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 [Q] - Les fleurs de la colère

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 3865
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Sam 24 Sep 2022, 11:20




Les fleurs de la colère

En solo | Freyja, Priam & co


RP précédent : Et le jour se transforma en crépuscule.


« Où est Laëth ? » L’homme se retourna et me scruta. Il y avait dans son allure des éléments qui n’étaient pas sans me rappeler sa sœur. Ils partageaient ce même regard dur et ferme qu’ils imposaient à tous ceux qui les importunaient, comme un vestige de leurs origines réprouvées. Je n’étais jamais allé à Lumnaar’Yuvon, mais en scrutant leurs yeux, je me figurais sans mal l’expression que les Manichéens offraient aux étrangers. Un pli sévère marquait parfois la bouche de Priam, que je ne retrouvais jamais chez Laëth. Il y avait dans son visage une douceur inhérente à ses traits ; ou peut-être se situait-elle dans le vert tendre de ses iris. Je desserrai la prise que j’exerçais sur son poignet et en se dégageant, il se retourna tout à fait. Je ne m’étais jamais trop approché de lui. Laëth me l’avait présenté une fois, mais lorsque nous nous voyions, nous n’étions en général que tous les deux. Toutefois, je perçus sur son visage, sans difficulté, ce que je crus être des stigmates de la guerre. Moi-même, je les possédais, pour avoir vécu la plus terrible défaite de mon peuple. Avec le temps, ils s’estompaient, pour ne ressurgir que par moments. Je me demandais si elle les portait, elle aussi. Depuis le début de la guerre, et d’autant plus depuis le verdict de son procès, je ne cessais de songer à elle. Je pensais qu’elle était toujours détenue par Jun Taiji lorsque j’avais appris qu’il l’avait libérée. J’avais tenté de la contacter mais elle n’avait répondu à aucune de mes sollicitations. Lorsque la nouvelle de sa rupture avec Kaahl Paiberym était tombée, j’avais ressenti un mélange d’émotions contradictoires, dont certaines éveillaient ma culpabilité. J’étais désolé pour elle, peut-être même triste, parce que je savais qu’elle l’aimait – ou l’avait aimé ? – profondément. Cependant, une part de moi ne pouvait pas ne pas se réjouir de cette séparation. C’était la part qui l’aimait, malgré tout. C’était aussi celle qui se démenait pour la retrouver. « Je ne sais pas. » répondit-il. Je fronçai les sourcils. « Elle ne t’a pas dit où elle se rendait ? » Un rictus amer tordit les lèvres de son aîné. « On ne se parle plus, Adriel. » J’écarquillai les yeux. « Pardon ? » - « On ne se parle plus. » répéta-t-il, comme si je n’avais pas entendu. Je laissai un temps de silence nous séparer, puis demandai : « Pourquoi ? » - « Ce ne sont pas tes affaires. Maintenant, si tu permets, j’ai un rendez-vous. » Il me contourna et commença à s’éloigner. Je lui emboîtai aussitôt le pas. Peu importait les raisons de leur apparente dispute, j’étais persuadé qu’il serait bientôt aussi angoissé que moi. « Elle a disparu. Je l’ai cherchée partout. Ici, à Iyora, à Caelum, partout. Je ne l’ai pas trouvée. Est-ce qu’elle pourrait être chez vous, à Lumnaar’Yuvon ? » - « Chez nous ? » Il me décocha une œillade noircie et un sourire sarcastique plissa le coin gauche de sa bouche. Je serrai les dents. « Y est-elle ? » - « Non. » - « Vas-tu la chercher avec moi ? » Ses deux sourcils s’arquèrent en même temps et il me fit à nouveau face. J’interrompis ma marche. « Le devrais-je ? » Je cillai. « Elle s’est probablement terrée je ne sais où pour pleurer son amour perdu. Je n’en sais rien. Honnêtement, je m’en contrefous. Elle pourrait aussi bien être en train de fonder une famille avec un Sorcier que ça ne m’importerait pas plus. Elle peut bien faire ce qu’elle veut, ça ne me regarde plus. » Je restai coi quelques secondes. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » - « Comme je te l’ai déjà dit, ce ne sont pas tes affaires. Maintenant, j’y vais, je vais être en retard. Bonne journée. » Il reprit sa marche et me laissa là, stupéfait et démuni. Depuis des semaines, Laëth était introuvable, et son frère ne paraissait même pas s’en inquiéter. Je relevai le menton et serrai les poings. Je la connaissais suffisamment pour savoir qu’elle risquait de se perdre dans la pénombre de ses émotions. Je la retrouverai. Je la retrouverai, et je la sortirai de là, même s’il me fallait traverser les nuits les plus sombres.



Message I – 720 mots




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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 07 Nov 2022, 08:25




Les fleurs de la colère

En solo | Freyja, Priam & co


RP précédent : Épées couronnées, Les livres reflètent la beauté du ciel & Les revenantes.


La taverne tremblait du capharnaüm animé des conversations. Une épaisse fumée brouillait l’air et les sens. L’odeur de l’alcool, cependant, outrepassait largement tout le reste. Il imbibait chaque âme, peut-être plus encore que le parfum salé de la marée et les relents puissants des créatures des mers. Çà et là grésillait la lueur orangée d’une pipe ou d’une cigarette, au bout de laquelle s’adjoignaient des lèvres tordues par des rictus, rendues humides tantôt par la boisson, tantôt par l’océan. Dans le port de Sceptelinôst, tout était nimbé de son écume. Personne n’échappait aux rêves qui miroitaient à sa surface ou aux dangers qui rôdaient dans ses abysses. Ici, on vivait au rythme de la mer comme on s’organisait au fil des saisons à Lumnaar’Yuvon. La nature grondait ses droits et abattaient ses menaces sans se soucier des désirs des humains. C’étaient eux qui, sans cesse, s’adaptaient, se renouvelaient, se surpassaient. Les eaux étaient toujours fidèles à elles-mêmes, tantôt clémentes, tantôt brûlantes. Freyja s’était rendue sur la grève et les avait laissés caresser ses pieds nus. Le rivage lui rappelait ses attaches ; et quand ses yeux montaient vers l’horizon, elle se rappelait des frayeurs que l’océan avait semées dans son cœur. Ils avaient mal démarré, tous les deux. Pourtant, elle revenait à lui et, sans cesse, il s’autorisait à l’effleurer. Ils dansaient sur des mélodies tumultueuses, mais dans cette tempête, l’Ange trouvait du réconfort. Chaque fois que les marées l’éloignaient d’elle, elle savait que ce n’était que pour mieux lui revenir. Tous ses abandons se révélaient n’être que des illusions.

L’Ange attrapa la bière posée devant elle et la porta à ses lèvres. Son goût était légèrement iodé. Elle parcourut l’assemblée de clients des yeux. Au milieu de tous ces gens-là, elle oubliait un peu qui elle était. Comme si ses ressentis se dissolvaient dans les leurs. Comme si leurs histoires lui appartenaient un peu plus que la sienne. Comme si leurs vices pouvaient engloutir ses vertus. C’était peut-être un peu vrai. Elle vida d’un trait sa boisson, claqua la chope sur la table, se leva et se dirigea à grands pas vers le comptoir. Elle posa des pièces de monnaie dessus. Une femme occupée à essuyer des verres releva la tête et la toisa. « T’es toujours pas prête, l’angelotte ? » - « Je vais y aller. » fit-elle en commençant à se détourner. La Bipolaire s’approcha et plaqua ses avant-bras, croisés, sur le comptoir. « Viens là. » Freyja pivota pour la regarder, puis revint sur ses pas. « Y’a des lettres qui sont arrivées pour une certaine « Laëth Belegad ». » La blonde fit de son mieux pour garder une expression de marbre ; son cœur s’élança à vive allure. « C’est moche de mentir. Surtout pour une Ange. » Elle sortit trois enveloppes de sous le comptoir et les lui tendit. La concernée les attrapa. L’autre les retint fermement entre son pouce et son index. « Je dirai rien, Freyja. Mais j’me demande bien c’qui peut conduire une Ange comme toi à vouloir s’foutre en l’air avec autant d’impatience. » L’Ailée haussa les épaules en lâchant « la guerre, peut-être » et tira sèchement sur les missives. « Hum. Ça commence dans trente minutes. T’as intérêt à être à l’heure et à être échauffée. » - « Ouais. » Sans un mot supplémentaire, elle se détourna et partit.

Tandis qu’elle descendait les escaliers, elle regarda les noms des trois expéditeurs. Alcide Taiji – rien de surprenant, il lui écrivait souvent. Lucius Paiberym – elle failli manquer une marche. Eméliana Salvatore – elle s’arrêta en pleine avancée. L’Ailée demeura ainsi quelques secondes, puis termina sa descente en courant et s’engouffra dans la chambre qu’elle occupait. C’était une pièce exiguë, presque miteuse et généralement humide. En cela, elle ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait déjà connu : c’était ce qui la rendait parfaite. Freyja se laissa tomber sur le lit qui émit un craquement sinistre, puis regarda une nouvelle fois les enveloppes. Malgré elle, des tremblements agitaient ses mains. Même là où rien ne devait les lui rappeler, même là où ils n’étaient pas censés la trouver, même là où elle croyait pouvoir tout oublier, ses démons la poursuivaient. Elle déglutit, la mâchoire secouée des vibrations provoquées par la menace des sanglots. Elle renifla et fronça le nez, avant de décacheter la première missive. C’était celle d’Alcide. Contrairement à d’habitude, il ne commençait pas en lui racontant ses journées à Basphel. Il entamait son courrier par la « triste nouvelle » qu’il avait apprise « de la bouche d’Hélène ». Sa rupture avec Kaahl. L’Aile d’Acier eut l’impression qu’on lui enfonçait un pieu dans le cœur, encore. Immédiatement, les larmes affluèrent et s’écoulèrent sur ses joues. Elle se laissa choir sur le côté et se recroquevilla sur ses couvertures. Plus les jours passaient, plus sa douleur était indicible. À chaque seconde, elle tombait sur sa poitrine telle une goutte d’acide. Lentement, elle creusait son chemin de ténèbres et dévorait l’espoir que Kaahl avait cruellement fait germer dans son cœur et qui ne cessait de se multiplier, parasite infâme et meurtrier. C’était un combat infini, qui n’aboutirait à rien d’autre qu’à sa propre déliquescence.



Message II – 866 mots




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Priam et Laëth
Lun 07 Nov 2022, 08:27




Les fleurs de la colère

En solo | Freyja, Priam & co


RP précédent : Épées couronnées, Les livres reflètent la beauté du ciel & Les revenantes.


De lourds sanglots la secouèrent, longtemps, et ils la secouaient encore lorsqu’elle ouvrit les deux autres lettres. Elle n’eut pas la force de réfléchir à ce qu’Eméliana Salvatore lui voulait. Elle se contenta de fixer les caractères à travers son rideau de larmes, puis de déposer la feuille à côté de sa tête. Que pouvait-elle bien aller lui raconter ? Ce que les hommes de sa race faisaient aux femmes qu’ils aimaient ? Ça n’aurait même pas été vrai. De bout en bout, il avait agi en tant que Magicien. Même bon, il avait préféré lui faire du mal. Même bon, il avait prétendu qu’il était plus raisonnable qu’ils se séparassent. Même bon, il avait été lâche. Peut-être encore plus que s’il avait été un Sorcier. Baigné dans cette essence vile et violente, il l’aurait sans doute tuée. Elle aurait préféré. C’eût été moins pénible. Quant aux mots de Lucius, ils relancèrent ses pleurs et laissèrent dans le fond de sa gorge une saveur amère. Elle aurait tellement aimé qu’ils fussent signés de la main de son père. Elle aurait tellement aimé qu’il lui écrivît, lui. Pour lui dire que la vie sans elle lui était trop insupportable. Pour lui dire qu’il l’aimait et qu’il l’aimerait toujours. Pour lui dire qu’il voulait bâtir son existence à ses côtés et que son absence créait un vide qu’aucune rancœur ne pouvait combler. Pour lui demander où elle se trouvait et lui dire qu’il ferait le voyage jusqu’à elle. Mais c’était le fils qui lui adressait cette lettre. Freyja croisa les bras sur son ventre et se replia encore plus sur elle-même. En elle s’amusait une douleur qui refusait de sortir. Aucune larme, aucun cri ne l’avait perturbée dans son long manège de torture.

Brutalement, elle se redressa et se jeta en avant vers un petit bureau aménagé dans un coin. Du plat de la main, elle chassa tout ce qui l’encombrait, puis elle s’assit, attrapa une feuille et une plume, et commença à écrire. Elle gratta des mots avec frénésie, avant de s’écrouler sur son parchemin, les épaules secouées par le malheur qui l’accablait. Elle frappa du poing le bois de la table, d’abord doucement, puis énergiquement. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa paume pour y tracer de petits croissants de lune rouges. De façon toute aussi vive que précédemment, elle se releva, froissa l’ébauche de lettres, la jeta à travers la pièce, puis entreprit de se déshabiller. L’Ange agissait de façon erratique. Elle s’en moquait. Elle ne cherchait pas à donner un sens à son existence : il le lui avait arraché. Il lui avait tout pris et n’avait laissé derrière lui que la part la plus triste de ce qui la composait. Il l’avait livrée à la solitude la plus intense qui fût. Dans cette solitude-là, tout le monde se fichait de ce qu’elle faisait ou devenait. Personne n’était présent. Son existence n’était plus qu’un chemin pavé d’absences ; celles qu’il avait forcées, celles qu’ils avaient induites et celles qu’elle avait décidées. Même au milieu de la foule de Sceptelinôst, elle était seule.

Elle attrapa d’autres vêtements, les enfila sèchement, glissa ses pieds dans de lourdes bottes, jeta une veste sur ses épaules, puis se glissa hors de sa chambre. Un nouvel escalier l’attendait ; on entendait déjà monter les rires, les cris et les encouragements. Elle descendit à vive allure. « Pile à l’heure. » Elle tourna la tête vers la femme. « C’est quoi cette gueule d’enterrement ? » Comme elle haussait les épaules, l’autre leva les yeux au ciel. « Bon allez dégage, c’est ton tour. » De sa lourde main, elle la poussa dans le bas du dos. Freyja enjamba la barrière en bois, retira sa veste et la jeta sur l’un des poteaux qui formaient les angles de l’arène. Alors, seulement, elle leva les yeux vers son adversaire et prit quelques secondes pour l’analyser. C’était un homme trapu, au visage séduisant mais au regard dur. Une longue estafilade barrait son torse. L’aura des Démons pulsait autour de lui. L’arbitre sonna le début du combat. Aussitôt, il la chargea. Par réflexe plus que par volonté, elle bondit sur le côté et répliqua par un chassé. Freyja se battait pour la forme, pour le spectacle, pour oublier ; elle se moquait de gagner, elle préférait perdre, elle voulait encaisser tous leurs coups. Elle voulait se retrouver si transie de douleur physique que toutes les autres seraient éclipsées. Il se retourna avec une vivacité surprenante pour sa carrure et la frappa au visage. Sa pommette s’enflamma et, le temps qu’elle crachât le sang qu’il avait injecté dans sa bouche, il lui asséna un coup de poing dans le ventre. Elle se redressa et lui décocha un crochet. S’ensuivit une série de coups et d’esquives qui se conclut lorsqu’il l’attrapa par la gorge et la plaqua contre l’une des barrières de l’arène. Elle sourit, les dents rougies, l’œil à la fois las et provocateur. « Allez, tue-moi, qu’on en finisse. » lui lança-t-elle. Il la regarda de haut en bas et éclata de rire, avant de serrer.



Message III – 847 mots




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Priam et Laëth
Lun 14 Nov 2022, 08:32




Les fleurs de la colère

En solo | Freyja, Priam & co



Dans ses poumons, l’air se dissipa. Il n’y entra plus que de minces filets, dont le sifflement se perdait entre les aboiements de la foule. La vision de Freyja se flouta ; les lumières suspendues au plafond ne lui apparurent bientôt plus que comme des taches claires, presque dissolues dans la pénombre de la salle, et le visage de son assaillant ne fut plus qu’une masse informe penchée au-dessus d’elle, comme prête à l’aspirer. Elle se mit à suffoquer et, instinctivement, ses mains se crispèrent autour du bras qui l’étranglait. Son palpitant pulsait frénétiquement. Si son esprit se laissait sombrer, tout son corps continuait à se battre. Il n’y avait aucun abandon possible dans la lutte pour la survie, pas déjà. Des volutes de magie blanche apparurent et tourbillonnèrent autour d’elle. Le Démon n’eut pas le temps de reculer : trois pointes métalliques jaillirent de la cage thoracique de l’Ange et transpercèrent son thorax. Il lâcha prise. Elle reprit violemment sa respiration et sa vue se brouilla de paillettes ; il émit un râle, puis s’écroula de tout son poids sur elle. Le cadavre vira sur sa gauche et l’entraîna dans sa chute. La tête de la combattante heurta lourdement le sol ; aussitôt, sa magie et ses effets s’estompèrent. Là où la tête blonde était tombée apparaissait le visage de l’Aile d’Acier.

Dans le chaos semé par l’issue du combat, personne ne s’en rendit compte tout de suite. Chacun y allait de son interjection, de son commentaire ou de sa protestation ; et tout se mêlait dans l’indifférence du capharnaüm. Certains s’agrippèrent par le col et s’envoyèrent des coups, car le résultat des paris ne pouvait pas être moins clair. Le Démon était mort, mais l’Ange avait triché. Au sein de cette arène, l’usage de la magie était interdit. « SILENCE ! » tonitrua une voix, par-dessus le vacarme de la salle. Tous les regards convergèrent vers la silhouette d’Ulla Geirshand. Lorsqu’elle fut certaine d’avoir l’attention de tous, elle lâcha : « Match nul. » Le brouhaha reprit immédiatement. « TAISEZ-VOUS ! » Le silence se répandit à nouveau. « C’est mon arène et c’est donc moi qui décide. Ceux qui sont pas contents, vous connaissez le chemin jusqu’à la porte de sortie. Maintenant, que quelq- » - « C’est Laëth Belegad ! » Un murmure s’étendit dans la pièce, jusqu’à enfler en un son plus grave de bavardages surpris. Ulla se retourna et regarda la fille. Elle était connue, ici. Ici et ailleurs, à son avantage comme à son désavantage. Originaire de Lumnaar’Yuvon, elle avait trahi les siens en rejoignant les Anges, des années auparavant. Là-bas, elle s’était dégotée un Magot qui, disait-on, gravissait les échelons de sa nation. De son côté, elle s’était engagée dans l’armée. Pourtant, les Zaahin avaient fait appel à elle pour l’Odon do Dur, et depuis, son implication au sein du peuple réprouvé n’avait fait que croître. On la prétendait liée à Adam Pendragon. Surtout, on se souvenait de son implication toute récente dans la guerre contre les Sorciers et de sa réduction en esclavage. Elle était censée vivre aux côtés de Jun Taiji. Ulla le savait mais avait choisi de ne pas poser de questions lorsqu’elle avait découvert son identité. Elle doutait que le Sorcier, banni par les siens, eût désiré envoyer son jouet ici ; et de toute façon, la marque des esclaves n’apparaissait plus sur son bras étendu devant elle. Néanmoins, là où elle choisissait délibérément de ne pas s’interroger, d’autres le faisaient à sa place. « Qu’est-ce qu’elle fout là, Geirshand ? » La Réprouvée haussa les épaules. « Je sais pas, à ton avis ? Elle a l’air d’être venue cueillir des fleurs ? » Quelques rires gras ponctuèrent sa blague, mais la majorité des visages demeuraient graves. L’Aile d’Acier occupait une position ambivalente dans le cœur des Réprouvés. Tantôt traîtresse, tantôt sauveuse, elle incarnait les deux tranchants d’une épée ; jamais on ne pouvait prévoir de quel côté elle allait s’abattre. « Comment t’as pu pas voir que c’était elle ? » - « Tu l’avais vu, toi ? » Un grognement lui répondit. « Elle a essayé de nous sauver les miches, à Amestris. » lança une voix masculine. « Elle a surtout juré allégeance à ces putains d’Anges. » - « Elle serait pas venue si notre peuple comptait pas plus pour elle. » - « C’est qu’une girouette, attends qu’elle change d’avis et t’arrache la tête. » - « Son frère et elle nous ont aidés. » L’homme s’avança. Il s’appuyait sur une béquille. Une de ses jambes lui manquait et là où aurait dû se trouver l’un de ses yeux, il n’y avait plus qu’une boursoufflure de chair. « Si tu la fous dehors, Ulla, je la prends avec moi. Je ne permettrai pas qu’on s’en prenne à une élue des Zaahin. » La femme le toisa depuis son promontoire. Des éclats de réflexion piquetèrent ses rétines, puis elle lâcha : « Elle reste avec moi. »



Message IV – 834 mots

Mission de ce soir : trouver une image pour Ulla (et relire ce rp, oupsi).




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Priam et Laëth
Mar 15 Nov 2022, 07:33




Les fleurs de la colère

En solo | Freyja, Priam & co


RP lié : Le début de la terreur.


« Débarrassez le plancher du cadavre. » Dès qu’elle eût parlé, deux Bipolaires s’extirpèrent de la foule et montèrent sur l’estrade. Ils attrapèrent le corps du Démon, l’un au niveau des aisselles et l’autre sous les genoux, puis l’embarquèrent. Ulla s’approcha de l’Ange. Durant une seconde, elle l’observa, avant de se pencher, de la soulever et de la jeter sur son épaule. Ça ne pesait jamais rien, ces choses-là. « Onarek, je te laisse gérer la suite. » Le concerné acquiesça et joua des coudes pour se faire une place en dehors de la foule. Il attrapa la liste que la Geirshand lui tendait et sur laquelle figuraient les noms des participants. « Si jamais y’a un problème, tu sais comment faire. » Une nouvelle fois, il opina. Elle lui colla une franche claque sur l’épaule, la serra un instant dans sa poigne, puis le lâcha, descendit de l’estrade et se fraya un passage parmi les spectateurs pour quitter l’arène. Elle emprunta la porte de derrière, qui donnait sur un long couloir, et s’introduisit dans une autre pièce, bien plus exiguë, laquelle comportait un trou dans le plancher, couvert d’une simple caisse. Il débouchait sur un souterrain. « Ulla. » La Manichéenne se retourna. L’éclopé l’avait suivie. Elle haussa un sourcil. « Qu’est-ce que tu veux, Dalzar ? » - « Tu l’emmènes où ? » - « Chez moi. » - « Fais gaffe. » - « Quoi ? » - « L’Empereur Noir a pas aimé qu’elle soit libérée. » - « Je lui pisse à la raie, à ce type. » - « Il la fait chercher. Il a mis sa tête à prix, et celle de Jun Taiji aussi. Fais gaffe, c’est tout. » Les iris bruns d’Ulla sondèrent ceux de son interlocuteur. S’il la cherchait, c’était une raison de plus pour la garder. Les Sorciers avaient gagné, c’était indubitable. La défaite était cuisante. Les semaines n’avaient guère atténué la douleur infligée. Rien ne l’atténuerait ; mais rien non plus ne saurait porter un coup fatal à la fierté réprouvée. Celle de la rousse était de la meilleure trempe. Aucune peur ne l’effarouchait – c’était, du moins, ce dont elle se targuait. « S’ils viennent, je saurai les accueillir. Elle aussi, j’imagine, si elle s’évanouit pas. » Un rictus moqueur ourla ses lèvres. Dalzar lui rendit un sourire plus doux. « Je passerai. » Elle hocha la tête. « À plus alors. » - « À plus. » Dès qu’il fût parti, la femme se détourna, donna un coup de pied dans la caisse en bois, puis s’assit sur le rebord du trou et se faufila dans celui-ci, cramponnée à l’échelle à l’aide de sa main libre et de ses pieds. La tavernière avança dans la pénombre des corridors souterrains, sûre d’elle. Lorsqu’elle en sortit, elle se retrouva dans une ruelle bondée de sacs poubelles et d’odeurs nauséabondes en tous genres.

Chez elle, Ulla avait allongé l’Aile d’Acier sur son canapé. Elle avait vérifié sa tête. L’impact ne semblait pas avoir laissé de traces. Seule la main du Démon apparaissait encore sur son cou, large et rouge. Elle pourrait la faire disparaître avec sa magie dès qu’elle se réveillerait. La Réprouvée avait vaqué à ses occupations et, depuis quelques minutes, elle était assise dans le salon, une feuille sur les genoux, et griffonnait. Quand son invitée commença à bouger, elle posa sur la table ce qui l’occupait jusqu’à présent, puis joignit ses mains devant elle, coudes sur les cuisses. « Il était temps. » L’Ange tourna la tête vers elle. L’étourdissement embrumait encore son regard. « T’as tué un de mes gars. » Face à la lueur qui s’alluma vivement dans les iris verts, elle haussa les épaules. « C’est rien, ça arrive. Les risques du métier. » Il aurait dû se méfier. Il avait été stupide de croire qu’aucune défense ne s’imposerait à lui. Une mort par étranglement suscitait toujours de la résistance, que la victime l’eût souhaitée ou non. L’instinct de survie surpassait très largement la volonté. « Y’a des gens qui te cherchent. » Laëth fronça les sourcils. « Il paraît que l’Empereur Noir a mis ta tête à prix. Celle de Jun Taiji aussi. » Son interlocutrice déglutit, et Ulla vit nettement le trouble s’implanter dans ses rétines. « J’me demande bien ce que tu leur as fait, à tous ces Sorciers, pour qu’ils se crêpent le chignon comme ça à cause de toi. » La brune baissa les yeux et pinça les lèvres. « Rien. Ils sont comme ça, c’est tout. » - « Hum. Peu importe. » La Réprouvée se leva en tapant ses mains sur ses cuisses. « T’es pas en sécurité, ici. Y’a trop de passages, dans cette ville, et les bruits courent trop vite. D’ici ce soir, tous ceux que l’info intéressent sauront où tu créchais. Va falloir que tu te planques, et mieux que ce que t’as fait jusque-là, Laëth. » L’Ange laissa sa nuque reposer sur l’accoudoir du canapé, le crâne légèrement renversé vers l’arrière. « Je peux te filer un coup de main, si tu m’en files un en retour. » Le visage de la fugitive pivota vers elle. Un sourire amer flotta sur ses lèvres, et elle secoua la tête en laissant échapper un rire par le nez.



Message V – 885 mots




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Mer 16 Nov 2022, 21:55




Les fleurs de la colère

En solo | Freyja, Priam & co


RP lié : Le début de la terreur.


Leur tête à prix. Sans se départir de son rictus, l’Ailée releva les yeux vers le plafond. En ce qui concernait Jun, ce n’était qu’une vaste plaisanterie. Il était un Æther et, plus risible encore, l’Æther de la Mort. Vouloir le tuer revenait à essayer d’attraper le vent. Ils pouvaient le bannir ; cela ne devait pas lui importer. Quant à elle, elle se demandait quelle expression surgirait sur le visage de Kaahl s’il apprenait qu’un Sorcier lui avait tranché la gorge. Elle doutait que la nouvelle lui plut, malgré tout. Pourtant, il avait laissé Cyrius lancer un mandat d’arrêt contre elle. L’Empereur Noir était à sa botte. Il l’avait forcément autorisée à la pourchasser. Si l’amour ne résolvait pas tout, sa mort le pourrait-elle ? Elle en doutait. Elle serait en paix, peut-être, mais lui… Il l’aimait. Il prétendait pouvoir passer à autre chose avec le temps, et c’était sans doute vrai, mais jamais il ne pourrait l’oublier. Jamais il ne pourrait oublier la douleur provoquée par son assassinat, et sa part de responsabilité dans celui-ci. Avait-il agi par colère, par esprit de vengeance ? Regrettait-il, maintenant ? Continuait-il à la faire surveiller ? Ses espions veillaient-ils encore sur le moindre de ses faits et gestes ? Protégeaient-ils ses arrières ? Elle n’en avait aucune idée. Elle s’en foutait. S’il refusait de revenir, alors elle voulait les oublier, tous. Mourir était une option, parfois. La plupart du temps, elle n’en avait pas le courage. Pas vraiment l’envie non plus, sans doute. Elle espérait. Elle se persuadait. Il reviendrait. Après l’avoir jetée en pâture cent fois, ou même mille, il reviendrait. « T’en dis quoi ? » Elle tourna la tête vers son hôte. « Je me débrouille toute seule. » - « C’est ce que j’ai vu, en effet. » Ulla avança vers elle. « T’as pas vraiment envie de mourir, sinon tu serais crevée depuis bien longtemps, Belegad. » Freyja ne répondit pas. « Je connais cette ville comme ma poche. Ce qu’on en voit et ce qu’on n’en voit pas. Je t’aide à te planquer, et en échange, tu m’aides. » - « À quoi ? » La rousse sourit. Son expression oscillait entre le mystère, l’amertume et l’agressivité. « Je dois récupérer un truc chez un vieil ami. » - « Je vois. » lâcha la brune, le regard grave.

Un silence flotta. « Alors ? » - « C’est dangereux ? » - « Plutôt. » Son cœur pulsa plus fort, galvanisé par ce qui se profilait. Structure éclatée de débris épars, c’était tout ce qui la maintenait en activité. Des vibrations qui agitaient chacun de ses fragments, dont la danse frénétique produisait des entrechocs desquels naissaient des étincelles de folie. Depuis que son palpitant s’était fracassé sur les pics acérés de ses amours impossibles, Freyja avait lâché la bride de son imprudence. « Et en échange, tu me caches ici ? » - « Plus ou moins. Et je t’aide à te fondre dans la masse. » L’intéressée tourna la tête vers la tenancière. Ses yeux verts la dardèrent, brûlants. « C’est-à-dire ? » - « T’es un peu trop repérable, l’Ange. Tu pues la vertu à des kilomètres. » - « Ah ? Je pensais que l’odeur de poisson et de cadavre de cet endroit réussissait à masquer ça. » Ulla sourit. « Non. Mais j’ai des trucs qui pourraient arranger ça. » La brune fronça les sourcils puis se redressa, assise. « Des artefacts raciaux ? » La surprise peignit aussitôt les traits de la Manichéenne. Les yeux plissés, l’Ailée la dévisagea. Comment se les était-elle procurés ? Leur rareté les rendait difficiles à obtenir. Sceptelinôst était la ville de bien des trafics, mais jamais elle n’avait entendu parler de celui-ci. S’il existait, il devait être extrêmement confidentiel. Et il devait être particulièrement risqué de s’y mêler. Elle avait deviné depuis longtemps qu’Ulla baignait dans des magouilles assez louches. Il y avait eu plusieurs signes, plusieurs événements, dans sa taverne ou dans l’arène. Jusque-là, elle s’en était tenue éloignée. Elle avait trouvé son compte d’adrénaline, d’oubli et de violence dans les combats organisés. Il n’y avait eu que là-bas qu’elle avait eu réellement besoin de se battre pour sa vie ; le reste du temps, elle s’était laissée dépérir. Si elle continuait, on la trouverait et on la tuerait ; et lorsque son esprit s’embrasait de clarté, elle ne désirait pas la mort. Pas comme ça, en tout cas. Elle préférait sauter les deux pieds joints dans la gueule du loup. « Tu connais ? » Un rictus amer tordit les lèvres de l’Ange. « Si tu savais… » Elle ne la laissa pas rebondir, et enchaîna : « Tu veux récupérer quoi chez ton « ami » ? » - « Deux trois babioles qu’il m’a volées. » - « Oh. Il t’a volée, et donc tu comptes le voler en retour ? » Un large sourire s’afficha sur la bouche d’Ulla. « C’est un peu une tradition ici. Première leçon pour te fondre dans la masse. »



Message VI – 845 mots




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Ven 18 Nov 2022, 20:15




Les fleurs de la colère

En solo | Freyja, Priam & co


RP lié : Les jeux de Sahōdara.


La taverne animée pulsait au rythme des conversations braillées des habitants de Sceptelinôst. Parée de nouveaux traits et protégée d’une illusion qui devait la faire disparaître aux yeux de tous, Freyja se faufila entre eux. Elle traversa la salle, en évitant soigneusement de croiser le regard d’Ulla. La Réprouvée était occupée à servir des clients au bar. Ils étaient tous suffisamment habitués ou saouls pour tenter de lui faire la conversation, si bien qu’ils la plaçaient dans l’impossibilité de surveiller le reste de la salle. Tant mieux. Bien sûr, elle disposait d’aide pour assurer le bon déroulement de toutes ces soirées qui se superposaient, nuit après nuit, dans les mémoires et les veines des fêtards. Cependant, qui que fussent ces gens qui lui filaient un coup de main, ils ne devaient pas être capables de la repérer sous cette forme et avec l’emploi d’illusions. Elle n’était néanmoins pas certaine de sa performance. Elle manquait encore de maîtrise sur ce pouvoir. Peut-être que sa magie fluctuait et laissait parfois deviner sa présence. Elle n’aurait donc pas parié sur le fait que la tenancière n’eût pu la voir. Au moindre tressautement magique, son œil avisé aurait probablement tout de suite été attiré par l’aura de l’Ange, et remarqué la tension qui gainait ses muscles.

Parvenue dans le recoin qui menait aux sous-sols, l’Ailée poussa la porte et s’engouffra dans les escaliers. Elle relâcha les illusions qui l’entouraient. Son cœur frappait bruyamment son rythme à ses tempes. Elle n’avait pas le droit d’être là et, pour la première fois, la lumière rouge qui s’étalait sur les murs de pierre lui rappela plus cette interdiction que les combats menés au bout du couloir et l’éclat de leurs gerbes sanguinolentes. Ulla lui avait bien spécifié qu’elle devait rester chez elle – à se tourner les pouces – et ne pas revenir ici. Elle lui avait dit qu’elle lui ramènerait ses affaires. Excellente idée. Freyja avait hâte qu’elle tombât sur la lettre d’Eméliana Salvatore, laissée à découvert sur son lit et proprement estampillée de sa signature. À cette pensée, un sourire pincé griffa ses lèvres. Quelle imbécile, de les avoir abandonnées là. Retenant un soupir, elle s’apprêtait à poser la main sur la poignée de sa chambre, lorsqu’elle remarqua que la porte en étant entrebâillée. Elle regarda la serrure. On l’avait fait sauter. Retenant sa respiration, l’Ailée poussa doucement le panneau de bois, un poignard se matérialisant dans sa poigne.

Elle entra et, immédiatement, ses yeux rencontrèrent une haute silhouette, découpée dans l’ombre par la projection carmine du couloir, et inclinée au-dessus du bureau de fortune. Ses mains fouillaient la paperasse qui y traînait. Son aura démoniaque la percuta de plein fouet. L’homme brun pivota et planta son regard sur elle. Il la toisa ; elle se raidit. « Joli déguisement, Aile d’Acier. » ricana-t-il. Elle serra les dents. « Faut que tu viennes avec moi. » La main toujours serrée autour de son arme, Freyja ne cilla pas, et pourtant son cœur s’emballa. « J’ai pas le temps. » - « Des amis te demandent. » - « Écarte-toi. » Elle termina de pousser la porte du pied et s’avança dans la chambrette. Aussitôt, le Vicieux lui barra la route. Il jeta un coup d’œil à sa lame ; un sourire moqueur courba ses lippes. Elle darda sur lui un regard acéré. « M’oblige pas à employer la force. Ce serait dommage que je te livre abimée. » Les lèvres de l’Ange se tordirent en un rictus hargneux. « Je ne crois pas que l’Empereur Noir mérite tant d’égards après ce que les Sorciers vous ont collé comme déculottée. » Le Démon, sans se formaliser de sa pique, se pencha sur elle et murmura : « C’est pas pour lui que je bosse. » Il lui laissa le temps de froncer les sourcils de surprise, puis son poing heurta violemment sa pommette, l’obligeant à reculer sur plusieurs mètres. Une vive douleur se mit à l’élancer ; poussée par l’adrénaline, l’Aile d’Acier revint aussitôt se confronter à lui. Son pied droit s’abattit sur ses côtes, et elle jeta son poing contre sa joue. Malgré ses efforts pour désorienter son adversaire, le poignard siffla dans l’air mais manqua sa cible. Le Démon lui asséna un coup de pied dans l’estomac qui la projeta contre le bureau. Le bois céda sous l’impact ; le meuble s’écrasa contre le sol et les feuilles s’envolèrent. Sans qu’elle eût le temps de se ressaisir, elle se sentit soulevée de terre. Elle resserra sa prise sur le poignard et le planta dans le poignet de son adversaire : celui-ci poussa un cri et libéra son col en reculant. Elle en profita pour bondir sur son torse afin de l’envoyer au sol. L’arme plaquée sur sa carotide, elle grogna : « Pour qui tu travailles ? » Un sourire mesquin étira les lèvres du Vile. Il l’entoura d’un bras et, d’une poussée du bassin, échangea leurs positions. Avant qu’il ne pût s’asseoir, l’Ailée remonta vivement son genou contre son entrejambe. Une flopée de jurons en dialecte démoniaque échappa à son attaquant. Elle en profita pour rouler sur le ventre afin de se dégager ; mais avant qu’elle eût pu se glisser hors de son emprise, elle sentit un poids écraser son dos. Une plainte s’écoula entre ses lèvres tandis que ses lombaires se compressaient sous la pression exercée par l’homme. Sa main se noua autour de la sienne. Il y planta de longs ongles, soigneusement taillés pour le combat, afin de lui faire lâcher prise. Dès que le poignard ricocha sur le sol, il s’en empara et tenta de le lui enfoncer entre les côtes, mais l’arme résista. Elle ne blessait jamais son porteur. « C’est quoi cette merde ? » L’Ange sourit et profita de cet instant d’égarement. Son corps transmuta, passant de chair à fumée. Debout, elle se rematérialisa et envoya son pied dans la figure du brun qui, déjà déséquilibré par sa soudaine intangibilité, tomba à la renverse. Au passage, elle récupéra sa lame, juste avant d’appuyer le talon de sa chaussure sur sa gorge. « Pour qui tu travailles ? » répéta-t-elle. Sans répondre, il lui attrapa la cheville et tira si fort qu’elle chuta. Elle n’eut guère le temps de se fustiger pour cette erreur de débutante probablement due à la fatigue : sa haute silhouette se rua à nouveau sur elle.

Ils se rouèrent de coups, échangèrent leurs positions plusieurs fois, manquèrent chacun leur tour d’asseoir leur domination sur l’autre, s’échappèrent, se heurtèrent à nouveau, s’épuisèrent, se blessèrent ; leurs auras antagonistes se brûlaient l’une contre l’autre. Ils dansèrent ensemble un tango de violence et de mort, jusqu’à ce que le poignard ne s’enfonçât dans la peau tendue des côtes du Démon. Bien en face de celui qu’elle venait d’acculer contre un mur, Freyja demanda encore, essoufflée : « Pour qui tu travailles, nutaar’kra (putain) ? » Son adversaire sourit, attrapa son poignet et le tordit. L’Ange cria et lâcha la lame. Le Vile l’arracha à sa propre chair, inversa leurs positions et la plaqua sur la gorge de la jeune femme, juste au-dessus de ses doigts à nouveau serrés. Un filet de sang s’infiltra entre eux, tandis que l’air se raréfiait dans les poumons de la brune. La scène de la veille frappa ses deux rétines et ébranla son corps : sa magie grésilla contre sa peau, puis explosa. La déflagration éclaira la pièce, puis l’océan de pénombre reprit ses droits. À moitié sonnée par la détonation, Freyja tituba. Elle trébucha et manqua de s’étaler sur une masse criblée de pics acérées. La lumière sanguine du couloir soulignait les boursouflures de la peau brûlée du Démon et la silhouette élancée des lames plantées dans tout son corps. L’Ange demeura là, statue de chair figée devant le spectacle de la mort.



Message VII – 1301 mots

- Le Poignard Subtil : arme dont la lame est si aiguisée qu'elle est capable de trancher toutes les matières. Elle se révèle, néanmoins, incapable de blesser son porteur, ainsi que l'étui qui la renferme. Elle est d'ailleurs insensible aux magies élémentaires. Elle a également la manie de parler à son porteur lorsqu'elle s'ennuie, prenant la voix de la personne la plus proche de lui. Si le porteur n'en prend pas soin, elle aura la fâcheuse tendance à téléporter celui-ci auprès d'un autre possesseur d'un Poignard Subtil si l'occasion s'y prête [Porteurs - Jun, Dev, Mancinia, Priam, Eerah, I&I, Kaahl].
- Pouvoirs utilisés à la fin : bannissement + onde + création et contrôle du métal.





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Sam 19 Nov 2022, 18:55




Les fleurs de la colère

En solo | Freyja, Priam & co



La porte de l’escalier claqua et des voix résonnèrent. Freyja releva vivement la tête et plongea aussitôt dans l’ombre d’un recoin. Elle se glissa jusqu’au lit, attrapa les trois lettres, puis bondit jusqu’à la porte. Elle jeta un coup d’œil à gauche, puis un à droite. Personne. Elle entendit des pas dévaler les marches. Sans attendre, elle s’enroba d’une illusion et se lança dans le couloir. Elle le remonta en courant jusqu’à la porte de l’arène, qu’elle ouvrit à la volée. « Là-bas ! » La fugitive pressa le pas. Traversant la pièce, elle se faufila entre les chaises, les poteaux et les cadavres de bouteille qui jonchaient encore le sol. Dans le fond, une ouverture donnait sur un autre escalier qui, lui, conduisait à l’extérieur. Elle l’emprunta et surgit dans la nuit noire. « Là ! Dépêchez-vous ! » cria une voix sur sa droite. Ils avaient fait le tour pour essayer de la prendre en étau. Aussitôt, l’Ailée reprit sa course, vers la gauche. Elle remonta une longue ruelle mal éclairée. Des couinements de rats résonnaient entre la battue de ses bottes sur les pavés. Dans l’air frais et humide de la nuit, son souffle diffusait des nuées blanchâtres. Elle bifurqua et, face à elle, le port apparut. Coques et mâts grinçaient sous les assauts de la houle et du vent. Le ciel nocturne grondait tel le fond orageux de l’océan. Partout s’étendait l’ombre d’Amilakash et du Léviathan. À vive allure, la Belegad longea le quai. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Ses poursuivants ne la lâchaient pas. D’une pensée, elle envoya une onde de choc dans leur direction ; sur le passage de celle-ci, les caisses en bois explosèrent, libérant des marchandises. Elle se prolongea jusqu’à percuter les hommes et les femmes qui la coursaient : ils tombèrent à la renverse ou furent projetés quelques mètres plus loin. Elle en profita pour accélérer et s’engouffrer à nouveau dans les méandres de la ville portuaire. Même dans les boyaux tordus des ruelles et avenues, elle sentait encore s’écraser l’haleine iodée du Léviathan. Il soufflait sur sa nuque des notes de terreur. Quelque part dans le brouillard qui planait parfois sur l’océan, il y avait Erza. Et là où elle n’était plus, il n’y avait personne. C’était un problème que les habitants de Lumnaar’Yuvon devrait résoudre rapidement.

Freyja fit plusieurs détours avant d’être certaine de n’être plus suivie. Là, elle revint vers l’habitation d’Ulla. Il s’agissait d’une maison toute en hauteur, encastrée entre deux autres qui faisaient tant pression sur ses murs qu’elles semblaient capables de la réduire en poussière. L’Ange déploya ses ailes et vola jusqu’à la fenêtre de sa chambre, laissée entrouverte. Elle la poussa et se glissa par l’ouverture. « Qu’est-ce que t’as pas compris dans « reste chez moi » ? » Un violent sursaut la secoua. Elle recula contre la vitre et en heurta le battant ; il s’enfonça entre ses vertèbres, lui arrachant une grimace. Ulla la toisait de toute sa hauteur, les bras croisés sur sa poitrine et un pli amer sur la bouche. La brune laissa ses traits véritables reparaître et la fixa. Elle haussa les épaules. « J’avais des affaires à récupérer. » - « Je t’ai dit que je te les ramènerai. » Elle jeta un sac à ses pieds. « Il restait plus grand-chose, vu que t’as à moitié fait sauter la pièce. » Elle s’avança, menaçante. Freyja ne recula pas. « Y’a des trucs qui ne regardent que moi, et de toute façon cette pièce était un taudis. » - « Ouais et y’a un cadavre en plein milieu. » asséna la Réprouvée. Une veine de colère battait à sa tempe. « J’aurais dû le laisser me tuer ? » - « Peut-être bien, ouais. Tu m’aurais pas été très utile morte mais au moins tu m’aurais pas attiré plus d’emmerdes que j’en ai déjà. Ce type était du clan Hrafninn et je crois pas que le Choucas va laisser cette mort aux oubliettes. » La fille de Bipolaires se figea, les yeux arrondis de surprise. « Hrafninn, tu dis ? » Le Choucas. « Pendrake ? » - « Pendrake Hrafninn, c’est terminé. C’est Pen’Garleon Deiddrenth, maintenant. Un Démon. » L’étrangère à la cité fronça les sourcils. « Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? » - « J’en sais rien, je m’en fous et tu devrais t’en foutre aussi. Écoute-moi bien, Belegad. » Elle l’attrapa par le col et rapprocha son visage du sien. « Peu importe ce qu’il s’est passé : ce qui compte, c’est que ce type dirige l’un des gangs de cette cité. Il va te chercher, te trouver, et te tuer. Et crois-moi, c’est pas moi qui vais l’en empêcher. J’ai aucun intérêt à me foutre ce clan à dos. » Ses yeux bruns sondaient les siens, orageux. « Je te laisse une dernière chance de faire tes preuves – sinon c’est moi qui te tuerai. Je suis pas Dalzar et je vais pas tout mettre en œuvre pour sauver une élue des Zaahin, au détriment des miens et de ma propre sécurité. » Freyja inspira, agacée plus qu’impressionnée. « Pars quelques jours, le temps que ça se calme. Quelque part où les Hrafninn auront du mal à te mettre la main dessus, mais où tu pourras enquêter sur les Dotta. » La main d’Ulla se dénoua vivement, comme si la peau de l’Aile Blanche l’avait brûlée. Celle-ci lui jeta un regard noir. « C’est pas avec ma tête d’Ange que je vais trouver des informations sur des Déchus. Donne-moi l’artefact. » La figure d’Ulla se crispa. « T’as pas confiance. » constata la brune. « Ça t’étonne ? » - « Non. Mais j’ai nulle part où aller. Je reviendrai ici et je reviendrai avec tes infos. De toute façon, soit tu me fais confiance, tu me files ton artefact, je vais chez les Déchus et je reviens, soit tu me laisses me démerder et tu te démerdes de ton côté pour récupérer ce qu’on t’a volé. » - « Je peux pas. » - « Problème réglé, alors. » trancha-t-elle.

Les deux femmes s’affrontèrent du regard quelques secondes, puis Ulla fit apparaître une couronne dans sa main. Entrelacs de plumes sculptées dans le métal, elle était surmontée de plusieurs duos de petites cornes démoniaques. Elle la lui tendit. « Quand tu veux la retirer, dis : « je mets fin à mon règne ». » Les doigts de Freyja se refermèrent dessus. « Merci. » Son pouce suivit les contours ciselés du métal. « D’ailleurs. Essaye de te changer en homme. Je te repérerai peut-être moins facilement. » L’Ange releva le nez et arqua un sourcil. Ulla ne souriait pas.

Fin nastae



Message VIII – 1123 mots




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