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 Les lettres fugueuses | Næmo

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Orphée Dasgrim
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Orphée Dasgrim
Mar 28 Nov 2023, 17:45



Unknown

Les lettres fugueuses

Correspondance | Næmo & Lazare


RP précédent : La pyjama party des Basphumis.


Lazare avait lu dans le journal de l’école qu’une très bonne façon de construire un plan d’attaque était d’écrire. Pareil pour extérioriser ses émotions – mais ça, ça ne l’intéressait pas franchement. Ça le faisait même un peu rougir de honte, de s’imaginer s’épancher sur une feuille – ou s’épancher de quelque manière que ce fût. Face au carnet à la couverture molletonnée qui semblait le fixer d’un œil vide, le Magicien fit la grimace. « C’est complètement débile… » maugréa-t-il. Pourtant, quand il avait lu l’article, il avait été presque convaincu par l’effet bénéfique qu’avait le fait de poser noir sur blanc ses tourments. Il lui avait semblé que cette idée pouvait en effet être une solution au mal qui le poursuivait : car la solitude accompagnait son éternelle colère. Il n’était pas à Basphel depuis suffisamment longtemps pour avoir noué des liens solides – il n’en voulait pas, de toute façon –, et ses amis de Vervallée et de Cælum lui manquaient. Toute sa tristesse se transfigurait en une ire si opaque qu’il était lui-même incapable d’en percevoir les dynamiques sous-jacentes ; cependant, la solitude était là, factuelle. Si on le lui avait demandé, il aurait bien sûr prétendu qu’il ne se sentait pas seul, que sa situation ne suscitait aucune détresse et qu’il avait raison d’en vouloir au monde entier de l’avoir envoyé ici – et tout particulièrement à ses imbéciles de parents –, dans cette école qu’il détestait, peuplée de hordes de fous – à commencer par les professeurs.

L’adolescent inspira. « Bon. » S’il avait dû reconnaître une seule chose, c’était son besoin de mettre les choses à plat et de trouver une manière de s’évader de cette prison. Et de parler, éventuellement. De déverser tout le fiel accumulé dans son cœur – mais ça n’était pas vraiment extérioriser ses émotions, c’était autre chose. Tout le monde ici semblait trouver l’enseignement et l’ambiance formidable. À part quelques maléfiques, peut-être, mais il ne s’imaginait pas se confier à eux. En fait, il ne voulait même pas se confier – ses pensées tournaient en boucle, se contredisaient, se superposaient, si bien que rien d’intelligible n’en ressortait. De toute façon, tout allait bien. Oui voilà. Tout allait bien. Il voulait juste rentrer chez lui parce qu’ici, c’était nul. Pas parce que qui que ce soit ou quoi que ce soit lui manquait. Il supportait très bien la solitude, d’ailleurs. C’était lui qui avait choisi de ne pas se lier d’amitié avec les autres Basphéliens, et il s’y tiendrait. Il n’allait pas rester. Il ouvrit le cahier et posa sa plume sur la première page.

Cher journal,

Tout va bien. Tout ira encore mieux quand je serai parti de cette maudite école. J’ai essayé de m’évader plusieurs fois, mais je n’ai pas réussi.

Il faut que j’invente un plan d’évasion. Ce n’est pas simple. J’ai essayé de trouver des idées dans des livres, mais en fait, je me suis un peu perdu. Ikar nous a tellement bassinés avec le conte sur Lieugro et Narfas que j’ai fini par le lire. Au début, c’était nul.

Non, bon, en fait, c’était pas si nul, le début. J’ai bien aimé – sinon j’aurais arrêté de lire. Il y a un personnage, surtout, que je n’arrive pas à me sortir de la tête : Primaël Noyarc (c’est rigolo parce que dans l’autre sens, ça fait « crayon »). Bref, je suis sûr que lui, à ma place, il aurait trouvé une solution. Il trouve des solutions pour tout. J’aimerais bien lui ressembler, plus tard. Avoir une grande maison de jeux et de paris, comme lui. Ce serait super. J’éviterai peut-être juste de poignarder mon ex, c’est pas très sain.

J’ai hésité à l’écrire parce que je trouve ça un peu ridicule, mais je crois que ce livre me fait un truc que les autres livres ne m’ont jamais fait. J’ai presque l’impression que Primaël, c’est un peu moi (j’ai peut-être l’air d’un gros mégalo mais je m’en fiche, de toute façon personne ne lira jamais ce truc). Et puis il y a plein d’autres petits effets bizarres, comme ça. Des fois, quand je regarde Lorcán, je pense à Primaël et à Ivanhoë, et ça me met dans des états franchement désagréables. Enfin c’est pas vraiment désagréable, tu vois, mais j’aime pas parce que ça n’a aucun sens, j’ai jamais été attiré par des garçons (et puis Lorcán ??? il est insupportable). Et je suis sûr d’être encore attiré par des filles. Des fois, je repense à Susannah. Quand elle s’est mise en sous-vêtements, dans le labyrinthe, puis quand elle a fait semblant de m’embrasser, après. Les Sirènes, c’est vraiment des salopes. Elles t’allument, et puis après, y’a plus personne ! Au moins, quand moi j’y pense, on va au bout des choses. Bref. C’est pas très intéressant. Vaut mieux pas que j’y pense trop, en plus, parce qu’on a une heure de colle à faire ensemble. Et l’un dans l’autre, je préfère ce genre de plan foireux que de me retrouver avec Muscarine. Parce qu’alors elle, c’est un cimetière à libido. Tu la vois, paf, t’as plus envie de faire quoi que ce soit. Faudra que je pense à elle pendant la retenue. Susannah m’a laissé tomber comme une vieille chaussette et j’ai failli devoir la faire tout seul. J’ai pas l’intention d’être sympa, quand on sera tous les deux. Elle va ramasser, la morue. Donc j’ai qu’à imaginer que c’est Muscarine. Ce sera plus simple. Puis si elle continue à manger trop de gâteaux, elle va finir comme elle, de toute façon.

Bon, avec tout ça, j’ai pas réfléchi à un plan d’évasion. La prochaine fois. Faut que j’aille à la boxe. Je le note pour la prochaine fois, ça m’évitera peut-être de digresser : RÉFLÉCHIR À UN PLAN D’ÉVASION POUR QUITTER BASPHEL.

A plus.

Le jeune Magicien se leva précipitamment, ferma le carnet et le balança dans le tiroir de sa table de nuit. Il ne s’aperçut pas que la page sur laquelle il avait écrit s’était volatilisée, à la recherche d’un destinataire.



Message I – 1004 mots


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Susannah
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Susannah
Mar 12 Déc 2023, 19:33

Les lettres fugueuses | Næmo 57jz
Les lettres fugueuses



« Nahoko ! Je suis prêt ! Je me suis habillé tout seul ! » Comme un boulet de canon, Næmo jaillit dans le salon. Assise avec une tasse de thé face à elle et une gazette dans les mains, l'Orine leva les yeux. Le garçon freina sa course dans une glissade, tendit les bras au dessus de sa tête et tournoya comme une danseuse avant de s'arrêter sur une pose qui, selon lui, mettait en valeur son exploit du jour. Il s'était levé plus tôt exprès pour ça. « Voilà ! Je suis grand maintenant ! Je n'ai plus besoin de toi ! Mais tu peux continuer à habiter ici, avec moi. » lui concéda-t-il, parce qu'il aimait bien ses câlins malgré tout. C'était le reste qui posait problème. Il détestait qu'on lui dise quoi faire. Sans l'autorité de sa mère pour étouffer les révoltes du petit dernier de la fratrie, Nahoko éprouvait parfois quelques difficultés à se faire écouter et respecter. « Tes chaussettes sont à l'envers. » fit-elle remarquer avant de tremper ses lèvres dans son thé pour y dissimuler son amusement. Næmo perdit son sourire fier et baissa les yeux sur ses pieds. Quand il les remonta, ils étaient noyés de larmes qui se mirent à dévaler ses joues rubicondes comme des billes. Il hoqueta. « Næmo, ce n'est pas grav - » commença-t-elle mais il tournait déjà les talons pour fuir dans sa chambre en sanglotant bruyamment. Nahoko soupira et reprit son thé et sa lecture. Elle irait le voir d'ici quelques minutes quand il se serait un peu calmé.

Plus tard, la crise habilement oubliée grâce au précieux appui d'un roulé de framboises à la crème, Næmo se frotta la bouche avec le dos de la main, étalant le sucre glace sur sa joue. « Nahoko ? » « Oui, mon chou ? » Assise face à lui, elle pliait quelques carrés de feuilles colorées avec une dextérité qui l'hypnotisait. Ses doigts graciles se mouvaient avec une rapidité et une précision qui rendaient le processus aussi intéressant que le résultat. Ce qu'il préférait, c'était lorsqu'elle animait les objets ainsi fabriqués, comme les poissons en papier qu'elle avait enchanté pour qu'ils bercent le garçon et l'aident à s'endormir le soir en nageant paresseusement au plafond. « Est-ce que je suis une salope ? » L'Orine s'immobilisa brusquement, puis se mit à tousser brusquement en avalant sa salive de travers. « Pardon ? » réussit-elle enfin à éructer. Il balança ses pieds dans le vide et se mit à suçoter le sucre de ses doigts. Ses sourcils se froncèrent. « En fait, c'est quoi une salope ? Est-ce que c'est un autre mot en langue commune pour désigner les Sirènes ? » « Non. Qui t'a dit ça ? » dit Nahoko d'une voix blanche. « Euh... » Næmo était face à un dilemme. Il ne voulait pas vraiment parler de la découverte trouvée sous son oreiller le matin même. C'était son petit secret et il s'était enthousiasmé en voyant le nom de sa soeur dans le contenu. L'ennui, c'est qu'il n'avait rien compris. Il comprenait pourtant bien le langage commun, qui était autant utilisé à la maison que le Valærian, et il lisait de mieux en mieux. « Euuuuuh... » S'il y réfléchissait bien, il avait très très très envie de répondre à ce qui était écrit, mais il ne pourrait le faire que s'il comprenait tout ce qui était écrit. Et il ne savait pas non plus à qui il s'adressait, juste qu'il fallait l'envoyer à Basphel. L'aide de Nahoko se révélait donc nécessaire. Une fois encore, son indépendance lui échappait et il se renfrogna, mécontent. « Si je te dis mon secret, tu promets de m'aider ? Tu promets, hein ! »




« Alors alors alors ? » la pressa-t-il, frustré du silence de l'Orine qui relisait une seconde fois l'extrait de journal intime. Sa lèvre inférieure ressortie dans une moue boudeuse, il attrapa sa manche et tira dessus. « Il connaît Susannah, t'as vu ? Il faut qu'on réponde ! Tu peux m'expliquer ce qui est écrit ? Ohé, Nahoko ! » brailla-t-il, agacé d'être ignoré de la sorte. « Oui, pardon, je relisais pour être certaine. On dirait que ça appartient à un élève de Basphel, je ne crois pas que ça aurait dû finir entre tes mains, ni qu'on aurait dû lire ça. C'est privé. » Næmo ouvrit la bouche pour protester mais elle le devança. « Cependant, je suis d'accord avec toi. Ce sera l'occasion d'avoir des nouvelles de ta soeur, qui semble faire autant de bêtises que toi puisque ce garçon et elle ont été punis. » « C'est vrai ? » fit le garçon, les yeux ronds comme des soucoupes. Il parut aussi enchanté que perplexe. Cette information faisait voler en éclat l'image qu'il se faisait de Susannah. « Elle a fait quoi ? Il faut qu'on lui demande ! » « On va commencer par le début, après ses tentatives pour s'enfuir de l'école. Il parle des Contes de Lieugro et de Narfas. » « Ceux que tu ne veux pas me lire le soir ? » « Précisément. » répondit Nahoko d'un ton inflexible qui fermait la porte à tout débat. « Pfff. Mais j'peux pas comprendre du coup ce qu'il dit ! » « Il dit simplement se retrouver beaucoup dans l'un des personnages du Conte. » résuma-t-elle en gardant pour elle son opinion sur ce qui était écrit. « Après, il parle de ta soeur. Elle... » Nahoko se tut, le temps de chercher avec soin ses mots. « Je crois qu'elle lui a fait une petite plaisanterie. » dit-elle avant de se mettre à rire. « Ça ne lui a pas plu, c'est pour ça qu'il insulte les Sirènes ensuite. » Næmo fronça les sourcils. « Comment ça, il nous insulte ?! C'est un gros nul de Gælyan qui pue comme ses pieds ! » « Næmo ! » « Mais c'est vrai ! Bon, on lui répond ? » « Tu n'as qu'à commencer, et je viendrai corriger les erreurs ensuite, d'accord ? » Une moue horrifiée se peignit sur les traits du garçon quand il comprit qu'elle n'écrirait pas à sa place. « Mais... Mais ça va prendre mille ères ! » « Raison de plus pour être plus sérieux sur tes exercices d'écriture, tu ne crois pas ? Plus tu pratiqueras, plus vite tu écriras ! » « Mais je voulais jouer avec mon sable magique... » gémit-il en tentant de lui faire ses gros yeux de chaton. « Alors tu devrais t'y mettre dès maintenant car ton professeur de solfège arrive bientôt pour ta leçon. »




« Nahokoooooooooooo ! » hulula plaintivement Næmo depuis sa chambre. Véritable puit de patience, celle-ci marcha tranquillement pour le rejoindre. « Qu'y a-t-il ? » « Elle a disparu ! » « Quoi donc ? » « Ma lettre !!! Je venais de finir, j'allais te l'amener et elle a disparu ! » « Tu as regardé sous la table ? Elle a peut-être glissé. » « Elle n'est plus là ! Est-ce que... » Il plaqua ses mains sur sa bouche, horrifié. « Est-ce que je dois recommencer ?! »




bonjour monssieu. comment tu tapelle ? moi cest Næmo. je suis le peti frere de Susannah. jai six ans et dix mois et je sais mabiyer tou seul. jaime les gato avec de la creme et la purer. est sse que cest si horible laicole pour que tu veux tenfuir ? je suis jamais aller à lecole moi, japrend à la mézon. moi aussi je veux menfuir parfoi. avec Fabrice, on sauterer dans locean et on nagerait jusqua Basphel. je pensse que Susannah me forssera pas a apprendre des trucs nul ou a mabiller quand je veux pas, comme Nahoko. Nahoko cest lOrine de maman. elle soccupe de moi car maman et papa sont bloquer sous locean. ils me manque, et Susannah aussi. je me sens tout seul. jaime Nahoko mais cest pas pareil. alors, je parle a Fabrice, mais il me repond pas meme quand je met la tete dans laquarieum et que je fais des bulle. cest mon etoile de mer a moi. tu a des animaux, toi ? dis, comme tu a lair de connaitre Susannah, tu veux bien lui dire de mecrire ? elle le fait jamais depuis quelle est a Basphel. demande lui si elle fait exprer de mignorer, et si elle dit oui, enfonsse lui les doit dans le nez de ma part ! mais pas trop fort ein. et cest normal quelle nait pas voulu tembrasser. tes un Gælyan, non ? il y en a parfois à Port Dirælla mais je ne vais pas les voir ou leur parler. ils ont lair normaux en apparence, mais il parer que vous senter le poisson pas frais. si vous puer, cest normal quon veux pas vous embrasser, ce serer comme embrasser un gros blob, beurk !!! moi je pensse que cest vous les salopes et que tes une mauvaise influensse pour elle et que cest ta faute si vous avez été puni parce que Susannah est parfaite alors que tout le monde sait que les Gælyan sont super nul et aussi betes que des mouettes ! bref, je dois te laisser parce que je dois aller jouer avec mon sable magique avant que Madame Melléis arive pour mapprendre le solfège (je laime pas, elle me fait peur avec ses ongles trop long, elle me deteste, c'est sur. elle a dit quelle aller me manger si je n'arreter pas detre bete et elle a fait exprer de le dire quand Nahoko été pas la et je fais des cauchemars ou elle me decoupe avec ses ongles pour me manger, cest horrible). je veux offrir une sculpture de sable a Nahoko et a Liviæ, la voisine qui vit dans lapartement a coter alors je dois mentrainer ! je te parlerer de Liviæ la prochaine foi.




Version sans fautes de la lettre si c'est trop dur 8D:

Message I | 1674 mots



Les lettres fugueuses | Næmo 7qoc
Merci Jil  Les lettres fugueuses | Næmo 009 :
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Orphée Dasgrim
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Orphée Dasgrim
Dim 07 Jan 2024, 20:22



Unknown

Les lettres fugueuses

Correspondance | Næmo & Lazare



Les sourcils du Magicien se froncèrent immédiatement. Il tourna frénétiquement les pages de son journal. Rien. Sa première page avait disparu, et à la place… Il pinça les lèvres et serra les dents, mécontent. S’agissait-il d’un tour de Lorcán ? Il n’avait pas retrouvé le papier sur lequel il écrivait sa « fiction » et malgré les défenses du Magicien face à ses accusations, il avait peut-être cherché à se venger. Agacé, il replanta son regard d’azur sur les mots. Il y avait des fautes partout et l’écriture rappelait trop bien celle d’un enfant. L’Alfar n’aurait sans doute pas su si bien l’imiter. Razhul, peut-être ? Tandis qu’il continuait à remuer le problème dans sa tête, ses iris s’arrimèrent à un nom : Susannah. Une fois, deux fois, trois fois… Par Suris ! Il plaqua le carnet sur la table, se redressa afin de se pencher au-dessus et lissa la page pour s’atteler à une lecture plus attentive. Au fur et à mesure, son visage rougi. Ce Næmo avait tout l’air de répondre à ce qu’il avait précédemment écrit, sur cette même feuille désormais maculée de ses signes brouillons. Qu’avait-il inscrit, déjà ? Les souvenirs peinaient à lui revenir, tant il avait noirci cette page comme on se met à hurler pour chasser un trop plein, et tant son crâne bouillonnait. Ce qu’il y avait de certain, c’était qu’il avait parlé de Susannah et du fait qu’elle avait failli l’embrasser – puis finalement, non. Et que son peuple était composé de salopes. Avait-elle vraiment un petit frère ? Pourquoi son extrait de journal avait atterri sous son nez ? Pourquoi est-ce que, quand il prenait une bonne résolution, celle-ci se retournait contre lui ? Il se prit la tête entre les mains. « Putain. »

Pendant plusieurs jours, il n’osa pas toucher à son carnet. Il guetta de loin les réactions de la Sirène, mais comme l’océan ne s’abattait pas tout entier sur ses épaules, il conclut qu’elle n’avait pas été mise au courant de ses griefs rehaussés d’un sel presque aussi corrosif que celui de la mer. Pour autant, devait-il répondre ? Et si oui, que dire ? Chercher à rectifier le tir ? L’idée ne lui plaisait pas. Il pensait ce qu’il avait écrit. C’était amplement mérité. Et puis, il ne l’avait pas insultée elle spécifiquement. Si elle le prenait mal, c’était tant pis pour elle.

Bonjour Næmo,

Je m’appelle Lazare.

Il avait réfléchi avant de donner son nom, mais perdu pour perdu… Et puis, il avait décidé d’assumer. Il avait raison. Si la bleue voulait lever un raz-de-marée contre lui à cause de ça, qu’elle le fît. Il trouverait un moyen de s’en sortir. Il relirait le Conte. Primaël l’inspirerait sans doute.

Moi je préfère les gâteaux au chocolat et les pâtes.

Oui, c’est horrible. Enfin, non. C’est plutôt Basphel, le problème. Je n’aimais pas trop les Palais de Coelya (c’est une école chez les Magiciens), mais c’était quand même mieux qu’ici. Mais je préfère aller à l’école que d’étudier chez moi.
Je suis désolé pour tes parents. Si les miens pouvaient se retrouver coincés sous l’océan et ainsi ne plus jamais me pourrir la vie, j’échangerais volontiers leur place.

Il essayait d’écrire bien. Il avait un peu honte d’avoir écrit de façon aussi brouillonne et vulgaire à un petit garçon. Ça ne se faisait pas.

Je ne savais même pas qu’on pouvait domestiquer les étoiles de mer. Tu l’as eue où ? Vous faites des élevages, comme nous on fait des élevages de chiens ou de chats ?
J’ai Je n’ai pas d’animaux, ou plutôt je n’en ai plus. On avait un chat pendant un temps, mais en fait Jasmin n’est pas vraiment un chat. C’est un Eversha. Quand on l’a su, mes parents l’ont officiellement adopté, comme ils auraient pu le faire avec un humain. Du coup, ce n’est plus vraiment un animal de compagnie. Mais c’est pas tout à fait mon frère adoptif non plus. Je sais pas. C’est un peu bizarre. Mais on n’a pas d’animaux, sinon. Vous en avez d’autres, chez vous ?

Peut-être pourrait-il apprendre, par Næmo, des choses sur Susannah ? Des trucs un peu honteux ou même plutôt mignons – il devinait que pour elle, ce serait honteux, et c’était ce qui comptait. Qu’il pût les lui envoyer en pleine face si elle recommençait ses simagrées d’Ondine. Ou même juste pour rire. Elle faisait trop la fière pour ne pas cacher quelques scandaleux secrets. Ça pourrait être amusant de lui mettre le nez dedans. Et si elle grognait trop fort, il pourrait suivre les conseils de son petit-frère et lui enfoncer ses doigts dans les narines. L’image le fit marrer, et il arrêta d’écrire quelques instants. C’était n’importe quoi.

Je ne sais pas si j’ai trop envie de te rendre service après que tu m’aies écrit que je pue, que je suis une salope, que je suis super nul et aussi bête qu’une mouette. C’est Ce n’est même pas vrai. D’abord, certains terriens puent, c’est vrai, mais chez les Magiciens, on fait attention à notre hygiène. Je déteste les mauvaises odeurs. Ensuite, je m’en fiche qu’elle n’ait pas voulu m’embrasser, le problème c’est qu’elle a fait semblant de le faire et qu’elle s’est arrêtée. C’est Ce n’est pas sympa, c’est tout. C’est comme si je te tendais une assiette de gâteaux à la crème et que je te les retirai au dernier moment. Ce serait moche de ma part, et là, tu pourrais dire que je suis une salope. Mais ta sœur ce n’est certainement pas une petite sainte. Elle m’a aidé à mettre le feu au décor du labyrinthe de la soirée pyjama et c’est elle qui a lancé l’idée de terrifier d’autres étudiants. Et puis ici, y’a il y a au moins la moitié de l’école qui a peur d’elle ou qui ne peut pas la supporter. Tu vois, ton cliché sur les Gaelyan qui puent ? Eh bah Les Gaelyan ont des clichés sur les Sirènes aussi : on dit qu’elles sont des pestes mesquines et maléfiques, et ta sœur ne fait rien pour démentir ça, au contraire. J’espère que ça lui arrive d’être agréable et j’espère qu’elle l’est avec toi, mais avec nous, c’est rarement le cas. Bref. Je lui dirai que tu veux qu’elle t’écrive si t’es sympa dans ta prochaine lettre.

Conseil d’ami : coupe les ongles de Madame Melléis, comme ça tu seras tranquille.

Il hésita à lui proposer de lui couper la main pour aller plus vite, mais eut peur que l’enfant ne comprît pas la blague et essayât réellement.

Du coup, tu voulais me parler de Liviæ ?

À plus,

Lazare

À la relecture du passage sur Susannah, il songea qu’il valait peut-être mieux l’édulcorer un peu, en gribouillant certains éléments, voire en arrachant la page. Et puis allait-ce vraiment s’envoyer, comme la dernière fois ? Il inspira, et s’apprêtait à déchirer le journal, lorsque son écriture disparut. « Bordel de… Raaaaaaaaaaaah ! » Il se tapa le front du plat de la main. « Et puis zut hein, tant pis ! » Il repoussa le carnet et referma bruyamment la couverture. Tant qu’elle ne lui écrivait pas et tant qu’elle ne rentrait pas chez elle, le gamin ne pouvait rien lui raconter. Il allait passer un pacte avec Næmo, comme ça, il ne dirait jamais rien. Il fallait juste qu’il trouvât une idée, et priât suffisamment fort pour que le frère et la sœur ne se rencontrassent pas entre temps. Ça devrait le faire.



Message II – 1253 mots


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Susannah
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Susannah
Mar 20 Fév 2024, 20:36

Les lettres fugueuses | Næmo 57jz
Les lettres fugueuses



RP précédent : Le mouvement parabolique

Cher Lazare,

« Hé ! Non ! Pourquoi t'as écrit "Cher" d'abord ? » protesta Næmo qui collait son nez par dessus le bras de l'Orine pour voir ce qu'elle rédigeait. Ils s'étaient au préalable mis d'accord sur ce que l'enfant voulait répondre au Basphélien. Intérieurement, Næmo avait songé que Nahoko n'était vraiment pas drôle, qu'elle ne lui laissait rien faire de ce qu'elle voulait, et que la prochaine fois, il se cacherait sous son lit pour répondre lui-même à Lazare, même si ça signifiait faire des fautes plus grosses que lui. Tant pis. Ça n'avait pas l'air de l'avoir empêché de le comprendre ni de lui répondre de toute façon. En outre, il y avait des choses qu'il voulait lui dire et qu'il ne voulait pas que Nahoko sache, en particulier dans le domaine des insultes, sujet sur lequel elle s'était montrée d'une fermeté inébranlable.

« C'est plus poli. Qu'est-ce que tu veux mettre à la place ? » demanda Nahoko. « Je sais pas. » Il songeait à "Bonjour salope" mais devinait qu'elle refuserait. « Bonjour Lazare ? » « Oui. Oui voilà, c'est mieux. C'est un Gælyan, il est pas cher du tout. » « Je suis une Gælyan aussi, tu sais. » releva-t-elle avec un sourire. Il y avait longtemps qu'elle ne se froissait plus du mépris des Ondins envers les sans écailles. Cette perspective fit ouvrir à Næmo des yeux ronds comme des assiettes. Il n'y avait jamais pensé comme ça, mais elle avait raison. « Oui mais... eh ben... en fait... c'est pas pareil... » « Ah non ? » « Non... Enfin tu sais... Toi t'es une bonne Gælyan. Voilà. » « Me voilà rassurée. Je continue ? » Soulagé, il acquiesça. L'Orine prit une autre feuille et recommença.

Bonjour Lazare,

J'espère que tu vas bien. Merci pour la réponse à ma lettre. Je m'excuse pour toutes les fautes dans ma lettre précédente, et pour les insultes aussi. J'espère que tu me pardonneras.

« C'est trop poli ! » râla Næmo. Lazare allait tout de suite comprendre que son interlocuteur n'était plus lui. « En plus, j'espère pas qu'il va bien ce sale Gælyan. J'espère que Susu va lui péter les nageoires ! » « Næmo... Tu ne le penses même pas, je le sais. » « Bien sûr que si ! » s'offusqua-t-il. « Peu importe. Ce n'est pas parce que ce garçon n'est pas un Ondin qu'il faut oublier ses manières, il vaut mieux que tu t'en souviennes si tu ne veux pas enchaîner les punitions comme ta soeur. » « ... » « Je peux continuer ou tu vas encore m'interrompre ? » Il marmotta inintelligiblement et Nahoko reprit sa rédaction en essayant de masquer son amusement.

Avant toute chose, il faut que je te raconte ce qu'il m'est arrivé. Il n'y a pas longtemps, j'ai été téléporté magiquement à Basphel. Ce n'était pas aussi bien que je me l'étais figuré car j'ai été malade et je me suis battu. J'aurais bien aimé te rencontrer là-bas mais je ne savais pas comment tu t'appelais et on m'a rapidement ramené chez moi.

Susannah dit que j'ai été empoisonné par les deux jumelles blondes qui m'ont trouvé, tu devrais faire attention à elles. Ce sont des menteuses. Après, Susannah est venue me chercher à l'infirmerie et en partant, un Démon s'en est pris à elle avec une balle. Il s'appelle Faust, mais Susannah l'appelle Faustine. Ils ont dit beaucoup de gros mots et ont commencé à se battre. J'ai voulu aider ma soeur mais il était trop fort. Il m'a donné un gros coup de pied qui m'a fait encore vomir. Après il a commencé à changer, et c'était terrifiant. Je le déteste. Il y avait une fille aussi, elle s'appelle Blu. Elle m'a donné de l'eau et m'a consolé, elle est gentille comme Nahoko. Tu devrais être ami avec elle et essayer de l'embrasser, je pense qu'elle acceptera.

J'ai trouvé Fabrice dans l'océan quand je suis allé me promener avec papa quand on était encore tous ensemble, avant la sauge. Maman n'a jamais le temps de se promener avec moi car elle travaille tout le temps et quand elle rentre, elle est fatiguée et de mauvaise humeur et il ne faut pas faire trop de bruit. Je n'ai pas d'autre animaux mais j'aimerais bien avoir un dauphin. Il s'appellera Argos et je le dresserai pour faire des concours de saut et des courses !

Pour ce qui est de Susannah,

Le garçon et l'Orine se défièrent du regard. Sur ce passage, ils étaient en désaccord et n'avaient pas trouvé de compromis. Cependant, c'était Nahoko qui tenait la plume. « Elle exagère quand même. » finit-elle par dire. « Pas du tout ! Elle a raison ! Ils n'ont qu'à se faire respecter ! Elle a pas à être gentille avec les terriens ! » s'emporta immédiatement Næmo qui avait eu le temps d'élaborer quelques arguments. « C'est juste pour jouer en plus. S'ils ont peur, c'est leur problème ! En plus, ils ont raison d'avoir peur ! » « Je ne vais pas écrire ça. » répondit l'Orine d'une voix parfaitement égale. L'Ondin la regarda salement. Parfois, elle l'énervait et il avait envie d'aller mettre le bazar dans sa chambre et de faire des trous dans ses kimonos juste pour se venger car il savait combien elle tenait à l'ordre dans son espace personnel. « On va écrire quoi, alors ? » « Qu'il demande à ta soeur de lui présenter des excuses ? » suggéra Nahoko, sans y croire vraiment. Au fond, tout cela était divertissant mais il valait mieux n'en rien montrer. Elle tenait à inculquer au garçon un minimum de valeurs même si cela n'aurait pas plu à sa mère. « Ou qu'il l'évite tout simplement. » « Mmh. » Næmo, bras croisés, boudait ouvertement.

tu ne réussiras probablement pas à changer son caractère, mais tu peux essayer de discuter avec elle pour qu'elle ne se moque plus de toi comme elle l'a fait ? Nous essaierons de lui parler de son attitude quand elle rentrera. En attendant, est-ce que tu peux essayer de l'empêcher de faire d'autres bêtises ? Il n'est pas bon qu'elle soit aussi souvent punie, ça ne plaira pas à notre mère quand elle l'apprendra. Elle se comporte peut-être comme ça parce qu'on lui manque ? Ce doit être difficile d'être si loin de chez nous pendant si longtemps.

Næmo soupira bruyamment et Nahoko l'ignora avec soin. « Et donc, Liviæ ? » fit-elle innocemment. « Rien du tout. » dit-il, un peu trop vite. « Elle habite à l'appartement du dessous, si je ne me trompe pas ? » « Mmh. » « Et ? » l'encouragea l'Orine, les commissures de ses lèvres frémissantes. « Rien. On jouait parfois, ensemble. Mais plus maintenant. » « Pourquoi ? »

Liviæ est ma voisine. Elle a un an de plus que moi. Elle a de magnifiques cheveux qui ont l'air aussi soyeux que de la soie, blonds, qui lui tombent jusqu'aux genoux.

« J'ai pas dit ça ! J'ai juste dit qu'elle était jolie et que ses cheveux avaient l'air doux ! Arrête hein ! » « Oui oui. »

Je lui ai dit que je la trouvais jolie et je lui ai proposé qu'on s'occupe ensemble de Fabrice. Quand elle l'a vu, elle a dit qu'il était nul et moche, comme moi, et que j'aurais moi aussi des boutons sur la figure, comme Fabrice. Ça ne m'a pas plu alors je lui ai tiré les cheveux et je lui ai dit qu'on dirait des algues dégoûtantes. Depuis, on ne se parle plus.

« J'irais parler à sa maman, si tu veux, je la connais bien. Vous pourrez vous réconcilier. » « C'est vrai ? » s'extasia Næmo, qui avait déjà pardonné à la fillette ses insultes. « Oui. Je dois la voir demain, justement. »

Je te souhaite une bonne journée et attend impatiemment de tes nouvelles. J'espère que tu n'auras pas encore été puni et que Susannah aura été plus gentille, au moins avec toi.

Message II | 1398 mots



Les lettres fugueuses | Næmo 7qoc
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Mer 27 Mar 2024, 08:29



Unknown

Les lettres fugueuses

Correspondance | Næmo & Lazare


RP lié : Toux et fumier.


La lettre était bien différente de celle qu’il avait reçue la dernière fois. L’écriture était à la fois plus assurée et plus raffinée, les courbes plus élancées. Aucune faute n’en altérait la lecture. Le vocabulaire, plus riche, décorait des phrases mieux construites. Lazare comprit rapidement que le garçon s’était fait aider pour répondre à son courrier – et il était certain que la personne lui ayant prêté main forte n’était pas Susannah. Il considéra le papier quelques instants, le cœur battant, hésitant. Bien qu’elle eût l’air d’avoir été dictée par l’enfant – pour certains passages en tout cas –, l’adolescent ne put s’empêcher de s’inquiéter au sujet de l’adulte impliqué. Il se sentit un peu honteux de le faire ; le rouge colora violemment ses joues et ses oreilles, et il se mordit la lèvre supérieure pour faire passer cet affreux sentiment. Adulte ou pas… Il ne s’agissait probablement pas de la mère du garçon – il l’imaginait plus féroce encore que sa fille. Si elle avait été au courant de tout cela, il ne serait probablement même plus de ce monde, une insulte envers les Sirènes valant probablement motif pour exécution. Son père, peut-être ? Næmo n’en avait pas vraiment parlé, alors il était difficile de statuer sur ce point. Il feuilleta son carnet à la recherche de la lettre précédente. Il mentionnait plusieurs fois Nahoko, l’Orine de sa mère. Lazare se mordilla un ongle et ses jambes se mirent à gigoter frénétiquement sous son bureau. Lui avait-elle révélé ce qu’il pensait des Ondines et ce qu’il s’était passé avec sa fille ? La crainte ne dura qu’un instant, presque aussitôt balayée par son esprit revêche et intrépide : de toute façon, ça n’était que la vérité. Et qu’est-ce qu’elle allait faire ? Ses parents aussi étaient des gens importants. Cette pensée ajouta à son malaise et il la chassa en secouant virulemment la tête. Il ne leur devait rien et ne leur demanderait rien. Il se défendrait seul, comme il comptait se construire seul. Fort de cette bonne résolution, le Magicien attrapa sa plume et commença à écrire.

Bonjour Næmo,

Ne t’en fais pas pour les fautes. Quant aux insultes, je n’ai rien à dire.

J’ai entendu parler de cette histoire ! Il me semblait bien que Susannah avait été impliquée dans une bagarre, mais ce n’était pas très clair. Je ne savais pas trop avec qui c’était. Certains racontaient que c’était encore Titouan (son ex-petit-ami), d’autres que c’était avec Johannês (son petit-ami). Et dans certaines versions, c’était bien Faust.

Il n’allait pas se répéter, mais il fallait bien avouer que plus personne n’était surpris quand l’Ondine se trouvait mêlée à des rixes. De fait, on pouvait rapidement en perdre le compte ou, tout du moins, les détails. L’émulation que déclenchait ce type d’événements expliquait aussi que les rumeurs fussent parfois largement altérées.

Je ne savais pas non plus qu’il y avait Blu. Et je ne suis pas sûr qu’elle veuille bien m’embrasser. Pourquoi tu crois ça ? Parce qu’elle est gentille ? Je ne la connais pas, alors ce serait bizarre de lui demander ça. Et si ça se trouve, elle ne me plairait même pas (peut-être que moi je ne lui plairais pas non plus). Et puis tu sais, les filles, c’est beaucoup plus compliqué que ça. Bref.

Considérant le spécimen qui faisait partie de sa famille, il finirait bien par s’en rendre compte. De façon générale, les Ondines n’étaient pas réputées pour être des filles simples à côtoyer. Il risquait de connaître bien des déconvenues en grandissant. Lazare arrêta d’écrire et leva le nez pour regarder par la fenêtre, songeur. Il finit par lâcher un long soupir, avant de se reconcentrer sur sa missive.

Tu parles de Phèdre et Iphigénie ? Ce sont des Sorcières. Sans vouloir paraître raciste, c’est plutôt de notoriété publique que les Sorciers ne sont pas très fiables… Il y a même une expression, chez les Magiciens, qui est : « mentir comme un Sorcier », et ça veut dire mentir beaucoup, tout le temps.

Et comment ça se fait que tu as été téléporté magiquement à Basphel ? Il y a peut-être des problèmes sur le réseau des pontons, en ce moment, parce que je connais une autre fille qui est apparue d’un coup à Basphel, sans raison. Elle s’appelle Razhul, c’est une Réprouvée. C’est moi qui l’ai trouvée (enfin c’est plutôt elle qui m’a trouvé), et pour la sauver, j’ai dit que c’était ma cousine.

Il ne l’avait pas vraiment sauvée et n’avait pas non plus volontairement dit qu’il s’agissait de sa cousine, mais son correspondant n’était pas obligé de le savoir.

Quand tu as vu Susannah, tu lui as parlé de nos lettres ?

Cette possibilité le frappa d’un coup et il ne put retenir sa main de poser cette question. Il espérait que non, en même temps qu’il se persuadait de s’en moquer. Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Nier la vérité et lui casser la figure ? Il savait se battre, lui aussi. Elle ne lui faisait pas peur. Il la revit avec sa morve au nez et ses cernes jusque sous le menton. Ça le fit ricaner.

Il y a beaucoup de concours de saut et de courses de dauphins, sous l’océan ?

Le Magicien relut plusieurs fois le passage qui parlait de Susannah. On sentait clairement qu’il avait été écrit par un adulte. Le petit ton moralisateur, sous couvert de bons conseils, ne laissait aucun doute. Il se demanda s’il s’agissait bien de Nahoko. Les Orines étaient réputées pour être pacifiques et, dans une certaine mesure, sages. L’un de leurs rôles consistait après tout à apporter soutien et conseil leur Aisuru. Il soupira et écrasa sa joue sur son poing, coude sur le bureau. « Ouais bien sûr, je vais aller ramper devant Susannah et la supplier d’arrêter de se foutre de moi. Nan mais je rêve… » bougonna-t-il.

Non, ne lui en parlez pas. C’est entre elle et moi. Je n’ai pas besoin d’un adulte pour gérer ma vie. En plus, la dernière fois qu’on s’est vus, on s’est disputés, donc pas la peine d’en rajouter.

Pourquoi écrivait-il ça ? Il hésita à l’effacer, mais haussa finalement les épaules. Il décida simplement de ne pas en préciser les circonstances et de ne pas informer son lectorat du fait que leur heure de colle inaccomplie risquait donc d’être reportée. La palefrenière et le professeur qui les avait punis leur avaient déjà remonté les bretelles. Ils ne manqueraient sans doute pas de bientôt se rappeler à leur bon souvenir. Serait-elle toujours malade et d’une humeur de chien ? Il relut sa phrase. Elle donnait l’impression que cette dispute l’affectait, et ça l’agaça immédiatement. Il rajouta :

Parce que si vous vous en mêlez, ça risque d’empirer. Moi je m’en fiche, je n’ai pas l’intention de rester à Basphel, mais elle, ça pourrait la mettre encore plus dans le pétrin, et puisque vous avez l’air de vouloir qu’elle reste là-bas…

Ses iris bleus parcoururent le reste de la lettre de l’enfant. Le dernier paragraphe prêtait franchement à sourire, jusqu’à la partie sur Fabrice, en tout cas. Pour le reste, cela confirmait ce qu’il s’était dit en écrivant au sujet des Ondines. Næmo n’était pas au bout de ses peines. Il eut envie de lui écrire que ce n’était pas une grosse perte, qu’il avait bien fait et que c’était elle, la fille nulle et moche, mais s’abstint, au cas où Nahoko – ou un autre adulte ? – serait impliquée dans la lecture de sa prochaine lettre.

Je vois. Tu devrais peut-être faire ce que tu m’as conseillé avec Susannah : discuter avec elle pour qu’elle arrête de se moquer de toi et de Fabrice ? Et si tu veux que vous vous réconciliiez, tu peux lui faire un cadeau qui lui plairait. Chez moi, les filles aiment bien les fleurs.

Il barra la dernière phrase. Hors de question de passer pour un gros Magicien niais. Il hésita un instant, puis écrit la question suivante, avant de conclure :

C’est Nahoko qui a écrit la lettre ?

Bonne journée à toi aussi et à bientôt,

Lazare



Message III – 1354 mots


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Lun 08 Avr 2024, 13:19

Les lettres fugueuses | Næmo 57jz
Les lettres fugueuses



Salut !

J'avais demandé à Nahoko de m'aider pour les fautes mais je ne le ferai plus parce qu'elle me force à écrire des choses que je veux pas. Elle est nulle parfois. Je vais essayer de faire attention aux fautes, promis.

Je ne savais pas que Susu avait autant de copains ! Tu peux me parler d'eux ? Ce sont des Ondins pas vrai ? Elle en a combien en tout ? Ils sont gentils avec elle ? Et toi, tu as une copine ? On dirait pas. Pourquoi t'en as pas ? T'es moche ? Il paraît que les Gælyan sont tous moches mais Nahoko ne l'est pas et je n'ai vu personne de moche en venant à Basphel, à part ce gros mollusque de Faust tout berk avec ses cornes et sa main toute noire toute cracra !

Les filles, c'est pas compliqué, il suffit juste de leur obéir et de tout faire ce qu'elles disent (même quand c'est un peu nul, comme aller leur chercher des gâteaux ou faire des grimaces pour qu'elles rigolent) ! Quand je le fais, ça marche toujours ! Après, elles disent que je suis mignon, elles me font plein de câlins et des bisous et me coiffent les cheveux, c'est chouette. Tu devrais faire ça avec ma sœur, et vous arrêterez de vous disputer, c'est sûr ! Moi, elle me laissait même dormir avec elle ! Mais toi, elle voudra pas car t'es un terrien. Plus tard, j'aimerais que ma copine me couvre de cadeaux de luxe et qu'elle me dise que je suis beau, mais Nahoko dit que ça, c'est pour les jolis garçons sans cervelle et que ça manque de dignité, que je devrais faire quelque chose de plus utile et intelligent. Maman voudra que je fasse autre chose, comme travailler pour elle mais je veux pas, ça me ferait trop peur de devoir travailler avec elle. Ce serait fatiguant aussi, et en plus je comprends rien à son travail, elle risque de me taper si je ne comprends pas ce qu'elle me demande de faire, ça me donne mal au ventre rien que d'y penser. Et toi, tu veux être quoi plus tard ?

Des Sorcières !!! Si j'avais su, je leur aurais craché à la figure ! Si je reviens, je le ferai, elles vont voir un peu ! Et Blu, elle est quoi ? Elle avait pas l'air d'une menteuse, mais les Sorcières non plus... Comment on sait à qui on peut faire confiance ?

Je sais pas comment je suis allé à Basphel, je prenais mon petit-déjeuner avec Argos, et soudain j'étais là-bas. J'ai eu peur au début, j'étais tout seul. C'est là que j'ai vu les Sorcières. Rahzul, ça me dit quelque chose, mais y a pas de fille Réprouvée à Port Dirælla. C'est bizarre, c'est tout flou, je crois que c'est la fille qui était avec moi quand j'ai fait mon cauchemar où un gros Dragon voulait me manger ! Elle m'a parlé de culotte et de mettre ma main dedans, beurk ! Je veux pas toucher là moi ! On m'a toujours dit qu'il s'y cachait des grosses dents, ça fait trop peur et en plus c'est cracra, c'est par là qu'elles font pipi, je toucherai pas ! Jamais ! Fællys m'a proposé de me montrer si je lui montrais mon zizi en échange mais j'avais trop peur et je me suis enfui et maintenant, elle se moque de moi avec ses copines, la honte. Les filles, ça me fait peur, c'est peut-être mieux que je ne m'en approche pas trop et que j'ai des copains à la place ! Tu veux être mon copain ?

J'ai juste dit qu'un garçon disait qu'elle était une salope, pourquoi ? Tu as eu des problèmes ? Désolé, je dirais plus rien ! On n'a qu'à faire un pacte de copains ! Normalement, il faut cracher dans la main mais on ne se voit pas alors je vais cracher sur la lettre, et si tu craches dessus, ça fonctionnera et si on révèle nos secrets aux autres, quelque chose de très grave nous arrivera, comme avoir bobo fort au ventre (comme à Basphel, j'avais beaucoup mal mais après les toilettes, ça allait mieux).

Oui ! Peut-être que je pourrais devenir dresseur de dauphins plus tard ! Il y en a qui dressent aussi des orques, des raies, des requins ! Mais depuis qu'il y a la sauge, Nahoko ne veut plus aller me laisser aller dans l'océan à cause des monstres et parce qu'elle dit que peut-être que la barrière de sauge va grossir et tout envahir alors c'est trop dangereux.

D'accord, je ferai un cadeau à Liviæ mais je sais pas trop quoi. Je sais pas ce qu'elle aime et j'ai pas d'argent, Nahoko veut pas me donner d'argent de poche. Elle croit que je suis un gros bébé alors que je sais m'habiller tout seul et me laver tout seul. Moi je pense qu'elle aime bien s'occuper de moi et elle me laisse rien faire que je veux car ça l'occupe en attendant qu'on retrouve maman. Tes parents à toi, ils sont comment ?

Réponds-moi vite !
Næmo
Message III | 904 mots

Je n'ai pas eu le courage d'écrire la lettre avec les fautes mais tu peux partir du principe qu'il y en a un certain nombre 8D



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