| | [Q] Que tes mers se déchaînent | Susannah | |
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Bellada Ward ~ Magicien ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 876 ◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥ ◈ Activité : Cuisiner avec amour ! | Dim 29 Jan 2023, 14:46 | |
|  Que tes mers se déchaînent Susannah & Phobos Intrigue ; Phobos fait vivre un cauchemar à Susannah
C'était un univers rempli d'eau. Le liquide envahissait tout l'espace, ne laissant aucune place au reste du monde : il régnait en souverain incontestable sur cet univers. Il y avait des courants, des bruits sourds, des jeux de lumière également. Phobos s'y sentit presque à l'aise. A l'intérieur de ce cocon, les émotions semblaient comme anesthésiées, si bien qu'il ne pouvait pas y avoir de trouble : c'était une paix cotonneuse, presque intangible mais bien présente. Calme plat. Ca n'allait pas au faiseur de rêves. Il n'aimait pas cette quiétude ambiante, trop relaxante pour son goût.
Enfin, il la remarqua : la rêveuse. Elle était dans ce monde, ses cheveux bleus s'effilochant autour de sa silhouette. Elle avait l'air de s'amuser avec d'autres poissons, qui tournoyaient autour d'elle. « Et, en son sein, l'écume des mers se déchainait. » Où le Sylphe avait-il entendu cette phrase ? Il ne s'en souvenait plus. Peut-être Nesloo lui avait-elle glissé ces mots à l'oreille ? Ou bien un poème, contenu dans un recueil du petit chevalier bleu ? Un souvenir enfouis dans le songe de quelqu'un d'autre ? Peu importait : il voulait voir cette mer se transformer en remous, devenir chaos.
Phobos créa une ombre. Il ne s'agissait pas simplement d'une petite chose timide. Non : elle avait pris des dimensions démesurées, deux voire trois fois la taille de l'ondine qui évoluait paisiblement dans son univers. La créature avait une forme allongée, piquée d'ailerons qui venaient déranger la silhouette lisse de son corps. Sa gueule béante était transpercée de crocs pointus et tranchants, sur plusieurs rangées. Elle ressemblait un peu à un requin : il avait vu cette bête dans un livre, dans la bibliothèque de Basphel. Mais pas tout à fait non plus. Il était difficile de le discerner, car il n'était pas tangible, ni même visible. Il était une menace, mais n'avait pas de visage, pas d'identité à proprement parler. C'était une métaphore pour incarner le fauteur de troubles. Il était bien présent, mais sa victime ne pouvait pas prendre pleinement conscience de sa présence.
La créature s'approcha. Sans signe avant-coureur, elle fonça sur les poissons et les dévora : il n'en resta que des volutes de sang qui se mélangeaient dans leur environnement. La bestiole continua une seconde fois, fauchant des méduses. Puis une troisième, et une quatrième, jusqu'à ce qu'il ne reste rien d'autre autour de la Bleue. Lorsqu'elle s'affola, essayant de s'enfuir, l'eau créa un courant qui, au lieu de l'aider à s'échapper, la tirait en arrière.
450 mots 
Dernière édition par Bellada Ward le Lun 30 Jan 2023, 10:17, édité 1 fois |
|  | | Susannah ~ Sirène ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 238 ◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021 | Dim 29 Jan 2023, 19:58 | |
| ![[Q] Que tes mers se déchaînent | Susannah 8ocw](https://zupimages.net/up/23/04/8ocw.jpg) Que tes mers se déchaînent
À travers un vaste parasol végétal d'herbes aquatiques entremêlées les unes aux autres, la clarté diurne se frayait un chemin entre les interstices pour venir s'accrocher sur les écailles de la queue de Susannah. En équilibre au sein d'Aylidis, elle se laissait flotter, les bras légèrement entrouverts. De retour dans son élément, ses traits se révélaient apaisés et un sourire enfantin étirait ses lèvres. Le ballet des poissons multicolores lui donne le tournis et elle rit quand leurs nageoires chatouillent ses flancs ou qu'ils jouent dans ses cheveux devenu labyrinthe ludique pour les plus fins d'entre eux.
Bercée par l'imperceptible courant, l'Ondine est détendue et elle ferme les yeux, se laissant aller doucement en arrière pour amorcer une figure comme appris lors de ses spectacles aquatiques étant enfant. Jouant le jeu, les poissons tracent des arabesques fugaces autour d'elle, l'englobant d'une sphère vivante et mouvante. Les tracas du quotidien sont oubliés, ils n'ont peut-être même jamais existé, captifs d'une autre réalité qui n'est pas la sienne. Charmée, Susannah poursuit sa valse onirique pendant un temps qui lui semble infini et impossible à définir.
L'impromptu changement de luminosité alerte la bleue qui, d'un coup de queue, se place ventre vers la surface pour examiner l'étrange nuage. Massive, le nouvel invité la plonge dans l'obscurité partielle et la température se refroidit. Ses écailles frémissent et elle sert ses bras autour d'elle. Les poissons ont aussi cessé leurs arabesques et restent figés dans l'attente. Alors que la créature pivote, une rangée de dents tranchant sur l'épiderme soyeux et Susannah frissonne à nouveau, transie d'un malaise s'installant jusque dans ses os.
Le temps se rétrécit et en l'espace d'une horrible seconde où elle se retrouve immobilisée, des rubans de sang teintent l'eau, pénétrant ses narines d'une odeur métallique qui met le feu aux poudres. La panique s'empare d'elle en même temps que l'océan se décide à la trahir pour l'attraper par la taille et l'attirer vers les profondeurs.
Emportée dans un tourbillon infernal, sa silhouette se brise dans les remous jusqu'à la recracher dans un domaine enrobé de ténèbres où c'est à peine si elle voit plus loin que le bout de ses bras tendus. L'eau contre sa peau est glaciale, inhospitalière et l'inquiétude encercle sa gorge dans son étau. Ses repères évanouis, elle reste un moment sans bouger, craignant de s'éloigner de la sortie en la cherchant à l'aveuglette. Ses écailles se hérissent dans un pressentiment et elle tourne sur elle-même, à l'affût du moindre signe salvateur.
Message I | 454 mots
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|  | | Bellada Ward ~ Magicien ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 876 ◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥ ◈ Activité : Cuisiner avec amour ! | Lun 30 Jan 2023, 10:13 | |
|  Que tes mers se déchaînent Susannah & Phobos
L'eau s'enroule autour de sa taille, s'agrippe à ses écailles telle une nuée de harpons, la tracte vers les profondeurs abyssales qu'elle tente vainement de repousser. Phobos, spectateur fantomatique de la scène, se délecte de la voir ainsi lutter, chercher à se défaire de sa prise invisible mais pas moins incontestable. L'obscurité l'appelle et, bientôt, avale la rêveuse. L'ombre entraine avec elle son attirail des terreurs : un silence pesant, une froideur glaciale, une pression suffocante et une attente insoutenable. Privée de ses sens principaux - l'ouïe et la vue semblant inefficaces dans ce vaste vide - la bleue paraît déstabilisée.
Le Sylphe, lui, profite de la scène sans pâtir de ces désagrément : il contrôle cet univers et même s'il devait être privé de ses sens, il garderait conscience de chaque détail se passant dans cette bulle onirique. En cet instant cependant, c'est bien de ses yeux et de ses oreilles, qu'il se sert pour percevoir l'anxiété de sa victime. Il éprouve une certaine satisfaction à constater la détresse dont il est le sinistre auteur. Le frissonnement de la peau et l'affolement des yeux vagabondant à droite à gauche ne sont que des marqueurs du mal-être de l'ondine, que le mesquin accueillait avec contentement.
Après avoir décidé qu'il l'avait assez fait languir, l'être des souhaits reprit la trame du rêve qu'il avait commencé à tisser. Une fois de plus, l'eau devint son alliée. Phobos fusionna avec elle, et se mit à exercer une pression de plus en plus pesante sur la silhouette de la Bleue, jusqu'à ce que ses mouvements en soient entravés. Bientôt, elle ne put plus bouger. Là, l'eau commença à s'infiltrer dans ses narines, à gagner ses poumons. Pourtant, cette fois-ci, la sensation n'était pas la même que d'habitude. L'eau n'était plus respirable. Son corps rejetait le liquide qui s'était pourtant vicieusement créé un chemin dans son corps ; la suffocation que tant de noyés avaient connu se répercutaient désormais sur elle. Manquer d'air. L'alliée se transformais en ennemi mortel. Noyade Aurait-elle peur de retourner dans les bras d'Aylidis, une fois réveillée ? Phobos l'espérait. Il voulait la dégouter de ce sentiment de sécurité qu'elle éprouvait en regagnant son élément.
De nouveau, le malin savoura la scène, laissant le temps s'allonger terriblement, laissant les sensations s'imprégner dans l'espoir d'ancrer une cicatrice indélébile non pas sur le corps mais sur la psyché de la rêveuse. « Dans cette brûlure sans feu, son monde tout entier s'embrasa. »
441 mots  |
|  | | Susannah ~ Sirène ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 238 ◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021 | Sam 04 Fév 2023, 20:14 | |
| ![[Q] Que tes mers se déchaînent | Susannah 8ocw](https://zupimages.net/up/23/04/8ocw.jpg) Que tes mers se déchaînent
Seule. Exsangue, Susannah affrontait le néant abyssal avec pour seule arme la certitude qu'Aylidis ne détournerait pas le regard, qu'elle viendrait la sauver d'une façon ou d'une autre et elle attendait un signe de sa part, n'importe quoi pour ne pas désespérer. Il n'y avait que le silence, dévorant, oppressant, à tel point qu'elle ne put plus esquisser un geste, paralysée par le sentiment de danger qui sonnait toutes les alertes dans sa tête.
L'inquiétant calme des profondeurs se troubla et la Sirène fronça les sourcils en sentant la texture de l'eau se modifier contre sa peau, devenir hostile. Ses poils et ses écailles hérissés, sa bouche s'ouvrit de surprise quand des poings invisibles s'abattirent contre ses tempes, encerclant son front dans une couronne de pression impossible à supporter trop longtemps. Son cri d'effroi s'étouffa sur une ribambelle de bulles qu'elle suivit du regard, étonnée de leur présence inhabituelle. Elle n'eut pas le loisir de surveiller leur fuite vers la surface, l'océan infiltrait ses doigts dans ses narines et sa gorge et ses poumons se contractèrent douloureusement quand elle chercha à reprendre son souffle. Privée d'air, l'affolement la gagnait peu à peu, grignotant les dernières parcelles de sang-froid et de raison.
Dans l'incompréhension la plus complète de ce qu'il se produisait, incapable de suspecter l'impossible, elle voulut se débattre contre la camisole qui s'était verrouillée sur son corps. L'eau avait pris le commandement, ne lui laissant aucune échappatoire à sa détresse. Une pensée s'imposa, devint le flambeau qui accorda quelques palpitations supplémentaires à son cœur frémissant de peur. Il fallait survivre, quoi qu'il en coûte. Car Aylidis ne pouvait pas l'avoir trahie. Son ventre l'avait vue naître, il l'avait forgée pour devenir celle qu'elle était aujourd'hui, celle qu'elle serait demain. Ce n'était qu'une nouvelle façon de tester ses capacités, sa détermination. Estimait-elle qu'elle n'était plus digne maintenant qu'elle avait quitté ses mystères pour Basphel ? L'éprouvait-elle plus difficilement pour lui rappeler la cruauté de son peuple, ses exigences ? Susannah puisa dans le feu qui avait envahi sa gorge et ses poumons pour se cambrer violemment, refusant de baisser les bras.
Les secondes s'étirèrent à l'infini, mais sa lutte prit fin bien avant. L'implacable étau avait annihilé sa ténacité, la laissant errant dans l'abysse, parfois secouée d'un spasme involontaire, au bord d'un évanouissement qu'elle espérait désormais. Le manque d'air était torture et il lui semblait que ses poumons étaient devenus deux éponges trop à l'étroit entre ses côtes et qu'à tout moment, son cœur éclaterait sous la pression. Les ténèbres se refermèrent complètement sur elle, l'écrasant entre ses anneaux dans une étreinte mortelle. Des larmes amères se mêlèrent à l'océan qui demeura muet à sa dernière supplique mais elle ne lui en voulut pas. La maîtresse des mers et océans n'épargnait pas les faibles et elle en était devenue une.
Message II | 521 mots
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|  | | Bellada Ward ~ Magicien ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 876 ◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥ ◈ Activité : Cuisiner avec amour ! | Dim 05 Fév 2023, 13:51 | |
|  Que tes mers se déchaînent Susannah & Phobos
S'il avait été fait de chaire, d'un corps tangible et matériel, Phobos aurait serré le poing, comme pour mimer d'écraser entre sa poigne cette ondine prise dans son piège. Elle était son exutoire, il relâchait sur elle toute sa frustration et sa colère. Peu étaient celles et ceux qu'il pouvait manier à sa guise, mais maintenant qu'il en avait trouvé une, il s'y cramponnait comme à un radeau de survie en pleine mer. Il faisait exploser toutes ses contrariétés, et c'était elle qui payait le prix d'action qu'elle n'avait, pour une fois, pas engendré. Certains diraient qu'il s'agissait du Karma, de la balance de l'univers. D'autres, qu'il ne s'agissait que de la volonté d'un Aether. La vérité était bien plus décevante : elle subissait les états d'âme de cet être fait de magie qui ne comprenait pas les fluctuations qui le traversaient.
L'Océan était devenu l'ennemi, le danger, le traitre. Il reniait cette relation si unique qui l'avait toujours lié à l'Ondine. Et pourtant, ce n'était pas la pire des menaces. Car voilà qu'elle arrivait. Une ombre, plus discernable que la précédente. Elle se trouvait à la surface de l'eau, mais sa présence était si écrasante qu'il était impossible de la rater. Un navire. Des Pirates, ou bien des pêcheurs. Seulement, cette fois-ci, ils ne seraient pas les victimes, ils n'étaient pas les proies. Ils étaient les prédateurs. Et ils étaient venus pour piller les mers, arracher ses filles à Aylidis. Le Sylphe relâcha sa concentration : l'océan cessa d'exercer une pression paralysante et la Sirène pu enfin recommencer à nager, pour mieux essayer de s'enfuir, pour repousser l'inéluctable. La traque, finalement, n'était guère préférable à la noyade. La fuyarde avait beau essayer de mettre de la distance, le bateau la suivait. Lorsqu'elle essayait de plonger, l'ombre du requin rodait, la forçant à regagner les eaux plus proches de la surface. Des harpons, lancés depuis les cieux, l'empêchaient de changer de cap : si elle s'y frottait, la douleur serait terrible.
Le filet se rapprochait. Dans ses mailles, les cadavres des animaux marins décoraient morbidement le piège qui se refermait peu à peu. Un dauphin n'ayant pas pu remonter à la surface pour reprendre son souffle ; une tortue de mer, la carapace fendue, agonisante entre les mailles; des poissons au bord de l'explosion à force d'avoir été extraits hors de l'eau trop subitement. Des visions d'horreur que personne n'aurait voulu voir, mais encore moins une fille de cet univers. Finalement, le filet remonta, la Rêveuse coincée à l'intérieur.
Les pêcheurs lâchèrent leur prise sur le pont du navire, libérant la sirène. Les hommes l'encerclèrent, dardant sur elle leurs harpons qu'ils n'hésitaient à utiliser lorsque la Bleue faisait mine de vouloir s'échapper en sautant par-dessus bord. Phobos s'était mélangé à eux. Il n'était pas armé, mais il incarnait le capitaine. « Elle goûta à la fureur des hommes ; leurs visages de haine et leurs harpons maudits résonnaient de l'amertume des Mers : trop des leurs avaient sombrés, désormais, c'étaient à ces vipères des mers de craindre leur chant de gloire. »
557 mots  |
|  | | Susannah ~ Sirène ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 238 ◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021 | Mer 15 Fév 2023, 15:57 | |
| ![[Q] Que tes mers se déchaînent | Susannah 8ocw](https://zupimages.net/up/23/04/8ocw.jpg) Que tes mers se déchaînent
La torture enfin trouva la fin de sa rhapsodie. D'un coup de queue paniqué, Susannah s'éloigna de quelques mètres de son cercueil liquide. Le froid érodait ses écailles et pénétrait dans ses os. Elle accueillit ces sensations avec joie, la douleur était le symbole de la vie qui pulsait et résistait en son sein. La victoire avait le goût du sel. En quête de douceur pour panser les plaies béant sur son égo et la peur qui résidait encore sous son épiderme, la Sirène s'élança vers la surface lumineuse. Le baiser du soleil saurait chasser la gangue de brume glaciale. À cet instant, une vaste silhouette lui masqua la clarté. Elle cessa de nager pour fixer, terrifiée, le monstre rider la surface de l'eau, tranchant les vagues sans effort. La bleue fronça les sourcils et fendit les profondeurs pour contourner l'ombre du mastodonte de bois. Un trait jaillit pour lui couper la route, éraflant son bras. Un cri de surprise et de douleur mêlés lui fut arraché et elle tint son bras contre elle, envoyant un regard furieux vers l'ennemi caché derrière son large bouclier. De là-haut lui parvenait l'écho de pas précipités et d'ordres crachés. Elle avança à nouveau, prenant de la vitesse. D'autres harpons fusèrent et elle les évita sans se rendre compte qu'ils guidaient ainsi sa fuite exactement où ils le souhaitaient. Lorsqu'un trait manqua de l'empaler, Susannah lutta contre la peur et décida de revenir où elle avait manqué se noyer. Deux pupilles noires et sans expression incrustées sur chaque côté de la tête du cétacé l'arrêtèrent net. L'éclat de sa double dentition se réverbéra dans ses iris dilatés de peur et Susannah s'éloigna précipitamment du monstre.
La course-poursuite s'accélérait et elle commençait à s'épuiser, tant qu'elle ne vit le filet écartelé sur son chemin qu'au dernier moment. La toile de chanvre épais mordit sa peau. Son bras se tordit quand elle chercha à se débattre pour s'échapper. À mesure que le piège se refermait sur elle, l'Ondine se retrouva ensevelie sous un amas de faune aquatique en détresse, certains déjà morts. La nausée lui piqua les narines et elle se mit à trembler quand le vent frais gifla son corps nu. Désormais libre de ses mouvements, elle sauta sur ses pieds, les poings fermés. Un mur de harpons s'éleva à chacune de ses tentatives pour s'infiltrer dans une ouverture pour rejoindre l'Océan. Sa chevelure qui flottait habituellement élégamment dans son sillage s'échouait en mèches collées à son visage comme un assemblage d'algues. Après une énième plaie ouverte cette fois sur son flanc, Susannah cessa de se jeter sur les marins et reprit son souffle. Elle en profita pour scruter les bipèdes. Sur chaque visage se reflétait la même haine qu'elle leur portait, qui déformait leurs traits. La bleue montra les dents quand l'un s'enhardit à avancer son arme jusqu'à la toucher. Elle l'esquiva d'un pas sur le côté et en profita pour se rapprocher de celui qui n'était pas armé. Avec la vivacité du désespoir, elle s'accrocha au col de l'homme. « Relâche-moi. » Ses cheveux s'étaient mis à onduler dans son dos et bientôt, une poignée de serpents bleus et verts dardèrent leur yeux rubis sur le capitaine. Ses ongles s'enfoncèrent dans la peau du cou de sa prise. « Laisse-moi partir ou je jure de tous vous tuer. »
Message III | 593 mots
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|  | | Bellada Ward ~ Magicien ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 876 ◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥ ◈ Activité : Cuisiner avec amour ! | Jeu 16 Fév 2023, 14:01 | |
|  Que tes mers se déchaînent Susannah & Phobos
Phobos jubilait, sous la poigne de l'Ondine. Il aimait voir sa tempête intérieure se réveiller, tout en sachant qu'à ce jeu, il ne perdrait pas : son ouragan à lui balayerait tous ses espoirs à elle, toutes ses convictions et briserait sa volonté tel une coque réduite en charpie par les crocs acérés d'un océan tumultueux. Pourtant, l'adolescente était splendide, dans cette posture. Peut être Phobos la trouvait-il plus sublime encore parce qu'elle échangeait avec lui un contact dont il n'avait plus ressenti l'étreinte depuis bien longtemps. Ils étaient proches, d'une proximité qu'il ne connaissait plus dans le monde réel, et qu'il n'avait plus instauré dans les rêves qu'il tissait. Jusqu'alors, il avait pris l'habitude de n'être qu'un metteur en scène fantôme, présence vague dans la psyché des acteurs qu'il avait sous son contrôle.
« D-D'accord ! » bredouilla le capitaine, faussement effrayé par l'imposante aura de la prisonnière. Alors, il tourna les talons. « Par là ! » indiqua-t-il en la menant vers ses appartements. Pourtant, le tisseur de mensonge s'arrangea pour que cette destination ne parusse pas le moins du monde menaçante pour la Bleue. Au contraire : derrière cette porte se tenait la liberté, l'océan harmonieux qui l'avait toujours chéri et, surtout, l'absence totale des humains de la surface.
La supercherie éclata et dès que la sirène eu posé un orteil dans la cabine, le décor changea sans que cela ne paraisse décousu ou étrange - c'était là toute la beauté créatrice de ce théâtre nocturne : la logique était redéfinie selon le bon vouloir de son artiste. La jeune fille était à présent la figure de proue du navire : elle avait fusionnée avec le bateau, esclave du désir des hommes. Malgré sa détresse, elle n'avait d'autre choix que de foncer vers ses soeurs que les matelots s'empressaient de pêcher avec une avidité morbide. Le Sylphe savoura la vision pendant quelques temps, s'amusant du désarroi de la rêveuse. Plus elle luttait contre ses idées, et plus il se trouvait satisfait.
Finalement, Phobos se mit à broder d'autres détails, ouvrant les alentours à la perception de l'endormie, comme pour rendre cette réalité plus tangible qu'elle ne l'était déjà. Et c'est ainsi que l'on se rendait compte de la petitesse de cet univers. Car ce n'était pas une mer sans limite, ni un océan infini : cette mère houleuse était contenue dans une simple bouteille. Et les mers déchainées qui soulevaient l'Ondine n'étaient aucunement du fait d'Aylidis, mais de l'enfant qui secouait l'objet décoratif avec un enjouement un peu trop forcé. Le ciel avait été remplacé par son visage curieux qui se collait au verre, essayant d'admirer la silhouette de la captive.
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|  | | Susannah ~ Sirène ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 238 ◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021 | Sam 25 Fév 2023, 09:20 | |
| ![[Q] Que tes mers se déchaînent | Susannah 8ocw](https://zupimages.net/up/23/04/8ocw.jpg) Que tes mers se déchaînent
Susannah offrit son visage au soleil. Elle ne craignait pas sa brûlure. Sa peau de bois ne s'érodait pas sous ses rayons. Ses longs cheveux dévalaient en cascade dans son dos dénudé, larges tentacules rigides qui avaient conservé leur teinte océan et qui s'animaient mystérieusement à chacun des mouvement de la figure de proue. Le bateau s'inclina à nouveau en prenant la partie descendante d'une gigantesque vague. Elle grimaça sous les éclaboussures qu'elle recevait mais ses mains allèrent cueillirent la mer dans le creux formé par ses paumes. Un négligeable échantillon de ce qu'elle avait perdu. Son paradis toujours à portée de main mais à jamais inaccessible. Elle voyait parfois des processions de ses anciennes congénères effleurer la surface bleutée pour la regarder, tantôt perplexes, tantôt outrées de ce traitement. Susannah n'avait que des larmes amères à leur offrir, blocs taillés dans le bois qui heurtaient l'océan par paquets tandis qu'elle les voyait ensuite prisonnières des filets comme elle-même l'avait été.
Elle perdait sa mobilité à partir du nombril où le reste de son corps fusionnait avec la coque du navire. L'équipage avait appris à rester à bonne distance de ses bras. Certains imprudents avinés avaient eu l'arrogance de croire la Sirène domptée. Elle les avait dévorés, arraché leur tête pour la recracher dans la mer. D'autres avaient simplement disparu dans sa gueule ouverte. Ils avaient mis des journées entières à mourir, leurs poings fragiles frappant la paroi interne de son ventre avec de moins en moins d'ardeur alors que les forces les abandonnaient. Elle n'avait pas réussi à attraper le capitaine. Il s'était montré malin. Elle payait cher la confiance accordée.
Comme pour marquer son indignation, la mer s'agita furieusement et la charpente de Susannah grinça pour lutter contre cet élément qui n'avait jamais été un ennemi jusqu'à présent. Bringuebalée comme une noix sur les vagues déchaînées, elle aperçut par intervalles un éclat scintillant dans l'air, anormal. Elle plissa les yeux et quand un visage énorme envahit l'horizon, déformé par une glace épaisse. Le hurlement qu'elle poussa n'avait rien d'humain. Il était caverneux et rauque. Basculant son buste en arrière, la bleue tenta de ralentir son navire pour échapper à la vision mais les vagues la ramenèrent au centre. Elle voguait sur un petit rectangle, sans issue. Désormais, elle voyait aussi les gigantesque doigts zébrer le ciel quand il secouait son habitacle. Son faciès déformé par l'horreur, elle refusait de croiser son regard. Elle ignorait ce qui la terrifiait le plus, d'être à jamais piégée dans cette gangue de cristal à braver des tempêtes ou que cet enfant réussisse à l'attraper.
Message IV | 460 mots
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|  | | Bellada Ward ~ Magicien ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 876 ◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥ ◈ Activité : Cuisiner avec amour ! | Mer 01 Mar 2023, 15:28 | |
|  Que tes mers se déchaînent Susannah & Phobos
L'enfant grandissait, prenant de plus en plus de place, de plus en plus d'espace dans ce décor. Il était telle une présence divine surplombant le monde mortel ; cet Aetheri-ci ne semblait cependant pas des plus bienveillants, son sourire sadique s'élargissant à vue d'œil. Sa morphologie évoluait, laissant deviner un temps infini qui s'écoulait - une véritable éternité pour la captive. Et, pourtant, le tortionnaire ne se lassait pas de pencher puis secouer son jouet, observant la houle devenir vagues, tsunami, ouragan. Les eaux maltraitaient une fois encore la Bleue, semblant la renier pour avoir rejoint le camp des ennemis : qui croyait-elle donc être pour oser prétendre dompter celle qui l'avait autrefois accueilli en son sein ? Des éclairs zébraient le toit de verre, découpant des ombres sinistres sur la prise suffocante du maître du jeu.
Le bouchon de la bouteille s'ouvrit. Puis, peu à peu, l'eau s'y écoula, créant un courant de plus en plus puissant contre lequel on ne put bientôt plus lutter. Le tourbillon qui malmenait la coque du navire la dirigeait vers ce point au bout du monde. Cette limite derrière laquelle rien ne l'attendait : rien d'autre que du vide ou du néant et, toujours, ce géant qui chamboulait son univers. « Et qu'y a-t-il par delà la fin du monde ? Rien. Juste une noirceur absolue et un désespoir plus glacial que le plus froid des hiver que ces terres aient jamais connues. » Le vertige menaçait la rêveuse.
Tandis qu'elle tombait, la charpente du bateau se désagrégeait : c'était comme de lui arracher les écailles une à une. Chaque poutre qui ployait sous le poids de la gravité était tel un os que l'on brisait. Finalement, la trace du navire finit par disparaitre tout à fait, après avoir laissé la statue tout à fait meurtrie : si elle avait retrouvé une forme humanoïde, ses jambes étaient désormais incapables de se transformer en queue. La Bleue continua de chuter pendant quelques secondes, avant de finalement rencontrer un sol jonché d'éclats de verre. Elle venait d'apparaitre dans un palais en ruine, sous les profondeur de l'océan - un Palais qu'elle connaissait très bien, ou qu'elle découvrirait dans un futur proche pour y passer la pire des nuits : la chronologie était quelque peu décousue dans le monde des songes. Bien que les fenêtres furent éclatées et en morceau sur le sol, l'eau n'avait pas submergé le bâtiment, la physique n'ayant aucune prise sur l'onirisme.
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|  | | Susannah ~ Sirène ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 238 ◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021 | Dim 19 Mar 2023, 08:12 | |
| ![[Q] Que tes mers se déchaînent | Susannah 8ocw](https://zupimages.net/up/23/04/8ocw.jpg) Que tes mers se déchaînent
Le navire apparaissait et disparaissait par intervalles irréguliers entre les crêtes hérissées de vagues de plus en plus hautes et belliqueuses. L'équipage avait disparu. Susannah était seule. Ses traits frappés dans le bois se tordaient de terreur, prêtant au faciès de la proue une humanité anormale qui lui donnait l'apparence d'un monstre. Le chaos de la tempête avait vaincu ses tentatives pour se garder à flots et elle s'enserrait désormais de ses bras dans une tentative de réconfort et de défense inutile face aux éléments. Son ciel était devenu un énorme visage barré d'éclairs. Elle reconnût l'avidité luisant au fond de ses yeux, c'était la même que celle du capitaine plus tôt, la même que de nombreux hommes qui rêvaient d'asseoir leur domination sur les filles d'Aylidis. Son coeur se serra alors que le courant l'entraînait brusquement en avant. Il allait la dévorer, elle le savait car c'est ce qu'elle aurait fait à sa place. Combien de fois avait-elle déchiré la chair des hommes, parfois par simple désir d'entendre leurs couinements désespérés, pour alimenter les légendes sur son peuple, ou juste parce que c'était dans la nature des choses et que sur la chaîne alimentaire, elle se plaçait sur le maillon supérieur. L'entité qui allait la cueillir était bien, bien plus au dessus et toute révolte était vaine.
Emportée contre sa volonté jusqu'à l'ouverture, Susannah plongea et au lieu de la gueule de l'être, c'est le vide qui l'embrassa. Ses lèvres invisibles lui arrachèrent sa camisole de bois et elle hurla. Le vent contre la peau nouvellement formée sur ses jambes était comme mille couteaux tailladant son épiderme sensible. Des larmes coulèrent sur ses joues de nouveau molles et douces. Sa chute prit fin sur un sol hostile et les bris transparents se maquillèrent de rouge alors que son corps s'y écorchait. De sa bouche s'échappait d'involontaires gémissements tandis qu'elle rampait, incapable de se lever sur ses jambes brisées. Sa coque de bois disparue, elle était dans un entre-deux où chaque monde lui était interdit. L'océan ne caresserait plus ses nageoires sur son sillage et ses jambes étaient trop faibles et meurtries pour lui être d'une véritable utilité sur la terre.
Son courage n'était plus qu'une flammèche fragile, prête à s'évanouir au moindre instant. Instinctivement, elle sut que le décor lui paraissait familier. Le tapis moisi, érodé par le sel, gorgé d'humidité, dégageait une odeur qui lui inspira un profond malaise. Elle y avait été allongée, quand on l'avait privée de la liberté de ses mouvements. Sur son teint devenu pâle jouaient les reflets bleuâtres des profondeurs. Dépouillée de sa morgue, sa fierté en lambeaux, elle gémit à nouveau et à genoux, plongea son visage dans ses mains, prête à s'abandonner au désespoir.
La Sirène quitta le berceau de ses doigts quand une présence se manifesta. Luttant contre la crainte et l'envie d'aller se cacher, roulée en boule dans un coin, elle se releva en grimaçant sur des jambes flageollantes et couvertes de plaies suintantes. Appuyée d'une main sur le chambranle rongé d'une cheminée pour rester debout, la bleue planta son regard dans celui de l'homme.
Message V | 555 mots
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|  | | Bellada Ward ~ Magicien ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 876 ◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥ ◈ Activité : Cuisiner avec amour ! | Lun 20 Mar 2023, 17:16 | |
|  Que tes mers se déchaînent Susannah & Phobos
L'enfant avait retrouvé une taille dénuée de gigantisme : l'atmosphère autour de lui était moins écrasante mais conservait un quelque chose d'intimidant. Il s'approchait de la Sirène - si on pouvait l'appeler ainsi, car elle semblait avoir perdu tout ce qui faisait d'elle une ondine. L'Enfant des Rêves l'avait dépouillée de ses capacités aquatiques, la privant de sa queue, de ses écailles et de ses nageoirs ; il lui avait volé sa splendeur, réduisant le charisme magnétique qui avait irradié de sa confiance en elle. Elle n'avait plus la protection de l'océan, ni celle de son aura. Mais elle possédait encore une chose : sa voix. Celle que redoutaient tant de marins, et que jalousaient tant de femmes. Il s'agissait d'une arme redoutable, qu'il voulait briser, ici et dans l'autre monde. L'être des Songes désirait l'en déposséder, comme il l'avait fait avec tout le reste. « Sans sa voix pour charmer, l'hypnotiseuse n'est plus qu'une vulgaire femme, dépourvue de charme. »
Phobos s'avança d'un pas lent. Son regard se leva, découvrant avec curiosité le décor morbide. Les murs étaient tapissés de tentures dépeignant des scènes de pêche. Des harpons étaient accrochés, tels des armes de collection. Quelques hameçons venaient compléter le spectacle de mort. Phobos n'aurait pas besoin de tout cela pour achever son œuvre cauchemardesque.
« N'as-tu pas peur de te bruler ? » Le regard du prédateur se porta soudainement sur la cheminée à laquelle s'était appuyée sa proie. Les flammes, rendues vertes par un jeu de lumière inquiétant, vinrent lécher les jambes abimées de la jeune femme. Elle avait encore du courage. Une force d'esprit contre laquelle le manipulateur ne pouvait lutter mais qu'il désirait brider totalement.
Le garçon s'approcha de l'adolescente. Il replaça une mèche de cheveux humides derrière son épaule. « J'ai un service à te demander. » Il disait ça l'air de rien, mais le sous-entendu était plus qu'audible. Il n'y avait pas la place pour un refus. Il s'agissait d'une épreuve supplémentaire - encore une, mais qui la rapprocherait de la fin de ses tourments. « Chante pour moi. » Il tendit la mains et attendit que la Bleue élève sa voix mélodieuse. Lorsqu'elle commença, un sourire s'esquissa sur les lèvres de l'auditeur. Une étrange fumée blanchâtre s'échappa de sa gorge, et vint se loger dans le creux de cette main dévastatrice. « Plus fort. » pressa le capricieux. Plus elle forçait sur ses cordes vocales, plus la fumée devenait épaisse, opaque. « Encore. » Plus la fille de l'océan chantait, plus sa voix lui échappait, se transformant en filet de voix, jusqu'à s'essouffler. La fumée venait de se transformer en bille solide, sur laquelle le tyrannique referma les doigts. Le diamant se transforma en dérisoires cristaux de sels et, lentement, le cauchemar se rapprocha de l'une des fenêtres : il plongea la main à l'extérieur, et relâcha les souvenirs de la voix brisée.
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