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 La musique du rêve | Jun et ceux qui veulent

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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◈ Parchemins usagés : 4049
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Dim 21 Fév 2021, 01:14



La musique du rêve

Explications : C'est un rp sans logique ni chronologie qui se passe en rêve. L'objectif est de mettre en scène un ou plusieurs rêves musicaux, où votre personnage joue d'un instrument ou chante. S'il fait des rêves lucides, il peut en prendre le contrôle, sinon il subit. Chaque message est normalement indépendant des autres mais on peut faire des mini-duos ou trios en un ou deux messages chacun. Ce qui nous plairait de faire, à un moment, c'est une suite orchestrale avec plusieurs personnages qui jouent en même temps, dans un même rêve. Les messages dans ce rp n'ont pas l'obligation d'apparaître dans l'ordre chronologique, c'est pour ça que ce serait plus intéressant de noter le rp qui précède votre message ou de préciser après quel événement dans la vie de votre personnage il a lieu, afin que l'on puisse situer. Ce n'est pas obligatoire vu qu'on peut très bien ne jamais interagir les uns avec les autres. C'est juste pour satisfaire notre curiosité.
Rp précédent : Non encore rattaché mais après l'acquisition de la Couronne des Orishas et avant le retour de Kaahl dans le Monde des Contes.


Et d’un ersatz de volonté, je me séparai. La Déchue se mit à chanter, de sa voix enrouée. Je l’avais souhaitée ainsi, comme pour montrer au monde le déraillement de son être. Elle était forte, elle était fière mais, au fond, sa Colère emportait tout sur son passage, jusqu’à sa propre existante, la mienne. Ma propre Colère allait au-delà des mots. Durant mon existence entière, j’avais veillé à contrôler la moindre parcelle de ma vie, comme un métronome régulier et précis, ne devant jamais s’arrêter, afin de guider au mieux le musicien sur sa partition. Alya représentait ma rage, cette rage déferlante qui hurlait son mécontentement. Elle était reine de mon château de cartes. Du haut de sa tour d’ivoire, elle faisait vaciller les fondations de celui-ci à coups de drogues et d’alcools. Il valait mieux oublier, parfois, oublier tous ces gens qui parlaient et tout ce bruit, oublier que j’étais probablement le pire Sorcier que l’humanité eût engendré. Comment faire le mal en ressentant les émotions de ceux que je torturais ? Comment créer le chaos lorsque celui-ci me démangeait par son irrégularité ? Son charme désordonné sonnait pour moi comme une torture interne, quelque chose de déchirant qui ne manquait jamais d’irriter mon épiderme. Pourtant, j’en arrivais à apprécier cette fissure. Comme une envie de me foutre en l’air, j’aimais nager dans les ténèbres, au point de percevoir la lumière à l’intérieur de ces dernières. J’adorais souffrir en chœur avec mes victimes et laisser les frissons m’envahir avec intensité, jusqu’à ce que ma raison me chuchotât que tous ces sacrifices servaient ma cause. J’aimais tuer, voir la vie s’échapper des corps et des regards suppliants. J’entendais la voix de mes proies ensuite, tout en feintant d’ignorer les Esprits qui flottaient autour de moi par milliers. Pourtant, quoi que l’on pût en dire, la plupart des assassinats que j’avais ordonné concernaient les engeances maléfiques. J’étais tordu, instable, tout en aimant paraître sécurisant et fort. Je jouais bien la comédie. La Déchue, elle, ne le faisait pas. Elle vivait sans se poser aucune question, son existence faite de pulsions de vie et de mort inarrêtables. Elle buvait pour oublier mes fautes, elle se droguait pour oublier ma réalité. Elle fuyait là où je ne pouvais pas le faire. Fuir. Pourquoi faire ? Pour aller où ?

Assis sur son trône, Elias jouait du violon. Je le fixai d’un œil rempli de mépris, lui que rien ne rattachait à la réalité. Le conte de sa vie n’était que fictions et rumeurs. Lorsque je l'incarnais, je me contentais d’être aussi froid qu’une porte de prison. Il était haut, rachitique, gris et terne. Il semblait ne ressentir rien d’autres qu’un implacable vide, régi par une politique de résultat inébranlable. Roi de l’échiquier réunissant le grand jeu des Magiciens et des Sorciers, il fomentait des dizaines de coups à l’avance sans pouvoir bouger de plus d’une case à la fois. Son inflexibilité me donnait la nausée, à moi qui étais aussi la Reine. Kaahl était la Reine noire, déguisée en oie blanche, du Roi noir. Chef d’orchestre de mes propres objectifs, je donnais à mes desseins une probabilité d’existence en changeant à chaque seconde de visage. Tantôt chevalier blanc, combattant pour le bien, tantôt fou destructeur, mes combats étaient divers mais n’étaient fondés que sur l’idée de ma propre réussite. J’avais besoin d’Elias pour donner un alibi à Kaahl. J’avais besoin d’Elias pour expliquer la montée en puissance de Kaahl. Ce Roi Noir, sur son trône de granit, permettrait au Roi Blanc d’émerger, dans un spectacle digne d’un chef d’œuvre. Et ce chevalier, si aimable et honorable, était en train de jouer du piano. Monsieur parfait, ennuyeux à mourir, me donnait envie de me tailler les veines. Chaque fragment de son existence, trop irréprochable, m’écœurait bien plus que le regard acier d’Elias. Il mentait et se mentait. Il était aimable et aimé. Il était pire que le Mage Noir, parce qu’il marchait sur un fil invisible. Un pas de travers et il rendrait réelle la souffrance de son entourage et sa propre souffrance. Trop de monde dépendait de lui, des gens qui n’avaient rien demandé. Mais ceux-ci l’aimaient et l’amour qu’il leur rendait en retour était très relatif. Il trompait et se trompait. J’aimais pour lui et je le haïssais pour ses non-dits. Là où Elias débectait, Kaahl faisait presque l’unanimité. Pourtant, tous ces visages m’appartenaient. Le monde n’était qu’une infinité d’illusions. Les gens voyaient uniquement ce que je leur permettais de voir. Ce constat effrayant me plongeait dans un océan fait de givre. Je m’y noyais, en me demandant quand, exactement, une personne serait capable de me regarder dans les yeux et d’y voir mon jeu. Je m’y écorchais, en attendant qu’une simple phrase fût prononcée de la part d’un œil vif et assuré. Comment pouvais-je valider mon identité si j’en oubliais moi-même sa réalité ? Alors, je voulais ce regard, perçant, qui me ferait l’effet d’une ancre jetée entre les déferlantes, une ancre à laquelle me raccrocher et me retrouver.

Je finis par me fondre au milieu du Rêve, entre mes masques. Les vibrations du violon qui était apparu entre mes doigts firent trembler l’entièreté de mon être. Leur force balaya ma chair et mes os, jusqu’à faire tressauter mon âme. J’accompagnais Elias parce qu’il me paraissait le plus sincère dans son comportement, le plus proche de mes idées, malgré sa terrible réputation. Il ne fallait pas oublier que j’étais un Génie, un vendeur d’illusions, un marchand de rêves et un distributeur de cauchemars. Pendant que le Réprouvé jouait les percussions, que l’Orisha observait les liens qui nous unissaient aux instruments et que l’Ange fixait l’horizon fait des trois lunes, un petit sourire germa sur mes lèvres. Je frémis, en pressentant qu’il y aurait encore d’autres masques. Et, au centre de ce décor, une silhouette commençait à se dessiner : mon véritable moi.

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
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Jun Taiji
Mer 03 Mar 2021, 14:39



La musique du rêve




Période : Ère du Chaos du Cristal. Avant le couronnement.

Il tombait. Le ciel était rempli de nuages d’un blanc qui en était presque appétissant. Cet espace ressemblait à des îles flottantes. L’aspect ouaté des cumulus était magnifié par la lumière du soleil qui se reflétait dessus. En bas, il y avait une plaine verdoyante au sein de laquelle coulait une rivière calme et paisible. Il devait se trouver au-dessus des Terres d’Émeraude. S’il chutait, sa chute n’avait pas la saveur de la mort. Elle était lente. Le vent gonflait les manches de sa chemise. Il s’infiltrait dans le tissu et fouettait sa peau. Le vêtement produisait un bruit caractéristique. Les voix s’élevaient autour de lui, comme un refrain exaspérant. « Ezechyel, tu es un Rehla. Tu ne peux décider du chemin qui sera le tien. Apprends et cesse d’essayer de te rebeller contre l’inéluctable. » « Tu sais bien qu’il te faut séduire l’Impératrice Noire. C’est la volonté du Destin. » « Mais où est donc encore passé ce gamin ? » « Comment ça, il est parti dans le passé ? » Il avait toujours été plus ou moins désobéissant. Il faisait ce que le Destin lui dictait mais lorsque ce dernier était silencieux, il partait courir les époques et les espaces, à la recherche des morceaux de son Âme, à elle. Il divisait la sienne pour mieux la protéger, il se divisait, encore et toujours. « Mais il doit être couronné demain ! C’est inadmissible ! » Il courait le temps parce que c’était la seule façon qu’il avait trouvé de lutter contre son propre Destin. Le présent ne souffrait pas de ses absences car il revenait toujours à temps pour supporter sa fonction et mener à bien sa mission. Il jouait la comédie et ce fait possédait un petit côté clownesque. Il pouvait donner l’impression d’être méchant, jaloux et possessif à son bon vouloir. Parfois, il aurait voulu s’oublier dans ses rôles. Ça n’arrivait jamais. Il était toujours conscient de lui-même et du mal qu’il faisait autour de lui. Il ne le voulait pas mais il ne pouvait aller à l’encontre des Étoiles et de la Lune. Pourtant, il n’était pas seul et il le savait. Dans le futur, il avait quelqu’un. C’était le cas depuis son enfance. Bien sûr, depuis le début de sa vie, il n’avait eu de cesse de subir le Phénix. Néanmoins, peu importe le temps, il y avait toujours cet autre. Il ne savait comment l’appeler ni comment le nommer. Il était là et, périodiquement, ils échangeaient leur place. Lui aussi était un Enfant des Étoiles, ou il le deviendrait. Il ne savait pas vraiment. Et cet autre, il avait l’impression de le connaître autant qu’il se connaissait lui-même. Comme un jumeau, un double.

Lorsqu’il atterrit sur la terre ferme, entre les herbes hautes et folles des Terres d’Émeraude, il regarda l’horizon. « Pourquoi fais-tu semblant d’être brun, Ezechyel ? Pourquoi empruntes-tu un visage qui n’est pas le tien ? » Il inspira, en essayant de faire taire les voix de son songe. Il voulait du calme. Doucement, il fit apparaître un violon entre ses mains. L’instrument lui plaisait. C’était une œuvre d’art à part entière. Le luthier qui avait travaillé dessus y avait mis son énergie et son savoir-faire. Le vernis qui couvrait le bois le faisait briller. Il n’avait pas besoin de l’accorder ici, car il savait que la mélodie sonnerait juste. Il prit l’archet. Il avait besoin de quelqu’un pour l’accompagner au piano. À deux, le morceau aurait été d’autant plus beau. Ce n’était pas la première fois qu’il commettait des atrocités ou les ordonnait mais elles restaient gravées dans un coin de sa mémoire. Il n’arrivait pas à s’en défaire. C’était comme si chaque mort marquait sa chair. Pourtant, il savait que n’importe quel combat nécessitait des pertes. Pour satisfaire les caprices du Destin et arriver à l’instant propice, celui que tous attendaient, il devait faire des sacrifices. Néanmoins, il n’était pas certain qu’il saurait encore répondre à l’appel du Destin lorsqu’il deviendrait le Sympan. Car c’était bien de ça dont il était question. Alors, il jouait un air à la fois merveilleux et triste. Le crin sur les cordes faisait vibrer l’âme de l’instrument et se répercutait dans son être tout entier, jusqu’au tréfond de son Âme à lui. Et dans ses yeux verts, le ciel se noyait. Certains le définissaient comme fort, d’obéir ainsi à des directives qui lui paraissaient immorales. D’autres le trouvaient déviant, de s’évader dès qu’il le pouvait. Lui, s’en fichait. Il voulait simplement retrouver son autre.  

749 mots
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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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Latone
Ven 05 Mar 2021, 12:26




Chronologie : Quelques temps après son premier contact avec Senere.



Il était un monde tiède. Il était un monde empli de ténèbres et d'ombres. Il était un monde où le toucher se fondait à l'écoute. D'un craquement de phalanges, les cordes vibrèrent. Leur emprise métallique se frottèrent à sa peau nue. Latone ne faillit pas. Les yeux fermés, son ouïe se focalisa sur les vibrations tout autour d’elle. Elles pouvaient n’être que des tonalités de son quotidien et de son entourage habituel, ou plus encore : s’étendre jusqu’aux confins du monde. Jusqu’au sommet de l’Edelweiss Enneigé. Jusqu’aux Îles Suspendues. Jusqu’aux Terres Arides, en Enfer. Jusqu’à la Vorace, à Nementa Corum. Jusqu’aux tours de la Cité des Astres. Jusqu’en des abysses de l’Océan. Jusqu’aux profondeurs du Continent des Glaces. Jusqu’à l’attention des Ætheri. Toute histoire a un écho. Ici, il lui suffisait d’être sensible à cette mélodie du Monde, de s’en imprégner avec parcimonie, au risque de se perdre à tout jamais.

Au centre de ce tumulte, les paupières de l’Orisha se rouvrirent sur cet espace oblitéré. Les Échos pouvaient être captés et renvoyés. Sans réellement comprendre si tel était le fruit de son imagination ou la tangibilité de leur réalité, Latone entrevit cette succession de cordes. Comme prisonnière, il lui suffirait du moindre mouvement pour troubler l’équilibre du silence. Certaines d’entre elles s’enchaînèrent à son corps, telle une marionnette. Ainsi était-ce d’être le support des Échos. Entre ses mains reposaient un instrument dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. De la famille des cithares, l’appareil semblait être le fruit d’une symbiose entre le luth sophistiqué et la harpe revisitée. Deux manches, deux familles de cordes distinctes, une maîtrise aussi inatteignable qu’ensorceleuse. D’une minutie délicate, Latone pinça l’une des cordes et la fit vibrer entre ses doigts. Aussitôt, l’écho se répercuta sur l’ensemble de la toile et secoua son enveloppe d’une énergie électrique durant plusieurs secondes. Malgré son excessive confiance en sa robustesse, elle dut s’accorder un temps d’adaptation avant de réitérer l’exercice. Une action, une vibration. Elle recommença encore et encore. Durant des minutes, peut-être des heures. Tout ce qu’il lui importait, c’était de comprendre la moindre capacité de cet instrument, la subtile mélodie dont elle pouvait en retirer. Seule, Latone apprit et commença à ne faire qu’un avec la chimère des cithares.

Son regard s’éperdit à nouveau dans la noirceur, scellant le plus possible toute sollicitation de ce sens inutile au sein des Échos. Les muscles non conviés à la manœuvre se contentèrent de flotter dans le vide. La Marcheuse pourrait croire que la noyade ou la chute l’attendait au moindre faux pas ; mais ce n’était point elle qui jaugeait son équilibre en cet espace, c’étaient les cordes qui la retenaient et l’obligeaient à se joindre à l’orchestre. Les vibrations berçaient son esprit jusqu’à maintenant. Cette fois, il était de son devoir de produire son propre cri. La Voix tue, elle fit s’écouler l’héritage de Senere jusqu’à l’apex de ses doigts. Un pincement après l’autre, Latone joua de la harpe et de la guitare dans un rythme posé et mélancolique. Elle se sentait exactement comme à Zyurm, là où elle revêtait les traits et l’état d’esprit de Lolaha. Comme portée par les Hihtyx qui lui contaient le sens de son passé enfoui. Finalement, comme elle-même.

La mélodie se suffisait à elle-même, son Sideri chantonné lorsque les Échos atteignaient la moindre oreille attentive. Latone s’adressait à ces ténèbres insondables, sa seule compagnie sur l’instant. Elle réagissait à ces visions, à cette vie qui n’était plus la sienne mais la simple rémanence d’une ère éloignée, d’un lieu inaccessible. Elle chantait avec le Silence, ne le suppliant ou ne l’invitant pas, mais lui rappelant leur relation conflictuelle. Elle cherchait à donner un sens à cet éveil de la Voix, se balançant entre lui donner raison sur ses intentions primaires ou lui faire comprendre qu’un tout autre futur se profilait vers l’horizon. Car c’était ainsi que son existence avait suivi : c’était Vivre. Vivre et décider. Latone jouait son nom entre les voiles tremblants et cherchait à tous les atteindre. C’était ainsi. C’était son but ; son rêve.

Bientôt, l’opacité se détériora au profit de scintillements distincts. Naturellement transportée par la musique, Latone les suivit et tenta de les rattraper. Encore trop éloignée, elle échoua à les accompagner pour le moment. Sa Voix pourrait bien se joindre à leur concours, tant elle vibrait à cette idée d’éclater.



793 mots ~



By Jil ♪
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 09 Mar 2021, 21:28



La musique du rêve

Rp précédent : À placer, après Invasion.


Autour de moi, le monde était sombre. Le décor se perdait dans un bleu foncé qui ne faisait que s’accentuer au fur et à mesure des centimètres, pour finir par disparaître dans un noir à la couleur du néant. Il n’y avait pas de décor, de toute façon, juste les encyclies formées par mes pieds sur la surface d’un lac sans fin et sans fond. Celles-ci, de la teinte des plumes d’Anges, éclairaient faiblement l’ensemble, sans que jamais leur lumière ne se projetât bien loin. Le Bien était contenu dans un espace façonné de ténèbres. Mon apparence n’était pas la mienne, qu’un ersatz de celle qui m’avait appartenu lorsque j’étais plus jeune. Les souvenirs étaient flous. J’étais plus chétif et, dans ce corps svelte, il y avait l’illustration de mes failles et mes faiblesses. J’étais mince et fragile. Je me sentais comme tel et, tout en sachant pouvoir changer les choses, je ne cherchais pas à le faire. Une tempête m’aurait balayé en quelques secondes. Je n’étais qu’un pantin désarticulé. Je me sentais baladé au gré d’envies qui ne m’appartenaient pas.


Car j’avais beau hurler, les Rehlas me refusaient la Couronne. J’étais tout puissant, au sommet d’un peuple, assis sur un trône de granit qui, jamais, ne devrait s’affaisser. Pourtant, face à mon clone, j’étais muselé et désarmé. Là où j’étais ancré dans le présent, ce temps qui appartenait à tout un chacun, lui pouvait effectuer des allers-retours en toute impunité. Il tuait pour me provoquer et fomentait ma perte dans l’unique espoir que je me révélasse plus maléfique que je ne l’étais. Mon équilibre tanguait sous ses actions. Ma santé mentale s’effritait, tout comme ma capacité à jouer correctement mon rôle. La rage qu’il provoquait dans le fond de ma poitrine s’étendait comme un poison dans l’ensemble de mes veines. Il noircissait mon âme d’une volonté abrupte de détruire le Monde, juste pour être certain de le voir disparaître. Je désirais polluer les mers et les océans pour les rendre invivables. Je désirais rendre les terres arides pour que nul être ne pût y survivre. Je désirais façonner un ciel pandémique pour être certain qu’il ne pût s’y réfugier. Et lorsque j’aurais fait exploser la Vie, il ne resterait que la Mort, la sienne et celle de milliards d’innocents. Alors, à ce moment précis, je deviendrais un Roi assis sur un trône de carcasses. Ce Cauchemar me hantait jour et nuit. Le fait de penser que je pusse en être capable si je prenais le temps de réfléchir à une stratégie viable me rendait friable, faute d’être fiable. Le pouvoir m’assassinait à petits feux et, parfois, il m’arrivait de penser à ce gamin insouciant que j’avais été dans les premières années de ma vie. J’avais joué au chat et à la souris des heures, avant de rentrer m’empiffrer de tartines au chocolat ou à la confiture de myrtilles. Parfois, oui, je me demandais ce que cet enfant aurait pensé du Roi que j’étais aujourd’hui. Serait-il heureux pour moi ou me trouverait-il simplement pitoyable ? Mon pire ennemi n’était pas un Ange déterminé à éradiquer le Mal ou un Humain à la pensée extrémiste, non. Mon pire ennemi n’était autre que moi-même. Son sadisme me poussait à avancer sur une corde tendue au-dessus du vide. J’avais cru pouvoir éviter son anéantissement, j’avais cru en notre coopération. À présent, il ne me restait plus qu’une seule option : je devais l’anéantir, m’anéantir. J’étais seul contre moi-même. Mon ombre m’effrayait bien plus que ce que je pouvais me permettre d’avouer. L’Ordre des Justes ou même les Zihaags ne m’angoissaient pas autant. Ârès se dressait sur mon chemin, imperturbable et maléfique. Il était un mirage pouvant frapper à n’importe quel moment. Les Sorciers à qui j’ordonnais de le trouver ne revenaient jamais ou, si, ils revenaient : en lambeaux. Le message était clair.

Pendant que mon cœur se gonflait d’une impuissance exaspérante, l’air de piano qui avait commencé à retentir dès mon arrivée en ces lieux ne faisait que s’accroître, devenant de plus en plus puissant, à l’image de la boule au fond de mon ventre. Certains avaient l’air si sûrs d’eux. Je n’avais pas la recette de ce miracle. Je passais ma vie à douter. Douter de mes décisions, douter de mes pensées, douter des autres. J’agissais avec une assurance de façade, ravi de constater mes victoires mais attendant ma chute. Elle ne venait jamais.

Peut-être que, finalement, le Mal n’était pas la réponse appropriée au Mal. Mon Mal n’était pas assez puissant pour rivaliser contre celui d’Ârès. Il gagnerait car il était le maître de mes enfers. Il me clouerait sur la croix de mes incapacités et de mes hésitations, sans me laisser l’occasion d’exhaler à nouveau. Le Rêve le comprit et rendit la scène réelle. Accroché à deux bouts de bois encastrés l'un dans l'autre et enfoncés dans le sol, du sang s’évadait de mes poignets et de mes chevilles. Je ne souffrais pas. J’étais simplement là, immobile, à fixer le néant depuis lequel Devaraj devait me regarder en riant tel un dément. La Couronne Noire fixée parmi mes cheveux étrangement cendrés, je me rendis compte d’un fait singulier : dans ce monde de noirceur, mon corps était de la couleur du Bien. Il scintillait d’une blancheur caractéristique. Mon aura, elle-aussi, reflétait la grâce de l’Espoir. S’il était le Mal alors je serais le Bien. La Couronne tomba à cette pensée, vieille chose rouillée et rongée par les mites. Je levai les yeux vers les ténèbres du ciel. Deux mains translucides apparurent, celles du Destin. Délicatement maintenue entre ses doigts, une Couronne vertueuse scintillait, disque de lumière pure qui m’attendait, comme une promesse. Je baissai la tête, laissant la voix du chanteur, fruit de mon imagination, terminer son message lentement. Au creux du néant de mon propre cauchemar, je fus couronné Roi du cauchemar de mon double.

976 mots
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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
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◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mar 30 Mar 2021, 23:57


Illustration - Inconnu
La Musique du Rêve

Situation - quelques instants avant Que votre Voeu soit Exaucé

Il semblât n'exister aucune ligne d'horizon, tant le ciel et l'onde cristalline se mêlassent l'un à l'autre. Des ondulations naissaient lorsqu'un pied se positionnait sur la surface liquide, d'une pureté sans égale, n'ayant pas encore été souillée de la noirceur que pouvait receler le Monde et qui se seraient traduits par des événements monstrueux, brisant alors l'harmonie de ce monde intérieur. L'innocence et le beau étaient tout ce que l'on attendait de l'esprit d'un enfant, d'autant plus lorsque ses parents étaient aussi aimants que les siens. Ihsan pourrait sans doute se vanter d'être bien des choses lorsqu'il serait assez grand pour cultiver son potentiel, mais pour l'instant, il n'était que le mignon petit garçon des Écuyers de l'Aurore qui, sans partager le moindre lien du sang, était aussi aimé que n'importe quel bébé attendu durant des mois. S'il y avait eu un petit raté sur le choix de son prénom, le fils cadet n'en gardait pas le moindre souvenir, mais cela l'avait probablement remis sur la Voie. La sienne.

Il était, oserait-on dire, aussi Béni des Aetheri que ses parents.

Fils de Väaramar, Élu d'Hel'dra et, dans quelques instants, Sentinelle d'Izanami, autant dire que son Destin promettait d'être exceptionnel. Ihsan se retrouvait être un nom bien plus indiqué sur cette route, à l'image de son aïeul qu'il ne connaissait pas et n'entendrait pas la mention avant plusieurs années ... Mais que faisait-il perdu dans son monde intérieur à se mouvoir ainsi ? À bien y regarder, il coursait un louveteau qui laissait dans son sillage des filaments vaporeux et sombre, lui permettant de le suivre à la trace. Ce dernier s'arrêtait parfois pour se retourner, laissant l'Humain venir à sa rencontre, avant de repartir en courant dès qu'il se rapprochait trop de sa position. Ihsan ne prenait pas conscience de la simplicité de ses mouvements, étant moins embarrassé de l'encombrante présence de ses ailes, qui abandonnaient progressivement leur teinte jaunâtre, cédant devant un blanc immaculé, comparable à celles de son Père. Lui et sa soeur incarnaient une réelle eurythmie entre leurs parents, prenant la caractéristique la plus importante de chacun. Il était adorable avec ses mèches blanches virevoltant sous une brise invisible, ses grands yeux bleus luisant d'une brillance aussi pure que l'eau cristalline sur laquelle ses pas se posait. Les reliquats de la maladie n'étaient plus visibles, celle qui n'avait pas prit sa vie, la Bénédiction de Sympan sur la Dame à la Lanterne avait réalisé un réel miracle.

Dans cette contrée désertique, néanmoins, apparu un second point noir, lointain, se rapprochant ensuite de plus en plus, comme si un saut lui permettait de parcourir des kilomètres, comme si l'Ira le conduisait là-bas. Ses oreilles captaient ensuite le son, doux et harmonieux, qui se mit à résonner dans les environs, comme si l'Humain avait été à côté de son émetteur. S'arrêtant un peu pour l'observer, clignant des yeux, un sourire fendit son visage, délaissant son nouvel ami, qui observait de loin la situation, tandis que son partenaire se dirigeait en courant, bras levés, vers son Père, qui poursuivait sa partition, avant de marquer un temps de pause lorsque son fils vint se perdre dans ses jambes, en réclamant son attention. Ouvrant ses mains, l'Ange vint l'installer sur ses genoux, avant de reprendre son ouvrage, sans un mot. Seule la musique s'exprimait. Ihsan tendait les mains vers l'instrument, sans le toucher, adorant entendre les sons produit au travers des mains de son papa, se demandant si, lui aussi, il serait en mesure de produire quelque chose d'aussi aigu, d'aussi grave, d'aussi harmonieux. Il s'était à peine assis qu'un orchestre intangible, issu de son esprit, apparu derrière eux pour accompagner la mélodie. Ce n'était que le strict minimum, mais largement assez pour que les deux hommes soient unis au travers de leur musique. Un sourire se dessinait sur son visage, lui permettant de saisir l'instant présent. Peut-être devait-il être à ses côtés plus souvent, même s'il aimait sa maman et qu'Idril adorait se l'accaparer.

S'approchant de l'instrument où il avait la vague impression d'avoir passé tant de temps, il passait sa petite main sur quelques touches, excité, avant d'appuyer sur deux d'entre elles, simultanément. Un bruit résonnait, curieusement splendide malgré son inexpérience, fracassant quelque chose de prisonnier, lui permettant de laisser naître la création dans son âme, avant que son sourire ne s'élargisse sous le compliment de Neah, qui mis sa main sur sa tignasse pour caresser ses cheveux. Puis, l'enfant relevait les yeux vers la boule sombre réapparu plus loin, poursuivant sa course. Loin. Ihsan ne voulait pas que son ami disparaisse ! Si ce Jeu l'ennuyait, tant pis, il voulait bien en faire un autre, maintenant ! Chien-chien, attends ! sembla-t-il crier de sa prononciation maladroite. Et le Sēnaṭīnēla descendit de la banquette en se laissant glisser prudemment, avant de se mettre à le suivre. La mélodie au piano, orchestré par son Père, le suivait dans sa course poursuite vers l'Ira qui l'emmenait vers sa maman.

Post I - 827 mots


La musique du rêve | Jun et ceux qui veulent Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
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Jun Taiji
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Jun Taiji
Mer 05 Mai 2021, 12:51



La musique du rêve




Période : Mission chez les Ygdraë

Il jouait du piano, au beau milieu des Terres d’Émeraude. C’était un endroit qu’il affectionnait particulièrement, sans en comprendre les raisons. La paix semblait acquise, ici. Il se sentait proche des Orines pour une raison obscure. Dans le Monde des Songes, il faisait de sa vie un rêve dans lequel il n’avait plus à se préoccuper de rien, dans lequel il n’avait plus à se renforcer au profit d’une quelconque exigence du Destin. Parfois, l’espoir naïf de le trouver ici, lui aussi, germait. Il ne s’était jamais senti aussi proche d’un être, hormis sa jumelle. Le lien avait débuté il y avait si longtemps, sans que jamais il ne le trouvât. Il ne pouvait pas savoir que son passé à lui souffrait de l’absence de présent de son autre. Ce n’était pas tout à fait vrai mais les exceptions étaient également marquées par le poids du devoir pour le véritable brun.

« Bonjour. » le salua un vieil homme. Habillé d’une tenue traditionnelle du peuple des Orines, ce fait singulier étonna Jun. Il réhaussa lentement le chapeau conique qui le protégeait des rayons du soleil et sourit. « Vous jouez bien. Je pourrais peut-être vous inspirer davantage. Mais avant… » Il attrapa une petite boîte de son autre main. « Souhaitez-vous des gâteaux ? Ils sont faits à base de pâtes de riz. Ce sont des mochis, dans la langue des miens. » Les doigts du brun s’écartèrent des touches, sans que jamais la musique ne cessât. « Vous êtes une Orine ? » « C’est ça. » répondit-il, sans se formaliser. « C’est vrai que peu de gens connaissent Onikareni. » Sa formation ne consistait pas à l’étude de la géographie de certaines terres, s’il s’agissait bien d’un lieu. De toute façon, il avait oublié quelques fragments de son existence. « Onikareni ? » « C’est mon village. Il y a beaucoup d’hommes là-bas, contrairement aux Orines des Terres d’Émeraude. » « Vous vous êtes retirés ? » « En quelque sorte. Mais viendra un jour où ce ne sera plus le cas. Du moins, je l’espère. » Il tendit davantage la boîte. « Un mochi ? Je suis sûr que ça vous plaira. » Il resta silencieux, pour laisser l’idée germer, et reprit. « Pour être honnête, ça fait longtemps que je visite vos songes. Vous êtes quelqu’un de mélancolique. Vous avez perdu quelque chose ? » « Je cherche quelqu’un. » « Une femme ? » « Oui et non. En fait, je cherche deux personnes. » « Êtes-vous certain que ce n’est pas plutôt vous-même que vous cherchez ? » « On peut dire ça comme ça. » Peut-être. Ce n’était pas certain. Il y avait quelque chose entre eux. Il s’en souvenait. Bien sûr qu’il s’en souvenait. « Venez. »

Plus tard, les deux hommes étaient en train d’effectuer des mouvements lents dans les herbes hautes. Le vieillard avait prêté un pantalon à Jun, plus ample que ceux qu’il avait l’habitude de porter maintenant, chez les Ygdraë. Ça lui rappelait quelques impressions passées, des impressions dues à des souvenirs enfouis. « Sentez le calme vous envahir. » chuchota son professeur. « Vous ne le trouverez que lorsque vous serez capable de le sentir. » En bon élève, Jun se concentrait. Ses cheveux subissaient les caprices du vent. Lentement, il faisait tourner le sabre qui lui avait été confié, répétant inlassablement les gestes de l’ancien. Du thé fumant était disposé sur une petite table de voyage. Le sens de l’air amenait les fragrances vers eux.

Quelques heures plus tard, peut-être - le temps semble toujours à la fois court et étiré dans les songes - ils étaient assis tous les deux en tailleurs. « Je pense que vous êtes fait pour porter le kimono. Ma culture vous plairait si vous vous y intéressiez. Il y a chez mon peuple quelque chose d’infiniment poétique et d’inspirant. » Il marqua une pause. « Lorsque je vous regarde, j’ai l’impression que quelque chose vous étouffe, un poids. Les Orines ne sont souvent pas assez fortes pour résister à la tempête, alors elles la contournent ou jouent avec elle. Vous auriez tout intérêt à faire de même, à voler entre les vents déchaînés en vous laissant porter par eux pour mieux les manipuler le moment venu. Vous vous sentiriez libre et peut-être vous trouverez-vous enfin. » Il fit apparaître dans ses mains plusieurs livres. « Je ne peux que vous recommander ces lectures. » Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. « Elles vous feront grandir et, sans devenir une Orine puisque c’est une chose improbable, vous en adopterez la mentalité par envie. »

775 mots
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Mancinia Leenhardt
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◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Sam 04 Juin 2022, 22:50


Illustration - Xi Ye

La Musique du Rêve


Situation - 8D

Glissant sur une mer de nuages d'un violet pastel, le battement des ailes de l'Humaine tranchait le doux silence de cet endroit se révélant dans son infinité. Ce n'était pas déplaisant d'ainsi se laisser engloutir dans un doux voyage, peu importât la destination. Se lâcher prise était propre aux Ailés et, en tant qu'Enfant des Cieux, elle avait ainsi grandi avec ses excroissances dans le dos ; cela n'avait pas été simple tous les jours, mais il s'agissait là d'un présent de l'Aether de l'Équité et de la Justice. Leur naissance avait été un imprévu pour la Royauté des Humains, mais elle avait permis de renforcer leurs alliances, notamment avec les Anges et les Mages Blancs. De remettre sur les rails la natalité périclitante. Une sorte de renouveau ... une résurrection serait sans doute le terme plus approprié, puisque cela avait marqué le tournant des Enfants de Sympan. De plus, elle savait. Une maladie avait frappé les Jumeaux lors de leur arrivée dans le Désert et ils ne devaient que leur bonne santé à leur Mère. Rien ne subsistait de cette époque, aucune séquelle ; si ce n'est la perte de couleur au niveau de ses cheveux et une coloration claire de leurs yeux. Elle avait eu le coup de foudre « maternel » en veillant sur eux durant des jours, voire des nuits entières et, quand était venu la question de l'adoption, ses parents s'étaient portés volontaires.

Mère et Père sont incroyables.

Mancinia Leenhardt et Neah Katzuta. Des Écuyers de l'Aurore, ils étaient devenus les Gardiens Azurés. Une union profonde, un Lien d'une loyauté déroutante et une consolidation de l'alliance entre les Humains et les Anges au-delà de tout ce qu'ils auraient pu envisager, surtout depuis l'époque sombre où elle et son frère étaient entrés dans leur existence, celle où tout semblait s'étiolé et se détruire.

L'on dit qu'un Dieu est mon Père, mais même si tu l'es, le seul qui m'est cher est celui qui m'a élevé.

D'un mouvement de ses ailes, la Reine d'Aëné tournait dos au sol, observant l'astre solaire déclinant. D'une profonde inspiration, elle se replongeait dans ses souvenirs d'enfance, d'adolescente et même d'adulte, en sa compagnie, se matérialisant aux alentours sous forme de bulles aux images illuminées. Si elle se sentait proche de son Père ... Bébé, elle pleurait longuement en son absence, ne voulait que ses bras lorsqu'il était là. Dur d'être la fille d'un militaire accaparé par son travail et vivant loin de sa famille pour raisons raciales. Aujourd'hui, elle aurait eu honte de son comportement envers sa Mère ; celle qui accomplissait ses tâches tout en veillant sur sa santé lorsque les choses n'allaient pas bien, celle qui s'inquiétait constamment pour ses premiers enfants et qui prenait son rôle très au sérieux. Elle avait été stricte dans son éducation, mais ne l'avait jamais contrainte à rien. Elle aimait Mancinia, mais d'un amour différent de ce qui l'unissait à Neah. Au-delà des liens du sang, ce dernier avait tout accompli pour eux. Elle était sa première fille, même sans être l'aînée. Adoptée, elle avait eu un autre nom de famille, enfant, avant qu'il ne décide de lui transmettre le sien. Cela signifiait beaucoup. Elle était une Katzuta. Et elle en était fière.

Il m'a tout appris.

Un sourire germait sur la commissure de ses lèvres.

Il m'a donné le goût de la musique !

C'était ce qui avait ravi ses sens, dès l'instant où sa petite main avait touché l'ivoire de ce piano, l'Enfant des Cieux avait été conquise. C'était un loisir que les Jumeaux avaient en commun et ils réalisaient souvent des duos au travers de leurs instruments ; elle usait d'une panoplie d'entre eux, mais Ihsan s'était toujours révélé doué au piano. Sans qu'elle n'entamât une descente, un sol aqueux se matérialisât dans son dos, translucide et reflétant ce monde nuageux et étonnant, qui lui paraissait singulièrement normal. C'est en repositionnant « normalement » qu'Idril le constatait et choisi de mettre pieds dessus, créant des ondulations à la surface de l'eau, sans que ses pieds ne soient humides. Devant elle, dans de petits éclats bleutés, apparu un piano à queue, ce qui la laissait quelques secondes circonspecte.

Quoi ? se mit-elle à rire. Tu veux que je te montre de quoi je suis capable ?

Un éclat de détermination passait dans son regard en comprenant que c'était le cas.

Entendu.

S'installant sur le siège, son assise semblait dominer le clavier de toute sa hauteur, avec l'habitude de celle qui savait en manier la mécanique et l'Humaine positionnait ses doigts avant de se lancer dans une mélodie. Chaque note était une image de sa vie en compagnie de celui qu'elle avait pour modèle. Son coeur, toujours, était lié à son Père. Il la comprenait mieux que quiconque ; musicalement, militairement et, surtout, lorsqu'ils avaient eu de longues sessions au creux des vents. Il l'avait formé à la Royauté, il l'avait encouragé dans chacun des aspects de sa vie, avait refusé qu'elle soit mariée contre son gré. Sa mère était également ainsi. Au final, n'aimait-elle pas ses parents de la même manière ? Idril se souvenait aussi, de ses premiers pas. Ce devait être rare pour un enfant d'avoir une telle réminiscence, mais elle avait mis tant de temps à se décider, ses parents avaient été si heureux lorsqu'elle s'était enfin décidée à franchir cette avancée et Ihsan, lui, lui avait fait le plus gros des câlins. Aaah, son frère, ce qu'elle l'aimait, lui aussi, ce fripon incorrigible. Toujours à être aussi insolent, toujours à courir après ces demoiselles en espérant trouver celle qui partagerait sa vie, toujours à profiter de la vie sans en oublier ses charges. Si Idril avait hérité du tempérament de Neah, alors que son Jumeau avait hérité celui de leur Mère. Ce n'était pas pour autant qu'elle était pleine de sagesse ou vertueuse, non, mais ... ce n'était pas des choses qu'une femme partageait avec son paternel. Elle avait sa vie, même en tant qu'Élue, même en tant que future Mahestan. Il était stupéfiant de nuancé le son directement avec la frappe des touches. La puissance de ses souvenirs. C'était peut-être en faisant du classique que le raisonnement de son Père s'était amélioré, à l'époque. C'était peut-être la raison de tout. Marquant la conclusion de sa mélodie, la Sēnaṭīnēla prit un instant pour reprendre ses esprits avant qu'une vive lumière ne se manifeste non loin. Elle savait ce qui lui restait à faire. Se redressant pour s'en aller de cet endroit, sans un regard en arrière.

Au revoir.

Et en traversant la Porte, elle s'éveillât.

Post II - 1100 mots


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