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 [Q] - La solitude comme un oiseau dans la nuit

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 3851
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mar 16 Nov 2021, 14:43




La solitude comme
un oiseau dans la nuit

En solo | Laëth


Intrigue : Laëth se rend à l’Institution des Liens pour reporter son Lien avec Adam.


Quelques temps plus tôt…

« Adriel ? » - « Oui ? » - « Il faut que je te parle de quelque chose. » Il la regarda. Elle avait dans les yeux le sérieux et la tristesse de ceux qui viennent annoncer la mort. Le cœur du soldat s’emballa. « Que se passe-t-il ? » Elle le scruta. Ses yeux bleus, ses cheveux blonds, son nez droit et ses traits si délicats. Son maintien solide et élégant, ses larges épaules sur lesquelles elle avait tant pleuré. Les larmes lui venaient à nouveau, mais jamais il n’aurait pu deviner ce qu’elle s’apprêtait à lui dire. Elle observa leur environnement. Les fleurs de son jardin, qu’il adorait. Le chat, qui dormait allongé sur les pierres chauffées par le soleil. Le lierre qui grimpait contre le mur de sa maison, une petite habitation à son image, aussi discrète que fonctionnelle. Le ciel, bleu éclatant, et les iseaux qui passaient comme des étoiles la nuit. « Tu préfères aller à l’intérieur, peut-être ? » - « Non, ça ira, merci. » s’entendit-elle répondre d’une voix blanche. Elle ferma les yeux et inspira.

Puis, elle le regarda à nouveau. Il avait arrêté de jardiner dès qu’elle était arrivée. Sa posture mimait celle d’un animal sur le qui-vive. « Laëth… qu’est-ce qu’il se passe ? Tu m’inquiètes. » - « J’ai un Humain. » lâcha-t-elle de but en blanc. Un silence suspendit leurs respirations. « Je pensais que… » Il s’interrompit. « Ce n’était pas prévu. » - « Non. » Il la voyait. Elle luttait. Elle luttait contre ce torrent qui voulait l’attraper et l’entraîner dans le tumulte de ses eaux trop vives, trop brutes et trop sensibles. Elle ne voulait pas être submergée ; elle ne voulait pas faillir. Il avait vu cette expression des dizaines de fois. C’était celle qu’elle adoptait avant de craquer, le reflet de son combat intestin et toujours vain. L’Ange s’avança et la prit dans ses bras. « Ce n’est pas grave. Je suis sûr que Kaahl saura te le pardonner et que tu finiras par apprécier ta nouvelle condition. » - « Non. » Elle pleurait. Sous ses doigts, il sentait les tremblements de ses épaules. « Tu ne voulais pas être Gardienne ? C’est toujours délicat, quand ça n’est pas prévu, et je me doute bien à quel point ça a dû être pénible de devoir l’expliquer à ton fiancé, mais… » - « Je ne lui ai pas dit. » Mais il savait. Il lui avait écrit. « C’est sans doute ce que les Ætheri désiraient… C’est ce que tu voulais, il y a quelques temps. » Un silence entrecoupé de sanglots marqua leur étreinte. « Pas avec un Déchu. » souffla-t-elle. Il sentit son corps se tendre et son équilibre vaciller. « Quoi ? » Elle le serra plus fort contre elle. « Quand il porte son artefact, il est Humain. » Les bras d’Adriel se défirent. « Qu’est-ce que tu racontes ? » Son ton était devenu plus brusque. Elle tressaillit. « C’est Adam Pendragon. » Il recula. Malgré elle, ses doigts lâchèrent son haut. L’Aile d’Acier leva vers lui ses yeux rougis. Elle chuchota : « C’était un accident. » Le soldat secoua la tête. Son expression s’était durcie. Elle transperça le palpitant de la brune. « Comment est-ce arrivé ? » - « On se battait, et ma magie m’a échappée. » Les iris céruléens du blond la détaillaient, comme s’ils cherchaient la trace d’un mensonge ou d’une farce. Une nouvelle fois, il secoua la tête. Une myriade d’émotions bataillait en lui. La tristesse, la colère, la culpabilité, l’amertume. Le goût de l’échec. Il était celui qui lui avait enseigné la magie : celui qui aurait dû prévenir ce genre de situations. « Je ne veux pas de ce Lien, Adriel. » - « Tu n’as pas le choix. » Son intonation n’était pas particulièrement dure, mais l’Immaculée prit son visage dans ses mains, ses coudes blottis contre elle. Que pouvait-il lui dire ? Qu’elle était une idiote ? Qu’elle aurait dû faire attention ? Qu’elle avait gâché sa vie à cause d’un manque de contrôle ? Que jamais personne n’accepterait l’existence de ce Lien ? Que tout le monde remettrait en doute sa version des faits ? Que nul ne la croirait ? Qu’elle deviendrait une bannie, une infréquentable ? Qu’on la pointerait du doigt et qu’on douterait sans cesse de ses agissements ? Que ce n’était pas qu’une question de convenances ou d’usages, mais aussi une affaire politique ? Elle devait déjà avoir conscience de tout cela. Il n’avait rien à lui apprendre. « Je ne sais pas quoi te dire… J’ai besoin de temps. » Elle essuya ses larmes et le regarda, lui, et puis la distance qui les séparait.



Son cœur battait aussi vite que celui d’un oisillon. L’Ange leva les yeux vers le bâtiment de l’Institution des Liens. Le souvenir du visage d’Adriel la hantait. Ils s’étaient revus plusieurs fois, notamment au bal. Ils n’en avaient jamais vraiment reparlé. Il lui avait juste dit de se rendre au plus tôt sur Iyora afin d’informer les autorités de son Lien avec Adam. Elle avait fait traîner les choses. Après un soupir, elle pénétra dans l’enceinte de la bâtisse.



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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 18 Nov 2021, 09:12




La solitude comme
un oiseau dans la nuit

En solo | Laëth



Lorsqu’elle fit ses premiers pas dans l’entrée, l’attention de Freyja fut immédiatement captée par la hauteur sous plafond. D’extérieur aussi, il s’agissait d’un bâtiment à l’élévation importante. Les portes et les fenêtres, toutes pourvues de balcons, en étaient larges afin que les Anges pussent s’y mouvoir aisément, et c’était ce souci de circulation que l’on retrouvait au sein de l’édifice. Toute l’architecture était organisée en fonction des allées et venues des Ailes Blanches, tant à pied que par les airs. Ce jour-là, l’Institution ne fourmillait pas d’activité, quoi que plusieurs Immaculés fussent présents dans les bureaux dont les portes étaient disséminées sur les murs, et que d’autres volassent au-dessus d’elle, parfois en emportant avec eux des cartons ou des documents. L’installation était presque terminée : il ne demeurait que quelques menus agencements à faire, entre ces murs de pierre spécialement érigés pour accueillir l’Institution des Liens.

Elle se dirigea vers ce qui semblait être l’accueil. « Bonjour. » L’homme, occupé à trier des papiers, leva les yeux vers elle. Après une fraction de seconde, il sourit. Ses dents du bonheur semblaient fendre sa bouche d’un autre éclat amusé. « Bonjour, Aile d’Acier. Que puis-je pour vous ? » Elle fit l’effort de lui rendre son sourire, et, la bouche sèche, elle annonça : « J’aimerais déclarer un Lien. » Sans montrer une once d’étonnement, il pivota à moitié. « Ce sera par là-bas, avec ma collègue. » Puis, il ramena ses yeux bruns sur elle. « Félicitations. » - « Merci. » souffla-t-elle, mortifiée. Tout allait bien se passer. Elle allait dire la vérité. C’était un accident. Sa situation n’arrivait pas souvent, mais elle avait dû déjà arriver. Probablement pas avec un Humain-Déchu, certes, mais… Tandis qu’elle se dirigeait vers la porte qu’il lui avait désignée, la Belegad se mordillait la lèvre. Comment pourrait-on en vouloir à quelqu’un qui ne mentait pas ? Elle inspira. Elle savait qu’on lui en voudrait. Pas personnellement, sans doute, mais on lui tiendrait rigueur de sa faiblesse passagère. Et si ce n’était pas le cas, au moins, on se méfierait de son Lien. Avant d’être un Humain, Adam était un Déchu. Il était puissant. On les avait plusieurs fois vus ensemble. Elle était une fille de Réprouvés, ce qui dans certaines philosophies s’apparentait à un déficit de vertu – ou à un risque de s’amuser avec les péchés. Les Ailes Noires et les Ailes Blanches s’affrontaient dans une guerre diplomatique faite de silences et de tensions. Priam avait eu beau lui parler de la prophétie sur les Élus de la Conciliation et lui rappeler qu’ils avaient été désignés, elle peinait à croire que ce qui lui arrivait en était une traduction.

Parvenue devant la salle qu’on lui avait indiquée, elle lut le nom inscrit sur la porte – Yelena Oggën –, avant de toquer et, sur invitation, entrer. « Oh, bonjour ! » lança la femme qui se tenait derrière un bureau. D’épais cheveux châtains bouclaient autour de son visage rond. « Bonjour. » - « Vous êtes l’Isemssith Belegad, c’est cela ? » Freyja acquiesça. « Ravie de faire votre connaissance. En quoi puis-je vous aider ? » L’appréhension lui comprimait l’estomac. La gorge serrée, elle articula : « Je viens déclarer un Lien. » Contrairement au faciès de l’homme de l’accueil, celui de la femme se déforma sous une surprise passagère. Elle sembla aussitôt s’en rendre compte. « Pardon. Asseyez-vous, je vous en prie. » La brune obtempéra. « Alors… » Elle ouvrit un tiroir et y fouilla quelques secondes pour en sortir une feuille. Puis, elle siffla, et une plume s’approcha en voletant. « On va remplir ce formulaire ensemble dans quelques instants. D’abord, j’aimerais savoir comment vous vous sentez. Certains Anges ont un peu de mal à s’accoutumer à la présence du Lien dans leur quotidien. » Elle se tut une fraction de seconde, avant de poursuivre, plus hésitante : « Notamment lorsqu’ils ont un conjoint. » Freyja déglutit. « Je ne veux pas vous paraître intrusive. Mais s’assurer du bien-être de chacun fait partie de la procédure. Vous n’êtes pas du tout obligée d’entrer dans les détails. » - « C’est rien. » répondit doucement l’Immaculée. « J’en ai déjà parlé avec Kaahl, et ça s’est arrangé. » Yelena acquiesça. « Je vois. Tant mieux. » Elle lui sourit. « Et aujourd’hui, comment vous sentez-vous, par rapport au Lien ? Est-ce que vous éprouvez des difficultés particulières ? Des troubles du sommeil, de l’anxiété…? Ça peut arriver, au début, surtout dans votre situation. » L’Aile d’Acier secoua la tête. « Non, mais… » L’étau qui lui étreignit la gorge fit monter des larmes jusqu’à ses yeux. « Justement, ma situation est un peu particulière. »  Le regard attentif et bienveillant de Yelena ne la quittait pas. « Déjà, c’était un accident. » La bureaucrate opina, compréhensive. « Et je ne ressens pas toujours les effets du Lien, parce que… » Son cœur tambourinait si fort qu’elle s’entendait à peine parler. « Mon Humain n’en est un que de temps en temps. » Son interlocutrice fronça les sourcils. « C’est un Déchu. Adam Pendragon. » Le silence s’abattit.



Message II – 856 mots




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Priam et Laëth
Sam 20 Nov 2021, 07:34




La solitude comme
un oiseau dans la nuit

En solo | Laëth



« Adam Pendragon ? » l’interrogation sonna comme un bris de verre que l’on enfoncerait dans de la chair. Freyja eut l’intime conviction que si elle avait été plus jeune et inexpérimentée, Yelena ne l’aurait jamais crue. Cependant, elle jouissait désormais d’une aura qui poussait à faire confiance à ses paroles. Et qui ignorait encore que ce même Déchu lui avait apparemment sauvé la mise, lors du Fessetival de la Charité ? Ils se connaissaient. Ils se connaissaient, et peut-être que ce n’était pas tout à fait un accident. Ses yeux verts rivés sur le visage de la femme, l’Ange avait l’impression de deviner chacune de ses pensées. Lames douloureuses, elles la traversaient de part en part. « Oui. Adam Pendragon. » répéta-t-elle. La fonctionnaire la fixa encore, durant ce qui lui sembla être de longues secondes, puis elle baissa les yeux sur le dossier qu’elle avait voulu remplir. Les mains de l’Aile d’Acier s’agitaient sur ses genoux : elles trituraient le tissu de son pantalon ou faisaient danser les doigts entre eux. Une grande nervosité ravageait son esprit. Elle se sentait sur la sellette. À tout instant, la sentence pourrait tomber. Parce que même si ce n’était pas de sa faute, même si c’était un accident, c’était trop grave pour être ignoré. Une poigne serrait sa gorge pour mieux la libérer avant de la ressaisir ; ce ballet suppliciant entretenait l’émoi de ses yeux. Ne pas pleurer. Il ne fallait pas qu’elle fondît en larmes.

« Je ne comprends pas. Expliquez-moi. » Son ton n’était plus aussi doux qu’auparavant. Il se teintait de circonspection et de doute, mais aussi de crainte et de répulsion. Tout était un exercice de maîtrise : Freyja se retenait de pleurer, Yelena se retenait de la juger. Cette situation n’avait rien d’authentique et, le temps d’un instant, l’Immaculée eut envie de se lever et de claquer la porte. La nausée charmait son nez. Elle inspira. Peut-être que l’air pur pourrait désencombrer ses sensations ? « Adam Pendragon possède un artefact qui lui permet de devenir un Humain. Ce sont des objets très rares. » Pourtant, d’autres de ses connaissances s’en servaient. Elle-même serait amenée à en trouver. « Je ne sais pas comment il a obtenu le sien… Mais il l’a. Lorsqu’il le porte, il a toutes les caractéristiques d’un Humain : le Ma’Ahid, le vieillissement, la possibilité d’avoir un Gardien… » La jeune femme se tut. Évoquer cette histoire lui était pénible. Pourtant, face à une inconnue, c’était plus facile. Son jugement lui importait peu. Bien que ses émotions lui criblassent le cœur d’horribles sensations, elle parvenait à réciter les faits presque mécaniquement. « Il est venu en mission diplomatique à Bouton d’Or. J’étais là-bas pour voir ma famille et rénover la propriété que mon frère et moi possédons. Mon autre frère, Dastan, est arrivé avec Adam pendant que je m’occupais d’un champ. Il ne savait pas qui c’était, et je ne l’ai reconnu qu’en le voyant. Dastan lui avait proposé mes services pour apprendre à se battre. » Sur une feuille vierge, la plume notait son récit. « Je n’ai pas voulu l’aider, mais il m’a énervée et… Je crois que je me suis dit que ça me défoulerait. Qu’on avait des choses à régler et que c’était une bonne manière de le faire. On a un passif. À chaque fois que l’on se croise, il s’évertue à m’agacer par tous les moyens possibles. Sauf au Fessetival… » Elle s’interrompit. Devait-elle parler des rêves ? Elle en avait trop honte. Mais si on vérifiait sa version des faits à l’aide d’un lecteur de pensées ? Dans un pincement de lèvres, elle décida de prendre le risque de garder le silence. « Bref. On s’est battus, plus ou moins. Il n’est pas très doué. Mais à un moment, j’ai paniqué. Il m’a attrapée et serrée contre lui, et ça m’a effrayée. » À cause de tous ces songes. « Je me suis défendue et j’ai réussi à me libérer. Puis j’ai voulu me calmer grâce au Sanctuaire d’Ahena, et c’est là que ma magie m’a échappée. » Un souffle tremblant quitta ses lèvres. « J’ai vu le fil blanc entre nos deux cœurs, mais je n’ai rien pu faire pour l’arrêter. Et quand ça s’est terminé, j’ai su qu’on était liés. » Freyja scruta Yelena. La plume demeurait suspendue dans les airs, dans l’attente d’une suite. « Je vois. » finit par lâcher son interlocutrice, hébétée. Le silence se lova entre elles. L’Aile d’Acier inspira. « Depuis, à chaque fois qu’on se voit, c’est compliqué. Aucun de nous deux ne veut de ce Lien, et si on pouvait le briser, on l’aurait fait. » Elle hésita encore, puis précisa : « Je ne suis pas venue ici tout de suite parce que j’avais besoin de temps pour y voir plus clair, parce que j’avais peur et parce que je voulais en parler avec Kaahl… » La bureaucrate acquiesça, les yeux à nouveau baissés sur son document. « Je suis désolée de ce qu’il vous est arrivé, Dame Belegad. Malheureusement, je crois que je n’ai pas les compétences pour traiter votre dossier, et que nous allons devoir lancer une procédure d’urgence. » Elle releva le visage vers elle. « Je ne peux pas vous dire comment ça va se passer. Je n’en sais rien. Cependant, votre situation est trop particulière pour être simplement enregistrée. » La gorge nouée, Freyja opina. « Je comprends. » Dans les ténèbres de son imaginaire, l’ombre de l’échafaud se balançait.



Message III – 921  mots




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Priam et Laëth
Lun 22 Nov 2021, 08:39




La solitude comme
un oiseau dans la nuit

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« Elle dit la vérité. » Freyja inspira. Devait-elle être soulagée ? Elle l’ignorait. Même l’écho de la Vérité ne lui permettrait pas d’échapper à la Justice, et elle le savait. Bien qu’il s’agît d’un accident, jamais les Anges ne pourraient tolérer l’existence de ce Lien sans en souligner le caractère problématique. La punition qu’il constituait n’était pas suffisante. Surtout, à terme, elle n’en serait peut-être plus une. Il y avait un risque : celui qu’elle se détournât de son peuple au profit des Déchus. Allait-on anticiper et l’exiler ? La pousser à rejoindre Avalon ? La chasser vers les territoires réprouvés, vers ses racines qui semblaient la gangréner depuis toujours ? L’envoyer à l’Agbara, pour faire d’elle l’un de ces petits soldats prêts à tout pour résister au fléau des Péchés ? Se débarrasserait-on de l’Aile d’Acier comme si elle n’avait jamais existé ? Ou bien sa renommée et ses relations permettraient-elles de la sauver ? Comment croire que Priam ou Kaahl ne feraient rien pour la sortir de là ? Mais quel sens aurait la Justice, si elle se heurtait aux réputations et aux poignées de mains ? Elle ne devait pas ployer devant les crocs du pouvoir. Elle devait demeurer pleine, entière, inflexible ; une statue taillée dans une unique pièce de marbre. Personne n’avait le droit de l’effriter.

Freyja observa les deux figures qui lui faisaient face. D’un côté, Titus Calayel, l’homme qui venait de sonder ses pensées pour retracer le cours de son récit, et de l’autre, Ethel Liddell, figure de proue de l’Institution des Liens. Son maintien traduisait une élégance rigide. Le sondeur relata ce qu’il avait vu, avec une précision presque alarmante. Sa mémoire ne lui fit pas défaut une seule fois, et il fut capable de répéter mot pour mot certaines phrases que même la brune croyait avoir oublié. « Confirmez-vous tout ce qu’a dit mon collègue ? » s’enquit Ethel lorsqu’il eut terminé. « Oui, Dame Liddell. » - « Bien. Merci. » Elle repassa derrière son bureau. Il s’agissait d’une pièce circulaire, dont les larges fenêtres dévoilaient un ciel grisâtre. « Nous nous reverrons d’ici quelques jours, une fois que j’aurai décidé des mesures à prendre. » - « Très bien, merci. » - « Vous pouvez disposer. » Comme elle se levait, la directrice monta son regard vers elle. « Je ne sais pas si le sort s’acharne contre vous ou si vous l’attirez plus ou moins inconsciemment. » Freyja se retourna. Ses yeux verts la dévisagèrent, une pointe de colère perdue dans la pénombre de sa rétine. « Je crois que n’importe qui préférerait mener une vie tranquille plutôt que de gaspiller son temps à se justifier sur des événements qui ne dépendent pas de sa volonté. » - « Vous vous considérez comme n’importe qui ? » Sans la quitter du regard, la fille de Réprouvés prit son manteau posé sur le dessus de sa chaise. Pouvait-elle encore se permettre de croire que sa personne ne signifiait rien ? Non. C’eût été de la fausse modestie ou de la stupidité. « J’aimerais surtout que les autres me considèrent ainsi. » Sans pouvoir en être certaine, elle crut voir l’ombre d’un sourire teinter les lèvres d’Ethel. « Je crois que c’est peine perdue. » L’Immaculée haussa les épaules. « J’imagine qu’il n’y a pas que les fous qui espèrent. » Son interlocutrice acquiesça lentement. Elles se sondèrent quelques instants, puis Freyja reprit la parole : « Au revoir, Dame Liddell. Sieur Calayel. Merci de m’avoir accordé de votre temps. » Elle leur adressa à chacun un signe de tête déférent. À leur tour, ils la saluèrent, puis elle sortit.



« Alors ? Comment ça s’est passé ? » - « Ils ont confirmé que je disais la vérité. Ethel Liddell va me recontacter d’ici quelques jours pour me faire part de sa décision. » - « Bon. Plus qu’à attendre, alors. » La jeune femme se laissa tomber dans un fauteuil et soupira. « Oui. » Ses yeux dérivèrent vers la bibliothèque et s’accrochèrent à un nom. Elle l’avait vu, récemment. Une image du bureau de Kaahl la frappa. Elle fronça les sourcils. C’était le nom inscrit sur la couverture du manuscrit qu’Adam écrivait. L’Ange se releva et se dirigea vers le livre afin de s’assurer de l’agencement des lettres présentes sur la tranche. C’était bien le même que celui de l’ébauche laissée par le Déchu. Sa peau perdit en éclat. Je ne sais pas si le sort s’acharne contre vous ou si vous l’attirez plus ou moins inconsciemment. « Je vais prendre l’air. » lâcha-t-elle.



Message IV – 768 mots




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Priam et Laëth
Mar 23 Nov 2021, 09:18




La solitude comme
un oiseau dans la nuit

En solo | Laëth



« Envoyons-la à l’Agbara. » - « C’était un accident, on n’envoie pas les gens là-bas pour des accidents. » - « Il faut dire qu’elle a un passif qui n’encourage pas à être clément. » - « Des concours de circonstances ! On l’a toujours dédouanée de ce dont on l’accusait. » - « Justement. » - « Et comment justifier auprès de la population que l’on envoie une Ange en redressement pour un manque de contrôle duquel découle un accident ? » - « N’est-ce pas le manque de contrôle de soi qui conduit à pécher ? Ce serait préventif, de l’envoyer là-bas. Sa nature de fille de Réprouvés fait qu’elle est plus sujette à céder à la tentation, et le fait qu’elle côtoie régulièrement un Déchu – peu importe qu’il soit Humain la plupart du temps – ne fera qu’accentuer cette tendance. » - « Vous dites que les enfants de Réprouvés sont des Anges de second rang ? » - « Non. Je dis qu’ils sont plus à risque, et que ce risque doit être pris en compte pour leur bien-être et celui de notre société. » - « Et vous fondez ce risque sur leur nature. J’ai vu des Anges cent fois moins respectueux des Vertus que certains des enfants de Réprouvés. Justement, leur vie parmi les Bipolaires leur a parfois permis de cerner la décadence sous toutes ses formes et de l’éviter, voire de la contrecarrer. Le fait de céder plus ou moins aux Péchés ne doit rien à l’ascendance ou à la nature. » - « Nous nous éloignons du sujet. » - « Oui, excusez-nous. » - « Quelle sanction proposez-vous d’appliquer à l’Aile d’Acier, vous qui vous opposez à son envoi à l’Agbara ? » - « Des apprentissages. Une sensibilisation accrue aux Vertus et aux Péchés, et une aide pour asseoir son contrôle de sa magie. » Soupirs et murmures d’approbation répondirent à sa déclaration.

Ethel Liddell les écoutait, silencieuse. Près d’elle, Titus Calayel faisait jouer ses doigts sur le bout de sa plume. Il tenait un carnet sur lequel il notait les grandes idées de la discussion. Elle tournait en rond. Les deux camps s’affrontaient sans parvenir à se mettre d’accord. Les extrémistes voulaient faire de Laëth Belegad un exemple, et lui rappeler sa place, qu’elle avait si souvent négligée. Les pacifistes s’entendaient sur la nécessité d’être plus cléments et de lui accorder une nouvelle chance. La renommée de l’Aile d’Acier jouait autant en sa faveur qu’à son détriment. Les éléments chaotiques qui jalonnaient sa vie n’aidaient pas à défendre son cas. Ethel appuya ses avant-bras sur sa table et s’inclina légèrement en avant. « Je ne crois pas que l’Isemssith Belegad soit un cas isolé. » Les regards se tournèrent vers elle. « Peut-être que Marillus a raison. » Ses yeux gris-vert s’attardèrent sur lui. Il accueillit cette confirmation avec humilité. « Peut-être que les enfants de Réprouvés nécessitent un encadrement que l’on n’a pas su leur fournir. » Elle se redressa un peu. « Il me semble justement que c’est l’un des projets que porte son frère, Priam Belegad. » Quelques têtes acquiescèrent. « On ne peut pas catégoriquement blâmer le manque de contrôle ou la défaillance des Vertus quand on a nous-mêmes fourni si peu d’efforts pour leur permettre d’éviter ces écueils. » Son regard balaya l’assemblée. « Certains s’en sortent très bien. D’autres, comme Laëth Belegad, ont du mal à composer avec le tout. Plutôt que d’accueillir précipitamment des enfants de Réprouvés pour renforcer notre nation, nous aurions peut-être dû prendre le temps de parfaire leur acculturation et de les soutenir dans ce processus. L’envoyer à l’Agbara, ce serait sans doute admettre la défaite de notre système sur ce point. » Certains opinèrent, d’autres croisèrent les bras.

« Cependant, je suis d’accord sur le fait qu’on ne peut pas ne pas sanctionner. J’ai une autre proposition. » Elle jeta un bref coup d’œil à Titus. « Sieur Calayel a eu accès aux souvenirs de Laëth Belegad concernant la création de son Lien avec Adam Pendragon. Durant leur discussion préliminaire, Sieur Pendragon lui a indiqué s’être spécialisé en diplomatie, notamment pour œuvrer dans les domaines de la déchéance et de l’Agbara. Ils étaient à Bouton d’Or. » Les expressions varièrent : sourcils froncés, regards étonnés, bouches grimaçantes, moues troublées. « Il est évident que Laëth Belegad et Adam Pendragon vont se rapprocher. On ne peut pas aller contre. Alors plutôt que de punir sévèrement, quitte à la voir nous tourner le dos, nous pourrions tourner la situation à notre avantage. » - « Vous voulez dire que nous pourrions utiliser leur proximité pour obtenir des renseignements sur les Déchus, les Réprouvés et leurs projets concernant la Déchéance et l’Agbara ? » - « Oui. Et sa position chez les Réprouvés. » Échanges de regards, silences, murmures, hochements de têtes, protestations, approbations. Ethel demeurait de marbre.



Message V – 817 mots




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Ven 26 Nov 2021, 17:24




La solitude comme
un oiseau dans la nuit

En solo | Laëth



Adriel était un homme soigné. Sa maison affichait une propreté proche de l’impeccabilité. Plus que l’ordre, c’était un besoin de paix qui le motivait à maintenir un tel entretien dans son environnement. On le sentait à l’atmosphère tranquille qui régnait autour de chez lui. Même le chat n’avait pas l’idée de sauter sur les souris. Tout semblait lové dans la torpeur d’une chaude soirée d’été. Les feuillages soupiraient leurs chants et la faune s’épanouissait dans un murmure réconfortant. La brise caressait l’air à la manière de la main d’un parent parcourt le front de son enfant. Il aurait presque été possible d’oublier les couleurs vives de l’automne qui contrastaient avec la morosité du ciel, l’humidité qui imbibait la terre et la fraîcheur du temps. Derrière les fenêtres, les cheveux d’or de l’Ange passèrent. C’était peut-être parce qu’il baignait dans la sérénité que c’était cette fille pleine de chaos qui l’attirait. Aimait-il ses grands bouleversements ? Sentir contre son visage le coup de poing de ses émotions ? Boire ses larmes et se bercer de ses rires ? Observer sa flamme vaciller pour mieux se remettre à brûler ? Il fronça le nez. Elle n’était qu’une petite chose fragile qui se laissait maltraiter par la vie. Parfois, il se demandait à quoi elle ressemblerait si elle appartenait à une autre race. Le peuple sorcier, par exemple. Que feraient tous ces ressentis bouillonnant sous l’impulsion de la magie noire ? Il y voyait un potentiel de déséquilibre et de désordre si grand que, de temps à autre, il s’amusait à songer qu’il pourrait par inadvertance mettre un artefact sur son chemin. Cependant, ce serait risqué pour sa mission, cela ne revêtait pas de réel intérêt, et il s’exposerait au courroux de la couronne. Il concluait souvent en se disant cela : le sang d’une Ange ne mérite pas d’être assombri. Sa pureté était trop répugnante pour qu’on souhaitât la mêler au peuple noir. Il passa devant le chat. L’animal se redressa d’un bond et feula, avant de partir en courant. Il sourit, avant de traverser l’un des murs.

Indécelable, il déambula dans l’habitation. Lorsqu’il estimait qu’il n’avait pas besoin de surveiller Laëth – Freyja –, il enquêtait sur ses proches. Il lui semblait parfois qu’il les connaissait aussi bien qu’il la connaissait, elle. Il éprouvait un plaisir malsain à savoir les détails qu’elle ignorait, les secrets qu’ils lui cachaient ou les mensonges qu’ils inventaient. Il s’imaginait avoir toujours un coup d’avance. Observateur de vies qui ne lui appartenaient pas, il se faisait l’effet d’un spectateur devant un drame théâtral. Il aurait pu bondir sur scène et dénouer nombre d’éléments de l’intrigue. Au lieu de quoi, il se délectait en silence.

Si certains doutaient encore de l’amour qu’Adriel entretenait à l’égard de l’Aile d’Acier, lui en avait connaissance depuis bien longtemps. Aussi sombre que fût son cœur, les secrets de ses sursauts n’avaient pour lui rien de mystérieux. Il saisissait les étincelles qui ponctuaient le regard bleu de l’Ange aisément. Il observait, il scrutait, et il écoutait. Il entendait les soupirs las, les espoirs tus et les conversations cachées. L’amour du soldat Namênor était vieux. Poli par le temps, il roulait dans son corps comme s’il avait toujours fait partie de lui. Hena, cette sotte d’Hena, l’avait vu naître. Thadrias avait dû l’affronter plusieurs fois, lorsqu’il s’agaçait des comportements de cette fille de Réprouvés, et qu’Adriel ne pouvait pas s’empêcher de s’animer pour la défendre. Il n’avait rien vu, lui, parce que sa détestation l’aveuglait. Il avait de gros bras, mais un petit crâne. L’ancienne mentor de Laëth aurait pu emporter son secret dans sa tombe, s’il n’avait pas été là. Il avait assisté à toutes leurs conversations et à toutes leurs occasions manquées. Il constatait chaque jour le déni de l’Isemssith, qui refusait de croire à ce qu’elle avait vu dans les prunelles de son ami. Il souriait de la peine que celui-ci éprouvait à la savoir promise à un homme qui n’était pas lui. Depuis quelques temps, il s’amusait encore plus de ce que ce Lien provoquait dans son palpitant. Indubitablement, il éprouvait de la peine pour Laëth : sa détresse trouvait toujours un écho en lui. Le Lien réveillait aussi des souvenirs douloureux, ceux de sa vie avec son Humaine, et tuait les derniers espoirs que son cœur parvenait à entretenir. Et puis, il y avait cette petite chose, cette satisfaction inappropriée, cette espérance noire, qui le poussait à imaginer qu’un jour, l’Ange et son baron se sépareraient à cause de cet Humain-Déchu. Il s’en cachait, mais il l’entendait dans le ton de sa voix, quand il parlait des terribles implications de cette nouvelle relation. Il y avait aussi cette colère un peu sourde, l’idée qu’elle mériterait cet abandon, elle, celle qui trahissait sa nation en se parjurant avec un Déchu. Tout le monde avait une part d’ombre, même le plus pur des Anges. Il sourit. Il se demandait comment il réagirait, si elle était envoyée à l’Agbara. Lui, il aurait presque aimé qu’elle y allât, autant par défi – sa mission en deviendrait plus complexe – que par curiosité.



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Ven 26 Nov 2021, 20:47




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Ethel la regarda entrer dans le bureau. Son air fier et défiant la frappa. Il se teintait d’une once d’appréhension, cachée au fond de ses yeux verts. Elle sut que, quoi qu’elle dît, Laëth Belegad accueillerait la sentence la tête aussi haute que possible. Elle lutterait contre les émotions qui voudraient l’abattre. Peut-être s’était-elle préparée au pire ? Son allure était celle d’une femme que rien ni personne ne mettrait à terre, pas même ses propres ressentis. « Bonjour, Dame Belegad. Asseyez-vous, je vous en prie. » - « Bonjour, Dame Liddell. » répondit-elle en prenant place. Sa vulnérabilité grattait à la porte. Chaque battement de cœur était un coup de bélier porté à la muraille qu’elle avait érigée. Des hypothèses étourdissantes tournoyaient dans son esprit. Garder la tête froide lui était difficile : elle s’y astreignait avec une rigueur surprenante. Quoi qu’il arrivât, elle refusait de s’écrouler. Si on l’envoyait à l’Agbara, elle ne tomberait pas. Elle ne fondrait pas en larmes, elle ne gémirait pas de désespoir, elle ne hurlerait pas de rage. Elle accueillerait la nouvelle avec une dignité exemplaire. Elle irait, et elle s’en sortirait. Elle était pleine de ressources.

« J’ai discuté avec mes collègues et des personnes compétentes en la matière. » Ses prunelles scrutaient celles de l’Aile d’Acier, à la recherche de sa première réaction. « Certains désiraient vous envoyer à l’Agbara, afin de vous aider à renforcer la puissance des Vertus dans votre cœur et à maintenir à distance les Péchés. Ce choix était notamment motivé par ce que l’on sait de vos antécédents. » M’aider… songea amèrement la concernée. D’après Priam, ce système n’avait pas été pensé pour véritablement aider. Comme le silence planait, elle souffla : « Je m’y attendais. » Et devrait-elle y aller ? Lui tiendrait-on rigueur de tous ses écarts, la plupart involontaires ? L’injustice grondait déjà dans ses veines. Ethel opina doucement, puis poursuivit : « D’autres estimaient que c’était une décision trop virulente ou injuste au regard de votre situation, qui reste un accident. Tout le monde s’est cependant entendu sur le fait qu’une sanction était nécessaire. Ils proposaient des apprentissages, une rééducation. » Suspendue à ses lèvres, Freyja demeurait immobile, droite et rigide. Elle retenait toutes les remarques qui pouvaient lui venir. C’était amusant de voir comme son hébétude, en quelques jours, avait cédé la place à une colère déterminée. « J’ai proposé autre chose. J’imagine que vous l’avez compris : votre situation exige des preuves de votre loyauté. On doit être certains que l’on peut se fier à vous, que vous ne privilégierez pas votre relation avec le Déchu et que vous ne trahirez pas les Anges en livrant des informations aux Ailes Noires. » Elle leva la main. « Personne ne vous accuse de trahison. Nous avons simplement décidé d’envisager un maximum de scénarios possibles et de prendre toutes les précautions nécessaires. Vous êtes la Gardienne d’un Déchu, d’un diplomate et d’un personnage publique. Vous en êtes un vous-même, vous faites partie de l’armée, votre frère œuvre en diplomatie… Si on avait pu briser votre Lien, nous l’aurions fait. » Freyja, qui n’avait pas bougé, acquiesça. « En vérifiant vos souvenirs, Titus Calayel a entendu Adam Pendragon dire qu’il œuvrait pour la Déchéance et l’Agbara. Probablement avec les Réprouvés, puisque vous étiez à Bouton d’Or. » Le cœur de l’Immaculée manqua un temps. Elle imaginait déjà la suite. « Vous aurez pour mission de récolter des informations sur les échanges de Pendragon avec les Réprouvés et sur les actions que ces deux alliés comptent mener vis-à-vis de l’Agbara et de la Déchéance. » - « Vous voulez que j’espionne Adam ? » - « Et les Réprouvés. Vous avez de la famille, des amis, des relations, là-bas. Et vous y êtes de nouveau admise. » Interdite, la fille de Bipolaires la fixa. Elle avait trahi sa famille et son peuple une première fois. Elle allait devoir recommencer en les espionnant. Malgré elle, son teint blêmit. « En parallèle, vous suivrez évidemment des cours pour renforcer votre contrôle sur votre magie, et vous préparer à résister au mieux aux Péchés, car vous risquez d’être amenée à les côtoyer très régulièrement, à l’avenir. » - « Et si un jour, je n’arrive plus à espionner Adam ? Je n’ai aucune envie d’en arriver là, mais avec le Lien… Ce sera sans doute difficile de lui mentir à ce point. » Le regard profond d’Ethel s’ancra au sien. Une intense gravité l’imprégnait. « Nous aviserons. » Et ces deux mots la firent frissonner d’horreur.



Message VII – 759 mots




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Lun 29 Nov 2021, 08:44




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Nous aviserons. Elle savait ce que cela signifiait. Quand elle trahirait – parce que cela arriverait, ce n’était qu’une question de temps –, l’épée de la Justice s’abattrait sur elle. On n’avait fait que lui donner un sursis. Un sursis pour se servir d’elle, pour obtenir des informations. Pour ne pas choquer l’opinion publique, chez les Anges ou ailleurs. Pour être certains de pouvoir la condamner dignement, plus tard. Freyja comprenait pourquoi les extrémistes avaient accepté : ils n’avaient qu’à patienter pour mieux la voir tomber et pouvoir alors se targuer des décisions qu’ils auraient voulu faire appliquer dès le départ. Par la suite, il leur serait sans doute plus aisé de s’imposer face aux pacifistes, dans des situations similaires. On les écouterait. Quant au camp opposé, certains d’entre eux pouvaient-ils avoir véritablement agi par empathie ? Sans doute. Mais s’ils croyaient qu’elle s’en sortirait indemne, ils étaient naïfs ou stupides. Leur clémence la condamnait. Elle ne voulait pas aimer Adam ; pourtant, ce jour arriverait. Et à l’instant précis où son cœur commencerait à battre en harmonie avec le sien, l’espionner s’apparenterait à un crime de haute trahison. La véritable punition résidait là : elle souffrirait de sa situation. Elle s’obstinerait, elle ne voudrait pas capituler, elle persévérerait. La finalité serait la même : un jour, elle céderait, et alors, ils seraient libres de la jeter dans la gueule de l’Agbara. Freyja se sentait piégée comme une proie acculée au bord d’une falaise. Elle ne pouvait que sauter pour s’écraser en contrebas, ou laisser les prédateurs la dévorer. Elle était en Colère.

La rébellion grondait en elle. Paradoxalement, cette situation lui permettait d’oublier suffisamment sa fierté pour qu’elle envisageât de proposer à Adam le plan de son frère. Mais comment le pourrait-elle, désormais ? Régulièrement, elle devrait rendre des comptes. Dire la vérité. Prouver sa bonne foi. Exercer sa loyauté. Le système qu’elle aurait pu combattre venait de la coincer. Il avait refermé sur elle ses serres de diamant ; et depuis sa cage de verre, elle ne pourrait que regarder son futur se défaire lentement. Ses rêves, ses ambitions, ses espoirs : tout fuyait vers l’au-delà. Son avenir se délitait comme le monde sous l’effet du temps : inexorablement. L’inévitable condamnation du vivant la frappait. C’était terrifiant. Si terrifiant qu’elle avait du mal à envisager ses possibilités de survie. Elle était la proie au bord de la falaise, tétanisée par la mort qui l’attend, incapable de se rappeler des deux ailes qui ornent son dos.

Après avoir traversé le portail qui ramenait aux Jardins et marché à vive allure dans les rues de la cité, elle poussa la porte de chez elle. L’accueil des animaux lui arracha un bref sourire, mais ne suffit pas à calmer la violence de ses battements de palpitant. Elle aurait voulu tout dire à Priam. Il l’aurait soutenue, aidée, épaulée. Elle n’en avait pas le droit. Quelle espionne aurait-elle fait, si elle lui avait tout avoué ? « Alors ? » entendit-elle, depuis la cuisine. La main perdue dans le pelage de Picasso, elle ferma les yeux. « Pas d’Agbara pour moi. » Elle essayait d’adopter un ton léger. « Ah, tu vois. » Un bruit de pas suivi et la silhouette de son frère apparut. « Je te l’avais dit. Ça n’aurait pas été juste. Qu’est-ce qu’ils ont prévu ? » - « Je vais avoir des cours pour apprendre à mieux contrôler ma magie et d’autres cours pour pouvoir résister à tous les Péchés du monde. » répondit-elle, avec une pointe de sarcasme. « Et un suivi régulier, pour vérifier que je suis une bonne élève. » Face à ce qu’il croyait être un simple agacement, Priam sourit. « Ça va, c’est pas grand-chose. Ça aurait pu être pire. » - « Ouais. » Elle baissa les yeux. C’était pire. Probablement au-delà de ce qu’il aurait pu imaginer. « Finalement, je t’ai appris tout ça pour rien. » L’Immaculée releva le visage vers son aîné. « Ça peut toujours servir. Si j’ai envie de m’échapper d’un énième cours sur les vertus… » Il sourit. « Tu sais avec qui ce sera ? » - « Non. Ils doivent me prévenir par courrier. » Priam acquiesça. « Et ton Lien avec Adam ? Ils vont le surveiller, j’imagine ? » - « Oui. Et si ça ne se passe pas bien, on sait où je finirai. » Elle s’assit par terre, en tailleur. Picasso grimpa entre ses jambes et s’y blottit. Il ronronnait. « Mais j’ai repensé à quelque chose. » - « Hum ? » - « Tu as raison. Je devrais essayer de jouer sur l’aspect « Élue d’Hel’dra », quand ça commencera à se savoir. Ça paraîtra sans doute moins… incongru, comme ça. Et qui sait ? Peut-être que ça participera à pacifier les relations entre les Anges et les Déchus. » - « Houla, tu t’avances drôlement, dis-moi. » Le sourire peu convaincu qui ourlait ses lèvres s’élargit d’amusement. Son regard vert plongea dans l’or rieur de celui de son frère et, soudain, une autre pensée la frappa, si fort que son cœur bondit.



Message VIII – 855 mots




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Lun 29 Nov 2021, 21:24




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Elle se souvint des deux ailes qui trônaient entre ses omoplates, et elle ne vit plus ni la falaise ni les prédateurs comme d’inévitables condamnations. Le feu de colère qui l’habitait vacilla. Mutable, il dansait sauvagement. Ses flammes léchaient les pourtours d’autres émotions. Ses iris tremblaient de tous les états que son âme endurait, si vite et si fort. Ils voulaient qu’elle espionne : elle le ferait. Elle se renseignerait auprès des Réprouvés, elle essaierait de faire en sorte qu’Adam se confie à elle. Elle serait docile, disciplinée et droite. Elle n’avait pas le choix. Mais devait-elle accepter, tête baissée, nuque offerte, l’épée qui viendrait s’enfoncer dans sa chair dès qu’elle montrerait des signes de faiblesse ? Non. Elle était pleine de ressources. Là où les obstacles s’accumulaient, elle les pourfendait de multiples solutions. Elle avait le choix. Fidèle à l’image de sbire dont on voulait affubler son nom, elle pouvait faire tout ce que l’on attendait d’elle et plier le genou lorsque son heure viendrait, comme tous ces esclaves qui ne protestent jamais contre les ordres de leurs bourreaux. Mais elle pouvait aussi marcher, fière et déterminée, vers un destin dont elle avait la possibilité de devenir maîtresse, à l’instar de ses ancêtres briseurs de chaînes. Ce n’était qu’une question de temps, et de culpabilité.

Freyja observa son frère encore une seconde, puis détourna le regard. « On verra bien. » souffla-t-elle en haussant les épaules, l’air de rien. Il s’agirait de mener un double-jeu. Il lui faudrait un moyen d’obtenir des informations de la part d’Adam et des Réprouvés. Le premier la détestait, les seconds ne se confieraient jamais à une étrangère. Elle devait faire preuve d’investissement, de franchise et de volonté. Elle devait adopter leurs buts comme s’ils étaient les siens. Ses doigts glissèrent dans le pelage de Picasso, désormais sur le dos. Elle inspira. Sa conversation avec Priam, à Keizaal, lui revint. Les tromperies d’Asriel Heylik, les mensonges du gouvernement angélique, la fausse Ahena, la torture à l’Agbara, les révélations d’Erza et les soupçons de complicité qui pesaient sur Edwina Nilsson. Sa passivité, son inertie, son hésitation, contre sa propre révolte, son ire, son insistance pour agir. Il lui suffirait de raviver l’idée. Elle pourrait faire passer cette rébellion pour une couverture et, dans le même temps, tenter de la mener à bien pour s’absoudre de ses chaînes. S’ils parvenaient à mettre en lumière la trahison des têtes couronnées, la vérité éclaterait. Si les Déchus les aidait, alors la moindre des choses serait de rétablir la Déchéance. Peut-être que leurs relations s’en porteraient mieux ? Peut-être qu’on pourrait aussi penser à renouer avec les Réprouvés ? À créer des transitions sûres pour ces enfants perdus entre deux peuples ? Le culte d’Ahena tomberait et l’Agbara serait abolie. Tous ceux qui avaient soutenu le système perdraient leur crédibilité et les affres de l’extrémisme ne seraient plus qu’un mauvais souvenir. Et elle, comme tant d’autres, retrouverait sa liberté.

C’était complètement fou, pourtant, la musique de cette idée la faisait vibrer. La seule fausse note était juste là, à quelques pas d’elle : si elle échouait, Priam tomberait. Priam et tous ceux qui les aideraient. Puisqu’elle n’avait pas le droit de lui faire part de l’entièreté de sa sanction, elle ne pourrait jamais faire croire à son innocence. Si elle mettait son plan à exécution, la main de la Justice enserrerait aussitôt la gorge du Belegad, prête à l’étrangler. Tant qu’on la croirait du côté de l’ordre établi, elle pourrait peut-être négocier sa survie en lui assurant un rôle essentiel dans leur entreprise, et en échange d’informations. Pour lui, pour les autres et pour la pérennité de ce projet, tout serait une question de dosage, et de course contre la montre – elle devrait piéger les autorités avant de se faire attraper. Ce serait comme évoluer le plus rapidement possible sur le tranchant d’une lame : un seul faux pas pourrait lui ôter la vie. Les conséquences de cette idée, si elle échouait, seraient sans doute pires que tout ce qu’elle aurait jamais à endurer en admettant qu’elle ne pouvait plus espionner son Humain et lui mentir. Il ne fallait pas seulement prendre en compte le gouvernement actuel. Que dirait son frère et leurs potentiels alliés s’ils découvraient qu’elle délivrait une partie de leurs informations aux autorités ? Saurait-elle supporter leur sort en cas d’échec ? Ne se montrerait-elle pas d’un égoïsme exécrable en acceptant leur potentielle condamnation ? L’angoisse noua ses doigts agiles autour de son cœur. Elle savait si bien appuyer sur chacune de ses peurs.

L’Aile d’Acier fixa un point entre les épaules de son aîné, tandis qu’il s’activait dans la cuisine. Elle aurait tellement aimé pouvoir en discuter avec lui. Lui exposer son idée, l’écouter en souligner les incohérences, voire même la traiter de folle. Mais cette conversation n’aurait jamais lieu. Rien ni personne ne pouvait lui prodiguer le moindre conseil ; aucun repère ne pouvait la guider. Alors, elle éprouva la solitude, pareille à un oiseau de jour qui erre dans la nuit.

FIN



Message IX – 838 mots




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