Le kimono d'Isami

Musique

Intrigue : Ren et Kagamiko sont envoyées par Baba afin d'apporter son kimono à Isami, une Orine qui vit à deux rues d'ici. En chemin, elles rencontrent Eiji et désirent qu'il les accompagne. Ce qui devait n'être qu'une petite course va devenir l'occasion pour les Orines de mettre la main à la pâte. Quête en 4 x 720 messages minimum chacun.

« Tu crois que Junichi se réveille encore plus tôt que Baba ? » « Je ne sais pas. Il faudrait le lui demander… » Les deux Orines discutaient entre elles, à propos de leur dernier plan – qui avait lamentablement échoué – consistant à surprendre le garçon encore endormi le matin. « Ou alors il ne dort pas ? Comme les créatures des contes ! Celles aux grandes dents ! » « Les Ketsuki ? » « Oui ! Les Ketsuki ! » confirma Kagamiko, heureuse que Ren ait trouvé le mot exact. Les Ketsuki faisaient peur, selon les enfants. Pas parce qu’ils avaient de grandes dents pointues, comme des baguettes, mais parce qu’ils se jetaient sur leurs victimes pour boire tout leur sang ! Et, parfois, d’après les mythes, la victime pouvait devenir à son tour un Ketsuki ! Alors, quand elles se racontaient ce genre d’histoires, Kagamiko et Ren prenaient bien soin d’emmitoufler leur cou sous une épaisse couche de couverture, de coussin ou de vêtement, pour être sûres que le Ketsuki caché dans le placard ne pourrait pas les atteindre.

Un bruit de carillon retentit. Les deux Orines levèrent les yeux et les portèrent vers le jardin. Baba ne tarda pas à apparaître afin de s’occuper du linge. La vieille femme l’avait mis à sécher le matin même et l’avait laissé se gorger de soleil. À présent, il était sec. « Les filles ? Vous venez m’aider ? » « Oui on arrive ! » lança Kagamiko, avant de regarder Ren. « Viens, on discutera de notre super plan après. Mais si on veut réussir, il va falloir trouver un moyen de se lever trèèèès tôt ! Ou alors… Ou alors on ne dort pas et on essaye d’aller voir si Junichi est un Ketsuki ! » « Mais si c’est vraiment un Ketsuki ? » « On prendra des armes ! » Armes sans doute composées d’une brosse à cheveux et d’un oreiller. « D’accord ! » Elles trottèrent en parlant jusqu’aux fils à linge. « De toute façon, je ne pense pas qu’il en soit un. Sinon il aurait de longues dents… » « T’as déjà regardé ses dents ? » « … Bah… Si elles étaient longues on l’aurait vu non ? » « Ah ouais. T’as raison. » « Mais on enquêtera quand même ! » « Oui, c’est sûr, il vaut mieux être certaines ! » affirma la rouquine, avec un air de professionnelle du crime sur le visage.

Lorsqu’elles arrivèrent vers Baba, la vieille femme leur désigna le drap. Elle prit deux côtés et les filles un chacune. Elles secouèrent le tissu qui produisit un bruit caractéristique, entre le froissement et le claquement. Ça les fit rire. Elles adoraient les draps bien propres. Ils sentaient toujours bons. Puis ils étaient doux sous les doigts. « Venez, on va se réunir pour le plier une première fois. » Ren et Kagamiko se regardèrent et hochèrent la tête d’un air entendu, avant de se rapprocher de la vieille femme pour lui donner le morceau qu’elles avaient dans les mains. À plusieurs, le pliage était toujours beaucoup plus réussi. « Dis Baba ? Junichi se réveille avant toi le matin ? » L’ancienne Orine esquissa un sourire. Cette obsession pour Junichi – alors même que le garçon ne voyait rien – était à la fois touchante et amusante. « Oui, généralement il est réveillé avant moi. Il va faire une promenade et il revient préparer le petit déjeuner, ce qui me laisse le temps de dormir un peu plus. » Elle n’était plus toute jeune et elle s’était levée tôt tous les jours de sa vie, pour parfaire son art et prendre soin de son Aisuru tout en ayant du temps pour elle. Elle avait eu à cœur d’être accomplie. À présent, elle désirait profiter des draps chauds de son lit – bien qu’elle se levât tôt quand même – et finir son existence doucement, en transmettant le savoir qu’elle avait acquis au fil des années. « Ooh… Il va falloir qu’on se lève tôt alors si on veut le voir dormir… » La vieille femme rit devant le dialogue qui se mit à en place, un dialogue rempli de vie qui lui rappelait sa propre jeunesse.

Lorsqu’elles eurent terminé, Baba leur confia une mission qu’elles s’empressèrent d’accepter : apporter le kimono de cérémonie à Isami, l’Orine qui vivait à deux rues de là et qui avait demandé à Baba de faire quelques retouches. Les deux fillettes adoraient contempler les habits de leurs aînés alors, sans le déplier, elles le regardèrent durant une partie du trajet, sans être avares de commentaires à son sujet. Elles le firent jusqu’à croiser un garçon. Tout le monde se connaissait au moins de vue à Onikareni. Néanmoins, elles n’avaient pas l’impression de lui avoir déjà adressé la parole. Elles se regardèrent et, comme une seule et même personne, décidèrent de s’approcher. « Bonjour ! » « Bonjour ! » « C’est quoi ton prénom ? » « Je crois que c’est Eiquelque chose, non ? Je t’ai déjà vu par ici ! Moi c’est Ren ! Et elle c’est Kagamiko ! » « Diiis ? On est en mission secrète ! Est-ce que ça t’intéresserait de venir avec nous livrer ça à Isami ? » « Oui ! Elle n’habite pas très loin ! » « C’est quoi ton Art Divin ? Tu l’as trouvé ? Nous on cherche encore ! Tu as une idée d’Aisuru ? Tu vas partir en voyage bientôt ? Nous on est allé sur les Terres d’Émeraude et c’était… tout vert ! Tu as déjà vu les Terres d’Émeraude ? T’as quel âge ? » Ren mit un petit coup de coude à son amie. Elle avait recommencé à poser trop de questions d'un coup sous l'effet de l'excitation.  

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Le kimono d'Isami

Musique

« Tu vois, je t’avais dit que c’était Eiquelque chose ! » dit Ren à l’attention de Kagamiko. Celle-ci hocha la tête d’un air grave, comme s’il s’agissait d’une information capitale dans une enquête extrêmement sérieuse. « Bien vu, détective Ren. » répondit-elle, avant qu’un sourire espiègle n’apparût sur son visage. « Mais cela manquait de précision. » « Roo ça va ! » rouspéta la rouquine, avant de reporter son attention sur le garçon. Il était maquillé et c’était joli. Les deux petites filles n’avaient pas joué avec les produits de beauté de la grand-mère de Kagamiko ce matin. Heureusement, parce que dès qu’elles le faisaient, c’était un véritable carnage. Lorsque Baba s’y mettait, elle devait composer avec la bougeotte de la petite brune. Ren, elle, était bien plus calme et, forcément, son maquillage était toujours le plus réussi des deux.

« C’est ma Baba ! Et oui, je suis sûre ! Toi aussi t’es sûre, Ren ? » « Oui ! » « Elle n’a pas dit qu’on n’avait pas le droit d’inviter des gens, alors… » « Alors c’est qu’on a le droit ! » Les deux filles gloussèrent doucement. Elles étaient contentes d’être si proches, au point de pouvoir terminer les phrases l’une de l’autre. « Mais attention ! On t’invite juste parce que c’est toi ! C’est une mission super secrète quand même ! » ajouta Kagamiko. « Oui c’est vrai ! Junichi n’aurait pas le droit de venir ! » La brune prit un air scandalisé. « Mais si nounouille ! Junichi il aurait le droit ! C’est Junichi. » « Oui bah… Il a qu’à jouer un peu plus avec nous s’il veut avoir le droit de venir en mission super secrète. » « ENFIN BREF. » cria un peu trop Kagamiko, en se disant que ça ne servait à rien de parler de Junichi devant Eiji. Avec un peu de chance, Ren tomberait amoureuse de lui et elle pourrait garder l’autre rien que pour elle. Elle rit à cette idée. En fait, ça ne la dérangeait pas de partager ; surtout que cette romance n’existait que dans leur tête. « Je décrète que t’as le droit ! Mais il faudra en parler à personne parce que sinon… Les Töh Taureaux viendront te manger ! » Ren rigola. Le fait que ces grosses boules de poils mangeassent Eiji était aussi improbable que le soleil s’arrêtât de briller.

« Aloooors, notre voyage ! » commença Kagamiko, en entraînant le groupe à sa suite. C’est que, ils pouvaient discuter mais il fallait qu’ils avançassent en même temps, sinon ils n’arriveraient jamais. « Alors on a marché un peu puis après on a utilisé ce que les grands ont appelé des pontons ! » « Oui ! C’est les Magiciens qui ont installé ça ! C’est très pratique, ça permet d’aller d’un endroit à un autre super vite ! » En disant ça, Ren paraissait super excitée. Elle l’était. Découvrir les pontons l’avait fascinée. Elle en avait parlé durant tout leur voyage et encore après, si bien qu’elle en était devenue franchement agaçante aux yeux de certains autres enfants, avec sa fixette. « Plus tard, je serai gardienne des pontons ! » « Mais t’as dit que tu voulais être une guerrière ! » « Bah je serai une guerrière gardienne des pontons ! » « Moi je serai euh… fleuriste ! » Kagamiko changeait de profession à venir comme de culotte. « Et toi Eiji ? Tu veux faire quoi plus tard ? » « Mais attends, on a pas fini de lui raconter ! » « Ah oui ! Bon, alors après on est arrivé dans un grand espace vert ! C’est les Terres d’Émeraude ! Même que c’est à notre peuple mais c’est gi-gan-tes-que ! Onikareni pourrait tenir un milliard de fois dedans ! C’est grand comme ça ! » Elle étira ses bras autour d’elle le plus possible. Ren la regarda, sourit, et continua le récit. « Il y avait un festival musical et des stands de toutes les couleurs avec des Orines qui vendaient des objets. Et c’était trop bien ! » « Oui c’était trop bien ! Y avait d’autres enfants et on a pu jouer avec eux ! Et on a rencontré des adultes trop gentils aussi ! » Ren hocha la tête. « La prochaine fois, il faudra que tu viennes ! On t’amènera avec nous en mission super secrète sur les Terres d’Émeraude ! » « Ouiii ! » « Par contre, je ne crois pas que le vent était différent… » « C’est vrai ça… » « Mais y avait pleins d’étrangers partout ! Des avec des longues oreilles, des avec des oreilles arrondies, comme nous… Puis des vêtements rigolos et des couleurs que je n’avais jamais vues ! Puis les artistes étaient tous trop biens ! » Et elles continuèrent à détailler tout ce qu’elles avaient vu.

« Oh… On est arrivé ! » constata Ren, devant la maison où vivait Isami. « Eiji ! Il faut que tu vérifies qu’il n’y ait pas de monstres avant qu’on puisse rentrer ! Parfois, ils se cachent derrière les fontaines ou les buissons ! » « Vas-y Eiji !! » l’encouragea la rousse.

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