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 À celui qui lit ces mots... | Lettre pour Alcide

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Dyfan Shiofra
~ Lyrienn ~ Niveau I ~

~ Lyrienn ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 79
◈ YinYanisé(e) le : 25/07/2021
Dyfan Shiofra
Dim 20 Nov 2022, 20:09


霍乱时期的爱情 by DannyLaiLai


Assis derrière le bureau de son hôte, Helios fixait d’un œil absent la feuille vierge qu’il avait placé devant lui. Muni d’une plume à la pointe imprégnée d’encre, il maintenait celle-ci en suspension au-dessus de l’encrier, sans même remuer le bout des doigts. Inerte comme une statue de pierre, seuls les mouvements nerveux de ses pupilles, qui voyageaient successivement entre le papier et les enveloppes disposées en pile sur le meuble, prouvaient qu’une étincelle de vie habitait encore son corps. Dans sa cage thoracique, son cœur battait pourtant à vive allure, exalté par une anticipation anxiogène qui s’amplifiait à mesure que les secondes filaient en faisant perdurer son indécision. Que devait-il faire de ce bout de papier? Écrire dessus? Le ranger? Le jeter avec le reste des enveloppes? Il n’en savait rien, à part qu’il ne souhaitait pas s’en débarrasser. Il avait découvert le petit ensemble d’écriture par hasard, en réorganisant les affaires de Yelfir dans le cadre d’un ménage. D’abord hésitant, il s’était surpris à tirer sa chaise pour venir s’asseoir à son lieu de travail. S’emparant de sa plume, il lui avait également subtilisée une feuille d’une manière tout aussi spontanée. De toute évidence, il s’était installé afin de rédiger un message. Mais pourquoi? Qu’avait-il de si important à retranscrire pour provoquer une réaction aussi impulsive? Calant son menton dans le creux de sa main libre, il se mit à réfléchir. Néanmoins, il eût beau cherché une raison logique, aucune ne lui vint à l’esprit. Agacé, le Lyrienn secoua vivement la tête. Était-il seulement nécessaire d’avoir à se justifier pour la rédaction d’une simple lettre? Sans doute que non. À vrai dire, il ne connaissait presque rien sur l’art de l’écriture, pour ne s’y être jamais intéressé auparavant. Il ignorait d’où il puisait cette envie soudaine de prendre la plume, mais qu’avait-il à perdre? Ce serait l’occasion idéale de s'amuser avec un nouveau passe-temps. Et qui sait? Peut-être apprendrait-il à aimer cette activité? Lentement, il libéra son poignet de la torpeur qui l’emprisonnait, déposant délicatement la plume sur la surface de la feuille qu’il se mit à noircir de quelques lignes encrées.

À celui (ou celle) qui lira ces mots,

Pour être tout à fait honnête, j’ignore pourquoi je vous écris cette lettre. C’est la première fois que me vient l’envie d’écrire à quelqu’un (qui plus est, à un(e) inconnu(e)), et je m’excuse d’avance pour la mauvaise qualité de mon écriture. Je m'appelle Helios. Mon nom ne vous évoque sans doute rien, mais je suis un Lyrienn originaire de Djomir, l’Île du Métal, mais actuellement, je séjourne à Aeden pour une durée indéterminée. Voyez-vous, au départ, j’étais venu avec un ami pour rendre visite à sa sœur, mais à cause des récents événements, notamment l’apparition d’une étrange gemme au-dessus de la ville et la prolifération de plantes invasives en mer, nous avons décidé qu’il serait plus prudent de reporter notre retour en attendant que l’agitation se calme. Malheureusement, je crains de trouver le temps excessivement long, surtout parce que mon ami et moi nous sommes disputés il y a quelques jours et depuis, il refuse de m’adresser la parole. Je le reconnais, c’est ma faute si une dispute a éclaté entre nous, mais je me suis déjà excusé plus d’une fois! Malgré tout, il m’en veut encore et je ne sais plus quoi faire. Auriez-vous une idée à me proposer? Ce n'est pas grave si vous en avez aucune, ou que vous êtes trop gêné de m'en suggérer une. Je comprends qu'il peut être difficile de conseiller un inconnu sur un sujet aussi délicat, mais soyez assuré que votre effort sera quand même apprécié. Sinon, vous n'aurez qu'à me parler un peu de vous, il me fera plaisir d'apprendre à vous connaître, ou à jeter cette lettre au feu si vous n'êtes pas intéressé à échanger avec moi. Je ne vous en voudrais pas.

Au plaisir,

Helios

Il s’arrêta. Certaines questions lui tracassaient l’esprit, notamment à propos de la pertinence des informations qu'il avait couchées sur le papier. Était-il vraiment important de préciser qu'il résidait provisoirement à Aeden? Que sa relation avec son meilleur ami était compromise par sa faute? Il songea brièvement à ce qui se produirait si cette lettre venait à tomber entre de mauvaises mains, mais avant qu’il pût se décider à raturer les détails dont le contenu, en rétrospective, s’avérait trop personnel à son goût, l’enveloppe disparut, emportant avec elle tous ses petits secrets.

✠ 741 mots

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Dyfan Shiofra
~ Lyrienn ~ Niveau I ~

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◈ YinYanisé(e) le : 25/07/2021
Dyfan Shiofra
Sam 28 Jan 2023, 22:27


霍乱时期的爱情 by DannyLaiLai


Rp lié : Les mots et les fleurs

À la lueur ondoyante d'une bougie, Helios lisait le contenu de l'enveloppe qui s'était matérialisée sur sa table de chevet au moment où il s'apprêtait à se coucher. D'abord surpris, la curiosité avait fini par l'emporter sur son désir de se reposer. Machinalement, il avait rompu le cachet qui scellait le courrier, s'était emparé des papiers qui se trouvaient à l'intérieur, puis en avait entamé la lecture. Cependant, il ne fallut pas attendre bien longtemps avant que son étonnement, provoqué par l'apparition inattendue de la lettre, cède la place à l'affolement. De toutes les choses impossibles qui auraient pu se produire, recevoir un retour du courrier qu'il avait écrit sur un coup de tête méritait définitivement sa place en haut de la liste. Quelles étaient les chances en plus que son correspondant se révèle être un Magicien? Complètement désemparé, le Lyrienn resta planté devant son lit, sans bouger, pendant une minute entière, à réfléchir sur ce qu'il devait faire. Devait-il jeter la lettre à la poubelle et prétendre qu'il ne s'était rien passé? Il se sentait stupide d'avoir cru que son message, en se volatilisant sans raison, s'était tout bonnement perdu dans la nature, anéantissant par le fait même la possibilité que ce dernier atterrisse entre les mains d'un inconnu. Évidemment, il s'était trompé et désormais, ses inquiétudes étaient non seulement connues d'un Mage Bleu, mais aussi de son entourage s'il en avait parlé avec qui ce que soit. Le blond soupira. Il ignorait dans quelle galère il s'était involontairement laissé embarquer, mais il jugea qu'il serait plus courtois de répondre que de laisser son destinataire en plan pour un contact qu'il avait lui-même engagé. Sortant un papier et un stylo de son tiroir, Helios s'accroupit au-dessus de la table de nuit et commença à rédiger son message à la lumière de la chandelle :

Cher Alcide,

Même s'il m'a fait très plaisir de lire votre
(il ratura le mot après s'être souvenu de la requête du Taiji de poursuivre leur échange sur une base moins formelle) ta lettre, je ne m'attendais pas vraiment à recevoir de réponse. Pour être honnête, j'ai écrit ce courrier sur un coup de tête sans toutefois avoir l'intention de le poster quelque part... Je ne sais pas comment ma lettre est parvenue jusqu'à chez toi, mais au fond, je suis content qu'elle soit tombée entre tes mains.

Le Lyrienn ne pouvait s'imaginer ce qui aurait pu arriver si son courrier avait été acheminée à la résidence d'un Sorcier. Il frissonna. Bien que le concept fût intéressant, ce système de correspondances anonymes pouvait potentiellement s'avérer dangereux.

Ce n'est pas à tous les jours que j'ai l'occasion de discuter avec un Magicien qui semble autant s'intéresser à mon peuple et à notre culture. Je sais qu'il existe des tensions entre nos nations, mais j'espère que ce fait n'entachera pas nos échanges ! D'ailleurs, loin de moi l'idée de te dissuader de visiter l'Archipel, mais si tu planifies sérieusement un voyage ici, permets-moi au moins de te donner un conseil : barre immédiatement Yangin et Qar de ta liste de destinations. Les habitants de ces îles ne sont pas très ouverts aux étrangers, et ils le sont encore moins à l'égard des Mages. Je te dis ça pour ta sécurité.

Il omit néanmoins de placer Djomir dans cette liste, quand bien même les Enfants d'Hekur étaient tout aussi racistes que les Lyrienns de Feu et de Glace. Ce fait était si évident à ses yeux qu'il ne songea même pas à en faire mention.

Sur une note moins morose, je suis touché que tu veuilles bien m'aider à me réconcilier avec mon ami. Lui offrir un cadeau n'est pas une mauvaise idée. Il faut encore que je réfléchisse au cadeau que je souhaite lui offrir, mais j'espère que cela lui suffira. Les Lyrienns de Métal ont tendance à être horriblement têtus. Avec un peu de chance, l'ambiance d'Ësse'Aellun le rendra plus réceptif à accepter mes excuses... Il n'y a qu'un seul moyen d'en être sûr, alors souhaites-moi bonne chance! J'en aurais probablement besoin.

« Et pas qu'un peu. », murmura-t-il tout bas. À court d'espace, Helios s'empara d'une nouvelle feuille pour transcrire le reste de sa lettre.

C'est vrai que plusieurs gemmes sont apparues dans le ciel, mais je ne savais pas que l'une d'entre elle était tombée à Basphel. Malheureusement, je suis aussi perdu que toi à ce sujet. Tout ce que je sais, c'est que la gemme provient vraisemblablement des étoiles et qu'une femme est aussi emprisonnée à l'intérieur. Personne n'est en mesure de confirmer si elle est morte ou vivante, mais ce ne sont pas les histoires qui manquent à propos de ses origines. Certains pensent qu'il s'agit d'une divinité, et les autres, d'une calamité. Beaucoup croient que la gemme est, en réalité, un astéroïde qui se serait écrasé sur terre ; une minorité affirment plutôt qu'il s'agit d'un cadeau offert par Tokë, l'Æther de la Terre, pour approuver le règne de notre Roi, mais la majorité de la population pense, au contraire, qu'il s'agit d'une malédiction des Dieux. Disons que la seule constance, c'est que personne n'arrive à se mettre d'accord sur la nature même de cette chose ! Personnellement, je doute qu'il s'agisse d'une bénédiction si l'on se fie à tout ce qui passe dans les océans, mais ce n'est pas comme si j'étais un expert dans ce domaine. Ma seule inquiétude, c'est que la gemme commence à produire des effets néfastes sur les individus, un peu à la manière de la sauge qui contamine la faune marine. En tout cas, j'espère que ton amie finira par rencontrer plus de succès dans ses recherches ! Elle aura besoin de tout le soutien nécessaire pour réussir, alors transmets-lui des encouragements de ma part, d'accord? Bon courage pour tes études aussi !


À très bientôt,

Helios

P.S : Si ton amie parvient à faire une découverte sur les gemmes, serait-il possible de m'en faire part? Le sujet m'intrigue beaucoup aussi, mais puisque je ne détiens pas les compétences académiques nécessaires, je ne suis pas autorisé à prendre part aux recherches à Aeden, ni à connaître l'état d'avancement de leurs travaux.

Merci d’avance !


✠ 1 030 mots

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
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◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Lun 06 Mar 2023, 06:56



Unknown

À celui qui lit ces mots...

Correspondance | Helios & Alcide


RP précédent : La Chevalière mystère.
RP lié : Les mots et les fleurs.


« Cher Helios,

C’est vrai que c’est étrange ! Quand j’ai eu fini d’écrire ta lettre, je n’ai même pas eu le temps de la glisser dans une enveloppe. J’ai eu peur qu’elle ait disparu ou soit partie chez quelqu’un d’autre, alors je suis content qu’elle t’ait trouvé. Ce genre de phénomène arrive parfois sur Boraür, mais je ne pensais pas que ça pouvait aussi arriver dans le monde extérieur.

J’oublie souvent qu’il y existe des différends entre nos peuples. D’ailleurs, ça me fait bizarre de l’écrire. Je n’ai pas grandi chez les Magiciens, alors je ne me sens pas vraiment appartenir à ce peuple-là. Donc leurs relations avec les autres…

Alcide leva sa plume. Il n’avait pas l’habitude de discuter de ce type de choses. Il ne suivait pas encore de cours de géopolitique ou de relations internationales. Hélène lui avait dit que c’était passionnant, mais ce qui l’intéressait surtout, c’était la magie. La magie, et le sport. Pour devenir un grand chevalier, il devait impérativement s’améliorer dans ces domaines. Il fit la moue, soudain incertain. En apprendre plus sur les dynamiques entre les peuples l’aiderait-il dans sa mission ?

Je suis né et j’ai toujours vécu à Boraür. Là-bas, on ne se pose vraiment pas la question des races. J’en suis parti pour venir étudier à Basphel, et ici aussi, c’est un peu particulier. On vit tous ensemble, tous peuples confondus. Ça se passe bien ! Et quand il y a un souci, il y a toujours un professeur pour intervenir. Je ne sais pas si c’est souvent à cause de tensions raciales. Je crois qu’il y a surtout beaucoup de gens malheureux.

Le jeune Magicien s’interrompit encore. Il se cramponnait à cette croyance mais, parfois, quand il voyait certains « malheureux » agir, il sentait un sentiment nouveau poindre le bout de son nez, et menacer de l’envahir. Injuste était le mot qui lui venait quand leurs actions se déroulaient sous ses yeux. Ça arrivait de plus en plus souvent. La première fois, ça avait été en lisant un livre dans lequel le méchant attaquait impunément tout un village d’innocents. Dans la réalité, il retenait ce sursaut d’intolérance comme il le pouvait, sans trop le comprendre. Il n’avait pas envie de devenir comme eux et de répandre sa colère sur n’importe qui ; il n’avait pas envie qu’ils le rendissent aussi malheureux qu’eux. Il n’était pas fait pour cela, lui ; il n’avait connu que le bonheur, dont il se faisait un fier vaisseau au sein de Basphel et partout ailleurs. De temps à autre, il était triste ou inquiet, mais ça ne durait jamais très longtemps. Il était trop optimiste pour ça.

C’est bien noté pour les îles, merci. Si j’y vais, j’essaierai de m’y rendre avec un Lyrienn de Basphel ! Ils pourront sans doute m’aider à me repérer chez toi. Ou alors, si tu es là-bas, on pourrait se voir ? Et je te ferais visiter Boraür ensuite !

J’espère que mes vœux t’ont accompagné et que ton ami a été heureux du cadeau que tu lui as offert. Qu’as-tu trouvé à lui offrir ? Et surtout, est-ce qu’il t’a pardonné ?

Concernant les gemmes, on n’a pas plus d’informations ici. Plusieurs professeurs l’étudient, mais jusque-là, ça n’a pas donné grand-chose. En plus, on a été pas mal occupés, à Basphel, récemment. L’AAAP (Association pour l’avenir amoureux des puissants – c’est une des associations de Basphel) s’en est chargé : j’ai rencontré Marie-Jane (je crois que c’est une Lyrienne, justement) et Blu (une Magicienne aussi), et j’ai revu Aäron (lui c’est un Alfar – vraiment très triste je crois mais bon, j’essaie de le rendre heureux !). C’était censé être un événement organisé pour les gens qui veulent trouver un amoureux ou une amoureuse, mais bon. Personnellement, j’y suis avant tout allé par curiosité, et franchement, vu les têtes des participants et les discussions de couloir après, je crois que l’AAAP s’est surtout amusée en combinant des personnalités pas forcément bien accordées. Il paraît que Susannah Dæloran était tellement furax qu’elle n’a pas participé au troisième tour, et que Johannês Taiji a reçu un verre de jus de fruit en pleine tête ! Moi ça va, j’ai eu de la chance. Hélène y a participé aussi (pour elle aussi ça a été), donc elle n’a pas beaucoup avancé dans ses recherches (mais je lui ai bien transmis tes encouragements). Je te tiens au courant s’il y a du nouveau. Bientôt, je vais participer aux sélections pour intégrer l’équipe de Puffball ! C’est Zeryel Belegad (lui c’est un Ange – et au fait, Hélène, c’est une Humaine, Susannah une Sirène, et Johannês et Rose-Abelle, des Magiciens, alors tu vois, on est vraiment de toutes les races !) qui m’a proposé. J’ai hâte, parce que si je veux devenir un guerrier, il faut bien que je fasse du sport. La prochaine fois, peut-être que je répondrai à ta lettre entre deux entraînements !

Et toi, qu’est-ce que tu fais, dans la vie, pour t’occuper ? Tu étudies ou tu travailles déjà ?

Bonne journée et à bientôt !

Alcide »



Message I – 849 mots

Pardon pour le léger retard nastae




À celui qui lit ces mots... | Lettre pour Alcide 1628 :


À celui qui lit ces mots... | Lettre pour Alcide 2289842337 :
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Dyfan Shiofra
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Dyfan Shiofra
Mar 07 Mar 2023, 19:55


霍乱时期的爱情 by DannyLaiLai


Cher Alcide,

En effet, je ne pense pas avoir entendu parler d'un tel phénomène avant, mais si ce genre de choses peut se produire à Boraür, peut-être qu'il s'agit d'un réseau de correspondances établi par quelqu'un qui réside là-bas? À moins que le courrier ne fasse que transiter par là avant d'être redistribué vers une personne choisie au hasard? Puisque tu as vécu là-bas, tu pourras sans doute me dire si j'ai tort ou non. Malheureusement, je ne peux pas prétendre en connaître beaucoup sur Boraür. Je ne sais même pas où cet endroit se trouve!

Ses connaissances en géographie se limitaient presque exclusivement à l'Archipel d'Aeden, ainsi qu'aux territoires avoisinant le Berceau Cristallin, comme l'Antre des Marais et le Désert de Mow. S’il était aussi en mesure de nommer quelques Capitales en dehors du centre névralgique lyrienn, Helios ne connaissait pas forcément leur emplacement précis, seulement le nom des territoires qui les abritaient. Cela dit, c’était bien la première fois qu’il entendait parler de Boraür ou de l’un de ses natifs. Loin de s’en formaliser, le Lyrienn mit plutôt son ignorance sur le compte de la nouveauté, présumant qu’il s’agissait d’une terre récemment conquise – sans doute par les Magiciens s’il se fiait à l’essence raciale de son correspondant.

Cependant, vu la façon dont tu m’en parles, il doit s’agir d’un territoire merveilleux. Je peux à peine m’imaginer à quoi ressemble un lieu où les conflits raciaux ont si peu d’importance. Dans l’Archipel, c’est tout le contraire. Même si nous formons un peuple, nous, les Lyrienns, ne vivons pas pour autant en harmonie. Les querelles entre les Éléments sont fréquentes, et bien que le nouveau régime instauré par la Terre ait permis d’établir une paix relative entre les îles, certaines d’entre elles continuent de se livrer la guerre. C’est le cas de la mienne qui, à quelques occasions, doit se rendre sur le front afin de repousser les assauts des Lyrienns de Feu.

Et seul Shaana savait à quel point ils étaient tenaces.

Pour être franc avec toi, j’ai un peu de misère à concevoir qu’il puisse exister des environnements dans lesquels il est possible, pour toutes races confondues, de s’entendre, voire même de se tolérer. L’expérience que cette AAAP s’est amusée à réaliser prouve sans doute que certaines différences sont impossibles à surmonter. Autrement, peut-être que cette Susannah et ce Johannês n’auraient pas eu à subir tous ces (il hésita brièvement sur le mot à utiliser) désagréments. D’un autre côté, si ces rendez-vous se sont bien déroulés pour la plupart des participants, je suppose qu’il y a toujours de l’espoir. Personne ne s’est entretué, ce qui, somme toute, représente une avancée – peut-être insignifiante par rapport à d’autres, mais toujours plus grande que celle réalisée par ma nation au cours de ces dernières années.

Même s’il n’était pas entièrement à l’aise de critiquer son peuple, de surcroît devant un Magicien, il ne pouvait nier cette vérité : les Lyrienns ne formaient pas une nation unie. Les habitants de Sülh essayaient, bien entendu, de rétablir une harmonie comparable à celle de l’époque qui précédait la division des îles, mais ce système de coopération n’était tout simplement plus viable dans le monde contemporain, où les tensions élémentaires allaient jusqu’à briser des familles entières.

Quoi qu’il en soit, pour en revenir à l’AAAP, es-tu parvenu à te trouver une amoureuse? Si non, tes rendez-vous se sont bien passés au moins? Personne ne t’a jeté un verre de jus en pleine figure?

Si la pensée l’amusa pendant un instant, Helios espérait vraiment qu’il ne lui était rien arrivé de grave.

Concernant le cadeau, j’ai décidé de lui offrir un livre de compositions musicales. Comme il est un passionné de musique (il apprend à jouer de l’orgue), j’ai pensé que ça lui ferait plaisir.

Son premier réflexe avait été de lui offrir un nouvel instrument de musique, mais il s'était aussitôt ravisé en faveur d'un choix plus économique, qu'il avait les moyens d'acheter sans s'endetter. Un livre avait peut-être moins de valeur qu'un instrument de qualité, mais il n'en restait pas moins une source de connaissances précieuses pour quiconque s'intéressait à apprendre la musique. Le Lyrienn espérait seulement que l'Enfant d'Hekur ne le prenne pas comme un affront envers son talent, mais le connaissant, il ne pouvait écarter la possibilité que son cadeau ait exactement produit l'effet qu'il cherchait pourtant à éviter. Cette incertitude le rongeait, mais il préféra ne pas en faire mention dans sa lettre.

J'ignore s'il a apprécié le cadeau ou non, mais au moins, il a recommencé à me parler. Certes, il se contente seulement de me dire « bonjour » lorsque nous nous croisons, mais je suppose que c'est mieux que rien. Je ne peux pas parler pour lui, mais pour moi, il s'agit d'un pas dans la bonne direction. Comme quoi, même les individus les plus grincheux ne sont pas immunisés contre la magie d'Ësse'Aellun! En tout cas, c'est grâce à toi si les choses commencent à s'améliorer entre lui et moi. Merci encore !

Comme il commençait à manquer d’espace sur sa feuille, le Lyrienn en saisit une nouvelle et poursuivit sa rédaction.

Comme ça, tu comptes t’engager dans l’armée plus tard? C’est pour ça que tu veux intégrer l’équipe de Puffball? Pour endurcir ton corps en prévision de ta future carrière militaire? En tout cas, j’espère sincèrement que tu réussiras à passer ces épreuves de sélection. Que les grâces d’Isemli soient en ta faveur!

Et pour répondre à ta question, moi, j’ai cessé d’étudier depuis quelques années. Ma mère n’avait pas les moyens de me payer des études supérieures, alors j’ai décidé d’arrêter l’école pour l’aider dans son travail. Elle est jardinière dans un domaine privé. Techniquement, je n’ai pas encore les qualifications requises pour pratiquer le métier en tant que travailleur qualifié, mais je l’assiste souvent dans ses tâches en échange d’un petit salaire. Je me dis souvent qu’avec un diplôme, je pourrais sûrement me trouver un meilleur travail, mais encore faut-il que j’économise suffisamment d’argent pour planifier un retour aux études.

Encore une fois, ça m’a fait très plaisir de discuter avec toi !

À la prochaine,

Helios

✠ 1 022 mots

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Priam et Laëth
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~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3875
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
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Priam et Laëth
Dim 30 Avr 2023, 07:52



Unknown

À celui qui lit ces mots...

Correspondance | Helios & Alcide


RP précédent : Goûter avant de juger.
RP lié : La nature reprend toujours ses droits.


« Cher Helios,

Je n’y avais pas pensé, mais c’est peut-être possible ! Ça ne m’étonnerait pas du tout de l’île, en tout cas. Elle aime voir des liens se nouer entre les gens. C’est sans doute logique, puisque le propriétaire de l’île, Nikolaï, est toujours bienveillant avec les autres et a sans cesse à cœur de les voir s’épanouir. Et puis, l’Æther de l’île, c’est Ësse’Aellun, le Dieu de la Bienveillance et de la Famille.

Il suspendit sa plume. Mieux valait sans doute ne pas trop s’attarder sur ce point.

Donc Boraür, c’est vraiment un endroit merveilleux. Quand on est là-bas, on ne peut être qu’heureux. Il y a de la neige partout, des décorations sur chaque maison (guirlandes, boules colorées, étoiles brillantes…), toujours une bonne odeur sucrée (chocolat chaud, pain d’épice, viennoiserie, gâteau…), des Cerfeuils d’Od (ce sont des Cerfeuils « normaux » avec des boules et des guirlandes dans les bois), des Piäh (des petites boules de fourrure blanche avec des chapeaux rouges – mais je te joins une image d’eux et des Cerfeuils d’Od, ce sera plus simple !), et les habitants sont adorables. Je suis vraiment convaincu que si tout le monde vivait là-bas, il n’y aurait jamais de guerre. C’est impossible.

Pour ce qui est de la localisation, j’ai regardé sur une carte ! C’est juste à côté de chez toi ! Boraür est une île située au nord-ouest du Continent naturel, à la lisière sud de l’Archipel d’Aeden. C’est fou, non ? Ça paraît d’autant plus fou quand je lis ce que tu me décris du territoire de ton peuple. Des querelles juste à côté de mon île… Il est difficile pour toi d’imaginer un lieu sans tensions, et pour moi il est compliqué de me dire qu’il y a un archipel comme le tien juste à côté de chez moi !

Il songea un instant qu’il pourrait lui proposer que les Lyrienns belligérants se retrouvassent sur Boraür pour discuter de leurs différends, mais il se retint. Ça ne se faisait probablement pas, de vouloir aider ainsi. Du moins, il ne connaissait pas assez Helios pour être certain qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur.

Pourquoi les Lyrienns de feu vous attaquent ? C’est juste parce que vous ne vous aimez pas, ou il y a une raison ?

Pour les problèmes lors des speed-dating, je ne sais pas si c’est dû aux différences raciales… Je crois que Susannah et Claer ne se supportent pas parce qu’il y a eu des histoires entre elles. Et apparemment, c’est Lana qui a jeté le verre de jus de fruit à la figure de Johannês, alors qu’il est le meilleur ami de son jumeau. C’est peut-être juste une question de caractères, ou de comportements… Susannah est exécrable depuis sa rupture avec Titouan. Elle n’était déjà pas très agréable avant, mais depuis, c’est pire ! L’autre jour, elle m’a fait manger un biscuit au sang (on va faire un voyage scolaire chez les Vampires). Je lui ai fait comprendre qu’elle était aussi immangeable que son gâteau et j’ai prévenu l’infirmerie scolaire de son état. Peut-être que c’est aussi ça, pour ton peuple ? Des caractères trop différents, ou des antécédents un peu moches, ou des comportements inadéquats… Quand ils sont malheureux ou en colère, les gens font des choses vraiment bêtes et injustes.

Le jeune Magicien mit cette première page de côté et en attrapa une autre pour poursuivre sa correspondance.

En ce qui concerne l’AAAP, tout s’est bien passé pour moi, oui. Je n’ai pas trouvé d’amoureuse, mais ce n’est pas ce que je cherchais.

Il maintint sa plume au-dessus de la feuille, hésitant. Finalement, il écrivit :

Pour être tout à fait honnête avec toi, j’ai du mal à comprendre toutes ces choses-là. L’amour et la sexualité, ça ne m’intéresse pas vraiment. J’ai bien saisi que c’était au centre des préoccupations de la majorité des autres garçons et filles de mon âge, mais pour l’instant… Je ne sais pas. Tu aimerais avoir un amoureux ou une amoureuse, toi ?

Il s’arrêta, et soupira. Parfois, ce décalage entre lui et les autres lui pesait un peu. Certains ne parlaient que de ça, et c’était franchement lassant. Il peinait à se raccorder à ces conversations. Elles l’ennuyaient profondément. Ses yeux parcoururent une nouvelle fois les lignes de la lettre d’Helios, qui lui firent retrouver le sourire, puis il reprit l’écriture de la sienne :

C’est super, qu’il te reparle ! Même si c’est « juste » pour te dire « bonjour », c’est déjà ça. J’imagine que les choses vont s’améliorer petit à petit. Et ne me remercie pas, je n’y suis vraiment pour rien ! C’est toi qui as choisi le cadeau et su comment lui faire plaisir. J’espère qu’il te jouera un des morceaux à l’orgue, un jour. Tu me raconteras !

Je ne sais pas si je vais m’engager dans l’armée. Je pense que je préférerais être un guerrier indépendant et parcourir le monde comme bon me semble pour aider les gens. Mais c’est parce que je veux devenir un guerrier que je me mets au sport, oui ! Il faut que je sois fort et agile si je veux pouvoir me battre. Merci beaucoup pour tes encouragements et tes prières, d’ailleurs ! Je suis sûr qu’ils m’ont accompagné et porté chance : j’ai été reçu ! Je fais partie de l’équipe ! J’ai commencé les entraînements. C’est intensif et j’ai souvent beaucoup de courbatures, mais ça veut dire que je travaille mes muscles, donc c’est une bonne chose.

Ça ne te plaît pas, le métier de jardinier ? Tu voudrais reprendre des études pour devenir quoi ? Si certains de mes cours t’intéressent, je pourrais te les envoyer !

Ça m’a fait très plaisir aussi ! J’adore recevoir tes lettres. Et répondre, c’est toujours une parenthèse agréable dans mes journées bien chargées. Là, il faut que j’aille préparer ma valise. Comme je te l’ai dit, on va chez les Vampires. C’est suite à l’invitation de Clauswitz Eorgor. Tu l’as peut-être reçue aussi ?

Prends soin de toi.

À bientôt,

Alcide »



Message II – 1015 mots




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Dyfan Shiofra
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Dyfan Shiofra
Ven 12 Mai 2023, 04:55


霍乱时期的爱情 by DannyLaiLai


Cher Alcide,

Je suis tout aussi étonné que toi d'apprendre que nos îles respectives sont quasiment voisines ! Boraür est donc une propriété privée qui jouit de la protection d'Ësse'Aellun. Moi qui pensait que seuls les territoires occupés par les grandes nations et les Empires pouvaient recevoir de tels privilèges. Ce Nikolaï doit vraiment être quelqu'un d'exceptionnel pour avoir réussi à s'attirer les faveurs d'un Æther.

Plus il y songeait, plus la situation lui paraissait irréelle, tout droit sorti d'un Conte de Faes. Mettre le pied sur une terre aussi enchanteresse ne pouvait être si simple, n'est-ce pas? C'était beaucoup trop beau pour être vrai. Il devait y avoir une attrape, ou tout au plus, des conditions très spécifiques à remplir avant d'être autorisé à fouler le territoire.

Faut-il payer un droit de passage afin de pouvoir séjourner là-bas? J'aimerais beaucoup visiter l'endroit, mais je ne sais pas si j'en ai les moyens. Combien ça coûte pour réserver une chambre à l'auberge? Et pour caresser les Cerfeuils? J'espère vraiment que l'air ne fait pas seulement que sentir bon... Dis-moi qu'il est aussi possible de goûter à la nourriture qui produit cette odeur! Je ne dirais jamais non à un gâteau. Ni à une viennoiserie. Ou à des tartes au sucre. Bon, j'arrête : parler autant de pâtisseries va finir par m'ouvrir l'appétit !

Rêveur, Helios leva sa plume, s'imaginant brièvement de grandes étendues de neige et de maisons colorées qui s'étendaient à travers le paysage. Cette image lui arracha involontairement le sourire.

De toute évidence, la paix qui règne sur Boraür peine à s'étendre en dehors de l'île, tout comme les conflits lyrienns restent cantonnés à l'intérieur de l'Archipel. En y réfléchissant bien, ça ne me semble pas si étonnant. Boraür s'épanouit grâce aux bénédictions de l'Æther de la Bienveillance, tandis qu'Aeden est sans cesse déchirée par les querelles de nos Dieux Élémentaires.

Il faut comprendre que les différends qui nous opposent aux Lyrienns de Feu sont plus... complexes qu'à première vue. Je suppose que tu connais l'existence du lien qui unit mon peuple aux Éléments, mais ce que tu ignores sans doute, c'est que nous sommes plus que des êtres qui possèdent une affinité naturelle avec les forces élémentaires : nous les incarnons, plus spécifiquement. Nous ne sommes pas uniquement les avatars d'un Élément, mais plutôt, nous ne faisons qu'un avec lui. Ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses, ses joies et ses colères; nous en héritons tous après notre Révélation. La guerre que nous, les Lyrienns de Métal, menons contre l'île du Feu est, en réalité, fondée sur une raison assez banale : Shaana – l'Æther du Feu – et Hekur – l'Æther du Métal – sont des ennemis jurés. La haine qu'ils éprouvent l'un envers l'autre devient forcément la nôtre après notre transformation et c'est pourquoi nous nous battons sans cesse : le Feu et le Métal ne sont simplement pas faits pour s'entendre. Au contraire, ils cherchent systématiquement à se détruire l'un l'autre jusqu'à ce qu'il n'y ait qu'un seul vainqueur.

Il s'arrêta un instant, peu confiant de la clarté de ses propres explications.  

C'est... difficile à expliquer dans des mots, mais j'imagine que tu peux comparer ça à la répulsion qu'éprouve un Démon face à un Ange et vice-versa. Dans les deux cas, des fossés trop profonds nous séparent pour espérer, un jour, trouver un terrain d'entente.

Malgré son âge, l'Enfant d'Hekur n'avait pas encore été étreint par la puissance d'un Élément. Si ce fait l'inquiétait de plus en plus, il ne pouvait s'empêcher de penser à la personne qu'il deviendrait au terme de sa métamorphose et curieusement, l'image qu'il se façonnait éveillait en lui des frissons, terrifié à l'idée de perdre à tout jamais sa propre identité en tant que Fils du Métal au profit d'une force antagoniste. Chassant ses pensées sombres d'un mouvement de tête, le Lyrienn happa une nouvelle feuille qu'il déposa à plat sur son bureau.

Quoi qu'il en soit, malgré toutes les péripéties survenues durant ces speed-dating, le plus important, c'est que tu te sois amusé. Par contre, Susannah t'a-t-elle au moins présenté des excuses pour t'avoir fait goûter un aliment au sang à ton issu? Je peux comprendre que sa rupture amoureuse puisse la mettre de mauvaise humeur, mais quand même ! Ce n'est pas une excuse pour déverser gratuitement sa colère sur les autres, mais je suppose qu'il fallait s'y attendre de la part d'une Sirène... Être triste ou malheureux est une chose, mais il faut que tu gardes à l'esprit qu'il existe des individus fondamentalement mauvais qui n'hésitent pas à persécuter ceux qu'ils perçoivent comme étant faibles. Fais plus attention lorsque tu la croiseras à nouveau, d'accord? Il se peut qu'il ne s'agisse pas de la dernière « plaisanterie » de ce genre qu'elle tentera de te faire. Ne la laisse surtout pas abuser de ta bonté.

En couchant ses phrases sur le papier, Helios se demanda vaguement si Dyfan avait lui aussi causé des problèmes durant les années qu'il avait vécu à Basphel.  

Pour être franc avec toi, j'ai très peu d'expérience en amour.

Contrairement à un rêve particulier, il refusait de compter le baiser de Mélusine comme une expérience « amoureuse ». Tout au plus, il s'était agi d'une mauvaise blague qui, à l'évidence, n'engageait rien de sérieux.

Je ne suis pas non plus un romantique au cœur éperdu, mais j'espère tout de même rencontrer une personne avec qui faire ma vie. Ça n'a pas besoin d'être mon âme-sœur, seulement quelqu'un à qui je peux avoir confiance et me confier durant les moments difficiles. À Djomir, ce n'est pas inhabituel d'organiser des mariages arrangés. Si ma partenaire s'avère être quelqu'un de bien, je serais amplement satisfait.

C'était faux. S'il ne pouvait être avec lui, son bonheur ne serait jamais complètement assouvi, mais il devait se montrer réaliste. Quelles étaient ses chances de parvenir à conquérir son cœur, alors qu'il était tant déterminé à lui fermer le sien?

Ton optimisme me fait chaud au cœur. Pour ma part, je n'ai pas arrêté mes efforts de réconciliation et devine quoi? Ça fonctionne! Il me parle de plus en plus souvent, au-delà de ses « bonjours » habituels. Mon cadeau a vraiment dû lui plaire, bien plus que je ne le pensais. Malheureusement, il est un peu timide, donc je ne m'attends pas à ce qu'il décide de me dédier morceau de sitôt. Mais je continue à tendre l'oreille, jusqu'au cas où !

Si la voie de l'armée ne t'intéresse pas, as-tu songé à intégrer la Marche Terne? Personnellement, je ne connais pas beaucoup de choses sur eux, mais n'ont-ils pas réussi à exposer et à démanteler l'Empire corrompu de l'Ordre d'Hébé? Je pense que joindre les Marcheurs pourrait te convenir, à moins que leurs méthodes te paraissent trop brutales? En vérité, peu importe la voie que tu décides d'emprunter, je te soutiendrais à cent pourcent ! Il existe tant de misère partout dans le monde et pourtant, j'ai l'impression que des personnes comme toi, altruistes et généreuses, se font malheureusement rares. Mais je suis certain que tu réussiras à faire une différence.

Félicitations pour avoir réussi tes tests d'admission ! C'est le début d'une expérience inoubliable qui t'attend, sois-en sûr ! Vise à être le meilleur de ton équipe et tes efforts seront assurément récompensés.

Il sauta une ligne, avant de suspendre le mouvement de son poignet, réfléchissant à la question posée par son correspondant. Appréciait-il son emploi actuel? À vrai dire, ce n'était même pas une question d'aimer ou de ne pas aimer : il s'agissait plutôt d'une nécessité. Malgré tout l'intérêt qu'il nourrissait envers les plantes, le fait était que le métier de jardinier n'était pas assez payant pour rembourser les dettes que sa mère et lui devaient supporter en l'absence de son père. Rien que de penser à cette ordure faisait resurgir une colère que le Lyrienn gardait habituellement enfouie au creux de son cœur, cadenassée derrière une indifférence feinte à l'endroit de cet homme qu'il haïssait du plus profond de son âme. Cela dit, Helios était loin d'être prêt à confier ses secrets à un inconnu, non pas parce qu'il doutait de la sincérité d'Alcide, mais surtout parce qu'il détestait se sentir vulnérable devant des étrangers. C'est pourquoi, au lieu d'entrer dans les détails de sa vie personnelle, le blond choisit de ne révéler que les informations essentielles, celles dont même ses proches étaient au courant :

Ce n'est pas que le métier ne me plait pas, au contraire. C'est juste que ma famille souffre présentement de certains problèmes financiers que le salaire de jardinier ne nous permettra jamais de surmonter. En complétant des études supérieures, j'aurais au moins la possibilité de me réorienter vers des emplois plus payants, comme celui de banquier, de notaire ou même de médecin. Malheureusement, je crains ne pas avoir ce qu'il faut pour intégrer une bonne école avec de bonnes notes. Je n'ai jamais été doué à l'école et y retourner après tant d'années me fait un peu peur. Tu es étudiant depuis quelques années, n'est-ce pas? D'après toi, est-ce que j'ai de bonnes chances de réussir? Devrais-je essayer de revenir à l'école? Ou devrais-je plutôt y renoncer?

C'est étrange, mais à chaque fois que je t'écris, je me sens détendu. Je te parle de choses que je n'ose même pas avouer à mes plus proches amis, mais je suppose que c'est l'un des avantages d'échanger avec une personne que l'on ne voit pas. Il devient plus facile de se confier sans éprouver la gêne de se faire juger par un regard déplacé.

C'était rassurant, en quelque sorte. Helios se souvenait pourtant avoir initialement éprouvé de l'inquiétude à l'encontre des mécanismes de ce système de correspondances, appréhendant le moment où l'une de ses lettres finiraient par tomber entre de mauvaises mains. Néanmoins, à force de lire les mots bienveillants et attentionnés que lui adressait son interlocuteur, sa méfiance s'était aussitôt évaporée. Maintenant, il ne faisait qu'attendre avec impatience le prochain courrier que lui écrirait le Magicien, trahissant le bien-être qu'il associait désormais à cette activité.  

Pour ma part, je n'ai reçu aucune invitation de ce genre, mais je connais des personnes qui l'ont eue. Cela dit, ça m'étonne que les responsables de Basphel permettent à leurs étudiants de participer à des sorties scolaires pareilles. Je peux comprendre l'intérêt de voyager pour s'instruire à des cultures étrangères, mais est-ce vraiment prudent de vous laisser assister à un bal de Vampires? N'y a-t-il pas un risque que tu te fasses mordre? Loin de moi l'idée de te décourager, mais... n'oublie pas de rester vigilant, d'accord? On ne sait jamais ce qui pourrait arriver. Tu m'en diras des nouvelles. Sur ce, je te souhaite de passer un agréable voyage.  

À bientôt,

Helios

✠ 1 790 mots

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Priam et Laëth
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Sam 01 Juil 2023, 14:46



Unknown

À celui qui lit ces mots...

Correspondance | Helios & Alcide


RP suivant : On fait une petite fête, ce soir, avec des amis....


Dès qu’il eut la lettre entre les mains, Alcide se précipita sur le petit bureau de la chambre de l’auberge. Il avait demandé à ce qu’on lui fît suivre son courrier de Basphel à Seaghdha. Il attendait toujours les lettres d’Helios avec impatience, et au fond, il espérait que Laëth finît par lui en envoyer une. On racontait qu’elle s’était finalement mariée avec Kaahl Paiberym. La nouvelle l’avait étonné, mais probablement pas autant qu’elle n’avait surpris Hélène, qui avait découvert en même temps que ceux qui lisaient le journal l’union entre son père et l’Ange. Il n’y avait eu aucune réception, aucune invitation, juste une décision prise dans le feu de l’action et, depuis, de nombreuses interrogations.

Il écarta le sac qu’il avait nonchalamment laissé sur l’étroite table, fouilla dedans à la recherche d’une plume, puis attrapa l’une des feuilles laissées à disposition. Sans prendre le temps de lire la totalité de la lettre, il entreprit de répondre paragraphe par paragraphe, s’arrêtant dès que nécessaire pour parcourir la suite. Il n’avait pas beaucoup de temps, car il devait encore se préparer et petit-déjeuner avant de partir pour le fameux « Musée du Sang ».

« Cher Helios,

Non, pas besoin de droit de passage pour aller à Boraür ! Et l’auberge ne coûte rien. Il n’y a pas besoin de payer quoi que ce soit là-bas. Tout le monde est très accueillant. Le but, c’est que chacun puisse s’y sentir chez soi. Tu pourras goûter à toute la nourriture qui te plaira ! Il suffit de demander à l’île de t’en donner et tu en auras. Elle fait plein de viennoiseries et de gâteaux. Mes préférés, ce sont les croissants aux amandes et les gâteaux à la cannelle et aux noix. Et les mochis ! Mais ça c’est parce que si je n’aimais pas, mon père me renierait. Tu en as déjà goûté ? Dans tous les cas, je compte sur toi pour m’en dire des nouvelles ! (pardon pour ton appétit)

Je crois que je comprends un peu mieux ce qui vous oppose et la façon dont ça se manifeste. C’est peut-être difficile à concevoir pour moi parce que j’ai vécu en dehors de ma race et à Boraür pendant très longtemps ? Je ne sais pas trop. Je m’entends facilement avec la plupart des gens et je n’ai pas l’impression que ceux qui ne m’apprécient pas ne m’aiment pas à cause de mon peuple d’appartenance ou du leur. Susannah et Lana, toutes les deux des Sirènes, ne sont pas toujours très sympa, mais Kiara, qui est aussi une Sirène, est très gentille. C’est peut-être un peu plus complexe ? J’en ai parlé un peu avec Hélène et elle m’a dit que c’était sans doute un mélange de plein de choses : le caractère, la race, et l’histoire (on a discuté de la guerre entre les Sorciers et les Réprouvés, notamment)… Et pour les éléments que vous représentez, c’est peut-être encore un peu différent, puisque vous êtes de la même race, mais vous démarquez selon ces éléments. Peut-être que c’est comparable aux Evershas ? Il paraît que certains individus ne se supportent pas à cause de leur animal totem. Ça paraît logique, tu me diras, qu’une souris n’aime pas un chat. Pourtant, ils sont tous placés dans la case « Evershas ».

J’espère quand même que vous pourrez un jour profiter d’une situation un peu plus stable. Après tout, les différences sautent plus facilement aux yeux que les similitudes ; peut-être partagez-vous des centres d’intérêt, des valeurs ou des caractéristiques que vous n’avez pas encore remarquées, et qui pourraient vous rapprocher ou, au moins, pacifier vos relations ? Je ne sais pas, peut-être que j’extrapole un peu trop !

Susannah, présenter des excuses ? Bien sûr que non. Mais honnêtement, ça ne me dérange pas. J’espère juste qu’elle a pris conscience que ce n’était ni malin ni sympathique et qu’elle ne recommencera pas – que ce soit avec moi ou avec quelqu’un d’autre. Je me dis que si elle peut reconnaître que ce n’était pas bien, c’est qu’elle n’est pas fondamentalement mauvaise ? Dans tous les cas, oui, je ferai attention. Merci.

Le jeune Magicien suspendit sa plume, incertain. Ses pensées s’entremêlèrent. Il soupira. Finalement, il reprit :

En fait, à Boraür, le mal pur n’existe pas. Le mal tout court n’existe pas, d’ailleurs. Parfois les gens sont en colère, tristes ou déprimés, mais ça ne dure jamais, et c’est extrêmement rare qu’ils s’en prennent méchamment aux autres. Peut-être que c’est juste l’île, qui les rend comme ça ? Ou qui protège tous les autres ? Peut-être que le monde extérieur ne fait pas ça, et que c’est pour cette raison que le mal existe. Qu’est-ce que c’était, la pire forme de mal que tu aies connue ? La pire chose que tu aies vue ou qu’on t’ait racontée ?

Récemment, ces pensées l’avaient hanté. Il essayait de ne pas s’attarder dessus. Elles lui faisaient peur, parce qu’elles supposaient des horreurs. Elles l’attristaient. Parfois, même, elles l’abattaient. C’était la première fois qu’il osait les formuler à quelqu’un d’autre. En général, il préférait croire qu’il ne s’était jusque-là pas trompé, et que les personnes mauvaises ne l’étaient que parce qu’elles vivaient dans le malheur. Toute autre forme de pensée le déprimait – et Boraür n’était pas là pour soigner ses plaies. Il éluda ses tourments pour passer au paragraphe suivant.

J’ai appris que les mariages arrangés étaient relativement courants chez certains peuples, oui. Cela dit, je te souhaite de trouver ton âme sœur et de pouvoir te marier avec. Je suppose que ce serait quand même plus épanouissant que d’épouser une femme qui ne serait ou ne deviendrait qu’une amie. C’est un peu comme si j’épousais Rose-Abelle : on s’entend très bien et c’est sûr qu’on s’amuserait bien ensemble, mais je ne pense pas qu’on serait amoureux. Et peut-être qu’on aurait plutôt envie de se marier voire de vivre avec la personne qu’on aime et qu’à terme, on divorcerait !

L’idée le fit sourire. Il s’imaginait mal embrasser son amie – il s’imaginait mal se marier aussi. Il songea qu’il n’avait jamais parlé, avec elle, de ces questions-là. Pourtant, elles devaient la concerner de près. Les Sorciers étaient des adeptes du mariage arrangé et, bien que Magicienne, elle n’échapperait probablement pas à la règle. Il ne se rappelait pas l’âge légal pour une union sorcière, mais plus le temps passait, plus elle s’en rapprochait. C’était inévitable. Peut-être devrait-il essayer d’aborder le sujet avec elle ?

Je suis très heureux que ta relation avec ton ami s’améliore de jour en jour ! Tu as raison d’être patient : cela semble bien parti pour que vous vous réconciliiez.

Je n’avais jamais songé à la Marche Terne, et je crois que si tu ne m’en avais pas parlé, je n’y aurais sans doute jamais pensé ! Mais je ne suis pas certain de vouloir faire partie d’une organisation. Je ne sais pas trop. Il faudra que je me renseigne et réfléchisse. J’ai le temps de voir, de toute façon ! Pour l’instant, le plus important, c’est que je fasse du sport. Tes encouragements et tes compliments, en tout cas, me vont droit au cœur. Merci infiniment.

Il se sentait plus léger, plus confiant ; ses tracas ultérieurs lui paraissaient bien moindres face à l’espoir qui grondait en lui et tout autour de lui. Les « personnes comme lui » pouvaient être rares, mais elles existaient, et cette certitude gonflait son cœur d’euphorie, de paix et d’amour. Toujours, il ferait son possible pour exceller. Pas pour lui, mais pour les autres et les idéaux qui le faisaient vibrer. Peut-être devrait-il aussi s’inscrire aux cours d’escrime auxquels participait Rose-Abelle ?

Je pense que pour réussir à l’école, il faut d’abord en avoir envie – et ça semble être ton cas. Parfois, ça demande beaucoup de travail, surtout dans les matières dans lesquelles on n’excelle pas. Pour d’autres cours, c’est très simple et il n’y a presque aucun effort à faire. Ça dépend des gens. J’aime beaucoup les cours de magie, alors je suis très attentif et travailler ne me dérange pas, si bien que je ne m’en sors pas trop mal. En revanche, la botanique, ça ne m’intéresse pas du tout : apprendre est plus difficile et avoir de bonnes notes aussi. Mais je sais que si j’ai du mal à comprendre quelque chose, je peux demander aux professeurs ou à mes amis. Je pense que c’est la deuxième condition pour réussir : il faut s’entourer de gens capables de nous expliquer (ou ré-ré-ré-ré-(…)-réexpliquer) les choses jusqu’à ce qu’on les comprenne.

Quant au fait de retourner à l’école ou non, c’est un choix qui t’appartient. Si tu penses que ça aidera ta famille (d’ailleurs dis-moi si jamais je peux faire quelque chose ?) et que tu trouveras un autre métier qui te plaira, alors c’est une bonne idée. Si jamais tu reprends tes études, à quelle école voudrais-tu aller ?

Le paragraphe suivant lui arracha un sourire brillant de compréhension et d’affection.

C’est pareil pour moi. Je suis content que ta première lettre ait voyagé jusqu’à moi ! Et d’avoir reçu les autres aussi. J’ai créé une pochette spéciale « Helios » où je range nos correspondances. Je me dis que je pourrai les relire dans quelques années et me rappeler tous les bons souvenirs de ces débuts ! Peut-être même que je te raconte des choses que j’aurai oubliées, d’ici-là.

Certains élèves ont aussi trouvé étrange que Basphel propose une telle sortie, et des parents se sont opposés à ce que leurs enfants y aillent ou, en tout cas, à ce qu’ils aillent au bal. Mon père ne me l’a pas interdit, mais je ne sais pas trop si j’irai (c’est ce soir, il va falloir que je me décide !). Je pense que nous serons quand même bien encadrés et que les Vampires n’auront pas le droit de faire n’importe quoi. Dans tous les cas, je te tiendrai au courant de l’issue de ma soirée ! Là je dois absolument me dépêcher parce qu’on va visiter le « Musée du Sang ». Or, je suis toujours en pyjama et je n’ai pas petit-déjeuné ! (après t’avoir parlé des viennoiseries et pâtisseries de Boraür, je meurs de faim !)

Prends soin de toi. Et raconte-moi aussi ce que tu as fait ces derniers temps, comment tu as occupé tes journées, si tout va bien… Et est-ce que tu en as appris plus sur les gemmes ?

À bientôt,

Alcide »



Message III – 1750 mots




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