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 Ouïr l'harmonie de l'âme

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 755
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Mer 06 Avr 2022, 23:51

Sweet Violin par Murilo Francisco
Ouïr l'harmonie de l'âme

Un soupir traversa l'air, emporté dans le ballet du vent sifflant de Llarum. Jämiel n'appréciait que peu cette saison. Ils se retrouvaient régulièrement confinés chez eux du fait des pluies l'accompagnant et du terrain se retrouvant plus vaseux qu'un marécage. On ne sortait généralement à cette période de l'année qu'en cas de véritable nécessité. Dès lors que les pluies étaient annoncées, les établissements fermaient de toute façon. Ne demeurait que quelques irréductibles qui ne recevaient cependant pas grand monde. De façon plutôt générale, cette saison était ennuyante. Le Sarethi avait d'ailleurs passé une grande partie de son temps dans le Monde des Contes depuis que les premières pluies étaient tombées. Il y expérimentait les possibles et les interdits. Il utilisait son Royaume encore vierge comme un terrain d'entraînement. À la magie, principalement. Elle s'y retrouvait déployée à une infinie presqu'aussi dangereuse que si un idiot essayait d'en comprendre les rouages. C'était d'abord ça qu'il avait dû apprendre. La contenir, la condenser, la maîtriser. Seulement venait l'apprentissage des sortilèges qu'il avait découvert, par hasard ou non, dans les différents ouvrages qu'il avait pu feuilleter. Ce n'était cependant pas l'unique chose qu'il voulait expérimenter là-bas. Ce sera l'étape suivante.

Mais aujourd'hui c'était tout autre chose qu'il avait prévu tandis qu'enfin les pluies avaient cessées et que Mornhîngardh était enfin praticable autrement qu'en barque. Patoune avait trouvé amusant de faire ses griffes sur son violon, laissé sur le bureau de sa chambre une minuscule minute, le temps d'un aller-retour à la cuisine pour se servir un verre. Il avait alors traité l'animal de tout les noms possibles lorsqu'il avait trouvé le bois lacéré et la moitié des cordes tranchées. C'était il y avait deux semaines déjà. Deux semaines qu'il attendait une accalmie et que la terre ait absorbée le surplus des eaux tombées et des ruissellement des plateaux supérieurs afin de tenter un sauvetage de l'instrument chez le luthier. Un espoir qu'il imaginait malgré cela vain. On pouvait remplacer les cordes. La chose était moins aisée quand le coffre était directement attaqué.

Les pieds boueux, il pénétra la boutique d'Áedán. S'essuyer les pieds fut toutefois bien inutile et c'est la surprise qui marqua les traits du Sarethi en découvrant le carrelage enduit d'une couche de terre humide. « Qu'est-ce qui s'est passé ici ? ». La question n'était adressée à personne en particulier, moins encore que le luthier n'était pas dans la pièce. Il l'avait formulée sans réfléchir. Comme le besoin d'extérioriser la stupeur qui avait insinuée son esprit. Le maître des lieux l'avait malgré tout entendu ainsi, quelques secondes passées, il descendit l'escalier dont l'accès lui était exclusivement permis par le comptoir en bloquant l'accès aux visiteurs. « Le bâtiment a un défaut de conception et n'est pas assez surélevé pour éviter que ce ne soit pas inondé. » répondit-il avec une curieuse tranquillité. « Les responsables ne sont d'ailleurs plus du métier depuis longtemps, heureusement. ». Qu'il s'agisse de l'architecte comme des ouvriers. Ils étaient tous coupables. Cela ne faisait donc pas la première fois qu'il subissait ces inondations, supposa Jämiel. Un coup d'œil dans la pièce et l'Alfar remarqua seulement que rien de ce qui pouvait être trop fragile ou facilement dégradable ne se trouvait au sol. « Alors, de quoi as-tu besoin ? Encore une corde qui a sauté ? ». Depuis le temps qu'il devait s'occuper du violon de Jämiel, il avait arrêté d'user de politesse. L'Arcesi ne semblait pas être d'humeur à rire cependant car c'est une grimace que l'artisan reçu avant toute réponse. Le Sarethi s'approcha pour exposer de façon plus compréhensible le problème, découvrant l'instrument aux yeux de son créateur. « Pas tout à fait. » commenta-t-il comme il dévoila le violon mutilé. Ce fut alors à Áedán de tirer la grimace. « Harabella. Qu'est-ce qui lui est arrivé pour se trouver dans cet état ? ». L'inquiétude dans sa voix laisser penser qu'il se trouvait plus touché des meurtrissures de l'instrument plutôt que de l'insalubrité de la boutique. « Mon chat a trouvé que c'était une bonne idée de faire ses griffes dessus. » expliqua Jämiel en croisant les bras avec un air blasé. « Ton animal est un Démon pour s'en prendre à un instrument de cette façon. » grogna le luthier en caressant du pouce les cicatrices gravées dans le bois. « Vous n'avez pas idée. » répliqua le musicien. Il considérait Patoune comme un chat, parce que c'était ce à quoi il ressemblait le plus. Rien n'était pourtant moins sûr et Auth lui paraissait moins effrayant malgré ses canines de la taille d'un pouce, ses yeux flamboyant et son poil constamment hérissé. « On peut faire quelque chose pour le sauver ? » demanda-t-il enfin, l'inquiétude pénétrant sa question. Une moue attristée glissa cependant sur le visage de son vis-à-vis. « Je ne pense pas, pas dans cet état. C'est la fin pour lui. J'en suis navré, vraiment. ». Jämiel baissa le regard et le luthier crut y observer un éclat plus déçu encore que lui ne l'était. À l'entente d'un frottement sourd, suivi d'un épais claquement, l'Arcesi redressa le visage pour constater le plateau permettant le passage entre l'arrière boutique et celle accessible aux clients relevé. « Viens. ». Quoi que prononcé avec calme, le Sarethi eut l'impression que c'était un ordre qui lui avait été donné. Il aurait pu contester. Il n'était pas son chien et le luthier n'avait comme seule autorité sur lui que sa connaissance. Sa curiosité de découvrir les coulisses de l'ouvrier était plus grande cependant que son esprit orgueilleux et contestataire.

Une odeur de sciure et de bois vernis imprégnait la pièce. Des planches de teintes variées et diverses étaient proprement rangées sur des étagères, par couleur et par longueur. Dans un coin de la pièce était posé avec sûreté un ouvrage en cours. Une guitare à première vue. À différents endroits des murs y étaient suspendus des instruments. Tous révélant un bois brillant, à l'inverse de la guitare en cours, Jämiel supposa qu'ils y étaient installés le temps que le bois s'imprègne de la cire. « Tu connais les subtilités du Souffle ? ». Jämiel fixa l'Alfar dans un silence interrogatif. « Son efficacité et sa puissance est corrélée à son origine. En plus des capacités magique de l'utilisateur, bien évidemment. ». Le Sarethi se trouva alors méfiant. Pourquoi posait-il cette question ? Elle ne venait pas de nul part, c'était évident. Il supposa donc une chose qui lui déplu avant même d'avoir confirmation de son hypothèse. « Vous avez utilisé ce sort sur vos instruments ? ». Ce fut au luthier de laisser planer le silence, mystérieux. Ainsi l'Arcesi parti du principe que c'était le cas, l'ennuyant plus encore. Il lui avait confié à plusieurs reprises son violon. Violon créé des mains de ce luthier. Comme neige au soleil, la sympathie qu'il pouvait avoir envers lui s'évanouit. Il ne pouvait que se questionner cependant sur la raison qui avait poussé Áedán à lui dévoiler l'ombre derrière la beauté de sa boutique. Ainsi il l'observa seulement s'activer dans l'atelier, saisissant délicatement la guitare encore brute pour la déposer de même sur une autre table avant se diriger vers l'étagère où se trouvait les essences. « Sais-tu la raison pour laquelle une majorité d'Alfar multiplie les domaines de connaissances et de compétences ? ». Le regard de Jämiel vint trouver le vide, laissant son esprit vaquer à la réflexion. Il aurait d'abord répondu que c'était pour montrer une forme de supériorité. La connaissance c'est le pouvoir et il en demeure plus grand lorsque le savoir dépasse celui des autres. La réponse ne lui plaisait pourtant pas. C'était trop logique. Non ce n'était pas ça qui lui posait problème. Une telle solution pouvait s'appliquer aux autres population. Hors, Áedán avait précisé que sa question ne concernait que les Alfars. « Pour éviter les oreilles indiscrètes. ». La réponse avait fusée de la bouche du luthier avant même que l'idée n'ait eu le temps de traverser l'esprit de Jämiel, ce qui le contraria fortement. Néanmoins, les mots résonnaient à son esprit comme l'écho du tocsin.

Il posa son regard sur son aîné qui faisait de même, et prit une inspiration, prêt à rétorquer. « Mais même les plus grands esprits ont acquis la connaissance grâce à un tiers. ». Le luthier lui avait coupé la parole sans attendre même que le Sarethi ne prononce un mot, irritant à nouveau l'Arcesi quoiqu'il se montra particulièrement attentif aux propos de son vis-à-vis. Il intercepta un regard de son aîné, puis il comprit le cheminement de pensées de celui-ci. « Et qu'est-ce qui vous fait dire que je le veux, être votre apprenti ? » répliqua-t-il donc. « À moi ? Absolument rien. Détenir ce savoir-faire par contre, c'est autre chose. ». Il marqua un temps, un rictus effleurant les commissures de ses lèvres, avant finir sa phrase. « Il y a des attitudes et des parole qui ne trompent pas. » - « Je n'ai rien demandé. » répliqua vivement Jämiel. Il n'en avait pas eu le temps en réalité. Et le fait que le luthier ait pu si aisément saisir ce qui lui traversait l'esprit l'ennuyait véritablement. « Pourquoi vous accepteriez de prendre un apprenti d'abord ? ». C'était une véritable question. Sa décision semblait avoir été prise bien avant aujourd'hui. Pourquoi ? Et pourquoi n'évoquait-il la chose qu'aujourd'hui. Il n'obtint cependant aucune réponse. Encore. Seulement un sourire énigmatique. La réponse n'avait pourtant rien de compliqué. C'était un simple pari comme il fallait parfois en faire pour évoluer. Sans conséquences importantes pour lui si ce devait être un échec mais qui avait le potentiel de lui apporter quelque chose dans le cas contraire. Il avait eu l'occasion de voir et d'entendre la détermination du garçon. Les secrets qu'il cherchait à dissimuler. Déjà. Il avait pu découvrir le Mur qui le suivait, aussi docile que farouche, l'Orine qui l'accompagnait, disparue depuis longtemps mais vivante, d'après l'Aisuru tout du moins, et son lien de proximité avec la promise aux Sorciers. Être bien entouré était une marche importante à franchir pour quitter le sol vaseux de Mornhîngardh et tôt déjà il en avait passé le pas. Ne lui manquait qu'une véritable notoriété. Pas seulement celle d'Isemssith ou d'Élu d'Hel'dra, offerts par les dieux sans raisons particulières sinon celles connues d'eux seuls. Une notoriété qu'il avait acquise de ses mains, au sein de son peuple, par le sang et la sueur.

« Approches. » fit le luthier envers le plus jeune en l'invitant à ses côtés d'un geste de la main. Puis il se saisit d'un violon achevé. « Tu connais les éléments constitutifs d'un violon j'imagine. » - « Le corps, le manche et la tête ? ». Áedán approuva d'un signe de tête. « Ensuite ? ». Jämiel marqua un temps, tournant le regard vers son aîné. Il voulait réellement qu'il lui énonce tout ce qui composait un violon ? Le Sarethi exhala un souffle d'ennui à ce constat et s'empara de l'instrument entre les mains du luthier afin de ne pas oublier le moindre détail. « La table. Les filets. Les ouïes, les éclisses. L'âme. Le chevalet. ». Et il continua ainsi en indiquant chacune des pièces de l'index, partant du corps de l'instrument pour remonter à sa tête afin de ne pas s'y perdre, marquant des hésitations régulièrement, se demandant ce qu'il avait déjà dit ou ce qu'il avait oublié. Aussi, lorsqu'il eut terminé, il avait la même sensation que lors d'un examen : une intense fatigue cérébrale. Pourtant c'est un œil satisfait que lui offrit Áedán. Plus que de simplement réciter, il avait vu une lueur d'intérêt s'allumer dans le regard du Sarethi. Il était passionné par l'instrument et cela se voyait, non seulement dans la connaissance qu'il en avait, mais également dans sa manière d'être vis-à-vis de l'objet. « Il est important de connaître la moindre des pièces de ce qui constitue un instrument. Lorsqu'on en joue, évidemment, mais lorsqu'on le fabrique d'autant plus. ». Logique. « C'est une bonne chose que tu les connaisses. On va pouvoir dès maintenant s'atteler aux choses sérieuses. ». Dès maintenant ? Ne se disait-il pas qu'il avait prévu autre chose aujourd'hui ? Il ne fallut pas longtemps à l'Arcesi cependant pour décider qu'il remettrait ça à plus tard.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE



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