Objectif : Alaster attend Jun à Basphel et aborde Hélène pour tenter de trouver son professeur référent : Dmitri Tchekhov.
Alaster attendait patiemment que Jun sortît de son entretien avec Avril d’Ovipa. Le sien s’était bien déroulé. Il avait pu obtenir un poste, même si ce dernier n’était pas du tout ce qu’il avait escompté. Il trouvait même l’idée de la millénaire parfaitement surprenante. Son quotidien, ces dernières décennies, avait consisté à élever ses Wëltpuffs et à s’occuper de l’économie de la ferme qui portait son nom de famille. Il avait donc pensé naturellement à professer ce qu’il connaissait le mieux : le soin des bêtes ou l’économie, dans une forme ou une autre. Cependant, pour avoir été lui-même élève à Basphel, il ne connaissait que trop bien les excentricités de la directrice. Elle l’avait accepté entre les murs de l’établissement alors qu’il n’avait aucune énergie, après tout. Il avait pourtant obtenu son diplôme, après beaucoup de travail et un régime magique lui permettant de ne pas hiberner des jours entiers. Tranquillement, il jeta un coup d’œil aux documents qu’elle lui avait remis. Il y avait le nom d’un autre professeur – celui qui devrait le former – ainsi que diverses informations qu’il n’avait pas encore lues. Ce qui l’intéressait le plus était la liste des étudiants. La Directrice lui avait précisé que c’était un nouveau concept qu’elle désirait mettre en œuvre : un professeur référent pour un petit groupe d’élèves, avec comme objectif de les aider au quotidien. Ils avaient parlé ensemble de réseau et d’expérience personnelle. Jun faisait-il parti de son réseau ? Sans doute. Était-ce une bonne idée de lui présenter ses nouveaux moutons ? Peut-être pas. Surtout, il n’avait aucune idée de ce que son ami était venu chercher ici. Il ne lui avait parlé de rien, se contentant de garder un petit sourire mystérieux sur les lèvres.
Le Déchu plia les documents et les rangea dans sa poche. Cela faisait une bonne heure qu’Avril et Jun discutaient. Il se déplaça et s’étira en levant ses bras au-dessus de sa tête. Des élèves le regardaient, d’autres faisaient leur vie comme s’il n’était pas là. Il se mit à regarder autour de lui, afin de mesurer au mieux ce que seraient ces prochaines années. Jun lui avait signaler que sa vie changerait. La voix de l’enseignement n’était pas une vocation mais elle s’était imposée pour une raison quelconque. Cela faisait longtemps qu’il ne cherchait plus un sens à sa vie. Selon lui, il n’y avait pas et, s’il y en avait un, il jugeait ne pas être assez malin pour le comprendre pleinement. Surtout, il pensait que chercher quelque chose de si incertain était le meilleur moyen de sombrer dans le malheur.
Il aurait pu attendre Jun encore mais il profita de la proximité d’une élève pour saisir l’occasion de redécouvrir l’école. Lorsqu’il se déplaça, son ombre recouvrit presque entièrement la jeune fille et ses deux ailes immaculées. « Excuse-moi… Tu peux peut-être m’aider. Je cherche un certain Professeur Dmitri Tchekhov… il est professeur de… » Il reprit ses papiers et lut. « … stratégie militaire, de géopolitique et d’espionnage appliqué. » Sans parler du fait qu’il enseignait plusieurs techniques de combat et qu’il avait écrit deux thèses en partenariat avec plusieurs autres grands noms, la première sur le rôle de la musique en géopolitique et la seconde sur la relation entre la musique et la mort.
« Il paraît que Jun Taiji et Alaster Dah Numen vont devenir professeurs à Basphel ! » - « Ah oui ? Alcide ne m’a rien dit. » fit Hélène, pas étonnée pour autant, en relevant le nez de son livre. Depuis le début de la matinée, elle dévorait ce manuel sur l’archéologie. « Alcide ? » - « C’est son père. Jun Taiji. » - « Quoi ? Comment… » L’Humaine haussa les épaules, un fin sourire aux lèvres. « Oui, ça paraît bizarre, mais c’est la vérité. » Cela étant, il semblait aussi étrange que l’ancien Empereur Noir eût décidé de s’investir dans le domaine de la scolarité. « Tu es sûre qu’ils viennent pour devenir professeurs ? » Pour Alaster Dah Numen non plus, cela ne faisait pas vraiment sens. Si le Déchu de la Paresse était connu pour ses participations à la Coupe des Nations, il était avant tout réputé pour mener une vie tranquille dans les prairies du Cœur Vert, accompagné de son troupeau de Wëltpuffs. Se pouvait-il qu’il se fût découvert une passion qui méritât qu’il quittât son quotidien pastoral ? « C’est ce que tout le monde dit. Ils sont tous les deux allés voir Avril d’Ovipa, en tout cas. » - « Hum… » La blonde hocha la tête, songeuse. Quand des personnalités franchissaient le seuil de Basphel, cela suscitait toujours beaucoup d’émotion. La plupart des étudiants appréciaient le fait de pouvoir absorber les connaissances des grands de ce monde qui venaient parfois donner des conférences. L’école des Îles Suspendues formait l’élite ; plus tard, ce seraient peut-être eux qui viendraient parler de leurs expériences aux élèves admiratifs. Hélène espérait en avoir l’occasion. Elle aimait transmettre, peu importait le sujet.
Plus tard dans la matinée, l’adolescente chercha à rallier son dortoir. Elle le remarqua de loin, car il était difficile de l’ignorer. Le Dormeur du Cœur Vert atteignait les deux mètres de haut et, au-delà de sa carrure, il se dégageait de lui une force tranquille qui attirait l’œil. Lorsque leurs regards s’arrimèrent et qu’elle comprit qu’il souhaitait lui parler, elle s’arrêta, le visage levé vers le sien. Les peintures ne lui faisaient pas honneur ; là où elles montraient qu’il était grande, la réalité prouvait qu’il était immense. Sa voix grave dissonait avec son attitude, de laquelle ressortait un manque d’assurance. Elle lui sourit. Deux d’eux, elle aurait dû être la plus impressionnée, bien qu’elle eût l’habitude de croiser et même de vivre avec des individus puissants ; mais elle avait l’avantage de connaître les lieux et de ne pas se sentir perdue. « Ah, oui, monsieur Tchekhov. » Elle se décala d’un pas sur le côté, pour lui indiquer une direction dans son dos. « Son bureau est par là-bas. » Il y eut un très bref silence, puis elle ajouta : « Je vais vous accompagner, si vous voulez. » Avec un sourire poli, elle le contourna. « Je suis Hélène Paiberym. Vous êtes Alaster Dah Numen, c’est bien ça ? » Son livre serré contre elle, elle avança jusqu’au bout du couloir, puis tourna à droite. « On m’a dit que vous alliez devenir professeur. C’est vrai ? Allez-vous remplacer Monsieur Tchekhov ? » s’enquit-elle, veillant à ne pas avoir l’air trop intrusive, bien que l’idée lui parût peu probable. Leur père avait veillé à faire d’eux des jeunes gens respectueux, et elle avait suffisamment passé de temps dans les soirées magiciennes pour faire la conversation sans sembler trop insistante. Ça ne dérapait que quand le sujet la passionnait : un flot de questions et de réflexions ininterrompu inondait son cerveau et, souvent, sa bouche.
Message I – 607 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Jun Taiji ✞ Æther de la Mort ✞ ◈ Parchemins usagés : 5277 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
En l’observant, il constata deux choses. La première c’est qu’elle avait l’air d’une Ange sans dégager quoi que ce fût qui eût de près ou de loin à voir avec les Vertus. La deuxième c’est que là où les Péchés auraient dû s’affoler, ce fût sa magie qui entra en branle-bas de combat. Il s’en servait peu par rapport à d’autres mages mais elle l’aidait tout de même au quotidien. Il fit rapidement le lien. Jun lui avait parlé souvent des enfants qu’il avait créés, ces Humains qui ressemblaient à des Anges et qui défiaient ce qui existait déjà. Elle ne devait pas pouvoir voler pour le moment mais dès qu’elle réussirait, elle goûterait une liberté jamais égalée par ses pairs.
Il regarda dans la direction qu’elle lui indiquait avant de reposer son attention sur elle. En règle générale, les gens lui paraissaient petits. Les adolescents l’étaient davantage. Il espérait pouvoir trouver sa place au sein de l’école. Il espérait surtout que son lit fût assez grand pour lui, et que ses pieds ne dépasseraient pas du matelas. « Je veux bien, merci. » En temps normal, il ne parlait beaucoup qu’à Jun. Le fait que sa voix retentît pour des inconnus lui semblait nouveau et intriguant. Ici, il devrait se dépasser, sortir de sa tanière pour professer à des dizaine d’élèves. C’était aussi pour ça qu’il était là ; pour s’habituer à communiquer. Les individus n’étaient pas vraiment comme des Wëltpuffs. Auprès de ces derniers, il se sentait à sa place. Aucun décalage. Il y avait toujours été serein, sauf dans les premiers temps où il avait appris le métier. Même quand il y avait de l’orage et que quelques bêtes de son troupeau se transformaient en Ur’Wellufs, il arrivait toujours à les maîtriser et à les faire redevenir ce qu’elles étaient auparavant. Il existait des histoires sur des personnes mal intentionnées qui avaient utilisé les Ur’Wellufs à de mauvaises fins. Tant qu’il existerait, ce genre de pratiques ne recommenceraient plus. Il avait horreur de la maltraitance animale et se sentait capable de tuer n’importe quel tordu qui s’y essaierait.
« Oui, enchanté. » lui répondit-il, tout en réfléchissant. « C’est vrai. Je ne vais pas le remplacer mais il va me former. Avant, j’étais berger. Je le suis toujours d’ailleurs. » Il l’avait rajouté pour lui-même, convaincu qu’être berger était bien plus une manière d’être qu’un métier. Il le serait toute sa vie. « Dis-moi… Ton père, c’est le fils de Jun Taiji, non ? Kaahl ? » questionna-t-il. Il y avait plusieurs Paiberym mais, instinctivement, c’est ce qui lui était venu. Le Magicien était réputé pour adopter des enfants et il était clair qu’elle l’avait été. « Alaster ! » Le Déchu tourna la tête vers Jun. Il souriait comme un enfant qui vient d’obtenir une sucette. Le voir en costume était cependant toujours traumatisant. Il n’avait pas compris pourquoi il avait tronqué ses habituels vêtements au profit de ce qui ressemblait à une camisole de force distinguée. « Je n’ai plus besoin de toi, j’ai ma guide personnelle. » plaisanta le Dah Numen. « Je vois ça. Bonjour Hélène. » Il lui fit un clin d’œil taquin avant de reporter son attention sur son ami. « Tu ne veux pas plutôt aller manger avant de voir le Professeur Tchekhov ? J’ai faim ! » « … » Le Déchu se pencha vers l’Humaine. « La vieillesse ça ne l’arrange pas. » « Hé ! » Le rire grave d’Alaster résonna. « Mais d’accord, j’ai faim aussi. » lui accorda-t-il. « Je te remercie de m’avoir guidé jusqu’ici. N’hésite pas à venir à mes cours. » Il fit un signe à Jun pour lui dire de passer devant. À peine cinq pas plus tard, Jun était déjà en train de raconter des anecdotes sur Basphel à base de « Tu savais que ce tableau… bla bla bla… ».
Doucement, Hélène acquiesça. « Oui, on m’a dit que vous aviez beaucoup de Wëltpuffs au Cœur Vert. » Elle sourit. Il n’était pas rare de croiser quelques-uns de ces énormes moutons sur les terres magiciennes. Enfant, elle aimait enfouir ses doigts dans leur laine duveteuse et frotter son nez à la surface de celle-ci. Son odeur animale se paraît de fragrances réconfortantes. « Comment ? » Subitement sortie de sa rêverie, l’Humaine cligna des yeux. « Non, c’est le fils de Zachary Paiberym… » répondit-elle, loin d’être certaine de ce qu’elle avançait, alors que c’était ce qu’elle avait toujours cru et ce qu’on lui avait toujours répété. Son visage s’était fermé, à la jonction entre la défiance et la confiance. Une part d’elle voulait croire ce presque inconnu – pourquoi chercherait-il à l’induire en erreur ? il n’avait pas l’air malhonnête –, tandis qu’une autre se raccrochait à la raison, à ses savoirs et à l’affect – pourquoi son père leur aurait-il menti ? elle connaissait ses oncles et, si l’un ne ressemblait plus à rien, l’autre partageait de nombreux traits communs avec le Magicien. Elle fronça les sourcils. Prête à poser une question, elle en fut empêchée par l’apparition de l’homme dont il venait de parler : Jun Taiji. Muette, la blonde le regarda. Elle le fixa, le scruta, le décortiqua ; ses yeux bleus fouillaient chaque recoin de son visage et, à chaque découverte, son cerveau connectait ce qui, jusqu’ici, ne l’avait jamais été. Son père ressemblait vraiment à Jun Taiji. « Bonjour monsieur. » Comment connaissait-il son prénom ? Elle n’était pas célèbre, pas même au sein de l’école, pas pour quelqu’un qui venait d’arriver. Pas pour un étranger. À la blague du Déchu, elle eut un sourire crispé. Les hypothèses s’enchaînaient, s’annihilaient, se bousculaient. La vérité pesait de tout son poids sur le plafond de verre de ses illusions. Elle le sentait se fendiller, lentement, sûrement. « De rien… » répondit-elle dans un souffle, en les regardant s’éloigner. Se pouvait-il que le mariage ne fût pas la seule grosse cachotterie que Kaahl eût faite à ses enfants ? Elle n’était pas idiote : elle savait bien que tous les parents mentaient à leur progéniture, ne serait-ce que pour la protéger des désordres du monde. Mais il y avait des mensonges plus intrigants que d’autres. « Attendez ! » s’écria-t-elle, avant de se mettre à courir derrière les deux hommes, ses livres serrés contre elle. Ses pas se succédèrent les uns aux autres dans une course infinie ; le couloir s’étirait comme par magie. Elle finit par s’arrêter, essoufflée, les ailes tremblantes. Les porter lui était encore trop difficile. Le regard orienté vers la direction empruntée par le binôme désormais hors de vue, elle soupira.
Message II – 456 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
Alaster attendait patiemment que Jun sortît de son entretien avec Avril d’Ovipa. Le sien s’était bien déroulé. Il avait pu obtenir un poste, même si ce dernier n’était pas du tout ce qu’il avait escompté. Il trouvait même l’idée de la millénaire parfaitement surprenante. Son quotidien, ces dernières décennies, avait consisté à élever ses Wëltpuffs et à s’occuper de l’économie de la ferme qui portait son nom de famille. Il avait donc pensé naturellement à professer ce qu’il connaissait le mieux : le soin des bêtes ou l’économie, dans une forme ou une autre. Cependant, pour avoir été lui-même élève à Basphel, il ne connaissait que trop bien les excentricités de la directrice. Elle l’avait accepté entre les murs de l’établissement alors qu’il n’avait aucune énergie, après tout. Il avait pourtant obtenu son diplôme, après beaucoup de travail et un régime magique lui permettant de ne pas hiberner des jours entiers. Tranquillement, il jeta un coup d’œil aux documents qu’elle lui avait remis. Il y avait le nom d’un autre professeur – celui qui devrait le former – ainsi que diverses informations qu’il n’avait pas encore lues. Ce qui l’intéressait le plus était la liste des étudiants. La Directrice lui avait précisé que c’était un nouveau concept qu’elle désirait mettre en œuvre : un professeur référent pour un petit groupe d’élèves, avec comme objectif de les aider au quotidien. Ils avaient parlé ensemble de réseau et d’expérience personnelle. Jun faisait-il parti de son réseau ? Sans doute. Était-ce une bonne idée de lui présenter ses nouveaux moutons ? Peut-être pas. Surtout, il n’avait aucune idée de ce que son ami était venu chercher ici. Il ne lui avait parlé de rien, se contentant de garder un petit sourire mystérieux sur les lèvres. 
« Il paraît que Jun Taiji et Alaster Dah Numen vont devenir professeurs à Basphel ! » - « Ah oui ? Alcide ne m’a rien dit. » fit Hélène, pas étonnée pour autant, en relevant le nez de son livre. Depuis le début de la matinée, elle dévorait ce manuel sur l’archéologie. « Alcide ? » - « C’est son père. Jun Taiji. » - « Quoi ? Comment… » L’Humaine haussa les épaules, un fin sourire aux lèvres. « Oui, ça paraît bizarre, mais c’est la vérité. » Cela étant, il semblait aussi étrange que l’ancien Empereur Noir eût décidé de s’investir dans le domaine de la scolarité. « Tu es sûre qu’ils viennent pour devenir professeurs ? » Pour Alaster Dah Numen non plus, cela ne faisait pas vraiment sens. Si le Déchu de la Paresse était connu pour ses participations à la Coupe des Nations, il était avant tout réputé pour mener une vie tranquille dans les prairies du Cœur Vert, accompagné de son troupeau de Wëltpuffs. Se pouvait-il qu’il se fût découvert une passion qui méritât qu’il quittât son quotidien pastoral ? « C’est ce que tout le monde dit. Ils sont tous les deux allés voir Avril d’Ovipa, en tout cas. » - « Hum… » La blonde hocha la tête, songeuse. Quand des personnalités franchissaient le seuil de Basphel, cela suscitait toujours beaucoup d’émotion. La plupart des étudiants appréciaient le fait de pouvoir absorber les connaissances des grands de ce monde qui venaient parfois donner des conférences. L’école des Îles Suspendues formait l’élite ; plus tard, ce seraient peut-être eux qui viendraient parler de leurs expériences aux élèves admiratifs. Hélène espérait en avoir l’occasion. Elle aimait transmettre, peu importait le sujet.
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