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Quand les Ambitions se Multiplient

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Partenaire - Solo
Intrigue - Interaction de Mancinia et Neah sur les récents événements | en lien avec Les Parfums de la Rose, La Crucifixion, L'Engrenage & Que la Lumière Rayonne et que l'Ombre Dévore !

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Cette réunion avait été longue.

Si elle mettait un point d'honneur à prendre part à quasiment tous les rassemblements, certains sujets ne pouvaient que la mettre de mauvaise humeur. Si sa voix intervenait de temps en autre dans les débats, l'Ambassadrice savait que le silence était également son meilleur atout pour ne pas brusquer ses collègues et, pour une personne qui l'ouvrait beaucoup, c'était très dur de se taire ou de se retenir de lever les yeux au ciel. La Matasif n'avait pas vraiment le choix ; elle n'était qu'une suppléante sur de nombreux cas abordés. Son désir d'être plus ne manquait pas, on lui donnait des opportunités, mais aucune d'elles n'étaient le coup d'éclat manquant, celui qui donnerait l'impulsion à son ascension. Ce qu'elle réalisait, même parfaitement, d'autres savaient également le faire. Ce n'était pas ... pour tout de suite. Mancinia relâchait un soupir, crispée, la pression se dissipait maintenant que le début de soirée était entamé. Il faut dire que les sujets à traités étaient nombreux, ils en avaient discutés depuis ce matin, sans discontinuer.

Les conséquences de la Chute de l'Ordre d'Hébé. Sans aucun doute la plus importante en ce moment ; les Humains n'en avaient pas été particulièrement impacté et ce, même si quelques-uns d'entre eux étaient d'anciens Écuyers de l'Empire. Ils avaient été rapidement relâchés devant l'absence de preuves quant à leur participation dans les activités illégales, certains avaient même déserté avant la prise d'Arcadia. Il y avait aussi des histoires de frustration là-dessous, car un Enfant de Sympan n'avait visiblement pas les habilités nécessaires à gravir les échelons. Comment pouvait-on se satisfaire de ça, sincèrement ? Quant à leur retour, seuls des blessés avaient été déplorés en tentant d'arrêter les éventuels fuyards, rien de particulièrement dramatique. On appuya, en insistant très lourdement, sur l'organisation médicale et sa participation active malgré son manque flagrant de diplôme. La pique avait été lancée, mais la Dame à la Lampe n'avait pas relevé. Elle était la plus apte, même en absence de reconnaissance administrative. Tous les autres membres du corps médical n'attendaient que ce moment ; celui où elle serait leur collègue, avec une large latitude pour agir et révolutionner les habitudes des vieux réfractaires. Quant à l'implication militaire, même modeste, personne ne pourrait rien y redire. Ils ne désiraient plus rester en retrait et, tous leurs mouvements à l'étranger, aussi minimes soient-ils, seraient mieux que l'ignorance.

S'en était suivi les conséquences directes du conflit entre les deux Empires et, plus que la défaite de l'ancien Duc et les pièges atroces des anciens hauts dignitaires, c'était la dégradation - si cela était encore possible à ce stade de l'Histoire - des liens entre les Réprouvés et les Sorciers. Le Duc Taiji aurait ainsi provoqué la disparition de Sheriza, une autre personne haut placé, le présentant comme un accident dans le feu de la bataille. Tout le monde tiquait. Certes, les Mages Noirs avaient présenté des excuses et proposé une compensation alimentaire conséquente, mais ils étaient nombreux autour de la table à comprendre qu'un tel agissement exacerberait une rancoeur dont les braises ne demandaient qu'à devenir incendie. Ils auraient certainement agit de même. La Reine Scylla avait néanmoins été claire : ils ne prendraient pas position, en les appelants à la plus grande prudence. Les Sorciers ne feraient pas l'affront d'oublier leurs ennemis, d'autant plus si Elias Salvatore devait perdre son trône dans les semaines à venir. Il ne restait pour eux que les grandes lignes à retenir ; la Marche Terne avait remporté la victoire et les Anges avaient pu récupérer les derniers prisonniers. Beaucoup de témoignages leur était également parvenu sur les actions du Capitaine Isiode Yüerell. Si sa Royauté n'y voyait rien de si surprenant à se servir de magie pour recouvrir son corps d'une armure, Mancinia savait que ce n'était pas aussi simple qu'il en paraissait.

En échangeant ses souvenirs avec Neah, elle avait vu les rapports concernant « La Forme Angélique » dont la dernière manifestation datait de plusieurs siècles. En tout premier lieu, c'était Priam Belegad qui était parvenu à renouer avec cette racine. Sur ce point, l'Humaine s'interrogeait. Était-ce un cadeau d'Hel'dra ? Isiode n'était pourtant pas un de ses Élus ... Quant aux Belegad, ils semblaient toujours toucher du doigt certains grands événements de ce monde. Sa digression ne l'avait pas empêché de suivre les interrogations envers la Déesse de la Conciliation. Comme Väaramar, elle était muette depuis lors, ce qui n'était pas le cas de certains de ceux désigné pour accomplir ses volontés. Lexa Blaise avait pris les devants en voulant devenir la voix des Enfants de Sympan chez les Lyrienns. Une alliance insolite, mais qui promettait d'être profitable sur le plan économique et rendant les échanges diplomatiques moins glacials, comme l'est désormais leur entende avec les Orines. C'en était suivi de l'officialisation d'une collaboration avec les Ygdraë. Mancinia ayant acceptée de prendre en charge cette question, en plus de partager son temps sur les autres. Il y eu une majorité de voix pour, ce qui lui fit assez du bien au moral. Il était toujours agréable d'être reconnus par ses paires. Quant au dernier acte, la Reine exposait la lettre de l'Obstiné à l'assemblée. Pour nombre d'entre eux, confier à Maximilien le début de leurs discutions avec les Sirènes était une bonne décision, puisqu'il avait eu contact avec elles ... mais ils ne pouvaient le laisser de côté, sur cet unique poste.

Mancinia avait bondit sur cette occasion pour revenir à la question des Enfants des Cieux et de la collaboration, prévue entre la Compagnie de Yüerell et les Humains, sur leur avenir militaire. La Nith-Haiah était avait repris le dossier et, quant à eux, ne pouvaient négliger l'importance des ailes de leurs enfants pour leur avenir. Elle proposait d'enseigner également le Naciaze et l'Alikir durant leur apprentissage, puisqu'en étant aussi dispersé entre deux races, certains ne pourraient pas être en mesure de suivre l'une ou l'autre langue, ce qui renforcerait leurs liens dans l'entraide. Elle soulignait que le Capitaine Katzuta, en tant que membre des Ailes Bleues et elle-même, pouvaient se charger de cette organisation. Dans la discussion, plusieurs fois, le nom de Maximilien Eraël avait été cité. Il avait acquis des ailes durant l'Odon do Dur, mais malheureusement, ce n'était qu'un tout jeune Caporal, mais d'ici une dizaine d'années, ses faits d'armes ... Mancinia ne pouvait que sourire. Même aux constats des pertes subies à Durienrisda, il s'en était sorti.

C'était un risque dont les volontaires avaient conscience, mais la tension avait été croissante quant à leur disparation. Mancinia avait assisté à la cérémonie en hommage aux combattants, en espérant vivement que Maximilien devienne son bras droit au sein de la Légion. Toutefois, tous les dossiers étaient en cours d'analyse sur son bureau et elle ne pouvait privilégier personne. Une opportunité se présenterait s'il acceptait de collaborer avec les Anges et que tout se déroulait bien, ce dernier aurait sans doute fait ses preuves comme Caporal entre temps et ils pourraient, éventuellement, lui confier la tête de cette nouvelle section militaire. C'était une promesse de promotion assez rare. Et c'était la Souveraine elle-même qui marquait son accord. Mancinia pourrait ainsi en discuter avec Neah, avant de se charger du recrutement des Humains et lui, de celui des Anges. Elle y ressentait une certaine hâte.

Les membres en charge des questions religieuses abordèrent ensuite la construction du temple d'Izanami au sein de Qaixopia. Son émissaire avait souligné ne pas en vouloir un dépassant les autres, mais les architectes et les investisseurs n'avaient pas été de cet avis. En aidant à la levée de la Malédiction tout en leur accordant la protection des Ira, l'Aether était tout autant crainte que respectée parmi la population, cet aspect ne devait en aucun cas être négligé. Ils en avaient construit un à hauteur de Väaramar. Scylla observait Mancinia du coin de l'oeil ; étant la seule à avoir vu Reine et sa ressemblance troublante avec la Matasif, cela la laissait perplexe que les Dieux s'amusassent d'elle, mais après tout, pourquoi pas.

Maintenant que ses problèmes étaient derrière eux, les conversations avaient tournées autour d'Astura et de l'Avant-Poste, collaboration entre eux et de la Marche Terne. Étant sous l'égide de Mancinia pour l'un et sous l'égide de Jakeem pour l'autre, ils étaient d'accord pour dire qu'il existait toujours ce problème de Ver des Sables. Ils allaient envoyer une nouvelle équipe d'études. Pour connaître le Ver, il fallait penser comme le Ver et leurs données actuelles n'étaient pas suffisantes. Quand cette équipe aurait donné un rapport fiable ; ils envisageraient la suite.

Et ça s'était conclu sur une note positive de leur avenir.

Sur le chemin du retour, l'Humaine ressentait de l'enchantement quant au devenir de sa race. Écrasée, invisibilisé, abandonnée ... Il y avait eu des égarements, mais ce ne serait plus le cas, désormais. Ils brillaient d'un petit éclat qui ne demandait qu'à croitre. Mancinia avait été amusée de voir le bouquet remis aux Humains de la part de la Marche-Terne, en remerciements de leur participation lors de la prise d'Arcadia. Enfin, c'était une « participation » assez sommaire qu'ils avaient réalisé, mais le geste avait le mérite d'encourager leur potentielle entende. La doctoresse reconnaissait la plante toxique dont était issu cette variété, dont la texture était relativement irritante. N'importe quel Humain l'aurait pris pour une insulte, mais évidemment, la Championne d'Hébé leur avait envoyé une variante qui serait assimilée aux cactus clairsemant certains recoins de leur Désert. Elle avait l'oeil, au contraire, c'était appréciable. La Reine avait réparti ce dernier envers les participants les plus actifs et les haut-gradés, mais en tant que Commandante de cette expédition - ainsi que son nouveau rôle de Commandante tout court, même si ce fait n'était connu que d'une poignée de personnes, elle avait eu l'insigne honneur de repartir avec la missive et le « Merci » indiqué dessus. Qu'elle le brûle ou le conserve en souvenir la concernait uniquement, mais la une sphère immaculée et brumeuse, sur fond bleu acier trouverait certainement une place dans un cadre d'Haute-Terre.

Peut-être à côté du tableau de la Peintre Sùlfr, dans ses archives secrètes ?

Elle eut du mal à ne pas glousser en rependant à l'indécence de la scène qui aurait sûrement choqué de nombreuses Ailes Blanches. Devant Astriid, qui plus est. Qu'est-ce qui était passé par l'esprit de Neah pour lui proposer d'être si ... ? Ne vous mentez pas, Mancinia Leenhardt, vous avez aimé ça. Ça y est. La fatigue avait raison de ses derniers remparts et elle se laissait aisément soumettre pas ses pensées impures. C'est qu'un Ange pouvait être frustrant, mais en même temps, avec le corps que se tapait Neah ... il pouvait se le permettre. Un sourire sur ses lèvres, Mancinia ressentait la pression se relâcher au creux de son estomac, laissant place à un sentiment qui n'émanait pas d'elle et qui la paralysait une fraction de seconde. En tant que Liée, elle avait pris l'habitude que les sentiments les plus violents de Neah s'invitent et ne perturbe ses tâches. Souvent tendres et amoureux, ces derniers l'amenaient à planer, mais sa Colère pouvait l'enflammer, comme en cet instant. Que lui arrivait-il ? Avait-il eu une mauvaise nouvelle ? Ne pas savoir la rendait nerveuse et irritable, même consciente que ce dernier se portât bien. Heureusement qu'elle retournait chez elle et ne se retrouvait plus en réunion, en espérant se contenir devant les enfants.

Seulement, il y avait une chose que les Humains n'avaient pas encore apprise. Une situation sur laquelle les Anges demeuraient encore discrets et dont l'Imprévisible n'allait pas tarder à connaître l'ampleur.

Post I - 1934 mots

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Quand les Ambitions se Multiplient

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Mancinia levait sa main vers son crâne, apposant ses doigts comme pour y suivre une ligne douloureuse. Cette sensation déplorable ne s'arrêtait pas, mais elle ne pouvait y penser toute la soirée ; elle allait avoir énormément de travail dans les semaines à venir et une organisation structurée serait primordiale, surtout si elle devait envisager une rencontre avec l'Obstiné et préparer un voyage en Terres Sylvestres. Quant à la possibilité d'une aide financière et matérielle envers la création d'un nouveau territoire angélique, elle n'avait pas encore osé en parler. Si Neah décidait de conquérir toute l'étendue du territoire que Reine, Izanami, ou peu importe qui, avait offert aux Ailes Blanches, ce ne serait pas une mince affaire à réaliser seul. Si la Sūrakan était au courant et avait proposé son aide, la Canine Blanche avait besoin de l'aval de sa hiérarchie avant d'entreprendre quoi que ce soit au nom des siens. Pour l'instant, c'était son projet à lui et la seule à qui il avait demandé les ressources, c'était elle. Ils avaient même entreprit la construction d'un village portuaire, de sorte à ce qu'une expédition de plus grande ampleur ait déjà un point d'encrage. L'Humaine se sentait considérée dans son couple et ... En ouvrant la porte de sa demeure, tout était silencieux. C'était inhabituel ! C'en était presque gênant. Où était sa mère et ses cadets, vu que les aînés étaient retourné à la Caserne ? Ce qui causait cette étrange impression se rompit devant un éclat de voix déchirant qui la fit frissonner des pieds à la tête.

C'était la voix d'Ihsan.

N'écoutant que son instinct, Mancinia s'était mise à courir dans ses escaliers vers l'émanation des cris, dont elle trouvât la source dans son bureau en constatant que sa porte était ouverte. Sa mère était à l'intérieur, se tenant près de l'entrée, visiblement touchée de la situation et ne prit pas conscience de la présence d'une autre présence immédiatement. Voir que son fils ne souffrait pas physiquement soulageait Mancinia dans l'instant, mais ...

— Mon doudou ! Papa ! Mon doudou !
— Neah, qu'est-ce qu'il te prend ?

Mancinia n'avait pas haussé le ton, mais dans sa voix résonnait la Colère faisant écho à celle de son mari. Sa mère eu un sursaut en posant ses yeux aveugles dans sa direction, tandis qu'elle portait les siens sur son compagnon. Dans le regard de ce dernier pouvait se lire les sentiments pulsant en lui comme un brasier destructeur, mais malgré la confiscation de cette peluche, ce n'était pas pour autant qu'il la détruisit. Il ne désirait pas causer de mal à son fils. Il se contentait de la mettre dans l'un des tiroirs du bureau, hors de sa portée.

— Papa ! Rend-moi mon doudou ! Papa !
— Non.
— Hok ! hoquetât-il. Mamaaaan !

Dans des mouvements maladroits et précipités, Ihsan se dirigeait dans sa direction, cherchant une alliée dans cette dispute, tout en trouvant un refuge pour apaiser son immense chagrin. L'Humaine se penchait pour le réceptionner dans ses bras, le soulevant du sol pour le serrer contre elle, ignorant sa taille et son poids, question d'habitude, tout en tapotant son dos pour l'aider à se calmer. L'Enfant des Cieux se retournait ensuite vers son père, les yeux plein de larmes et une mine courroucée.

— Tu es méchant, papa ! Méchant !

Neah ne pouvait pas dire que cela lui était égal qu'il le déteste. Il ne pouvait pas lui dire que c'était pour son bien, car il ne comprendrait pas. Ihsan était bien trop jeune.

— Je vais m'en occuper, intervint Sylvia.

Ihsan se laissait prendre dans les bras de sa grand-mère, toujours en pleurant et Mancinia eu le coeur partagé entre ses émotions, celles de son compagnon et celle de son fils. Tout se percutait, comme prêt à exploser. À peine la porte fut-elle refermée que Mancinia fit volte-face.

— J'exige une explication, Neah Katzuta.
— Pourquoi devrait-on tolérer cette engeance sous notre toit ?

Mancinia comprenait que la peluche incriminée était aux traits de Laëth Belegad. Un cadeau reçu que l'enfant ne quittait pas et ce, depuis plusieurs années ; Ihsan adorait l'Aile d'Acier. Sans la connaître, sans savoir qui elle était réellement, ni ses exploits, ni rien. C'était son Ange préférée, après son père. Ce que ressentait Neah devait être tourné dans sa direction, mais ce n'était pas une réponse satisfaisante, ni même une raison d'agir de la sorte. L'Humaine prit une grande inspiration en essayant de se calmer, car sa colère était également alimentée par celle qui animait la poitrine de Neah. Elle ne voulait pas le blesser avec des paroles malheureuses, prononcées impulsivement ; elle voulait prendre du recul pendant deux minutes. Sa réaction ne laissait aucun doute aux yeux de son partenaire.

— ... Tu n'es pas au courant.
— De toute évidence, non, Neah, souffla-t-elle avec agacement. Qu'est-ce qu'il se passe avec Laëth pour que tu sois dans cet état ?
— Laëth Belegad a un Lien av ...
— Et c'est une raison pour agir de la sorte ? demanda-t-elle sans attendre la suite. Nous sommes les premiers représentants du Lien et tu ne devrais pas ... !
— Un Lien avec un Déchu, Mancinia.

C'était une onde de choc qui se fracassait contre les parois de sa conscience au moment même où il l'avait mentionné, laissant ses paroles suspendues dans les airs. Mancinia se retrouvait interdite devant son Lié, qui lui avouait tout, sans le moindre détour ; Adam Pendragon détenait une magie, contenue dans une bague, étant en mesure de le muter, temporairement, en Humain. En rencontrant Laëth Belegad, un Lien était né entre eux, à la manière du leur. Mancinia ne savait pas par quelle nouvelle elle devait être choquée en premier ; Par le Lien entre une Ange et un Déchu, ou devant la vérité des artefacts ? Elle avait beau connaître l'existence de ces derniers, référencé dans les ouvrages de l'ancien Nylmord, elle ne pensait pas que certains étaient en mesure de transformer son possesseur en Enfant de Sympan. Ils résistaient à l'antimagie ? S'en alimentaient-ils ? C'était ... stupéfiant. Ce n'était pourtant pas impossible ; la Magie dans son propre corps en était la preuve. Neah, quant à lui, était un mélange de frustration et d'impatience.

— Comment est-il possible qu'elle ait fait un Lien avec un chien pareil ?
— Neah ...
— Je ne peux pas rester calme, Mancinia. Comment pourrai-je l'être ? Nous sommes ceux qui ont redoré le Lien aux yeux de nos peuples et, elle, cette sale traîtresse, se vautre dans la merde en nous regardant droit dans les yeux pour en rire !

Si on lui avait parlé d'un Lien entre un Humain et un Déchu, elle aurait ri, mais le phénomène l'aurait sans doute moins surprit qu'en l'état. Elle ciblait la cible de son ire, comprenant sa réaction devant Ihsan, mais la trouvant totalement inacceptable ! Pour autant, elle ne parvenait pas à lui en vouloir. Jamais. Ils se prenaient la tête, pouvaient se bouder et ressentir de la frustration l'un envers l'autre, mais il s'agissait d'états temporaires. Une dispute sérieuse ou une séparation temporaire ne serait pas envisageable. Plus maintenant.

— Je suis atterrée devant les possibilités que cela ouvre.

Le regard glacial de l'Ange à son encontre la clouait sur place, au point qu'elle ne se sente le devoir de se justifier.

— ... Je me dis seulement que n'importe qui avec un tel artefact peut désormais se dissimuler dans la population et ... Attends. Attends ... Est-ce pour cela qu'Izanami nous a offert les Ira ?

Ça semblait si évident, dit à voix haute. Un non-Humain ne pouvait les développer. En était-elle sûre ? Oui. Quelque chose le lui disait, de l'instinct. Comme si, soudainement, Mancinia prenait conscience de cette affirmation voulait dire. Sa plus grande crainte était que son Don soit découvert, la contraignant à l'exil de cette race auquel elle appartenait ; même offert par le Dieu-Roi, qui l'aurait cru, sans preuves ? Être Prophétesse d'Ësse'Aellun l'avait convaincue qu'elle pouvait blasphémer en prétendant avoir reçu ce cadeau, mais si Reinhard attestait la pureté de son Ma'Ahid, sous l'égide d'Izanami, c'était désormais une peur qui devait s'éteindre. Cette découverte ravissait son esprit au point d'en oublier la conversation initiale.

— Cela ne change rien aux faits, reprit Neah d'un ton cinglant. Il existe désormais un antécédent de Lien entre une Aile Blanche et une Aile Noire. Est-ce qu'on doit s'attendre à d'autres aberrations similaires ? Je ne m'avance pas dans la mauvaise direction en disant qu'aucun de nous ne souhaitons que cela devienne une norme !

Un Luxurieux et une Ange. Connaissant ce qu'apportait réellement le Lien dans la vie des Liés, surtout ce que le leur, si Sacré aux yeux des Aetheri, conduisant vers l'Amour Loyal, remettait en cause plusieurs aspects de la vie de Laëth. C'était un chambardement, en temps normal, elle ne le savait que trop bien, mais le niveau était encore plus terrible, dans ce cas particulier ; il était inévitable que des choses se produisent. Heureusement pour sa santé mentale, Laëth avait vécu avec des Réprouvés et devait être plus résistante que la moyenne, notamment avec ses expériences militaires. Ce n'était pas elle qui se laisserait pas charmer aisément par la Déchéance. C'était l'Aile d'Acier, bordel.

— Tu sais qu'Ihsan et Idril sont des Élus d'Hel'dra, Neah. Priver ton fils d'une représentation de Laëth ne va pas l'empêcher de, potentiellement, la côtoyer à l'avenir.
— Nous les éduquerons correctement et ils ne se laisseront pas avoir pas une traînée pareille !
— Ne la traite pas ainsi, s'il te plaît, elle ne voulait peut-être pas de ce Lien.

Il y eu un léger silence.

— Je dois paraître hypocrite après avoir mal traitée dans sa relation avec le Baron Paiberym, mais tu sais ...

Soudainement, Mancinia eu le déclic.

— Le Baron ...
— Oui, le Baron. Tu sais très bien ce qu'il va advenir, Mancinia. Elle ne fait rien de digne, pas même pour l'homme qu'elle prétend aimer ! Nous l'avons acceptée parmi nous malgré la tare de son sang, mais elle n'a jamais réellement voulu intégrer notre race ! Je croyais en l'Aile d'Acier, mais elle n'a été que déception !

Mancinia mis ses mains sur ses épaules, ce contact l'apaisait immédiatement.

— Neah. Tout va bien. Laëth est une Élue d'Hel'dra et en cela réside sûrement la cause ... Je ne la crois pas capable de faire du mal aux Anges. Elle n'est ni assez puissante, ni assez reconnue pour entreprendre de tels actes et je ne crois pas qu'elle en est envie d'aller jusque-là ... Pour un Déchu.
— Ça pourrait venir. Je ne peux l'accepter. Soit elle devient une Ange, soit elle retourne dans la fange d'où elle est née. Jamais ... Jamais, Mancinia, je n'accepterai un éventuel lien entre mon peuple et les Ailes Noires !
— Les Déchus ne sont pas vos ennemis.
— Ce ne sont pas nos alliés non plus.

Mancinia savait que quoi qu'elle dise, jamais son Gardien ne l'accepterait. Un Lien avec un Déchu ? Ce devait lui être intolérable. Tout ce qu'ils avaient bâtis semblait ainsi sali. Quant à elle, si elle était ouverte sur ces races que son mari méprisaient, elle comprenait ses sentiments et sa rancoeur, tout cela alimenté par les années délicates que les Anges avaient traversées. Ni eux, ni les Humains ... Jamais les Liés n'accepteraient un tel Lien. Une hérésie, une aberration.

Une Malédiction des Dieux.

Post II - 1890 mots

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Quand les Ambitions se Multiplient

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L'Imprévisible avait ainsi clos ses yeux. Que ce soit une Bénédiction d'Hel'dra, aspirant à la Conciliation, ou une Malédiction d'Isahora, qui maudissait les amours de la concernée, elle trouvait ces dernières particulièrement injustes. Il était compliqué de gérer un Lien lorsqu'on aimait quelqu'un, les sentiments entre les Liés muaient et s'entortillaient. L'on disait souvent que les Liens crées lors de la Cérémonie du Lien conduisaient moins fréquemment vers l'Amour, car l'Enfant de Sympan dépérissait souvent de vieillesse avant qu'il ne s'installe, mais dans le cas d'un Lien comme le leur, d'un Lien devant les Yeux, ce dernier conduisait irrémédiablement vers ce sentiment, dans tout ce qu'il avait de plus pur. Et là, Mancinia ne savait quoi penser. Une Ange pouvait-elle aimer un Déchu de la Luxure ? C'était sans doute compliqué. Les Humains n'étaient pas reconnus pour leur monogamie et un Déchu de la Luxure était certainement dans le même cas, mais se priverait-elle de Kaahl pour autant ? Elle en doutait. Mancinia ne voulait pas laisser les sentiments de Neah prendre le dessus ; elle ne voulait pas lâcher Laëth, elle lui devait bien ça. Elle rouvrit les yeux.

— Laëth éprouve des sentiments envers le Baron et cela ne veut pas dire qu'elle va tout laisser tomber pour un homme qu'elle ne devait même pas connaitre auparavant.
— Ne me dis pas que tu le penses assez con pour l'épouser après ça ? Ne me dis pas que tu le crois si bête pour s'unir une abrutie qui va se vautrer dans les bras d'un baiseur de chèvres dans quelques années ?
— C'est peut-être une situation à laquelle ils ont réfléchis, répliqua-t-elle. N'a-t-elle pas le droit d'avoir plusieurs partenaires si un amour sincère les unis, de toute manière ?
— C'est absurde ...

Il avait soupiré, ne trouvant pas de réplique devant ses paroles. Mancinia s'était avancée vers lui, mettant sa main contre sa joue pour qu'il tourne ses yeux dans sa direction.

— Je me souviens que tu étais prêt à l'accepter, pour moi.
— Tu serais allé vers un Humain.
— Comment en es-tu si sûr, Neah ?
— J'étais prêt à l'accepter parce que je savais que tu ne m'aurais jamais trahi de cette manière.

Son regard était d'une intensité telle que Mancinia s'imaginait y nager. D'un pas, l'Ange la prit dans ses bras, tandis qu'elle rabattait les siens sur lui, par réflexe.

— Tu ne m'aurais pas trahi, Mancinia.

L'Humaine eu de nouveau les yeux clos, appréciant l'étreinte malgré l'échange tumultueux qui s'était déroulé entre eux. Non, elle ne l'aurait pas trahi. Elle aimait tous les genres, mais Neah les surclassait tous en termes d'amour et d'attirance. Elle ne désirait que lui, ne voulait que lui à son bras et elle n'était pas certaine, malgré la flamme vacillante de leurs débuts amoureux et de cette conversation d'alors, celle d'envisager d'accepter ses sentiments instables, de vouloir quelqu'un d'autre, désormais. Qui lui donnerait l'apaisement qu'elle ressentait dans ses bras ? Qui d'autre la regarderait de cette manière ? Qui d'autre serait à la hauteur de son talent en danse ? Qui soutiendrait ses ambitions ? Qui aurait ces gestes tendres qui la faisaient vibrer ? Qui d'autre l'aimerait ainsi ? Personne, si ce n'était Neah Katzuta.

— Tu t'es calmé ? demanda-t-elle.
— ... Non, mais il y a un mieux.

Sa présence lui suffisait pour ne pas flancher. C'était lui, le Gardien, il ne devait pas lui montrer cette mauvaise image que, pourtant, la Protégée connaissait. Ils se détachèrent l'un de l'autre, Mancinia eu un petit sourire.

— Anjonù Katzuta, tu dois être indulgent. Ce doit être compliqué pour elle ... Ce Lien lui a peut-être été imposé par Hel'dra, dans le cadre de sa mission et elle doit désormais composer avec lui.

Ce n'était que des suppositions destinées à trouver un sens à cette situation. À apaiser les sentiments de son compagnon, qui seraient certainement suivis et compris de nombreuses Ailes Blanches. Lui, il ne disait rien. Il ne pouvait pas dire à voix haute que Belegad devait se débarrasser de Pendragon pour laver son honneur et, si elle n'y parvenait pas, de se tuer elle-même pour préserver à minimal celui des Anges. Sérieusement, pourquoi les avait-on maudits à ce point ? Pourquoi devaient-ils encore tolérer ces Anges complètement ratés ? Pourquoi ce crétin portait-il une Bague des Humains, si ce n'était tourmenter et mentir ?

— Qu'elle le veuille ou non n'est plus le problème actuel. Est-ce que tu imagines les conséquences si les Anges se lient aux Déchus ?

Évidemment qu'elle en avait conscience. Si les Vertus cédaient devant les Vices, ces Gardiens deviendraient des Ailes Noires. Dans l'état où se trouvait la race, cela voulait dire perdre encore plus de personnes et ce, même si la Déchéance était bloquée ... ce n'était pas une chose qui durerait éternellement.

— Je n'en reviens pas que personne ne se soucie de telles conséquences ! ricana-t-il nerveusement en passant une main dans ses cheveux. Les Aetheri veulent-ils à ce point que ma race s'éteigne ?
— Ne dis pas cela, Neah.

Dans les yeux de son époux, elle voyait la douleur. Une race qui n'était plus en mesure de procréer, qui peinait à récupérer et éduquer des Enfants de Réprouvés, qui devaient encore céder à la Mort nombre de ceux ne pouvant plus supporter ce monde corrompu, sans parler de ceux qui essayaient encore de fuir leur condition en reniant leur nature. Ce que les Ailes Blanches attendaient, c'était un Miracle. Mancinia se demandait si Reine serait en mesure de les aider, elle était l'émissaire d'Izanami, n'est-ce pas ? Devait-elle lui demander ? Ce n'était peut-être pas une bonne idée ...

— Tout n'est pas voué à disparaître, renchérit-elle en prenant ses mains dans les siennes. Je suis certaine que votre avenir sera plus lumineux que le présent ! Nous ferons tout pour, n'est-ce pas ?

Elle avait accentué son propos en souriant de manière d'autant plus solaire. C'était ce qu'elle était pour lui, son rayon de soleil dans les ténèbres.

— Nous le ferons, conclu-t-il. Probablement ... après cette future guerre.
— Ah, ça.

Mancinia portât ses mains sur ses hanches. À Arcadia, un acte avait été commis contre les Réprouvés et ils demandaient réparation. Ils voulaient la tête du Duc, ce que les Sorciers n'étaient évidemment pas disposé à leur fournir et, en réponse, ils avaient agis en premier sur le plan diplomatique pour essayer de présenter ce différent comme un accident. Pour lui, comme pour elle ...

— Personne n'est idiot pour croire que les excuses sont sincères.
— Ils vont certainement essayer d'attaquer quand les Sorciers seront affaiblis par ce que va subir l'Empereur Noir.

La nouvelle circulait depuis un moment, maintenant. Atterrant le monde d'un côté, se disant que sa mort ne dérangerait personne de l'autre. Mais ... Que se passerait-il réellement si Elias Salvatore mourrait lors de cette Crucifixion ? Il était bien plus ouvert que ce reliquat du passé qu'était son prédécesseur, mais qui le remplacerait ? Si c'était le Duc Taiji alors ... Mancinia ignorait tout de la politique des Mages Noirs, mais peut-être que les Réprouvés seraient une avant-garde du Bien malgré eux si le Grand Chaos sombrait.

— On dit de lui qu'il est l'Élu d'Ethelba.
— Être Élu d'une divinité aussi noire ne pardonnent pas les écarts.

Et était de loin un gage de survie.

— Quelle décision ont pris les Humains ?
— Nous ne nous entendons pas avec les Sorciers. Toutefois, nous ne voulons pas de l'entende qu'ils nous proposent, mais ce serait un moyen d'éventuellement négocier la vie de tous ceux de mon peuple étant prisonniers de leurs griffes et ... Lancinia oeuvre dans ce sens, dans l'attende d'une nouvelle, tandis que je suis parvenue à me faire remarquer à le Chancelier Windsor ... oui, contre toute attende.
— Contre toute attente, en effet, sourit-il, sans émotions. Une Symphonie de six heures en hommage à la Marquise Leenhardt.
— ... C'était juste une danse.

Elle était encore gênée, mais elle lui avait fait honneur en dansant dessus, évidemment, interrompant sa conversation avec Adam Pendragon. À son humble avis, il valait mieux pour elle de ne jamais plus être en sa compagnie.

— Dans tous les cas, ce ne sont pas des opportunités contre lesquels nous pouvons cracher. Si nous avons une entende potentielle avec les Réprouvés considérant qu'ils n'ont pas peur de perdre leur magie, que ce sont des combattants et que nous avons un ennemi commun, nous ne pouvons les aider ouvertement dans ce conflit. Nous devrons attendre qu'ils nous demandent de l'aide.
— Jamais, donc.

Mancinia acquiesça.

— Je ne te demande pas la position des Anges.
— Il n'y a que les traîtres qui aideraient les Réprouvés.

Ce n'était même pas la peine de discuter.

— Tu savais qu'ils m'ont écrits pour que j'y aille ?

Ce devait être en rapport de la reconnaissance partielle dont bénéficiait la Canine Blanche au sein de ces derniers, mais Mancinia n'avait pas non plus besoin de demander quelle était sa réponse.

— Ils n'ont qu'à devenir cendres sous les remparts des Sorciers.

Un lourd silence s'installait entre eux. En cet instant, Neah repensait aux paroles du Capitaine Yüerell. Lui-même restait coincé dans le passé, à l'image de ceux qui n'avaient jamais pardonné à Jun Taiji. Pouvait-on comparer le massacre des Anges à une bataille sur Bouton d'Or ? Pour lui, non, mais ce n'était pas nécessaire qu'il transmette cette stagnation à ses enfants. S'il voulait accomplir son pas en avant, Neah devait en parler maintenant. Avec elle. Il n'en eu pas l'opportunité. À cet instant, la porte s'ouvrit à la volée.

— Man ... Mancinia !

La concernée s'était retournée presque immédiatement.

— La ... Une lettre !

Lancinia avait débarquée parmi eux, essoufflée, mélangée entre l'empressement et la panique. L'Humaine prit la lettre de sa cousine, plissant les sourcils en observant le sceau de cire à son dos.

— ... Le sceau de l'Empereur Noir. Pourquoi tu me la donnes ?
— Elle est à ton nom, reprit son interlocutrice avec une voix blanche.

L'Imprévisible haussa un sourcil en regardant le destinataire. En effet. Pourquoi ? Curieuse et anxieuse à la fois, elle la décachetait pour en lire le contenu. Ses yeux parcouraient les lignes, son faciès trahissant plusieurs émotions qui firent naître le questionnement sur celui de son mari.

— ... Mais ... C'est quoi c'bordel ?

Les regards sur elle lui donnaient l'impression de fondre sur place, avec la désagréable sensation que ses jambes allaient la lâcher.

— Elias Salvatore a abdiqué ... en cédant sa place à Cyrius Windsor.
— Qu'est-ce que tu viens de dire ?
— ... Il a tout anticipé au cas où il lui arriverait quelque chose, marmonna-t-elle.
— ... Ce type est un monstre, dit Neah avec un sourire nerveux. Je n'aimerais vraiment pas l'avoir comme ennemi.

Pourtant, ce n'était pas cela qui lui était important.

— Il ait dit également que les Sorciers vont libérer les nôtres.
— Vraiment ?! s'exclama Lancinia. Comme ... Comme ça ?
— Contre une rétribution financière, mais oui, dit-elle en portant sa main sur son front, dans la plus totale incompréhension. Je ne comprends pas. Elias Salvatore n'était-il pas censé subir un supplice pour prouver sa légitimité ? Pourquoi céder sa place et subir ce supplice quoi qu'il lui en coûte ? Pourquoi libérer des Humains ? ...
— Mancinia.

La main de Neah sur son épaule la ramenait dans son bureau. Celle-ci prit une grande inspiration, avant de regarder ses propres mains trembler.

— Je dois me rendre au Palais, dit-elle en les serrant en poing. Tout de suite. Lancinia, tu viens avec moi.
— Oui !
— Dès que j'en sais plus, je te le dirais ! dit-elle à l'adresse de Neah avant de s'éclipser.

L'Ange demeurait dans le bureau, seul. Portant une main sur son visage, il relâchait un soupir. Malgré sa colère contre Laëth Belegad, voir Mancinia l'apaisait et la voir courir autant pour protéger les siens lui rappelait son rang. Il lui rappelait ses propres envies.

— Papa ...

Il y eu un reniflement dans l'encadrement de la porte. Neah baissait les yeux vers son fils.

— Papa, sniff, pourquoi je, sniff, peux plus avoir Laëth ?
— Laëth est une méchante fille.

Neah n'aimait pas les femmes féroces comme un poulain dont la queue est en feu. Son tempérament ne convenait pas à la vie noble dans laquelle évoluait le Baron et tous allaient vitre comprendre son désintérêt et son inutilité, c'était certain.

— Je ne veux pas que tu deviennes un méchant garçon, Ihsan.

S'approchant de lui en douceur, s'abaissant pour se mettre à sa hauteur et lui ébouriffer les cheveux, l'Ange ne voulait pas le brusquer, malgré ses manières sévères. L'Enfant des Cieux vint ensuite chercher ses bras.

— Papa ! Ijebayo !
— ... Tu m'écoutes un peu trop le dire à ta maman, dit-il en soupirant.

Un sourire heureux fendit néanmoins son visage, empreint de tristesse, tandis qu'il serait plus fort Ishan contre lui. Neah l'embrassait ensuite sur le front, avant de mettre le bout de son doigt sur son nez, son fils soufflait avant de se mettre à rire.

Post III - 2155 mots | Ihsan essaie de dire « Ojuyo Igbeyawo  » soit « Je t'aime » en Naciaze, mais il ne sait pas le prononcer correctement <3

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Quand les Ambitions se Multiplient

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Mancinia s'était mise à courir sur les derniers mètres en voyant le Mahestan Farahani gravir les marches, qu'ils avaient à peine quittées deux heures plus tôt. Ce dernier semblait satisfait de la voir, comme souvent, avant qu'elle ne lui demande si la Reine était présente. Il était surprit de sa méconnaissance, évidemment, elle avait été convoquée aussi, mais le messager l'avait raté en chemin. Ce n'était pas grave, Neah ou sa mère le préviendrait.

— Je me demande de quoi il s'agit pour nous faire revenir aussi rapidement ... Oh ! Bonsoir Mademoiselle Daphnis, cela faisait longtemps !

Tandis que l'homme discutait avec Lancinia pour prendre de ses nouvelles, l'Imprévisible prit conscience d'avoir été une privilégiée ; on ne l'avait pas mise au courant par hasard. Était-ce le Chancelier qui était à l'origine de cette initiative ? Pourquoi ? Attendait-il quelque chose d'elle en retour ? Qu'est-ce que ça pouvait être ? Elle n'avait rien qui puisse intéressé le Sorcier. Ou même un Sorcier tout court. Dans les couloirs, son appréhension gagnait du terrain. C'était peut-être un piège. Si ça se trouve, ils avaient prévus de tous les assassiner et ...

— Ah, Matasif Leenhardt !
— Mademoiselle Daphnis ?
— Nous allons pouvoir savoir de quoi il en retourne !

Mancinia relevait les yeux vers ses homologues et d'autres noms prestigieux. Assise à son bureau, la Souveraine avait un visage tendu, ses yeux étaient assombris, comme en proie à de multiples sentiments. La Matasif prit une longue inspiration en se dirigeant directement vers le bureau de celle-ci.

— Je suis au courant, Sūrakan, dit-elle en montrant la lettre.
— Il vous a donc écrit personnellement.

S'arrêtant à un ou deux mètres de son bureau, l'Humaine confirmait ses propos d'un hochement de la tête, devant l'étonnement des autres qui n'était pas encore mis dans la confidence.

— Que se passe-t-il, Majesté ?
— L'Empereur Noir a décidé de nous rendre les Humains retenus en esclavage.

Il y eu un moment de silence circonspect, le temps que l'information ne leur parvienne distinctement. Mancinia comprenait, elle avait été dans le même état en comprenant de quoi il en retournait. Les réactions furent variées, mélange entre l'incompréhension et la suspicion. Dans quel but ? Pourquoi maintenant ? Quelles étaient leurs exigences ? Aux yeux de certains, cela n'était pas le plus important.

— Mais pourquoi vous avoir écrit, Leenhardt ?
— Parce que le nouvel Empereur Noir est Cyrius Windsor.

Son aplomb les laissait pantois. Malgré ses sentiments, elle ne devait faire preuve d'aucune faiblesse devant eux. Ceux qui ne seraient pas à ses côtés seraient à ses pieds le moment venu et elle devait tout faire pour les y maintenir.

— Ah ! s'exclama soudainement Émeric. Vous pensez qu'il serait juste de dire que c'est grâce à vous et Mademoiselle Daphnis qu'une telle chose est possible ? C'est ce que vous voulez nous faire croire ? Coucheriez-vous donc avec l'ennemi ?!
— Ayez du respect.

La Mahestan Sahar n'avait pas haussé le ton, mais son intervention sonnait comme un avertissement avant la tempête. Lancinia s'était un peu entassé au fond de la salle, n'osant pas défendre son nom de crainte que cela ne se répercute sur sa cousine. Mancinia n'avait pas bougé, mais ressentait l'intervention de celle avec qui elle travaillait comme une chance inouïe.

— La Ḍipalōmaiṭa Leenhardt a toujours agis dans l'intérêt des Humains. N'est-ce pas une heureuse opportunité de la savoir dans une position privilégiée ?
— Nous savons tous que la Matasif a un passif avec les Mages Noirs, reprit le Mahestan Farahani, ses épais sourcils froncés.
— Nous devons discuter de ce que nous allons faire. Il n'est pas utile que nous entamions une querelle.
— ... Veuillez m'excuser, Majesté.

Il s'inclinait, mais son regard dans la direction de l'Imprévisible ne mentait pas. Elle n'était pas très bien vue par les Van Astrea, en dehors de Lakshan. Se sentir ainsi protéger lui donner un certain sentiment de confiance. La Reine Scylla ne la lâcherait pas.

— Nous devons être prudents, Majesté, reprit Navier. Il s'agit certainement d'un piège.
— Ils pourraient nous envoyer des espions ... ou même des Humains conditionné à servir leurs Maîtres, en nous causant du tort depuis l'intérieur.
— La Marque des Mayfair ne risque pas de marcher à Utopia !

La situation était mitigée au sein de leur conseil d'urgence. Considérant la Guerre qui s'annonce, les négociations ne manqueraient pas d'être gelées temporairement.

— S'ils ne sauraient être véritablement libres en restant dans la Cité, cela éviterait aux espions de se déplacer comme ils l'entendent, intervint Mancinia. De plus, ils auront certainement besoin de soins physiques et psychologiques, ils ne risquent pas d'avoir envie de se déplacer aussitôt arriver.

La Dame à la Lampe l'avait vu aux retours des Anges. Seuls ceux qui avaient de la Famille s'étaient déplacé quelques temps après leur retour, mais ils étaient nombreux à être restés à Haute-Terre ou aux Jardins durant leur guérison. Certains y étaient encore, en donnant leur exemple aux récents rescapés d'Arcadia.

— Je suis de l'avis de la Matasif. Il serait probable que des Sorciers se glissent parmi eux pour étudier notre situation.
— Je doute qu'un Mage Noir puisse cacher ses aptitudes magiques, surtout que le Ma'Ahid les rends malades, ces idiots !
— Il y a les artefacts.
— ... Oui ?

Son intervention laissait perplexe ses interlocuteurs. Maintenant que Neah l'avait mise au courant, ce n'était qu'une question de temps avant que tout un chacun ne le soit, elle n'avait aucune raison de le cacher.

— Le Capitaine Katzuta vient de m'informer que ... Mademoiselle Laëth Belegad et le Proeliant Adam Pendragon avaient un Lien.
— Un lien ... d'amitié ?

Cette remarque pouvait paraître idiote, mais aucun d'eux n'en mesurait l'ampleur, ni la complexité. Il était déjà peu évident pour ceux n'ayant pas de Lien de le comprendre d'ordinaire, alors ...

— Non, un Lien. Comme celui qui m'unit au Capitaine.
— Pardon ?! Mais comment est-ce possible ?
— Cela se serait produit car Pendragon aurait un artefact capable de le transformer en Humain et le Ma'Ahid n'a aucun effet contre la Magie des Anges.
— Vous voulez dire qu'actuellement ... plusieurs Humains pourraient ne pas l'être ?

Ils n'étaient pas idiots. Cette éventualité les avait toujours menacée ; le Ma'Ahid n'était pas une garantie de ne pas croiser un potentiel ennemi dissimulé. Malgré les murmures et les appréhensions, la Souveraine ne manquât pas d'intervenir pour remettre de l'ordre dans cet amas confus.

— C'est aussi pour cette raison que nous avons désormais les Ira. Ils sont le moyen de montrer notre légitimité à tout un chacun. C'est en tout cas ce que l'émissaire d'Izanami nous a confié.

Izanami s'assurait qu'aucun traître ne puisse atteindre les hautes sphères. La Fille du Soleil espérait que les Humains incapables de les matérialisés ne seraient pas brimé ou empêché d'assouvir leurs ambitions en raison de cela. Son regard se posait sur Mancinia, presque tranchant. Sa ressemblance physique avec la représentante de l'Aether ne cessait de la hanter, mais à bien des égards, sa subordonnée était une représentante de plusieurs Divinités et avait une emprise certaine dans le milieu religieux. Cette carte qu'elle pouvait user pour les maintenir en son Pouvoir n'était pas négligeable et l'Imprévisible veillait à l'intérêt des Humains. Elle était ambitieuse, oh, Scylla le savait très bien, mais l'adversaire dangereuse s'était avérée avoir des objectifs communs. Elles étaient devenues proches et le chemin vers sa nomination de Mahestan se réduisait. Son chemin vers elle aussi ...

— Je pense qu'aucun d'entre nous ne voulons prendre de risque, pas plus que nous ne souhaitions les laisser entre leurs mains.
— Et nous devons avant tout discuter du coût !
— Il est dérisoire.
— ... Mais qu'est-ce qu'ils ont dans la tête ?!
— Serait-ce une tentative de demander l'une des nôtres en mariage ?

Encore ? Mancinia eut un froncement de sourcils si violent en se retournant vers lui que le concerné eu un léger sursaut.

— Il aurait très bien pu m'exiger en échange de votre survie. Ils sont en mesure de détruire notre race, comment pouvez-vous l'avoir oublié ?

Ces petits jeux l'agaçaient. Ils essaient de la dénigrer pour la pousser dans la boue aux regards des habitants de leurs territoires, mais ce n'était pas aussi simple de la faire plier. Tout le monde savait qu'elle avait combattu un avatar de Niklaus Salvatore durant une de ses Coupes des Nations. Elle n'aimait pas les Mages Noirs. Qu'elle soit parvenue à conserver cet aspect loin d'elle durant sa rencontre avec le Chancelier Windsor prouvait surtout son talent.

— Majesté, reprit-elle en regardant Scylla depuis sa position. Je souhaite me rendre moi-même sur place pour ramener mes frères et soeurs entre nos murs. Je m'assurerai de toutes les dépenses que cela engendrera pour ne pas impacter les financements de la Royauté.
— Leenhardt, c'est ... !
— Je suis capable de l'accomplir. Et je le ferais.
— Majesté, vous ne pouvez pas accepter !
— Silence.

Tout le monde cessa presque de respirer devant son regard. Il avait une teinte sombre, mais non de fureur, seulement d'une détermination exacerbée.

— Matasif Leenhardt ... Je vous laisse gérer cette affaire.
— Majesté ! ...
— Toutefois, interrompit-elle encore l'intervenant en levant sa main. Je veux que la Mahestan Sahar vous seconde avant votre départ.
— Bien, Sūrakan, dit-elle en la saluant. Je saurais être digne de cette mission.

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Mancinia était rentrée sous le regard médusé de certains de ses confrères. D'autres avaient de la fierté, celle où ils n'en attendaient pas moins de l'Iskandar. Lancinia avait été admirative de sa prise de position et elle avait tant étudié sur les Mages Noirs ces derniers mois qu'elle lui assuré pouvoir l'aider dans ses démarches. Désormais entre les murs de sa demeure, assise à son bureau et malgré l'heure avancée de la nuit, elle prit sa plus belle plume, inspirait un grand coup et sous le regard encourageant de Lancinia, sa main bougeait sur le parchemin en formant des mots encreux.

À l'Empereur Noir, Cyrius Windsor,

Je m'adresse à vous au Nom de la Royauté des Humains, comme Ambassadrice chargée de cette affaire pour vous exprimer notre surprise et notre reconnaissance quant à cet échange. Suite à l'analyse de votre demande, nous acceptons votre offre.

Si vous avez décidé d'une date, je viendrai à votre rencontre pour procéder au rapatriement des nôtres sur notre territoire et m'assurerai du paiement de votre dû.

Je vous présente également mes félicitations quant à votre récente nomination et mes remerciements pour m'avoir écrite personnellement sur la situation des Humains au sein du territoire Sorcier.

Dans l'attende de votre réponse,
Mancinia Leenhardt

C'était clair et concis, mais les Sorciers ne s'embarrassaient pas de ses politesses. Le Chan ... L'Empereur, en tout cas, ne semblait pas être dans cette catégorie pompeuse. C'était sans doute pour cette raison qu'elle l'appréciait, lui, plus que tout autre. Dans un cadre plus léger, l'Humaine reprit sa plume pour écrire à Maximilien. Quelque chose de court.

À Maximilien Eraël,

Par la présente missive, vous êtes convié à une rencontre concernant l'avenir des Enfants des Cieux. La Royauté des Humains et la Nith-Haiah ont convenus d'un accord quant au travail devant être réalisé lors de leur future intégration dans l'Arami. Ayant été chargée de leur déplacement en territoires angéliques et magiciens, il s'agit d'une tâche qui me reviens et j'aimerai en discuter avec vous, en tant que militaire confirmé et parent. Considérant de futurs déplacements, je vous enverrai mes disponibilités sous réserve d'une acceptation de votre part.

Post IV - 1887 mots

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Quand les Ambitions se Multiplient

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— Neah, souffla-t-elle en posant délicatement sa main sur son épaule. Nous sommes rentrées.

L'Ange avait ouvert les yeux en ressentant ses doigts effleuré le tissu de sa veste. S'il avait un sommeil léger, Ihsan s'était effondré dans ses bras après son gros chagrin, son dos se soulevait au rythme de son souffle paisible troublant le silence. Ce spectacle ne lassait jamais son coeur de mère, y retrouvant un réconfort malgré les événements.

— Comment ça s'est passé ? demanda-t-il en en se levant, tout en tenant son fils dans ses bras. Et toi, tu ... Tu te sens bien ?
— Ce serait mentir de dire que la nouvelle ne me secoue pas, mais ça va. Je ne dois penser qu'à mon opportunité et aux Humains qui seront libres.

Neah hochait la tête. Il la savait forte.

— Quant à notre décision ...

Elle fermait les yeux, sachant que cela n'allait pas lui plaire.

— Je vais me rendre là-bas avec une délégation pour les ramener chez nous.
— Vous y allez seuls ?
— Nous préférons ne pas montrer que nous avons besoin de soutien. Ce serait une preuve de faiblesse.
— Je comprends.
— Je pensais que tu serais fâché.

Sa réaction l'étonnait, étant toujours dans le besoin de Protection lorsqu'elle entrait en ligne de compte, son devoir de Gardien primant toujours, mais Neah se contentait de soupirer en riant.

— Je pourrais t'attacher que tu irais.

Mancinia aurait pu répondre que cela dépendait des circonstances, mais elle ne voulait pas devant les enfants, se contentant de sourire en ne pouvant le contredire.

— Je vais organiser l'échange avant qu'ils ne changent d'avis, mais ... Et toi, tu ne devais pas travailler ?
— C'est vrai que c'était ce qui était prévu, mais Chÿsam ne m'a pas contacté. Il n'y a pas d'urgence au travail, ce ne sont que des heures supplémentaires pour travailler sur notre projet ... Je devais m'occuper de quelque chose ici avant tout.

Son regard se baissait vers Ihsan, qui continuait de dormir dans ses bras, comme de rien n'était, comme si ses parents ne discutaient pas de l'avenir, comme si leur dispute ne valait plus rien ... C'était le cas. Neah aimait son fils. Sans leur être lié par le sang, l'Enfant des Cieux était véritablement le trait d'union entre Mancinia, de par sa race et lui, par son physique atypique. S'il ne devait jamais avoir d'hériter angélique, il aurait tout de même certaines choses à accomplir avec les Jumeaux. Bien que le tenant dans une étreinte, il lui rendit leur enfant.

— Je ne doute pas que tu es confortable, mais allons le coucher.

L'Ange eu un sourire du coin de sa bouche. Exprimer ce qu'il ressentait avait rendu son coeur plus léger, quoi qu'il en dise. Comment ne pas se trouver immature, parfois ? Adulte, mais ayant encore de nombreuses choses à apprendre. Dans le couloir, des questions d'un autre ordre effleuraient ses lèvres.

— Que demandent les Mages Noirs en échange ? Uniquement de l'argent ?

Les Sorciers ne lui donnaient pas l'impression d'en manquer. Pourquoi ce choix ?

— Une somme tellement dérisoire que j'ai l'impression d'être insultée.

Neah ne répondit rien. La connaissant, elle allait en assumer le coût de sorte à ce que la Royauté n'en soit pas déstabilisée ... Elle détenait entre ses mains tellement de richesses et de personnes sous ses ordres que l'argent était comme un fleuve dont elle veillait à ce que la source ne tarisse jamais.

— Je te préviens, Mancinia, s'il t'arrive quoi que ce soit ...
— Tu n'as pas à t'en faire, tout se passera bien.

L'Humaine déposait Ihsan dans son lit, avant de le recouvrir d'une couverture. Ils étaient peut-être dans le Désert, mais à Qaixopia, sous terre, les températures étaient plus basses, voire froides durant la nuit. Elle regardait Idril, qui dormait dans le sien pour y constater la présence d'Emelyn, qui l'avait rejointe et dont le pied dépassait de la couverture. Elles étaient mignonnes. Mancinia ressentait le regard de son Gardien sur sa nuque, retenant difficilement de rire. Neah n'avait pas besoin de lui dire qu'il serait prêt à raser Amestris, il devait seulement lui promettre de veiller sur leurs enfants. Prenant grand soin de ne pas faire de bruit en ressortant, les Écuyère de l'Aurore observait son compagnon du coin de l'oeil.

— Je sais que la nuit est bien entamée, mais j'aimerai manger quelque chose, tu m'accompagnes ?
— Avec plaisir, sourit-il, avant de s'interrompre. Et Lancinia ?
— Elle est partie se coucher après que nous ayons remis la missive à notre coursier. La situation l'a pas mal secouée.

Le Capitaine le comprenait aisément. Ce n'était pas tous les jours qu'une telle nouvelle arrivait et, même si le voile de l'inquiétude marquait son esprit à l'idée que Mancinia se rende là-bas, il trouvait cette nouvelle excellente pour les Humains. Dans la cuisine silencieuse et recouverte des apparats nocturnes, son Humaine allumait quelques bougies, avant de lui servir un bol de potages aux carottes et prendre place à ses côtés. S'il avait tenté toute manoeuvre magique pour l'aider, il aurait eu droit à ses gros yeux, pareillement s'il avait tenté de l'aider. Elle avait visiblement envie de prendre soin de lui et ce n'était pas pour lui déplaire. Il savourait sa première bouchée.

— ... C'est toi qui l'as préparé.

Dans sa voix, ni interrogation ni reproche, seulement un ton empreint de délectation à cette idée.

— J'apprécie toujours autant ta cuisine, poursuivit-il en reprenant une cuillerée. Elle est assaisonnée comme il faut.
— ... Ce n'est pourtant pas grand-chose, dit-elle en essayant de cacher sa gêne.
— Ça ne change rien au fait que ce soit bon.

Mancinia était presque envieuse que Neah soit en mesure de mieux lui dissimuler ses expressions qu'elle ne le pouvait envers lui. Essayer de se maintenir devant tout un chacun ? Facile, mais lui ... Lui ! Il lui retournait le coeur et le cerveau - et bientôt son corps, elle n'en doutait pas. Il se retenait de rire, refusant de lui causer un plus grand embarra, même si les rougeurs sur ses joues étaient mignonnes. L'Ange aimait son Humaine pour ce qu'elle était, mais cela ne l'aurait pas dérangé de la voir comme une épouse qui lui faisait de bons petits plats, à défaut d'être une personne si riche, puissante et ambitieuse. Il lui aurait rendu la pareille lorsqu'elle serait rentrée fatiguée de son travail. Une vie de couple simple et harmonieuse. Cette existence aurait été possible sans la Guerre. Elle les avait changés. Combattre pour ses Dieux, combattre pour sa vie, combattre pour son peuple ... Parfois celui des autres. Subir l'amère défaite, subir les sanctions de celui qui l'avait remporté, subir ce Génocide qui le marquait dans ses chairs. Neah fermait les yeux. Isiode avait raison, il vivait dans le passé ... malgré toute l'illusion qu'il se donnait d'aller de l'avant. Il se demandait même si ce n'était pas où voulait en venir Reine, lorsqu'elle lui avait dit ressentir ses ambitions pourrir à ses pieds. N'avait-il pas accompli son devoir envers les prisonniers de la Terre Blanche et d'Arcadia ? Voulait-il aller encore plus loin en libérant ceux en Enfer, au risque de sombrer ? Personne ne le laisserait faire, à commencer par Mancinia. S'il voulait aller les aider, il n'en avait ni la force ni les moyens. Peut-être que ce moment viendrait, il devait seulement se tenir prêt. Il devait tout préparer pour cela.

L'Écuyer de l'Aurore devait aussi penser à la femme assisse à ses côtés et qui occupait une partie de ses pensées, à ses enfants et à ceux qu'il avait secourus. Des personnes comme Helsinki, auquel il devait montrer cet exemple de progression. Ce n'était peut-être plus son rôle que de secourir les autres ? Peut-être s'en voudrait-il toute sa vie de ne pas pouvoir le faire. Ce n'était plus la peine de conserver un tel échec et une rupture consommée avec lui-même. Ce n'était plus la peine de se plaindre. Neah se devait d'agir. Et ça débutait maintenant.

— J'ai quelque chose à te demander, Mancinia.

Le Capitaine Katzuta n'y avait que vaguement songé. Il n'était pas certain que cela lui soit accordé, mais s'il ne lui en parlait pas maintenant, sans doute manquerait-il d'initiative de le faire plus tard, ou alors, avec la désagréable impression de la mettre dos au mur pour lui imposer ses volontés.

— Je ne veux pas prendre de décision sans t'en parler, mais sache que j'accepterai que tu refuses.
— Tu es si sérieux ! le nasilla-t-elle. Parle donc !

Un sourire germait sur les traits de son Gardien devant son insouciance.

— Tu sais que je souhaite construire ce nouveau territoire pour mon peuple. Je ferais tout pour y parvenir, mais il est important que tu saches que j'aimerai en assurer la charge.

Mancinia déglutis, son geste se suspendant quelques instants dans les airs.

— S'il advient que ce soit le cas ... Je serai le dignitaire de ce nouvel endroit et j'y serai donc stationné.

Ce qui voulait dire qu'ils se verraient moins. Qu'ils ne se verraient plus comme maintenant où Neah prenait toujours une ou deux heures de son temps pour venir les voir, elle et les enfants. Cela voulait dire qu'ils auraient du mal à construire la Famille qu'ils désiraient. Pour l'instant. Mancinia fermait brièvement les yeux. Pouvait-elle lui demander de rester ? Pouvait-elle être aussi égoïste ? Neah avait renoncé aux explorations des Terres d'Iyora uniquement parce qu'elle était revenue et qu'elle avait eu besoin de lui. Il était resté pour son devoir de Gardien, avant qu'elle ne lui déclare ses sentiments. Elle ne pouvait pas lui redemander un tel sacrifice après tous ses efforts, surtout pas quand son pilier était prêt à la soutenir dans ses ambitions. Elle n'avait pas envie d'être ce type de femme, tout pour elle et rien pour l'autre, ce n'était pas la vie de couple qu'elle voulait avec Neah.

— Fais-le, dit-elle en révélant ses prunelles enflammées. Fais-le, Neah, les Anges ont besoin de toi.

Malgré la conviction dans sa voix, l'Ange ressentait aussi des tressaillements d'émotions.

— Je voudrais te dire de rester auprès de moi, parce que tu me manquerais atrocement ... Je sais que ce sera ton cas aussi et que tu as certainement dû t'interroger sur ma réaction ! Mais je suis la mieux placée pour savoir que tu ferais tout pour les Anges ... Alors, pars, Neah ! Pars, je t'attendrai !
— Merci, répondit-il dans un sourire ému en la prenant dans ses bras.

Si elle avait refusé, l'Anjonù aurait subi une désillusion de sa part. Une déception, certainement, mais c'est parce qu'il avait la certitude que Mancinia était son pilier qu'il lui en parlait sans crainte. Il ressentait les frissons de sa peau à son contact, lui arrachant un sourire en coin, avant qu'elle ne se détache de lui pour remettre ses cheveux en ordre.

— Je te manquerai atrocement, hein, dit-il en lui donnant un léger coup d'épaule.
— Je sais que tu es moins ambitieux que moi, répliqua-t-elle. Qu'est-ce qui t'a décidé ?
— Hum.

Ce n'était pas elle. Mancinia avait conscience que ses volontés faisaient plier Neah et que, d'ordinaire, il ne voulait pas faire de l'ombre à sa lumière, alors qu'elle désirait qu'ils brillent ensemble.

— Isiode, admit-il avec un demi-sourire.

Pourquoi ça ne la surprenait pas ? Elle avait bien vu, ces dernières semaines, que leur conversation au Thé l'avait touché.

— Je crois que ... J'avais besoin que quelqu'un me secoue.

Ce n'était pas que Mancinia ne le faisait pas, mais le Capitaine Yüerell partageait de nombreux points en commun avec son collègue, d'autant plus qu'il ne prenait pas de gants. Ils n'étaient pas nombreux à se targuer de pouvoir lui faire des remarques qu'il prenait au sérieux. Neah terminait ensuite son plat, avant de se redresser.

— Merci pour le repas. J'y retourne.

En se redressant, il marquât un arrêt, avant de se pencher vers elle pour l'embrasser sur le front.

— Tu es la meilleure épouse que je pouvais espérer dans ma vie, Mancinia.

Et il se téléporta avant même de voir sa réaction, craignant de ne pouvoir se retenir. Quand Neah était avec elle, ses sentiments explosaient malgré lui. Et malgré toute sa maîtrise, lui-même rougissait de ces derniers.

Post V - 2025 mots

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Quand les Ambitions se Multiplient

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Ça avait été officiel dans la semaine suivant la réception de la missive de l'Empereur Noir. Il avait fallu un peu de temps avant que les nouvelles n'arrivent dans les recoins désertiques, transmis par les caravanes marchandes venues de l'étranger. Il n'était pas encore question de converser de cette libération des Humains, mais des événements préoccupants survenus au sein d'Amestris. La Capitale avait été victime de la chute des débris de la Lune Noire ... qui s'était décomposée dans les cieux avant de retomber sur la Cité, désormais en ruines. Une certaine inquiétude s'était emparée de la population, relativement sensible aux manifestations des Aetheri. Qu'est-ce que cela pouvait bien annoncer de funeste pour la suite ? Les Enfants de Sympan se raccrochaient à ce qu'ils avaient vécus récemment, comme le Pardon du Dieu-Créateur et l'arrivée des Ira, estimant être partiellement protégé, surtout qu'ils détenaient une Prophétesse d'Ësse'Aellun. Elle. Mancinia retenait difficile des sourires ou des soupirs lorsqu'elle entendait cette raison. Depuis sa nomination aux côtés de Neah, celui qu'ils étaient censés représenté ne s'était pas manifester. En dehors des enfants qu'il leur octroyait ... ce n'était pas pour lui déplaire. Elle aimait les élever. Sif était son trait d'union avec les Ygdraë, mais en tant que mère, elle ferait tout pour que sa cadette soit heureuse chez les Humains. Quant à cette liberté conférée par ce statut lui donnait encore une meilleure position religieuse. C'était pour cette raison qu'elle comprenait la volonté d'Elias Salvatore de subir sa Crucifixion. Il avait vraiment eu ... ce n'était même plus du courage à ce stade. Il l'impressionnait, tout simplement.

À ses yeux, le nettoyage venait d'en-haut. Il avait purgé son peuple des traîtres ... ou des opposants qu'il avait fabriqués, certainement. Dans la violence et le sang. Dans la corruption et le mensonge, comme tout bon être du Mal qui se respectait. C'était vraiment dommage qu'il soit un Sorcier, parce qu'un mec avec une telle paire de couilles aurait bien été utile ailleurs. À cause de sa nature raciale, ses sentiments à son égard étaient partagés quant à sa survie, mais en tant qu'Élu d'Ethelba, peut-être valait-il mieux que ce soit le cas. Personne ne semblait rien savoir et les théories les plus folles couraient à son encontre. Certains prétendaient même qu'il était devenu un Dieu. D'un côté, l'idée faisait sourire, de l'autre, non, mais les manifestations de l'Aether avaient été violentes, alors, qui savait vraiment ? ... Tandis que les travaux battaient leur plein au sein de la Capitale Noire, les Réprouvés se préparaient à la guerre. Ce serait sans doute le début de règne le plus mouvementé, mais Mancinia ne doutait pas que le nouvel Empereur Noir s'en sorte aisément. D'ailleurs, il s'était marié, non ? Ça lui faisait bizarre. Elle ne le connaissait pas, mais le mariage ne semblait pas être fait pour cet électron libre. L'imaginer l'amusait un peu trop. À ce stade, peu importait où se trouvait la vérité. Ce qu'elle devait retenir, c'est qu'une partie des leurs allaient retrouver leur liberté. Pour quelle raison ? Elle l'ignorait en l'état, mais le prix serait sûrement plus élevé que ce montant dérisoire. Elle devait rester prudente.

— Putain ... c'est un monstre.

Pas dans le sens « horrible » ou tous autre qualificatifs du style, mais dans le sens où il intervenait là où on s'y attendait le moins. Ça ne pouvait pas être du hasard. Combien de fois avait-elle étudié cette proposition, signée des noms de Windsor et Salvatore ? Un contrat s'étalant sur la durée où, tous les dix ans, les Humains verseraient un montant précis aux Sorciers ... une somme dérisoire, à ses yeux. Pourquoi donner cette impression d'entuber les Humains en passant pour un adversaire plutôt sympathique auprès de leur Royauté ? Était-ce un moyen d'ennuyer les esclavagistes de sa race ? Avaient-ils des comptes à régler ? Ils ne pouvaient pas ignorer que le Ma'Ahid rendrait inactif cette marque redoutable qui permettait de dire où se trouvait un enchaîné et dans quel état, rendant toute fuite impossible. Même en interrompant ce procédé dans un an, les Enfants de Sympan ne leur rendraient jamais. Était-ce un moyen de créer une querelle et de leur déclarer la guerre ? C'était fourbe, mais typiquement Sorcier. Elle avait la vague impression qu'ils regretteraient de ne pas avoir été aidés les Réprouvés ... Shon. Son coeur se serrait. Son ami irait certainement combattre. Leur relation était ambigüe en considération des différences raciales, mais les événements de leur enfance les avaient rapproché, c'était indéniable. À défaut de prier pour sa victoire, elle prierait pour sa survie. De leur côté, ils allaient devoir envisager l'avenir. Et elle y voyait un sérieux mal de crâne.

Ces individus en mesure d'anticiper autant les situations et leurs conséquences variées lui donnait le tournis. N'était-ce que l'expérience qui parlait ? Le talent ? Elle n'était pas aussi anticipative ... Ce serait une véritable galère que d'être mis sur un pied d'égalité de telles personnes, si elle parvenait à saisir un trône. Sa main s'arrêtait dans l'écriture. Et là, une question la taraudait. Est-ce qu'elle se contenterait d'être une Souveraine dans l'ombre d'une autre, ou bien ... Voudrait-elle le rôle de la Reine de Qaixopia, celui d'une Reine sous la lumière, celui légitime ? Ses lèvres se pinçaient, n'osant imagier les conséquences d'une telle volonté. Son ambition était-elle plus dévorante que le bien-être des Humains ? Peut-être se voyait-elle être l'avenir ? C'était arrogant, mais ce n'était visiblement pas les Dieux qui lui disaient le contraire, n'est-ce pas ? Ce n'était pas les autres qui diraient qu'elle était inutile. Nulle. Sans intérêt. Si elle devait assurer le suivi et le rapatriement des siens au sein des Territoires Humains, Mancinia avait également reçu d'autres missions. Elle progressait quant à la reconstruction de la Légion et devrait en assurer la cohésion dès sa rencontre avec Maximilien. De plus, on lui avait confié ce début d'alliance avec les Ygdraë, voir si une entende serait viable sur la durée. Son regard se posait sur Sif, qui s'amusait à imbriquer des cubes les uns sur les autres. Emelyn faisait de même, mais avait beaucoup de mal à mélanger les couleurs et préféraient avoir plusieurs colonnes unies. Elle avait beaucoup d'enfants roux. Tant mieux, elle adorait cette couleur.

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La Reine Scylla avait encore pris sur son temps pour la recevoir. Elles se voyaient souvent seules, ces derniers temps et ces rencontres privilégiées lui plaisaient énormément, car Mancinia se sentait importante et pouvait se démarquer sans se dissimuler dans l'ombre de quelqu'un d'autre. Si elle estimait les Mahestan qui la supervisaient, mais ... Elle aimait être seule. Être à sa place.

— Vous avez pris contact avec les Elfes ?
— Oui, Majesté. Je suis dans l'attende d'une réponse de leur part devant notre proposition de collaboration, tout en préparant le retour des Humains depuis les territoires Sorciers. Comme je vous l'avais exposé, certaines résidences d'Haute-Terre prévues pour les Anges sont libres et les nouveaux chantiers, au sein d'Utopia, permettront de générer un véritable lieu médical, discret et protégé, tout en préservant quelques secrets d'éventuels espions. Je vous recommande cette liste pour le bon déroulement des opérations.

Scylla était en train de la parcourir des yeux, les noms inscrits étaient ceux de médecins véritablement aptes et qui s'étaient montré volontaires dans cette mission. Après avoir pris soin des Ailes Blanches, quoi de plus naturel que de prendre soin des Enfants de Sympan ?

— Je vois que les choses avancent bien, dit-elle en déposant les parchemins sur son bureau, satisfaite. Vous désiriez me parlez d'autre chose ?

Mancinia laissait un léger silence s'installer, avant d'acquiescer.

— Il est important pour moi de vous mentionner ce qui est arrivé, au Capitaine Katzuta et à moi-même.

La Reine arquait un sourcil. Qu'est-ce qu'ils avaient encore fait, ces deux-là ? semblait-elle se demander. Et dire que c'était de manière totalement involontaire que les choses s'étaient produites.

— Nous avons été désignés comme Souverains d'une île sur l'Archipel de Maggie, Koelyë. Et d'un commun accord, nous avons accepté.
— Dois-je vous appelez Majesté, désormais ?

L'Imprévisible ne savait pas si sa Reine se moquait de sa position ou était sérieuse. Elle avait beau être ne pas être mal à l'aise, ce n'était pas le genre d'information à prendre à la légère.

— ... Non ?

Scylla eu un léger rire. Elle plaisantait, évidemment.

— Je ne voulais pas que vous l'appreniez en imaginant que je complotais quelque chose contre vous.
— Est-ce une manière pour vous de me parler de l'avenir ? répliqua-t-elle, plus tranchante. Je ne suis pas stupide, Leenhardt. Je sais que vous êtes ambitieuse. Je sais que vous voulez conquérir de nouveaux territoires et que vous voulez que notre Nation redevienne comme nous l'étions. Je sais que vous voulez acquérir un trône, à l'image de mes pairs ... À moins que vous ne vouliez le mien ?

Cette situation aurait dû être pesante. Lourde et délicate. Ce n'était pas anodin de déclarer vouloir prendre la position de quelqu'un qui, se sentant menacé, agirait pour vous nuire. Pourtant, Mancinia ne se sentait pas dans une position de proie. Cela se lisait dans son regard. Évidemment que seul le rôle de la Souveraine sous l'égide des Aetheri lui convenait.

— ... Je ne peux pas dire que vous êtes une incapable. Je vous ai nommée Ambassadrice des Humains et Commandante de la Légion, en vous demandant de la reconstituée, en le sachant. Je démultiplie vos tâches pour vous faire comprendre à quel point c'est chronophage, mais vous n'abandonnez pas. Vous les conduisez toutes avec intérêt, toujours avec la même volonté.

Scylla devait désormais l'admettre, Mancinia Leenhardt était la prétendante la plus sérieuse à cette position. Celle qui, pour la Fille de Drejtësi, incarnait très bien les idéaux des Enfants de Sympan.

— Je ne pourrais jamais dire non à une telle ascension de votre part.
— J'en suis capable.

Cette soudaine prise de parole laissait la Reine muette d'étonnement. Sa conviction se lisait dans son maintien et au son de sa voix.

— Je suis capable d'être Reine, Majesté. Il faut un Gouvernement paisible et solide pour unifier une multitude de personnes, mais le Désert ne comporte que des guerriers. Il faut une force immense pour les rassembler. Je veux posséder le Désert et moi-seule doit être en mesure de répondre à ma propre ambition. Je sais que vous avez énormément réalisé, je sais tout ce que vous avez fait pour nous ... Je veux votre place, mais je veux que vous restiez à mes côtés.

S'il y a une chose à laquelle la Reine des Humains ne s'était pas attendue, c'était bien à cette remarque. Prendre sa place, mais la garder dans son Gouvernement pour avoir un oeil constant sur son travail ? Pour qu'elle lui montre que son assiduité serait décuplée ? Pour qu'elle puisse préserver les intérêts des Humains si elle devait faillir ? Mancinia n'envisageait pas l'échec, mais ne l'écartait pas. Si elle envisageait de s'entourer de Conseillers, c'est parce qu'elle refusait d'instaurer une tyrannie. Ce n'était pas tout le monde qui agissait ainsi. Mikhail avait préféré partir à la recherche de sa Belle que de l'assister après sa prise de pouvoir. Scylla n'était pas contre, après tout, les autres monarques de la race étaient égaux. Et elle allait sûrement devoir déléguée, un jour.

— Si vous voulez ma place, Reine de Koelyë, il va falloir la mériter. À mes yeux, aux yeux des Aetheri et, plus important encore, aux yeux des Humains.

Il y eu un silence, les deux femmes se souriaient l'une et l'autre.

— Je suivrais avec intérêt tout ce que vous entreprendrez, Leenhardt. Je ne vous rendrais pas la tâche aisée, sachez-le.
— Donnez-moi tout ce que vous estimez nécessaire, ma Reine, je vous montrerais ma capacité à vous surpasser.

En vérité, Scylla n'avait pas le moindre doute. Elle n'avait pas besoin de voir cette progression, Mancinia était l'un de ses meilleurs éléments. Elle l'avait suivie, plus que tous les autres, à une époque où on la déconsidérait encore malgré tout ce qu'elle avait accompli. À peine éveillée de sa Malédiction et nommée Marquise, qui pouvait prétendre à ceci ? Mancinia ne pouvait seulement plus s'illustrer par des faits d'armes en temps de paix et ce qu'elle entreprenait, ce n'était pas spécialement plus que ce que d'autres avaient fait avant elle. Ce que Scylla avait besoin, c'était surtout de l'occuper et de gagner du temps, un moyen qu'elle puisse lui donner le titre prestigieux de Mahestan. Et de préparer l'avenir à ses côtés.

Post VI - 2080 mots | Fin