&nbsp;[Quête] - Le charme dangereux des anémones de mer | Èibhlin

Èibhlin n'était pas tout à fait certaine de bien comprendre où elle se trouvait ni comment elle s'y était rendue. Elle avait d'abord pensé à Issë lorsque son regard s'était posé sur l'étendue bleue. Cette hypothèse avait toutefois été vite balayée après une étude plus détaillée de son environnement. L'eau était lagunaire ici. Le sable était chaleureux et chatouillait ses pieds nus. Le soleil, caché derrière sa main pour protéger ses yeux, était brillant et brûlant sur sa peau. Elle s'attarda sur l'écume laissée par les aller et retour des vagues sur le rivage. Elle ne s'était jamais baignée dans l'océan. Elle ignorait tout de la morsure du sel sur la peau, de la fraîcheur des vagues caressant l'épiderme. Elle releva ainsi légèrement sa robe et avança de quelques pas, puis se figea lorsqu'une vaguelette vint à la rencontre de ses chevilles, une vague de froid inattendue se dispersant sur tout son épiderme. Alors elle sourit. C'était agréable. L'Alfar s'accroupit, une main tendue pour s'emparer, curieuse, d'un peu d'écume. Elle n'en eut pas le temps, la bande mousseuse se retrouvant noyée par une nouvelle vague, plus grosse que la précédente. Surprise par l'eau qui trempa ses jambes jusqu'aux genoux et sa tenue par la même, elle perdit l'équilibre et se retrouva les fesses dans l'eau. Les mains s'enfonçant dans le sable, elle exprima son mécontentement d'une moue contrariée. C'était malin. Elle n'avait ni serviette pour s'essuyer, ni vêtement pour se changer. Se redressant, légèrement alourdi par sa robe trempée, la clone tourna son visage vers l'intérieur de l'île. S'y trouvait une belle habitation de bois. Un examen approfondi et elle put voir qu'une partie était montée sur pilotis.

Tout son bonheur s'était trouvé présent entre les murs de la cabane de luxe. Une serviette moelleuse l'attendait sur un lit épais. Dans une armoire se trouvaient des vêtements dont elle ignorait la provenance. Délestant sa robe, elle enfila à la place un haut rougeoyant, serrant sa poitrine à la manière d'un large bandeau, ainsi qu'une jupe claire et légère, attachée sur le côté par une fine fibule en bois. Avant de sortir, elle mit sur ses épaules une longue veste fine, pour ainsi dire transparente, et s'empara d'un chapeau de paille, puis elle se versa un verre d'eau de coco, plus pour la curiosité d'en connaître la saveur — et ça n'était vraiment pas mauvais — que par nécessité de se désaltérer. Seulement alors elle quitta l'habitation. Elle n'alla pas plus loin que le pas-de-porte cependant, empoignant sa veste pour cacher une nudité trop apparente tandis que ses joues prirent la teinte de son haut. Elle était persuadée être seule ici. Elle ne se serait pas habillée aussi légèrement dans le cas contraire. Ce ne fut qu'après quelques longues secondes à observer l'individu qu'elle se détendit. Tout d'abord, elle crut le deviner Orine. Une Orine masculine. Elle n'avait toujours vu que des femmes de ce peuple et, longtemps, elle avait cru qu'il n'était qu'une légende. Puis il y avait ses gestes. Il avait l'air de ces enfants qui s'émerveillent pour absolument tout et n'importe quoi. Était-il idiot ou attardé ? S'approchant, elle se demanda si ce n'était pas elle plutôt elle qui ne savait plus s'émerveiller de quoi que ce soit. Avant qu'elle ne s'exprime pour attirer son attention, celui-ci leva le nez et se trouva plus troublée encore qu'elle n'avait pu l'être en le découvrant. Elle arqua alors un sourcil en le voyant agir et se prononcer, sans se faire entendre cependant. « Quoi ? ». Il ne lui semblait pas être des plus intimidante, aussi comprenait-elle difficilement la réaction de son vis-à-vis. « Il semblerait que ça en soit un, oui... » fit-elle plus pour elle-même lorsque enfin l'unique mot que l'inconnu prononça lui parvint. « Bonjour. » répéta-t-elle ensuite en se mettant à genoux, face au blond, pour se saisir à son tour d'un coquillage. « Tu es une Orine n'est-ce pas ? » le questionna-t-elle, un air de surprise marquant en même temps son visage tandis qu'elle constatait la coquille habitée. « Tu habites ici ? » continua-t-elle son interrogatoire en se relevant pour remettre le crustacé à proximité de l'eau.

:copyright: ASHLING POUR EPICODE

Post I | Mots 697

Dim 06 Nov 2022, 18:47

Le charme dangereux des anémones de mer

☙ Sea Oleena - Shades of Golden

Une seule personne et le monde se parait de nouvelles couleurs, aveuglant de nouvelles perspectives. L'équilibre s'était modifié et je tâchai de retrouver une certaine stabilité face à cet élément imprévu pour composer avec sans me ridiculiser. Incapable de démêler l'expression de la jeune femme sans la dévisager plus de quelques secondes, je m'en remis à l'espoir que ma présence ne l'indisposait pas trop. Je déglutis à cette idée, mal à l'aise. Mes lèvres brûlaient déjà d'excuses ne demandant qu'à sortir pour me soulager de la culpabilité d'exister mais c'était une manie dont j'essayais de me défaire et je gardai la bouche scellée.

Ce ne fut que lorsqu'elle s'installa à quelques longueurs de main face à moi que j'osai lever les yeux, avant de les rabaisser aussitôt, rougissant. Sa tenue laissait visibles de larges pans de peau et plutôt que de laisser un regard imprudent s'attarder là où il ne le devait pas, je préférai fixer mes trouvailles jusqu'à les user sous le feu d'une attention accrue que d'être accusé de voyeurisme. Mes joues étaient aussi chaudes que si je m'étais assis très près d'une cheminée en plein essor et mes pensées n'en menaient pas plus large, s'entrechoquant dans un méli-mélo troublant et peu aidant pour accomplir l'exploit de débuter une conversation normale avec l'inconnue. Inconnue. Oui, j'allais commencer par là. Sa question devança toutefois mes ambitions, bousculant l'esquisse de plan échafaudé. « Oui. » Confirmai-je avant de retomber dans un silence prudent. Généralement, on réagissait positivement aux Enfants des Arts, ce qui ne m'empêcha pas de nourrir quelques angoisses infondées. Être une Orine ne me donnait pas tous les droits et si j'avais trépassé sa demeure, il serait logique qu'elle s'en trouve contrariée. La pulpe de mes doigts s'activait nerveusement à polir l'écorce sèche et grisée d'une branche rejetée par les vagues. Je sursautai presque à sa seconde question et je compris qu'elle était étrangère à ce lieu tout comme moi. J'en fus rassuré et c'est d'une voix plus posée que je lui répondis. « Oh euh, non. En fait, je ne sais pas comment je suis arrivé ici et j'ai peur d'être chez quelqu'un. Je ne sais pas vraiment où nous sommes mais c'est un endroit magnifique, comme je n'en ai jamais vu. Est-ce que c'est pareil pour vous ? » M'enquis-je respectueusement, incapable de la tutoyer en retour. Je réalisai alors que dans mon trouble, j'avais oublié de me présenter. Je me redressai pour m'asseoir sur mes talons et après avoir débarrassé mes paumes du sable qui les recouvrait, je croisai les mains sur mes cuisses et m'inclinai. Je me risquai ensuite à regarder la jeune femme, verrouillant mes iris résolument sur ses yeux en m'interdisant de descendre plus bas. « Je m'appelle Andrea Lim. Et vous ? » J'aperçus alors la pointe effilée qui dépassait des mèches lunaires et m'exclamai sans réfléchir. « Oh ! Vous êtes une Ygdraë ? » J'étais à la fois soulagé et heureux. Nous ne pouvions que bien nous entendre. J'avais toujours rêvé d'échanger avec les Elfes avec qui je partageai leur amour pour la nature.

Message II | 562 mots

Mar 08 Nov 2022, 13:50

海鲸- par DannyLaiLai

Le charme dangereux des anémones de mer

Il y avait quelque chose d'apaisant au manque d'assurance du garçon. Ce genre de comportement était, chez elle, la démonstration d'une faiblesse profonde. Une immense brèche dans laquelle les requins de la Majestueuse n'hésitaient pas à se faufiler pour attaquer l'âme du hère. Elle profita ainsi de l'embarras du blond pour elle-même abaisser ces murs qu'elle érigeait autour d'elle à la moindre rencontre. Comme elle regardait le bernard-l'hermite profiter d'une vaguelette pour retourner sous l'eau, Èibhlin écoutait la réponse de son vis-à-vis, un sourire ennuyé prenant place sur ses lèvres. C'était vrai, cette maison pourrait appartenir à quelqu'un. Peut-être un être puissant. Elle ne s'en était pas souciée plus tôt, trop pressée à vouloir se sécher. Elle pourrait toujours s'expliquer. On ne venait pas dans ce genre d'endroit pour chercher les ennuis normalement, aussi elle ne craignait pas vraiment la rencontre. Excepté s'il s'agissait d'un Démon ou d'un Sorcier. « Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de me trouver en bord de mer en réalité. ». Issë ne comptait pas. Elle n'avait encore jamais profité de ses côtes. « Et il est difficile de comparer une cité perdue dans la forêt à une plage brillante comme celle-ci. » répondit-elle en revenant s'installer devant l'Orine. Car aussi belle pouvait être la Majestueuse, ces deux places n'avaient rien d'égale.

La clone s'apprêta à répondre à son salut quand la supposition qu'il lâcha la crispa légèrement, d'autant plus qu'il sembla soudainement bien plus serein à présent qu'il était persuadé qu'elle venait des forêts claires. Elle décida cependant de le laisser croire cela, pour l'instant. Elle ignorait s'il avait déjà un ou une Aisuru et, dans cette hypothèse, à quelle race il ou elle appartenait. Il valait mieux pour elle qu'il demeurât dans l'ignorance pour l'instant. Sans lui offrir de véritable réponse, elle répondit à sa question par un large sourire avant décliner son identité. « Je m'appelle Èibhlin Mèinn. » fit-elle enfin en courbant légèrement le torse avant retrouver le contact de son visage fin. L'innocence brillait dans son regard. S'il avait un Aisuru, ce ne devait pas être quelqu'un de mauvais. Un Ange ou un Magicien peut-être. Un Ygdräe. Elle retint une grimace. « Tu es seul ici ? » l'interrogea-t-elle alors, dans l'espoir de connaître sa situation. « Je connais quelqu'un qui est l'Aisuru d'une Orine. » commença-t-elle à détailler pour le mettre sur la piste de ce qu'elle demandait. « J'ai pu voir le genre de Lien qui les unis. ». S'en était presque effrayant. Même s'ils échangeaient moins avec Jämiel, elle avait pu le voir sombrer dans des ténèbres effroyables lorsque Bellone avait disparue. Le genre de ténèbre qui absorbait toute forme de moralité. Ce que les résidents de Mornînghard perdaient au fur et à mesure de leur montée dans la hiérarchie, lui avait commencé à le perdre par la solitude qu'avait engendiré l'absence de son Orine. « Il semble être incroyablement fort. Comme si les deux âmes des concernés finissaient par fusionner en une seule. ». Un cœur qui bat à l'unisson.

:copyright: ASHLING POUR EPICODE

Post II | Mots 509

Mer 09 Nov 2022, 17:57

Le charme dangereux des anémones de mer

☙ Sea Oleena - Shades of Golden

« Èibhlin ... » Je me tus comme pour goûter les syllabes dans ma bouche jusqu'à ce qu'elles paraissent familières. « C'est très joli. Je suis enchanté de vous rencontrer. » Mon sourire fit écho au sien, dégageant une chaleur qui rivalisait avec celle de l'astre suspendu dans le ciel dénué de nuages. J'étais heureux de l'orientation que prenait cette rencontre et je repris l'examen de mes trésors, plus lentement car la plus grande partie de mon attention demeurait fixée sur l'Elfe. C'était davantage pour occuper mes doigts que pour les admirer désormais. « Oui. Je revenais des bains quand je me suis retrouvé ici. » Mon regard quitta l'algue séchée par le sable et le soleil pour se braquer sur la jeune femme. « Oh, vraiment ? » Je disposai ma main à l'emplacement de mon coeur. « C'est une véritable chance pour eux deux. » Ajoutai-je religieusement. « J'espère qu'ils s'épanouissent dans leur Lien. Il n'y a rien de plus unique et de plus Beau que la relation entre deux Liés. » J'avais l'air très convaincu pour quelqu'un qui ne l'avait jamais vécu. Mais pour avoir passé tant d'heures à l'imaginer, tant de temps passé à lire tout ce que je pouvais sur le sujet que je pouvais presque sentir mon être tressauter à cette perspective. Je ne concevais pas ma vie en solitaire. Si l'on m'avait annoncé que jamais je ne trouverai mon Elu, je mettrai certainement fin à mes jours car il n'y avait rien que je désirasse plus que dédier ma vie et mon énergie à cet autre qui m'attendait, quelque part.

Réalisant que je m'étais perdu dans mes réflexions, je chassais l'expression rêveuse de mes traits pour reprendre pied sur la conversation. « Il est très fort, oui. J'aimerai aussi pouvoir dire qu'il est indestructible mais ce serait faux. Il y a aussi du vrai dans ce que vous dites. » Après avoir soigneusement écarté certains éléments, j'avais réunis quelques branches de bois flotté et je tirai le ruban crème qui retenait mes cheveux sur ma nuque. Les mèches encadrèrent mon visage concentré mais je n'y prêtai pas attention. En gestes ordonnés et habitués à cette manipulation, j'entrelaçai le lien entre les branches. « Je ne vous apprend sûrement rien, mais c'est comme lorsque l'on fixe une branche cassée à un autre arbre. En s'y prenant bien, et ce même sans magie, simplement avec du temps, la branche finit par s'unir à son nouvel arbre. Elle continue alors de croître, avec l'arbre. Ensemble. » Entre mes doigts, une couronne prenait forme et je nouai les extrémités du ruban avec un nœud solide. Mon index caressa ensuite lentement les filaments grisés du bois et sous l'impulsion de ma magie, des boutons d'un vert tendre germèrent sur son sillage. Mes sourcils se rejoignirent sous l'effort et les fleurs finirent d'éclore avec mon injonction silencieuse. Minuscules, leurs pétales mauves évoquaient la teinte des iris de mon interlocutrice et je lui tendis la couronne en fuyant son regard, gêné. « Pour vous. »

Message III | 538 mots

Lun 14 Nov 2022, 14:52

海鲸- par DannyLaiLai

Le charme dangereux des anémones de mer

En partit amusée par l'engouement dont faisait preuve le garçon pour lui parler de la nature du Lien entre une Orine et son Aisuru, la Nerethi demeura muette à écouter toutes ces informations méconnues que lui révélait le garçon . Ce qu'elle retint en priorité était que, à l'inverse du Lien des Anges, celui des Orines n'avait rien d'inaliénable. Jamais elle n'aurait parié cela. Les yeux rivés sur le travail qu'effectuait Andrea devant elle, la clone ne releva les yeux qu'à l'instant où il se lança dans sa métaphore. « Mais une branche mal brisée ou mal coupée ne peut que dépérir, fixée à l'arbre ou non. » compléta-t-elle à voix basse. La surprise la gagna soudain lorsqu'il lui tendit la couronne de nature. « Pour moi ? » répéta-t-elle bêtement sans effectuer un geste. Elle n'était pas certaine de la façon dont elle devait réagir avec ce garçon. Il émanait de lui une pureté et une gentillesse qu'elle n'avait pas pour habitude de côtoyer. « Merci. » se contenta-t-elle alors de répondre de la manière la plus simple possible avant se saisir de l'objet. Du pouce elle caressa l'une des fleurs le décorant. « Dis-moi, que se passe-t-il si une Orine voit son Lien brisé ? Comment la chose peut-elle arriver même ? ». Elle supposait une cause, mais n'en était pas certaine. Elle en savait trop peu sur cette race, ce qui était un comble alors que l'on avait prévu de l'envoyer étudier les manières et coutumes de cette race. « Cette Orine, Bellone, et son Aisuru. On ne peut pas dire qu'ils s'épanouissent tant que ça. Pour lui en tout cas. » ajouta-t-elle dans l'objectif de connaître son avis. « Du jour au lendemain elle a disparu. On dit qu'avant cela elle aurait été plongée dans un coma profond. Qu'aucun médecin n'a rien su faire pour la soigner, ni même n'a su expliquer l'origine de son mal. Cela fait tellement longtemps maintenant, tant que la seule personne à la croire encore en vie est son Aisuru. Et encore. Il semble commencer à se faire une raison. » expliqua-t-elle la situation. « À quel point l'absence d'une Orine peut-elle impacter son Aisuru et, surtout, leur Lien ? » le questionna-t-elle en relevant les yeux sur lui. D'ailleurs, à propos de Lien, il n'avait pas répondu à sa véritable question. « Ton Aisuru doit être quelqu'un de sincèrement bon. » fit-elle soudainement en levant légèrement la couronne, lui signifiant l'objet lui ayant soufflé cette supposition. « Tu sembles être épanoui dans ton Lien toi. » ajouta-t-elle avec aménité.

ASHLING POUR EPICODE

Post III | Mots 459

Dim 27 Nov 2022, 10:38

Le charme dangereux des anémones de mer

☙ Anna of the North - The Dreamer

Je hochai la tête. « C'est vrai. » Approuvai-je avec un demi-sourire. C'était une de mes phobies, de découvrir que mon potentiel Aisuru et moi-même n'étions finalement pas compatibles. « Je vous en prie. » Soufflai-je ensuite. Mes doigts de nouveau libérés s'accrochèrent sur le liseré de mon kimono pour le tordre. Ses questions me mettaient un peu mal à l'aise. Divulguer les détails de notre culture à une étrangère me paraissait malvenu et je décidais finalement d'éluder ses questions. « Une rupture peut arriver de différentes façons. J'imagine que cela s'apparente à un couple, même si la comparaison resterait erronée. Je pense qu'il faut le vivre pour le comprendre. Ce que vous m'apprenez sur eux me désole. Cela fait-il longtemps qu'ils sont liés ? Une Orine devient en quelque sorte la muse de son Aisuru. Elle l'inspire, de diverses manières même si la première reste son Art. Je pense que l'impact est différent selon le Lien tissé entre les partenaires. S'il en souffre autant, c'est qu'il doit être très fort. Il fait partie de votre famille ? » Cela semblait être le cas, autrement elle n'aurait pas posé autant de questions. Peut-être même était-elle sa compagne ? Les tiers intégraient parfois difficilement une Orine dans leur cercle et pouvait devenir l'objet de jalousie. Si Èibhlin souffrait de la relation entre l'Orine et son Aisuru, peut-être était-il en mon pouvoir d'éclaircir certains malentendus pour apaiser la situation ? Toutefois, je ne désirais pas m'imposer dans ce qui ne me regardais pas et je gardai pour moi mes pensées.

« Oh euh, je ne suis pas encore lié. » Avouai-je dans un murmure presque honteux. Je tournai mon regard vers l'océan et remontai mes genoux contre ma poitrine comme si cela pouvait dissimuler l'immense vide qui se creusait dans ma poitrine. Le dire donnait une nouvelle réalité à cette absence dans ma vie. Avant même être lié, je souffrais de son absence. Je me sentais comme une coupe vide qui attend d'être remplie. Qu'est-ce que j'attendais au juste ? C'était l'appréhension qui me ligotait. J'avais nourri tellement d'attentes que je craignais désormais d'être déçu autant que de décevoir. N'avais-je pas idéalisé la chose tant j'en avais rêvé ?

« Est-ce que vous avez visité l'île ? » Fis-je pour changer de sujet. « Je n'ai vu que la plage. Peut-être devrions-nous chercher à manger ? J'ignore comment revenir chez moi et nous ne savons pas combien de temps nous allons rester ici. » Je n'avais pas encore faim, mais j'avais soif. Je n'en dis pas un mot, préférant garder pour moi mon malaise en attendant de trouver une source naturelle. Je me relevai en douceur pour éviter le vertige puis tendis une main vers l'Elfe pour l'aider à se relever.

Message IV | 523 mots

Dim 27 Nov 2022, 21:57

海鲸- par DannyLaiLai

Le charme dangereux des anémones de mer

Attentive, Eibhlin écoutait les explications de son vis-à-vis sans un mot. Si elle pensait connaître les Orines, échanger avec elles lui faisait prendre conscience que ce n'était absolument pas le cas. Au contraire. Et, au milieu de ses réflexions, ses lèvres pincées se dessinèrent en un sourire difficilement réprimé. « Non. C'est... ». Comment qualifier sa relation avec Jämiel ? Ce n'était certainement pas une amitié, cette notion relevant bien plus du mensonge qu'autre chose chez eux. «... une excellente connaissance. Ou plutôt un camarade, partenaire en affaires. ». Non, ce n'était toujours pas ça. « Je n'avais jamais pris conscience que notre relation était si compliquée à nommer. » rit-elle, gênée. « Pour faire simple, il m'a aidé un jour où j'avais besoin d'aide. Avec le temps une certaine forme de rivalité est née, notamment à cause d'événement indépendant de nous. Pour autant, nous avons décidé de ne pas nous nuire mutuellement. Au contraire. ». Un de ces pactes inaltérables, signé par le sang. Une décision que certains pourraient qualifier de ridicule. Pour autant, elle savait que la volonté de l'Arcesi était plus forte que la sienne. D'autant qu'elle n'avait toujours pas eu l'occasion de payer sa dette. En cela elle avait conscience qu'elle se retrouvait dans une situation de faiblesse par rapport à lui, même considérant son statut. « Je me dis que, à savoir ce qu'il peut ressentir, il sera plus aisé de se montrer empathique envers sa personne. » bien que ce ne soit pas la raison principale l'ayant poussé à questionner son vis-à-vis. « Et puis, surtout, mes percepteurs souhaiteraient que j'intègre le groupe des Geishas. C'est assez intimidant à vrai dire de se jeter au milieu d'une population qu'on ne connaît que de l'extérieur. Peut-être serais-je plus sereine avec quelques connaissances plus appuyées. ». Cette fois, ses mots étaient des plus sincères.

Puis ce fut la surprise qui la gagna. « Ah oui ? ». Il parlait avec tant d'intensité de la relation entretenue entre une Orine et son Aisuru qu'elle avait été persuadée qu'il était lié à quelqu'un. « J'étais convaincue que si tant tu sembles connaître la force de ce Lien. ». En même temps, elle put découvrir une forme de malaise s'emparer du garçon à cet aveu. Cette absence de Maître semblait le travailler. Elle se remémora ses leçons de bienséances pour dessiner son visage d'un air amène. « Il y a des choses où se précipiter ne fait que nuire à la personne. Ce n'est pas une maigre décision que de choisir avec qui lier sa vie. ». Elle savait de quoi elle parlait. Elle en était terrifiée. « Quand le temps sera venu, alors le Lien se forgera. »

D'un signe de la tête, elle répondit par la négation à son interrogation. « Pas entièrement. Seulement les alentours et la maison. Elle est équipée mais personne ne semble l'habiter. » fis-je en tournant les yeux sur l'habitation. « Plutôt que s'ennuyer à faire les explorateurs, autant profiter de ce qu'il s'y trouve avant visiter le reste de l'île. Je n'ai pas vu s'il y avait de quoi manger par contre. ». Elle l'espérait. Elle n'avait pas l'âme d'une aventurière. La dernière fois elle était sortie toute ankylosée de ses acrobaties dans les arbres. « Si non ce sera l'occasion de découvrir les ressources de l'île, en effet. ». De toute façon, elle ne comptait pas rester dans cette tenue s'ils devaient s'aventurer dans la jungle miniature. Un passage à l'intérieur était donc obligatoire.

ASHLING POUR EPICODE

Post IV | Mots 589

Sam 03 Déc 2022, 20:33

Le charme dangereux des anémones de mer

☙ Anna of the North - The Dreamer

Avec une serviette humidifiée à l'eau fraîche en circulation dans un réseau en bambous dans la salle de bains, je me tamponnais le visage en observant mon reflet. Peu à peu se dessinait l'ombre de l'adulte sur ces méplats qui s'affinaient sans réussir à se décider sur le masculin ou le féminin mais s'harmoniseraient éventuellement sur un entre-deux. Sculptés avec la délicatesse caractérisant mon peuple, ces traits s'encadraient de cheveux de plus en plus longs que je m'occupais de recoiffer. Toutefois, ce n'était pas sur mon apparence que mes pensées s'arrêtaient, mais sur l'Elfe que j'avais laissé dans la pièce de vie, sur ce qu'elle m'avait appris au cours de notre conversation. Un petit sourire éclaira mon faciès. Elle était gentille, intéressante et intéressée. J'étais chanceux d'être en sa compagnie et j'avais hâte d'en apprendre davantage sur son quotidien, sur ce qui pouvait la rendre heureuse ou ce qui la déplaisait, sur ses aspirations, surtout depuis que je savais qu'elle souhaitait lier son destin au nôtre.

En apprenant l'existence d'une maison sur l'île, nous nous étions mis en route et, soucieux de mon hygiène, je m'étais peu après excusé pour aller me rafraîchir et me changer si possible, mon kimono étant bien peu adapté au climat sur l'île. S'il faisait toujours beau sur les Terres d'Emeraude, les températures étaient idéales pour pratiquer toutes les activités souhaitées, ni trop chaudes, ni trop froides ; or je suffoquais sous les couches de tissu qui m'enveloppaient actuellement.

Je déambulais ensuite nu dans la chambre à la recherche du meuble contenant des affaires de rechange. Ebly procédait-elle de même dans sa chambre ? Je clignais des yeux précipitamment pour en chasser ce que l'imagination y avait placé. Curieux, je plaçais ensuite sur le lit les différents vêtements qui n'avaient rien à voir avec ce que je portais communément. J'optais finalement pour une tunique longue en soie céruléenne, vraisemblablement féminine et probablement plus adaptée pour vaquer dans la maison qu'à une exploration sur une île mais les pantalons n'attiraient guère ma sympathie, hormis celui à large ourlets aux chevilles mais bien trop chaud pour que j'envisage de le porter et elle avait eu l'air de souhaiter profiter des facilités à disposition avant de découvrir le reste de l'île.

« Excusez-moi, je n'ai pas pris trop de temps ? » Pieds nus, je venais de rejoindre l'Elfe dans la pièce de vie. « C'est très curieux comme architecture, très différent de ce que je connais. Est-ce que vous avez aussi un grand tissu transparent autour du lit ? Je me demande à quoi ça sert. » Je me montrais plus détendu qu'à notre premier échange. Après tout, une apprentie Geisha ne pouvait pas souhaiter me nuire et je me sentais moins maladroit maintenant que nous avions pu bavarder.

Message V | 496 mots

Sam 07 Jan 2023, 15:06

海鲸- par DannyLaiLai

Le charme dangereux des anémones de mer

Puisque la baignade ne semblait plus être d'actualité, Èibhlin avait elle aussi rejoint la chambre qu'elle s'était appropriée plus tôt, à la recherche d'une tenue bien plus correcte que celle actuelle. Détaillant les vêtements disponibles, elle s'interrogea sur l'identité de la personne ayant battit cette demeure et conçut cette garde-robe. Ce n'était pas un Alfar, c'était une première certitude. Elle aurait d'abord dit qu'il eut s'agit d'un Déchu ou une race équivalente, de celles se souciant peu de l'étiquette. Elle opta ainsi pour l'une des tenues se rapprochant le plus de celles de Drosera, une robe fluide, légère et colorée. La différence vraiment flagrante était qu'elle était bien plus dénudée que celles de la Majestueuse. Elle décida ainsi, en constatant un large décolleté, d'enfiler la robe à l'envers, de sorte que ce soit son dos qui se trouve découvert plutôt que sa poitrine. Après un regard dans le miroir, elle sourit, satisfaite. On ne voyait pas que la robe n'était pas mise correctement. En soi, ce n'était pas tant la nudité qu'elle cachait à l'Orine — c'était trop tard pour ça. C'était plutôt une question de bienséance, en plus de se préserver un minimum dans le cas où elle aurait fait fausse route et qu'un nouvel inconnu arrive. Elle avait d'autant moins confiance si ce dernier était un Ange Noir. Alors enfin elle rejoint le grand salon dans lequel elle s'était séparée d'Andrea.

Attendant l'Orine, la Nerethi se resservi de l'eau de coco — c'était frais, agréable — et s'installa sur un épais fauteuil, face à la terrasse et offrant une vue dégagée sur l'étendue bleue. Le bruit des vaguelettes allantes et venantes était apaisant. Le silence aussi, seulement brisé du chant des oiseaux cachés dans les arbres. Une musique douce et sereine. Rien de semblable à ses terres de naissances. C'était aussi agréable que dérangeant. Elle n'en avait pas l'habitude. Cet environnement sciait mieux à une Ygdraë qu'à une Alfar comme elle. Peut-être valait-il mieux, pourtant, qu'elle le demeurât encore pour l'instant, même si elle savait que viendrait un moment où elle sera obligée de se révéler si l'échange durait de trop.

La Nerethi se trouvait si profondément plongée dans ses songes qu'elle n'entendit pas le blond approcher, entraînant un sursaut surprit à ses paroles. « Non. Et puis, il y a pire endroit où attendre de toute façon. » sourit-elle après s'être tournée vers lui. « Il n'y a pas de baldaquin chez vous ? » le questionna-t-elle, avant de tenter un semblant de réponse. Une rougeur commença à teinter ses pommettes face à une gêne grandissante. « Eh bien, le tissu est généralement plus épais. Et opaque. On peut trouver des baldaquins autour des structures religieuses importantes, des trônes parfois, ou autour des lits des personnages importants. Pour les abriter, les cacher aux yeux d'êtres indignes de poser leurs regards dessus. ». Était-ce du moins le principe de base. Mais comme tout, ça avait fini par être détourné. Dothasi, jamais elle n'aurait imaginé un jour expliquer ce genre de chose à un presqu'inconnu. Le regard fuyant, elle entortilla une mèche de cheveux autour de son index, bien trop gêné. « Après, ce principe a été utilisé autrement. Surtout chez des races plus... Hum... Libérées. ». Ce qui l'avait d'ailleurs pousser à songer à ces dépravés d'Avalon. Il était d'ailleurs bien triste que la ville bibliothèque se trouvât chez eux. Une œillade sur Andrea lui fit comprendre qu'une précision supplémentaire était nécessaire. « Sexuellement parlant, je veux dire. » précisa-t-elle ainsi sans oser regarder le garçon à ses côtés. « Mais j'imagine que ça peut protéger des insectes également, ce doit être pour ça qu'il y en a d'ailleurs, oui. » ajouta-t-elle vivement, sans pour autant y croire totalement. « Tu as faim ? J'ai vu qu'il y avait des fruits, je n'ai pas regardé s'il y avait autre chose. » changea-t-elle de sujet tout aussi rapidement qu'elle quitta son assise.

ASHLING POUR EPICODE

Post V | Mots 655

Jeu 19 Jan 2023, 09:30

Le charme dangereux des anémones de mer

☙ Anna of the North - The Dreamer

« Excusez-moi, je ne voulais pas vous effrayer. » Ma venue avait interrompu le fil de ses réflexions et je m'assis dans le fauteuil jumeau au sien. Par delà la terrasse boisée, la jungle nous englobait comme un cocon végétal. Menée par la curiosité, ma main fouilla le rangement sous la table basse et y découvris entre autres objets une paire d'éventails. J'en tendis un à l'Elfe en l'écoutant parler et déployai le mien pour m'octroyer un semblant d'air. « J'en ai déjà vus en effet, avec des rideaux épais. » Confirmai-je. Ignorant la source de sa gêne, j'orientai mon regard sur le paysage pour la libérer du poids visuel de mon attention. Une pergola frangée de larges feuilles séchées nous protégeait du disque lumineux et en tripotant les hanses du fauteuil, un mécanisme caché se déclencha pour que coulisse une bande transformant l'assise en méridienne d'extérieur. Ravi, j'étendis mes jambes pour m'installer confortablement.

Je lançai un regard interrogateur sur Èibhlin qui trébuchait désormais sur ses explications. « Oh. » Je me permis un léger sourire amusé. Le sexe devait être un terrain vierge pour provoquer un tel embarras et n'étant pas taquin, je ne l'encourageai pas à développer l'intérêt des lits à baldaquins pour cette activité bien que le sujet parut des plus intéressants. Mon imagination ferait l'affaire.

« Vous savez beaucoup de choses, vous êtes très cultivée. C'est agréable. Mais étant donné la transparence de nos rideaux, ce doit être pour les insectes. Il y en a très peu là d'où je viens, nous n'avons donc jamais eu besoin de ces dispositifs mais c'est ingénieux. » Sa question me fit lever les yeux à la recherche du soleil. « Je crois que la nuit ne va pas tarder à tomber. J'ai appris que dans les régions avec ce climat, la nuit survenait rapidement. Nous pourrions tout simplement préparer à manger, qu'en dites-vous ? » Je me levai à mon tour et pénétrai à l'intérieur.

Sur le plan de travail de la cuisine, quelques ingrédients étaient disposés. En prenant un fruit pour le humer et examiner sa texture, je m'aperçus qu'il était aussi frais que s'il venait d'être cueilli. « Soit nous venons de rater le propriétaire, soit de la magie est à l'œuvre ici. J'aurai tendance à pencher pour la seconde option, et vous ? » Mon regard fit l'inventaire de ce qui était à notre disposition. « Vous aimez le riz et les épices ? »

Message VI | 426 mots

Lun 22 Mai 2023, 22:40

海鲸- par DannyLaiLai

Le charme dangereux des anémones de mer

Le compliment fit sourire l'Alfar. Ces choses étaient rares à Drosera. Même au sein de la famille il était difficile d'en obtenir. Alors elle qui n'en avait pas. Toutefois, lorsqu'ils tombaient, on pouvait être quasiment certain qu'ils étaient sincères. Dans sa situation de Nerethi Rararyn sans le moindre héritage tout du moins. C'était pour cela qu'elle s'en contentait. Elle savait qu'un jour ils seraient majoritairement fallacieux « Mes précepteurs sont assez sévères sur le sujet de la culture. ». Ils étaient sévères tout court en réalité. « Il parait que les Terres d'Emeraudes sont particulièrement calmes, oui. Je n'ai encore jamais eu l'occasion de m'y rendre cependant. » commenta-t-elle en se tournant vers l'une des plantes décorant l'habitation, y visualisant la verdure qui caractérisait la terre des Orines. Elle avait toujours utilisé la téléportation pour rejoindre d'autres territoires. « J'espère pouvoir m'y attarder un jour. » ajouta-t-elle en se retournant sur Andrea. Si Elva et Cerys comptait l'introduire aux Geishas, la probabilité que chose se fasse était grande.

Èibhlin suivi le regard du blond pour rejoindre le soleil descendant, caché en partie par la végétation. Seule la luminosité s'atténuant en ton pastel laissait deviner sa disparition prochaine. Elle ne s'en inquiétait pas. Elle n'imaginait pas un instant les ténèbres de l'île terrifiantes, ni même dangereuses. « Cela me parait être une bonne idée. » confirma-t-elle sans détacher son regard de l'horizon calme. Elle regrettait ne pas avoir son matériel à dessin. Ce fut de le sentir s'éloigner qui la mena à reporter son attention sur l'Orine, déjà dans la cuisine. « Espérons-le surtout. » commenta-t-elle en se levant à son tour. « Il nous suffira de nous excuser sinon. » continua-t-elle en ouvrant un placard où elle découvrit une quantité incroyable d'épices en tout genre. « Expliquer que nous croyons les lieux inoccupés. ». Ce qui était totalement le cas. Elle attrapa l'un des pots et l'ouvrit pour y mettre le nez. Elle le referma juste après, avant qu'un éternuement ne lui échappe. Ça ne sentait pas mauvais, bien au contraire. Cependant, ça sentait particulièrement fort. « Quand ce n'est pas trop épicé, oui. » répondit-elle en rangeant le pot, le nez toujours piquant de l'odeur. Elle se dirigea vers un autre placard, plus à hauteur d'homme que le précédent. Cette fois elle fut saisie d'un frisson glacé, écho au vent frais qui se dégageait de l'intérieur. C'était inattendu. Elle avait eu vent de ces armoires magiquement réfrigérés. C'était cependant la première fois qu'elle en voyait un. « J'ai trouvé les légumes. ». En même temps elle s'en saisit de quelques uns avant de refermer le placard. « Émincés avec, ça ira ? ». Elle attendit confirmation avant de s'installer sur le post de travail face à l'Orine pour se mettre à l'ouvrage. Elle lui jeta alors une courte œillade indécise. Son esprit bataillait à nouveau entre le désir de révéler son identité raciale avant qu'il ne l'apprenne par d'autres biais qui risqueraient nuire à ce semblant de relation, et celui de conserver soigneusement ce détail pour elle avec l'assurance que rien ne changeât dans son attitude. La vie était si simple ainsi, sur cette île. C'était apaisant et, pourtant, elle avait la sensation qu'elle finirait à terme par se lasser de cette tranquillité si elle demeurait ici trop longtemps. « Toutes les Orines ont un art de prédilection, non ? Quel est le tien? ». En même temps qu'elle ponctua sa phrase, elle se rendait compte qu'elle passait bien plus de temps à l'interroger qu'inversement. « À titre personnel, je dessine beaucoup et fais de la musique. Je crois que j'ai commencé les deux à peu près en même temps d'ailleurs. ». Elle n'arrivait pas à se souvenir lequel elle avait eu ses faveurs le premier. Elle détourna alors les yeux une seconde lorsqu'Andrea prit la parole à son tour. Sa main fut cependant plus vive que son regard, le couteau glissant sur sa peau avant même qu'elle n'y reporte son attention. Dans un gémissement de surprise douloureuse, la clone lâcha l'ustensile qui rebondit bruyamment contre la planche à découper tandis qu'elle portait la blessure à ses lèvres.

ASHLING POUR EPICODE

Post VI | Mots 695

Jeu 29 Juin 2023, 22:33

Le charme dangereux des anémones de mer

☙ Anna of the North - The Dreamer

« C'est vrai. Nous devrions prévoir d'assez grandes quantités. Comme cela, nous pourrons le proposer aux propriétaires s'ils devaient revenir. Autrement, cela nous sera utile demain. » Sur cette conclusion satisfaisante, je prélevai du riz à l'aide d'une large cuillère en bois poli et allai le laver à un robinet disposé près du sol. Accroupi en équilibre sur la plante des pieds, je glissai de temps à autre un regard à ma binôme pour la découvrir étirée de tout son long à fouiller dans les rangements. « Fantastique ! Oui, ce sera parfait. » Je me relevai et me tournai vers une large assiette en pierre ovale. Nous avions les mêmes à Maëlith. Je fis glisser le récipient contenant le riz dessus et après quelques secondes, la pierre se mit à rougir. Laissant la magie opérer sur la cuisson, je revins auprès d'Eibhlin pour voir où elle en était et comment me rendre utile. Naturellement, je me glissai dans sa routine et me mit à éplucher des légumes ressemblant à des pommes de terre dégageant une odeur de farine acide, lui laissant le soin de les émincer.

« Oh ! » Mon exclamation jaillit sans aucune maîtrise et je rougis. « Pardon. C'est juste que la coïncidence est frappante. » Or, je ne croyais pas aux hasards. Le destin savait parfaitement ce qu'il faisait. Ou plutôt, Hahanaru Shizen le savait, ce qui n'était pas mon cas. Je mis de côté ce mystère pour le décortiquer plus tard, dans la solitude de mon lit.

« Je fais aussi de la musique. Je suis harpiste, depuis enfant. Et, depuis quelques temps, je me suis pris de passion pour un second Art. » D'un mouvement du poignet, je fis reculer ma manche pour dénuder mon bras. Ce dernier était constellé de minuscules ébauches, mais c'était une en particulier que je voulais montrer à l'Elfe. Dans le creux de mon coude, une martre dressait l'oreille, une patte levée, comme sur le point de s'enfuir une fois sa curiosité rassasiée. Des nombreux tatouages parcourant mon corps, celui-ci était le seul qui soit permanent. « Il s'agit de ma compagne, Fei. Elle est restée à moitié sauvage. Je ne sais généralement jamais où elle est fourrée, même si la réciproque n'est pas vraie. » À mes mots, Fei prit vie, huma l'air et tout son poil frémit. Prestement, elle disparut derrière mon bras, à l'abri de nos regards. Je souris, charmé bien qu'il ne s'agisse que d'une imitation de la petite bête qui avait élu domicile chez moi. « Je me suis fait moi-même ce tatouage, avec l'encre que produisent ses larmes. Ce sont des larmes naturelles, bien sûr, jamais je ne lui ferai de mal pour les obtenir. Elles donnent vie à mes tatouages. » Je secouai mon bras pour que la manche retombe. « Comme la harpe, je pratique aussi souvent que possible, mais pas aussi souvent que je le voudrais. Je progresse trop lentement à mon... Oh par Geomi ! » Sourde à mon imprécation, une énorme larme d'un rouge presque noir perla sur le doigt de la jeune femme, suivie d'une autre, puis d'une autre encore avant qu'elle ne fit disparaître le doigt dans sa bouche. Affolé, je regardai de chaque côté. « Je reviens ! Ne bouge pas ! » Le vouvoiement s'était perdu dans la panique et je me précipitai hors de la pièce.

Je revins presque aussi vite, j'avais couru, manquant de me rompre le cou sur le sol lisse d'imperfections, muni de plusieurs linges et de lanières. J'humidifiai un carré. « Est-ce que je peux ? » Lui demandai-je en tendant ma main pour prendre la sienne. Avec d'infinies précautions, je pressai le tissu contre le doigt blessé, grimaçant quand je le vis aussitôt se teinter de rouge. « Est-ce que ça fait mal ? » M'inquiétai-je. « Le saignement n'a pas l'air de vouloir s'arrêter. » Je pris un nouveau carré propre dont j'enveloppais son doigts, puis le maintins avec une des lanières. « Je suis désolé, je dois serrer le nœud. Il faut de la pression, au moins le temps que tu arrêtes de saigner. » Mes yeux remontèrent jusqu'aux siens. De près, leur violet prenait plusieurs nuances et je m'y perdis, réfléchissant à comment reproduire de telles couleurs et comment les rendre aussi vives. Je me penchai davantage, la tête inclinée sur le côté avant de réaliser la proximité que je venais de lui imposer. « Désolé ! » Je repris aussitôt mes distances et balayai l'espace de travail du regard. « Au moins, nous avions presque terminé. Je vais mettre les légumes avec le riz à mijoter, ajouter les épices et nous pouvons aller nous rasseoir au salon le temps que ce soit prêt. » Je m'exécutai déjà tout en parlant.

Message VII | 805 mots

Mar 18 Juil 2023, 23:02

海鲸- par DannyLaiLai

Le charme dangereux des anémones de mer

L'exclamation de l'Orine surprit autant Èibhlin que la facilité avec laquelle elle s'était coupée. À l'entendre et à le voir agir, on croirait qu'elle s'était amputée d'un membre entier. Alors ses lèvres s'étirèrent sur son visage. C'était donc ainsi que réagissaient les êtres bons lorsque l'on se blessait ? N'était-ce pas légèrement exagéré comme réaction ? Ce n'était qu'une petite coupure. Elle le laissa cependant agir. Rien de ce qu'elle aurait pu dire ou faire n'aurait empêché Andrea d'agir en infirmier. Elle se contenta donc de s'exécuter à la place et lui tendre la main blessée. « Non, ça va. » le rassura-t-elle malgré la crampe qui saisit son estomac à l'application du tissu, retenant une grimace afin de corréler son expression à ses mots. Avec attention elle suivait des yeux les gestes précis et délicats du blond jusqu'à égarer son regard sur la pièce de tissu devenue en partie écarlate. Un tableau se dessina sous ses yeux. Un tapis de neige immaculé couvrait le sol et les arbres à nu. Des flocons valsaient dans le ciel noir, tombant au sol avec réticence. La lueur d'argent de la lune faisait briller la neige comme des milliers de diamants agglutinés. Là, dans un coin du tableau, une aquarelle rouge teintait ce tapis glacé. Rosé d'abord. Éparse. Et, à mesure que l'on se rapprochait de la source de cette coloration, l'aquarelle se faisait plus vive. Plus intense. Là, au centre de la fleur écarlate, un corps, étendu, aussi pâle que la neige autour. Elle papillonna des yeux à la nouvelle intervention d'Andrea qui la sortit de cette rêverie. « Ne t'inquiètes pas. Ce n'est pas un problème. ». Elle avait su endurer les corsets des Sorcières, un bout de tissu sur son doigt devrait être supportable. À nouveau ses paupières s'agitèrent à cause de l'Orine. Non pas à cause de ce qu'il aurait pu dire, mais plutôt de ce qu'il était en train de faire. Lui-même ne semblait pas en avoir pris conscience à en voir sa réaction suivante. Elle en sourit. « Très bien, faisons comme ça. » affirma-t-elle sa proposition en attrapant le couteau pour le mettre dans une bassine d'eau avant que le sang ne sèche sur son fil et l'endommage.

Lorsqu'Andrea rejoint à son tour le salon, la Nerethi se trouvait appuyée sur le chambranle de la porte extérieur et avait son regard plongé dans l'immensité bleue de l'océan. Elle ne s'en détourna qu'à la seconde où elle l'entendit approcher. « Tu as déjà pris la mer ? » l'interrogea-t-elle en ramenant son attention sur le lagon. « Ça m'est arrivé une seule fois. Enfin, deux si on compte le retour. ». Elle en gardait un souvenir mitigé. Probablement plus à cause de la raison l'ayant mené à prendre ce navire qu'au voyage en lui-même. « Moi aussi je joue de la harpe. » déclara-t-elle ensuite sans transition en se tournant tout à fait vers Andrea. « On pourra en jouer ensemble si l'on devait se revoir. ». Elle l'espérait. Il était une bouffée d'air frais dans son univers suffocant. « C'est amusant les coïncidences parfois. » ajouta-t-elle, songeant qu'il était intrigant que, parmi la myriade d'instruments existants, ce garçon soit un harpiste.

ASHLING POUR EPICODE

Post VII | Mots 540

Dim 06 Aoû 2023, 10:18