RP précédent : Laine et noisette font la paire.


« Salut ! » s’exclama le blond, en levant la main en direction de Blu. Il lui servit l’un de ses sourires éclatants dont il avait le secret. « Oui ! J’avais trop hâte de pouvoir participer à cette soirée. Et toi ? » Il imita la Magicienne et s’assit sur le tabouret qui lui était destiné. Déjà, son regard s’égarait sur le maquillage et les pinceaux disposés sur la table. Il attrapa le mot et le lut rapidement, avant de relever les yeux vers sa partenaire. Sa remarque le fit sourire. « C’est sûr. Ce n’est pas aux monstres qu’il faut faire peur, ce soir. » Il fallait les rejoindre. Passer du côté obscur. Devenir aussi effrayant qu’ils pouvaient l’être. Se grimer pour se fondre dans leurs ténèbres. « Oh, je s- Ah ! Vas-y, alors. » Il sourit et la laissa commencer son œuvre. Il essaya de bouger le moins possible. Ce n’était pas si évident que cela, pour lui. Sa nature s’accommodait mieux des grands espaces, des courses infinies et des mouvements libres. Quand il était enthousiaste – ce qu’il était généralement –, c’était encore pire. Pour lui, les Ætheri semblaient avoir élevé au rang d’art l’application de l’expression « tenir en place ». « Avec Aubépine. Elle a une voix qui porte super loin. On a fait peur aux monstres comme ça, en criant. » Il rit, renversant légèrement la tête en arrière. « Pardon. » Il se replaça correctement pour qu’elle pût continuer son ouvrage. Il l’observa. Il aimait bien voir s’épanouir cet air de concentration sur son visage. « Alors ? Qu’est-ce que tu fais ? Un maquillage de Sorcier ? » Il sourit, puis réprima aussitôt son sourire pour ne pas la gêner dans sa tâche. « En fait c’est à ça que je pensais tout à l’heure. Tu sais, un Sorcier avec des veines noires partout, comme Val’Aimé Taiji. »

Lorsqu’elle eut terminé, il sauta aussitôt devant le miroir. Les yeux plissés, il réfléchit quelques secondes avant de lancer : « Ah ! Je sais ! Un Ur’welluff ? » Il se tourna vers elle, dans l’attente de son approbation. « Trop bien ! Assorti au mouton ! Et qu’est-ce que tu veux que je te fasse, toi ? Je peux te maquiller en Sorcière, du coup, si tu veux ! Ou en chat maléfique. Il y a plein de légendes sur les chats maléfiques. » Il retourna s’asseoir sur son tabouret. « Je pourrai pas être super précis, par contre, parce que les garçons doivent maquiller les filles avec leurs doigts. » Il lui tendit le mot qu’il avait récupéré sur la coiffeuse. « Et tu étais avec qui, d’ailleurs, tout à l’heure ? Je ne t’ai pas retourné la question. » Il s’arma de la palette et trempa ses doigts dedans.

« Blu la Sorcière. » Alcide sourit. « C’est parti ! » De sa main propre, il attrapa doucement son menton pour fixer sa mâchoire et éviter que son visage ne bougeât trop pendant l’opération. Appliqué, il commença à tracer les veines noires qui déchiraient la peau des plus grands disciples des Ténèbres. Avec les doigts, l’opération n’était pas des plus aisées. S’il avait eu un pinceau, il aurait pu tracer des stries fines, dont la pointe se serait fondue dans les teintes de la carnation de la Magicienne. Même avec l’auriculaire, même en essayant d’affiner en utilisant l’ongle ou en effilant une courbe avec deux doigts propres, le rendu était moins net que ce qu’il aurait pu être. Le blond ne s’en formalisait pas : c’était la règle du jeu, et ils étaient avant tout présents pour s’amuser. « Aäron ? » Un sourire ourla les lèvres du Magicien. « C’est un de mes colocataires. C’est vrai qu’il est intrigant, mais il n’est pas méchant. » Il se rappellerait encore longtemps de leur premier échange, au sein de l’auberge qui les avait accueillis pour le Fessetival. Depuis, l’humeur de l’Alfar ne lui semblait pas s’être réjouie. Elle était si constante que, bien qu’elle fût globalement négative, Alcide ignorait s’il fallait réellement s’en inquiéter. Il écouta Blu faire le récit des stratégies du brun. Il trempa son pouce dans les pigments noirs, puis les étala sur la paupière de l’adolescente, et tout autour de ses yeux, pour lui donner un air plus sombre encore. Il espérait qu’elle ferait vraiment peur. « Au moins, avec tout ça, vous avez survécu. » conclut-il, optimiste. « J’ai terminé ! » Il se leva et s’écarta pour lui laisser tout le loisir d’admirer le résultat. Son rire fit émerger un sourire sur son visage. « Au moins ! Je suis sûr que tu aurais été une Sorcière encore plus terrifiante. » Il pensa brièvement à Érasme. Il avait parlé de Val’Aimé, plus tôt, mais le corps de l’ancien Prince Noir aussi était marqué par les affres de sa magie. Des tas d’histoires couraient à ce sujet. Certains disaient que les ténèbres finissaient parfois par totalement recouvrir leur peau et que, lorsqu’il ne demeurait plus une seule parcelle de chair claire, la pénombre engloutissait définitivement le Sorcier, corps et âme, et qu’il n’existait plus vraiment. La voix de Blu le raccorda à la réalité. « Oui. » répondit-il assez mécaniquement. Il se redressa et se para à nouveau d’un sourire. Malicieux, il ajouta : « J’espère qu’ils crieront aussi fort qu’Aubépine. »