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Le premier jour m'avait semblé durer une éternité, le deuxième jour encore plus, mais maintenant que le grand jour était enfin là, la peur que je ressentais au fond de moi ne cessait d'augmenter. J'étais stressée et dans un état d'hyper activité qui se voyait rien qu'en me regardant pendant trente seconde.

Le premier jour, j'avais réussis à trouver un emploi temporaire dans la rue commerçante chez quelqu'un qui avait la gentillesse de me payer à la journée. Ce travail consistait à vendre les vêtements que l'on recevait de divers ateliers de couture des terres du yin et du yang mais rien de très bonne qualité, enfin, c'est ce que je pensais. Si j'avais cherché à travailler c'était avant tout pour avoir un peu d'argent et avoir un argument lorsque je me présenterai à Orion Shidori avec l'espoir qu'il m'accepte comme assistante. Enfin, j'aidais ce commerçant qui avait eu beaucoup de mal à trouver quelqu'un qu'il puisse appeler seulement quand il en avait besoin, comme les jours de marché par exemple.

Le second jour j'avais également travaillé mais il m'était arrivé une chose étrange qui me laissait encore perplexe. Une inconnue, dénommée Lady Syrkell m'avait envoyé une lettre en me soumettant l'idée que j'étais de sa famille et que le dernier espoir d'un clan de sorcières reposait sur mes épaules. Au début, je pris cela comme une blague mais en relisant la missive je ne puis que douter de ma première hypothèse. Tout cela paraissait sérieux et comme je ne savais rien de mes vrais parents, je me mis à réfléchir sur ce qu'il se passerait si cette lettre était vraie. Je devais faire des recherches mais ce n'était pas réellement le moment.

Le troisième jour, celui du rendez-vous, je l'avais attendu impatiemment mais, une fois qu'il fut là, je me mis à paniquer légèrement. Je devais me préparer à voir Iro et, surtout, trouver quelque chose à me mettre. C'est ainsi que je me rendis chez mon patron pour essayer de trouver une robe. Comme je l'ai dit plus tôt, ce n'était pas de la bonne qualité puisqu'il s'agissait de vêtements fabriqués à la chaîne dans des ateliers de couture peu renommés, mais certains modèles basiques feraient très bien l'affaire. Je voulus acheter une robe de la même couleur que mes cheveux mais mon patron m'en fit cadeau, reconnaissant de m'avoir trouvé comme vendeuse. Enfin, disons qu'il lui fallut tout de même quinze bonnes minutes avant de réussir à me faire partir de la boutique sans payer, bien trop gênée pour accepter son geste. Ce fut seulement lorsqu'il me dit que si je n'acceptais pas il en serait profondément attristé qu'il eut mon accord.

Voilà, le jour était enfin arrivé, celui où j'allais enfin revoir Iro, où je saurai enfin où il habite. J'étais prête, même si j'avais trouvé aucune femme qui veuille bien m'expliquer certains détails que je ne connaissais pas réellement. Après tout, j'avais été élevée sous les océans et les méthodes amoureuses des ondins semblaient légèrement différentes que celles des terriens et, de toute façon, avaient toujours été un sujet tabou dans ma famille.

Dehors, je fis donc ce qu'Iro m'avait dit il y a de cela trois jours :

« Bonjour le vent. Est ce que tu pourrais m'amener voir Iro s'il te plait? »

Ma formulation semblait totalement enfantine mais je ne savais pas trop si quelqu'un m'entendait et allait activer un portail magique à ma demande ou s'il s'agissait d'autre chose. En tout cas, il ne tarda pas à se passer quelque chose puisque je fus enroulée par une sorte de tornade qui partit avec moi en son sein rejoindre son maître

Seulement voilà, c'était sans compter le fait que j'étais peureuse. Je me mis à avoir très peur, oui oui, vraiment peur, me demandant si ce phénomène était normal ou si j'étais réellement en ce moment même la victime d'une tornade. Je n'avais rien pour l'instant mais qui sait ce qu'il se passerait ensuite? Après quelques minutes de vol, j'utilisais alors l'un des pouvoirs que je maîtrisais le moins bien, un pouvoir qui déformait la matière pour créer autre chose à la place. Sauf que déformer le vent n'amène qu'une autre forme de vent.

C'est ainsi que la tornade se transforma en une sphère qui perdit peu à peu de l'altitude et finit par toucher le sol, me laissant sur les fesses et continuant son chemin un peu plus loin. Légèrement sonnée par ce qu'il venait de se passer, je me rendis compte que j'avais atterri en plein milieu d'une place où se tenait un marché et qu'à cause de ma sphère de vent, j'avais créé un beau désordre dans les marchandises, la foule ayant à présent les yeux braqués sur moi qui rougis presque immédiatement.

Il fallait absolument que je trouve quelque chose à dire car le silence régnait à présent et être le centre de l'intention me gênait considérablement :

« Euh...je...je cherche Iro... »

Ce que je ne savais pas, c'est que j'étais à présent au cœur de la cité d'Aeden, entourée par des elémentals dont le roi, justement, était ce fameux Iro.

J'avais l'impression que la position dans laquelle je me trouvais maintenant n'aurait jamais pu être pire! D'ailleurs, ça devait être la plus affreuse de ma vie car les personnes présentes me dévisageaient en silence, certaines levant les talons pour m'apercevoir comme si j'étais un extraterrestre. Bon, d'accord, peut-être que la couleur de mes cheveux pouvait sembler bizarre et que mon arrivée aussi était étrange mais pourquoi personne ne disait rien? Est ce que nul ne connaissait Iro ici? Mon esprit déjà bien embrouillé devint totalement chaotique lorsque les individus se mirent à parler tous en même temps, parlant de « son vent », disant que je ne savais pas. Qu'y avait-il donc à savoir? Iro était-il un dangereux criminel recherché? En tout cas, tout le monde semblait savoir, sauf moi. Mon visage n'avait sans doute jamais été aussi rouge, mon cœur battant la chamade, mon esprit doutant comme rarement. Je ne savais pas quoi penser et si la situation continuait j'étais certaine que je m'enfuirai en courant ou que je me recroquevillerai sur moi-même en attendant que les gens se lassent de moi et s'en aille. J'étais totalement paniquée.

Tout à coup, une enfant vint vers moi, une petite fille. J'aurai pu refuser d'aller avec elle mais à ce moment là, elle m'apparaissait comme la seule porte de sortie de ma situation désespérée. Et puis, ses longs cheveux blonds, sa petite taille et son regard bienfaisant me rassurèrent. Certes, j'étais naïve car cette enfant pouvait très bien être un démon déguisé en fillette qui n'attendait rien d'autre qu'une gourde comme moi tombe dans son piège. Cependant je choisissais de lui faire confiance et, dans tous les cas, je n'avais pas vraiment le choix car elle m'attira avec elle, me promettant de m'emmener voir Iro.

Une fois en chemin, la jeune fille se mit à parler sans s'arrêter, posant mille et une question et me donnant plusieurs informations. Je savais déjà que celui qui m'attendait en ce moment était un Elémental de vent mais le fait que celui-ci lui donne des cours me rassura car un criminel ne ferait jamais pareille chose. Et puis, je connaissais Iro, il ne pouvait pas être mauvais...ou alors peut-être que j'étais réellement nulle pour comprendre mon entourage. De toutes ces questions, je ne pus répondre à aucune tellement de débit de l'enfant était rapide, mais elle réussissait petit à petit à me détendre, et même à me remonter le moral vu qu'un léger sourire se dessina progressivement sur mon visage.

Cependant, une fois que nous arrivâmes vers ce qui semblait être un imposant château, ma crainte revint au galop. Je me demandais pourquoi Illa m'amenait ici? Peut-être qu'Iro était un domestique? Ou un professeur? Je ne comprenais pas mais quelque chose me disait que je saurai bientôt le fin mot de cette histoire. Les pièces et les couloirs s'enchainaient jusqu'à ce que nous fûmes à destination. Mon sourire réapparut de nouveau lorsque je vis celui qui m'avait manqué pendant trois jours. Oh cette durée pouvait sembler courte mais pour moi, ça avait été terriblement long.

Iro semblait étonner de voir Illa en ma compagnie et lorsque la petite fille se tourna vers moi, ce fut pour dire quelque chose qui allait de nouveau troubler mon esprit. « Seigneur du Tout »? Iro? Puis, me laissant seule avec lui, elle s'en alla dans la joie et la bonne humeur. Seulement, cette fois, j'aurai vraiment aimé qu'elle reste car je paniquais de nouveau, me demandant si le titre de « seigneur du tout » était bien ce que je pensais. J'essayais de réfléchir, me disant que ce n'était pas possible qu'Iro soit le chef des élémentals, un roi en somme, je l'aurai senti...et pourquoi me parlait-il? Je n'étais rien moi...et puis peut-être que les rois ne pouvaient fréquenter que des reines ou des princesses et que s'il m'avait dit de venir c'était pour m'avouer que notre relation ne pourrait jamais être révélée au grand jour et que dans le futur, il serait obligé d'épouser une femme de son rang? Je me posais tellement de questions sans me rendre compte à quel point celles-ci étaient ridicules... J'en oubliais même d'écouter ce qu'Iro me disait. Bien sûr, j'entendais ses dires mais c'était comme si mes oreilles refusaient de les comprendre.

Puis sans crier gare, je me mis à genoux, avant de baisser mon buste vers le sol pour m'incliner. Il avait dû me trouver malpolie depuis le tout début...il était roi et moi je ne lui avais jamais montré de signes de respect. Mon regard était fixé sur le sol et à vrai dire, je ne comptais pas me relever de si tôt de ma révérence, bien trop confuse pour bouger de toute manière. Mais pourquoi étais-je si stupide?