dans l'esprit de la personne qu'il souhaitait tout ce qu'elle ressentait. Il voulait que Mitsuko devienne transparente pour lui, il voulait la comprendre.

Les deux jeunes gens se mirent ensuite à table dans le silence. Ce n'était pas un silence gêné, il la connaissait depuis qu'elle était née mais un silence apaisant. Puis, alors qu'ils arrivaient au dessert, il lui demanda :

« Je veux que l'on fasse un enfant. »

La cuillère qui était en chemin vers la bouche de la future déesse s'arrêta soudain, Mitsuko plantant son regard dans les yeux de Jun comme si elle cherchait à deviner ce qu'il souhaitait dire par là, prête à dire non si son souhait était de faire un enfant naturel. Le jeune homme sourit avant de dire :

« Un enfant magique. »

« Mais enfin tu.. »

« S'il te plait. Tu connais mes sentiments à ton égard et je connais ta réticence à vouloir faire un enfant naturellement. Je te comprend, tu as peur de mourir comme ton ancêtre en accouchant et, de toute manière, tu n'éprouves aucun intérêt pour l'acte charnel. Ne t'inquiètes pas, je ne risque pas d'attendre après toi pour ça, je ne suis plus l'ange que j'étais, je suis un homme et j'ai besoin de cet acte...mais fais moi un enfant magique comme tu le ferais avec quelqu'un d'autre, je ne te demande rien d'autre. »

Le regard de la jeune femme avait totalement changé et Jun le remarqua. C'était la première fois qu'il sentait que Mitsuko ne cachait pas ce qu'il ressentait mais il avait du mal à savoir de quoi il s'agissait au juste. Posant sa cuillère sur la table, l'ancienne reine des Ombres se leva sans aucun commentaire avant de se rendre dans sa chambre.

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