Une histoire de chocolat chaud

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Sympan fit la moue, après avoir goûté le chocolat chaud que Læn venait de lui préparer. « Hum… » « Quoi ? » bougonna l’autre. « Rien. » Le faux Magicien l’observa davantage. C’était sûr qu’il y avait quelque chose. « Parle. » ordonna-t-il, déjà sur les nerfs à cause d’une débile qui avait souhaité qu’il recommence son café parce qu’elle l’avait trop sucré. Était-ce de sa faute, si le monde était peuplé de gros cons ? « C’est juste que… quand j’ai demandé un chocolat chaud, je pensais que tu me le ferais avec de l’eau. Or… ce n’est pas de l’eau. » « Non, c’est du lait. » « D’après mon livre sur les boissons chaudes, le chocolat chaud avec du lait est considéré comme une hérésie par six races différentes. » Læn soupira, plaça le torchon qu’il tenait sur son épaule et croisa les bras. Qui possédait un livre sur les boissons chaudes, sérieusement ? « Laisse-moi deviner. Il s’agit principalement des bouffeurs de carottes ? » « … Ce n’est pas faux. » « Ouais. Donc quand les gens qui n’ont pas de goût auront arrêté de donner leur avis, peut-être que tu arrêteras de me les briser. Le chocolat chaud, c’est avec du lait. » « Alors… » commença-t-il, en levant son index en l’air à la manière d’un professeur un peu trop tatillon. « Sympan ? » « Oui ? » « Ferme ta gueule, sinon je te jette dans la poubelle de la cuisine. » Une place qu’il rêvait d’attribuer à Susannah. Ça lui ferait un trône merveilleux. Elle serait enfin à sa juste place, au milieu de ses semblables.

Lorsque l’Ygdralfar eut enfin débarrassé le plancher, Læn recommença son ménage. Il était tard, pile-poil dans le créneau où les étudiants de jour avaient pour la plupart regagnés leur dortoir et où les Vampires et autres créatures nocturnes n’avaient pas encore gagné la cafétéria. Le faux Magicien avait bientôt fini son service et attendait la relève. Il ne rêvait que d’une douche et de son lit. Il lui restait encore la machine à chocolat chaud à démonter afin de la faire nettoyer. En effet, il était tombé dans l’une des seules cafétarias de Basphel qui avaient été prévues pour pouvoir accueillir les Humains. Tout se démontait donc à la main et tout fonctionnait de façon traditionnelle. La magie était limitée, afin qu’un Humain ayant un Ma’Ahid trop puissant ne pût pas provoquer une panne générale. Cela dit, les étudiants qui étaient doués d’une magie puissante, pouvaient toujours s’aider avec la leur lorsqu’il n’y avait pas d'Enfant de Sympan. Vu que Læn était nul, il n’y arrivait pas. Néanmoins, il préférait aussi tout faire à la main. Au-delà du fait qu'il n'avait pas envie de se taper la honte à tout rater, ça lui rappelait son projet, dans les hangars. Il aimait bien travailler la matière. Monter et démonter les rouages n'était pas aussi horrible que faire le service. Basphel possédait une technologie bien plus avancée que la plupart des peuples d'ailleurs.

Son prénom officiel c'est Johannês ^^

Une histoire de chocolat chaud

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Sympan regarda passer Jil. Il s’arrêta, son chocolat à la main, et laissa son regard se poser sur ce qui était plus qu’évident : les taches de rousseur de la jeune femme. Un autre garçon aurait sans nul doute regardé ses seins mais lui n’était pas tout à fait bien constitué. Il adorait mesurer les fessiers, faire des études sur la longueur de chaque partie de l’anatomie et se poser des questions aussi utiles que celles-ci : les kystes ovariens pouvaient-ils atteindre la taille d’un poulet rôti ? Pouvait-on faire un collier avec des verrues ? Combien de taches de rousseur se trouvaient-elles étalées sur le visage de la professeure ? Voilà. C’était tout ce qui lui importait. Savoir qu’on pouvait lécher un mamelon et provoquer le délice chez le possesseur de ce dernier faisait partie du bagage de n’importe qui. En d’autres termes : aucun intérêt. « Excuse-moi… c’est du chocolat avec du lait que tu bois ? » Il tourna les yeux vers une fille qui fixait le contenu de son verre. « Oui. » « Je le savais ! Je l’ai senti. Savais-tu que c’était bien meilleur pour la santé avec de l’eau ? Le lait provient souvent des vaches et est destiné aux veaux. Es-tu un veau ? » Il la fixa. « Bien sûr que non et c’est d’ailleurs ce que je me tue à leur dire, figure-toi ! Mais il n’y avait plus que ça. Je pense peut-être me lancer dans une expérience avec… » « Quel genre d’expérience ? La dernière que j’ai faite avec du lait a été un succès mal compris. J’ai pris du colorant alimentaire et un liquide très particulier dont je vais t’épargner le nom. En mettant le colorant alimentaire dans le lait et en laissant couler un peu de ce liquide, le lait bouge. » « Je ne vois pas en quoi ça pourrait être mal compris. » « Oh… Je l’ai fait dans le bassin de lait d’ânesse de ma mère. Elle dit que ça rajeunit mais sa théorie est non fondée. Plus le temps passe, plus elle devient ridée, comme ces chats que l’on trouve chez certaines peuplades du désert. » Sympan était enchanté. Plus qu’enchanté, même. « Je m’appelle Sympan. » « Drejtësi. » Par-fait.

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Sur une échelle allant d’un à dix, le sursaut que fit Læn aurait pu être évalué à huit et demi. Il faillit faire tomber la machine et se rattrapa lui-même de justesse. « Putain de… ! » s’exclama-t-il, avant de se retourner vers la personne qu’il allait probablement massacrer dans les quinze secondes à venir. Il se figea en voyant Jil. « Qu’est-ce que ? » N’importe qui d’autre aurait été embarrassé de s’être emporté devant une professeure. Cependant, le souci du faux Magicien, c’est qu’il était sanguin et qu’il aimait faire comprendre à ceux qui possédaient l’autorité qu’il ne leur obéirait pas. Il aimait contredire, juste pour le plaisir de contredire. Il fit claquer son torchon sur son épaule et le laissa là, avant de s’avancer, les sourcils froncés. Bon… tout compte fait... elle était assez impressionnante, plus que lui. Il la laissa donc parler, sans oser lui crier dessus. Cependant, il se dit qu'elle ne perdait rien pour attendre et, pour montrer son mécontentement, croisa les bras. « Disons que ça allait mieux avant que vous ne criiez au beau milieu du réfectoire… » grommela-t-il. « Ce que je veux ? » Ouais. Ouais, il gagnerait du temps si elle nettoyait la machine. Mais, d'un autre côté, peut-être que c’était un piège pour voir s’il effectuait correctement son travail...

Alors qu’il réfléchissait, ses yeux descendirent un peu, jusqu’à se poser sur la chemise blanche de Jil. Son visage changea de couleur et vira cramoisie. « Vous… Vous… » Cette femme était un enfer. Il se retourna et se dirigea vers la machine à chocolat chaud pour lui en servir un. Il ne voulait pas penser à ce qu’il avait vu. Est-ce qu’elle avait fait exprès ? Lorsqu’il revint, il posa rapidement le gobelet sur le comptoir. « Voilà. » grogna-t-il, entre ses dents, tel un ours des cavernes mal léché, avant de recroiser les bras. « Vous allez euh… nettoyer à ma place. Et… » Ses yeux redescendirent. Il déglutit. « Et c’est tout. » continua-t-il, avant de conclure brutalement, en déposant son torchon à côté d’elle. « J’me casse maintenant. Si le travail est mal fait, pas la peine d’en demander un autre la prochaine fois, vu ? » Il n’allait pas se laisser démonter par une paire de seins. Bordel.

Il ne demanda pas son reste et se barra, en se disant qu’elle allait peut-être lui donner une heure de colle pour lui avoir parlé comme ça. Mais elle, elle en méritait au moins dix-milles pour sa tenue.