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 Le grand incendie de Hónggǔ | Solo

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 27 Mai 2023, 17:24



Partenaire : Me, myself and I ♪
Intrigue/Objectif : On apprend l’histoire de Na-eol.
RP précédent : Le premier Combattant


« Cette fois, s’il-te-plaît. Ne m’oublie pas. Et appelle-moi. Je répondrai. Toujours. […] Uchi ni oide. Okiro (Viens à moi. Éveille-toi). »

Ma poitrine brûlait. Je sentais vaguement la chaleur progresser à travers les membres de mon corps, mais ne parvins à me réveiller sur l’instant. Des sueurs froides coulaient le long de mon dos et les battements de mon cœur palpitaient dans un déchainement de plus en plus violent. Ma respiration soupirait des airs aux halètements impétueux, quand un spasme fit brusquement sursauter tout mon corps dans une impulsion. Il fractura mon souffle et tira ma conscience du sommeil qui l’avait évanoui quelques heures plus tôt. Mon œil s'ouvrit en grand, perdus au cœur de la nébulosité de ce réveil impromptu et instantanément, ma vision se fit engloutir par la pénombre environnante. Les ténèbres n’étaient pas absolues, puisque le faisceau des astres traversait la fenêtre de la pièce, mais l’obscurité restait maîtresse des lieux. Peut-être était-ce pour cette raison que cela me prit un certain temps avant de reconnaître ma propre chambre, l’émoi de mon réveil nourrissant cette confusion. Pantelante, je restais immobile au milieu de mon lit, prenant de grandes inspirations afin de retrouver un semblant de tranquillité. Par la même occasion, ma vue s’adaptait petit à petit à la noirceur ambiante et ma mémoire tentait de reconstituer le songe qui s’était fragmenté dans mon esprit.

Un cauchemar? À voir l’état dans lequel m’avait laissé ce rêve, j’étais portée à croire qu’il s’agissait bel et bien d’un cauchemar et pourtant, l’impression qui marquait mon esprit ne me paraissait pas si horrible que cela. Avais-je réellement fait un mauvais rêve ou était-ce autre chose? Je fermais mon œil pour mieux alimenter ma réflexion, permettant à la quiétude des lieux de m’envahir avant de me souvenir. C’était encore ce rêve. J’en étais persuadée; je me rappelais maintenant. Mais cette fois, quelque chose avait été différent. Je me concentrais plus intensément, replaçant minutieusement les différents morceaux du casse-tête. La plaine était toujours aussi verte, le lac toujours aussi bleu et cette voix toujours aussi indulgente à mon endroit. À qui appartenait-elle? Bon sang. Avais-je encore oublié? Pourquoi cela m’arrivait à chaque fois? C’était frustrant. Surtout que j’avais l’impression de manquer un élément important. Après plusieurs minutes à cogiter dans mon lit, je finis par abandonner tout espoir de me rappeler. Encore. Rejetant un soupir, j’appuyais ma main sur mon matelas pour m’aider à me redresser et sortis mes jambes hors du lit. Mes doigts allèrent aussitôt s’accrocher au moignon de mon bras et instinctivement, mon attention fureta les environs à la recherche de ma prothèse. Elle ne fût guère difficile à cibler, posée comme à son habitude sur ma table de chevet… Cette prothèse, je l’avais reconnu dans mon rêve : je crois qu’elle avait été attachée à son épaule.

… Un instant. Attachée à son épaule? Je me pétrifiais. Lentement, mes pupilles s’acérèrent, scrutant le bras prothétique. Devant mon regard, des souvenirs se mirent émerger, baignant mon esprit dans cette nouvelle lucidité. Différentes images comblaient graduellement les trous de ma mémoire, mais l’afflux d’informations était aussi agressif que soudain. Malgré moi, je me surpris à enfoncer mon visage à l’intérieur de ma paume, serrant les dents à cette éruption de réminiscences.

« Na…eol? »

Cette révélation résonna sur le pourtour de mes lèvres, telles les cloches du beffroi de la Cité-Mère. C’était son nom. C’était son nom! Et cette fois, il m’apparaissait si clairement. Prompte, j’élançai ma main pour attraper la prothèse et clouai cette dernière sous mon visage. L’éclat des matériaux reluisait sous la tendre caresse de la Lune, alors que je contemplais l’invention dans un mutisme bouleversé.

« […] je suis aussi le fruit de ta Magie […] mais à l’inverse d’une fiction, j’existe également dans la réalité. C’était ses mots, aussi limpides que de l’eau de roche. Tu m’as appelé. Bien avant. Cela étant dit, quand avais-je fait une telle chose? Je répondrai. Toujours. »

Plus je me remémorais et plus rapide était le battement dans mes veines. La réalisation était lente, incrédule – tout cela n’était qu’un rêve après tout, pas vrai? – et pourtant, après une éternité, je finis par prendre une profonde inspiration et me jeter à l’eau. Le silence perdurait autour de moi, et je bataillais pour avaler la boule qui se coinçait au fond de ma gorge. Malgré tout, mes doigts s’accrochaient fermement à la prothèse.

« Uchi ni oide. »

Le volume était faible et fluctuant; le timbre était chaud mais désaccordé. Pourtant, une forme de solennité se faisait entendre dans les nuances de ma voix.

« Okiro. Ruisselant le long de mes phalanges, des filaments de perle et d’argent se mirent à briller et à englober le métal de la prothèse. Okiro, Na-eol. »

Enveloppé par cette douce lumière, le bras conçu par Yanna disparu soudainement de ma main. Ma pupille s'écarquilla, alors que je relevais doucement la tête en remarquant une silhouette se découper à travers les reflets de la nuit. Devant moi se tenait un jeune homme de petite stature aux longs cheveux noirs et à la peau de porcelaine. Ses paupières s’ouvrirent, puis ses pupilles se portèrent aussitôt sur mon faciès. Leur iris était d’un rouge vermillon aussi brillant que perçant.

Et à son bras droit, je distinguais une présence qui m’était plus que familière.


862 mots | Post I



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Isiode et Isley
Sam 24 Juin 2023, 19:19



« C’est une vieille légende, lui appris-je, que ma masutā – ma mère – me récitait souvent avant d’aller dormir. Si je crûs m’arrêter là pour les explications, son regard m’incita pourtant à poursuivre sur un ton plus doux : Nous adorions ces histoires et c’est pour cela que je m’entêtais souvent à les lui faire répéter, nuit après nuit. Malgré tout, cela ne la dérangeait pas et moi, je ne faillais jamais à lui prêter toute mon attention. Évidente, la nostalgie de ces réminiscences fût soulignée par l’apparition d’un sourire tendre. Et si Masutā les appréciait tout particulièrement, ce qui l’intéressait davantage était de découvrir la genèse de ces mythes et légendes, et d’analyser comment le temps les a altéré de l’histoire originale. Tu dois connaître l’adage : « Plus les siècles passent, l’Histoire devient légendes, et les légendes deviennent contes », échappais-je dans un murmure avant de soupirer calmement. Et le récit de Na-eol n’est pas différent. »

La pause, qui s’ensuivit, sembla aviver les flammes de sa curiosité et je finis par braquer ma pupille sur son profil, évidemment piquée par l’étincelle qui illuminait son regard. Il n’avait pourtant pas à s’en faire : je ne comptais pas le laisser dans l’ombre plus que nécessaire.



Le mois prochain, elle allait fêter son dix-septième anniversaire. Tous ses amis avaient été invités pour l’occasion et il avait tout organisé pour que rien ne leur manquât : du repas qu’ils allaient dévorer jusqu’au nombre de fleurs qui pourraient être admirées. S’il désirait que cette journée soit mémorable, il voulait surtout la rendre heureuse grâce à cette petite surprise. Lui-même l’avouait sans rougir : la voir sourire suffisait à combler son cœur. Chaque jour, depuis qu’ils avaient atterri dans le village de la Vallée Rouge (Hónggǔ), il louait et remerciait les Ætheri pour cette deuxième chance qu’Ils leur avaient octroyé. Après des années d’épreuves de supplicié, tous les deux pouvaient enfin vivre au rythme du bonheur, oublier les dangers du milieu sauvage et effacer de leurs mémoires la malice humaine qui les avait suivis tout au long de leur vagabondage. Au cœur de ces forêts aux pétales carmin, ils avaient découvert un bourg qui les avait confrontés à une réalité dont ils n’étaient guère familiers. Jamais, auparavant, ils n’avaient pu contempler de sourires aussi sincères et de gentillesse aussi désintéressée. Cela les avait pris par surprise et le temps qu’il leur fallût pour s’accoutumer à cette nouvelle vie en société n’en fût que plus laborieux. Toutefois, la patience des villageois ne semblait connaître aucune limite et ils prirent de leur temps pour les familiariser à leurs us et coutumes jusqu’au jour où ils purent enfin s’intégrer et s’identifier comme faisant partie de la communauté. Ils leur étaient reconnaissants et si l’éternité n’était pas à leur portée, ils savaient que la gratitude qu’ils leur vouaient ne s’éteindrait qu’au jour de leur trépas. Cependant, il n’aurait jamais deviné que cette journée-là arriverait aussi vite, aussi tôt.

Les cloches avaient commencé à retentir au beau milieu de la nuit et si l’alerte avait lentement éveillé les gens, ceux-ci avaient pourtant peiné à reconnaître l’urgence de la situation à travers les frimas de leur torpeur. Or, plus les secondes s’écoulaient et plus l’atmosphère de Hónggǔ se ternissait. Des clameurs, appuyées par mille interrogations, avaient éclaté ici et là au cœur des chaumières. Que se passe-t-il? Pourquoi les cloches du village résonnent-elles? Leurs questions furent rapidement répondues, lorsqu’un premier hurlement vint briser leur désarroi. La confusion et l’inquiétude qui avaient étreint leur poitrine s’étaient subitement transformées en panique et chaos absolu. Parallèlement, les premiers habitants avaient quitté leur toiture et ce qu’ils virent les avaient paralysé d’effroi. Le rouge les envahissait, mais celui-ci n’avait rien à voir avec la douceur du vermeil dont ils étaient coutumiers. Non, ce rouge, qu’ils avaient observé avec terreur au courant de cette nuit fatidique, était une promesse de destruction. Et comme une réaction en chaîne, les cris et les pleurs s’étaient brusquement multipliés.

L’incendie avait bien progressé, et ce, en très peu de temps. Des langues de feu pourléchaient la cime des arbres et jetaient leur dévolu sur les toits en paille. Du point de vue de plusieurs rescapés, la moitié du village baignait dans les flammes. Lorsqu’ils avaient voulu fuir, les villageois s’étaient confrontés au rideau de feu et de fumée qui leur barrait la route et qui isolait Hónggǔ du reste de l’univers. La chaleur et les émanations toxiques les avaient étouffés, les avaient empêchés de déguerpir rapidement, mais par chance, plusieurs parvinrent à quitter l’infernale prison. Pendant ce temps, d’autres avaient travaillé avec acharnement pour noyer la frénésie de l’incendie et sauver tout ce qui pouvait encore l’être.

Finalement, après des heures et des heures de combat, Hónggǔ n’était plus qu’un berceau de cendres et de bois brûlé. Quelques maisons tenaient encore miraculeusement debout, mais ces exceptions se comptaient sur les doigts d’une seule main. Quant aux pertes humaines, si elles ne purent être évitées, elles furent au moins limitées. Cependant, au milieu des débris et des dernières étincelles, la chute de ses larmes était brûlante, assourdissante, inépuisable. Elle tenait fermement son corps au creux de ses bras et l’implorait de ne pas mourir. Or, tout ce à quoi il pouvait songer, aux portes de la Mort, c’était à l’anniversaire qu’il lui avait organisé pour le mois prochain. Il ne pouvait plus bouger, tous ses membres ayant été écrasés par le toit qui lui était tombé dessus; il avait l’impression que son corps tombait en morceaux. Sa respiration n’était qu’un faible sifflement pantelant entre les brûlures de ses lèvres et même s’il souffrait, il n’avait plus de cordes vocales pour qu’on puisse entendre son martyre. Il avait été dévoré par les flammes, broyé par le bois afin de la sauver, elle, d’une mort prématurée et tout ce qu’il ressentait au fil de l’instant, c’était l’approche de sa propre fin.

Toutefois, elle ne pouvait l’accepter et reconnaître son sacrifice. Tu ne peux pas mourir, lui criait-elle, prise par le désespoir. Tu ne peux pas me laisser toute seule et partir! La pauvre n’en pouvait plus. Elle s’époumonait, s’étranglait, se noyait dans ses sanglots. Barbouillé par la dévastation, les cendres et le chagrin, son visage se tourna subitement vers les cieux. Elle implora alors les Dieux de l’épargner, de le sauver. Plaintive et pitoyable, elle espérait que ses appels soient entendus. Peu importe ce qu’elle pourrait perdre, elle était prête à tout sacrifier pour qu’il revienne à ses côtés afin qu’ils puissent, tous les deux, vivre heureux.


1 090 mots | Post II



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Isiode et Isley
Mar 27 Juin 2023, 00:26



« Tu trouves la légende trop sombre pour être contée à un enfant? C’est normal, parce qu’il ne s’agit pas d’une variante qui est habituellement racontée aux enfants, déclarais-je en me moquant gentiment de son expression. Cette version-ci, justement, je l’ai entendu bien des années plus tard grâce à ma masutā. Une interrogation fusa alors de sa bouche, ce qui m’obligea à remuer mes méninges pendant un moment. Les principales différences? Hmm… Si je me souviens bien, dans les contes, nos protagonistes vivent depuis leur naissance au sein du village de Hónggǔ et si la légende ne détaille jamais la véritable nature de leur relation, les versions pour enfants tendent souvent à les décrire comme des frère et sœur, ou comme des amants : tout dépend de la personne qui donne sa voix à l’histoire finalement. C’est également dans les contes qu’on donnât pour la toute première fois un nom aux protagonistes : Na-eol et Kasuri. Puis, finalement, il y a le sacrifice de Na-eol, qui n’existe tout simplement pas dans la majorité des contes. Dans ces derniers, l’incendie est si redoutable que les habitants de la Vallée Rouge décident tout simplement d’abandonner le village, mais Na-eol ne baisse pas les bras et parvient à rallier toute la communauté à la cause pour qu’elle puisse combattre ensemble les flammes. »

Comme pour plusieurs histoires, les phénomènes naturels ou les dangers immatériels étaient souvent personnifiés par des monstres ou des entités aux vils desseins. Bien entendu, le conte de Hónggǔ ne faisait pas exception à cette règle, puisqu’il était écrit que l’incendie avait été causé par la vilaine Sorcière Rouge, qui vivait dans les bois avoisinant le village.

« Malheureusement, en voulant protéger sa sœur des flammes, Na-eol se brûle la moitié du corps. Malgré tout, inspiré par une force surréelle, il parvint à se remettre debout. Même si l’on s’inquiète de sa condition et qu’on le conseille de rejoindre les autres blessés, il continue d’aider le village en dépit de son état. Jamais il ne se lamente sur ses blessures, jamais il ne prend de pauses; en d’autres mots, il est inarrêtable. Puis, lorsque le feu est enfin maîtrisé et que le danger n’est plus, le ciel se dégage et un Æther, touché par le courage et la vaillance de Na-eol, lui offre une bénédiction : en plus de soigner son corps, le Dieu lui offre le pouvoir de maîtriser le feu et d’ainsi contrer la menace qu’est devenue la Sorcière Rouge, afin qu’il n’y ait plus jamais de catastrophes de cette ampleur. Sans le vouloir, mon regard se détourna légèrement sur le côté. Depuis ce jour, Na-eol est acclamé par le village de Hónggǔ comme un héros et se fait désormais appelé « le Shāoshāng », autrement dit le Brûlé, puisque les cicatrices sur son corps réapparaissent toujours temporairement quand il utilise ses pouvoirs. Je restais silencieuse un instant avant d’hausser les épaules. En somme, tout est bien qui finit bien. Cependant, ce n’est pas nécessairement le cas pour la légende. »



En effet, car si elle obtint ce qu’elle désirât des Dieux, elle perdit cependant tout le reste. Hier encore, tous ces gens qui les avaient accueillis à bras ouverts, n’hésitaient pas à leur tendre la main et à les cajoler d’une bienveillance presque maternelle. Toutefois, cette affection, qu’ils avaient appris à développer et à apprécier en leur compagnie, s’était complètement volatilisée à partir de cette journée-là. À présent, on leur lançait des pierres à la figure, on les injuriait de tous les noms et la traitait de sorcière, plus particulièrement, parce qu’elle aurait ramené à la vie un être qui n’aurait pas dû exister. Tout le monde l’avait vu mourir dans ses bras, l’avait entendu pleurer et supplier, mais le lendemain, à la surprise générale, il était revenu à la vie. Ses blessures avaient entièrement disparu, mais à bien y regarder, c’était parce que sa peau n’était plus chair, mais plutôt porcelaine, comme si les Dieux l’avaient réincarné en poupée. Or, cette poupée au visage froid et inexpressif, à la voix balbutiante et étranglée, terrorisait les habitants de la Vallée Rouge. Littéralement. Et face à cette manifestation de Magie remarquable et terrifiante, plusieurs la pointèrent alors du doigt comme étant la responsable du brasier qui aurait voulu les terrasser. Elle est maudite! Criait les uns. Nous n’aurions jamais dû les accueillir! S’indignait les autres. Partez! Partez! Scandait, enragé, tout le village, forçant les deux inséparables à fuir les murs de ce qu’ils avaient, un jour, cru pouvoir appeler « maison ».

Cela étant dit, ce n’était pas qu’à Hónggǔ qu’ils devaient affronter ces visages horrifiés et ces traitements cruels de la part de l’humanité. Partout où ils s’arrêtaient, on les rejetait systématiquement. Si, pendant une longue période de leur vie, ce genre de comportements les avaient accompagné comme une deuxième peau, ils avaient eu la chance – ou la malchance? – d’expérimenter, pour un instant, la bonté et la gentillesse humaine; et une fois qu’ils avaient goûté à ces délices, ils les avaient chéris comme le plus précieux des cadeaux. Pourtant, ce présent irremplaçable leur avait été violemment arraché des mains par les mêmes personnes qui leur avait offert ces sentiments inestimables. Pourquoi leur avoir fait ressentir de telles choses si c’était pour les rejeter aussi lâchement ensuite? C’était inexplicable à ses yeux. Elle ne comprenait pas ce qu’elle avait fait de mal. Tout ce qu’elle avait souhaité, c’était qu’il ne meurt pas pour qu’ils puissent enfin profiter de cette vie qui n’avait cessé de leur échapper. Est-ce que désirer la compagnie d’un être cher était un crime? En quoi cela pouvait être maléfique si les Dieux eux-mêmes lui avaient exaucé son vœu? Malgré tout, on les maltraitait injustement. On les châtiait sans raison. Est-ce que les villageois de Hónggǔ avaient porté la nouvelle jusqu’aux confins de ces terres? Elle en était persuadée dans la toile de sa colère. Autrement, pourquoi les mépriserait-on ainsi, eux, de parfaits étrangers? Pourquoi devaient-ils subir de tels humiliations quand ils n’avaient fait de mal à qui que ce soit? Pourquoi devaient-ils souffrir alors que tout ce qu’elle avait désiré, c’était de pouvoir vivre cette existence à deux?


1 028 mots | Post III



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Isiode et Isley
Ven 30 Juin 2023, 06:53



« La rage de Kasuri s’accentue de plus en plus à partir de ce point, lui relatais-je. Elle ne comprend pas pourquoi tant de haine se déchaîne soudainement sur elle et ne considère pas ses actions comme maléfiques, ni malicieuses, bien au contraire. Elle est assurée de leur bénévolence, persuadée d’avoir fait la bonne chose pour elle et Na-eol. Quant à ce dernier… Je marquais mon discours d’une courte inspiration, relâchant quelques mots dans mon expiration : Il n’est plus exactement le même, comme tu as pu le comprendre. D’abord, il y a son corps. Si son apparence est restée la même que de son vivant, son corps a pourtant complètement changé. Il est devenu une poupée qui s’exprime péniblement et qui n’expose aucune émotion. En plus de cela, il ne semble plus avoir de volonté propre. En vérité, je crois que l’histoire le décrit ainsi parce qu’en revenant à la vie, il est devenu une sorte de machine, une création qui n’agit que lorsqu’on l’actionne ou quand certaines conditions sont rencontrées… Quel genre de conditions? L’ombre d’un sourire s’esquissa sur la commissure de mes lèvres. N’est-ce pas évident? Théoriquement, dès que Kasuri est menacée, Na-eol n’œuvre alors que dans un seul but : la protéger. Il utilise son corps comme bouclier afin qu’aucun poing, pierre ou crachat ne puisse blesser Kasuri; et s’il aurait pu la protéger des mots, je suis certaine qu’il l’aurait également fait. Malheureusement, c’est hors de sa portée et tout ce qu’il peut faire, c’est l’éloigner tout en lui bouchant les oreilles; assez loin pour que les paroles ne soient plus que des rumeurs dans le vent. Mais si Na-eol n’a à cœur que le bien-être et le bonheur de Kasuri, cette dernière se perd petit à petit dans sa furie. Tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle entend, tout ce qu’elle croit, c’est une colère qui ne fait que rugir de plus en plus fort, jour après jour, à l’intérieur de son crâne. En m’appuyant contre le dossier de mon siège, je déclarais d’une inflexion remplie d’ironie : Et cette même colère, sans qu’elle ne s’en rende compte, détériore aussi le corps de celui qu’elle souhaite garder à ses côtés… En fait, on assiste à ce que l’on pourrait appeler « l'histoire d'origine d’un méchant. »



Car ses idées noires se décuplaient au fil du temps. Alimentées par une colère qui devint de la haine, des inspirations de plus en plus chaotiques l’infestaient, l’empoisonnaient, la corrompaient. Elles s’enracinaient de plus en plus profondément au cœur de sa conscience, au point que des réflexions comme « Pourquoi devons-nous être les seuls à souffrir? » ou « Si nous ne méritons pas d’être heureux, pourquoi les autres le pourraient? » traversaient fréquemment son esprit. L’essence même de ce qu’elle avait été, par le passé, était en train de se fissurer et de se transformer pour disparaître, s’effacer. Elle se rapprochait dangereusement de ses limites et, bientôt, tout ce à quoi elle pouvait songer, c’était de détruire les rêves de tous ceux et celles qui avaient piétiné, sali et démoli les siens. S’il se pouvait qu’elle soit maudite, elle n’avait pourtant jamais causé ou souhaité le grand incendie de Hónggǔ. Au contraire des accusations infondées qu’on lui avait mises sur le dos, elle n’avait jamais été un monstre. Mais graduellement, elle se disait qu’elle pourrait devenir la créature qu’on lui soupçonnait d’être; constamment, elle se surprenait à le souhaiter afin qu’elle puisse leur faire payer sans jamais le regretter. Plus les pierres pleuvaient sur leur tête, plus les insultes s’affûtaient, et plus la vengeance, qui battait dans son cœur, hurlait sa libération. Jusqu’au jour où ils revinrent aux portes du village de la Vallée Rouge : là où tout avait commencé, là où tout se terminerait, et là où elle la libérerait enfin.

Son animosité toucha d’abord les logements. Depuis le jour où ils avaient été chassés, les maisons furent peu à peu reconstruites et le village retrouvait progressivement ses couleurs et sa prospérité d’antan. Or, tout comme la nuit du grand incendie, les maisons allaient brûler en premier. Sans une once d’hésitation, elle alimenta une première flamme sur le bois d’une habitation. Elle ne se souvenait plus de qui vivait sur ce terrain, mais cela n’avait plus aucune importance : ils allaient tous y passer de toute façon. Encouragée par l’aversion qu’elle leur dévouait, elle lança une deuxième flamme. Tout était calme. Puis une troisième. Tout était calme. Puis une quatrième. Tout était calme. Puis une cinquième. Une vague odeur de brûlé commençait à se faire sentir dans l’air, mais tout restait calme. Ce ne fût qu’au douzième foyer qu’elle alluma que les premiers signes d’agitation se firent entendre. Par chance, en raison de leur expérience passée, les villageois réagirent immédiatement, dans une organisation bien plus maîtrisée qu’autrefois. Seulement, c’était sans compter l’intervention de cette esseulée qui attendait, à l’ombre d’une maison, que ses habitants quittent leur propriété. Couteau en main, elle comptait leurs pas avant qu’ils traversent le seuil de l’entrée. Quatre. Trois. Deux. Un.


844 mots | Post IV



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Isiode et Isley
Ven 30 Juin 2023, 20:53



« Elle n’hésite pas un instant : sa poigne est ferme, sa résolution inébranlable… Comme dit tout à l’heure, plus rien n’importe à ses yeux : seule la destruction semble animer sa pensée et elle s’emploie alors à poignarder le pauvre homme une dizaine de fois avant de porter son regard sur les personnes qui se tiennent derrière le cadavre de leur mari… ou de leur père. Un silence s’imposa. Saisie par le choc, bien évidemment, la famille de l’homme ne comprend pas tout de suite ce qui leur arrive et pendant ce temps, Kasuri réussit à prendre la vie de l’un des trois enfants. Ce n’est qu’en apercevant le deuxième cadavre tomber au sol qu’ils prennent soudainement conscience de la situation et se mettent à crier et à riposter. La réplique opposée est violente. Aussi enragés qu’effrayés, la mère et son aîné s’attaquent aussitôt à leur adversaire pour la désarmer, mais Kasuri est étreinte par une ire encore plus désespérée que la leur. Elle est en mesure de blesser l’aîné, mais ne réussit pas à éviter l’un des coups de la mère qui la déstabilise complètement. En voyant leur agresseuse au sol, la villageoise la reconnaît tout de suite : c’est la sorcière et son abomination, hurle-t-elle. Ils reviennent au village pour terminer ce qu’ils ont commencé! Et si elle se méprend sur les raisons qui ont amené Kasuri à revenir à Hónggǔ, malheureusement, elle ne se trompe pas sur ses intentions. Il faut alors arrêter Kasuri avant qu’elle ne les termine tous. Vive, la mère attrape l’arme de la jeune femme et la soulève au-dessus de sa tête. Reproduisant la scène, je tendis mon bras bien haut vers le ciel, mimant la colère d’une mère et d’une femme qui venait de perdre deux membres précieux de sa famille. Imagine la peur donner de la vitesse à la lame; la vengeance aiguiser la pointe; la tristesse fortifier la volonté de sa furie; et la rage donner de la puissance à ses coups. En une fraction de seconde à peine, elle concentre tous ces sentiments dans le couteau et fait tomber la lame sur Kasuri. Tout à coup, mon poing s’écrasa violemment dans le moelleux du divan qui me soutenait. Selon toi, lui posais-je en me redressant, que se passe-t-il ensuite? »



Oui, le couteau fût plongé dans sa poitrine. S’il toucha le cœur ou non, l’histoire ne le mentionne pas, mais il était évident, par l’écoulement de son sang, qu’il s’agissait d’un coup fatal. La mère arracha aussitôt la lame de la plaie ouverte, reprit un élan, et enfonça plus profondément encore le poignard dans le corps de sa victime. Seulement, elle n’eut jamais le temps de le récupérer, puisqu’il la repoussa brusquement sur le côté pour l’éloigner de ses griffes. En redressant la tête, l’habitante de Hónggǔ comprit rapidement ce qui venait de se produire, foudroyant du regard les silhouettes qui s’éclipsaient dans la pénombre. Leurs ombres entrelacées se projetaient devant eux, alors que l’éclat des flammes enflait non loin. Soûlée par la rage, la mère voulût poursuivre la meurtrière, venger son enfant et son mari innocents, mais la respiration hachée de son aîné, ainsi que les pleurs de son dernier bambin, l’arrêtèrent brusquement. Contrairement aux monstres, elle ne pouvait pas oublier avec qui elle partageait cette vie. C’est pourquoi, en dépit des rugissements de désespoir et de provocation de leur assaillante, qui résonnaient douloureusement avec sa propre furie, qu’elle ne chercha pas à les pourchasser : avant tout, elle avait une famille à soutenir et protéger. Comme la poupée qui avait fui pour protéger l’être qui lui était cher, elle avait décidé de ne pas se laisser envahir par la colère. Autrement, elle aurait certainement pu terminer comme elle.

Contre son épaule, bloquée dans ses bras, incapable de se soustraire à la poigne qui l’avait arraché de son combat, elle hurlait à la manière des banshee. Repose-moi! Lâche-moi! Laisse-moi les emporter avec moi! Autant de paroles qui consolidèrent l’étau qu’il lui opposait. Car pour lui, simple instrument qui avait été ramené à la vie dans un but précis, il ressentait qu’il ne devait plus la protéger uniquement des autres et de son environnement, mais également d’elle-même. Elle ne pouvait plus continuer sur cette voie ou elle se détruirait; il le comprenait enfin.

« Partons. »


722 mots | Post V



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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Lun 03 Juil 2023, 05:27



Pour la toute première fois depuis sa résurrection, il s’interposa entre elle et ses aspirations. Ce simple mot – « Partons » – suffit à faire taire ses cris. Elle ne saisissait pas pourquoi il faisait cela, pourquoi il cherchait avec autant d’obstination à la stopper. Lui aussi avait été victime de leur rejet, de leur méchanceté. Elle avait mis sa vie en jeu pour eux, pour qu’ils puissent enfin être heureux. Ne voyait-il pas tout le sang qu’elle versait pour leur justice? Ne voyait-il pas tout ce qu’elle avait sacrifié pour qu’ils puissent récupérer un centième du bonheur qui leur avait été volé? Pourquoi ne se mettait-il pas en colère? Pourquoi ne leur en voulait-il pas d’avoir gâché leur vie?

« Parce qu’ils. Ne l’ont pas fait. »

Sa réponse la sidéra et depuis longtemps, trop longtemps, elle le regarda droit dans les yeux. Pourtant, ce qu’elle aperçut la glaça. Lorsqu’il prit conscience de cela, et seulement à ce moment-là, il arrêta sa course et la déposa délicatement sur le sol.

« Tu le remarques finalement. »

La porcelaine de sa peau n’était plus aussi lisse qu’aux premiers jours de son retour. Elle était fracturée de partout, laissant entrevoir des morceaux de chair brûlée sous le laiteux du matériau. Son être se fracturait, son visage se fissurait et les craquelures, ainsi exposées de son corps, devenaient de plus en plus béantes sous l’horreur qui assaillait désormais son regard. Or, celui de la poupée, même sans avoir changé, n’avait jamais semblé aussi serein.

« Pour moi. Tout ce qui importe. C’est que nous puissions être ensemble. Prospères. Tous les deux. Tu m’as ramené à la vie. Pour que nous soyons heureux. C’était tes mots. Ton vœu. »

Elle ne voyait pas l’importance d’une telle discussion. Ils étaient en tort. Ils les avaient stigmatisés, nourrissant en premier les flammes de ses représailles. Comment pouvait-il croire que leur bonheur pourrait fleurir quand on les avait forcés à la cultiver dans ce champ d’ignorance et de mépris?

« En leur prouvant. Qu’ils ont tort. De nous traiter ainsi. En leur montrant. Que nous ne sommes pas. Ce qu’ils nous accusent d’être. À son tour, elle le réalisait enfin, la douleur dans sa poitrine s’intensifiant. Mais tu leur as donné. Raison. »

Un feu de plus en plus grand la dévorait. Elle peinait à respirer. Désespérément, elle accrochait sa main à ses vêtements, souillés par le sang. Était-ce ainsi que tout se terminerait pour elle? Elle avait tout perdu pour le ramener auprès d’elle. Le prix n’avait jamais été trop grand à ses yeux : jusqu’à aujourd’hui, elle avait été prête à tout sacrifier pour ramener un seul homme de la Mort – ses amours, ses amitiés et ses réconforts pour un seul homme et son bonheur. Mais inconsciemment, elle avait désiré plus. Était-ce la contrepartie des Dieux? Ramener un être pour en perdre une centaine?

« Cela veut simplement. Dire. Qu’il y en a cent autres. Ailleurs. »

Il passa une main sur sa joue, des fêlures plus grandes lézardant son faciès.

« J’ai eu la chance. De rester un peu plus longtemps à tes côtés. Même pour un temps si court. Cela me suffit. »

Des fragments de porcelaine se détachaient de sa chair pour se disperser, partir en poussières. Doucement, il détacha son regard du sien. Levés étaient ses yeux et dressé vers les cieux était son visage. Malgré sa condition qui se détériorait rapidement, son âme semblait comblée. Parce qu’il avait la certitude qu’à présent, tout irait pour le mieux.

« Je ne regrette qu’une seule chose. De ne pas être parvenu. À te faire sourire. Une dernière fois. »

Par réflexe, elle jeta sa main ensanglantée sur son poignet, mais le membre se réduisit en cendres entre ses doigts. Que lui arrivait-il? Pourquoi disparaissait-il?

« Contrairement à moi. Tu es encore là. Tu as encore. Une chance. S’il-te-plaît. Ne la gâche pas. Pour moi. Pour nous deux. C’était désormais à ses jambes de ne plus pouvoir le supporter et tout doucement, il s’effondra sur le sol. Sois heureuse. »

Au moment où il toucha terre, tout son être se désagrégea en grains et poussières pour se mélanger au sang de sa plaie ouverte et au sel de ses larmes.

Quelques minutes plus tard, avisés par la femme agressée, les habitants de Hónggǔ découvrirent le cadavre de la jeune femme. Son abomination n’était pas en vue et malgré des recherches minutieuses, ne fût jamais recouvrée. Déchirés entre colère et peur, ils décidèrent pourtant d’enterrer la proclamée sorcière loin des terres de leur village, un respect contraint, puisqu’ils ne souhaitaient pas que son esprit soit le prochain à vouloir se venger. Pendant des années, sa sépulture ne fût jamais entretenue ou visitée. Laissé à l’abandon, la flore envahit bien rapidement son domaine mortuaire, mais un jour, alors que des enfants s’étaient donnés comme défi d’explorer ce lieu maudit, ils firent une découverte glaçante. À l’endroit où son corps avait été enterré, la terre avait été retournée, un trou béant s’ouvrant vers le ciel. Et lorsque les enfants s’approchèrent prudemment de l’ouverture, éloignant de la main les végétaux et les insectes, ils constatèrent que la tombe était bel et bien vide.




« Jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à ce que son corps ne soit plus que poussières, Na-eol crut en une rédemption de son cœur. Il n’a jamais renoncé à elle et l’a finalement sauvé de sa propre haine. Cette fois, on suppose que Kasuri partit afin de vivre, pour tous les deux, une vie heureuse et sans regret. »


925 mots | Post VI



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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mer 05 Juil 2023, 04:10



Les dernières paroles de Ren frémirent pendant quelques secondes autour de nous, alors que je redressais mon visage pour observer la figure de l’entité qui se tenait à ses côtés. Comme décrit dans son histoire, son expression était immuable, à la manière d’une poupée. Seules les lueurs qui chatoyaient la surface de ses yeux nous faisaient comprendre qu’un cœur vibrant, bien vivant, battait toujours au plus profond de cette poitrine.

« Tes pouvoirs l’auraient donc créé à partir des souvenirs que tu conserves de cette histoire?

- Je ne vois pas d’autres explications.

- Et comment as-tu fait pour l’invoquer?

- Je ne sais pas, admit l’Orine après un temps de réflexion. Selon lui, je l’aurais appelé, il y a un certain temps déjà et, depuis, il aurait fait partie de moi, sans que je n’ai véritablement conscience de son existence. Elle soupira. C’est à cause de cela que je n’arrête pas de faire ce rêve.

- Vraiment?

- C’est possible? À chaque fois, il me demandait de prononcer son nom – de l’appeler – afin que je le sorte du lac. Mais je n’ai jamais reconnu sa présence, jusqu’à aujourd’hui. Et désormais… Le voilà. »

Les prunelles d’émeraude de Muramasa se posèrent également sur le jeune homme, resté immobile et silencieux pendant tout ce temps.

« Le bras. »

C’était la première fois que j’entendais sa voix; une voix enrouée, lente et étouffée. C’était comme s’il parlait à travers un masque qui l’empêchait de respirer.

« Il y a ça aussi : ma prothèse serait le catalyseur de ce phénomène? Mais je n’ai encore aucune idée de comment cela a pu se produire. Ren baissa la tête pour étudier les lignes de sa main, de laquelle elle se mit à libérer une faible portion de sa Magie. Pour être franche, je ne pensais pas posséder un pouvoir de cette nature. Comment est-ce arrivé? »

Léger, un sourire fendit subitement la gravité de mes traits.

« Crois-moi, tu ne t’en surprendras plus à l’avenir.

- Ah oui? Son regard me scruta. C’est l’expérience qui parle?

- On peut dire cela, oui. Je m’accoudais contre le bras du siège dans lequel je m’étais assis pour écouter son récit. Par exemple, du jour au lendemain, je me suis mis à entendre de la musique lorsque je croise quelqu’un – une musique différente pour chaque individu – comme si chaque personne avait sa propre ballade. La révélation fit froncer les sourcils de Ren, qui entendait cette histoire pour la toute première fois de sa vie. La mélodie est suffisamment basse pour ne pas devenir parasite, mais même présentement, j’entends ta musique. Brièvement, mon regard étudia le fameux Na-eol, dont la musicalité ressemblait énormément – pour ne pas dire qu’elle était identique, à mon ouïe de néophyte – à celle de Muramasa. Isiode aussi se découvre, à chaque jour, de nouvelles facultés, toutes aussi étranges les unes que les autres d’ailleurs.

- Comme celle qu’il partage avec Wakiya, tu veux dire? Ce phénomène où ils parviennent à se voir simplement en fermant les yeux? »

Entre autres. Ou comme sa soudaine aptitude à faire fondre des métaux uniquement par contact physique, ou encore sa capacité à respirer sous l’eau – je me souviendrais toujours de ce jour où nous l’avions découvert, avec Mère, alors qu’il avait plongé dans un lac et n’était pas remonté à la surface pendant plus de vingt minutes… Bref, ce n’était qu’un exemple parmi tant d’autres.

« Dans tous les cas, c’est simplement pour te rassurer que ce genre de manifestations ne sera pas ta dernière. La Magie a ses règles, ses principes et ses merveilles, mais beaucoup de ses aspects nous échappent parfois complètement. »

Comme pouvait en témoigner la présence de cette apparition. Cela étant dit, il devait bien y avoir un élément déclencheur qui lui aurait soudainement permis de réaliser pareil exploit. Lequel? Personne ne semblait véritablement le connaître pour l’instant.

« Sais-tu comment le renvoyer? »

Durant un long moment, Ren conserva le silence, perdue dans ses pensées, avant d’orienter son attention sur le visage du concerné. Na-eol n’affichait aucune émotion et lorsqu’il s’exprima enfin, ce ne fût que pour partager cette frugale repartie :

« Tu sais. »

Légèrement ennuyée, Muramasa médita sur ces propos avant d’inspirer bruyamment.

« Très bien… Dans ce cas. Na-eol, y-yasumi (R-Repos)? »

Lentement, les paupières du Shāoshāng se refermèrent. L’entité était prête pour le voyage du retour… Mais rien ne se produisit. Aussitôt, la rouquine rectifia le tir, renforçant la résolution de son inflexion.

« Na-eol. Yasumi. Toujours rien. Yasumi! Aucun changement. Je ne le fais pas correctement? Elle s’essaya encore, joignant le geste à la parole quand elle finit par tourner sa paume dans sa direction. Na-eol, tu peux partir! »

Pourtant, il était toujours là. La Muse dû répéter sa directive plusieurs fois, et ce, jusqu’à ce que le corps du jeune garçon commence finalement à s’effriter et à disparaître en une fine poussière pâle d’argent. Dans un écho retentissant, la prothèse se laissa alors emporter dans cette chute que l’absence de son porteur occasionna. Cling! Un court rebond sur le plancher et le bras reposa, inerte, contre le sol.


856 mots | Post VII



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Isiode et Isley
Mer 12 Juil 2023, 04:00



Dans la même nuit.

Derrière ses paupières closes, son environnement valsait et chantait au rythme des vagues. En d’autres circonstances, l’étendue infinie de la mer l’aurait certainement séduit. Après tout, cet univers aux apparats lapis représentait un monde à part entière, à la fois puissant, de par ses tempêtes, et pourtant si ravissant et serein. Il éveillait les sens et les stimulait par sa vie et ses innombrables mouvements. Nombre de tableaux mettaient en scène ce spectacle unique de beauté, puisque la mer et son éternité étaient des inspirations pour les artistes en quête de romantisme et d’aventures extatiques. Il suffisait de plonger son regard dans ce bleu profond et absolu pour que l’océan s’empare de notre âme et nous entraîne dans la sinuosité majestueuse de son courant; vers des rivages dont le sable blanc cachait des trésors disparus aux abysses obscurs qui nichaient ses plus imposantes créatures. Qui ne s’était jamais arrêté pour devenir le témoin du soleil couchant, qui étendait alors la caresse de ses rayons sur la surface fragile des flots? Qui n’avait jamais inspiré une bouffée de cette odeur saline pour ensuite s’imaginer répondre à l’appel de l’aventure et de la liberté? La magie que créait ce monde immense était inexplicable et pourtant aisément comprise par la majorité; c’était un sentiment que l’on se partageait sans jamais s’en être directement parlé.

Oui, en d’autres circonstances, cela ne faisait aucun doute qu’il aurait pu être séduit par les charmes d’Eoda. Toutefois, plus il se rapprochait de sa surface – de ses bras – et du sommet de ses vagues, et plus la peur étreignait son cœur, l’étouffait presque. La chute était bien trop rapide. Il sentait sa respiration s’accélérer et les tambourinements contre sa poitrine se multiplier. Ses yeux se refermèrent par réflexe et dans un plongeon retentissant, son corps s’immergea, disparu à travers l’oscillation des flots. Plusieurs secondes passèrent sans qu’il ne parvienne à retrouver le chemin vers la surface. Un combat intransigeant s’intensifiait dans la prison des profondeurs, entre lui et l’impitoyable de l’océan, mais pour un instant, il réussit à prendre le dessus sur les éléments et tendis une première main vers les cieux à l’horizon. Une impulsion désespérée, et une partie de son corps perça la frénésie de la houle pour lui permettre de respirer. Il se savait en danger, mais ce court moment de répit lui permit de regagner un semblant d’espoir et d’énergie. Bouche grande ouverte, il prit de profondes respirations tout en luttant pour rester à la surface de l’eau et éviter l’étouffement. Il ouvrit l’un de ses yeux pour inspecter ses environs, cherchant dans la distance un objet sur lequel se raccrocher afin de ne pas dériver. Or, bien malgré lui, son regard fût doucement attiré par un éclat, comme si un fil qui lui était lié venait d’être soudainement tiré. Très rapidement, il aperçut ce qui l’appelait ainsi : une ombre au-dessus d’un promontoire; un visage au sourire large; un regard aux lueurs misérables, appuyées par des reflets aux couleurs de l’angoisse et de la douleur. Puis, il y avait cette corde que la silhouette tenait en main; une corde au nœud précaire. Quand elle remarqua l’attention qu’il lui portait, la commissure de ses lèvres s’évasa davantage et elle tira sur le cordage. Aussitôt, son propre corps fût légèrement poussé vers l’avant et il nota enfin ce détail important : l’autre extrémité de la corde se trouvait autour de sa taille. Et ce qui l’empêchait de se perdre dans l’étreinte de l’océan était la poigne que l’ombre maintenait autour de la corde. Si elle lâchait, il serait perdu à tout jamais.

Elle le savait. Elle savait parfaitement qu’elle tenait son destin entre ses mains. Satisfaite de son effet, la silhouette se pencha tranquillement au-dessus du vide pour l’observer. Il poursuivait sa bataille contre les éléments, mais ne perdrait que si elle lâchait la corde. Que faire? Que faire? Pour lui, la réponse était évidente : elle ne devait surtout pas relâcher cette corde.

« Pourquoi ferais-je une telle chose? Se moqua-t-elle dans un rire sinistre. C’est de ta faute. Malgré l’impressionnante distance qui les séparait, son sifflement résonnait puissamment au creux de ses tympans. Tout est de ta faute! »

Le sel de la mer s’infiltrait dans sa bouche, augmentant la panique dans son palpitant. Et à ses chevilles, il sentit un drôle de contact. Brûlant. Déplaisant.

« Meurtrier pitoyable! La sensation escaladait son corps à la manière d’une araignée affamée. Assassin pathétique! Elle s’accrochait à ses épaules et l’entraînait vers le bas. Malade mental! »

Il se démenait de toutes ses forces pour échapper aux griffes de la mer. Il hurlait son nom pour éveiller sa sympathie, pour lui demander pardon, mais elle ne faisait que sourire devant son futile combat. Que faire? Que faire? Pour elle, la réponse était évidente : il devait récolter ce qu’il avait semé.

« Œil pour œil, dent pour dent. Son bras se souleva soudain vers le firmament, tenant la seule attache qui le suspendait encore à la surface. Qu’est-ce que ça fait de couler, Nolann? »




Dans un soubresaut convulsif, il s’arracha du cauchemar dans un cri. Un frisson glacial grimpait le long de sa colonne vertébrale, tandis que son corps vacillait et que ses doigts se cramponnaient au col de son vêtement. Il avait l’impression que son cœur allait imploser, que son être s’était pétrifié. Son esprit ne répondait plus et il fixait le vide de ses pupilles tremblantes, frénétiques.

« Ha… Hahaha… Lentement, son visage se tourna vers ses paumes grande ouvertes, les gouttes de ses larmes glissant entre ses doigts malgré l’étranglement de ses rires. C’est n’importe quoi, murmura-t-il, réconforté dans son incrédulité. Je n’ai rien fait de mal. Ce n’était pas moi. »


952 mots | Post VIII | FIN



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