Je m’assurai que mes épaules étaient bien gainées vers l’arrière et poussai la porte des vestiaires, pas peu soulagé de quitter cet antre des abominations olfactives. Qui donc avait eu l’idée de ne pas mettre de grandes fenêtres pour aérer et brasser cette odeur de sueur stagnante perpétrée par des générations et des générations de mâles en pleine découverte des hormones ? Moi qui tolérais largement les sécrétions naturelles du corps, mais il y avait tout de même des limites à la saleté.
J’inspirai une grande goulée d’air frais et balayai du regard toute la salle d'entraînement. Mon port de tête était digne, mon dos droit. J’espérai qu’en dépit de mon accoutrement – un justaucorps et un pantalon moulants et blancs – j’avais l’air de quelqu’un de respectable. J’avais du mal à me faire à cette tenue. C’était la deuxième fois que je la portais mais je n’aimais pas cette sensation épaisse et à la fois proche du corps, surtout au niveau de l’entrejambe. En plus, la couleur laissait à désirer. Du noir m’aurait davantage convenu.
Certains avaient déjà commencé l’échauffement par des levés de genoux et des étirements. Je choisis de m’intégrer au groupe qui effectuait des tours de salle au trot. Je n’étais pas encore très sportif, mais je n’avais pas l’intention de le montrer aux autres. Courir était une difficulté que je m’imposais non seulement pour m’entrainer, mais aussi pour avoir l’air plus performant que les autres. Les exercices de souplesse, c’était pour les fillettes qui avaient trop peur de voir leur rythme cardiaque s’accélérer.
L'entraîneur frappa dans ses mains après quelques minutes. A bout, je m’autorisai enfin à mettre fin au supplice de ma course sans en avoir honte. Je marchai jusqu’au point de rassemblement en retenant mon souffle. Je ne devais pas montrer aux autres que j’étais déjà fatigué. Je transpirais déjà trop… Alors que tout le monde regardait le moniteur, j’essuyai rapidement son front et son menton à l’aide de mon avant-bras.
-Nous allons commencer la séance en répétant les gestes qu’on a appris la dernière fois. Il frappa encore dans ses mains. Mettez-vous en binômes.
Je cherchas aussitôt la personne la plus charismatique – en-dessous de moi bien entendu – parmi les élèves. Des duos se constituèrent par affinités. Quant à moi, je ne connaissais personne. Le temps m’était donc compté. Un peu trop compté, peut-être. Mon attitude confiante se déconfit progressivement alors que je comprenais que personne ne venait à moi, autant que moi ne trouvais personne de particulièrement à mon goût. Bientôt, une silhouette s’imposa devant mon champ de vision. Je levai les yeux au ciel jusqu’à atteindre le visage de mon interlocuteur et réprimai un soupir ainsi que tout autre expression qui aurait pu trahir mon ennui. Je n’avais pas envie de croiser le fer avec cette grande perche. Par ailleurs, sa tenue avait tendance à m’effrayer. Elle cassait l’uniformité des vêtements qui nous étaient fournis par l’école. Si se démarquer était positif, il y avait des choses à respecter pour le faire correctement. Lui, de toute évidence, ne se distinguait pas de la bonne manière, cherchant à mettre en valeur la ridicule prestance qu’il n’avait pas. Je me cantonnai donc à lui adresser une salutation cordiale d’un mouvement de menton. Je m’équipai ensuite de mon fleuret et partis me placer dans l’espace vide en continuant d’avoir l’air de respirer normalement.
558 mots
Zeryel ~ Ange ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 223 ◈ YinYanisé(e) le : 25/01/2023
Dim 16 Juil 2023, 12:05
Et alors ; Mais qu'est-ce que ça fait ?! Gustavo & Lorcán
L'ongle de Lorcán, vernis de noir, glissa sur la pointe de sa hanche et se faufila sous le fil de son string qu'il fit claquer juste parce que le bruit lui plaisait. Son pantalon d'escrime bordeaux le moulait tant que porter autre chose comme sous-vêtement aurait été un crime de mode et l'option de ne tout simplement pas en porter n'était pas envisageable. En outre, la courbe de son fessier se dessinait avec la perfection attendue de la part d'un Alfar ainsi, comme il put l'admirer en se tordant face au miroir. Son gilet matelassé recouvrit ensuite son débardeur. Façonné par un tailleur de Drosera, sur mesure, comme tous ses vêtements, il était brodé de ronces vertes sur fond blanc et soulignait l'étroitesse de sa taille presque aussi bien qu'un corset,. Les épaulettes étaient rembourrées, lui accordant généreusement la silhouette de l'athlète qu'il deviendrait. Ses gants étaient assortis mais il ne les porta pas immédiatement car ils le gêneraient pour son échauffement.
Dès qu'il entra dans la grande pièce baignée de lumière, il salua ceux déjà présents d'un bref hochement de tête et ne perdit pas de temps en bavardages. Sa cheville surélevée par une barre fixée au mur, il élongea tout son buste en avant pour tenter de le coucher sur sa jambe droite. Sa mâchoire se tendit sous l'effort de souplesse exigé et ses muscles s'étirèrent douloureusement. Son assiduité aux cours de yoga ne lui permettait pas encore d'accéder à un niveau de souplesse satisfaisant mais cela devait tout de même être mieux que la moyenne des avortons qui peuplaient le cours d'escrime. Il ne les regardait pas. Selon lui, le charisme était une attitude avant tout. S'il agissait comme s'il était seul sur une estrade au dessus de la plèbe, alors c'est ainsi qu'on le verrait. En théorie.
Après quelques exercices supplémentaires de gainage, une nécessité étant donné que ses abdominaux échouaient à denteler la ligne plate de son ventre, il s'aligna avec les autres élèves face au professeur mais jeta des coups d'oeil sur le côté. Il connaissait la majorité d'entre eux, même s'il y avait parfois de nouvelles têtes. Il y avait ce petit brun par exemple, qui restait planté là alors que chacun se trouvait un partenaire. Un timide peut-être ? Lorcán aimait bien ceux-là. Il se planta devant lui. « Bonjour. » Résultat de longues heures d'entraînement devant la glace, il savait donner à sa voix la sensation de velours, à la fois charmeuse et chaude, caressante. « On se met ensemble ? Pour l'escrime. » Précisa-t-il, son sourire perpétuellement amusé plissant les commissures de ses yeux.
Il décrocha son fleuret de son support et se positionna sur le matelas rectangulaire. « On ne s'est jamais parlés avant je crois. Je m'appelle Lorcán Belvarrian - Eraishah, de l'Acier. Un plaisir de te rencontrer. » Aussi gracieusement que possible, ses longs membres amplifiant le mouvement, il s'inclina presque dans une révérence puis fit le salut protocolaire qui marquait le début de l'échange. Sans attendre, il bondit en avant, usant de ses longues jambes pour avaler tout l'espace les séparant. Sa lame sécurisée par une pommade magique rebondit avec un bruit mat contre celle de Gustavo. Il rapprocha son visage près des lames croisées et lui décocha un sourire éclatant de dents. Leur blancheur ressortait sur ses lèvres qu'il hydratait avec un baume teinté et sur l'indigo de sa peau. « Les premières fois ne sont pas évidentes, je vais y aller doucement, mon chou. » Il lui souffla un baiser et recula pour se remettre en position pour leur prochain échange.
626 mots
Taj ~ Humain ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 79 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
Je pris une inspiration contrôlée pour chasser la légère nausée qui rôdait dans mon estomac, tandis que je faisais une fixette sur les manies délicates de mon partenaire. Mon cœur battait à toute vitesse, mais ce n’était aucunement dû à une émotion générée par ce type ; l’échauffement avait simplement été plus coriace que je ne l’avais pensé. C’était suffisant pour ne pas me rendre compte que j’étais aux portes de la maladie. Mon état n’était encore que lié à un pressentiment que je n’arrivais pas à verbaliser.
Bien que je fusse né et eus vécu dans la cité de toutes les libertés, j'exprimais un réel blocage à accepter l’existence décomplexée d’hommes frêles, efféminés, voire homosexuels – le tout allait souvent de pair. J’avais été éduqué par une mère très stricte sur les codes moraux et l’étiquette. Elle m’avait appris les normes et les convenances, faisant de moi l’homme dont elle avait toujours rêvé. J’étais devenu si parfait qu’elle avait fini par couper les ponts avec ma personne. Je ne lui en avais pas voulu. Une Orgueilleuse comme elle n’avait certainement pas supporté que je la talonnasse dans la discipline qu’était la perfection.
-Gustavo. Me présentai-je à la suite de son adversaire.
J’avais choisi de faire dans la sobriété, parce que le moment n’était pas propice à plus et que je souhaitais maintenir la cordialité la plus totale avec cet énergumène. J’avais du mal à croire que cette grande perche me déclinât l’entièreté de son identité. Il fallait avoir un sacré melon pour croire que j’en avais quelque chose à faire. Pire ; je l’avais déjà oublié. Je savais de toute façon que je finirai par le recroiser par la suite. Par malheur, il venait de m’apprendre que nous étions dans le même département. Je ne lui fis pas remarquer cependant ; je n’étais pas suicidaire et il aurait fallu que le plaisir de cette rencontre fut partagé.
J’effectuai un salut bien plus cordial que le sien. Je n’avais pas envie de me retrouver aussi ridicule que lui. En un instant, mon adversaire se retrouva beaucoup trop proche de moi et je me mis de justesse en position. Je n’étais pas encore coutumier aux gestes et aux postures de ce sport. Je voyais que ce n’était pas le cas pour lui. Je m’efforçais à redresser les épaules pour ne pas perdre ma contenance. Sa réplique, néanmoins, me glaça le sang. Je crus que j’allais vomir pour de bon. Je serrai les dents pour que cela n’arrivât pas et maintenir mon impassibilité. J’attendis qu’il se reculât pour enfin respirer l’air pur et tenter immédiatement une contre-offensive. Ainsi je me rapprochai moi-même de lui.
-Avant que les choses n’aillent trop loin, je préfère être clair tout de suite : je ne suis pas gay.
Je lui offris un sourire cordial. Il n’était pas question de lui montrer qu’il me dégoûtait, lui, ses longues jambes et sa tenue ostentatoire. Je n’étais pas comme lui.
-Par ailleurs, je suis ici pour m’entrainer. Pas pour m’adonner à un quelconque jeu de séduction.
Je voulais qu’il comprît à quel point il était ridicule à mes yeux. Il se croyait peut-être plus doué que moi à l’escrime car il avait suivi un ou deux cours de plus, mais ça n’améliorait en rien la qualité de sa personne sur le plan général.
558 mots
Zeryel ~ Ange ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 223 ◈ YinYanisé(e) le : 25/01/2023
Mer 09 Aoû 2023, 08:31
Et alors ; Mais qu'est-ce que ça fait ?! Gustavo & Lorcán
La dynamique de l'escrime avait séduit Lorcán dès les premières minutes. Inconsciemment, la multiplicité d'associations à faire avec les armes utilisées lui ouvraient un nouveau champ de possibles pour s'enfoncer toujours plus dans cette décadence qu'il courtisait. Il aimait aussi l'uniforme, si moulant qu'il punissait sévèrement ceux ayant l'indécence de se laisser aller et en faisaient payer le tribut à leur corps. Ce qui n'était pas son cas. Il n'était pas musclé, mais pas un gramme de graisse en trop ne venait déformer la ligne de sa silhouette.
À présent, il étudiait celle de son adversaire. Plutôt pas mal. Comme lui, il lui manquait les muscles indispensables pour obtenir le score parfait, mais ils n'étaient que des adolescents. Il devrait faire attention néanmoins, sa petite taille jouait contre lui dans ce jeu des apparences. Un petit écart et Gustavo se transformerait en grassouillet petit cochon comme cette Dæloran qui exhibait ses rondeurs sans pudeur.
« Ah ? » Son sourcil se releva, amusé. « J'aurais parié le contraire pourtant. » susurra-t-il, pour le simple plaisir d'aiguiser les épines d'une contrariété naissante. Le brun souriait, pour le moment, mais Lorcán devinait les efforts que cela devait lui coûter. Il se fichait pas mal de l'orientation sexuelle du nabot, il aimait juste provoquer. Autant joindre l'utile à l'agréable. « Tu as eu raison de me le préciser, on ne sait jamais, j'aurais pu te sauter dessus et te violer devant tout le monde. » plaisanta-t-il. « Tu es tellement irrésistible, ce serait difficile de se retenir. Tu sais que tu es plaisant à regarder, n'est-ce pas ? Et avec cet uniforme... » Il ne termina pas sa phrase et se passa la langue sur les lèvres à la place, la malice dansant dans ses yeux. Il appuya ensuite sur leurs lames croisées pour repoussa son attaque et avança aussitôt sur lui pour enchaîner une nouvelle série de coups. Il ne put résister à la tentation - il n'essayait jamais - et le plat de sa lame gifla la hanche du garçon, tout près de son postérieur. La réaction du professeur ne se fit pas attendre pour la faute commise. Faussement contrit, l'Alfar s'excusa en promettant de ne pas recommencer.
Lorcán quitta les douches. Dans son sillage, de petites flaques marquaient les endroits où ses pieds s'étaient posés. Des myriades de gouttes ruisselaient sur l'indigo de sa peau. Il marcha droit sur Gustavo et pianota sur son épaule pour attirer son attention. Il secoua la tête pour chasser l'eau cherchant à pénétrer dans ses yeux, projetant des éclaboussures autour de lui. « Excuse-moi, j'ai oublié de prendre une serviette. Tu me prêtes la tienne ? » Il se passa une main dans ses cheveux pour les ramener en arrière. « Ah et je voulais te dire aussi. » Son regard descendit lentement sur Gustavo. « Je touche pas aux petits, alors tu n'as pas à t'inquiéter. »
498 mots
Taj ~ Humain ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 79 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
Si je n’avais pas encore d’abdominaux ou de biceps saillants, j’étais doté d’une force mentale absolument spectaculaire qui m’évitait de vomir aux pieds de mon partenaire d’escrime. Ce garçon – Morgane, Lauriane, Arcane ou je ne savais quoi – était de toute évidence l'œuvre du Diable en personne : mon regard ne pouvait s’empêcher de courir vers le sien, puis sur ses lèvres qu’il mettait indécemment en avant à l’aide de mimiques féminines. Il ne m’était pas aisé de faire abstraction, mais je maintenais ma discipline en m’adonnant à l’exercice physique plutôt que d’entrer dans son stupide jeu de provocation. Je fus plutôt satisfait d’être spectateur de ses fautes et en profitai pour relever le menton et gagner en confiance.
Nos enchaînements continuèrent et la séance suivit son cours plus ou moins sans embûches. Du moins, c’était ce que je m’efforçais de croire. Satisfait d’avoir fait travailler mon corps, je rejoignis les vestiaires et effectuai une douche rapide. Je prêtai attention à l’Alfar, de sorte à ne plus me trouver trop proche de lui. Ainsi, j’entamai ma toilette avant lui et la terminai aussi vite. Je m’habillai à la même cadence, mais malheureusement l’insolent me rattrapa à cette étape. Le contact sur mon épaule m’horrifia. Je me retournai et levai les yeux. Je détestais qu’il fût aussi grand. Je ne cachai pas mon dégoût quant à sa proximité. Il était trempé et m’avait éclaboussé. Ce type ne faisait preuve d’aucune pudeur. Il y avait pourtant de quoi avec une couleur de peau pareille. D’un geste machinal, je lui tendis ma serviette, déjà mouillée.
-Tiens. Tu peux la garder.
J’en rachèterai une autre. Je n’avais pas réfléchi avant de la lui passer, mais une chose était sûre : si je la récupérais, ce ne serait que pour la jeter dans un feu de cheminée. Il n’était pas question que je partageasse des biens avec cet énergumène. L’idée qu’il s’essuyât après moi, voire qu’il sentît mon odeur ou fit des choses et d’autres avec le bien qui m’avait appartenu me dérangeait déjà profondément.
Mon corps fut soudain traversé par un courant électrique qui tendit tous mes muscles. Je foudroyai mon interlocuteur en échange.
-Tu… !
En plus d’être impudent et pédé, cette grande perche osait se moquer de ma taille. Je refermai mon sac avec vigueur. Je n’avais rien à lui rétorquer. J’étais petit, c’était un fait. Et alors ? C’était la faute de mon modèle. Faust était un nain. Je pensais important de ne pas avoir recours à la Mue si je voulais lui ressembler un jour. J’avais à cœur de faire les choses bien, comme à peu près tout dans ma vie.
-Bonne journée. Lâchai-je sèchement.
La mâchoire serrée, je me détournai de Lauriane. Une seconde de plus en sa présence et j’allais mourir étouffé. Un peu d’air frais me ferait le plus grand bien.
