Aubépine Percefeuille ~ Magicien ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 87 ◈ YinYanisé(e) le : 23/04/2023 ◈ Activité : Étudiante à Basphel | Lun 25 Déc 2023, 17:26 | |
| Pour chasser les fantômes Marie-Jane & Aubépine La participation au Secret Ësse’Aellun s’était avérée être une évidence pour la petite Magicienne. Non seulement ça voulait dire qu’elle recevrait un cadeau (qui s’en plaindrait ?), mais c’était une nouvelle occasion de tisser des liens avec des êtres Maléfiques. Si, pour le moment, elle tenait plus de la chenille pataude que de l’araignée aux longues pattes, elle comptait bien profiter de sa scolarité pour se constituer un complexe réseau des personnalités les plus ténébreuses de l’école. Ses espoirs n’avaient pas durés ; une fois n’est pas coutume, on lui avait assignée un véritable enfant de chœur. Aubépine n’avait pu retenir un soupir de déception, mais en réalité, elle avait mieux pris la nouvelle que d’habitude. Sa petite virée avec le Magicien aux cheveux bleus lui avait donné à réfléchir. Il lui avait prouvé que d’autres, comme elle, cherchaient à s’affranchir des chaînes qui les maintenaient de force sur le "droit chemin". Même lui, qui provenait d’une grande lignée de Mages blancs, avait su se débarrasser de ses œillères et avait soif de liberté. Depuis, l’adolescente regardait d’un œil nouveau ceux qu’elle avait jugés sans intérêt jusque ici. Elle les scrutait avec attention derrière ses lunettes rondes, guettant le moindre signe, la moindre nuance dans les expressions qui passaient sur leurs visages et qui pourraient témoigner de tourments intérieurs, d’une colère enfouie, d’une inclination, même subtile, pour le malin. Elle notait sur son petit carnet les noms de ceux qui lui semblaient prometteurs.
Marie-Jane ne faisait pas partie de cette liste. À la lecture de son nom, Aubépine avait mis à certain temps à se souvenir d’où elle l’avait déjà entendue. Et puis ça lui était revenu : elle était dans son département, celui de la Craie. Une gamine toute menue et pâlotte, à peine plus tangible que son ombre. Aubépine avait admiré sa flamboyante chevelure rose la première fois qu’elle l’avait vue, puis elle l’avait vite oubliée. Ça l’avait bien embêtée : elle n’avait absolument aucune idée de ce qu’elle pourrait offrir à cette fille, qui ne lui avait jamais fait la moindre impression, qu’elle soit positive ou négative. Pendant quelques temps, elle l’avait suivie, de façon aussi discrète que possible – c’est-à-dire, très peu. En la voyant s’affairer avec des caisses remplies de bulbes en terre, Aubépine s’était rappelée qu’elle l’avait déjà aperçue plusieurs fois au club de jardinage, où elle venait souvent déposer les fleurs qu’elle faisait pousser par mégarde. Son observation lui confirma ses craintes : Marie-Jane était une âme pure qui semblait incapable de faire du mal à une mouche. La Magicienne ne pouvait espérer la corrompre. Pourtant, quelque chose dans la démarche de la jeune fille l’interpella ; une façon de piétiner nerveusement, de jeter un coup d’œil derrière son épaule, de se soustraire à tout prix au regard des autres. Une fois, elle l’avait aperçue les yeux et le nez rougis. La jeune fille était sans doute timide, mais dans ces moments-là, on l’aurait plutôt dit hantée par un fantôme. Cela lui avait donné une idée.
« Cornegidouille ! » râla soudain l’adolescente en portant précipitamment le doigt à sa bouche. Perdue dans ses pensées, elle avait laissé la cire chauffer trop longtemps. Comment en était-elle venue à se brûler un doigt ? Mystère. Des bulles épaisses gargouillaient à la surface et éclataient paresseusement en faisant des plocs sonores. Le mélange était bourbeux et d’un brun terreux. Aubépine s’était servie des chutes de cire de ses vieilles bougies, qu’elle ne jetait jamais, précisément pour ce genre d’occasions. Lorsque la surface fut redevenue lisse et huileuse, elle la troubla de nouveau en y versant le contenu d’une grosse fiole en verre. Il n’y avait plus qu’à touiller énergiquement le tout, et ce serait presque prêt. D’une main moite, la petite Magicienne dégagea une mèche de cheveux qui lui gênait la vue. Sous les coups de cuiller, le liquide prenait petit à petit une teinte plus vive ; de brun, elle passa à olive, avant de virer à un vert éclatant. Aubépine souffla enfin, contente d’elle. La couleur était la bonne. L’odeur aussi : un mélange un peu écœurant de pin et de cannelle. Quand à ses effets présumés… seule Marie-Jane pourra en témoigner. Elle ne pouvait qu’espérer que la potion qu’elle avait concoctée agirait, même sous cette forme. La poussière de Fae était trop rare pour qu’elle puisse se permettre de faire des essais.
Avec mille précautions, Aubépine transféra le mélange encore chaud dans une grande tasse en verre où se tortillait une mèche en coton et alla le poser au bord de la fenêtre pour qu’il refroidisse. L’air glacé lui fouetta le visage, qui se moucheta aussitôt de petites taches roses sur les joues et le bout du nez. Le lendemain matin, sa bougie serait prête.
━━━━⊱⋆⊰━━━━ « Marie-Jane ! » s’exclama Aubépine lorsqu’elle aperçut la chevelure rose dans son champ de vision. Elle lui avait tendu une embuscade près du potager de l’école, dans l’ombre de la serre. Sans laisser le temps à la Lyrienne de réagir, elle lui tendit son cadeau. Autour de la tasse en verre, ovale et profonde, sans anse, était enroulée une tige piquetée de minuscules fleurs blanches et rouges. Un petit mot cartonné contenant les instructions y était aussi accroché. Malgré ces fioritures, le côté artisanal de sa confection était indéniable : la mèche était plantée un peu de travers dans la cire verte, dont le niveau était inégal. « Joyeux Ësse’Aellun ! Tu sais, on m’a toujours dit que parfois, la meilleure façon de remédier à la déprime, c’était de piquer un gros somme. Alors, bon, retrouve vite la forme, d’accord ? » La petite Magicienne accomplit une suite de gestes obscurs et s’enfuit en hurlant, comme un cri de ralliement : « Département de la Craie ! » Peut-être que si sa comparse reprenait un peu du poil de la bête et faisait quelques bêtises, elle envisagerait de rajouter son nom à la liste.
- Cadeau:
La bougie onirique : Une fois allumée, elle aide les dormeurs à proximité à obtenir un repos réparateur. Les cauchemars sont transformés en rêves ; plus le cauchemar était censé être intense, plus le rêve sera doux et apaisant. Au réveil, humer le parfum de la bougie permet au sentiment de réconfort éprouvé durant le sommeil d’accompagner le dormeur tout au long de sa journée. Malheureusement, suite à une maladresse commise durant sa confection, il arrive que tout l’inverse se produise.
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