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 [Q] - Là où se croisent nos chemins | Solo

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Isiode et Isley
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◈ Parchemins usagés : 1066
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Mer 23 Aoû 2023, 06:30



Partenaire : Me, myself and I ♪
Intrigue/Objectif : Auprès d’Isley, Ren tente de maîtriser son nouveau pouvoir, mais avant cela, elle voudrait reprendre contact avec Nolann pour s’excuser de ce qui s’est produit à leur dernière rencontre.
RP précédent : Le grand incendie de Hónggǔ


En un instant, le rebond tonitruant de la prothèse qui toucha sol s’évanouit. Dans ses apparats célestes et son mutisme le plus frappant, la nuit nous enveloppait tout en nous muselant. En l’absence de bruits, nous ne fîmes que scruter le vide que l’invocation avait créé. Na-eol s’était volatilisé en de fines particules de poussières et de cendres, laissant, seule, sous notre nez, la prothèse qu’il lui avait subtilisée. Quelques secondes passèrent sans que nous esquissions le moindre mouvement ou n’expirions la moindre parole. Peut-être attendions-nous le signe d’une nouvelle manifestation? De sa réapparition? Mais rien ne vint au cœur de la pénombre, peu importe le temps durant lequel nous patientions. Et au milieu de notre silence, je finis par me tourner et poser mon regard sur ses épaules. À mes côtés, Muramasa restait parfaitement immobile, secrète et attentive. Elle observait son bras de métal qui reposait à nos pieds, ses lèvres dessinant des syllabes que je ne parvins à déchiffrer. À maintes reprises, je remarquais également le battement rapide de sa paupière, comme si elle bataillait pour maintenir une connexion qu’elle aurait soudainement perdue – et peut-être n’étais-je pas si loin que cela de la vérité.

« Essayes-tu de le ramener? Lui demandais-je après un certain temps, éclatant du même fait la quiétude qui nous englobait.

- … Sans succès, déplora-t-elle dans un long soupir. Uchi ni oide. Okiro. Elle attendit et attendit, avant que son visage pivote dans ma direction. C’est ce qu’il m’a soufflé dans mon rêve et c’est ce que j’ai récité dans ma chambre, lorsqu’il est apparu. Alors, pourquoi cela ne fonctionne plus? En s’avançant à tâtons dans le salon, l’Orine finit par s’accroupir vers le plancher, recueillant le bras métallique dans sa main valide. Uchi ni oide. Okiro, Na-eol. Si un contact direct avec le supposé catalyseur aurait pu renforcer le pouvoir de son incantation, il n’en fût pourtant rien, le silence du Shāoshāng l’exaspérant. Pourquoi ne me répond-t-il pas? »

Fatiguée et vaincue, la rousse expira un deuxième soupir tout aussi découragé que le précédent, ses phalanges tentant de fixer la prothèse à son moignon par la même occasion. Cependant, une certaine gaucherie animait le mouvement de sa main, résultant en la mauvaise application de la prothèse à son épaule – et à l’éveil de légers grommellements impatients dans sa gorge.

« Laisse-moi t’aider. Rapidement, je me plaçais à sa hauteur, assurant l’installation des capteurs à ses points moteurs avant d’enfoncer et de ficher soigneusement son moignon dans l’emboîture de l’appareil. Mieux? »

La native des Terres d’Émeraude commença à bouger son bras et sa main articulés, mais à l’expression qui se décomposa sur son visage, je compris que quelque chose n’allait pas comme elle l’aurait souhaité.

« Elle recommence à faire des siennes… M’expliqua-t-elle.

- Un nouveau retard dans la réponse? »

Ren acquiesça lentement.

« Je dois bientôt écrire mon prochain rapport de suivi pour Maître Shigure de toute façon. Je vais lui faire part de ce problème : il devient de plus en plus fréquent. Parfois, les délais se faisaient ressentir à chaque tranche de deux heures, ce qui était loin d’être souhaitable et raisonnable. Quelle journée, décidément! Rien ne va comme prévu. »

À cette nouvelle contrariété, l’une de ses mains vint aussitôt se glisser contre son visage, camouflant plus encore les cicatrices noirâtres qui recouvraient tout son profil droit.

« Tu ne fais pas seulement référence à Na-eol et à ta prothèse. »

Il s’agissait plus d’une conviction que d’une interrogation, ce qu’elle saisit plutôt rapidement au ton que je venais d’employer. Or, si nos regards s’ancrèrent l’un dans l’autre, Muramasa finit pourtant par retourner tranquillement s’asseoir sur le divan que nous venions tout juste d’abandonner. Puis, énième, un soupir traversa ses lèvres.

« Te souviens-tu de l’Ange qu’Isiode a secouru lors du siège d’Arcadia? »

J’hochais de la tête sans la moindre hésitation. Il s’agissait d’un jeune homme du nom de Nolann. Comment l’oublier? Il était très reconnaissant des actions de mon frère à son égard, au point de m’avoir personnellement écrit afin de s’assurer qu’Isiode ait bel et bien reçu ses lettres.

« Je l’ai croisé en faisant une promenade dans le quartier et appris qu’il s’est trouvé sur le bateau durant l’accident : il faisait partie de l’équipage. Alors… Je lui ai proposé de marcher ensemble. »

Petit à petit, je commençais à connecter les différents points de son histoire, mais je la laissais me la raconter sans l’interrompre une seule fois. Après tout, j’étais particulièrement inquiet par les impressions qui m’avaient envahi au courant de la journée et désirais connaître ce qui lui était arrivé. Cette Colère et cette déception dans lesquelles elle nous avait noyé ne furent guère anodins et certainement que ces deux événements – sa rencontre avec Nolann et son énervement – étaient étroitement liés. Et de fait, cela ne prit que quelques secondes pour que l’Orine me confirme cette idée. Si plusieurs heures avaient passé depuis l’altercation avec le rescapé, j’entendais encore, dans son inflexion, les bribes d’une vieille frustration. Cependant, celles-ci se mesuraient péniblement aux échos de la culpabilité qui lui pesait désormais l’esprit.


852 mots | Post I



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Isiode et Isley
Mer 06 Sep 2023, 03:15



Plusieurs jours plus tard.

Par une étrange ironie du sort, nous nous retrouvâmes finalement tous les deux à la croisée des chemins. Face à face, mille émotions nous traversaient et pourtant, aucun de nous n’alla de l’avant les premiers instants. Nous ne faisions que marcher, très lentement, les pupilles incapables de se fixer sur un point précis. La nervosité agitait notre pulsation, martelait nos esprits des battements qui implosaient au sein de notre poitrine. Était-ce ce sentiment de culpabilité qui nous étouffait aussi désespérément? Pour ma part, ce n’était point difficile à deviner, mais pour lui, il semblerait que l’étonnement ait définitivement supplanté toutes autres émotions. La mine qu’il m’adressait au loin me faisait bien comprendre qu’il ne s’attendait aucunement à ce que nous nous croisions de la sorte. Son corps s’était instinctivement raidi lorsqu’il m’aperçut et au lieu de souffler quelques mots – ne serait-ce qu’un bruit – ses lèvres se pincèrent, sa bouche se tordit. Puis, comme par instinct, il avait évité mon regard. Tout son être transpirait un malaise suffocant, mais nulle question ne traversait réellement mon esprit : il était évident que j’étais la source de son embarras. Il ressemblait à un petit animal pris par surprise – une mauvaise surprise – et finit par accélérer son pas. À travers le courant de la foule dans laquelle nous étions plongés, il choisit de me contourner et de me dépasser, sa silhouette se mélangeant graduellement à la houle que dessinait les autres piétonniers, plus il s’éloignait de ma position. Sa tête s’était baissée et son visage embrassait des yeux la pierre que foulaient ses pieds. Nul besoin de connaître un langage particulier pour savoir ce que cette posture sous-entendait et pourtant, en dépit de la gêne et du trouble flagrant, je profitais de sa confusion pour le rattraper, le rejoindre en de longues et rapides enjambées. Aucune parole ne fût échangée entre lui et moi lorsque je parvins à lui toucher le bras, mais nos regards, même sans voix, semblaient se parler. Enfin, j’espérais surtout qu’il puisse y lire mes plus sincères excuses.

« Je suis désolée. Mes lèvres bougèrent avant même que mon esprit puisse former la moindre pensée. Je suis sincèrement désolée pour ce qui s’est produit la dernière fois. Je ne voulais pas vous attaquer ou vous offenser, mais j’ai tout de même perdu mon sang-froid. Mes paroles s’évadaient alors même qu’aucune respiration ne s’inhalait : je souhaitais simplement qu’il m’écoute. Je vous ai effrayé et j’en suis navrée. »

Je ne voulais pas lui laisser l’opportunité de s’enfuir ou de m’ignorer, alors je libérais tout ce que j’avais sur le cœur en un souffle, sans m’arrêter. Ce qui sembla porter fruit après un certain temps, puisque l’Ange se retourna entièrement dans ma direction. Ses cheveux blonds scintillaient sous la clarté du Soleil, mais le nacre de ses prunelles m’étudiait nerveusement, comme s’il peinait à concevoir ma présence devant lui aujourd’hui.

« Pourquoi êtes-vous ici? »

Il paraissait réellement déconcerté.

« Il s’agit d’une zone publique : il n’y a rien de surprenant à ce que nous nous croisions, n’est-ce pas? » Rétorquais-je sur un trait d’humour qui ne lui tira aucun sourire.

Devant l’échec, j’abandonnais finalement toute légèreté pour lui dévoiler la vérité.

« Je suis tout de même contente de vous revoir. Je devais vous parler. »

Ses yeux s’écarquillèrent, comme escompté.

« Vous deviez? Moi? P-Pourquoi? »

Il bredouillait, la voix basse, toujours plus confus. C’était comme s’il n’avait pas porté attention à ma plaidoirie. Pourtant, j’accueillis en toute insouciance son oubli en lui offrant un sourire doux et conciliant.

« Parce que je n’ai pas souhaité que nous nous quittions ainsi la dernière fois. Nous sommes partis du mauvais pied et j’ai bien conscience que j’en suis responsable : je me suis emportée contre vous, alors que vous ne le méritiez pas. Je relâchais un soupir, un poids quittant ma poitrine. Seulement, je n’avais aucun moyen pour vous contacter ou vous retrouver. Je savais simplement que vous vous promeniez souvent dans le quartier, alors j’ai tenté ma chance et j’ai commencé à faire des balades dans le secteur, dans l’espoir de vous recroiser. Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis notre dernière rencontre et parfois, il m’arrivait de rallonger mes sorties à l’extérieur, espérant que le Destin, face à mon acharnement, le pose enfin sur mon chemin; aujourd’hui, mes prières semblaient avoir été entendues. Monsieur Nolann? Je notais immédiatement la fuite de son regard. Pouvons-nous discuter? Je laissais flotter un sourire sur le bord de mes lèvres – peut-être que cela le rassurerait. Je ne m’énerverai pas cette fois, je vous le promets. »

Cela prit du temps, mais l’Aile Blanche accepta ma proposition.


773 mots | Post II



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Isiode et Isley
Ven 13 Oct 2023, 00:53



« Merci de me donner une seconde chance.

- …

- Après tout ce temps, je vous avoue que je n’y croyais plus du tout.

- …

- … L’ambiance était des plus moroses. Vous savez, je comprendrais si vous m’en vouliez. Je n’ai pas été juste envers vous. »

Puisqu’il n’avait encore produit le moindre son et n’osait regarder dans ma direction, je changeai de stratégie. Je cherchais un moyen de faire naître une réaction chez lui, qui différerait de l’agitation qui le paralysait; je souhaitais détruire le mur invisible qui nous séparait, car s’il m’avait suivi jusqu’au banc que je nous avais choisi, sa volonté tremblait pourtant encore d’inquiétudes. Ses appréhensions, couplées à sa timidité, avaient réduit à néant chacune de mes précédentes initiatives. C’était comme s’il s’était replié sur lui-même, à la manière d’une huître qui chérissait d’un peu trop près la perle qu’elle aurait produite. De fait, il ne me donnait pas l’impression de vouloir être ici, auprès de moi, malgré sa gentillesse à bien vouloir me prêter oreille; bien au contraire, il semblait prêt à fuir notre siège à tout instant, sans un regard en arrière.

« V-Vous en vouloir? Loin de là… Comment le pourrais-je? À la vibration de sa voix, je fus prise d’un sursaut : il parlait enfin. Je croyais que c’était vous qui m’en vouliez. Mes… Mes paroles étaient dures. J’aurais dû considérer vos sentiments a- avant de vous dire tout cela. »

Même s’il ne cherchait toujours pas à établir le moindre contact visuel et que ses doigts se remirent à s’entortiller nerveusement, mon cœur battait la chamade : j’avais réussi à le faire sortir de sa coquille. C’était un grand pas. Cependant, cela ne l’empêchait pas de se recroqueviller plus encore sur sa personne. J’avais remarqué le mouvement de son buste. Il s’était penché vers l’avant, courbant son dos dans une misérable posture. Je tendis aussitôt ma main jusqu’à lui. Je voulais lui conseiller de se redresser, de ne pas paraître aussi piteux, mais ne parvins à l’interpeller aussi naturellement que je l’aurais souhaité. Je ne voulais pas l’incommoder plus que de raison. J’en avais déjà assez fait la dernière fois et d’un geste, je me ravisais.

« Et j’aurais dû vous écoutez sans laisser mes émotions prendre les rênes de cette conversation, lui confiais-je après un certain temps, expirant un rire délicat de ma gorge. Un partout. Constatant que je ne m’attirais toujours pas son regard, je tournais finalement ma pupille vers les cieux, admirant distraitement les nuages et le vol gracieux des Ailés qui se laissaient entrainer par le souffle du vent. Vous ne pensiez pas à mal et ce n’est pas comme si vous avez tort : tout laisse à croire qu’il s’agit d’un accident. Et nous étions les seuls à vouloir pousser l’enquête dans la direction opposée… En de telles circonstances, est-ce si absurde de penser comme vous? »

Je baissais mon visage et perçus vaguement l’étincelle de ses iris sur mon profil. Toutefois, dès qu’il comprit que j’avais remarqué son regard, il reporta immédiatement son attention vers la pointe de ses souliers. À ce constat, une étrange mélancolie me submergea.

« Même aux yeux du Kērosa, nous sommes les irrationnels, poursuivis-je lentement, alors vous n’avez pas à vous sentir coupable de quoi que ce soit. L’épuisement et le désespoir faisaient désormais partis intégrante de mon quotidien. Je crois en Wakiya, en son talent, et c’est pourquoi je ne peux pas m’imaginer qu’elle ait pu négliger ma sûreté, même dans ces conditions. Je repensais au sourire et aux mots que m’avait partagé Isley, la nuit où je lui avais tout raconté. Mais en définitive, il ne s’agit pas d’un combat pour savoir qui a raison et qui a tort : il s’agit avant tout d’un combat pour découvrir la vérité. »

Car à se focaliser sur des préjugés, au détriment des événements factuels, nous affaiblissions involontairement notre jugement, ce qui nous empêchait d’observer le tableau dans son intégralité. Nous devenions alors si obsédés par une idée que nous arrêtions systématiquement de voir tout le reste, de voir la réalité…

« Peut-être qu’il s’est réellement passé quelque chose avec ma corde durant l’attaque, comme il est parfaitement possible que je me laisse envahir par mes sentiments et mon attachement à l’égard de Wakiya, oubliant qu’elle – comme nous tous finalement – possède des faiblesses. »

Quand Isley m’avait fait entendre ces mots, je m’étais surprise à m’armer du même flegme qu’Isiode afin qu’aucun de ses propos ne m’atteigne. Ce fût un réflexe pour éviter d’être blessée, dans ma foi comme dans mes convictions, parce que pour moi, il était évident que l’Art de la Sunano n’avait pu lui faire défaut… Mais peut-être que je me voilais la face. Pendant plusieurs secondes, je m’immobilisais, et si mon corps s’était engourdi, mon esprit, lui, continuait de trembler.

« C-Ce que je veux dire, c’est qu’il existe plusieurs certitudes et réalités en fonction de la personne qui les observe, mais il n’existe vraiment qu’une seule vérité. Inconsciemment, mes doigts s’accrochèrent à l’assise du banc. C’est sur celle-ci que nous devrions tous nous concentrer. Qu’elle nous plaise ou non. »


860 mots | Post III



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Isiode et Isley
Dim 29 Oct 2023, 02:20



Les mots s’échappaient hors de ma bouche, mais portaient-ils une quelconque sincérité dans leur fuite? Je n’en savais rien. L’intérieur de mon crâne et de mon cœur était à l’image d’une tempête : confus et chaotique. Je n’étais pas entièrement aveugle – j’essayais de me le persuader à chaque jour – et le soutien que j’apportais à Wakiya n’était pas déraisonnable non plus : tous deux faisaient parties de ma certitude, d’une possibilité que nous ne pouvions – que je ne pouvais? – écarter. Pourtant, lorsque j’écoutais la raison et posais enfin un regard clair sur la situation, je ressentais une pression destructrice me broyer. Parce que je savais, je savais que plus le temps passait, et plus mes convictions ne devenaient qu’une illusion. Sous mes yeux, elles se fracturaient, le poids de la vérité écrasant toute ambiguïté. Wakiya avait fait une erreur. Elle ne serait pas entièrement tenue responsable de l’accident, mais ses actes seraient tout de même vivement critiqués en raison du dénouement. L’incompétence n’était pas un crime, mais lorsqu’elle posait un danger remarquable, personne ne pouvait se permettre de la négliger. Et petit à petit, juste comme ça, sous notre nez, la vérité prenait forme…

Par les Ætheri. Pouvions-nous seulement lutter? Je ne savais plus quoi faire, quoi penser. J’avais l’impression d’abandonner ma imōto quand je laissais de telles idées me parasiter, alors que le stress et le désespoir la submergeaient. Plus que jamais, elle avait besoin qu’on lui tende la main. Même si elle peinait à me regarder dans les yeux ces derniers temps, même si elle se renfermait, ignorant la paume que je lui offrais, je la laisserais toujours ouverte pour elle, pour quand elle en aurait besoin. Elle savait que je serai toujours là, à ses côtés… Mais étais-je en train de rétracter cette même main? Cette réflexion, seule, réussit à me glacer le sang et mes doigts se mirent à frotter mon poignet de métal avec vigueur et nervosité.

« C’est tout ce que je voulais vous partager. Ma voix frissonnait, tandis que mes jambes me repoussaient vivement du banc : il me fallait reprendre contenance. Encore une fois, je suis désolée de m’être énervée contre vous. J’espère que la prochaine fois que nous nous croiserons, ce sera en de meilleures circonstances. »

J’avais braqué mon visage dans sa direction, observant le sien avec attention, à la recherche d’une quelconque expression. Or, bien assez tôt, le silence nous couvrit de nouveau. C’était devenu une habitude pour nous. Pourtant, ce silence-ci paraissait plus doux, plus tranquille, que tous les autres que nous avions alimenté au cours de nos précédentes rencontres. Avions-nous réalisé une sorte de… réconciliation? C’était difficile à définir, surtout lorsque le second parti restait muet.

« Au plaisir de vous revoir. Avec déférence, je me courbais pour le saluer avant de lui tourner le dos. Prenez soin de vous. »

J’eus à peine le temps de faire une dizaine de pas que mon être se figea à sa voix.

« Moi aussi. Son timbre tremblait toujours, mais un nouveau souffle semblait l’inspirer, l’emporter. Moi aussi, j’espère que nous pourrons nous revoir en de meilleures circonstances. »

Mon buste pivota et mon œil tomba directement sur ses épaules. L’émeraude de mon iris cerna les traits de l’Immaculé et y aperçu une délicatesse insoupçonnée. À cette vision, je ne pus que lui adresser un doux sourire : il s’agissait bel et bien d’une réconciliation.

« Je suis ravie d’apprendre que le sentiment est partagé. »

Légèrement tordu par l’émoi, son sourire parvint pourtant à illuminer la beauté de son visage. Il prit une profonde inspiration avant de poursuivre, hésitant :

« M-Même si je persiste à croire qu’il s’agit toujours d’un accident, j’aimerais… j’aimerais beaucoup vous offrir m-mon soutien. S-Si vous avez besoin d’aide, d-d-dîtes-le moi et j’essayerai de vous aider au mieux de mes capacités! »

Mes cils se mirent à papillonner devant mon œil. Avais-je bien compris?

« Vous voulez… m’aider?

- S-Si vous le voulez. Ses doigts se remirent à s’entortiller frénétiquement. J-Je crois simplement que vous avez raison. Le chemin vers la vérité nous entraine vers d’innombrables détours et… et pour arriver au bout de la route, nous devrions d’abord éliminer toutes les incertitudes. Enfin, après tout ce temps, j’avais l’impression qu’il me regardait vraiment. Vous avez vos raisons de croire en l’innocence de votre amie et je vois bien que vous ne serez satisfaite que quand vous vous serez assurée d’avoir exploré toutes les pistes. Sa main rejoignit alors son cœur. C’est admirable. J-Je ne sais pas à quel point je saurais me montrer utile, mais sachez que… qu’il me fera plaisir de vous assister. À deux, votre fardeau sera moins lourd à porter. P-Puis, je vous le dois bien, à vous et au Capitaine. »

Je le fixais, l’œil exorbité, mais après plusieurs secondes de stupéfaction, mon sourire s’étira, plus rayonnant que jamais.

« Vous avez raison : je soulèverai chaque roche et retournerai chaque feuille afin de m’assurer que rien n’a été oublié. Mes épaules se redressèrent, une confiance nouvelle m’enflammait. Et si, après notre enquête, tout laisse à croire qu’il s’agit d’un accident, j’affronterai la vérité en face. »

Je n’aurais pas d’autres choix… Mais quoi que dise le verdict final, je resterai auprès de Wakiya afin de la soutenir et l’empêcher de se plonger dans une détresse pire qu’actuellement. Oui, la vérité pouvait être difficile à encaisser, mais à nous deux, j’étais persuadée que nous pourrions surpasser tout cela. Je la défendrai de ses détracteurs, je la protégerai de ses démons intérieurs… Je ferai en sorte qu’elle ne coule pas : pour toujours, elle aurait ma main pour la tirer hors des profondeurs des abysses.

« Merci infiniment. »

Je le couvais d’un regard rempli de reconnaissance. Je me sentais envahie par une inspiration inépuisable : ce qu’il avait fait naître en moi était l’Espoir.


979 mots | Post IV



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Isiode et Isley
Dim 19 Nov 2023, 01:48



Il ne suffisait que d’un seul regard pour discerner sa beauté. Elle était absolument magnifique, n’est-ce pas? Drapée de sa longue robe noire et du silence de ses ombres, elle régnait désormais sur le firmament telle une souveraine observant la quiétude de son royaume. Malgré les ténèbres qui animaient la grâce de ses mouvements, des éclats pétillaient au milieu de la noirceur pour leur rappeler qu’il n’y avait aucune raison d’avoir peur. Tout comme son regard astral, les étoiles veillaient sur eux et repoussaient l’obscurité; elles les contemplaient longer les sentiers des Jardins Urbains.

Il avait aisément reconnu l’endroit, vaste étendue de verdure à travers une cité en pleine effervescence. Le jour, les Jardins Urbains d’Iyora formaient un espace commun pour tous les pratiquants de petites cultures. On s’échangeait des nouvelles, des astuces, des sourires et des coups de main. Mais une fois la nuit tombée et l’étreinte bienveillante de la Lune sur la cité, plus un mot ne s’entendait; seul le chant des criquets berçait la sérénité des lieux. Cette nuit n’était pas différente : tous les sons avaient disparu et le calme suivait chacun de leurs pas, à l’affût. Ils se promenaient sans un regard en arrière, traversant la pénombre sans même un coup d’œil vers leur partenaire. Pourtant, leurs cœurs s’enlaçaient. Leurs poitrines se soulevaient en harmonie avec la nature qui les enveloppait. Ils étaient bien tous les deux et marchaient main dans la main. S’ils se parlaient peu, cela ne les dérangeait pas : être ensemble leur suffisait. Rien que tous les deux. Rien que tous les deux…

« Je n’ai rien fait… »

Mais la douceur de leur promenade éclata, tout comme ces sanglots qui se mirent à résonner dans la nuit. Ils s’arrêtèrent brusquement, leur regard posé sur la silhouette recroquevillée. L’ébène de sa chevelure se confondait dans l’obscurité de la nuit. Malgré cela, il savait déjà à qui appartenait le visage caché. Sa présence le faisait frissonner. Il ne voulait pas rester. Il voulait s’éloigner de cette enfant, mais la main de son partenaire l’empêcha de partir. Il le tirait en direction de la jeune femme. Lui ne souhaitait pas s’enfuir. Il était si gentil, si aidant. Il voulait s’assurer qu’elle aille bien…

« Mademoiselle, que se passe-t-il? »

Cependant, le jeune homme l’arrêta avant qu’il ne puisse faire une nouvelle enjambée. Il ne voulait pas de ça. Il n’avait pas à s’inquiéter pour elle. Elle n’était rien. Elle était piètre, dérisoire. Elle ne méritait pas son attention. Pourtant, son partenaire ne le comprenait pas ainsi, comme en témoignait les points d’interrogation qui flottaient devant ses yeux. Elle était en détresse, désespérée, en pleurs. Pourquoi le jeune homme l’arrêtait-il?

« Elle ne vous causera que du malheur. Elle est dangereuse, même si elle ne veut pas le croire. Elle est infâme, même si elle paraît innocente. »

Son partenaire cessa enfin toute opposition, passant son visage entre le jeune homme à ses côtés et la pleureuse au sol. La confusion voilait son regard et le jeune homme attrapa aussitôt sa chance, obligeant son partenaire à reculer, à s’écarter de l’esseulée.

« Si vous restez près d’elle, elle vous mettra en danger. Comme elle l’a fait par le passé.

- Ce n’est pas vrai… Et la voix reprit, plus puissante, malheureuse. Ce sont des mensonges!

- Quelqu’un a failli mourir par sa faute!

- Ce n’était pas moi! Je vous le jure, ce n’était pas moi! »

Enfin, son partenaire reculait de sa propre volonté. L’expression sur son visage était indéchiffrable, mais il semblait désormais se méfier. Le jeune homme paru heureux, soulagé. Mais le prochain cri glaça son sang.

« C’est lui! S’époumona une voix. C’est lui qui l’a fait! C’est de sa faute! »

Un éclair roux passa devant eux et s’accroupit devant la silhouette misérable. La nouvelle arrivée entoura aussitôt la fragile dans ses bras. Elle était son bouclier et montrait les crocs. Elle n’accepterait qu’aucun malheur soit fait à sa protégée.

« Il ment! Continua-t-elle en perte d’haleine. Tout ça, tout ce qui s’est passé, c’est de sa faute! À LUI! »

Il voulait la faire taire, mais il devait d’abord restaurer la confiance de son partenaire, lui faire comprendre qu’il devait le croire, lui et pas elles.

« C-Ce n’est pas la vérit–

- Et alors? »

Stupéfaits par sa brutalité, sa réponse les laissa tous pantois. Pourtant, il fit comme s’il ne remarquât rien. Il adressa un sourire au jeune homme avant de réduire la distance qui les séparait. Le partenaire souleva alors ses mains pour encadrer son visage. Il l’effleurait, le caressait. Chaque tendresse qu’il marquait sur sa peau était un incitatif à rester immobile, à le garder prisonnier de son autorité. Envouté ou servile, le jeune homme ne lui opposa aucune résistance.

« Les mensonges peuvent devenir vérité. Bien travestis, ils sont en mesure de porter une toute nouvelle réalité. Son murmure était charmant, une douce mélodie remplie de vices et de tentations. Une répulsion inexorable peut alors se transformer en véritable considération et souci pour autrui; une obsession peut se cacher derrière une preuve de dévouement incontestée; une terreur peut se pervertir en amour passionné. Par mille attentions, l’une de ses phalanges se mit à suivre la ligne de sa mâchoire, forçant le jeune homme à le regarder droit dans les yeux. Tant que le rideau entre ces deux réalités reste baissé, il est impossible de savoir ce qui se cache réellement de l’autre côté, pas vrai? Le jeune homme acquiesça sans un mot. Mais savez-vous ce qui est le plus distrayant dans cette mascarade? Son partenaire lui sourit, ce qui fit naître les plus merveilleux papillons dans son ventre. C’est quand le menteur finit, lui aussi, par oublier ce qui se dissimule derrière le voile. Il pencha son visage vers l’avant, faisant naître les pires frissons dans son esprit, tandis que son sourire s’étirait, s’altérait, se noircissait. Qu’y-a-t-il, Nolann? Pourquoi semblez-vous si effrayé? »




Et à son réveil, le hurlement qu’il avait poussé dans les confins de ses rêves se brisa au fond de sa gorge. Nolann se redressa, apeuré, une main portée à son cœur. Il essayait de rattraper sa respiration, mais il n’en était point capable. Il faisait une crise, de l’hyperventilation. Et perdit brusquement conscience, son corps quittant ses draps et le confort de son lit. Un fracas retentit, ses colocataires sursautant au bruit.

« Nolann? Est-ce que tout va bien? Après un certain temps, une voix ensommeillée retentit de l’autre côté de sa porte de chambre. J’entre, d’accord? L’Ange aux longs cheveux roux ouvrit la porte et découvrit le corps palpitant de son confrère sur le plancher. Oh non! No-Nolann!! »


1 113 mots | Post V



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Isiode et Isley
Lun 11 Déc 2023, 01:51



Quelques jours plus tard.

« As-tu eu le temps d’écrire au Maître Shigure? »

Nos regards se croisèrent, alors que Muramasa ajustait et vérifiait une nouvelle fois les mécanismes de sa prothèse. Ses doigts bougeaient rapidement, inspirés par une routine qui leur était maintenant bien familière. Si chacun de leurs mouvements était suivi par un craquement distinct, la réponse mécanique de l’appareil ne semblait pas s’interrompre cette fois, ce qui était une bonne nouvelle.

« Oui et je l’ai également informé pour Na-eol. Lorsque son esprit n’était pas préoccupé par la situation avec Wakiya, il l’était concernant la mystérieuse existence du Shāoshāng. Peut-être qu’il aura une idée sur ce qui s’est produit – sur comment cela s’est produit. »

Jeu de la chance ou du destin, l’instrument de Yanna était devenu le catalyseur de cette étrange Magie, et par extension, le fruit de toutes nos curiosités. Parce qu’avant qu’elle enfile la prothèse à son moignon, la rousse n’avait jamais pu déployer un pouvoir de pareille nature par le passé. Même si elle se rappelait des propos de l’entité – comme quoi il serait le fruit de sa Magie – le timing entre les deux événements était bien trop parfait pour que nous puissions simplement mettre les circonstances de cet incident sur le dos du hasard et des aléas. Est-ce que Na-eol était véritablement né de la Magie de Ren ou toutes nos réponses résidaient à l’intérieur des secrets de la prothèse? Dans tous les cas, il nous fallait commencer quelque part afin de mieux comprendre le phénomène et les origines de celui-ci.

« D’ici là, j’espère que je saurais minimalement contrôler ce pouvoir, souffla-t-elle avant de refermer ses doigts dans un poing. Est-ce que nous pouvons recommencer?

- Bien sûr. Quand tu es prête! »

Sans attendre, nous nous remîmes en position, l’un en face de l’autre. Je tenais une Omije dans ma main, tandis que la joueuse d’erhu posait sa paume de chair contre son poignet de métal. Nous inspirâmes profondément, puis laissâmes nos pouvoirs pénétrer nos catalyseurs respectifs. Depuis toujours, les Omije répondaient à la Magie angélique. Si certaines Ailes Blanches peinaient à recevoir une réponse de la pierre, nous expliquions bien souvent cette incapacité par le manque de potentiel et de puissance magique des personnes en question. Pour ma part, je n’avais pas à penser ou à faire grand-chose lorsque je devais utiliser le pouvoir des Larmes. Il me suffisait d’imprégner la pierre de ma Magie pour que celle-ci réagisse, libère et matérialise les Armures Enchantées. Et comme de fait, deux cuirasses d’argent apparurent soudainement à mes côtés. Elles étaient nimbées d’une douce lueur blanche, ardente mais pure, dont l’enveloppe se décomposait au fil des secondes pour les exposer à un éclat plus naturel; celui du Soleil. Debout et armées, les Armures attendaient mes ordres dans un calme impénétrable, alors que je portais toute mon attention vers l’Orine aux cheveux de flamme. Elle aussi restait silencieuse, mais ses raisons étaient bien différentes de celles qui soumettaient mes invocations au mutisme absolu.

Ren se concentrait intensément. Entre les interstices de ses doigts, je distinguais des fils d’opale et d’argent qui glissaient sur la surface de sa peau et sur le métal de son bras. Une fois de plus, elle accumulait sa Magie afin que celle-ci immerge sa prothèse. Puis après un certain temps, elle finit par prononcer les mots qui étaient supposés réveiller l’entité qui sommeillait en elle :

« Uchi ni oide. Par réflexe, elle libéra une plus grande quantité de Magie dans l’espoir que celle-ci atteigne enfin son destinataire. Okiro, Na-eol! »

… Rien. L’invocation ne répondait toujours pas, une fumée translucide s’échappant des jointures qui composaient les membres artificiels de son bras.

« Fais attention. Il ne faut pas oublier que la résilience magique de ta prothèse a ses limites », lui rappelais-je d’un ton qui se voulait rassurant.

Soufflant maladroitement sur le bout brûlant de ses doigts, la rouquine opina d’un signe de tête avant de relâcher une longue respiration.

« Il y a quelque chose qui nous échappe…

- Et ta Magie n’y est pour rien. »

Au cours de nos quelques entraînements, elle avait été en mesure d’invoquer une fois seulement le mystérieux Shāoshāng, non sans peine et misère. Si, au début, nous crûmes en un manque de puissance magique de sa part, bien vite, nous comprîmes que ce n’était nullement le cas, puisqu’elle avait déjà réussi à l’invoquer sans avoir à déployer une telle quantité d’énergie.

« Non, le problème se trouve autre part. »

Mais où? Était-ce un problème de conviction ou de confiance en elle? J’en doutais énormément, puisque Ren semblait plus déterminée que jamais à vouloir le rappeler dans notre réalité. Alors était-ce un problème au niveau de ses émotions? Certains pouvoirs se déclenchaient grâce à notre état émotionnel, cette théorie ayant été vue et revue des centaines de fois dans l’Histoire. Or, Muramasa m’avait confié ne pas avoir ressenti quoi que ce soit de particulier les deux fois où elle était parvenue à l’invoquer. Elle avait simplement réussi… Mais comment?

« Nous devrions la consulter finalement. »

Je tournais mon visage vers la Fille des Arts, étudiant la question qui s’était mise à flotter dans son regard.

« De qui tu parles?

- Te souviens-tu de mon dernier déploiement? Elle acquiesça. Eh bien, j’y ai rencontré une Orine là-bas, et elle semble posséder les mêmes pouvoirs que toi. Je souhaitais lui demander son aide qu’en dernier recours, histoire de ne pas la déranger, mais nous nous trouvons dans une impasse et j’ai écoulé toutes mes idées. Peut-être qu’elle saura t’aider à mieux comprendre ces pouvoirs que moi. Peut-être saura-t-elle trouver la pièce manquante à notre casse-tête, là où mes connaissances en la matière paraissaient avoir atteint leurs limites. Qu’est-ce que tu en dis? »

Sa réponse ne se fit guère attendre : Muramasa aimerait beaucoup rencontrer cette autre Orine.


977 mots | Post VI



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Isiode et Isley
Lun 18 Déc 2023, 06:17



Le lendemain.

Dès que nous traversâmes le portail en pierres, nos oreilles furent assaillis par le choc des lames et la respiration laborieuse des Soldats à l’entraînement. À travers les cris de l’acier et les crépitations explosives de la Magie, nous perçûmes aussi l’éclatement de plusieurs voix qui discutaient auprès de leurs partenaires, sans pour autant que nous trouvâmes les inflexions qui nous intéressaient. Pas à pas, nous nous enfonçâmes plus profondément encore au cœur du terrain, mais ce fût d’abord par le biais de nos yeux, puis de notre ouïe, que nous repérâmes enfin ceux que nous recherchions aussi assidûment. Nous les interpellâmes sans attendre – sourire aux lèvres et bras vers le ciel – et les trois Soldats en firent de même lorsque nous parvînmes à leur hauteur. Dans l’enthousiasme des retrouvailles et des premières rencontres, ainsi que parés de notre armement, nous nous échangeâmes de chaudes salutations, mais bien vite, nous remarquâmes également l’absence d’une personne importante; la même personne qui nous avait indirectement poussé, Muramasa et moi, à les rejoindre pour leur session d’entraînement.

« Où est-elle? » Finis-je par exprimer de vive voix ce que nous pensions tout bas.

Parmi le trio, nos regards convergèrent presque aussitôt sur les épaules du Soldat Geyrson. Il fallait dire qu’un peu plus tard dans la soirée d’hier, ce dernier et moi-même avions convenu d’une heure et d’un point de rendez-vous pour réaliser cette fameuse rencontre, mais la principale concernée manquait à l’appel. En raison de son statut particulier et du lien – encore indéfini – qui les unissait, il était le plus à même à répondre de son absence.

« Elle est retournée à l’intérieur de la caserne pour prendre sa collation, nous indiqua-t-il en pointant le bâtiment du pouce.

- Nous pouvons l’attendre ici dans ce cas. Nous ne voudrions pas la presser.

- Je… vous conseille quand même d’aller directement la rejoindre. Nous nous observâmes, le sourcil relevé. Elle prend biiiien son temps pour manger », se contenta-t-il de répliquer pour se justifier.

En scrutant l’expression des deux autres Soldats, nous comprîmes qu’il s’agissait certainement d’une habitude de la part de la concernée.

« Très bien. »

Penchant légèrement son buste vers l’avant en signe de remerciement, Muramasa reprit sa route jusqu’au portique de la caserne, avant d’être complètement engloutie par les ombres de l’édifice. Lorsque sa silhouette disparue de mon champ de vision, je me permis enfin de reporter mon attention vers mes collègues. Si je connaissais plus ou moins bien le Soldat Geyrson désormais, notamment grâce à l’entremise de Travis, je n’avais que peu parlé aux deux autres militaires, qui s’étaient introduits sous les noms d’Eisenmann – un Ange aux longs cheveux noirs – et de Mëyra – une jeune femme à la courte tignasse châtaine.

« Est-ce que vous voulez déjà commencer l’entraînement? »

La proposition fit l’unanimité et après quelques minutes pour prendre nos armes et déterminer les duos qui se batailleront, nous entamâmes soudainement notre confrontation dans un violent fracas.



Ce n’était pas la première fois que je traversais les couloirs de la caserne. Pour m’être à plusieurs reprises exercée sur son terrain d’entraînement, avant mon accident, je m’étais rapidement accoutumée aux différentes infrastructures de l’établissement. De fait, comme un explorateur qui suivait fidèlement sa boussole, je n’eus aucune difficulté à retrouver mon chemin jusqu’au mess. Il s’agissait d’un lieu à vocation sociale où les militaires de tous les rangs pouvaient se rejoindre afin de partager leurs repas et sociabiliser; de fait, à travers les tables et les quelques groupes actuellement rassemblés, je distinguais une présence singulière – et pourtant qui m’apparut étrangement familière. Mes jambes bougèrent, seules, m’entraînant avec résolution au cœur de la masse, et ce, jusqu’à sa table. Je m’arrêtais alors devant elle et nos regards se croisèrent. Lentement, elle avala le morceau d’onigiri qu’elle était en train de déguster.

« Ren Muramasa », affirma-t-elle d’une voix mélodieuse et assurée.

À ce constat, un sourire se dessina sur la commissure de mes lèvres. J’avais bien deviné : c’était l’Orine dont Isley m’avait parlé. Avec déférence, je m’inclinais pour la saluer.

« Enchantée Dame Yoona. »

M’invitant à la rejoindre à sa table, je m’installais confortablement contre le dossier du siège qui lui faisait face.

« Tu veux quelque chose? Automatiquement, son bras glissa à l’intérieur de la besace qui se trouvait à ses côtés. J’ai d’autres onigiri si tu le souhaites, mais j’ai aussi plusieurs desserts, sucrés comme salés, et des fruits. Pendant quelques secondes, elle plongea le bleu clair de ses yeux dans l’ouverture du sac. J’ai également quelques herbes pour le thé. Voyons voir… tu es plutôt thé sencha, gyokuro ou mugicha – je crois avoir également de quoi faire du thé matcha…

- Merci, c’est gentil, mais ce ne sera pas nécessaire : j’ai déjà mangé avant de venir jusqu’ici.

- Vraiment? »

La déception que je perçus dans son regard me fit aussitôt flancher.

« … Quoi que nous avons toujours un peu de place pour un onigiri.

- Très bon choix! »

Le plaisir revint adoucir le timbre de sa voix et l’Orine retira finalement sa main du sac pour m’offrir la délicieuse boule de riz. La remerciant pour le repas, je pris une première bouchée, sous l’examen perçant de son regard.

« C’est toujours plus plaisant d’avoir de la bonne nourriture pour accompagner les bonnes discussions, pas vrai? Je confirmais d'un signe de tête, tandis que sa posture se fit doucement plus décontractée; sa joue s'appuya contre l’un de ses poings et quelques mèches de sa chevelure tombèrent sur la surface de la table. Et si nous nous attaquons au vif du sujet? D’un geste, elle rapprocha l’onigiri de ses lèvres. J'ai entendu dire que tu souhaitais me parler… »

Une fois de plus, j'acquiesçais.


951 mots | Post VII



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Isiode et Isley
Ven 19 Jan 2024, 01:38



Tranquille et d’allure presque résignée, sa posture ne laissait aucunement supposer un quelconque intérêt pour le sujet de notre conversation. Après tout, l’une de ses mains la nourrissait constamment et sa tête, dodelinant, semblait irrémédiablement vouloir s’échouer sur la table. De fait, il était facile pour des yeux extérieurs de croire que ce n’était que par le soutien de sa seconde main qu’elle réussissait à ne pas succomber à la charge exténuante de cette apparente lassitude. Cependant, les présomptions à peine attisées s’évanouissaient instantanément lorsque nous nous plongions dans le saphir de ses yeux. L’acuité de son regard soulignait avec intensité la concentration de son esprit, et il était alors évident, pour n’importe qui, qu’elle portait une attention particulière à chacun des mots qui lui étaient transmis. Cette sollicitude était curieuse, désintéressée, chaleureuse, et sous la caresse de son regard, nous nous sentions aussitôt en confiance. Nos esprits s’apaisaient, nos bouches s’ouvraient, nos narines inspiraient; puis avant même de prendre conscience de ce qui se passait, nous lui confions notre histoire, et ce, jusqu’à ce que nous épuisions notre dernière expiration; de la même façon, je lui partageais la mienne succinctement. Libératrice, l’expérience fût tout de même très étrange… C’était la première fois que je racontais ainsi ce qui m’était arrivé et une drôle de sensation m’avait assailli, comme si j’avais porté à ses oreilles le récit d’un autre parti; comme si tous ces événements ne m’étaient jamais arrivés, que tous ces malheurs avaient été vécu par le personnage d’un roman.

« Ren? La voix de Yoona me ramena brusquement dans l’océan qui noyait ses prunelles. Tu étais ailleurs pendant un instant… Tout va bien? Cela me prit quelques secondes avant de réagir et de sourire chaudement à sa bienveillance, car malgré ses airs d’indolence, je découvrais petit à petit une part de sa véritable nature, empreinte d’une grande bonté. On me fait souvent la remarque que je suis trop directe, alors si jamais tu me surprends à dépasser des limites qui ne devraient pas être franchies, n’hésite pas à me le faire savoir.

- Vous n’avez pas à vous en faire, ma Dame. C’est bien plus aisé de discuter avec une personne qui va droit au but que le contraire », lui assurais-je avec enthousiasme.

Puis, en ce qui concerne ce qui la perturbait intérieurement, elle n’avait pas à s’inquiéter : raconter ma mésaventure n’était pas douloureux ou déplaisant. Si j’admettais que les jours qui avaient suivi mon accident n’avaient pas été faciles mentalement et physiquement, j’allais beaucoup mieux maintenant. J’étais parvenue à trouver une certaine… paix intérieure.

« D’ailleurs, sens-toi bien à l’aise de me tutoyer. Ça ne me pose aucun problème.

- E-Entendu », balbutiais-je en prenant conscience de la familiarité que je ne lui avais réciproqué.

Et à ce constat, ce fût à son tour de m’offrir un sourire.

« Très bien! Revenons à nos moutons dans ce cas. J’aimerais savoir : quelle est cette formule que tu dois prononcer pour le faire apparaître? »

En secouant légèrement la tête, je me replongeais entièrement dans notre conversation.

« Uchi ni oide. Okiro. Parfois, je l’appelle en prononçant simplement son nom, histoire de – je ne sais pas – d’avoir l’impression de m’adresser directement à lui, d’une certaine façon, mais il ne s’est jamais manifesté malgré ça.

- Presque jamais. Ce n’était pas la première fois qu’elle me remontait ainsi les bretelles, pour me faire comprendre que tous mes efforts n’avaient pas été réalisés en vain. Et tu dis que tous ces rêves étranges ont commencé quelque temps seulement après que tu as obtenu cette prothèse des Enfants de Yanna.

- C’est exact. C’est également pour ça qu’on pense qu’il serait possible que ma Magie n’y soit pour rien. Mais d’un autre côté, l’ingénieur qui m’a installé cette prothèse ne nous a jamais informé qu’une entité pareille se trouve à l’intérieur de sa création.

- Sûrement parce qu’elle ne s’y trouvait pas au début.

- Alors, comment…?

- Parce que ce pouvoir vient de toi, déclara-t-elle de but en blanc en prenant une nouvelle bouchée d’onigiri. Je ne crois pas me tromper en affirmant ça. Pensive, l’Orine se tut un certain temps avant de reprendre : Ce qui me questionne, c’est pourquoi tu n’arrives pas à avoir le plein contrôle sur ses apparitions. Je suis d’accord avec votre hypothèse, à toi et à ton Aisuru : ta puissance magique n’est pas ce qui te fait défaut. »

Vaguement, je laissais courir mon regard sur la porcelaine de son visage.

« Est-ce que le problème réside plutôt ici? Du doigt, je pointais mon crâne. Dans ma tête?

- Peut-être… Peut-être que tu ne te trouves pas dans le bon état d’esprit. Mais tu m’as dit n’avoir rien ressenti de particulier lorsque tu es parvenue à l’invoquer la dernière fois. »

Elle excluait volontairement ma première réussite, puisque celle-ci ressemblait à un éveil, à une réalisation, qui m’avait alors permis de libérer l’entité, jusqu’ici, enfermée.

« Rien qui m’a réellement sauté aux yeux, mais maintenant, je ne sais pas trop quoi en penser…

- Et qu’est-ce que tu as ressenti lors de la mise en place de ta prothèse? L’ombrage qu’elle aperçut sur mon faciès l’incita à clarifier sa pensée : Parfois, il faut explorer bien plus loin que l’instant présent. Parfois, il faut carrément retourner là où tout a commencé. Dame Yoona se rapprocha doucement de moi, sa main cueillant dans la volée le bout de mes doigts : Dis-moi ce que tu as ressenti à ce moment-là. »

Silencieuse, j’immergeais mon regard dans le sien. L'onde qui animait ses iris était calme et patiente. Elle m’entraînait dans son courant, me repoussait vers un temps auquel je repensais rarement et qui, pourtant, avait indéniablement façonné la personne que j’étais aujourd’hui. Car après la chute et la déchéance, ce bras m'avait permis de me relever et, petit à petit, j'avais commencé à reprendre le cours de ma vie.

« Je me sentais de nouveau entière. Complète. La vérité s’évada de mes lèvres presque aussi naturellement que le lever du Soleil. J’étais tellement contente, presque euphorique au moment de bouger mes doigts pour la toute première fois. Je ne ressentais pas grand-chose et en même temps, j’avais l’impression d’être envahie par mille sensations. Je regardais mon Aisuru et me disais… »

Imperceptible, l’ivresse du moment fût troquée par le regret : un regret qui s’éclipsa au profit d’un éclat suffisamment éblouissant pour dévorer ses ombres.

« Je me disais que j’avais enfin retrouvé ma valeur à leurs yeux, mon utilité. Je ne serais plus un poids mort pour eux et je pourrais de nouveau marcher à leurs côtés, sans les ralentir ou voire pire, les freiner. Faisant volontairement abstraction du trouble que je vis naître dans le regard de l’invocatrice, je poursuivis sur le même ton : Cette prothèse, je l’ai vu comme une renaissance, une deuxième chance afin d’accomplir… tout ce que je n’ai pas réalisé dans ma « première vie. »

- Comme le Shāoshāng dans son histoire. »

Je me paralysais. Pendant un long moment, je dévisageais Dame Yoona, incertaine de l’implication que suggérait ses propos. Comme… Na-eol?

« Vous voulez dire…

- Oui. L’un de ses doigts se posa délicatement au milieu de mon front, par-dessus les cheveux qui camouflaient les immondices de ma figure. Replonge-toi dans cet état et essaye de l’invoquer. Tu n’as rien à perdre.

- M-Maintenant? Je balayais le mess de l’œil, jaugeant le nombre d’individus qui s’étaient rassemblés dans la salle pour profiter de quelques instants de repos bien mérités. Ici?

- Bien sûr, confirma-t-elle sans me lâcher du regard. Maintenant. »

Lentement, je baissais la tête, écoutant le craquement de mes jointures métalliques. Était-ce vraiment la solution? Une œillade en direction de Yoona répondit pourtant à ma question : il n’y avait qu’une seule façon de s’en assurer.

« Uchi ni oide. Okiro. »


1 315 mots | Post VIII


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Isiode et Isley
Jeu 25 Jan 2024, 01:18



Le crissement de l’acier fût saisissant. Eisenmann et Geyrson contre Mëyra et moi. Nous ne perdîmes pas de temps pour nous élancer à la gorge de nos opposants et dans cette précipitation toute calculée, les armes de ma partenaire et de son adversaire se heurtèrent dans un baiser tranchant. Véloce, je copiais le déplacement de la jeune femme pour me confondre dans l’étendue de son ombre. Elle avait un pied léger, des mouvements imprédictibles et fluides, et même si c’était la première fois que je m’entraînais à ses côtés, je fus tout de même en mesure de calquer mon pas au sien avant de bondir de son flanc, à la manière d’un crocodile émergeant des flots. L’épée à hauteur de ses épaules, je l’abattis sans ciller en direction du buste de notre ennemi. L’intention était limpide : dans cette position, je pouvais aisément lui trancher la nuque, et Eisenmann, légèrement en retrait, le comprit bien assez tôt lui aussi. Vif, l’Ange aux cheveux de jais changea sa prise et lança de toutes ses forces son arme dans ma direction. Mon instinct m’alerta et je relevais immédiatement mon bras pour parer le projectile. Ce dernier déchira ma manche, mais ricocha brusquement contre la matière qui recouvrait désormais une partie de ma chair. Ce fût moins une. J’avais réagi intuitivement, mais mon instinct ne me prévint de ce qui suivit, quand Eisenmann se téléporta jusqu’au manche de son épée, prêt à contrecarrer. Désormais à ma hauteur, le Soldat utilisa le plat de son arme et esquissa un puissant mouvement de balayage dans les airs. Je couvris mon visage par réflexe, mais il était déjà trop tard. Le choc était herculéen, l’assaut impitoyable. Tout mon corps fût repoussé vers l’arrière et emporté sur quelques mètres, loin de son partenaire, je stabilisais ma chute en me rattrapant au sol, laissant les derniers souffles de sa charge me fouetter le visage.

J’inspirais. Eisenmann était bien plus fort que laissait supposer son apparence. Je n’étais pas blessé, mais sa puissance avait douloureusement fait résonner tout mon corps : je ressentais les vibrations qui galopaient sauvagement le long de mon bras et le sable du terrain s’était légèrement soulevé autour de moi, par la seule force de son attaque. C’est impressionnant, pensais-je tout en me redressant. À travers les grains dorés dégringolant, j’apercevais leurs silhouettes à l’horizon s’articuler dans une grande violence, sans précision. Leurs déplacements étaient prompts, agressifs, et cela me prit quelques secondes avant de différencier, dans la poussière voltigeant, les mouvements de tous et chacun. J’expirais. Je devais rapidement rejoindre la Soldate Mëyra. Je ne pouvais pas la laisser seule face à ces deux loups. Je tournais aussitôt ma paume en direction de mon binôme. Elle enchaînait les parades contre les coups d’estoc de Geyrson et d’Eisenmann avec un courage sans faille – mais aussi avec l’énergie du désespoir. C’est ce que les Soldats désiraient. Ils voulaient lui imposer leur rythme dans un combat effréné pour la fatiguer prématurément, pour la submerger plus rapidement. À deux, ils n’auraient aucune difficulté et ensuite, je serai le prochain à tomber. J’inspirais. Nous ne pouvions pas perdre aussi facilement, et à cette réflexion, je sentis l’extrémité de mes doigts me démanger avant de libérer une importante quantité de Magie pour le lui transférer. Presque immédiatement, la guerrière fut enveloppée dans un cocon de lumière iridescente. À l’expression qu’elle affichait, je sus tout de suite que mon pouvoir fonctionnait. Elle devait sentir ses muscles se renforcer, son être devenir plus léger, tout son corps se remplir d’une vivifiante énergie; elle pouvait désormais se surpasser grâce à mon soutien. J’expirais.

Si Mëyra se posa des questions, elle ne laissa pourtant pas la situation la prendre de court. Sa réaction fût irréprochable et sa prise, tout de suite, se renforça. Dans un coup enhardi, elle reprit le dessus sur Geyrson avant de l’éloigner de sa personne. N’ayant pas baissé sa garde, Eisenmann ne fit guère attendre sa riposte. Les deux guerriers s’affrontaient dans un acharnement de titans, tandis que je me rapprochais du cœur du combat. J’avais une idée et même si je n’étais pas certain de son efficacité, je me retrouvais à m’exclamer :

« Sur sa gauche! »

Avant même qu’ils puissent réfléchir, les épéistes relevèrent chacun leur bras. Le poing de Mëyra fila aussitôt sur le visage de son adversaire. Et instinctivement, Eisenman protégea son profil. Droit. Ses yeux s’écarquillèrent avec horreur.

« Quoi? »

VLAM!! Les jointures de mon binôme parvinrent à entrer dans la défense de notre ennemi et celui-ci se mit à claudiquer, médusé. Que venait-il de se passer? Comment avait-il pu faire une telle erreur? Les questions défilaient dans son esprit et Mëyra profita aussitôt du moment pour contrattaquer. De mon côté, je continuais ma course afin de couvrir ses arrières et empêcher Geyrson de la prendre en traître. Ce dernier remarqua ma présence, de plus en plus écrasante, et prit une pose défensive. En l’espace de quelques secondes seulement, le vent avait tourné en notre faveur.



« À qui comptes-tu apporter ton soutien? »

La voix de Yoona paraissait surnaturelle au creux de son oreille. Cela dit, la réponse était évidente. Son cœur voudrait toujours porter secours à son Aisuru et pourtant, l’allégresse qui noyait désormais son esprit lui susurrait un choix complètement différent. Elle prit un certain temps pour réfléchir, observant le combat qui s’enflammait devant eux. Puis finalement, Muramasa tourna son visage en direction de l’invocation.

« Tu sais qui assister, pas vrai? »

Le Shāoshāng hocha de la tête avant de s’élancer dans la fièvre.



Je levais mon arme, prêt à l’abattre sur Geyrson, mais avant même que le tranchant de l’arme rebondisse sur le plat de son épée, une ombre s’interposa. Et ma lame pénétra dans le bras du nouvel arrivant. Nous arrêtâmes de respirer un instant, dévisageant avec étonnement le troisième parti qui s’était glissé dans notre duel. Je le reconnaissais.

« Na-eol? »

L’entité se redressa, menaçante, tout en faisant rempart de son corps pour protéger Geyrson. Prudent, je me reculais suffisamment loin de sa portée et du danger qu’il pourrait éventuellement représenter, mais Na-eol ne bougeait pas. Il semblait attendre, patienter.

« J’ai réussi! Non loin, l’exaltation de son cri nous fit sursauter. Il m’a enfin répondu! »

Nous tournâmes nos visages dans leur direction. Aux côtés de Yoona, Ren affichait un sourire éblouissant.


1 078 mots | Post IX

Isley utilise les pouvoirs suivants :
- Influencer les décisions
- Instinct des Mäaxence : lorsqu'un danger est sur le point de se produire autour de lui, votre personnage devinera où et qui sera impliqué. À lui de décider s'il interviendra pour limiter les dégâts.
- Corps Suprême : pouvoir permettant de changer sa propre chair en diamant, ce qui confère une résistance à toute épreuve sans impacter l'agilité.
- Soutien : pouvoir permettant de renforcer les performances physiques d'autrui, comme leur force, leur vitesse, leurs réflexes, leur acuité visuelle, etc. Si l’utilisateur de ce pouvoir ne peut en subir les effets lui-même, plus sa Magie augmentera, et plus de personnes il sera en mesure de soutenir en même temps. Toujours en fonction de sa Magie, il lui sera également possible de renforcer plus fortement les capacités d’autrui.



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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 17 Fév 2024, 01:05



La porte se referma derrière eux, alors que sa main l’invita à prendre place sur le siège qu’elle lui avait réservé. Docile, Nolann obéit et s’installa en face de la docteure Sargos. Les cheveux de cette dernière étaient longs, pâles comme la cendre froide, et son regard aussi céleste et profond que la nuit : un contraste délicieux qu’il se plaisait à admirer à chacune de ses visites désormais.

« Je suis ravie de te revoir, le salua-t-elle en prenant place. Comment vas-tu? »

Cependant, au contact de leur regard, le jeune homme se pétrifia. Sentant qu’il venait d’être surpris en flagrant délit, ses joues et la pointe de ses oreilles se mirent à arborer une vive couleur cramoisie. L’Ange essaya tant bien que mal de reprendre contenance, mais ne réussit qu’à bredouiller un amas incompréhensible d’onomatopées pour lui lancer la réplique. Il fût tout de même en mesure d’en tirer quelque chose de positif, malgré le pénible de sa lutte : un rire, léger, de la part de son accompagnatrice. Au moins, songea-t-il, quelqu’un semblait bien s’amuser de la situation dans laquelle il s’était fourré.

« Depuis la reprise de nos séances, j’ai remarqué que tu as souvent tendance à me dévisager. »

La nuque du client devint plus brûlante encore, et ses paroles – quoi que toujours aussi confuses – parvinrent malgré tout à former quelques phrases cohérentes.

« P-P-Pardon! Pardon! Je ne voulais pas t’embarrasser! C’est seulement que tu… Euh… Il avait l’impression de s’enfoncer encore plus profondément dans sa tombe, alors qu’il cherchait un moyen de lui expliquer ses raisons. T-Tu es… En fait, tu ressembles… »

Il n’eut le courage de continuer, son cœur battant à mille à l’heure. Devant lui, l’Immaculée le gratifia d’un sourire, remuant doucement sa tête de haut en bas, comme pour lui signaler qu’elle comprenait la nature de sa gêne.

« Je te rassure, ce n’est rien. J’ai déjà compris depuis un moment que ce n’est pas moi que tu regardes réellement quand tu m’observes de cette façon. La vérité faisait mal, mais pour lui, elle décupla le malaise qui embourbait intégralement son esprit. Est-ce qu’il s’agit d’un membre de ta famille? D’une connaissance? D’une personne à laquelle tu penserais plus souvent depuis ta dernière crise? »

Cette fois, une sueur froide se mit à couler le long de son dos et l’air dans ses poumons stagnât. Il hésitait à parler. Pourtant, la docteure devait être ce qui se rapprochait le plus d’une amie à ses yeux. Elle ne l’avait jamais jugé et n’avait jamais trahi sa parole. Elle était à son écoute et lui prodiguait des conseils pour tout et rien, conseils qui finissaient toujours par l’aider à se retrouver dans le dédale que représentait son existence. Depuis que son dossier était tombé entre ses mains, elle n’avait été qu’obligeance et bienveillance à son endroit. Certains répliqueraient que c’était parfaitement normal, qu’elle ne faisait que son travail, mais pour une âme brisée comme la sienne, cette affection, qu’elle soit feinte ou non, tenait d’une importance capitale. Et pour la conserver, il se devait de lui raconter, n’est-ce pas? Sargos avait déjà essayé, au cours des sessions passées, de lui tirer des aveux à propos de ses cauchemars et de ce qui avait pu déclencher cet enchaînement fatal qui avait résulté à sa crise. Cependant, Nolann s’était montré vague dans ses confessions, à cause de détails oubliés, de scènes embrouillées, de bribes de mémoire obscurs ou désarticulés, et à ce constat, la docteure n’avait pas insisté. Elle voyait bien que son protégé luttait contre de nombreux démons, et si son travail consistait à le guider et à le supporter, elle savait également qu’elle devait le faire au rythme de son patient, au risque qu’il se renfrogne, se paralyse ou s’isole dans sa pensée. Le changement, elle saurait comment l’aider à l’opérer, mais celui-ci devait tout d’abord venir de lui, et de lui seul… En avait-il seulement conscience? Comprenait-il que pour l’aider, elle avait besoin de mieux le connaître, de saisir ce qu’il ressentait au plus profond de son cœur?

L’Aile Blanche patientait, comme toujours, sans le presser, mais pris d’embarras, Nolann sentait son regard qui le cernait. Loin d’une prison ou d’un étau accablant, il avait plutôt l’impression qu’elle l’étreignait pour le rassurer, pour lui dire qu’elle était là afin de le rattraper s’il dérapait ou venait à prendre le mauvais chemin.

« Tu lui ressembles… Il déglutit enfin, tout en fusionnant ses mains. Vos cheveux et vos yeux sont pratiquement identiques.

- Ah bon? Fit-elle en enroulant l’une de ses mèches autour de son doigt. Et qui est cette mystérieuse personne? Est-ce que je la connais? S’il tergiversa pendant un moment, Nolann finit par acquiescer timidement. Vraiment? Est-ce que je la connais personnellement?

- J-Je ne crois pas.

- Hmm… Alors je la connais de réputation ou j’ai déjà eu la chance de la croiser par le passé. Il se taisait, incapable de savoir sur quel pied danser maintenant qu’il avait pris son courage à deux mains. Et si nous jouions à un jeu, toi et moi? »

La soudaine proposition le prit au dépourvu.

« Un… jeu?

- Tu connais le Hagydz?

- O-Oui. Yelan et Harmonie (ses colocataires) y jouent de temps en temps à la maison.

- Eh bien, nous jouerons à une version alternative de ce jeu, où je tenterais de trouver l’identité de cette personne en – disons – dix essais? Il se mit à la dévisager, interrogatif. Bien sûr, nous devons trouver quelque chose pour toi en contrepartie si je ne réussis pas. Incité par l’amusement de son regard, le rescapé se mit à réfléchir intensément avant de relever les yeux dans sa direction. Tu as trouvé? »

Il hocha de la tête.

« Je voudrais que tu répondes à une question.

- Une question? Et c’est tout? Il le lui confirma. Tu es certain de ton choix?

- Oui. »

Qu’est-ce que l’on ressent vraiment lorsqu’on aime quelqu’un? Comment sait-on qu’il s’agit de la bonne personne? Comment discerner le fourvoiement du cœur et les sentiments de l’esprit? Car dans celui du jeune homme, des fragments de son plus récent cauchemar revenaient le hanter. Des paroles froides résonnaient entre ses deux oreilles, tirées par une voix sordide et étrangère. Leur écho lui faisait peur, le terrifiait. Il ne savait pas réellement pourquoi.

Ou avait-il tout simplement fini par oublier ce qui se dissimule derrière son voile?


1 069 mots | Post X | FIN



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