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 De cœur et d'entailles | Dastan, Érasme, Lucius et Tekoa

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
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Kaahl Paiberym
Mar 22 Aoû 2023, 20:51

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Les réminiscences de son corps


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Alès Palatium

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je ne lui avais pas demandé son nom. Eméliana me l’avait peut-être dit mais je l’avais oublié. Cigarette à la bouche, je le fixai sans le voir. « Retourne-toi. » Sa silhouette nue couvrait en partie le feu de cheminée. Son corps se détachait en une masse sombre qui pouvait laisser place à l’interprétation. J’avais admiré son côté face. J’admirais à présent son côté pile. Tandis que mes yeux azurés ne faisaient que le fixer, mon esprit imaginait autre chose ou, plutôt, quelqu’un d’autre. Les courbes de ses bras prenaient en volume, en beauté aussi. Sa peau me paraissait plus solaire et il me suffisait de m’égarer un instant pour sentir son contact contre ma chair. Des réminiscences me parvenaient, entêtantes. La drogue et l’alcool me maintenaient dans un état second où les traits de Dastan remplaçaient ceux de l’esclave. Malgré le froid mordant de l’extérieur, mon corps brûlait d’une fièvre qui donnait à ma peau des suées persistantes. La paume de ma main droite chercha à essuyer mon visage. Je n’avais aucune idée véritable de l’origine de la moiteur qui le recouvrait. Pleurs ? Sueurs ? Alcool ? « Amène-moi une nouvelle bouteille. » « Maître, vous devriez peut-être arrêter… » Je ris. Les esclaves n’avaient pas leur mot à dire. J’aurais pu le tuer pour sa hardiesse. J’aurais pu le tuer sans raison. Il finit néanmoins par s’exécuter. Il n’avait pas le choix. Je pouvais tout lui demander, même de se placer à quatre pattes par terre. Quand il s’approcha, ma main se referma sur son poignet. Je levai les yeux vers lui, sur sa tignasse rousse et ses yeux ambrés. J’étais sûr qu’elle avait fait exprès. Cette sale garce m’avait offert le péché sur un plateau d’argent. J’ouvris la bouche pour qu’il me servît à boire. J’imaginai autre chose et me perdis dans ce que mes désirs me murmurèrent. Pourquoi fallait-il qu’il lui ressemblât ? Même un peu ? Le liquide coula sur ma langue. Je ne l’avalai pas tout de suite. Il en profita pour s’échapper par la commissure de mes lèvres sans provoquer chez moi la moindre réaction. Je déglutis et penchai la tête en arrière sans cesser de le regarder. « Je devrais te tuer. » J’y avais pensé plusieurs fois et, pourtant, ne l’avais pas fait. Il me tenait compagnie, à la manière d’un chien. Ce n’était simplement pas le bon chien. Je passai néanmoins mes doigts dans sa chevelure bouclée. Un rire bref et désabusé m’échappa. Ce n’était vraiment pas le bon chien. Tout juste un chien de consolation. Il me suffisait cependant à m’échapper du reste.

Sur le bureau, plus loin, une lettre de mon père trainait à côté de deux piles d’ouvrages. Il me les avait fait apporter en vue de mes futurs études à l’université d’Asresh. Je n’y avais jamais mis les pieds. Après mon acceptation, j'étais censé étudier à distance. Plus que censé, je devrais me plier aux exigences d’Elias. Les mots, même à l’écrit, étaient claquants et autoritaires. Ils ne laissaient aucune place au doute. Si je n’obéissais pas, les tortures de Val’Aimé me paraîtraient bien douces en comparaison de ce qu’il m’infligerait. Il le tuerait. Il le tuerait si je tentais de me soustraire à mes obligations. Il le tuerait si je n’étais pas assez brillant. Il le tuerait si j'essayais de nouveau de me tuer et, ce, même si je réussissais. Il le tuerait dans bien des cas. La consommation de psychotropes n’en faisait néanmoins pas partie. J’avais conscience du piège : si je voulais réussir le reste, il me faudrait avoir toute ma tête et me sortir de mes addictions. Quand je prenais de la drogue ou consommais de l’alcool, j’avais l’impression de pouvoir arrêter n’importe quand. Mais le manque finissait inlassablement par revenir.

Mon regard frôla les abdominaux de l’esclave. Encore une fois, ils se troublèrent pour ne me laisser percevoir que ce que je désirais. Je soupirai, sachant qu’il me faudrait partir en mission d’ici quelques heures. Je souhaitais simplement me perdre encore un peu dans la première de toutes mes dépendances. Je n’arrêtais pas d’y penser, de jour comme de nuit. Il y avait ses doigts dans mes cheveux, ses lèvres contre les miennes, toutes ces caresses et ces baisers interdits… Le fait qu’ils fussent défendus les rendait d’autant plus irrésistibles. J’avais décidé d’arrêter de lutter contre l’inévitable. J’étais un traître et ils m’auraient probablement lapidé si je n’avais été personne. Mon père avait raison. Le pouvoir seul protégeait. Je le savais déjà mais je manquais parfois de courage. Mes prunelles se posèrent sur mes poignets, toujours entaillés. Je les coupais parfois, sans chercher le trépas, juste pour voir le sang gicler. Cyrius avait raison : la mort était un concept fascinant. « Dégage maintenant. »

793 mots

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 23 Aoû 2023, 16:20

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La sculpture de son corps

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Adraha

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je poussai un soupir, encore à moitié endormi. Mes yeux s’ouvrirent légèrement, accueillis par les quelques rayons de soleil qui parvenaient à passer outre les rideaux fermés. L’une de mes mains caressa mon torse et mes paupières, lourdes, s’abattirent de nouveau. Entre rêve et éveil, je songeais à mon corps, à la peau qui se trouvaient sous mes doigts. Encore douce, elle perdait pourtant de sa superbe par endroit. Monter des Dragons demandait quelques sacrifices. Je pensai à Dastan, à sa silhouette parcourue par les marques de la guerre. Mes muscles à moi me semblaient taillés par goût alors que les siens m’apparaissaient comme sculptés par la nécessité. Je remuai, la réalité prenant de plus en plus de place. Je me remémorai notre réunion de Seaghdha. Ça m’avait fait du bien de voir tous ces corps différents, du plus maigre au plus musclé. Aucun de nous n’était en surpoids. Certaines silhouettes étaient lisses, d’autres esquintées. Le Réprouvé et le Sorcier faisaient partis de ceux-là, pour des raisons différentes. Je grimaçai, mes phalanges continuant pourtant leur chemin. J’aimais bien sentir les formes qui m’appartenaient. T’es trop con. Les mots d’Érasme me revenaient souvent. Je n’étais toujours pas certain de savoir pourquoi est-ce que je l’avais aidé. Je me répétais souvent que c’était parce que j’étais un Magicien et que j’agissais donc au mieux, pour le bien. Je me mentais. Je l’avais sauvé pour moi-même, en sentant la peur du trépas m'envahir. J’avais eu l’impression factice que s’il mourait, je mourrais aussi. C’était l’unique raison. « Tu t’aimes un peu trop Paiberym. On n’a pas idée de se tripoter comme ça pendant vingt minutes… » La voix de Güra finit de me tirer de mon état somnolant. Je soupirai, en remontant ma main sur mes pectoraux. Mes yeux cherchèrent les siens. Elle était debout à côté de mon lit, nue. « Qu’est-ce que tu fous là ? » Je me frottai les yeux. J’avais peut-être encore sombré. « Sois poli sinon je t'arrache les couilles. » C’était ça. La veille, on avait bu et on avait fini dans ma chambre. Mon avant-bras se plaça sur mes paupières. « Merde. » Le souffle se perdit dans le silence. Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas m’en empêcher ? À chaque fois, je me disais qu’on ne m’y reprendrait plus et, à chaque fois, je finissais par coucher avec elle. « C’est pas ce que tu disais hier. » Elle avait répondu à retardement, sans doute le temps pour son cerveau de Bipolaire de décider si elle restait charmante ou me pétait la gueule. La dernière option était de casser des objets m’appartenant. Ce genre de comportements, en plus de l’épisode de la douche, justifiaient amplement que je ne voulusse plus d’elle dans mon lit. Pourtant, je ne faisais que me contredire.

Je perçus la masse de son corps sur le mien. Sentir ses cuisses écartées contre moi raviva des désirs que le sommeil avait enfoui. « C’est pas le moment. » lui fis-je savoir. Elle attrapa l’une de mes mains et la posa sur son sein gauche. « Güra… » « Güra. » m’imita-t-elle, avec une voix volontairement chouineuse. Elle fit onduler son bassin contre moi, tout en parlant. « T’as reçu un énorme colis de ton père pendant que tu dormais. Et une lettre d’une certaine Flore-Ange… Vu le nom, ça doit être une de tes Magiciennes. Encore une qui va avoir le cœur brisé. Tu comptes faire pareil avec Eeva ? Fais gaffe, il paraît que le Pendragon la garde à l’œil. » Je soupirai. « Mais qu’est-ce que tu peux être bavarde… » La blague de Dastan me revint en mémoire et je souris malgré moi. La Réprouvée le remarqua et attrapa la tige de métal qui parcourait mon téton. « Mais aïe putain ! » « À qui tu penses ? » « À Dastan. » Je n’avais aucune raison de lui mentir. Un petit sourire apparut sur son visage. « Tu l’as revu ? » « Ouais. » « J’aimerais bien le revoir moi-aussi. » Sa main descendit entre mes cuisses et attrapa mon sexe qu’elle enfouit en elle. Un râle de plaisir m’échappa malgré moi. Elle m’énervait. Après quelques chevauchées, elle s’arrêta. « C’est Dastan qui t’a offert ça ? » Elle me plaqua sous le nez la statuette de tigre. « Putain ! Arrête de toucher à mes affaires ! » La colère venait de percer mon cœur et je lui arrachai l’objet des mains tout en la dégageant de sur moi. Je me levai, ouvris mon coffre en bois, la plaçai dedans et le refermai à clé. « Tu fais chier. » grognai-je, en me dirigeant vers la salle de bain commune. Alors que l’eau se mettait à couler, j’entendis un premier gros bruit. « Cette fille, je vais la… » Mes mots moururent dans ma gorge. Je n’allais rien faire du tout. Je devais juste arrêter de coucher avec elle et la tenir, par là même, éloignée de mes affaires. Ça m’éviterait d’avoir à essuyer sa rage.

826 mots

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Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
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Lyz'Sahale'Erz
Mer 23 Aoû 2023, 19:25

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L'évolution de son corps

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Awaku No Hi

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Alors c’est vrai, il est rentré ? » Une tête apparut par l’ouverture de ma tente. Une deuxième la suivit. « Dis donc, il a changé ! » Je me redressai, encore à moitié endormi. Deux filles se tenaient là. Quand je posai les yeux sur elles, elles se mirent à rire. Je soupirai. « Vous voulez quoi ? » leur demandai-je, aussi impertinent qu’autrefois. Je me mis en tailleur puis attrapai de quoi me couvrir. Une fourrure vint entourer mes épaules. La veille, j’avais participé à un rituel. Ma peau était encore peinte. Awaku No Hi m’avait appelée en rêve à Seaghdha. J’étais convaincu qu’à travers mes songes, les Ætheri m’avaient parlé. Quelques jours plus tard, Dyonis m’avait autorisé à rentrer chez moi, me précisant qu’il s’était occupé de prévenir Basphel. Parfois, dans l’obscurité, ses yeux glacés me hantaient. La marque des apprentis était toujours à sa place. « T’étais où tout ce temps ? » « J’ai visité le monde. » « T’as de la chance que les Chamans puissent de nouveau voyager. T’aurais fini banni sinon. » releva l’une d’elle. Elles avaient l’air de se souvenir de moi mais je ne me rappelais pas d’elles. Un seul nom me restait en tête. « Est-ce que vous connaissez A’Hawé ? » leur demandai-je. De quelle tribu était-elle déjà ? La tribu des artistes. Raya. « Elle appartient à Raya. » « Pourquoi ? Tu comptes honorer la vie avec elle ? » Le gloussement m’arracha un rictus agacé. « Dire qu’il ne voulait embrasser personne avant… » Un grand sourire insolent naquit sur mes lèvres. « C’est drôle, vous parlez comme ma vieille nourrice. Et ce n’est pas un compliment parce qu’elle est chiante et rabat joie. » Elle était peut-être morte depuis le temps. « Toujours aussi aimable. Les Ætheri devraient te couper la langue. » « Parle pas au nom des Ætheri. » Je me levai. Je faisais une bonne tête de plus que chacune d’elles. Pas rancunières, elles continuèrent à m’adresser la parole. « Tu nous raconteras tes voyages ? » « C’est vrai que t’es célèbre ? » Je l’étais assez sur notre île. Pour le reste, je ne m’y étais jamais intéressé. J’étais trop jeune à l’époque et, maintenant, tout ce qui me préoccupait était le voyage que j’allais devoir effectuer d’ici quelques jours. Autrement dit, je n’étais toujours pas intéressé par la possibilité de me reproduire. C’était le moment, celui que j’attendais depuis que j’étais en âge de comprendre et de me projeter vers l’avenir. Hier, on me l’avait confirmé. J’étais prêt. Il me faudrait m’isoler, partir seul et ramener la preuve de ma chasse. Il me faudrait tuer un ours, trois loups, un aigle, trois renards et deux cervidés. Après ça, et après la Fusion, je deviendrais un Hunkor. Je pensai aux objectifs du groupe. Faire partie du gouvernement ou devenir Roi de sa race était l'un d'eux. Je savais pourtant que ce ne serait pas à moi de décider. Seuls les Dieux décidaient. Ils me guideraient, si tel était mon Destin. « J’en sais rien. Vous voyez pas que je suis occupé ? » Mes yeux se plantèrent sur elles. « T’étais en train de dormir. » « Je ne dormais pas, je méditais. » « Je vois ! C’est comme la fois où je t’ai surpris la tête en bas et où tu m’as dit que tu t’entraînais. En fait, t’étais juste coincé. » Elle rit. « En plus tu ne méditais pas… ou alors tu médites en ronflant. » L’espièglerie dans leurs regards me fit lever les yeux au ciel. « Vous ne pouvez pas comprendre. » « Il joue les mystérieux en plus. » « Vous m’avez pas répondu pour A’Hawé. » tentai-je, pour changer de sujet. Au-delà de ça, elle me manquait véritablement. Tout ce temps passé à l’extérieur avait été ponctué par trois choses : ma volonté de revenir et de me montrer digne de Mior, celle de retrouver A’Hawé et puis, bien sûr, les yeux bleus de Dyonis. « Je ne la connais pas. » « Moi non plus. » « D’accord. » J’étais déçu. Il me faudrait enquêter. Je voulais vraiment la retrouver. Elle devait avoir grandi et changé. Comme moi. Comme nous tous. L’île elle-même avait changé. J’avais l’impression d’être parti une éternité.

« Oh ! Tu vas où ? » « Je vais tenter de trouver ma nourrisse avant de partir… » « Je croyais qu’elle était chiante et rabat joie. » « Justement. Je dois lui montrer comment j’ai bien grandi ! » Ce n’était pas vrai. Je voulais la voir parce qu’elle m’avait manqué aussi. Tout ici m’avait manqué, même l'odeur d'Awaku No Hi.

781 mots

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3867
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Ven 25 Aoû 2023, 22:01


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L’oubli de son corps

Solo | Dastan


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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les doigts trempés du ciel pianotaient sur le bois du pilotis, ralentis par le toit et le couvert de quelques arbres. Nu, assis sur une chaise devant la fenêtre, les bras croisés sur le pourtour et le menton posé dessus, Dastan observait le rideau de pluie qui s’abattait un peu plus loin. Les ténèbres avaient envahi la ville. Des maisons voisines, il ne distinguait que la faible lueur des bougies allumées dans les pièces occupées. L’eau semblait les faire vaciller, comme si le souffle des cieux les atteignait elles aussi. Les montagnes avaient plongé leurs ongles dans les jupes vaporeuses des nuages marins, et ceux-ci paraissaient hurler leur peine au-dessus de Gona’Halv. Croyaient-ils que les habitants pouvaient tendre les mains et les délivrer de l’étreinte acérée de la roche ? Le Manichéen ferma les yeux. Il écouta la mélodie de la tempête. Les grondements de l’orage qui se répétaient régulièrement, et que cette régularité, couplée à la sensation sourde qui remontait depuis le sol à chaque roulement, rendait presque apaisants. Les tambours de la pluie sur la terre détrempée, les larges feuilles de la jungle, les toits végétaux des habitations. Le silence de la nature qui s’ajustait tant bien que mal au caprice des éléments. Les quelques cris, dans le lointain, des audacieux demeurés dehors. Le rugissement d’un monstre prit dans la bataille contre le temps, peut-être. La pluie, encore. Elle lui rappelait Seaghdha. Il rouvrit les yeux, libéra un bras du poids de sa tête et fit courir ses doigts sur le contour de la fenêtre.

Le claquement de la porte brisa la musique des cieux. Dastan se redressa en inspirant lentement, avant de reprendre appui sur son avant-bras, et de laisser l’autre pendre par l’ouverture. Il écouta le froissement des vêtements qu’on retire, le choc mat des chaussures balancées contre le mur, le soupir de libération du corps délivré des entraves, puis le bruit des pas lourds de Draegr, qui marchait toujours sur les talons. Quand elle fit coulisser la porte de la chambre, son chuintement répandit un frisson dans le dos du roux. Il ne se retourna pas, mais sut que la brune s’était immobilisée. Son mouvement reprit avec plus de douceur. Ses mains se posèrent sur les clavicules du Réprouvé et coulèrent le long de sa peau, pareilles à la pluie qui dévalait les toits. Le visage de la jeune femme se fit une place à côté du sien. « À quoi tu penses ? » demanda-t-elle. Il haussa les épaules. Durant quelques secondes, le silence gouverna à nouveau. « Ils ne vont pas te détester pour toujours, tu sais. » - « Peut-être. » Elle embrassa sa tempe. « Je t’ai ramené à manger. C’est dans la cuisine. » La pièce était rudimentaire. Elle disposait d’une table et de quelques placards. Pour le reste, l’équipement demeurait limité. Il y avait juste de quoi cuisiner sommairement, au cas où la fièvre ou une autre maladie frapperait et impliquerait l’isolement total. Les repas se prenaient dans la maison principale, plus souvent désignée par des sobriquets tels que « la caserne » ou « la grande », qui servait de lieu de réunion et de convivialité. Pour la nuit, chacun rentrait chez soi. Les habitations, toutes sur pilotis, entouraient la caserne, et accueillaient deux à quatre individus. Cela permettait de limiter les frictions entre inconnus, et surtout entre les ressortissants de Lumnaar’Yuvon et ceux de Keizaal. Autrefois, quand Dastan rêvassait à propos de son apprentissage à Gona’Halv, il répugnait à l’idée de devoir les côtoyer. Désormais, il s’en moquait. Originaires de l’île, de Keizaal, de Lumnaar’Yuvon ou de Gein’Drakul, ils lui faisaient presque tous le même effet. Il préférait ne pas les fréquenter, pas tous les jours. Affronter leurs regards et leurs remarques lui était plus difficile que prévu. « Merci. » Il n’avait pas faim, pourtant, il se leva. « Je vais manger. » Il avait déjà trop maigri. S’il ne se forçait pas, ses muscles fondraient, et il ne resterait de lui qu’une silhouette si décharnée qu’elle pourrait passer entre les gouttes. Mieux valait avoir la nausée.

Lorsqu’il revint, il se laissa tomber dans le lit. Draegr se colla aussitôt contre son corps et, malgré la chaleur épaisse et moite qui régnait partout ici, son contact le réconforta. Il l’entoura de ses bras, enfouit son nez dans le creux de son cou, respira son odeur. Une odeur de sel et de terre, une terre sauvage et rocailleuse. Sa main droite descendit sur sa hanche, qui poussait là telle une colline, pleine et arrondie ; puis il remonta sur sa taille, qui creusait une vallée de douceur. Il inspira encore, plus fort, et plaqua son bras dans son dos pour la serrer contre lui. Dastan avait souvent craint qu’elle ne l’abandonnât, qu’elle finît par croire à toutes les rumeurs qui galopaient sur son compte, qu’elle accordât du crédit à ce que les autres racontaient, mais elle était toujours là. Indéfectible. Parfois, quand la Démone primait, elle l’insultait, elle le traitait de traître, ou elle tentait de savoir ce qui l’unissait à Érasme. Ça ne durait pas. Elle finissait toujours par revenir. Lui, il niait. Il ne disait rien. Il se taisait. S’il parlait, il s’énervait. Il explosait. Il ravageait tout.

Il pensait au Sorcier, souvent, en silence. Il sentait ses doigts pianoter sur lui comme ceux de la pluie sur le bois ; son regard plongeait malgré lui dans l’étendue céleste et ténébreuse de ses iris. Il détestait tout, tout le monde. Il maudissait Hazaan et sa punition : c’était une condamnation. Il n’y avait pas moyen de s’y soustraire, pas moyen non plus de l’ignorer. Elle pleuvait sur lui tous les jours. Il essayait d’oublier Seaghdha, et tout le reste. Puis il se remémorait sa conversation avec Freyja, leurs mots sur le trépas des valeurs et sur l’incendie qui dévore les ailes. Il oscillait. Il haïssait, il aimait. Il ne trouvait aucun équilibre. Dastan coupa son soupir dans un baiser déposé dans le cou de Draegr, puis il se redressa, et descendit le long des couvertures. Ses mains s’ancrèrent aux hanches de la jeune femme, qu’il décala avant d’écarter doucement ses cuisses, et d’y glisser son visage pour joindre ses lèvres aux siennes. Ses gémissements faisaient taire les voix qui le hantaient. Les mouvements de son bassin s’imprimaient sur sa rétine. Son parfum saturait ses sens. Devant son spectacle, il s’oubliait.

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Message I – 1065 mots


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 26 Aoû 2023, 14:16

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De cœur et d'entailles


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Nashalæta

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Quelle idée de se perdre à Nashalæta ! » Mon regard ne rejoignit pas le visage du propriétaire de la voix. J’espérais qu’il repartirait vite avec le reste du groupe. « Il fait froid, tu ne trouves pas ? » Face à mon silence, il me jaugea. Ma magie restait silencieuse, comme le serpent caché derrière son rocher. Les stries sur ma peau auraient dû l’avertir. Il continua pourtant. « Tu es Érasme Salvatore hein ? » Mes lèvres se pincèrent. « Je suis un Sorcier, comme toi. Je m'appelle William. » Un Mage Noir sans éducation visiblement. « Je crois qu’on est ici pour la même chose. » Il grelottait sans s’en cacher. J’avais étonnement chaud. Peut-être était-ce l’alcool ? Ou la drogue ? Mes pensées n’étaient focalisées que sur une unique personne. Dastan était mon refrain favori, celui que j’avais envie de chanter à l’infini, celui qui ne me lassait jamais. Les yeux ouverts, je continuais de me remémorer les courbes de son corps. Du matin au soir, je cherchais une façon de le rejoindre. Ma haine pour Lucius se nourrissait des derniers instants passés à Seaghdha. Lorsqu’il lui avait sauté dessus pour lui faire remarquer qu’il ne pouvait pas me désirer et que ses mots l’avaient rendu faible, j’avais souhaité le faire disparaître à jamais. Le Bipolaire ne savait pas ce qu’il voulait et il suffisait que ce connard de Magicien l’ouvrît pour que la donne changeât. « J’ai entendu, tu sais… » Je ne l’écoutais pas. « Mais ne t’inquiètes pas, je suis dans ton camp. » Le roux et moi avions passé la soirée loin de l’autre. J’avais ressenti le manque. Je n’avais pas cherché à aller le voir, contrairement au détenteur de Magie Bleue. Le vide ressenti m’envahissait toujours. Quand je m’étais éveillé, j’avais eu l’impression d’avoir encore le goût de ses lèvres sur les miennes. Il y avait eu cette statuette. Je n’arrêtais pas d’y penser. Où était-elle à présent ? Avait-elle été détruite ? « Je suis aussi attiré par les hommes. C’est pour ça que ma famille m’a jeté là… C'est ton cas non ? Je n'ai pas entendu ça à Amestris mais, à Avalon, ils en parlaient... Pour moi c'est moins facile avec les membres de ma famille... » Je me fichais de sa vie. Il ne pouvait pas comprendre. « Ils ne m'ont jamais supporté. J’ai toujours été un moins que rien pour eux, une anomalie. Pas que pour ça d’ailleurs. Mais toi et moi, on pourrait s’ent… » Les mots se transformèrent en cris lorsque le feu naquit et enflamma les environs. Si le brasier m’entoura sans abîmer ma peau, la sienne brûla en un rien de temps. La morsure ravagea ses organes internes et, finalement, il ne fut plus qu’une silhouette inerte sur le sol. Comme je comprenais ses parents, de l’avoir largué ici. « Le prochain à m’adresser la parole subira le même sort. »

Le groupe respirait la faiblesse, des adeptes dévolus à la cause mais avec une espérance de vie limitée. Si la faune de Nashalæta nous rejoignait, beaucoup mourraient. Que faisaient-ils là ? Cherchaient-ils un sens à leur existence ? Ils seraient déçus de comprendre qu’il n’y avait aucun. J’accélérai le pas. Je voulais trouver ces âmes perdues rapidement et retourner à mes occupations. Celles-ci consistaient à fumer, boire, tenter de lire mes manuels et penser au roux. Si Eméliana m’avait vu, elle en aurait profité pour me traiter de déchet. Je m’en fichais. Je me fichais de tout depuis Seaghdha. De tout sauf des lignes écrites par mon père. Sans elles, j’aurais déjà quitté cet endroit. Je voulais le voir. Loin de Lucius. Juste lui et moi, sans le parasite. Je soupirai, incapable de m’expliquer mon état. Je ne voulais être ami avec personne. Je ne voulais être le mari de personne. Je ne voulais être l’amant de personne. Personne d’autre que lui. Je me mis à rire devant les regards à la fois inquiets et incrédules des autres adeptes. Leurs échanges silencieux s’interrogeaient sur mon état mental et sur ce qu’il convenait de faire. Allais-je les tuer ? Pire, allais-je faire échouer la mission ? Je n’en tins pas compte, torturé par un cœur recouvert des entailles d’un amour que j’avais bien du mal à envisager. Je n’aurais pas dû être capable de l’aimer à ce point. Je n’arrivais pas à en mesurer les frontières. Je le haïssais pour ça. Je me sentais furieux sans lui. Je me sentais d’autant plus furieux de l’imaginer vivre sa vie loin de moi, parfaitement heureux. L’envie de faire disparaître cette colère qui me tordait les entrailles me prit. Je fixai les autres, des désirs supplémentaires au bout des doigts. Ils me démangèrent. Je me voyais déjà écraser leurs crânes, écarteler leur chair… je voulais leur faire du mal parce que je me sentais fébrile. À chaque fois que je pensais à lui ou que j’étais avec lui, le mal en moi reculait. La sensation de devoir compenser en son absence s’immisça dans ma tête. Peut-être était-ce ça, la clé ? Être la pire version de moi-même pour pouvoir accepter les éclaircies qu’il faisait naître dans mon ciel empli de ténèbres ? Comment était-il devenu le centre de mon existence ? Mes genoux touchèrent le sol glacé sans que je ne luttasse contre la gravité. Mon poing s’écrasa là, une fois, deux fois, trois fois et je me mis à hurler comme un dément, distillant chez mes compagnons une peur de plus en plus marquée. Ils pensèrent tous que j’étais complètement fou. Ce n’était pas ça. Un maudit Réprouvé avait simplement planté ses griffes dans mon cœur de charbon au point d’y créer des entailles d'or. 

904 mots

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Kaahl Paiberym
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Sam 26 Aoû 2023, 20:31

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De cœur et d'entailles

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Adraha

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Freyja,

Je constate que tu as définitivement abandonné le prénom que je te connaissais. Heureusement que Dastan l’a prononcé plusieurs fois devant moi. Je me serais demandé qui m’écrivait sinon.

Ce n’était pas vrai. J’avais reconnu son écriture dès que mes yeux s’étaient posés sur l’enveloppe. Güra avait omis cette lettre-là dans sa liste. Pourquoi exactement ? J’y réfléchis cinq secondes avant que la question ne me parût totalement inintéressante. Je ne la croyais pas jalouse. En revanche, elle était tête en l’air et avait dû oublier de la mentionner. C’était simplement étonnant vu que la blonde était une Réprouvée. En serviette, j’avais parcouru avidement les lignes en espérant que nous pourrions nous voir. La réponse négative ne m’avait pas fait plaisir. J’avais entendu toutes les rumeurs à son sujet, de son passage à Avalon à son mariage avec mon père. Depuis, je ne décolérais pas. Une partie de moi avait l’envie terrible de la rejeter, de ne plus lui adresser la parole. L’autre restait attachée à l’Ange.

Je comprends pour Lumnaar’Yuvon, même si ça ne m’étonnerait pas que ton frère y ait déjà emmené Érasme. Je les ai vus il n’y a pas longtemps. C’était la soirée la plus gênante de ma vie et si je ne les avais pas séparés ça l’aurait été encore plus. Je sais que les Réprouvés se fichent de le faire en public mais je m’inquiète vraiment pour Dastan. Je crois qu’il est amoureux. Je lui ai dit qu’il ne devait pas mais il est sourd à mes mots. Peut-être qu’il sera plus sensible aux tiens ?

Il n'était probablement pas amoureux mais ça ne m’importait pas. Je voulais qu’ils ne se revissent pas et j’envisageais Freyja comme un moyen d’atteindre mon but. Je réfléchis un instant au pacte que nous avions tous passé et jugeai que je ne donnais pas suffisamment d’informations pour briser le secret qui nous liait.

Il n’est cependant plus avec moi et je ne sais pas s’il compte rentrer chez vous. Je te retourne d’ailleurs dans cette lettre une statuette de tigre qui lui appartient. Il l’a offerte à Érasme avant de partir.

Si j’avais bien compris ce qu’avait dit Tekoa, c’était exact. Il avait même vu le roux embrasser le brun encore endormi. À chaque fois que j’y songeais, mes mâchoires se serraient.

Cependant, celui-ci l’a jetée et je l'ai récupérée pour éviter que quelqu'un d'autre ne la trouve. Je préfère ne pas lui redonner directement. Je ne sais pas comment il réagirait et on s'est déjà battus à cause du Sorcier. Peut-être que tu pourrais la garder un temps, le temps qu’il se détache d’Érasme ?

Mentir ne brisait aucun secret. Je ne pouvais pas laisser la situation s’envenimer. Je mentais pour une bonne raison. En cela, je ne me sentais pas coupable. J’étais, de toute façon, trop vexé pour que la culpabilité ne vînt me mordre pour le moment.

J’ai aussi appris ton mariage avec mon père par le bouche à oreille. Tous mes frères et sœurs sont dévastés de ne pas avoir été mis au courant et d’avoir entendu certains détails douteux. Leurs camarades de classe se sont moqués d’eux. En plus, je vous croyais en froid. Je ne comprends pas comment est-ce que vous avez pu vous réconcilier alors même qu’il se tape Adam Pendragon. Ça ne te dérange pas ? Je sais que ça ne me regarde pas mais… il te rend vraiment heureuse ? En plus j’ai découvert une fille qui s’appelle Flore-Ange Paiberym. Elle a mon âge environ et il la nourrit et la blanchit. Il faut que je la revoie mais je crois que c’est sa fille. Une fille biologique j'entends. Je te tiendrai au courant.

Je soupirai, hésitai et décidai de laisser. Je doutais qu’elle montrât la lettre à Kaahl. Et quand bien même ? Je n’avais rien à me reprocher. Mon père rivalisait de mystères et plus je grandissais, plus je me rendais compte qu’il était très loin d’être parfait. C’était douloureux de le constater. Il avait beau m’envoyer mes manuels, de la confiture de groseille, du fromage de chèvre, du pain et une lettre d’encouragements pour mes examens, quelque chose en moi était bloqué. Je ne pouvais pas m’empêcher de lui en vouloir tout en ayant totalement oublié le fondement de mon ire.

Je suis à Adraha pour l’instant alors je ne pourrai pas te voir. Je suis trop occupé. Je verrai si je peux libérer du temps pour toi plus tard, quand j’aurai passé mes examens par exemple.

J’étais d’une mauvaise volonté crasse. Elle avait gardé le silence si longtemps que j’en étais fâché. Je voulais lui faire regretter. Elle n’était pas disponible ? Moi non plus. Je signai et pliai la lettre dans l’enveloppe avant de sortir la statuette de mon coffre. Il me coûtait de la rendre mais si ça pouvait mettre un terme à l’idylle déplacée entre Dastan et Érasme, le sacrifice en valait la peine. Si le roux ne se détachait pas lui-même du brun alors je ferais en sorte que le Sorcier entaillât son cœur si profondément qu’il ne s’y brûlât plus.

Je répondrais aux autres plus tard.

828 mots
Des fois je me demande qui est le Sorcier et qui est le Magicien  De cœur et d'entailles | Dastan, Érasme, Lucius et Tekoa  943930617

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Lyz'Sahale'Erz
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Lyz'Sahale'Erz
Dim 27 Aoû 2023, 14:31

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De cœur et d'entailles

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Awaku No Hi

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les tambours battaient en rythme avec mon cœur. Je n’avais pas trouvé ma nourrice jusqu’ici mais avais bon espoir de la dénicher entre les danseurs et les musiciens. Au centre, près du feu, une femme ondulait. Ses yeux étaient révulsés par la transe. Je m’arrêtai pour la regarder quelques minutes. Des os dans les mains, elle tournait sur elle-même, le visage rivé vers le ciel, le regard planté sur le divin. Au sommet de sa tête, des bois de cerf tenaient grâce à une coiffe élaborée. Elle était presque nue. Seul son bassin était couvert par de la peau de bête. Awaku No Hi n’avait pas son pareil. Je n’avais pas parcouru le monde dans son ensemble mais jamais je n’avais pu admirer pareil mode de vie. Chez les autres peuples, tout était policé. Les manières étaient différentes, plus distinguées. Je me questionnai. Comment avaient-ils tous pu perdre le lien avec les Ætheri ? Cette base de l’existence, si simple et instinctive ? J’avais l’impression qu’ils se muraient tous derrière un vernis qui les empêchait de vivre pleinement et de communier avec tout ce qui constituait le sens même de l’univers. Je fermai les yeux. Mes tripes vibraient avec les percussions. Beaucoup jouaient, beaucoup dansaient. Certains fumaient, d’autres mangeaient. Parfois, distinctifs aux sons des instruments, des cris de jouissance parvenaient jusqu’à moi. Je frissonnai. Enfant, j’étais passé à côté de beaucoup de choses, obnubilé par la chasse. Comme une obsession, elle m’avait empêché de saisir d’autres notions. Le sexe faisait partie du cycle, parce que la Vie elle-même voulait que nous le pratiquassions. Je ne l’avais jamais fait, parce que je n’y avais jamais vu d’intérêt, mais ce soir, je commençais à comprendre. J’ouvris les yeux et posai mon regard sur les corps enlacés. Ils s’abandonnaient l’un à l’autre sans retenu. Cet abandon se retrouvait aussi dans la prière, dans la danse et dans la musique. Les Chamans s’abandonnaient corps et âme, là où les autres peuples créaient des tabous, des règles, des étiquettes, des chaines capables de les emprisonner à jamais. Je les avais tous observés lors de la réunion de Seaghdha, à cacher ce qu’ils étaient. Les Esprits, pourtant, savaient. Rien ne leur échappait. C’était peut-être la raison pour laquelle les Chamans étaient si entiers. J’avais compris que le cœur de chacun de mes compagnons avait été longuement entaillé de principes arbitraires si loin du divin qu’ils ne faisaient que les tuer à petits feux. Ils n’entendaient pas la parole des Ætheri. Ils ne faisaient qu’écouter ce que des gourous aux multiples visages disaient recevoir des Dieux. La vérité c’est qu’ils ne recevaient rien. Les Rois, les Reines, les guerriers, les religieux, tous ceux-là avaient perdu l’art de communiquer avec le divin, en refusant de revenir aux fondements même de l’existence, à cette communion avec la nature mère et avec les bases même de la vie. Cette certitude s’ancra profondément en moi. Pendant mes voyages, je ne m’étais jamais senti aussi vivant que sur Awaku No Hi, là où les cœurs n’avaient d’autres choix que celui de battre en rythme.

Pris dans ma réflexion, je croisai soudain le regard d’une femme. Il me percuta. Ses yeux étaient entourés de khôl et ressortaient comme deux émeraudes à travers la fumée. Je fermai les miens, comme pour effacer cette vision. Lorsque je les rouvris, les mêmes pierres précieuses se trouvaient maintenant juste sous mon nez, plus brillantes encore. Un nouveau frisson parcourut ma nuque. J’entendis un corbeau croasser dans les arbres et le temps se suspendit. Elle me tendit une pipe et m’aida à fumer. Je me mis à danser avec elle, l’esprit empli de visions de chasse, de vie et de mort, de corps positionnés sur des autels. Ses lèvres rejoignirent les miennes et tout commença à se mélanger. La danse, les carcasses d’oiseaux, ses fesses collant mon bassin, un temple perdu dans le désert, ses bras s’enroulant autour de ma nuque, le cycle, sa main glissant le long de mon torse. Je sentis ma respiration m’échapper, comme un écho à mon oreille, un écho qui s’intensifia. Tout s’intensifia. Pas un seul instant je ne pensai à la ligne de conduite que j’avais tenue jusqu’ici, celle qui voulait que je rejetasse systématiquement les filles, que je fusse fier de ne pas m’y intéresser. Je venais tout juste de comprendre qu’il n’était pas question de fille ou de garçon mais qu’il était question de Vie. Le sexe transcendait tout le reste et j’étais en âge d’en saisir toute l’intensité. Le rythme des tambours et celui des cœurs pouvaient servir à une autre danse et je m’y employai totalement, laissant les visions et le plaisir prendre pleinement possession de moi.

767 mots
Je suis sûr que l'ambiance de Lumnaar'Yuvon lui plairait malgré le fait que les Réprouvés prient de faux dieux  De cœur et d'entailles | Dastan, Érasme, Lucius et Tekoa  943930617

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Priam et Laëth
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Lun 28 Aoû 2023, 21:37


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De cœur et d’entailles

Solo | Dastan


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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Tiens, Belegad ! Quelle surprise ! » Un frisson griffa l’échine de Dastan. Il avait immédiatement reconnu la voix. Le long bâton d’entraînement entre les mains, il pivota. « Ça fait un bail. » Paar s’approcha, tout sourire. Il avait laissé pousser ses cheveux blonds ; une tresse pendait sur son épaule droite, et une frange mal peignée tombait sur son front. Derrière quelques mèches, l’éclat inchangé de ses iris bruns était rehaussé par la lumière frappante du soleil. Ses muscles saillaient sous sa peau recouverte d’une fine pellicule de sueur. À côté de lui, d’autres Réprouvés souriaient. Au fil des jours, certains avaient déjà piqué le cœur et l’ego du roux, à grands renforts de blagues graveleuses imaginées pour lui rappeler sa traîtrise et de rires mauvais. Leurs regards torves le dévisageaient avec l’appétence de prédateurs face à leur proie. « Ouais. Tu m’avais pas manqué. » répliqua-t-il, avant de se détourner. « Ah ça, j’en doute pas. » Il ne répliqua pas ; il ne perdrait pas son temps avec cette face de Goled. Chaque jour, il faisait son possible pour ignorer ses détracteurs – ce qui, considérant son tempérament, n’avait absolument rien d’aisé. Les paroles d’Hazaan, ancrées dans sa mémoire, lui permettaient de tenir. Rachète-toi auprès des tiens. Corrige tes erreurs. Peine et sue dix fois plus que les autres. Alors, peut-être que nous te pardonnerons. Le premier entraînement allait bientôt commencer, et il comptait bien y faire la démonstration de sa force, de sa détermination et de sa dévotion à son peuple. Il n’en pouvait plus de tourner en rond dans la maison sur pilotis ; où qu’il allât, ses pensées le poursuivaient. Le dernier convoi venu des continents avait dû passer plusieurs jours dans le désœuvrement le plus total. Chacun s’accordait à dire que l’absence de Thur engendrait des latences inutiles. Il avait hâte que quelqu’un fût nommé pour remplacer Zel’Eph. Lorsque son emploi du temps serait si rempli qu’il ne trouverait plus le temps de dormir, il pourrait oublier Érasme.

« T’as dû être bien occupé et pas voir le temps filer, avec ton petit Sorcier. » Le Kiir’Sahqon inspira profondément, les phalanges crispées autour du bout de bois. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Draegr s’arrêta près de lui et jeta un coup d’œil acéré au blond et son groupe. « J’ai récupéré de l’eau, tiens. » fit-elle à Dastan en lui tendant une gourde, qu’il ne prit pas. Entre temps, le Démon s’était approché. « Je prenais des nouvelles. Je voulais savoir comment le Réprouvé préféré de tous les Réprouvés se portait depuis la dernière fois qu’on s’est vus. Que dis-je, le préféré des Zaahin. » - « Va chercher la merde ailleurs, Paar. » trancha le Feu Follet, des étincelles brûlantes ancrées dans ses yeux bronze. « Sinon quoi ? Je vais te tabasser comme la dernière fois ? » Un sourire étira ses lèvres. « Paar… » - « Je pourrais peut-être innover et te prendre, après. C’est pas Draegr qui peut vidanger tout ce que ton Sorcier t’a laissé dans le cul, l’Intouchable. » Vive, la main de Dastan se referma sur sa gorge. « Visiblement, toi c’est tes oreilles et ta bouche qu’il faut vidanger, abruti. Y’a rien eu entre ce type et moi, et la prochaine fois que je le verrai, je le tuerai, je ramènerai sa tête et je la planterai à côté de la tienne. » Les doigts du Démon s’enroulèrent autour de son poignet et ses ongles entaillèrent sa chair. Le sang extrait coula sur sa peau. « T’as raison, Belegad, menace. » persiffla-t-il entre ses dents. « C’est l’arme des lâches. » - « S’il était lâche, ça se saurait. » La poigne de Draegr fila vers son entrejambe ; elle y exerça une torsion qui fit crier l’imprudent. « On t’a pas vu à Amestris, toi. » Comme les Réprouvés et autres Démons qui accompagnaient Paar s’avançaient, sa prise céda et elle se recula, avant de poser sa main sur l’avant-bras de Dastan, son regard dirigé vers le sien. Ses yeux étaient rivés sur le visage rougi du blond, saturés de colère et de haine. Sous sa peau, ses muscles palpitaient, aussi tendus que ceux d’un bicorne prêt à charger. « Laisse-le, il en vaut pas la peine. » lui adressa-t-elle, d’une voix douce. Dans ses iris, elle perçut le combat de l’hésitation puis, finalement, ses doigts se décontractèrent et libérèrent Paar. Il fit un pas en arrière et reprit le bâton à deux mains, comme pour empêcher ses poings de s’accrocher à la silhouette du blond. « T’es aussi une pute à la solde des Sorciers, Draegr ? Y’a une époque où t’aurais piétiné ce pauvre type. » lança-t-il, sa trachée et ses parties endolories encourageant sa véhémence. « Non, j- » Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase ; Dastan s’était rué sur le Démon. Comme elles l’avaient fait par le passé, leurs deux silhouettes roulèrent au sol et, bientôt, le terrain d’entraînement résonna de leurs cris. Chaque entaille qu’il lui infligerait enroberait son cœur d’un baume apaisant. Il lui ferait hurler son nom jusqu’à ce que Gona’Halv tout entier crût qu’il était en train de supplier un Dieu.

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Message II – 868 mots

Lucius paiera pour ses crimes De cœur et d'entailles | Dastan, Érasme, Lucius et Tekoa  1929536143 Quant à Tekoa, il est invité quand il veut, mais s'il parle d'Aetheri, on collera sa tête au bout d'une pique <3


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Kaahl Paiberym
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Mer 30 Aoû 2023, 22:45

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Les entailles de la raison


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Alès Palatium

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Livre dans une main, je me servis de l’autre pour retirer la cigarette d’entre mes lèvres après avoir calé la craie sur mon oreille. J’expirai, la fumée s’écrasant contre l’ardoise du tableau. Dessus, des formules mathématiques s’étalaient en un nuage incompréhensible pour un non initié. Je relus ma théorie, une mine faussement concentrée pour toute arme. Mes lèvres se réunirent au centre de ma bouche et, d’un œil torve, je finis par regarder la solution. Un rire satisfait m’échappa. Je remis la cigarette dans ma bouche, repris ma craie et entourai mon résultat comme s’il était important de souligner mon génie. « Eh ouais, connard ! » déclarai-je, mes mots mangés par la non-disponibilité de ma bouche. J’allais les obtenir haut la main ces putains de tests d'entrée. Je fermai le livre et le balançai dans la pièce dans un geste précis, semblable à celui d’un toréro qui agite sa cape. Inspiré, je me mis à fredonner une chanson entraînante et bougeai le bassin en rythme, tout en me dirigeant vers une autre partie de ma chambre. J’attrapai une bouteille vide, y laissai tomber ce qui occupait ma bouche précédemment et la fit rouler sur le sol telle une boule de pétanque. Elle termina sa course contre le pied de mon lit. Sur le passage, je m’emparai de sa jumelle et bus au goulot. Je m’en servis ensuite comme si l’objet avait le pouvoir mystique de répercuter ma voix et me mis à réciter l’Histoire de chaque peuple sans regarder et sans m’arrêter de chanter. J’y incorporai un fond de théâtre, mon expression changeant en fonction des événements. Je me mis à imiter les puissants de façon caricaturale, à tel point que je faillis m’étouffer avec mon propre rire. Quel Roi et quelle Reine étaient les plus ridicules ? Je pensai à Dastan et songeai au futur. S’il devenait Seigneur des Deux Rives, je serais obligé de suivre. Mes pensées se portèrent vers Cyrius. Je n’aurais probablement pas le cœur de le tuer. Je l’aimais trop. Je l’aimais même plus qu’Elias et ses foutues directives. Mon père était une vraie plaie. Une plaie suintant de pus. La différence entre les deux c’est que si le Réprouvé se mettait à la musique, le blond finirait par l’accepter. J’avalai une nouvelle gorgée et passai à la pratique magique. Je pris un couteau et fis couler mon sang pour former des runes. À cette occasion, j’enlevai ma ceinture et la passai autour de mon cou. Je la nouai là, en collier, et continuai à danser en produisant tel ou tel effet. « Trop facile. » soufflai-je, en faux martyr de l’apprentissage. En réalité, j’adorais apprendre. Je n’aimais simplement pas que l’on m’y forçât. Je dansai jusqu’à un meuble et balayai tous les cadavres de bouteilles qui s’y trouvaient. Ils se brisèrent par terre en millier d’éclats de verre. Je marchai dessus avec délice. J’aurais pu être comme tous ces fanatiques avides de tortures si j’avais cru en Rhéa Latia. J’aimais souffrir parce que ça me faisait du bien. Du sang, je pouvais créer tout un univers.

« Oh Dastan, j’ai envie que tu me baises ! » chantai-je, tout en allant chercher de nouveau mon livre de mathématiques. J’effaçai le tableau. « Je vais devenir le plus fort et tous les buter ! » Rien ne rimait et rien n’allait mais j’étais à des années lumières d’en avoir quelque chose à carrer. Je lançai le tampon sur le mur, y laissant une magnifique trace de matière blanche. Je referais la peinture avec le sang des fidèles de Rhéa Latia si on me cassait les couilles. « Quand leurs cervelles seront étalées par terre, on pourra le fairrreee, oh yeah ! » Je bougeai les épaules et posai les yeux sur la géométrie. Je ne sortais plus de ma chambre depuis des jours et me nourrissais à la drogue, à l’alcool et aux biscuits qu’un pauvre type m’amenait sur commande. Je n’avais plus envie de me peler le cul à aller chercher des paumés. Il fallait parfois laisser faire la sélection naturelle, même si les habitants d’Alès Palatium aimaient se servir des plus faibles pour les intérêts de leur Æther. Je traçai la figure tout en enlevant mes chaussures que j’envoyai valser à des endroits totalement opposés. L’une atterrit sur ma table de nuit. L’autre finit sa course dans la cheminée. « Dommage ! » m’amusai-je, avant de reporter mon attention sur ce qui me ferait gagner plus d’autonomie. Mon diplôme en poche, je pourrais commencer dans la vie active. Je deviendrais riche et mon père n’aurait plus son mot à dire sur ma manière d’occuper mes journées. « Oh ! » J’eus soudain une idée. J’arrachai une page de mon livre de mathématiques, la pliai sur mon secrétaire et la fourrai dans une enveloppe. J’allais envoyer ça au rouquin. Ses neurones dysfonctionneraient en posant simplement les yeux sur l’énoncé. J’imaginai sa tête et m’esclaffai avant d'effectuer les pas d'un tango jusqu’à mon lit sur lequel je me laissai tomber. Sur le plafond, je vis la figure géométrique et résolus le problème sans effort. « Je les emmerde tous. » déclarai-je, en pensant à Elias, Val’Aimé et au reste du monde.

850 mots

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Lun 25 Sep 2023, 20:29

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Les entailles de la réalité

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Adraha

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]En rentrant de mon entrainement, je passai ma main dans le bocal d’oléagineux et en attrapai une poignée. Ces derniers temps, je recevais beaucoup de courrier. Je fixai la énième lettre de mon père. Je n’avais même pas ouvert son premier colis. Je soupirai et la plaçai sur l’ensemble de ses envois avant de m’installer autour de la table qui me servait à la fois de zone de repas et de zone d’étude avec le reste. Je posai ma réserve d’amandes, de noisettes et de noix de cajou sur le bois et parcourus la suite. Il y avait de la publicité pour une soirée à venir dans une taverne que j’avais l’habitude de fréquenter, un bon de réduction pour des lanières en cuir et deux autres courriers. L’une des missives venait visiblement de Kiara. Je mangeai la seule noix du lot tout en me demandant ce qu’elle me voulait. Tranquillement, je me mis à lire. Ma main alla de nouveau vers ma réserve de nourriture quand, soudain, elle s’immobilisa. « Qu’est-ce que c’est que… ? » dis-je à voix haute. Qu’est-ce qu’elle racontait ? « C’est une blague ou quoi ? » J’avais entendu dire que certaines ne reculaient devant rien. « Quoi ? » questionnai-je à voix haute, après avoir lu ses questions. En parler ? Mais parler de quoi ? Elle racontait n’importe quoi... Elle racontait n’importe quoi, hein ?

_________

« Bon le Cul Gelé, accouche. » Shör venait de poser ses grosses paluches sur la table. On avait déjà vidé la première pinte et rien n’était encore sorti d’entre mes lèvres. « C’est quoi ? On t’a écrit ? » demanda-t-il, en pointant l'enveloppe que je tenais du doigt. « Ouais. » Je soupirai. « C’est cette fille, avec laquelle j’ai couché au Fessetival. » « Laquelle ? » Je souris sans joie. « T’es con. » « Bon et qu’est-ce qu’elle a cette nana ? Elle en redemande ? » « Non, pas vraiment. Je ne sais pas trop ce qu’elle veut. » Je me replaçai sur ma chaise. « Disons que je ne sais surtout pas trop ce que je dois faire. » « Putain, me dis pas que t’es amoureux ! » « Quoi ? Mais non ! » « Alors quoi par tous les Bicornes !? » s’excita-t-il. Je fus pris d’un sursaut et, sur le même ton, je finis par cracher le morceau. « Elle dit qu’elle est enceinte, voilà ce qu’il y a ! » Autour de nous, quelques têtes curieuses se retournèrent. « Enceinte ? Putain mec, tu plaisantes ? » « Mais non… Elle l’a écrit, là ! » Je dépliai la lettre et la lui montrai. Il fit mine de s’y intéresser avant de relever les yeux vers moi. « Et elle veut quoi ? » « Qu’on se parle. » « Et t’es sûr que t’es le père ? » « Mais non ! J’en sais rien ! Je la connais même pas ! » Je pris mon visage entre mes mains. Mes doigts gravirent ma peau jusqu’à s’égarer dans mes cheveux. « J’ai pas le temps pour ça moi ! Faut que je m’entraîne ici ! Puis je ne vais pas devenir père ! J’ai pas l’âge ! Et je m’en fous de cette fille ! » lâchai-je, à bout de nerfs. Je ne m’en foutais pas vraiment mais c’était plus facile de partir de ce principe. Shör me fixa, attendit un peu et se fit plus sérieux. « Bon. De toute façon, que tu sois le père ou pas, qu’elle soit enceinte ou pas, tu ne peux pas la laisser comme ça. Tu dois lui répondre et aller la voir. Si tu n’assumes pas tes conneries, on ne pourra plus rester amis. » « Quoi ? Putain, j’ai besoin de soutien et toi tu me fais… » « Elle a besoin de soutien. Te comportes pas comme un con. T’es pas con à ce que je sache, si ? Ou alors je me suis trompé sur toi. » « Bordel… » Le Réprouvé fit signe au tavernier de nous servir puis, tranquillement, posa son index et son majeur sur la table, entre lui et moi. « Ce qu’on va faire c’est qu’on va dire que tu peux te plaindre toute la soirée et te murger, mais demain tu lui écris. » « Ouais. » dis-je sans conviction dans la voix. La claque que je me mangeai me réveilla d’un coup.

_________

Devant la feuille blanche, je soupirai. Je n’avais pas écrit le lendemain, pas vraiment. J’avais fait plusieurs essais, tous ponctués par un échec. Parfois, je m’énervais contre elle. D’autres fois, je lui racontais qu’elle ne pouvait pas gâcher ma vie avec ce genre de problèmes. Dans tous les cas, ce que j’écrivais était problématique. Finalement, au bout d'une semaine, et après avoir écrit à Dastan pour lui raconter, je finis par ne tracer que quelques phrases concises. C'était mieux.

Kiara,

Je vais prévenir mon père de ta situation parce qu’il saura quoi faire.

Ça ne m’est jamais arrivé avant.

Quand veux-tu qu’on se voie pour en parler ?

Je signai et écrivis la deuxième lettre.

Papa,

Il y a une fille qui dit que je l’ai mise enceinte. Je ne sais pas si c’est vrai. Qu’est-ce que je fais ?

Lucius


Il allait me tuer.

853 mots

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Lyz'Sahale'Erz
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Sam 07 Oct 2023, 20:11

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Les entailles de la culpabilité

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Awaku No Hi

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La nuit était noire. Je me rapprochais du campement de fortune que j’avais monté à l’intérieur même de la forêt. Le dos recouvert des animaux que j’avais chassés et tués, j’entrai dans le périmètre que j’avais sécurisé. Là, près du foyer qui avait brûlé toute la nuit dernière, je déposai ma lourde charge : trois renards et un cervidé. J’avais tout. Il ne me manquait plus que l’ours. Je désirais le chasser en dernier, car il était mon objectif depuis bien trop longtemps. Je connaissais les dangers. Ils étaient les mêmes pour chaque chasse de prédateurs. Les loups avaient été complexes à piéger. Je n’avais tiré aucun plaisir de leur mort. Je soupirai et retirai le lien qui maintenait mes cheveux en arrière. L’obscurité était une traitresse et elle était le premier problème auquel je devais remédier. Je m’approchai du foyer et remuai les braises. Par chance, l’éclat n’avait pas totalement succombé. Quelques minutes plus tard, le feu avait repris, m’assurant une protection contre les animaux nocturnes. La Vie était un cycle qui se mêlait à la Mort. Aujourd’hui, j’avais tué. Demain, quelque chose ou quelqu’un me tuerait. C’était ainsi. J’aurais pu dormir tout de suite mais je devais encore honorer l’Esprit des bêtes, les dépecer, les faire cuir, manger et me laver. La fatigue s’accumulait depuis que j’avais quitté le campement de ma tribu. C’était un passage obligatoire. Autour de moi, les Esprits m’observaient. Certains me jugeaient. D’autres étaient d’anciens Chamans qui avaient passé la même épreuve. Quelques-uns avaient dû mourir lors de cette dernière. Se confronter aux loups et aux ours n’était pas rien.

Je m’assis sur la souche de l’arbre que j’avais abattu le premier jour. Lui aussi, je l’avais honoré. J’enlevai mon haut et attrapai un panier que ma nourrice m’avait donné. Il contenait des herbes médicinales, des pommades, des bandes : tout ce qui pouvait me soigner. Elle avait rajouté de la tisane. Je m’étirai, mes lèvres se déformant lorsque le mouvement raviva les douleurs. L’aigle avait été le plus difficile à attraper. Il m’avait griffé à de multiples endroits. Le loup que j’avais chassé la veille était resté immobile un temps. Je l’avais cru mort. Il l’était presque. Sa dernière action avait été de se redresser et de refermer ses crocs sur mon avant-bras. Sa gueule n’avait presque plus de force. Sinon, il m’aurait probablement sectionné les muscles. Il avait péri comme ça, dans un dernier acte défensif. Depuis, je ne cessais de penser à lui, à la vie qui avait été la sienne. Avait-il une louve ? Des louveteaux ? Ce n’était pas la saison de la reproduction. N’importe quel chasseur digne de ce nom ne s’attaquait pas aux animaux durant cette période. Néanmoins, je me questionnais. Combien de petits avait-il eu ? Est-ce que, plus tard, je croiserais la route de l’un de ses descendants ? Celui-ci saurait-il ? M’attaquerait-il ? Se méfierait-il ? Tout en me soignant, je songeais à mon enfance, à mon désir ardent de chasser. J’avais toujours pensé que les adultes étaient rabat-joie, qu’ils ne me faisaient pas confiance ou qu’ils voulaient m’empêcher d’accomplir mon destin. Ce que je n’avais pas compris, alors, c’est qu’ils me considéraient comme encore trop jeune pour être assailli de toutes ces questions. Tuer n’était pas un acte anodin. Le regard de ces animaux était terrible. Quand bien même j’allais remercier les Ætheri pour le sacrifice de leur vie, quand bien même j’allais les remercier de me donner leur chair et quand bien même rien ne serait gâché, la culpabilité me rongeait. Mes blessures n’étaient rien en comparaison de l’angoisse qu’ils avaient dû ressentir à être traqués. Mon rêve de devenir le plus grand chasseur du monde s’étiolait doucement mais sûrement. Je n’avais jamais compris, avant, ce que ça signifiait, le poids qu’il me faudrait porter sur mes épaules : les carcasses vaincues depuis mes débuts. Je m’imaginai vieux, le dos courbé d’avoir trop porté le poids de la mort. J’avais conscience que mes pensées étaient exagérées, qu’il fallait bien se nourrir et que la nature n’avait aucune pitié. Néanmoins, je pensais aussi que les Ætheri enveloppaient mes idées de cette couche de douleur pour une raison. Je devais rester humble face à mes victoires. Elles n’étaient même pas des victoires. Les Esprits des bêtes existaient-ils seulement, ou tout s'arrêtait-il à leur mort ? Le doute était vivace.

Lorsque j’eus terminé mon œuvre, je m’installai dans le hamac que j’avais tendu entre deux troncs d’arbre et posai une protection sur mon corps. Les yeux vers les cimes, je finis par somnoler, songeant tantôt à A’Hawé, tantôt à la fille qui m’avait chevauché quelques jours avant mon départ. Tout se mélanger et le corps d’A’Hawé adulte me chevaucha avec des mouvements qui ne pouvaient qu'appartenir à Raya. Je m’endormis en ayant l’impression de la serrer contre moi.  

774 mots

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mer 11 Oct 2023, 20:24


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Les entailles du mensonge

Solo | Dastan


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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Tu sais, moi, je peux comprendre. C’est vrai que ce sont des trous du cul, les Sorciers, et qu’ils méritent qu’on leur carre le cul une bonne fois pour toutes, surtout après la guerre, mais il faut aussi reconnaître qu’ils ont leur petit charme. Avec leur air austère, là, un peu pincé, très « grand prince », ça leur donne un genre. » Dastan ne se rappelait pas comment cette conversation avait démarré, mais il espérait qu’elle se terminerait le plus rapidement possible. Il fit tourner sa chope entre ses mains, le regard rivé sur l’or dansant du liquide. Il préférait quand il avait encore pour idée de coincer cette fille entre lui et un mur et de la sauter. Qu’elle prît la parole avait suffi à tuer toute notion de désir. « Ils ont quelque chose de magnétique. D’envoûtant, même ! Je dis pas que j’y suis sensible, ça serait assez mal venu de la part d’une Ange, mais je peux comprendre que ce soit le cas des autres. Je suis to-lé-rante. » L’énergumène sourit de toutes ses dents. Les yeux sombres, le Belegad leva le nez vers elle et se demanda combien il pourrait en faire sauter d’un seul coup de poing. Il passa sa langue sur sa lèvre fendue par l’une des frappes de Paar. Le goût métallique du sang séché se mêla à celui de l’alcool. Pourquoi continuait-il à l’écouter ? C’était une Ange, elle venait de Keizaal, et elle était de toute évidence absolument demeurée. Depuis que la boisson lui était montée au cerveau, le flot de conneries qu’elle débitait ne tarissait pas. Le Bipolaire regarda autour d’eux. Çà et là, des groupes jouaient aux cartes ou discutaient. Ils étaient nombreux à lancer des coups d’œil dans leur direction, voire à les fixer. C’était lui, qu’ils scrutaient. Il la regardait aussi, parce qu’elle était difficile à ignorer, mais tout leur jugement pesait sur lui. Il leur retournait leurs regards insistants, qui finissaient toujours par se soumettre. Il l’écoutait probablement parce que personne ici ne tenait à être vu en sa compagnie. Les murmures autour de sa supposée relation avec Érasme Salvatore n’aidaient pas. Le traitement qu’il avait réservé à Paar avait achevé de refroidir les ardeurs des combattants les plus téméraires. Un maître d’armes était intervenu pour les séparer. Il avait menacé Dastan de le jeter aux fers s’il agressait à nouveau l’un de ses camarades. Il avait crié à l’injustice, mais personne ne l’avait écouté. Le soutien de Draegr n’avait pas suffi. S’il faisait semblant de s’en accommoder, la solitude lui pesait. Il était fait pour étinceler au milieu de tous, pas pour sombrer seul dans son coin. Chaque jour lui permettait de mieux saisir l’ampleur de la punition d’Hazaan, et son propre degré d’imbécilité. Il l’avait prise trop à la légère.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Et puis l’amour, ça ne se décide pas. » - « Ça se décide parfaitement. » répondit-il malgré lui, avant de boire une gorgée de sa bière. Il avait accumulé suffisamment d’alcool pour ne plus éprouver l’effet des plaies que le Démon lui avait légué, avant qu’il ne l’envoyât – presque – définitivement au tapis. L’absence de douleur le rendait plus aimable, mais l’empilage des verres nuisait tant à sa réflexion qu’à son sens de la répartie. « Et de toute façon, y’a pas d’amour. Que des rumeurs débiles. » Il termina son verre et se leva. L’Ange entoura son visage anguleux de ses longs doigts fins, appuya son menton sur ses paumes et poussa un soupir qui fit flotter sur ses lèvres un sourire vague. Comme il s’éloignait, elle se leva à son tour et le suivit. « C’est moche, de mentir. » - « Je mens pas. Lâche-moi la grappe. » Il poussa la porte des communs et s’enfonça dans la nuit. « Je suis un détecteur à mensonges. » Il fronça les sourcils. Le visage de Freyja lui revint en mémoire. Putain d’Anges. « N’importe quoi. » - « J’entends ton cœur qui soupire. » chantonna-t-elle. Il se retourna vivement et l’attrapa par la gorge. Sa poigne la plaqua contre un arbre. « Eh, tout doux, le bicorne. » Elle lui tapota la main. De la magie y vibra et l’obligea à défaire son emprise. Il recula comme si elle venait de le brûler, lui jeta un regard noir, puis reprit sa marche rapide. Elle le suivit sans mal. « Promis, je dirais à personne que t’as le cœur fragile. » - « J’ai pas le cœur fragile. » Cette fille était irritante. Il allait finir par la balancer dans le fleuve, solidement attachée à un bloc de pierre d’une bonne centaine de kilos. « Si j’étais pas aussi sûre de moi, je te croirais presque. » - « Dégage. » Elle ne partit pas. Il avança de quelques mètres, avant de s’arrêter et de se planter devant elle. « Écoute, je vais aller baiser avec ma copine, donc je pense que c’est mieux si toi et ta vertu de merde vous levez le camp et vous vous cassez très loin d’ici. » Le regard qu’elle ancra dans le sien lui fit froncer les sourcils. Son sourire malin lui signifia qu’il n’allait pas rire du tout. « Tu penses à Érasme, quand tu le fais avec elle ? » À la seconde où son corps se tendit pour s’abattre sur elle, il se sentit propulsé en arrière. Son dos se fracassa contre un rocher. Le rouquin poussa un grognement et se redressa en grimaçant, à moitié sonné. « Tu sais, quand on est aussi fluette que moi, on trouve rapidement d’autres façons de se défendre face à des brutes comme toi. » Elle toucha son pied du bout du sien, comme si elle cherchait à vérifier qu’il était vivant alors même qu’il dardait sur elle ses iris embrasés. « C’est peut-être comme ça que la magie est née. Parce que les faibles en avaient marre d’être faibles. » Elle sourit. « Ou parce qu’un type était amoureux d’un Sorcier et avait besoin de le cacher au reste du monde… » Il voulut arracher de son visage le sourire qui couvrit ses lèvres, mais sa magie l’empêcha de se mouvoir. « T’apprends pas vite tes leçons, hein. »

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Message III – 1038 mots

Encore un PNJ dont je vais devoir me rappeler De cœur et d'entailles | Dastan, Érasme, Lucius et Tekoa  2497878348 Comme elle est directement inspirée des Muses d'Hercule, on va dire qu'elle s'appelle Calliope (ça rime avec salope, Dastan sera content et ce sera parfait pour les poèmes d'Erasme).


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 14 Oct 2023, 10:18

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Le cœur qui bat dans la noirceur


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Alès Palatium

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Après plusieurs tentatives demeurées sans réponse, je fixai la poignée d’un œil supérieur. Le métal de l’ensemble du mécanisme fondit. Il coula jusqu’au sol et le battant de bois, libéré de ses entraves, s’écarta pour me laisser passer. La bourrasque chaude et malodorante arriva jusqu’à mon nez malgré le fait qu’il fût dissimulé derrière un épais tissu comme l’ensemble de mon visage. Seuls mes yeux étaient visibles. J’entrai discrètement. Dans un coin de la pièce, une tignasse rousse attira mon attention. Je me postai à ses côtés, m’accroupis et l’observai. Sur son corps nu, je reconnus la marque des esclaves. Je me redressai. Qu’il fût vivant ou mort n’avait aucune importance. Mon regard glissa sur les objets étalés au sol : des livres, des bouteilles vides et à moitié vides, de la cendre, différents liquides. Puis, comme une inéluctable rencontre, mes prunelles trouvèrent le pied d’Érasme Salvatore. Je haussai un sourcil lorsque je crus déceler la position de son corps, à moitié dissimulé par un épais drap qui n’avait pas été lavé depuis des semaines. J’inspirai, levai les yeux au ciel et soupirai. Ma main écarta le tissu et une idée me percuta : le Prince Noir s’était transformé en Épouvantail Noir. Cependant, son corps, strié des marques de Lux in Tenebris, tatoué, coupé et engourdi, avait le pouvoir d’effrayer bien plus que les oiseaux. « Érasme ? » questionnai-je. Il n’avait pas entendu mon poing frappant sa porte alors je me doutais qu’il n’entendrait pas non plus le son de ma voix. J’avais néanmoins tendance à essayer plusieurs fois avant de prendre d’autres mesures. « Érasme ? Je suis Armand Faust, étudiant de l’université d’Asresh en troisième année. Le Duc Val’Aimé Taiji m’envoie pour vous chercher. » Aucune réaction. Mon doigt s’aventura sur la peau de son cou et se colla en-dessous de sa mâchoire. Un cœur battait encore sous cette couche de décadence et de magie sombre. Je préférais vérifier. Je n’aurais pas aimé être dans la situation où l’on m’envoyait quérir le Salvatore et où la mort se serait abattue sur lui juste avant mon arrivée. Néanmoins, vu la dose de substances présentes, c’était un miracle qu’il ne fût pas décédé de surdose. Mon annulaire frotta mon sourcil. Mes yeux continuèrent l’inspection de sa silhouette le temps que je cherchasse comment faire. Il était nu. Son ventre était creux, ce qui impliquait qu’il n’avait rien consommé depuis la veille au moins. Échappé de sa main sous l’effet de la décontraction musculaire, un livre de politique reposait à ses côtés. Quel était son plan ? Se camer tout en étudiant ? J’eus comme le sentiment qu’il allait me donner du fil à retordre. Val’Aimé m’avait spécifié qu’une fois qu’il aurait passé les tests, j’aurais la charge de le superviser. En échange, et si mes compétences en combat et en magie offensive augmentaient en même temps que ma tactique, il m’offrirait une place avantageuse dans l’armée à la fin de mes études. Il me faudrait faire mes preuves mais mon sacrifice ne serait pas vain. « Érasme ! » criai-je, sans qu’il n’y eût aucune réaction de sa part. Il avait de la chance d’avoir un rang nobiliaire supérieur au mien.

Après avoir entouré son corps du drap qui le couvrait jusqu’alors, je me penchai sur lui et le soulevai de sa couche. Maintenu dans mes bras, je le mis un instant sur l’une de mes épaules pour m’occuper de son esclave. Je pris une bouteille d’alcool et la lui versai sur le visage. L’effet fut immédiat. « Suis-moi. » lui dis-je, sans m’attarder davantage. Soit il venait, soit il risquait de mourir. Érasme avait mis un beau bazar. Les fidèles de Rhéa Latia l’auraient fait assassiner dans d’autres circonstances, s’il n’avait pas été qui il était. Néanmoins, l’esclave n’était personne, qu’un bien. Dans le couloir, les chuchotements de silhouettes déformées par les ténèbres me parvinrent. Je les ignorai. Si l’un quelconque de ces corps dévoués aux monstruosités cherchait à m’arrêter, il finirait de la même façon que la poignée de porte. J’étais déjà passablement mal à l’aise depuis que le Chef des Armées m’avait révélé leur existence pour le bien de la mission. Je préférais quitter cet endroit rapidement. Leur fanatisme concernant une fausse divinité me mettait mal à l’aise. Ils méritaient tous de cramer et je ne comprenais pas comment la décision de mêler l’ancien Prince Noir à ces gens avaient pu être prise. « Je l’ai. » confirmai-je à mon acolyte, tout en désignant le paquet que je tenais. Érasme était léger comme une fille. « C’est son esclave. » dis-je concernant le rouquin aux yeux rouges à cause de l’alcool. Nous partîmes.

771 mots

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Kaahl Paiberym
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Sam 14 Oct 2023, 13:58

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Le cœur qui bat dans la clarté

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Adraha

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Alors, t’as des nouvelles de ta future femme ? » Je m’installai en face de Lucius, posai une choppe de bière devant Shör et gardai les deux autres pour moi. « Donne-moi ma bière, Güra. » « Nan. Pas d’alcool pendant la grossesse. » Je ris, moqueuse. Je n’avais pas envie qu’il vît que cette nouvelle m’agaçait. « Tu me… » « Je te quoi, Paiberym ? » fis-je, en plaçant ma chaussure entre les cuisses du Magicien. S’il me les brisait, j’allais les lui briser en retour. « Güra, sois sympa. » La main du Réprouvé attrapa ce qui revenait au brun. « Merci. » « Elle est comment d’ailleurs, ta poule ? » « Ce n’est pas ma poule. » « Il ne m'a pas dit mais sans doute plus aimable que toi. » m’envoya le plus baraqué des deux. « Peut-être, mais elle est pleine, elle. Quand on couche avec un demeuré pareil, faut penser à prendre ses précautions. » « C’était sa première fois. » « Ah ouais ? Tu fais dans les vierges maintenant ? Ça t’excite ? » « Putain c’est quoi ton problème ? » C’était lui, mon problème. Je soupirai et ne répondis pas. Je préférai boire pour oublier cette tête de con. Comme si l’ouragan que j’avais tenté de semer n’était que le passage imperceptible d'une brise d'été, Shör reprit le cours de la conversation, sans pour autant changer de sujet. « Elle ne t’a pas répondu depuis tout ce temps ? Et ton père ? » « Pas encore. » La jambe droite du Magicien tremblait énergiquement. Il ne s’en rendait probablement pas compte. Cette histoire l’angoissait. Je levai les yeux au ciel. « Peut-être que ton père voudra que tu l’épouses, nan ? » demandai-je. Voir les traits fatigués de mon interlocuteur eut le mérite de me plaire. Visiblement, il n’avait pas plus envie de cet enfant que d’un éventuel mariage avec cette fille. « Je ne sais pas ce que mon père voudra… J’ai à la fois hâte et pas hâte de savoir. » « Il peut exiger le mariage ? » demanda l’autre homme. Je réfléchis. Chez nous, ce n’était pas quelque chose à prendre à la légère. Le mariage réprouvé liait jusqu’à la mort. Néanmoins, je me doutais que ce n’était pas le cas chez les Mages. « J’en sais rien. Mon père il est… Je ne suis pas sûr qu’il veuille qu’elle s’en débarrasse. Il va vouloir qu’elle le garde et qu'on se marie ouais... sans doute. Il aime trop les enfants… Mais moi j’en veux pas. » « T’en veux pas du tout ? » le questionnai-je. La vie sans enfant me paraissait stupide. « C’est pas ça… J’en veux pas maintenant. » « Quelle idée d’aller éjaculer dans son con aussi… T'aurais pu te vider ailleurs... » « Mais elle était là, j’étais là et… » « Ouais on a compris, elle est bonne, t’avais envie de tirer et t'as pas réfléchi parce que t'es un débile. » Lucius soupira et laissa sa tête tomber sur la table. Le front contre le bois, il était possible de voir encore quelques mèches rose dans sa tignasse. Je changeai de sujet. « Et tu t’es fait ça comment ? » « Je peux pas en parler. » répliqua-t-il. « De toute façon j’ai oublié en grande partie ce qu’il s’est passé. C’était une soirée et ça a dégénéré. » « Comme toujours apparemment. » Il releva la tête. « Tu peux dégager ton pied de sur mes cuisses ? » Je lui souris mais ne le bougeai pas. « Pourquoi ? » « Parce que t’es lourde. » « Tu dis pas ça quand j’ai les cuisses écartées autour de toi. »

Alors qu’il allait répliquer, une sorte de feu follet apparut au milieu de la table. Il grandit, céruléen. De lui émergea une lettre. Ma jambe rejoignit son homologue. « C’est quoi ça ? » La lettre n’attendit pas d’être saisie. Elle se décacheta toute seule et commença à déverser son contenu sur l’assistance, sans aucune pudeur. La voix qui en sortit était on ne peut plus ferme.

Lucius,

Je te saurais gré de bien vouloir ouvrir mes lettres et colis précédents.

Je ne te demande pas si tu vas bien. Vu la situation, j’espère que tu n’es pas en train de boire un verre avec tes amis comme si de rien n’était.

« Ton père est une sorte de devin inversé ou.. ? » « Ta gueule. » Son visage était livide. Un rire m’échappa.

Nous en reparlerons très vite. Je te prie d’ailleurs, à ce sujet, de rester où tu es, à Adraha. Je vais venir te chercher afin que nous puissions nous entretenir avec Kiara Hautvent et ses parents, que j’ai d’ailleurs prévenus de la situation. Je ne t’ai pas éduqué pour que tu sois aussi irresponsable et tu me déçois beaucoup.

Une fois que nous aurons réglé le problème, tu reviendras à la maison et tu iras étudier aux Palais de Coelya. Quand tu auras ton diplôme en poche, et seulement à ce moment-là, tu pourras reprendre ta formation auprès des Dragonniers. Pas avant.

Ne fais plus de bêtises avant mon arrivée. Tu n’es peut-être plus un enfant mais ne me teste pas trop. Je ne t’ai jamais mis de fessée déculottée mais ça pourrait bel et bien arriver.

Ton père.

« Dis donc… » Autour de nous, quelques rires avaient retentis à l’évocation de la fessée cul nu mais, globalement, le Duc Kaahl Paiberym venait de clairement refroidir l’ambiance.

909 mots

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Mer 25 Oct 2023, 18:22

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Le cœur qui bat pour ceux qui

partent

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Awaku No Hi

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J’étais sorti de la forêt et m’étais rapproché de la Mer que tous disaient maudite. Elle l’était d’autant plus depuis que les monstres marins pullulaient à cause d’un végétal dont je ne connaissais pas le nom mais qui était sur toutes les lèvres. Les volontés des Ætheri étaient parfois incompréhensibles. Sans doute en saisirais-je toutes les nuances à l’avenir. Souvent, je pensais à Devaraj. Il était le Roi que j’avais adulé durant mon enfance. Je n’avais jamais réellement souhaité être comme lui, malgré mon admiration. À l’époque, mes modèles étaient les figures fortes physiquement. Je voyais le chef des Mior ou la Draugr Léto comme étant des êtres presque divins, intuables, infaillibles. Je l’avais cru aussi pour le Hǫfðingi. Je m’étais trompé. À présent, du fait de sa disparition mais également à cause du temps qui s’était écoulé, je savais que personne n’était éternel dans cette enveloppe physique-là. En fixant les vagues qui s’écrasaient avec violence, je me demandai si les Esprits l’étaient, eux, ou s’ils finissaient par disparaître dans un quelconque néant. Peut-être l’oubli était-il le grand vainqueur ? Peut-être que d’ici deux siècles, ce que je venais d’accomplir serait effacé des mémoires. J’en étais presque à espérer que la mienne serait marquée de ce vide avant celle des autres. Tous ces animaux que j’avais assassinés, tout en les honorant comme je l’avais appris durant ma jeunesse, pesaient sur mes épaules. L’ours, le dernier, plus que les autres. Avant, je ne savais pas. Je ne comprenais pas le prix à payer. Je m’imaginais fort, puissant. Je pensais que ces exploits me feraient me sentir grand et digne des secrets des Dieux, qu’ils me donneraient de la valeur aux yeux d’autrui. La vérité était tout autre. Mon admiration pour la force physique avait fondu comme neige au soleil durant mon séjour au cœur de la forêt. Mes idoles d’hier ne signifiaient plus rien pour moi. La force était une douce illusion. Courir après pour les mauvaises raisons n’était qu’une marque de faiblesse. Actuellement, j’avais le désir cuisant de consommer des hallucinogènes et des drogues qui me permettraient d’oublier la souffrance que mon corps avait été capable d’engendrer chez autrui. Cet autrui, animal, n’était qu’un miroir de moi-même. Dans les yeux de l’ours agonisant, je n’avais vu que mon reflet, à l’agoni lui-aussi. Je ne pouvais pas accepter la mort ainsi, me dire que l’Esprit perdurerait. Tuer le corps était une épreuve, un traumatisme. Je ne m’en rendais compte que maintenant, parce que j’avais contribué à ce massacre. Ce corps était relié à l’Esprit. Il était son hôte. Le retirer à une Âme, puis retirer l’Âme de l’Esprit, revenait à dépieuter l’individu, à le condamner à un manque. Je voyais les choses ainsi à présent. Je ne voulais plus jamais tuer. Ce constat me faisait trembler tout entier parce qu’il niait toutes les croyances que j’avais nourries jusqu’ici. J’avais cru qu’un assassin ne ressentait rien, que les Ætheri nous avaient donné les animaux comme compagnons mais également comme nourriture, comme moyen de nous vêtir, comme moyen de survivre. J’avais tort. Ailleurs, en dehors d’Awaku No Hi, des peuples utilisaient la magie pour palier à tous ces besoins. Nous, nous ne l’utilisions que partiellement, pour nos rituels. Notre existence restait primaire par rapport aux connaissances que nous étions à-même de recueillir grâce aux Esprits.

Une vague explosa à mes pieds, allant bien au-delà de ce que ses semblables avaient parcouru jusqu’ici. Je ne voulais plus tuer. Je ne voulais plus être le plus fort physiquement. Je ne voulais plus ressentir une telle peine. Mon regard se perdit sur la danse des Esprits, au-dessus de l’eau. Que les vagues fussent violentes ne les préoccupait plus depuis longtemps. Ils vivaient dans un autre monde. Je pris conscience que si j’étais là, pas encore rentré, c’est que je n’avais pas le désir de revenir au campement principal. Je n’avais pas envie de recevoir de félicitations. J’espérais que personne ne noterait mon retour, qu’aucune fête ne serait préparée. J’avais un besoin réel de solitude et j’avais l’impression de comprendre les disparitions répétées de Ré’Za’Wo. Beaucoup disaient que vanter son tableau de chasse lui déplaisait. Je n’étais pas à sa place mais je savais que si quelqu’un venait à prononcer le mien, actuellement, j’aurais simplement envie de hurler et de faire taire la personne en question. Je ne m’étais même pas soigné, comme si garder les marques pourraient faire perdurer le corps de ma victime un peu plus longtemps, ses actions dans le monde des Mortels. La vague, cette fois, s’écrasa sur mes jambes. Je pensai que ses jumelles n’avaient pas besoin de se fatiguer à monter plus haut : mon cœur était déjà en miettes.

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De cœur et d'entailles | Dastan, Érasme, Lucius et Tekoa

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