Un long soupir. Fini. Tout était finit désormais, je méritais bien un peu de repos maintenant. Moi et une jeune Elémentale venions tous juste de régler le problème des braconniers qui sévissaient dans la région en chamboulant ainsi l’habitat des animaux de la région, perturbant la chaine alimentaire, ainsi que les quelques habitants qui habitait aux abords ou dans la forêt même.
Je me posai un instant contre un arbre, trop fatigué pour bouger ou me transformer, juste une petite pause rien de plus, j’avais eus mon lot d’émotion et d’action pour la journée. Je fermais les yeux quelques secondes, juste le temps de reprendre assez de forces pour repartir, mais sans m’en rendre compte, je m’évadai aussitôt dans les bras doux et réconfortant de Morphée qui m’accueillit avec joie. Juste une petite sieste alors.

Rouvrant subitement les yeux, je me réveillai en sursaut tout en prenant une grande bouffée d’air. Totalement perdu et quelque peu affolé, je regardai autour de moi, cherchant à savoir ou j’étais. De l’herbe, des arbres. Une forêt. Les rouages de mon esprit s’activèrent un à un, faisant le tri dans mes souvenirs à une vitesse folle. Qu’est-ce que je faisais ici ? Pourquoi ? Comment ? Toutes mes questions restèrent un instant sans réponses jusqu’à ce que soudain, une illumination dans les yeux, tout me revint. Ma rencontre avec cet homme, l’attaque de la bête, cette fille étrange et les braconniers, tout cela ainsi que ma soit distante petite sieste.
Un soupir de soulagement s’échappa de ma bouche, au moins j’étais toujours vivant. Frottant mes yeux, je me mis à bailler longuement avant de finalement me mettre debout. Il me fallait reprendre la route désormais et trouver un vrai lit cette fois-ci.
Les plumes commencèrent alors à recouvrir mon corps qui lui se recourbait tout en se rétrécissant, et peu à peu je pris ma forme de corbeau. Battant doucement des ailes, je finis par décoller et m’envoler au-dessus de a cimes des arbres, suivit aussitôt par Munnin qui m’attendait depuis un temps déjà.

Planant quelque peu au hasard dans le ciel, j’étais à la recherche du moindre signe de civilisation, une ville ou un village pour être précis, et si possible habité. Mais le hasard faisait bien les choses et déjà il me semblait apercevoir ce qui ressemblait à des structures faites, sans aucun doute, par la main de race dites intelligentes.
Je me posai alors non loin de la ville à l’architecture assez étrange, celle-ci étant composée de divers plateaux posés les uns sur les autres. Reprenant ma forme humaine, je me rééquipais comme il se doit et me dirigeais alors vers la cité.
Je m’approchais maintenant de l’entrée de la ville, totalement serein et détendu, loin du danger, mais j’étais si détendu que je ne vis pas l’étrange silhouette non loin, près d’un mur. Une chevelure d’un noir corbeau, des ailes toutes aussi sombre, le tout donnant un air assez sinistre. La peur m’envahis aussitôt, pensant avoir à faire à une sorte d’esprit de la mort ou autre créature maléfique, je courus rapidement me cacher derrière l’arbre le plus proche.
Je restais un instant comme cela, adossé contre le tronc de se qui me servait de cachette. Mais ne voyant n’y entendant quoique ce soit arrivé, je penchai alors doucement ma tête sur le côté afin d’observer l’étrange individu que j’avais aperçu précédemment. Cela devait bien être comique pour celui ou celle qui m’observait en train de sortir ma frimousse de bête apeurée de derrière l’arbre. Mais timidement je lâchais un simplement mot avec hésitation.

Heum… heu… Bonjour…

Spoiler:

La tête penchée sur le côté et à moitié caché par l’arbre, j’observais toujours l’étrange créature qui était en face de moi. Fronçant les sourcils j’essayais de scruter cette dernière avec intensité, proche de l’impolitesse, profitant du fait qu’elle ne regardait pas dans ma direction. Et alors, ce que j’avais crus être une créature démoniaque au départ ne semblait pas en être une tout compte fait. D’après la physionomie de celle-ci, je pus en déduire facilement que c’était une fille, plutôt jolie d’ailleurs à bien y regarder et elle n’avait pas l’air méchante du tout, quoique les immenses ailes noires dans son dos m’effrayaient quelque peu.
Les yeux toujours rivés sur la jeune femme, celle-ci tourna alors soudainement son regard vers moi. Sursautant sur le coup en croisant ses iris d’un bleu éclatant, j’hoquetais de surprise tout en redressant la tête afin de me cacher, tel un voyeur prit en flagrant délit. J’avais, de façon dérisoire, espéré qu’elle ne mets pas vue, mais malheureusement le son de sa voix qui retentît m’indiqua aussitôt du contraire. Je restais alors un instant adossé contre le tronc de l’arbre qui me cachait encore. Est-ce que je devais sortir ou non ? Réfléchissant à la question, j’entendis de nouveau la voix de la jeune femme. Que me disait-elle ? Si j’avais vu… des gens dans la forêt ? Elle venait d’utiliser un mot bizarre pour les définir, mais je sortis de ma cachette, timidement, les joues rougies et le regard rivé sur mes pieds, n’osant pas croiser les yeux de l’inconnue.
Cette dernière me posa alors de nouveau la même question de précédemment en changeant quelques mots. Je compris alors qu’elle devait chercher des gens ivres qui devaient être perdu dans la forêt. Elle avait de drôle de question quand même. Qu’est-ce que je faisais là d’ailleurs ?

Observant mes pieds, je ne savais pas trop quoi dire de plus, ne pouvant pas l’aider dans ses recherches je n’allais pas lui être d’une grande utilité. Pensant qu’elle allait me laisser là et demander ailleurs, celle-ci se présenta alors, tout en me redemandant si jamais vu des gens dans la forêt. Je bafouillais alors, avant de secouer la tête pour signifier que non, et je rajoutais alors, hésitant et rougissant.

Heu… je… Fran… heu… m’appelle Fran…

Mon morceau de phrase finit, je fixais encore et toujours mes pieds, quand soudain, relevant la tête, j’observai Belkeysrin d’un air intrigué. M’avait-elle parlée ? Je la regardais étrangement, avant de remarquer le serpent près d’elle. Apparemment elle pouvait aussi communiquer avec lui. La jeune femme me proposa de l’approcher, mais je restais à ma place, le regard fixé sur cette dernière, je ne remarquai que maintenant que ses ailes avaient disparue. Qui était-elle ?
Je n’eus pas besoin d’attendre la réponse longtemps, celle-ci me le dit alors quelques temps après. Une déchue. Je fis fonctionner mes méninges, tentant de me remémorer les cours que l’on m’avaient inculqués sur les différentes races qui composaient notre monde. Cela me revint. Elle devait être un ange à la base, ce qui expliquait sa beauté, mais celle-ci avait aussi été bannie par les siens pour avoir violer l’un des sept péchés, ce qui expliquait aussi les ailes et leur couleur.
Pendant un instant je me mis à sourire bêtement devant mes déductions, avant de revenir à la réalité. Ma race ? A moi ? La peur passa un instant sur les traits de mon visage, avant de ressaisir. Non, je n’avais rien à craindre, je pouvais lui dire sans crainte mon appartenance.

Heuu… Béluas… Je suis Béluas…

Je baissais immédiatement les yeux en rougissant.
La Déchue me proposa ensuite de venir avec elle dans la forêt. Vraiment ? Pourquoi moi ? Je n’eus pas le temps de répondre, interrompus par la chute d’un objet brillant qui atterrît sur mon crâne avant de rebondir sur le sol. Frottant ma tête endoloris, je remarquai aussitôt Hugin, mon corbeau qui planait au-dessus de moi en croassant, fier de sa trouvaille qui n’était rien d’autre qu’un couvert en argent. Celui-ci vint ensuite se poser sur mon épaule, comme son congénère en avait pris l’habitude depuis longtemps déjà. D’ailleurs l’intéressé vint lui aussi se poser sur mon autre épaule. Manquait alors le dernier élément au tableau, le Liroa, le petit chaton blanc vint alors se frotter contre mes jambes en ronronnant.
Belkeysrin devait certainement me regarder bizarrement devant cette soudaine arrivée. Je la regardais, un peu gêné, avant réussir à bafouiller.

C’est… Heu… Je… C’est… mes compagnons…

HRP:

Quelque peu gêné par l’apparition soudaine de toute ma compagnie, ceux-ci ayant bien choisit le moment pour arriver, je baissais les yeux pour fixer l’herbe au sol. Mais je les relevai bien vite, attiré par le son d’une deuxième voix, autre que celle de la Déchue. J’observais avec beaucoup de curiosité l’inconnu qui se tenait près de cette dernière, il avait les cheveux d’un blanc légèrement poivré, mais outre cela et sa tenue vestimentaire, je m’attardais plus avant sur ses yeux d’un bleu délavée, voire translucide. Il y avait quelque chose qui me dérangeais en les voyant, je m’évertuais alors à savoir quoi en profitant du fait que Leila et ses compagnes soient en train de se crêper le chignon entre eux.

La fait qu’il soit aveugle était fort probable, l’homme avait le regard lointain et ses yeux ne s’étaient, pour l’instant, pas du tout posé sur moi, pourtant j’étais assez près pour qu’il n’ait pas à me chercher trop loin.
Enfin, j’abandonnai ma recherche lorsque la jeune femme se tourna vers moi. La fixant, je fis une petite moue gênée et légèrement désolée du fait que Hugin ait réveillé Neko, son compagnon, en faisant tomber le couvert qu’il avait trouvé. La déchue m’expliqua alors que le jeune homme était aveugle. Donc je n’avais pas tors en ayant pensé à cela, je souris intérieurement. Et elle continua ensuite en me disant que les bruits aigus le dérangeaient fortement. J’ hochais alors vigoureusement la tête pour signifier que j’avais entièrement compris ce que la jeune femme venait de me dire, avant de lui sourire doucement. Elle était plutôt amicale je trouvais, bien qu’elle me paraissais un peu bizarre avec ses compagnons parfois. Voyant ensuite ses joues s’empourprer, mon sourire s’effaça aussitôt. Venais-je de faire quelque chose qu’il ne fallait pas ? La panique s’empara un instant de moi, celle-ci pouvant se lire sur les traits de mon visage. Fort heureusement je me calmai assez vite lorsque la Déchue repris son attitude habituel et me demanda quel était mon totem animal.
Suivant ses pas, je lui répondis alors, quelque peu hésitant.

Heu… celui du corbeau…

Je ne pris pas le soin de la corriger sur son erreur de prononciation quant à ceux de ma race, à vrai dire je ne voulais pas la corriger, de peur qu’elle le prenne comme un reproche.

Continuant de la suivre bien docilement, voilà qu’elle me posa une nouvelle question. Mon âge. Pourquoi elle voulait le savoir ? Après tout je ne voyais pas pourquoi j’irais le lui cacher ou mentir.

J’ai… heu…

Je comptai un instant sur mes doigts, faisant le compte des années de ma vie.

Quinze ans !

Le ton de ma voix s’était emplit d’une fierté enfantine qui irait certainement faire sourire doucement Leila et ses compagnons.
Après avoir répondu à sa question, je trouvais qu’elle m’en posais beaucoup, et moi presque pas, et donc, comme un réflexe, je lui demandai.

Et vous… Vous avez quel âge ?

Mais à peine eut-elle le temps de répondre que je commençai à rougir intensément, soudainement extrêmement gêné de part la question que je venais de lui poser. J’essayais alors de rattraper en bafouillant, paniqué.

Ha… heu… non… C’est pas ce que… heu… je… non… Je voulais pas… vous demander ça… heu… je… C’était impoli…
On… on m’a toujours dit que… fallait être gentil avec les filles… et heu… pas leur demander leur âge… leur… poids… et… je… heu… leur taille…

Frottant machinalement mon bras et fixant l’herbe à mes pieds, les joues rouges, je me sentais des plus gêné et mal à l’aise, même si j’avais essayé de m’excuser. J’espérais que Leila n’allait pas trop m’en vouloir pour cette question.

Important:

Extrêmement gêné, je fixais mes pieds, n’osant pas regarder la jeune femme dans les yeux. Rouge de honte et tremblant de peur, je n’osais bouger, malgré le fait que mon petit Liroa, slalomant entre mes jambes en miaulant, tentait de me rassurer. La déchue devait terriblement m’en vouloir pour cette question des plus indiscrète que je venais de lui poser. Quel malpoli je faisais, en quelques mots tout ce que l’on m’avait éduqué venait de partir en poussière.
Mais finalement, alerté par les cris et les bruits de bagarre je me mis à relever timidement la tête, curieux de savoir ce qu’il se passait. Alors aussitôt, mes craintes s’estompèrent pour laisser place à un grand sourire amusé. Voilà que la jeune femme se déchainait sur ses compagnons, ces derniers n’ayant pu s’empêcher d’emmètre quelques remarque qui déplurent à cette dernière. A les voir s’en était presque comique, à tel point que je ne put m’empêcher de rire doucement. Après tout, valait mieux que Leila passe ses nerfs sur ses camarades plutôt que sur lui.
La petite scène de ménage ne dura malheureusement que quelques minutes, avant que la déchue ne reprenne son sérieux et se mette à s’avancer vers moi. Par pur réflexe défensif, je me mis reculer de deux, trois pas, craignant qu’elle n’aille aussi me passer un savon comme au deux autres. Mais par chance ce ne fut pas le cas fort heureusement. Au lieu de cela, elle me mit en garde contre les horreurs que l’on pouvait croiser au cours de cette aventure. La vue du sang ou de cadavre ne me gênait pas plus que cela, enfin pas plus qu’une personne normale. Je serais très certainement dégouté en premier abord, mais je finirais par m’y habituer malgré tous.
En réponse, j’hochai simplement la tête.

Continuant notre marche à travers la forêt des murmures, à la recherche des personnes perdus dans cette dernières, nous commençâmes tout d’abord à croiser une étrange dame aux habits déchirés qui s’en alla aussi vite qu’elle était apparue. Ce fut ensuite au tour d’un homme de sortir d’entre les ombres et les feuillages de la forêt. Ce dernier semblait d’ailleurs en savoir beaucoup sur cette affaire des individus qui se sont égarés à travers ces bois. Et nous le suivîmes alors, celui-ci nous accompagnant désormais.
En reprenant la route, je vis que Neko, le compagnon de la jeune femme se mit à côté de moi. Ce faisait que j’étais désormais pris en sandwich entre lui et Leila, enfin cela ne me dérangeait nullement, d’ailleurs je me mis à observer Neko, intrigué par son handicap.

Dite monsieur, c’est pas gênant de ne pas voir… ?

Ma question était sortie toute seule, la curiosité l’ayant emportée sur ma timidité. L’intéressé rigola alors doucement avant de me répondre avec un grand sourire.

Oh non ! Crois moi, je ne peux plus voir, mais je peux toujours toucher et sentir. Et ça c’est le plus important.

L’observant en silence durant un instant, ne comprenant pas vraiment ce qu’il entendait en disant cela. Je me contentais seulement d’un simple :

Ah… ?

L’homme me tapota sur la tête et répliqua peu après.

Héhé, tu comprendra quand tu sera plus grand... Quoiqu’à quinze ans… mmh…

Vraiment, je comprenais encore moins bien maintenant. Ma tête bouillonnait en tâchant de comprendre ses paroles, hélas en vain.
Je voulu donc l’interroger de nouveau, mais je fus stopper dans mon geste lorsque la main de la jeune femme se posa sur mon épaule, avant que cette dernière ne me bombarde, littéralement, de questions.
Le rouge monta aussitôt à mes joues devant cet interrogatoire, tandis que je me mettais à bafouiller en essayant de trouver mes mots afin de lui répondre.

Ah bah… Euh… oui… oui je vais bien… heuu…
Et… je… oui… j’ai… j’ai déjà vu... des… des morts… Et je… oui… déjà venu…

Je marquais un légère pause, les dernières questions me rappelant de mauvais souvenirs, ceux de mes premiers transformations, ainsi que la première fois que ma lame ait été se planter dans le corps d’un homme, ou plutôt une femme dans mon cas.
Ma main vint se poser sur mon visage, tentant de chasser ces images de ma tête. Secouant cette dernière, comme pour les faire s’en aller tel un moustique ou une mouche, je continuais alors de répondre à la Déchue.

Heumm… Oui ! J’uis né Belua… Et je euh… euh bah… je voyage…

J’avais hésité quant à quoi lui répondre pour sa dernière question, je ne pouvais tous de même pas lui dire que je fuyais les gens qui voulaient me ramener dans l’enfer qu’étaient devenu mon chez-moi et, pire encore, ceux qui voulaient me tuer. Mais la réponse que j’avais donné me semblait bonne, et elle n’était pas non plus dénuée de vérité.

HRP: