---

La Liste de nos Lames

---

— ... Je vous demande pardon ?

La réaction de l'Ange avait été bien plus sèche qu'il ne l'aurait souhaité. Comment ne pouvait-il pas trouvé cette proposition indécente, d'autant plus devant son épouse, la personne avec qui il était déjà Liée ! Mancinia avait écouté en même temps que lui et son visage trahissait autant la surprise que la déstabilisation ... ce n'était pas une demande à laquelle elle s'était attendue.

— Les Orines acquiert une Liste composée de multiples noms. Le vôtre figure sur la mienne et puisqu'aucune de mes Soeurs n'a encore eu le courage de vous proposer son énigme, j'ai choisi de le tenter ma chance.

Cela ne l'apaisait pas pour autant. Il ressentait les émotions confuses de Mancinia, en plus de voir son visage légèrement baissé. Comment pourrait-elle ne pas être blessée ? Son irritation en fût exacerbée.

— Mais pour quelle raison mon nom se trouve sur votre Liste ? demanda-t-il en fronçant les sourcils. Cela n'a aucun sens !
— Capitaine Katzuta, reprit Shuri d'un ton plus ferme. La Vénus sait quelle est la meilleure décision. Si votre nom est sur ma Liste, ou sur celle d'une de mes Soeurs, c'est parce que nous estimons que vous le méritez.

Que la Vénus ou même les Dieux eux-mêmes le décident, cela lui importait peu.

— Cela n'a rien à voir avec mon mérite ou non, Mademoiselle. J'ai un Lien.
— Ce qui vous unit avec Dame Leenhardt n'est pas ...
— Ma réponse est non. La conversation est close.

L'homme se redressait sans lui laisser le temps de poursuivre la conversation ; il n'avait pas l'intention de blesser Mancinia en nouant un Lien avec une Orine. Pour autant, ce fût elle qui se levait d'un bond à sa suite.

— Attends, Neah ! l'interpella-t-elle en attrapant son bras pour le retenir.

Ce dernier se retournait dans sa direction, le regard emplit d'incompréhension. Elle semblait hésiter à poursuivre, mais l'Humaine voulait se montrer courageuse.

— Tu devrais reconsidérer la question.

Il ne s'était pas attendu à une telle remarque de sa part. Il ne dégageait pas son bras et ils restèrent ainsi.

— Tu es vraiment en train de me suggérer de réaliser un Lien avec une autre femme ?
— Je ...

L'Humaine était embarrassée. Son sentiment était que son mari avait une chance inespérée d'avoir à ses côtés une personne d'exception et de l'autre, elle avait conscience que cette personne, ce ne serait pas elle ... Pouvait-elle vraiment être si égoïste ? Neah avait toujours été à ses côtés. Il la soutenait de manière inconditionnelle dans ses ambitions et il était même prêt à faire d'elle la Reine des Humains. Ce n'était pas rien, c'était une vie pleine de sacrifices pour l'un et l'autre. Peu de couples pouvaient résister à cela. Sa chance était inouïe et sa réaction de ne pas vouloir quelqu'un d'autre à ses côtés l'avait enchantée et, d'un autre côté ...

Post XVI - 480 mots
Inktober - Jour XI - Ange

---

La Liste de nos Lames

---

Dans le silence qui s'éternisait entre eux et malgré les bruyances ambiantes, Shuri estimait sa chance d'avoir eu l'Humaine dans les environs. Elle n'aurait pas été certaine de retenir le Capitaine autrement. Les Écuyers de l'Aurore semblaient se comprendre, même en l'absence de mots. Elle devait absolument reprendre la situation en main ou l'Ange convaincrait son épouse que ce n'était pas une bonne idée. Ne pas obtenir son Aisuru parce qu'elle aurait abandonnée ne lui aurait apporté que des regrets. Surtout, la demoiselle savait qu'elle ne devait pas paniquer.

— Le Lien des Gardiens est très différent de celui des Orines. Il n'y a aucune raison de croire que ma vocation est de remplacer ce dernier.

De remplacer Mancinia Leenhardt. Shuri avait conscience que ce n'était pas possible, un rêve illusoire, puisqu'elle ne serait jamais comme l'Humaine et que celle-ci ne serait jamais comme elle ; elles étaient différentes et c'est cette différence qui feraient d'elles des lames puissantes dans la panoplie du Capitaine. Neah enlevait délicatement son bras de la main de son épouse, avant de la regarder.

— Mais qu'est-ce que vous m'apporteriez ?

Shuri était décontenancé. Personne n'avait autant remis en question une telle opportunité. Il y avait, certes, des hésitations, mais rarement des demandes aussi directes. Sous ses airs angéliques, son esprit était aussi négociant qu'un Démon en plein Pacte. Au final, ce n'était pas si différent que la signature d'un contrat les engageant durant toute leur existence. Et les deux leurs seraient très longues.

— Lorsque notre Lien sera établi, il me sera impossible de vous tromper. Vous serez en mesure de lire en moi comme si vous relisiez un roman, mais l'inverse sera tout aussi vrai. Nos magies assemblées me permettront de m'ajuster à tout ce dont vous avez besoin sur le moment.

Ce n'était nullement négligeable d'avoir une personne en mesure de s'adapter aux circonstances et aux volontés de son partenaire, pour autant, ce n'était pas ce qui allait convaincre quelqu'un comme lui.

— ... En quoi est-ce différent de ce que j'éprouve avec ma femme ? demanda-t-il en portant une main dans ses cheveux. Nous marchons ensemble depuis tellement longtemps que je ne vois pas l'utilité de chercher autre chose.
— Tu ne peux pas admettre qu'il s'agit d'une opportunité exceptionnelle ?

Mancinia était de nouveau intervenue en sa faveur, ayant récupéré sa verve habituelle après avoir été secouée de la demande.

— Il s'agit d'une Orine, Neah. De Shuri Takahashi. C'est une chance d'avoir une partenaire de confiance à tes côtés.

Il voyait bien que son épouse était tiraillée et cherchait à se convaincre du bienfondé de ses paroles. Aurait-il accepté si Shuri l'avait proposée à Mancinia ? Peut-être plus facilement. Pourquoi ? Pour des sentiments qu'il ne désirait pas troubler.

— Ce qui ne veut pas dire qu'elle est douée pour autant.
— Ah, oui, vraiment ... ? soufflait Shuri, mécontente de sa remarque tout en continuant de sourire. Si vous en êtes si persuadé, Capitaine, alors mettez-moi au défi. Vous devez accepter de répondre à mon énigme en cas de réussite, mais en cas d'échec, je n'insisterais pas.
— Faisons comme cela.

Post XVII - 514 mots
Inktober - Jour XII - Démon

---

La Liste de nos Lames

---

Leur rencontre ne s'était pas déroulée comme l'Orine l'aurait escompté. Elle ne s'était pas attendu à ce qu'il sourit et lui donne son accord sans même en discuter avec son épouse, certes, mais que sans l'intervention de cette dernière, elle soit tout simplement faite rejetée, c'était assez inédit. Cela dit, cette idée de prendre en considération l'avenir qu'incarnait ce Lien démontrait son sérieux sur la question, de ne pas accepter sans y prêter la moindre légèreté était une forme de respect à son enseignement. Désormais remise en selle quant à ses émotions, elle pouvait mieux s'armer devant lui.

— Il est rare que nous essuyions un refus aussi catégorique et c'est pourquoi, je me posais la question ... Est-ce que vous avez peur, Capitaine ?
— Shuri.

Neah claquait sa tasse de café dans sa soucoupe, comme pour lui intimer de ne pas aller trop loin.

— J'ai aimé Mancinia dès l'instant où nous nous sommes rencontrés. Notre Lien s'est établi naturellement, alors qu'il est courant que la magie soit celle qui le noue, ce qui est un cas relativement rare. Pour autant, nous n'étions pas amoureux dès le départ, nous avons construit notre entende mutuelle et notre vie en tant que couple sur une longue période. Ce n'est pas de la peur, vous comprenez ?

Il était d'une telle simplicité que c'en était consternant. Pour autant, son honnêteté déroutante lui plaisait d'autant plus.

— Je ne veux pas aimer une autre femme que mon épouse.
— Vous avez peur que ... nous tombions amoureux ?

Elle, entraînée à discuter sur des sujets variés, qui connaissait au mieux ce qu'elle devait faire et comment elle agirait dans telles ou telles situations, jamais, ô grand jamais, l'Orine n'aurait pensé qu'un refus serait dû à une crainte liée à l'essence même des sentiments qui la nouerait à son Aisuru. La seule et unique crainte de cet homme résidait-elle dans ce qu'il éprouverait à son encontre ? Qu'il délaisse son épouse à son profit ? Qu'elle en souffre au point que son coeur ne se brisât ? Les Humaines n'étaient pas connues pour leur engagement éternel, mais oser l'émettre à voix haute ruinerait ses chances, de plus, lorsqu'on les voyait ensemble, tout cela n'était que ... Préjugés. Cet homme était tellement pur dans ce qu'il éprouvait à son encontre. Il était certain que la Marquise le soit, à sa manière. Ce n'était pas qu'une image qu'ils se donnaient, c'était l'essence même de leur Lien ! Ça la faisait vibrer d'émotion de le voir aussi certain du chemin qu'il avait choisi à ses côtés, la lumière du café l'auréolant d'une aura naturelle magnifiant chacun de ses propos. Aurait-elle pu tomber amoureuse de lui en cet instant ? Peut-être, si elle n'avait eu aucune résistance.

— Il est vrai que cela s'est produit entre des Orines et leurs Maîtres, mais il n'y a aucune raison que ce soit notre cas. Il n'y a que nous qui posons les limites dans cette relation.
— Vous n'êtes pas naïve au point de croire que nous avons un contrôle sur nos sentiments, pas vrai ?

Post XVIII - 510 mots
Inktober - Jour XIII - Selle

---

La Liste de nos Lames

---

Dans son regard, une clarté désirant sonder son âme provoquait sa soudaine compréhension de la situation. Pendant un moment, Shuri avait réellement cru tout ce qu'il avait énuméré. Pendant un instant, elle avait hésité à lui dire que si cette éventualité existait, ce ne serait peut-être pas avant des siècles, lorsque la Marquise ne serait plus qu'un tas de poussière fusionné avec le sable du désert. Cet homme devant elle ... était un sacré acteur.

— Pourquoi êtes-vous en train de me dire que vous aimez Mancinia Leenhardt d'une manière aussi sincère pour ensuite me rabattre les oreilles avec votre insécurité ... Votre amour est-il si faible que vous avez peur que je la remplace ?

Sourcils froncés, l'Orine paru soudainement en colère, bien que ses sentiments soient mesurés.

— Êtes-vous en train de vous moquer de moi ?
— Qui sait ? ...

Il s'était remis à boire sa boisson avec un sourire sur le visage. Était-elle en train de passer des tests depuis le départ ? Que ce soit à la Bijouterie, ou même ici ? Les boucles d'oreilles lui paraissaient soudainement lourdes, un sentiment instable lui donnait envie de les arracher et de les lui lancer au visage, mais ce serait une réaction ridicule. C'était sans doute naturel que quelqu'un de son statut cherche à jauger ceux qui l'approchait.

— Je sais très bien que personne ne peut écraser les sentiments que j'ai à son encontre.

Sa certitude était presque arrogance. 'Ange prit ensuite sa cuillère pour piocher dans un dessert qui aurait pu la rendre dodue rien qu'en le regardant, mais ses convictions le rendait au-dessus de tout amas graisseux.

— Je n'ai pas très bien accueilli votre proposition, c'est certain, mais c'était surtout qu'à mes yeux, seule Mancinia est digne d'être à mes côtés. Un autre Lien aurait pu peser sur cette relation qui m'est chère, vous comprenez ? De plus ...

Curieusement, il semblait chercher ses mots.

— Mancinia ne le montre pas, puisque personne n'a encore eu votre audace devant elle, mais c'est une personne qui aime garder un certain contrôle. Sans dire qu'elle est jalouse, elle ne supporterait pas que notre relation lui échappe, ou change sa configuration actuelle de manière brutale.

La Marquise donnait pourtant la sensation d'être assez frivole sur certains aspects de sa vie.

— Si elle vous laisse une chance, c'est parce qu'elle me fait confiance. Je dois vous répondre en prenant tous ces paramètres en considération, que ce soit pour mon aimée ou vous-mêmes.

Ils avaient une vie amoureuse plus complexe qu'elle ne l'aurait cru, mais ils incarnaient un Lien bien ancré et Shuri était une sorte de note dissonante venu troubler l'harmonie. Enfin, ce n'était pas la vocation du Lien des Orines. Des antécédents existaient, plus du côté angélique que du côté humain. Elle s'y était attendue. Que Dame Leenhardt la tolère lui était un grand honneur.

Post XIX - 474 mots
Inktober - Jour XIX - Dodu

---

La Liste de nos Lames

---

C'était aussi un avertissement. Shuri avait bien conscience de tout ce qui avait trait à leur Lien, à cette entende indissociable de l'un ou de l'autre ; s'il avait voulu tester sa détermination, ou l'interroger de manière détournée sur ce qu'il pourrait se produire entre eux si leur relation perdurait, c'était pour s'assurer que son engagement était Juste, loin de toutes pensées indécentes, conscient que ce ne serait pas ce que percevrait des personnes malintentionnés. Des rumeurs, des regards ... L'Orine aurait une adversaire de taille si elle éprouvait des sentiments immodérés à l'encontre de son Maître. Cela donnait une sensation glaciale à son esprit, comme le givre recouvrant les terres à la saison froide. Décevoir une telle femme, dont les vertus étaient clamées ... elle n'osait imaginer les conséquences.

— ... C'est un secret relativement bien gardé et l'une de nos craintes personnelles, mais si vous avez le sentiment que ce Lien devient réellement une plaie sur votre coeur, vous pouvez demander à la Vénus de le briser. Elle en a les moyens, si cela s'avère nécessaire pour notre bien-être commun.

Son regard s'était adouci et un sourire éclairait désormais son visage, apaisé.

— Me laisserez-vous poser mon énigme maintenant que vous êtes rassuré ?
— Non.

Sa voix démontrait une certaine taquinerie à tout lui refuser, son sourire taquin le confirmait.

— Briser un Lien n'est pas un acte anodin. Et si nous en nouons un, il est évident que ce sera avec sérieux. Je n'ai pas l'intention de vous traiter avec désintérêt.

À ses yeux, c'était un acte de violence. Cet égard à son encontre aurait rassuré toutes les Orines, soucieuses de ne pas savoir jauger leurs candidats ; on ne connaissait jamais vraiment son Aisuru avant de nouer le Lien. Si l'Ange lui paraissait être bien des choses insoupçonnées, il avait des atouts non-négligeables.

— ... Et donc ?
— Et donc, Shuri, je ne peux pas avoir une partenaire qui n'est pas en mesure de me suivre immédiatement. Je suis habitué à entraîner autrui, mais ma position actuelle ne me permet pas de vous consacrer le même temps et la même énergie, c'est pourquoi ... Prouvez-moi avec vos seuls talents que vous saurez en mesure de servir les Anges au travers de ma personne.

Les Anges, plus que lui-même. C'était certainement la raison la plus pure qui soit, l'ambition la plus noble. Servir un Aisuru qui servait son peuple était au-delà de ce qu'elle imaginait. Pour atteindre cette perfection d'être la lame qui éradiquerait le Mal et le bouclier des siens, le Capitaine n'avait pas l'intention de s'entourer de quelqu'un qui ne savait le suivre, non pas dans ses idéaux, mais dans son rythme de travail. Elle allait lui prouver qu'elle était compétente. Elle lui montrerait qu'il avait eu tort d'attendre.

— Je m'y engage, sourit-elle résolument.

Post XX - 504 mots
Inktober - Jour XX - Givre

---

La Liste de nos Lames

---

À Haute-Terre

Il y avait comme une ligne entre eux et cela lui était très désagréable. Neah n'avait nullement prit cette décision seul, Mancinia l'ayant encouragé sur le chemin qui le lierait avec une Orine, mais curieusement, ce soir, elle lui semblait inatteignable. Au creux de son cercle social, entourée de ses connaissances, l'Humaine semblait resplendir, loin de lui. L'on célébrait ainsi la récolte, relativement malmenée par un climat pluvieux, mais qui avait donné de quoi tenir pour l'année à venir. Si Qaixopia la reconnaissait, Haute-Terre n'était pas en reste, l'on aurait même dit que l'éclat de la Reine Varey déclinait en sa présence. Peut-être que le vin lui tournait l'esprit, à moins que ce ne soit ses sentiments confus. Devait-il lui laisser du temps, pour ne pas la brusquer ? Ou se sentirait-elle délaissée de ne pas le voir réagir ? Que les femmes étaient complexes. Et dire qu'il avait la chance d'être Lié à la sienne.

— Tu peux m'aider à dénouer mes lacets ?

Il l'avait observé toute la soirée, dans un silence quasiment complet, comme c'était le cas présentement, dans leur chambre. Cet acte, pour de nombreuses femmes, était très intime. Pour la sienne, c'était devenu très anodin, puisqu'elle avait conscience que son esprit était dénué de pensées impures, à défaut du sien. Était-elle sérieuse ? Les chaînes qui le retenaient n'existaient plus depuis l'instant où ils étaient mariés. Elle le savait, même si rien en cet instant ne trahissait son désir, Neah veillerait à ce qu'elle le ressente. L'Ange ne fit preuve d'aucune brusquerie en venant à sa rencontre, mais son regard le trahissait. Cet éclat ... Particulier.

— J'ai quelque chose sur le visage ?
— Tu sais ce qui me déplaît.

Décontenancée, l'Humaine l'observait en essayant de suivre le fil de ses pensées.

— Cette robe est hideuse.

Dans ses yeux, de l'incompréhension, au moment même où les mains de son mari saisirent l'habit pour le tirer dans deux directions opposées, déchirant son haut dans un bruit terrifiant. Sa force avait tout emportée, le tissu autant que le corset, dont les lanières avaient cédées sans résistance, tous les boutons retombant au sol dans un fracas presque assourdissant. Bouche bée, l'Humaine ignorait la douleur éphémère sur sa peau, se contentant de dévisager son mari, qui lui souriait sans aucune innocence sur le visage.

— Tu te sens mieux ainsi, pas vrai ?

Elle ne pouvait nier que sa respiration soit meilleure, maintenant libérée d'une robe qui enserrait autant sa taille que sa poitrine, mais cela ne lui enlevait nullement son indignation au fond des prunelles, mais avant qu'elle ne puisse crier son ressenti, il s'était emparé de ses lèvres en tenant son visage. Ses yeux déterminés se perdaient dans son regard peinturluré de plusieurs émotions. Neah aimait ça ... et vu comment sa femme réagissait, il pouvait dire qu'elle aussi.

Post XXI - 500 mots
Inktober - Jour XXI - Chaîne

---

La Liste de nos Lames

---

Son irascibilité dominée sous la fougue de son mari, ses traits étaient en train de se détendre. Mancinia aimait le voir entreprenant dans ces moments où son coeur pliait devant le doute. Pas de deux qui auraient pu naître entre eux, mais de ses choix. Est-ce que le voir avec une Orine n'allait pas corrompre son coeur de Jalousie ? Pourtant, Neah se montrait toujours à ses côtés. Peut-être était-ce parce qu'il n'avait pas encore noué son second Lien ? ... Comment savoir où irait leur avenir, désormais ? Ses pensées s'étiolaient en même temps que son mari goûtait son rouge à lèvres. Ce n'était pas vraiment remarquable, mais le voir éparpillé sur le côté de sa bouche en s'écartant pour la laisser respirer lui donnait envie d'aller plus profondément dans ses idées. Plus profondément en elle. C'est pour cette raison qui l'avait saisi par la taille pour la soulever, la laissant ensuite retombée sur le lit en l'accompagnant dans sa chute. Ses lèvres recouvraient sa gorge, puis sa poitrine, de baisers incessants.

— Neah ... Tu ... Tu n'aimais vraiment pas cette robe ?

Entre ses seins, l'Ange éclatait de rire, avant de relever son regard dans sa direction, taquin. Oui ... Ça y est. Il le voyait dans ses prunelles, cet éclat qu'il aimait voir, celui qu'il aimait lui procurer. Ce désir qui l'enflammait et dont il était à l'origine.

— Ce ... C'est pas grave tu sais, j'en ai d'autres.
— Tu aimes ça, hein ?

Mancinia passait une main dans les cheveux roux de l'homme, sans répondre, s'amusant avec une de ses mèches. Elle n'avait pas besoin de le lui dire, il savait. Il savait très bien à quel point elle aimait être dominée. Ce qu'il avait fait avait exacerbé ce qui était enfoui, embrasant tout, y compris ses repères.

— J'avais envie de toi et cette robe était un obstacle, Mancinia.
— Oh ... Wow ... D'accord.

Sa déclaration avait été aussi intense que le reste. Ses mains rugueuses s'amusaient de nouveau avec sa chair, conscient de par son gémissement incontrôlable, qu'il devait poursuivre.

— J'en ... avais aussi envie, soupira-t-elle d'aise.
— Tu n'en donnais pas l'impression.
— J'étais ... occupée. Ah ! ... Tu es bien possessif, ce soir !

Sa protestation l'amusait, alors qu'il écartait ses cuisses en relevant sa robe, tout en prenant une position plus adéquate pour ce qui allait suivre.

— C'est parce que tu es ma femme.

Son visage s'approchait du sien.

— Et je t'aimerai pour l'éternité.

Qu'était l'Éternité pour un Ange ? Sans doute un instant fugace dans l'éphémère de ce qu'était une vie pour une Humaine. Est-ce que ce sentiment changerait avec le temps passant ? Est-ce que ... cela s'éteindrait lorsqu'elle ne serait plus là. Non ... ce n'était pas possible. Mancinia, dans toute sa vie, il n'y aurait qu'elle. Et il avait envie de le traduire par un tendre, mais néanmoins intense, contact physique.

Post XXII - 490 mots
Inktober - Jour XXII - Rugueux

---

La Liste de nos Lames

---

— C'était ... trop intense ... bordel ...

Mancinia avait du mal à aligner deux mots sans que son souffle ne paraisse vouloir disparaître de sa cage thoracique. Sa poitrine se soulevait à un rythme effréné et son coeur tambourinait dans sa poitrine de manière illogique. Allongée sur le dos, tentant de reprendre le contrôle, cela s'avérait pénible tant son corps avait l'impression de revenir de guerre après avoir été martelé durant des jours ... Ses yeux ne savaient même plus distinguer le plafond et tout donnait l'illusion de tourner, comme si son esprit ne voulait pas se remettre d'avoir atteint l'extase. Elle n'était qu'un bateau ayant eu du mal à subir le déchaînement d'une tempête, le marin traqué par une Sirène vorace. Une main passait sur son visage, moite, ressentant la sueur à la naissance de ses cheveux, son visage rubicond tentait de s'apaiser avec le froid ambiant. Elle était bien plus fatiguée avec toute cette activité qu'elle ne l'était par le passé. Assurément, elle vieillissait.

— Tu es ... trop endurant ... Neah ...
— Tu trouves ?

Allongé à ses côtés, à moitié redressé avec sa joue contre sa paume, l'insolent s'amusait avec une mèche de ses cheveux bruns, paraissant à peine subir les affres de ce qu'il avait causé ... C'était injuste. Autant que sa beauté irradiante, qui lui donnait encore des chaleurs. Ses cheveux collaient contre sa trempe, son corps humide semblait briller sous l'éclat des chandelles qui n'avaient pas eues le temps d'être soufflées. Peut-être que tout le monde avait vu l'union de leurs ombres.

— Si quelqu'un ... se moque encore des Anges ... sur leur sexualité ... Ah !

Elle se mit à rire toute seule. Ils avaient expérimentés ensemble cet aspect-là de leur existence, mais c'était bien une première que son homme agisse de cette manière ... Elle devrait demander à une couturière de lui refaire une robe adaptée. Neah s'était-il senti ... Frustré ? Cela lui arrivait d'éprouver ce genre de sentiments, puisqu'après tout, Ange ou non, c'était un être vivant. Peut-être avait-il eu besoin de son corps pour s'exprimer et ce n'était pas le moment de s'en plaindre. Ce dernier passait un bras sous sa taille en l'amenant dans une douce étreinte, son dos contre son torse. Sereine, apaisée, comme l'Humaine ne l'avait pas été depuis longtemps, son regard se perdait dans la voûte céleste, resplendissante au travers de sa fenêtre. Son mari lui donnait un baiser sur l'épaule, mais elle ne le sentit pas. Détendue dans ses bras, Mancinia s'était endormie. Elle accumulait à nouveau du travail et il savait à quel point son corps, pourtant loin d'être faible, avait du mal à suivre la cadence. Il devait veiller sur son sommeil, désormais, avant que ... Sa main caressait délicatement le ventre de son aimée. Bientôt, peut-être.

Post XXIII - 494 mots
Inktober - Jour XXIII - Céleste

---

La Liste de nos Lames

---

De timides rayons solaires traversaient les rideaux récemment tirés, éclairant le visage de la belle endormie dont les paupières frémissaient. C'était éblouissant, ce devait être le matin. Mancinia entrouvrit à peine pour laisser ses pupilles s'habituer à la clarté ambiante. En voulant se mouvoir sur le côté, l'Humaine retint une grimace de douleur ; d'où lui venaient toutes ces courbatures ? En quittant la brume de sa nuit, la gêne rougit ses traits devant les marques sur sa peau, se souvenant ainsi de la raison de son état. Neah s'était vraiment déchaîné. Ses vêtements n'avaient pas survécus à son impatience, son corps subissait le contrecoup de ses envies et, dans la chaleur de ses draps, elle ressentait celle de ses bras ... Et il avait quitté leur lit comme un voleur.

— Tu comptes partir sans me dire au revoir ?

Avec tout son courage, en évitant de montrer l'affliction qui était sienne, Mancinia entreprit de se retourner en s'asseyant. Neah l'observait, étonné ses mains retenant son pantalon, qu'il avait à peine rehaussé, à hauteur de son bassin.

— Je ne voulais pas te réveiller.
— Ah oui ? demanda-t-elle en croisant les bras. J'ai envie d'un câlin matinal et tu vas m'en priver ?

Silencieux, l'Ange entreprit de mettre son bas, nouant le bouton, avant de remonter le fermoir, puis de venir dans sa direction, de se mettre sur le lit pour la prendre dans ses bras. C'était si ... Parfait. Elle était égoïste, pas vrai ?

— Tu es crispée, tu as mal ?
— ... C'est supportable.
— C'est pourtant toi qui disait aimer ma manière de faire, particulièrement lorsque j'étais un peu brusque.
— Ça va, j'ai compris !

Son visage se peinturlurait d'un rouge délicat. À ses yeux, son épouse était l'être le plus désirable qui soit. Il se retint d'éclater de rire tandis que celle-ci tentait de masquer ses rougeurs plus vives en se serrant plus contre lui, puis, quelque chose attirait son attention. Mancinia avait froncées les yeux, plusieurs traces régulières et rouges se traçaient sur les omoplates de son mari et étaient loin d'êtres superficielles.

— C'est quoi ces marques dans ton dos ?

L'Ange avait tourné la tête au-dessus de son épaule, comme pour les observer.

— J'ai eu affaire avec un fauve, j'imagine.
— ... C'est moi qui ait fait ça ?!

Il s'était redressé en l'embrassant sur la tempe, se mettant hors de portée de sa main guérisseuse.

— Mais ... Neah ! Reviens-là ! Laisse-moi te soigner !
— J'ai des réunions de prévues aujourd'hui, je risque de rentrer tard, poursuivit-il en mettant son haut. Ne m'attends pas pour te reposer, d'accord ?
— Neah !
— Mancinia.

Il se retournait tout en terminant d'enfiler sa veste.

— Quand tu es ainsi, j'ai presque envie d'enlever ce que je viens d'enfiler.

Clouer le bec de l'Humaine relevait des talents de son Gardien. Et dans un sourire, il se téléportait.

Post XXIV - 517 mots
Inktober - Jour XXIV - Superficiel

---

La Liste de nos Lames

---

L'Humaine était restée muette, demeurant les lèvres entrouvertes jusque quelques secondes après son départ. Neah ... Neah ! Mains sur le visage, elle essayait de ne pas repasser la scène en boucle dans son esprit. C'était impossible. Elle n'en revenait pas de son audace ! Ce n'était pas dans ses habitudes et elle connaissait les raisons de ses actions. Pour elle, il aurait pu devenir un homme dangereux, s'il ne l'était pas assez ... Putain ! Cet Ange était aussi indécent que l'aurait été un homme d'une autre race. Dans quel état était-elle maintenant ? Malgré une nuit de repos au-delà de ses espérances, ses courbatures n'avaient rien d'agréables, son odeur devait être aussi épouvantable qu'après un entraînement, ses cheveux devaient avoir des noeuds et, en plus ... ses cuisses donnaient la sensation de coller. Mancinia ne pouvait pas demeurer dans cet état, mais un besoin pressant l'incommodait. En quittant son lit, ignorant le froid de la matinée, l'Humaine titubait. Elle devait aller aux latrines et ne serait pas étonnée d'avoir une hématurie. En ouvrant la porte de sa salle d'eau, l'humidité lui saisit le visage.

— Neah, tu ...

Son regard s'était posé sur l'eau fumante dans la baignoire qui trônait au milieu de la pièce, la laissant décontenancée. Quand avait-il ... ? Lui avait-il réellement préparé tout cela en anticipant son éveil ? Il avait dû en prendre un lui-même avant de partir, pas vrai ? Pourtant, l'onde était claire, sans traces d'huile. Il avait prit la sien, pour ensuite tout préparer à son intention ? Ce n'était plus de l'Amour, c'était l'homme le plus tendre et attentionné que ces terres eussent portées ! Ah ... Vite, les toilettes ! Assise dessus pour se soulager, une légère douleur vrillait son bas-ventre, moins intense qu'escompté, ce qui la poussait aussi à s'interroger. En levant sa main pour observer les traits du soleil argenté dessus, elle se demandait où étaient les limites du Don de Sympan ? Les blessures graves se soignaient automatiquement, par instinct. Les plus légères disparaissaient rapidement et là ... c'est comme si le Dieu-Roi voulait la laisser éprouver son amour. Elle lui en était reconnaissante, dans un sens. Un soupir d'aise s'échappait de ses lèvres en glissant dans l'eau. Cette douce chaleur ... ! Elle se sentait revivre. Un sourire marquait ses traits et l'Humaine tentait d'établir la connexion, épousant avec douceur l'esprit de son aimé. Ce n'était pas un secret d'état, mais ils évitaient d'en parler. Chez les Enfants de Sympan, la Magie était impensable.

Merci, pour ce que tu as fais.
Je t'en prie, c'est la moindre des choses.
... Tu t'en veux tout de même, hein ? Et dire que tu es parti sans même avaler quelque chose. Je me sens nulle, tout à coup.
J'imagine que c'est intenable, Madame Katzuta. Vous devriez concevoir l'un de vos fameux pain d'épices dont vous avez le secret pour vous faire pardonner.
Très bien, mais attention, Monsieur Leenhardt ... Il va falloir assumer vos paroles.

Post XXV - 525 mots
Inktober - Jour XXV - Dangereux

---

La Liste de nos Lames

---

Dans une tenue décente de cavalière, les cheveux rehaussés et couverte de ses créations, Mancinia était remontée vers Hébécrevon dans la matinée, dans le cadre de ses affaires. Des rumeurs parlaient d'une vive concurrence entre les Joailliers les plus tendances de Vervallée concernant l'acquisition d'un terrain ... et ce serait fort dommage qu'elle soit la première à y mettre le prix, pas vrai ? Ses adversaires pourraient ainsi tenter de lui racheter avec un montant plus élevé. Ou bien, ils abandonneraient, auquel cas, cet endroit verrait naître un autre de ses projets. Lequel ? Elle l'ignorait. Que ce soit elle, ou quelqu'un qui avait son soutien, elle trouverait bien quelque chose, parce que s'il y avait bien une chose avec laquelle l'Humaine ne plaisantait guère, c'était bien sa fortune. Écrasante, presque indécente pour quelqu'un née de la poussière ; c'était la version physique de son Ma'Ahid dans le regard de ceux qui la méprisait. Son nom n'égalait pas celui de Leipani en termes de durabilité et de réputation, mais la jeune ambitieuse pouvait aisément supprimer quelques obstacles en dépensant sans compter.

Neah allait lui coûter très cher, avec ce nouveau territoire, mais elle avait bien conscience des retombées qui seraient à hauteur de l'investissement. S'il y avait une chose qu'elle ne pouvait acquérir sans y mettre du sien, c'était bien sa réputation. Installée dans le paysage depuis des années, elle était assez confortable et presque tout le monde connaissait son nom. Ce presque deviendrait bientôt tous. Nager dans l'or ne l'intéressait pas, puisque ce dont elle avait besoin désormais, c'était la reconnaissance des Anges. Celle-ci la mettrait sur un pied d'égalité avec son mari, devenu une Aile Bleue devant sa Souveraine ; elle aspirait au même statut.

— Oh, qu'est-ce que c'est ? ... Je ne me sens pas très bien, tout à coup.

Il était impensable d'ignorer sa présence, puisqu'instinctivement, les Magiciens s'écartaient sur son chemin. Plusieurs regards s'étaient ouvertement tournés vers la demoiselle, dissimulée sous une ombrelle, qui avait dit cela à voix haute. L'Humaine ne lui avait accordée aucun regard, se contentant de passer ; lorsqu'elle serait éloignée, cela irait mieux.

— C'est elle qui fait ça ?
— Attendez, Mademoiselle Édith.

Son corps s'était arrêté de lui-même. Serait-ce la Baronne Tremblay ? Elle se retournait dans sa direction, son visage n'exprimant quasiment aucune émotion. Édith était de celles dont Mancinia détestait la personnalité. Pour autant, la jeune femme ne semblait pas ... comme d'habitude. Sa domestique n'était pas l'habituelle, non plus et comme pour l'aider à comprendre, celle-ci reprit la parole dans sa direction.

— Pardonnez Mademoiselle, Marquise, elle a récemment eu un accident et ... sa mémoire a été altérée.

... Quoi ? Édith était amnésique ? Était-ce sérieux ? Vu l'incompréhension dans le visage des deux interlocutrices muettes, cela s'avérait être la surprise de la journée.

Post XXVI - 500 mots
Inktober - Jour XXVI - Supprimer

---

La Liste de nos Lames

---

— Je crois avoir dit une bêtise, Madame, veuillez m'excuser ! J'ai été étourdie un instant !

Son étonnement laissait la suspicion lui succéder. Son interlocutrice lui avait toujours paru être une femme simple d'esprit, stupide et cupide. La Baronne qui séduisait les hommes, celle qui n'hésitait pas à briser des histoires naissantes, à répandre des rumeurs, à être une vitrine de luxe ambulante. À ses yeux, comme la Marquise Vaughan désormais déchue de son titre et de sa citoyenneté, Édith sombrait dans la Magie Noire. Mancinia n'avait nulle envie de la secourir et, pourtant, cette personne avait une particularité évidente tracée dans son sourire. Cela allait au-delà du trouble de la mémoire.

— ... Ce n'est rien. J'espère que vous irez mieux sous peu.
— Je vous remercie de votre bienveillance, Marquise Leenhardt ! Êtes-vous en promenade ?
— Je suis ici pour affaires.
— Oh, dans ce cas, nous allons nous retirer. J'espère vous revoir prochainement ! Anna ? Nous y allons.

Sa servante l'observait du coin de l'oeil, anxieuse, avant d'acquiescer sans contredire. Suite à une gracieuse révérence de la Baronne, celle-ci prit congés sans plus de cérémonie, comme si rien ne s'était passé. Comme si les effets de son Ma'Ahid avait disparu dès l'instant où son attention avait été captivée. Mancinia reprit sa route pour ne pas attirer d'autant plus les regards. À quoi pensait cette femme ? Voulait-elle changer de tactique à son encontre pour essayer d'écorner sa réputation ? L'échange avait été bref, mais son comportement honorable changeait de leurs précédentes rencontres, où le mépris se distinguait dans ses gestes, en plus de se lire clairement dans ses yeux. La Marquise s'amusait de cette incapacité à la chasser d'un lieu ou l'autre, tant elle s'était rendue indispensable dans certains domaines. La curiosité éteinte des Magiciens à l'encontre de la désignée par le précédent Nylmord avait été entretenue par d'autres intérêts, elle avait du anticiper de survivre comme une goutte au milieu de l'océan. Elle en avait vu, des tentatives variées au rumeurs détournées, pour lui soustraire des informations sur le marquisat ... Édith avait perdu la mémoire, hein ? Alors, comment se souvenait-elle de son nom ? Pourquoi prétendre l'avoir oubliée, pour ensuite arguer l'inverse ? C'était un comportement à surveiller, rien ne disait que le caniche ne deviendrait pas un monstre ...

Post XXVII - 410 mots
Inktober - Jour XXVII - Monstre

---

La Liste de nos Lames

---

Son instinct lui disait de ne pas baisser sa garde, comme si une tension régnait soudainement dans les environs. Rien n'allait. Neah qui agissait avec indécence, la Baronne qui devenait aimable à son encontre, quelle était la suite des événements de sa matinée ? Les Astres devenaient incompréhensibles aux yeux des astrographes, en allait-il pour le monde qui l'entourait, désormais ? Arrivée à destination, son visage abordait un sourire narquois. Elle s'était faite devancée. Distingué, main sur sa moustache grisonnante, avec un monocle sur son oeil droit et des cheveux argentés impeccablement peignés, le Magicien était impeccable dans son costume de haute couture. S'il ne s'était pas tourné dans sa direction pour voir qui le dérangeait, il devait certainement la sentir arriver dans son dos.

— Monsieur Leipani.
— Marquise Leenhardt.

Désormais à ses côtés, ce dernier mis une main sur le coeur et inclinait la tête pour la saluer. Il demeurait respectueux, mais elle voyait bien que l'étiquette ne pouvait lui permettre de s'empêcher de trembler ; comme sa Magie était plus accentuée que d'autres, sa présence devait lui peser. Leipani et Leenhardt étaient des Joailliers reconnus dans leur domaine. Ils étaient des concurrents, mais le respect qu'elle éprouvait pour celui qui avait établis sa Maison et la gérait d'une main de maître depuis un siècle était évidente.

— Je dois concéder cette victoire, j'imagine.
— En vérité, Marquise, si sous me le permettez, je suis venu pour vous faire une proposition.
— Que voulez-vous dire ?

Comment son intérêt ne pouvait être titillé ? Le Magicien observait l'Humaine avec un éclat qu'elle ne lui connaissait pas. À ses yeux, Mancinia scintillait d'élégance et de connaissances dans le domaine qu'il maîtrisait le mieux. Sa jeunesse n'abîmait pas son talent.

— Pourrions-nous nous associer dans cette entreprise de rachat ?
— ... J'ai du mal à vous suivre.
— Je tiens absolument à éviter l'installation de la Maison Lonracch dans les environs. Et cela n'enlève en rien ma volonté de m'établir dans cet endroit.

Les Lonracch ... On les disait venir de la Forêt des Murmures, ne jurant que par leurs créations relativement austères et sinistres, mais qui attirait son public, particulièrement leurs broches et leurs roses noires. Ce que craignait Leipani n'était pas un nouvel adversaire, mais de voir des créations qu'il mésestimait s'établir sur l'habit de ses clients.

— Accepteriez-vous de racheter ce terrain et de me le louer ?

Comment ne pas être étonnée de cette proposition ? Est-ce qu'il y avait un piège ?

— Pourquoi avez-vous besoin de moi ? Vous avez les moyens de vous l'acheter.
— Pas si nous partons sur une vente aux enchères. Vous êtes celle ayant le plus de chance de réussir et vous le savez. C'est pourquoi vous êtes ici, pour voir si l'investissement en vaudra la peine.

Il la cernait assez bien, mais tout cela la rendait anxieuse. Est-ce que ce renard avait un objectif tout autre que demander son aide ?

Post XXVIII - 483 mots
Inktober - Jour XXVIII - Scintiller

---

La Liste de nos Lames

---

— Au lieu d'établir une de mes boutiques, ce serait vous qui me loueriez l'endroit ? demanda-t-elle en croisant les bras. Cela n'a aucun sens. Je ne peux pas accepter cela.
— Si cela ne vous plaît guère ... autorisez-moi à vous la racheter en plusieurs mensualités raisonnables.
— Vous ne voulez pas que les Lonracch s'installent, ni moi non plus.
— Ce n'était qu'une proposition de ma part, il n'est pas obligatoire qu'elle aboutisse.

Sieur Leipani avec sa fierté, mais comment pouvait-elle lutter contre cela ? C'était une demande sincère, où l'homme avait mis sa fierté de côté pour demander son aide. Elle voyait du respect en lui, parce qu'il la reconnaissait comme Joaillière. Sa seconde proposition la séduisait bien plus que la première et, pourtant, leur conversation si bien engagée et étonnante à ses oreilles était alors interrompue par un violent cri de surprise, puis quelques clameurs variées qui les laissèrent surprit.

— ... N'est-ce pas de là d'où vous venez ?
— Vous m'accusez d'avoir créée une émeute ?
— Comment ? ... Pas du tout !

Cet homme était décidément trop sérieux pour son propre bien. Ceci dit, s'il y avait un problème, quelqu'un de son statut se devait intervenir. Ce n'était pas seulement en tant que membre de la Noblesse, mais aussi comme Chevaleresse. Engageant ses pas assez prestement, bien qu'elle eût encore des douleurs de l'assaut nocturne de son mari, Mancinia rejoignait la zone problématique. La scène était surréaliste et son sang ne fit qu'un tour.

— Cessez ça !

L'Humaine avait saisi le poignet de la Baronne Tremblay, dont le bras levé allait s'abattre de nouveau contre une autre dame, à genoux au sol et qui se tenait le visage après avoir subi des coups.

— Qu'êtes-vous en train de faire ?

Édith n'avait pas changée. Elle avait été idiote de le croire.

— Je suis en train de donner une leçon à cette femme, lâchez-moi.
— Je ne peux vous laisser traiter quelqu'un de la sorte.

La Magicienne n'avait pas la force nécessaire de se dégager de son emprise, mais elle s'était retournée pour la regarder dans les yeux. Sa fureur imposante la percutait de plein fouet, même si c'était loin de la faire ciller.

— Dire que je suis une femme égoïste et insipide ... Je peux le comprendre, puisque c'est la stricte vérité ! Mais je ne peux accepter de me faire insulter !

Elle reportait son attention sur la blonde, dont le visage rougis perlait de larmes.

— Prétendre que je suis froide comme un cadavre, que je suis une mauvaise épouse ... et qu'elle pourrait réchauffer le lit de mon mari, je ne peux laisser passer ce genre de choses !

Mancinia clignait des yeux, toujours en essayant de l'empêcher de se jeter dessus. Édith était mariée ?

Post XXIX - 455 mots
Inktober - Jour XXIX - Imposant

---

La Liste de nos Lames

---

Était-elle bien éveillée ? Est-ce qu'elle était bien partie du marquisat ce matin ou était-elle encore endormie dans la chaleur de ses draps ? Tout se bousculait dans son esprit. Comment l'information ne lui avait-elle pas été communiquée ? Ne serait-ce que pas ses amies des cercles mondains, les rumeurs ou encore une annonce officielle de l'union d'une fille de la Baronnie Tremblay. Seul le néant répondait à cette interrogation. Tandis qu'elle dévisageait la Magicienne, un autre intervenant pointait le bout de son nez.

— Que se passe-t-il ici ?

Un homme avait écarté la légère foule qui s'était créé pour observer le spectacle.

— Matasif Leenhardt. Pouvez-vous libérer le poignet de mon épouse ?

Son regard passait du Comte Zedekiah à Édith. C'était quoi ce bordel ?

— ... Dame Édith s'est énervée de manière disproportionnée. Je ne faisais que l'arrêter avant que cela n'aille trop loin.

À cet instant, le regard de la Baronne n'était plus tourné dans sa direction, mais vers celle qui avait subi son courroux. Cette dernière semblait heureuse et soulagée de voir l'homme venir dans sa direction. C'est alors que Mancinia comprit et, doucement, elle libérait la Baronne de son emprise. Le regard d'Édith devint ensuite presque assassin envers celui qui venait. Ce n'était vraiment pas difficile à comprendre ce qu'il se passait ... ce n'était qu'une banalité.

— Édith ... comment va votre main ? Voulez-vous que l'on appelle un médecin ?
— Je n'en ai pas besoin. Appelez-en un pour le visage de cette traînée que vous aimez tant.

Dans le son de sa voix se ressentait une certaine fissure.

— J'ai compris qu'il s'agissait de votre maîtresse. Je l'ai punie pour en faire un exemple. Je ne pensais pas en faire trop, je vais me retirer pour aujourd'hui puisque cette femme peut réchauffer votre lit à ma place.

En tournant les talons, elle repoussait presque Mancinia sur son chemin.

— Mademoiselle, nous devons soigner votre main !

Sa servante peinait à suivre son pas enragé vers on ne savait où. Mais ... il se passait quoi ici ? Le Comte se retournait ensuite vers celle qui était demeurée sur les pavés.

— Vous, l'interpella-t-il. Que s'est-il passé ?
— Monsieur ... Je ... Je ne faisais que discuter avec mes amies.

Ses pleurs s'étaient subitement accentués, son regard essayait de transmettre de la pitié, mais ce n'était pas ce qui attendrissait l'Humain.

— Et donc ? Si vous étiez simplement en train de discuter, comment se fait-il que mon épouse pense que je vous êtes ma concubine ?

La froideur du ton la fit craindre le pire, même s'il ne lui était pas adressé.

— Vous ... Vous pouvez demander à la Marquise !
— Votre langue me semble bien désinvolte.

Il n'était pas question qu'elle devienne l'ennemie d'un membre estimé d'Haute-Terre à cause d'une Magicienne qui insultait l'union des autres. Cette femme allait passer un mauvais quart d'heure.

Post XXX - 470 mots
Inktober - Jour XXX - Bousculer