Croque-Monsieur et Croque-Madame font du pâté
Avec Kitoe & Nostradamus

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La sylvestre papillonna des yeux quelques secondes, le temps de s'habituer à la scène qui avait remplacé la table à laquelle elle était assise auparavant. Debout au beau milieu d'une cuisine, deux autres personnes encadraient le plan de travail. Astriid soupira. Ces téléportations involontaires devenaient redondantes mais cette situation était largement préférable à celle du champ de bataille dans lequel elle avait été projetée. Et en vérité, son nez se fronça bientôt avec excitation à l'arôme des ingrédients et des épices à leur disposition. Qui se souciait du pourquoi du comment quand il y avait de la nourriture en jeu ? Pas Astriid. Elle sautilla vers les deux personnes. Elle portait une robe coton couleur crème qui se resserrait à la taille par un petit ruban marron. L'Elfe dévisagea l'homme et la femme, son regard passant de l'un à l'autre. Physiquement, ils étaient presque l'opposé de l'autre. L'un était aussi grand que l'autre était petite. Il était d'un certain âge et était un peu intimidant mais Astriid savait qu'un sourire suffisait parfois pour briser la glace. La rousse laissa ses lèvres s'étirer au point qu'on puisse voir ses quenottes toutes blanches. «Bonjour ! Je m'appelle Astriid !» Elle s'arrêta, sa nuque prenant un angle inconfortable pour regarder son visage aux traits secs. «Vous êtes très grand.» Observa-t-elle sur un ton légèrement accusateur. Puis elle lui tapota le bras comme pour le réconforter. Ce n'était pas sa faute après tout. Il y avait une brune de l'autre côté qui était plus petie que l'Ygdraë. Astriid ne se laissa pas démonter par son air peu avenant et lui prit les mains. «Bonjour ! Soyons amies !» La vie n'était pas très compliquée aux yeux de l'Elfe. Elle relâcha les mains de la brune pour aller lire une petite note qui reposait sur la table. Elle la lut à voix haute. «Vous avez été désignés pour préparer un repas de fête que pourrez ensuite partager ensemble ainsi qu'avec d'autres personnes dans le besoin. - Oh c'est chouette ça - La cuisine est tout à vous, ainsi qu'un livre de recettes. C'est une belle initiative vous ne trouvez pas ? Vous savez cuisiner ? Moi je sais faire des galettes de céréales ! C'est trop bon ! Mais ce n'est pas très festif... Je ferais de mon mieux pour vous assister ! Oh regardez !» Il y avait des tabliers suspendus à un crochet au mur et Astriid s'approcha. Chacun semblait être à leur taille et l'Ygdraë choisit celui avec un petit poussin qui jouait au milieu de quelques fleurs printanières. Le plus grand représentait un oignon qui souriait avec une petite feuille vert tendre qui lui faisait office de chapeau. Le dernier tablier lui, montrait un koala en train de faire du tricot. Pour le coup, les oreilles d'Astriid s'agitèrent avec frénésie. C'était vraiment trop mignon. Elle se saisit des tabliers qu'elle déposa avec autorité dans les mains de ses partenaires. «Il ne faudrait pas que vous ayez les vêtements tout tâchés.» Précisa-t-elle.
Les prunelles brillantes, la rousse lut par dessus l'épaule de la brune pour voir la recette et se décomposa. «Oh... C'est-à-dire que... Je suis végétarienne... Enfin... Euh...» Elle balbutia sous le feu de leur regard. «Raïm en mange parfois mais... C'est que je n'ai jamais cuisiné de viande avant et je... Voilà quoi. Je vais faire un effort pour vous.» Elle baissa les yeux piteusement, ses joues prenant une teinte rosée soutenue. L'Eskët se morigéna intérieurement. Elle ne voulait pas être un fardeau pour ses partenaires. Elle retroussa ses manches et releva les bras pour nouer sa chevelure en une tresse qui vint bientôt ruisseler dans son dos. «Je vais m'occuper d'éplucher les légumes et de les laver.» Voilà, ça c'était un terrain connu sur lequel elle savait pouvoir se montrer utile. L'Ygdraë se saisit de la caisse en bois réunissant les légumes et d'un couteau pour éplucher quelques carottes. Contente d'avoir trouvé quelque chose à faire, elle se mit à chantonner. Cuisiner avait quelque chose d'apaisant, c'était quelque chose qu'elle aimait faire du temps où elle vivait avec ses parents. C'était son papa qui lui avait montré les bases, sa maman n'ayant pas la patience pour ses maladresses d'enfant. «On pourrait peut-être faire mariner les légumes coupés dans de l'huile de tournesol avec des herbes ?» Elle releva la tête pour écouter leur réponse. C'était amusant de faire ça avec des inconnus. «Excusez-moi si je me montre trop curieuse, mais qu'est-ce que vous faites de vos journées ? Moi je voyage pour apprendre plein de choses !»

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Avec Kitoe & Nostradamus

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L'enthousiasme animait les doigts d'Astriid pour éplucher les légumes. L'Ygdraë ignorait qui avait choisi ses partenaires de cuisine, mais elle était ravie de ces nouvelles rencontres. Hormis ce terrifiant vampire à Avalon, elle n'avait rencontré que des gens charmants. Ou peut-être évoluait-elle dans une bulle d'ignorance heureuse si épaisse qu'elle n'arrivait pas à discerner la réelle nature de ses différents interlocuteurs. L'Elfe s'activait avec ardeur pour compenser son inexpérience. Elle allait pouvoir apprendre plein de choses grâce au monsieur, Nostradamus, qui semblait en savoir long sur cet art subtil et avec sa nouvelle amie qui avait même une boulangerie. Bon, Kitoe était un peu étrange car elle parlait des fois dans le vide, mais peut-être qu'elle avait un ami imaginaire, Astriid respectait ça. «C'est gentil de bien vouloir nous apprendre ce que vous savez. J'aimerais pouvoir vous rendre la pareille un jour. Enfin, je ne crois pas qu'il y ait un seul domaine où je vous surpasse vu votre âge. Enfin, pas que vous soyez vieux, mais je veux dire que vous avez vraiment beaucoup plus d'expérience.» Elle préféra se taire pour éviter de s'enfoncer davantage et de vexer Nostradamus et baissa les yeux sur la table de travail. «Merci.» Ajouta-t-elle avec un sourire chaleureux quand il déposa un verre de jus devant elle. Elle déposa son couteau pour se désaltérer et écouter ses partenaires. Ses oreilles s'agitèrent frénétiquement à l'évocation du cuisinier de pouvoir pallier à ses goûts peu tournés vers la viande. Astriid ne savait pas que c'était possible ni comment il allait procéder pour compenser leurs différences de palais mais elle avait hâte de le voir faire. Gênée devant l'insistance de Kitoe, elle s'était contentée de secouer la tête et avait préféré ne pas rentrer dans le détail de ses préférences alimentaires. Elle reposa son verre pour reprendre le couteau. «Raïm, c'est le guide de mon groupe, il s'assure que nous sommes en sécurité et nous aide pour organiser nos explorations. Pour le moment, j'ai pu visiter Port Diraella et Avalon. J'y étais quand j'ai été projetée ici. Ces téléportations incessantes sont curieuses, ça vous arrive aussi ? J'ignore tout des desseins des Aetheri mais c'est quand même intriguant, vous ne trouvez pas ? Mais là j'aime bien. Vous êtes gentils tous les deux, j'ai de la chance.» Pépia la rousse avec animation en leur offrant un sourire franc qui ne semblait pas vouloir quitter sa bouille. Elle emporta avec elle les légumes pour aller les laver, réfléchissant à la dernière question de l'adulte. Qu'avait-elle appris ? Voilà une question digne de ses parents et de ses professeurs. En effet, avait-elle évolué depuis qu'elle avait quitté ses racines ? Sûrement. Non ? Le doute envahissait son esprit et elle ne savait pas quoi répondre. Elle avait peur de n'avoir rien fait d'autre ces derniers mois que s'amuser et faire la folle. L'Elfe jeta un coup d'oeil au grand cuisinier. Elle ignorait pourquoi, mais Nostradamus lui faisait la même impression que lorsqu'elle se retrouvait devant ses professeurs à Dhrosca. Avec le sentiment de lui faire un rapport, Astriid reprit avec réserve. «Je voyage avec des Ygdraës plus expérimentés, ils m'apprennent à découvrir la magie propre à notre peuple. Et dans nos voyages, j'ai rencontré beaucoup de personnes de différents horizons, je pense que ça a contribué à m'ouvrir l'esprit.» Ce n'était pas fameux mais elle se rassura. Nostradamus était gentil et elle était idiote de transposer l'exigence de ses pairs sur un inconnu. Chassant ses pensées, elle déposa les légumes dans un plat rectangulaire et les badigeonna d'huile en écoutant Kitoe et Nostradamus discuter. Astriid sourit quand la brune exposa son point de vue abruptement. Elle appréciait l'honnêteté à sa juste valeur. Les Elfes enrobaient leurs paroles avec tant de tact que ça lui donnait parfois la migraine. C'était peut-être pour ça qu'elle appréciait tant Raïm. Il ne s'embarrassait pas de fioritures. «J'adore les musées ! Avec les autres Ygdraës de mon groupe, nous voulons faire tous les musées de toutes les terres du Yin et du Yang ! Quelle meilleure manière de se plonger dans les différentes civilisations de notre monde ? Où sont vos musées, Nostradamus ? J'aimerais beaucoup les visiter lorsque j'irais à... Où habitez-vous ? Je suis sûre que je serais amenée à venir visiter votre ville lors de mes pérégrinations. Et j'aimerais beaucoup aussi venir goûter ce que vous faites à votre boulangerie Kitoe, quelle est votre spécialité ? Moi j'adore les gâteaux qui sont légers et moelleux comme des nuages mais je ne sais pas les faire, je ne sais faire que des biscuits.» Elle s'arrêta une seconde puis recouvrit les mains de Nostradamus et Kitoe de ses propres mimines, les yeux soudain brillants d'espoir. «Que diriez-vous que nous nous tutoyons ? Cela rendra tout ça beaucoup moins formel et amusant ? Et entre amis, on ne se vouvoie pas, n'est-ce pas ?» Astriid retira ses mains avant qu'ils puissent réagir et se décala pour les laisser ajouter les herbes en s'essuyant les mains sur son tablier. «Je viens de penser mais peut-être devrions-nous aussi préparer une entrée et un dessert pendant que le plat est au four ? Ainsi, tu pourrais nous montrer tes qualités de pâtissière Kitoe ? Et moi je peux essayer de préparer une salade avec l'aide de Nostradamus !»

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Avec Kitoe & Nostradamus

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Amestris ? Comme l'Amestris des Sorciers ? Les oreilles de la Sylvestre s'agitèrent légèrement tandis qu'elle commençait à comprendre que ses équipiers, très charmants au demeurant, cachaient une part plus sombre qu'elle avait été incapable de déceler. « Merci, c'est très gentil de votre part. » Souffla Astriid, tout en se promettant intérieurement de ne jamais y mettre les pieds. Qui savait quelles horreurs un Sorcier pouvait entreposer dans un Musée ? Elle ne doutait pas qu'ils soient un peuple appréciant l'art, mais comme les Alfars, elle présumait que leurs goûts pour la beauté était tordu, souillé par les ténèbres qui enserraient leur coeur. Elle les imaginait s'extasier devant des appareils de torture ou des toiles morbides. Elle frissonna, comme pour évacuer le malaise qui troublait sa joie initiale.
Tout en bavardant avec les cuisiniers, Astriid tentait de couper finement les betteraves, laissant à Nostradamus le soin de s'occuper de tartiner le fromage sur les tranches qu'elle lui tendait au fur et à mesure. Le légume tâchait ses doigts de violet, ce qui l'amusa un moment, comme une enfant à qui on aurait présenté un nouveau jouet, jusqu'à un mot émerge de la discussion et elle redressa la tête. « J'adore les muffins ! Lesquels sont vos préférés ? J'adore ceux à la myrtille, lorsqu'ils sont fondants au milieu et encore tièdes du four. » Ses paupières se fermèrent tandis qu'elle pouvait presque sentir le goût exquis sur sa langue rien qu'en l'imaginant. « C'est vrai qu'ils sont très forts à Avalon pour nous tenter ! C'est cocasse quand on songe que les Déchus passent l'essentiel de leur vie à essayer de lutter contre leur péchés dans une ville qui les tentent à chaque instant. Ce ne doit pas toujours être évident pour eux. En tout cas, j'accepte avec plaisir votre invitation ! Seulement si vous ne voyez pas d'inconvénient à voir arriver plusieurs Elfes affamés par le voyage dans votre boulangerie ! »
Astriid reprit la découpe des betteraves, une chanson entendue dans une taverne dont l'air lui était resté en tête sur les lèvres. Chanter l'aider à se concentrer, tout en conservant sa bonne humeur. De temps à autre, elle regardait le Sorcier et la boulangère s'occuper de leur part de travail, souriant de voir qu'ils avaient réussi à trouver une harmonie malgré leurs différences. Cela lui faisait chaud au coeur de voir qu'il était possible de sortir du moule étroit des opinions qu'on pouvait se faire sur les uns et les autres pour simplement profiter du moment présent. Elle n'aurait pas cru cela possible avec un Mage Noir et elle commençait à oublier la froideur qu'elle avait éprouvée en apprenant sa nature. Lorsqu'elle le voyait comme un homme simplement en train de cuisiner, tout était plus facile.
Pour ce qui était du côté de Kitoe, il semblait que son enthousiasme n'avait pas de limite et sa joie contaminait celle d'Astriid, chacune paraissant faire monter l'excitation d'un cran à chaque minute. Elle applaudit gaiement lorsque la petite brune annonça que les muffins étaient en train de cuire. « Moi je sais ce qu'est ton ingrédient secret ! La cannelle ! C'est toujours la cannelle ! C'est ce que mon papa utilise, il croit que c'est secret mais tout le monde au village le sait. On fait juste semblant de l'interroger pour ne pas le vexer. » Elle gloussa en mettant sa main devant sa bouche, étalant une tâche violette sur son nez au passage. Après quoi, elle s'essuya les mains sur son tablier et jeta un oeil sur la table que Kitoe venait d'installer. « Oh c'est parfait, et on vient de terminer ! » Guillerette, elle s'empara de l'entrée et l'emporta jusqu'à la table en sautillant presque, l'assiette menaçant de dégringoler à chaque seconde. Une fois assise, elle attendit que ses compagnons s'installent pour les servir elle-même. « Je n'ai presque pas envie de les manger tellement c'est joli. Tu es vraiment doué ! » Dit-elle au Sorcier, qui s'était chargé du dressage des feuilletés. « Vous cuisinez souvent chez vous ? Qu'est-ce que vous aimez le plus faire ? » Leur demanda-t-elle, la bouche pleine car elle avait commencé à manger sitôt après avoir déclaré ses réticences à gâcher la beauté de l'entrée.

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