Le Fortune Cookie

☙ Anna of the North - The Dreamer

L'écho de la course de plusieurs paires de geta sur les pavés me fit lever la tête à contrecoeur des encres que j'étais en train de travailler. Cela faisait plusieurs semaines que j'étudiais la science des couleurs afin de donner à mes encres les teintes les plus riches, les plus profondes pour parfaire mon Art. C'était une besogne salissante mais surtout nauséabonde, ce qui avait le don d'horripiler Natsumura qui trouvait miraculeusement quelque chose à faire en dehors de nos appartements quand elle me voyait m'atteler à la table basse sur laquelle je menais mes expériences.

J'avais noué les manches de mon kimono en rouleaux jusqu'au dessus du pli du coude pour ne pas salir la précieuse fabrique dans mes tentatives. Mon poignet incliné au dessus du bol, je m'étais interrompu à mi-chemin pour écraser une macération de dix jours de l'extrait d'une fleur aux pétales aussi rouges que des coquelicots et qui ne poussait que sur les berges des rivières. M'y aventurer n'avait pas été sans angoisse et j'avais cru voir ma dernière heure arriver quand mon pied avait glissé sur les herbes humides pour arriver jusque dans le torrent. Fort heureusement, le courant n'avait pas été assez fort pour encourager ma chute et je m'étais abrité en lieu sûr à l'aide secourable d'une branche.

Intrigué par l'agitation au dehors, je m'avançai à genoux et fit glisser le panneau coulissant d'une fenêtre pour jeter un coup d'oeil à l'extérieur. Plusieurs Fils et Filles des Arts se pressaient dans la ruelle, leur marche orientée dans la même direction. Après avoir lancé un regard hésitant vers mon travail inachevé, je m'essuyais mes doigts tâchés sur un chiffon et enfilait des geta pour sortir à mon tour et suivre le ruban humain qui se déroulait jusqu'à une esplanade recouverte d'une pagode. Là, une respectueuse queue se déroulait depuis l'intérieur jusqu'aux marches et je m'y agrégeais en suivant le mouvement de foule.

« De quoi s'agit-il ? » M'enquis-je finalement en attirant l'attention d'une femme devant moi. Cette dernière dont la coiffure en nœud papillon exhibait plusieurs peignes rangés de perles, se tourna vers moi et pris familièrement ma main pour me transmettre toute son excitation. « C'est Hawae, l'une de nos pâtissières les plus renommées qu'ait jamais connu Maëlith. Elle fait le tour du monde et revient toujours pour partager avec nous ses dernières inventions. » « Oh. » J'avais déjà entendu parler d'elle. Ses gâteaux n'étaient pas seulement bons, ils étaient aussi uniques au monde. Hawae, depuis ses premières classes, n'avait jamais courtisé qu'un seul art, celui de la pâtisserie. Avec une touche divine et grâce au génie de son esprit, elle confectionnait des merveilles qui nous ravissaient et dont nous parlions souvent. C'était un honneur de pouvoir y goûter ou d'obtenir une de ces créations et je fis preuve d'une patience exemplaire pour attendre mon tour.

Peu après, je revins sur mes pas en portant religieusement à deux mains le petit paquet qui m'avait été remis. A l'intérieur de la boîte carrée, un biscuit d'apparence simple, à la surface légèrement dorée mais qui laissait deviner un craquant délicieux, reposait sur son écrin comme un bijou. Et de fait, Hawae m'avait expliqué que le gâteau était magique et qu'il était préférable de le conserver à l'abri des chocs car il n'était pas voué à disparaître après l'avoir consommé. L'Artiste avait ensorcelé la pâte avec des larmes de phénix pour que le gâteau se régénère journalièrement.

J'expliquai tout ceci à Natsumura quand celle-ci m'interrompit soudainement. « Je veux voir, tu ne veux pas le goûter ? » Je ramenai le paquet à moi pour le protéger de sa convoitise. « Non. Je veux l'offrir à quelqu'un. » « À quiiiii ? » La danseuse s'était rapprochée, suspendue à mes lèvres, la curiosité dévorant ses yeux pastel. « Ça ne te regarde pas. Et tu ne la connais pas. » Natsu prit une moue boudeuse mais je fis comme si je ne voyais rien. J'aurai voulu le lui offrir en main propre mais nous habitions trop loin pour que je puisse prendre le temps et le coût du transport jusqu'aux terres d'Iyora à nouveau. De plus, je devais encore finaliser mes affaires pour intégrer la prestigieuse Basphel. Je rédigeais une note, que je jugeais trop passionnée et déchirai en deux avant d'opter pour un simple :

En souvenir de ce gâteau partagé.

Je ne signais pas la note, Wakiya saurait de quoi il s'agirait. Ce que j'ignorais, c'est que la brune ne recevrait jamais ce cadeau et qu'il s'égarerait entre d'autres mains.

813 mots

Joyeux Noël Alþjófr

Fortune Cookie : Conçu par la talentueuse pâtissière et savante Hawae, le Fortune Cookie est un biscuit croquant qui se régénère journalièrement. Chaque jour, et s'il est chanceux, un sort d'invocation se déclenche pour donner au gourmand une chose qu'il désire comme l'air d'une chanson, un minerai précieux, un ticket pour un spectacle , une bougie parfumée , l'adresse d'un très bon restaurant, une direction s'il est perdu, ... S'il n'est pas chanceux, rien ne se passe, mais au moins, Alþjófr aura pu déguster un très bon gâteau ! À l'instar du biscuit, l'invocation a une durée limitée dans le temps de quelques heures et il ne peut à aucun moment s'agir d'armes ou d'artefact trop élaboré.

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[b]Fortune Cookie[/b] : Conçu par la talentueuse pâtissière et savante Hawae, le Fortune Cookie est un biscuit croquant qui se régénère journalièrement. Chaque jour, et s'il est chanceux, un sort d'invocation se déclenche pour donner au gourmand une chose qu'il désire comme l'air d'une chanson, un minerai précieux, un ticket pour un spectacle , une bougie parfumée , l'adresse d'un très bon restaurant, une direction s'il est perdu, ... S'il n'est pas chanceux, rien ne se passe, mais au moins, Alþjófr aura pu déguster un très bon gâteau ! À l'instar du biscuit, l'invocation a une durée limitée dans le temps de quelques heures et il ne peut à aucun moment s'agir d'armes ou d'artefact trop élaboré.