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 [Q] - Il n'en reste que des fragments

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Sam 23 Avr 2022, 00:38



Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Carmine tente de retrouver Hrafninn, en vain

~~~

En arrivant sur place, son instinct lui cria à nouveau de faire demi-tour. Ce serait si logique, de simplement rebrousser chemin et de ne plus s'en préoccuper. Mais comment faire autrement ? Comment demeurer hermétique aux ultimes mots de Pendrake ? Couchés sur la missive qu'elle resserrait dans sa paume, le froissement du papier lui insuffla un semblant de courage. Carmine se trouvait si loin de sa terre natale, des plaisirs enivrants et apaisants de la cité des Déchus. Il ne restait de Sceptelinôst que son ombre, une pénombre glaciale et oppressante. Des passants semblant avoir un pied dans la tombe, vidés de toute étincelle vivace, propre au tonitruant recoin portuaire qu'elle connaissait. La rouquine avait bien entendu parler des récents événements, de ce qu'il advenait de la ville côtière depuis… eh ben, tout ce que les Réprouvés avaient dû traverser. Et qu'ils traverseront encore. Carmine n'était en rien au fait du Léviathan, de son influence sur les Bipolaires et plus particulièrement leur Reine. Son Reflet aurait pu lui conter toute cette évolution, comme à son habitude, elle aurait vraiment pu tout lui dire pour perpétuer la tradition…

Hélas, lorsque la Déchue entrouvrit la porte de la très, très modeste demeure, elle devina très vite que son homologue ne s'y trouvait plus. En réalité, c'était la première fois que Carmine s'aventurait ici ; d'ordinaire, le Reflet venait chez elle à Avalon. Cela étant, en terminant de dévoiler l'antre, elle ne s'attendit pas à simplement se confronter à une chambre. Juste, une seule pièce. C'était tout. Comment l'autre Carmine avait pu résider dans un tel placard à balais aussi longtemps ? Elle devait tant squatter chez le Réprouvé, c'était une évidence ! Une sorte de hamac suspendu au-dessus d'un tas d'affaires – vêtements, outils… - faisait office de lit, tandis qu'un ersatz de cuisine et un placard rempli d'aliments périmés terminait d'encombrer ce bordel compacté. Rien pour les questions d'hygiène. Même si elle avait dû se débrouiller avec les recoins sombres de Sceptelinôst pour ses besoins. D'un soupir, la rousse se força à rentrer à l'intérieur afin de se soustraire aux effluves nauséabonds du quartier. La jeune femme pensait avoir à farfouiller davantage, néanmoins un seul coup d'œil à cette piaule abandonnée suffit à la convaincre des affirmations du Hrafninn. S'installant timidement sur le fameux hamac, l'Ailée d'Ébène relut une nouvelle fois la lettre que Pendrake lui adressât. L'encre utilisé, rougeâtre, avait fini par se dessécher et laissait sur son sillage une odeur semblable à la putréfaction. Du sang. S'était-elle effrayée lors de la première lecture. Elle connaissait très bien son amour pour le canular, mais la forme même de la missive et son contenu lui avaient de suite comprendre qu'aucune plaisanterie ne s'y trouvait. Le plus déconcertant demeurant le manque de cohésion dans sa syntaxe, encore plus de logique propre. On aurait dit un amas brouillon de pensées parasites, jusqu'à que ces mots précis se dégagèrent du miasme chaotique :

J'ai tué Carmine

Recroquevillée dans sa chambre d'enfance à Avalon, la Zuriel avait mis beaucoup de temps à encaisser la nouvelle et, surtout, à agir. D'une part, elle avait décidé de jouer la sécurité et de tout bonnement conserver ses distances. Elle doutait qu'il viendrait jusqu'ici pour… elle ignorait encore quelles obscures raisons. Mais au moins, cette initiative lui donna l'opportunité de répondre à la lettre, dans l'espoir de démêler les circonstances de ce tragique événement. Plusieurs jours après l'envoi de sa lettre, aucune réplique. Pour sa seconde tentative, même résultat. À la différence qu'elle s'assura avec le service postier d'obtenir un avis de réception ; on lui confirma que son enveloppe était bien arrivée à l'adresse indiquée, sans plus. D'un autre côté, le Reflet ne s'était pas non plus manifesté, ce qui engendra une pénible angoisse en son être. Se jeter dans la gueule du loup n'était certainement pas une bonne idée, d'autant plus depuis la déchéance de Sceptelinôst, mais Carmine la Déchue en avait marre d'être considérée comme le poids-mort de son propre Nom. Par ailleurs, elle portait sur elle le soutien d'un tiers, ce qui lui insufflait la Force propre à l'Æther Sarina. Pour une fille si ordinaire, cette épreuve s'avérait difficile, tellement difficile… mais pas insurmontable. Elle releva la tête, décidée sur sa prochaine destination.

~~~

La Gourmande peinait à croire que cette résidence appartenait encore à Hrafninn. Durant ses investigations auprès des locaux, la plupart lui affirmait que Pendrake était bel et bien décédé, dans des circonstances encore – et qui le resteront pour eux – inconnues. Quant à sa maison, elle avait déjà été prise d'assauts par des camés ou des ivrognes, sauf qu'il arrivait à plusieurs reprises, durant les nuits les plus froides, que des hurlements stridents d'agonie s'en échappassent. Et on n'y retrouvait guère des corps. Jamais. Ou il n'en restait que des fragments, irrécupérables.

Qu'importaient tous ces dires, Carmine avait au moins appris à se défendre des agresseurs de leur genre, si jamais l'un d'entre eux se montraient trop insistants. Dans le pire des cas, elle connaissait très bien la sortie. Au-delà de tous ces dangers avérés, le risque d'y trouver l'inattendu la troublait davantage. Elle ne pouvait pas croire que Pendrake ait pu se suicider après son aveu, elle ne parvenait pas à s'imaginer un tel scénario étant donné le personnage. Quant à savoir si autrui ait pu l'assassiner… le minutage avec la lettre lui paraissait trop gros pour s'arrêter à une décevante coïncidence. Ce qui résidait encore entre ces murs l'aidera à obtenir au moins une vérité partielle. Pour la suite, elle avisera selon. Elle aimerait déjà rentrer saine et sauve après avoir autant sué rien que sur le pas de la porte.

Un déglutis plus tard, sa main alla courageusement agripper la poignée. Au contraire des rapaces, elle n'opta pas pour les fenêtres cassées ou l'ouverture béante sur la façade adjacente. Le verrou ne l'arrêta pas, apparemment crocheté depuis moults temps. Carmine pénétra prudemment, ses sens en alerte. De cette nuit sans lune, elle ne distinguait guère l'intérieur et fut rassurée d'avoir ramener une lanterne. Son instinct, celui-là même n'ayant cessé de lui intimer de rentrer immédiatement – il commençait à revêtir la voix de sa propre mère – lui suggéra de laisser la porte ouverte. Au cas où. À une allure modérée, tiraillée entre l'excessive prudence et l'irrépressible besoin d'en finir, la Déchue jeta un œil dans chaque pièce sur son passage, à la recherche d'une âme connue ou d'un indice sur la localisation de Penpen. Comme prévu, la majorité du mobilier se présentait saccager ou dépourvu de toute possession. Les mendiants et autres pilleurs eurent tout le loisir de grapiller leurs parts. Le propriétaire des lieux n'aurait jamais laissé passer une chose pareille, ce n'était pas normal… Ce fut à ce moment-là qu'elle eut son déclic : qu'est-ce qui représentait la richesse de Pendrake Hrafninn ?

Décidée, Carmine se dirigea vers les escaliers, ne prenant même pas la peine de s'arrêter au premier étage pour fouiller la chambre. Son objectif s'avérait bien plus haut, au sommet de ce château dont il s'était érigé au fil de son labeur pour les Réprouvés. Effectivement, au second étage se tenait son laboratoire, là où il entreposait son matériel alchimique et ses diverses décoctions, ainsi que des recettes du fameux Maître Merwin ; même si la plupart des instructions ressemblaient à des gribouillis d'enfant. À force, le Bipolaire devait se contenter des schémas, plus explicites, et d'une bonne dose d'improvisation ; en outre, le sel de sa magie. Toutes ces bizarreries rebutaient forcément ses semblables, puisqu'il semblerait qu'aucun voleur n'ait pris la peine de monter jusqu'ici ; et quand bien même il y aurait eu des curieux, ils avaient l'air d'avoir opéré aussitôt un demi-tour. Tout était nickel…

" Pourquoi… ? Se surprit-elle à émettre. Hum, bon… Elle observa les alentours, tournant sur elle-même, certaine de l'absence du moindre intrus mis à part elle. Allez, tu dois être quelque part. " Parlait-elle d'un indice ou de Penpen lui-même, elle ne saurait trancher.

Plusieurs minutes s'écoulèrent au sein de cet atelier, le silence anéanti par les vaines tentatives de Carmine. Si le Drem laissa une piste autre que cette missive, alors il se pourrait bien qu'elle ne se trouvait point ici. Petit à petit, les espoirs de la Zuriel s'émiettèrent, les résidus de l'innocence. En déplaçant des instruments, elle avait même fini par se couper, de manière superficielle certes mais assez notable étant donné sa réaction.

La goutte écarlate, accompagnée de son désir le plus sincère. L'erreur de trop.


La perle de sang avait chuté jusqu'à embrasser le parquet poussiéreux, elle souleva une couche charbonneuse lorsqu'elle parvint à passer au travers du voile grisâtre. Son baiser sur la tombe sonna tel un glas jusqu'aux oreilles du lamenté. Du calme ambiant, maintenu par le souffle coupé de Carmine, prit naissance une profonde inspiration. Lasse, le soupir qui s'ensuivit trahissait la présence d'une autre personne à ses côtés. Sa tignasse poisseuse laissait penser qu'il venait se lever de son offrande vitale. Il apparaissait à son endroit, sa stature plus remarquable à mesure que la Déchue prit conscience de sa venue. Ou plutôt, de son invocation. Car il était d'une évidence que c'était à son appel qu'il répondît. La rouquine haussa le regard sur son homologue, dont elle reconnut l'identité lorsqu'il releva à son tour le menton. Pourtant, elle ne distinguait pas ses yeux, ni même l'entièreté de son corps. Il était comme fait d'argile, un pantin incomplet et vide… Non, elle se trompait : dans l'obscurité se tenait une lueur ténue, à travers les failles de son enveloppe semblant fragile. Si chaude, si attrayante, cette nitescence lui fit presque oublier l'effroi que lui assénait ce… Démon.

" Ah… Elle fut paralysée au son de sa voix. Combien de fois dois-je encore te poignarder ? "

L'iris de Pen'Garleon s'illumina, ambré. Il se mouvait lentement, son unique bras allant péniblement chercher une sorte de bâton à sa ceinture. Carmine remarqua en effet qu'au moins un quart du corps semblait détruit, laissant une ouverture béante jusqu'à la fameuse lueur piégeuse. Il suffisait pourtant de distinguer sa silhouette ombragée aux parties manquantes pour savoir que tout ceci n'était qu'une illusion. Il avait beau se dissoudre à chaque mouvement, il demeurait. De Pendrake Hrafninn, il n'en restait que des fragments.

" Je vous détruirai tous, vous autres Ailés. De cette canne, il en tira une lame cachée. De jais ou d'ivoire, vous chuterez des cieux pour rejoindre les cendres. "

Son instinct fit vriller sa raison et lui permit de s'extirper de la trajectoire de l'attaque. Avec cette esquive inespérée, Carmine s'était retrouvée dans le dos du Démon, celui-ci se retournant avec une lenteur abyssale, comme s'il traînait sa carcasse alourdie par d'énormes remords. Comme s'il lui manquait cette énergie qui faisait de lui l'homme qu'elle avait connu. La Zuriel reprit contenance aussitôt, consciente que ces suppositions ne relevaient que de chimères : son assaut avait été trop rapide, toute cette chorégraphie relevait d'une mascarade. Elle devait fuir, maintenant, au lieu d'attendre qu'il se retournât complètement. Plongé dans sa frénésie de Mādiga, il n'avait aucune autre intention que de l'éliminer.

La Déchue eut à peine le temps de se rappeler ses cours d'athlétisme que Deiddrenth fondit à nouveau sur elle, sa lame parée à l'estoquer. Celle-ci lacéra la chair de la jeune femme qui s'élança en dehors de la pièce. Supportant juste quelques secondes la douleur, Carmine mit son énergie au profit de la tangente. Sa survie primaire la fit dégringoler les escaliers ; d'en bas, elle devina la silhouette argileuse entamer la descente, d'une marche assurée et mortuaire. Cette attitude l'horrifia et l'obligea à emprunter les dernières marches… avant de se rendre compte que l'ensemble du rez-de-chaussée était plongé dans un brouillard épais. Là-dessous, brièvement, elle distingua des sons et des mouvements. Fruits de son imagination ou non, elle ne préférait pas se noyer dans sa perte et se retrouver nez à nez avec quelconques engeances ou, pire, au Démon. Par réflexe, la rousse s'élança dans les autres pièces de cet étage, espérant trouver une échappatoire et semer son agresseur. Partout où elle allait, le pas si léger du vicié la hantait. À plusieurs reprises, elle l'aperçut de là où elle venait et elle redoutait le moment où elle sentira son souffle sur sa nuque.

À force de courir de la sorte, Carmine finira par s'épuiser jusqu'à l'ultime erreur. Mais que faire ? Elle ne rivaliserait pas face à Pendrake, et le brouillard… Soudain, elle se rappela du présent qui ornait son poignet. Elle enserra le bracelet dans sa paume et adressa une intense détresse à l'attention de Sarina. Bénédiction ou effet fictif, la Déchue trouva le courage de traverser la brume et réussit à fuir la maison. Sans se retourner, elle chercha à quitter cette maudite cité. Le Démon ne la traqua pas jusqu'au dehors, assez malin pour savoir que les Réprouvés ne l'épargneraient point. Il s'occupera d'elle un autre jour… Autant de fois qu'il le faudra.


2307 mots ~

Onyje Ẹjar (Les Perles écarlates) : béni à la suite d’une prière faite à l’attention de Sarina, Déesse de la Force, il s’agit d’un bracelet de perles rouges qui permet de contrôler les sentiments de son porteur et de ceux qu’il touche, mais seulement pour insuffler des sentiments bénéfiques. Par exemple, le bracelet insufflera du courage durant les moments de peur, de l’assurance dans les moments de doute, de l’apaisement dans les moments de colère, etc. L'intensité du pouvoir dépendra également de la Magie du porteur.



By Jil ♪
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