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 [IX] - Cœur passionné empli de larmes, guide l'enfant sur le chemin vertueux de la Lumière

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 4718
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Mar 04 Sep 2018, 19:37

Catégorie de quête : IX. Apprentissage
Partenaire(s) : Aucun
Intrigue/Objectif : Après s'être faite rattrapée lors du jeu organisé par l'Asmodée et avoir changée de main par la même occasion, Tameka remet en doute ses chances de sortir un jour des Terres Blanches. Elle cherchera finalement un moyen d'améliorer sa condition à sa manière pour ne pas se laisser abattre et rester en vie jusqu'à trouver le moyen de quitter sa prison.




Créateur, Tout-Puissant, principe de tout être ! Toi pour qui le possible existe avant de naître : Roi de l'immensité,
Tu pouvais cependant, au gré de ton envie, Puiser pour tes enfants le bonheur et la vie Dans ton éternité ?

Sans t'épuiser jamais, sur toute la nature Tu pouvais à longs flots répandre sans mesure Un bonheur absolu.
L'espace, le pouvoir, le temps, rien ne te coûte. Ah ! ma raison frémit ; tu le pouvais sans doute, Tu ne l'as pas voulu.

Cœur passionné empli de larmes, guide l’enfant sur le chemin vertueux de la Lumière




C’est si calme… Agréable… Une étreinte. Elle est réconfortante. Un sourire. Il est chaleureux. Des rires. Ils sont joyeux. Des gens. Ils sont gentils. Un souffle frais. Il est agréable. Je suis bien ici… Je…

Mon esprit était apaisé. Mais un bruit sourd brisa soudain cette ambiance dans laquelle je m’étais installée. Et c’est avec une certaine réticence que je rouvrais les yeux et revenais à une cruelle réalité, m’accroupissant dos au mur en ronchonnant. Il n’y avait ni étreinte réconfortante, ni sourire chaleureux et le souffle frais des lieux ne m’évoquait absolument rien d’agréable. Uniquement la peine et la douleur. La colère et l’affront. Quant aux habitants, ils étaient tout sauf gentils… Repoussant, pour sûr. Méchant, c’était certain. La gentillesse, je ne pouvais l’obtenir que de mes semblables. Et encore. Je devais admettre que je craignais ceux qui étaient utilisés comme gladiateurs. Ils se battaient pour survivre. Ils tuaient pour survivre. Tout le monde. Démons comme Anges. Un frisson parcouru tout mon être à cette terrible pensée. Ce devait être horrible… Tant d’être à la place de celui qui portait le glaive que d’être celui qui était achevé par la main de ce dernier… Finalement, je n’étais pas la plus à plaindre ici. Je poussais un soupir. Je devais vraiment être dans un état pitoyable pour en venir à essayer de classer qui était le plus chanceux parmi nous. En vérité, tout le monde avait droit à son lot de souffrance et, qu’on se le dise, les Démons avaient l’art de rendre la vie dure même à ceux qui ne se battaient pas. Je poussais un second soupir en appuyant ma tête contre le mur humide de ce qui me servait de ‘’chambre’’. J’aurais tant aimée rester dans ce rêve un peu plus longtemps. Ou y vivre, tout simplement. Tout y semblait plus beau, plus agréable. Mais surtout plus paisible. Il n’y avait ni Démon autoritaire, ni maltraitance gratuite. Ni défi sanglant, ni jeu macabre. Juste du bonheur, de la paix et uniquement des Anges. Juste, des Anges, immaculés et bon. Surtout bon. Quel était cet endroit ? Il ne m’évoquait rien de connu. Il y avait quelques ressemblances avec ces terres tout de même, mais tout y semblait plus grand et majestueux. Un lieu de pureté que rien ne pouvait entacher tant ses murs immaculés brillaient au Soleil. Un tel endroit pouvait-il seulement exister ? Et ces personnes, si seulement elles pouvaient être réelles… J’aimerais me lover dans les bras de ce garçon. Comme dans mon rêve. J’aimerais rire et sourire à ces filles. Comme dans mon rêve. Mais personne ne faisait ça ici. Mon lot quotidien était réduit à beaucoup de haine, autant de méchanceté, ajouté à du mépris et de la maltraitance. Tout le contraire de ce dont je rêvais.

Parfois je me mettais à penser à mes anciens geôliers. Ce qu’ils étaient, ce qu’ils me faisaient et à la relation que nous avions. Si tant est que nous puissions parler de relation… Ils étaient idiots, brutaux et totalement immondes. Mais ce Démon qui m’avait rattrapé ce jour-là, quand j’avais péniblement et lamentablement tenté de fuir sur leur ordre…. Il était bien plus fort qu’eux. Je me demandais même pourquoi ne m’avait-il pas tué sur le moment. J’avais imaginé des tas d’hypothèses, parfois tellement incongrue qu’en y repensant, je me demandais même comment j’en étais venue à les imaginer. Mais ce jour-là, il m’avait laissé vivre. D’autant qu’il n’est que le larbin de ce vil qui nous esclavageait et à qui l’on sert de passe-temps. Quand je vois aujourd’hui ce que je vis – ce que l’on vit – je me dis qu’un Aether a dû lui souffler ses actes. Je serais toujours là-bas sinon, ma dépouille anonyme abandonnée au milieu de nulle part. Ou réduite en lambeau par les êtres et créatures habitant les lieux. Peut-être même que cet Aether est encore présent, murmurant à ce seigneur et maître que certains ne méritent pas – du moins pas encore – de mourir. Autrefois j’avais le droit de parole. Ça avait le mérite de les amuser, de temps à autre, suivant ce que je disais. Aujourd’hui, je me contente seulement de murmures ou de messes basses lorsque ces Démons sont suffisamment loin pour que je ne sois pas entendu.

Je m’approchais de la porte en fer forgée et observais un instant l’extérieur en prenant appui sur les barreaux de métal. Il était évident que la structure était récente par rapport au reste. Ca sautait aux yeux. Il y avait quelque chose de dérangeant à voir ce genre de bâtisse au milieu des imposants bâtiments immaculés. Je poussais un soupir tout en me laissant glisser le long du métal froid. Tout était froid ici. Cette porte. Cette prison. Ce sol, sur lequel je passais bien trop de temps. Ces chaînes qui me retiraient toute chance de fuite. Je commençais réellement à désespérer de ne pouvoir quitter cet endroit à la fois qui possédait tant de beauté et tant d’horreur à la fois. La seule fois où l’on m’avait offert cette chance, où j’aurais pu enfin me libérer de ces chaînes, je n’avais effleurée cette liberté que du bout des doigts au lieu de m’en saisir à pleines mains. J’y repensais souvent à ce jour. La peur qui me saisissait à chacun des pas que j’effectuais. L’incompréhension d’avoir le droit de m’enfuir. Ou même, d’avoir pour ordre de m’enfuir, de me libérer de leur joug, d’être maître de moi-même. Enfin. Puis la déception alors que l’on m’empêchait de vivre cette Liberté. Et de nouveau la peur. Celle de finir ma vie sur une fausse liberté, que ce monstre ne mette ses menaces à exécution. Enfin la colère face à cet être qui m’avait finalement mis face à terre pour me remettre, sans le moindre ménagement, derrière les barreaux. Non… Cette colère je l’avais ressenti envers tous ces Démons, quels qu’ils soient, que je les connaisse ou non. J’avais tant souhaité qu’ils brûlent tous à l’instant. Qu’ils souffrent de ce que j’ai souffert. Tous, sans exception. Elle n’avait jamais été aussi intense. S’en avait été effrayant. Il  était évident qu’il s’agissait là de mon ressentit réel vis-à-vis de ces créatures, ce  qui n’avait rien d’étonnant. Après avoir tant réfléchi à ces événements, ça ne pouvait être que ça. Mais malgré tout, j’avais la sensation que s’aventurer sur un sentiment aussi passionné qu’est la haine, surtout ici, avec eux, pouvait s’avérer être dangereux.

Je tournais une nouvelle fois mon regard vers l’extérieur pour y croiser celui d’un compatriote. Le regard vitreux, poings et pieds liés, il avançait sans broncher devant le vil qui l’accompagnait. Qu’avait-il bien pu subir ? Il semblait avoir perdu toute volonté de se rebeller… Et ça me faisait peur. J’avais peur qu’à rester prisonnière plus longtemps – trop longtemps – cette volonté ne m’échappe à mon tour. J’avais peur de me retrouver avec la seule envie de survivre plus que de vivre. De ne plus avoir aucune raison d’exister et me retrouver à me demander qui de la Vie ou de la Mort serait finalement le moins cruel. La vérité, c’est que je ne pouvais que remercier le ciel de m’avoir offert une compagne de cellule, diminuant grandement ma solitude. La sienne aussi probablement. Mais ces quelques instants où je sentais que ma peine et ma douleur étaient semblable à celle de cette Ange, étrangement, me faisait me sentir mieux. C’était ridicule. Etre soulagée en ressentant la souffrance d’une autre ? S’en était même presque cruel… Et je m’en voulais pour ça. Je jetais un nouveau regard par la porte grillagée. Je ne la voyais pas. Que faisait-elle ? Que lui faisaient-ils ?... Je soupirais. Est-ce que je désirais réellement le savoir au moins ? Je me le demandais... Leur cruauté n’avait de limite que leur imagination. Et pour ça, ils en débordaient malheureusement. Je poussais un soupir, encore. La captivité chez ces êtres était loin d’être facile à supporter. L’humiliation, la persécution. On se contente de baisser la tête, de suivre les ordres sans sourciller et d’espérer qu’ils soient dans un de leur bon jour pour revenir dans sa cage le plus indemne possible, ou mieux, en vie. Malgré un traitement quotidien, ce ne sont pas des actes auxquels on arrive à s’habituer. Du moins, je n’y arrive pas. Je ne le tolère pas. Mais malheureusement pour moi, je ne suis pas en position de choisir ce que je peux faire ou non en fonction de ce que je supporte ou ne supporte pas. Quoi que, en réfléchissant un peu, il y aurait peu de choses venant de leur part que je me permettrais de faire de mon propre chef si on me laissait le choix. Y en a-t-il seulement une ? J’en doutais.

Après plusieurs longues minutes où je ne songeais à rien d’autre qu’à ma condition dans un silence de mort, je prenais appui sur le mur pour me relever. En tendant l’oreille je pouvais entendre des sons résonnants des cellules environnantes. Des coups ; la colère envers nos geôliers. Des gémissements ; les plaintes causés par traitements auxquels nous sommes soumis. Des murmures ; les prières faites aux Aetheri pour nous offrir un répit ou la vie, à défaut de nous offrir la liberté. Des pas ; l’anxiété de ne savoir de quoi demain sera fait. En faisant un peu plus attention, j’arrivais à capter quelques bruits provenant de l’extérieur. Des rires ; ceux de nos bourreaux, ils sont effrayants. Des paroles ; la langue de ces êtres, je ne la comprenais pas. Des cris ; j’en ignorais l’origine, je crois que je préférais cela comme ça. La mort n’était jamais loin. Elle planait au-dessus de chacun d’entre nous et il suffisait qu’un de ces vils soit d’une humeur de chien pour qu’elle s’abatte sur l’un d’entre nous, sans la moindre des raisons qu’il avait besoin de se défouler. Il est difficile d’apprécier ce semblant de vie quand on a conscience de cette épée de Damoclès qui nous caresse déjà la gorge. Pourtant, chaque fois que je vois le jour décliner, une boule de réconfort prend naissance au plus profond de mon être et je ne peux m’empêcher de me dire « Une de plus… », avant de me blottir rapidement dans les bras d’Harabella pour échapper aux griffes d’Elzédor. Mais c’était trop souvent que ce dernier me happait le premier. Dommage… Cependant, se réveiller alors que l’on fait un de ces magnifiques rêves où tout est beau et sans tourment – comme ce fut le cas cette nuit – c’est assez terrible également. Le retour au réel est  même bien plus désagréable et déprimant… Je tournais une dernière fois mon regard vers l’extérieur, la joue collée contre le métal froid. Un Ange passe. Derrière lui un de ces monstres le pousse à avancer en le bousculant. Son corps est marqué d’hématomes et de cicatrices. Ses vêtements couverts de sangs. Une larme perle sur ma joue. Suivie d’une autre. Et ce fut un torrent silencieux qui irrigua mon visage dans l’ombre de mon antre. Oui, c’est une vrai torture que de rêver quand on se trouve ici…
Les silences sont parfois le désespoir des soumis.

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Mots 1855
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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Lun 10 Sep 2018, 19:13



Tout nous manque, hormis la peine ! Le bonheur, pour l'homme en pleurs, N'est qu'une figure vaine De choses qui sont ailleurs.
[...]
Va, si haut nul ne s'élève ; Sur terre il faut demeurer ; On sourit de ce qu'on rêve, Mais ce qu'on a, fait pleurer.
[…]
Dans ce monde de mensonges, Moi, j'aimerai mes douleurs, Si mes rêves sont tes songes, Si mes larmes sont tes pleurs !

Cœur passionné empli de larmes, guide l’enfant sur le chemin vertueux de la Lumière



Accroupie, dos au mur moite, je me cachais derrière mes genoux que je rapprochais toujours plus de mon torse. Dans ma main ballante au-dessus de ces derniers, je faisais rouler cette petite clochette que je promenais avec moi depuis mon arrivée sur ces terres. Je ne voulais pas qu’ils me l’enlèvent, comme on m’avait retiré ma dague. Je devais la récupérer elle aussi d’ailleurs. Elle était belle. Et elle était ma seule défense… Ma clochette n’avait peut-être rien d’une arme, mais elle avait la capacité de me réconforter. J’aimais son petit tintement. Il était agréable. Et sa dorure apportait un peu de couleur à cette prison et cette vie si grise et déprimante. Alors, malgré cette sonorité que j’appréciais tant, j’évitais de la faire trop sonner. Ou du moins qu’elle ne tonne trop fort. Les yeux encore rougies par les larmes, je fixais la petite bille dorée quelques secondes. Ou peut-être ce temps dura-t-il plus longtemps. Je l’ignorais. Je m’en fichais. J’étais dans ma bulle et plus rien ne pouvait m’approcher ni aucun son n’y pénétrer, sinon celui de la perle de métal qui glissait en douceur dans sa coque dorée protectrice, comme l’était ma bulle. Et encore. Même cette agréable mélodie avait du mal à parvenir jusqu’à mes oreilles. Plus rien ne pénétrait la barrière de cette bulle qui me semblait infranchissable.

Pourtant c’est une main délicate qui se posait sur mon épaule qui me réveilla dans un sursaut et me fit reculer de ma position initiale de quelques mètres. Je me figeais alors sur place. …Délicate ? Généralement, si ce n’était tout le temps en fait, quand on me réveillait, même en me saisissant par l’épaule –ce qui n’était pas le cas le plus fréquent – ça n’avait absolument rien de délicat. Bien au contraire. Ce mot et tous ses dérivés ne devaient d’ailleurs pas faire partie de leur vocabulaire courant, en imaginant qu’ils y soient seulement présents. Je clignais des yeux plusieurs fois, toujours dans l’incompréhension qu’un tel geste puisse être seulement possible à mon égard. Puis c’est quand mon cerveau saisit enfin l’information que mon regard se fit comme des soucoupes. Je restais béat devant celui qui m’avait sorti de mon repos et détaillais l’individu qui me faisait face, n’étant toujours pas certaine de ma vision. Finalement je due étouffer une exclamation en plaçant mes mains devant ma bouche. Je le connaissais. Je l’ai déjà vu. Au beau milieu d’un rêve, certes, mais je l’ai déjà vu ! Que faisait-il ici ? Comment était-il arrivé ? Pourquoi était-il là ? Je continuais à le dévisager, ayant encore des difficultés à croire en ce que je voyais. Il sembla soudain inquiet. « Tout va bien ? Tu es toute pâle… », me demanda-t-il en apposant sa main contre mon front. J’ignorais bien si j’étais pâle. Mais ce qui était certain, c’est qu’à cet instant précis j’ai dû retrouver toutes mes couleurs. Et plus encore. J’avais soudainement chaud. Trop chaud. S’il comptait prendre ma température, alors oui, peut-être devais-je sembler fiévreuse à présent. Je m’écartais et remettais un peu de distance entre nous deux et surtout ce contact loin de m’être habituel, cherchant à retrouver également un semblant de contenance. C’était étrange. Bien sûr que c’était agréable un peu de douceur, enfin. Mais… C’était assez inattendu et…

J’avalais avec difficulté ma salive. Je devais comprendre d’où il venait. Qu’est-ce qu’il faisait ici. Comment ce rêve que j’avais souhaité un peu plus tôt pouvait à présent me faire face. La seule réponse qui me venait à l’esprit pour le moment était que je devais être en train de rêver, justement. Ça ne pouvait être que ça… Je me mis alors à espérer quelque chose de totalement fou en jetant une œillade dans sa direction. Et si ce n’était pas le cas ? S’il était bien de chair et de sang, et non de rêves et d’illusions ? Je jetais un regard à travers la grille. Personne ne semblait avoir prêté attention  à ma soudaine agitation ou même à cette présence qui n’avait rien à faire là. Comment interpréter cette absence de réaction ? Rêve ? Inattention des Démons ? Je me tournais à nouveau vers le jeune homme. Il s’était relevé et me tendait sa main avec un sourire. Je restais une seconde à fixer la main, avant de m’en saisir, le cœur battant. La seconde d’après je me retrouvais sur pied, face à lui, la distance que j’avais mis s’étant soudain drastiquement réduite. « C’est mieux ainsi, non ? » - « Je suppose… ».

Je prenais à nouveau quelques secondes pour finaliser mon analyse, être certaine que mon esprit fatigué et désespéré ne me jouait pas de mauvais tours, tandis qu’il commençait à me regarder avec un air interrogatif. « Quel est ton nom ? », finis-je enfin par lâcher, déliant pour de bon ma langue. Un sourire vint se ficher sur le visage du garçon. « Cupidon, à votre service. », me répondit-il humblement avec une révérence de la tête. Je sentais au même moment mes joues s’empourprer. C’était à la fois étonnant, grisant et perturbant. Jamais on ne m’avait traité de la sorte. Une larme commençait à poindre dans le coin de ma paupière. Encore. Il ne manquait plus que ça ! D’un geste rapide je la faisais disparaître, imprimant au passage un sourire amusé sur les lèvres de Cupidon. Bien que vive, apparemment j’avais été loin d’être discrète. Tant pis. Je reprenais, avec plus de difficulté cependant. « Je te connais… » - « Possible, si tu le dis. ». Je clignais des yeux plusieurs fois, me plongeant dans son regard d’ambre. Ou peut-être était-il doré ? Quoiqu’il en soit, je ne pense pas que nous songions à la même chose. « Non, je veux dire… ». Je m’arrêtais, me perdant une nouvelle fois dans ses prunelles qui me regardait avec une pointe d’interrogation. « Non. Ça n’a aucune importance. », finis-je par conclure. L’un, je l’avais rêvé. L’autre… J’enlaçais alors sa main dans la mienne. Je posais la deuxième sur sa joue. Oui. Lui il était bel et bien réel. Dans un élan irréfléchi, mais loin d’être regretté, je serrais  Cupidon dans cette étreinte que j’avais rêvée. J’avais sentie qu’il avait été surpris par mon geste soudain, qu’il ne savait pas comment réagir. En quelque sorte, je m’étais sentie blessée par cette réaction que j’assimilais presque à un rejet. Mais je restais ainsi, murmurant juste un « S’il-te-plait. ». J’avais besoin d’un peu de vraie chaleur, quelqu’un sur qui me poser ne serait-ce qu’une minute pour oublier mes problèmes et ma peine. Et je crois qu’il avait saisi mon message puisque, quelques secondes après ma réplique, je sentais ses bras m’enlacer avec la même délicatesse dont il avait fait preuve lors de mon réveil. Un sourire satisfait se posa sur mes lèvres alors que je profitais en silence de cet instant.

Je sentais malgré moi des larmes rouler sur mes joues. Je n’arrivais pas à les retenir. Alors je cachais le tressautement de mes pleurs dans les bras rassurants de cet homme. Mais ces larmes étaient différentes de d’habitude. Je n'avais pas mal quand elle s'écoulait de mes yeux à mon menton. Il n'y avait pas de nœud qui bloquait ma respiration ou me retournait l'estomac. Ni douleur qui me saisissait le crâne à m'en offrir de terribles migraines. Ces larmes étaient chaudes, et s'il y avait un nœud, il ne me bloquait que la parole. Ce que malgré tout je réussis à reprendre rapidement. Entre deux hoquets je réussis à articuler quelques mots pour reprendre mon interrogatoire. « Comment tu as fait ? Je veux dire, pour venir ici ? Sans te faire remarquer. ». Il se défit alors de mon étreinte. Un pincement me saisit le cœur et j’avais peur d’avoir demandé quelque chose que je n’aurais pas dû. Je me mordais l'intérieur de la joue, m'en voulant intérieurement de lui avoir posé cette question. Puis je le regardais avec étonnement se pencher et le vit se saisir de ma clochette au sol. Ma clochette ! Elle avait dû m’échapper quand je m’étais endormie. Je n'y avait pas prêtée attention ensuite à cause de cette présence nouvelle, surprenante et agréable surtout après tant de temps à ne subir que coups et blessures. Quand il me la tendit, je la récupérais et la lovais dans le creux de mes mains avant de la serrer contre ma poitrine. « C’est grâce à elle. Quand elle sonne, j’apparais. », me répondit-il dans le même temps. Elle ? La clochette ? Mon cœur manqua un battement. Depuis tout ce temps j’avais été humiliée, persécutée et pire encore. J’avais perdu espoir et songé à la mort, me contentant d’illusions et de rêves pour reprendre pied et espérer qu'une vie meilleure puisse exister, contrairement à la mort qui reste la même peu importe notre fin. Et depuis tout ce temps des bras chaleureux, un regard apaisant et une voix réconfortante étaient cachés dans une clochette que je n'osais faire tinter. Sottise de ma part ou cruauté de la sienne de ne pas s’être manifesté plus tôt, peu importe de quelle façon ? Je ne saurais le dire. Je me plongeais à nouveau dans ses iris… noisette ? Mmmh… Décidément dès que je tourne le regard j’y vois une nouvelle couleur. Son visage s’était de nouveau fait inquiet à mon soudain changement d’expression. Un soupir m’échappait alors. Bien sûr que non, c’est moi qui avais été sotte…

Je m’étais rassie, lui demandant de s’installer à mes côtés d'un signe de la main. J’avais tellement de choses à lui demander encore. Tant de questions fusaient dans mon esprit. Certaines un peu absurdes peut-être en y repensant un peu. Pourquoi une clochette ? A mon service, vraiment ? Pourquoi ce chapeau ? Pourquoi cette apparence ? Surtout ça. Pourquoi il ressemblait à ça, ou plutôt, à lui. Finalement, je n’obtins pas réponse à toutes mes questions. Pour dire vrai, il n'y a que peu de questions auxquelles j’eus une réponse. Il était un vrai mystère. Mais ce n’était pas bien grave, je pourrais bien faire sans. Je crois. Car il y avait autre chose dans ce qu'il m'avait dit qui secouait quelque peu ma conscience. « Alors… ». J’hésitais. « Tu es sûr ? Je veux dire… ». Je sais ce que c’est que d’être esclavagé. Tous les Immaculés le savent ici. Et je ne veux pas lui faire subir la même chose. « Bien sûr. Dans une certaine limite comme je te l’ai dit. » - « Bon. ». Je rapprochais mes genoux de ma poitrine. C’était difficile. Un simple regard de travers et on finissait dans le même état que les gladiateurs. Alors oser donner un avis, répondre ou lever la voix ? Il valait mieux être de bonne constitution ou on ne se relevait pas… Et là il me disait qu’il répondrait à ce que je lui demanderais ? « Alors… ». Une boule se formait dans ma gorge. Je prenais donc une bonne inspiration pour l’éliminer une bonne fois pour toute avant de me lancer pour la troisième fois. C’était quand même pas la mer à boire ce que je voulais lui demander ! « Alors… Dis quelque chose de gentil… S’il-te-plaît… ». Je fixais un point invisible entre mes genoux en même temps que je lui faisais  cette demande. « Ou quelque chose de réconfortant. Mais… S’il-te-plaît, dis-moi quelque chose de plaisant. ». Pour une fois…
Souffrons ! c'est la loi sévère. Aimons ! c'est la douce loi.

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Kyra Lemingway
Jeu 21 Fév 2019, 19:48



La vie est le chemin de la mort. Le chemin N'est d'abord qu'un sentier fuyant par la prairie, Où la mère conduit son enfant par la main […]
Plus loin, c'est le désert, le désert nébuleux, Parsemé de cyprès et de bouquets funèbres ; Enfin, c'est la montagne aux rochers anguleux, D'où vont descendre les ténèbres.

Cœur passionné empli de larmes, guide l'enfant sur le chemin vertueux de la Lumière



Un sourire niais s'était fiché sur mes lèvres. Je devais avoir l'air d'une idiote. Mais ça m'était égal. De toute façon, s'était plus fort que moi, je n'arrivais pas à m'en défaire. Pour la première fois j'étais heureuse, vraiment. Pour la première fois j'avais eu le droit de connaître ce que l'on appelle le bonheur. Pas celui d'être encore en vie aujourd'hui, ou de ne pas avoir trop souffert exceptionnellement des traitements de mes geôliers. Non, ce bonheur n'avait rien d'heureux. J'avais enfin découvert le bonheur qui réchauffait les cœurs désolés et ravivait les âmes en peines. Et ça faisait du bien. Cependant, ça n'empêchait en rien que je devais véritablement avoir l'air d'une idiote au regard des autres. Mais je n'y pouvait rien, c'était plus fort que moi. Heureusement il n'y avait personne pour me voir ainsi. Qu'aurais-je pu dire pour ma défense sinon si l'on m'avait demandé la raison de cet air ingénu ? Un homme charmant qui a été des plus agréables et d'une grande gentillesse envers moi est apparu soudainement dans ma cellule depuis la clochette que je porte en permanence autour de mon cou. Un petit rire aiguë m'échappait en même temps que mes joues s'enflammaient. Non, je ne pouvais décidément pas dire ça. Charmant... Cupidon avait disparu juste après avoir terminé de répondre à ma requête. Est-ce que cela voulait dire que le temps dont il disposait hors de son réceptacle était limité, et avait donc été écoulé ? Ou n'avais-je le droit qu'à une unique demande pour chacune de ses apparitions ? Quelle qu'en fut la réponse, le fait est qu'à peine ce dernier avait-il disparu que je m'étais saisie de la Clochette pour le faire revenir... Avant de me raviser. Cette apparition était bien trop belle dans ce lieu d'horreur. Je préférais alors attendre un nouvel instant de désespoir avant de faire à nouveau tinter la petite bille d'or. 
 
Mon air béat se mua en un triste sourire. Quelle étrange, si ce n'est désolante, perspective. Attendre le désespoir. Il faisait parti de notre quotidien ici.Mais je venais de trouver ma Lumière. Mon Espoir. Même si la situation n'avait en rien changée, tout irait mieux maintenant. Inconsciemment je m'étais mise à jouer du bout des doigts avec les quelques flocons de neiges que j'arrivais à créer. Ces quelques pauvres flocons qui finissaient fatalement par fondre au sol, humidifiant petit à petit la pierre à mes côtés. Un sort peu enviable. Ils me faisaient un peu penser à celui qui nous attendait, les Anges. A notre arrivée nous nous réveillons sur une magnifique terre. Pourtant l'on se fait maltraiter et prisonniers pour ceux qui ne sont pas tués. Nous gardons cependant la Foi, l'Espoir et la Conviction que l'on quittera un jour ces lieux. L'on se débat et l'on essai de feinter. Mais ça ne dure qu'un temps. Car alors on comprends que nos chances de rejoindre la Mort sont bien plus élevées que celles d'embrasser la Liberté. Alors nos Espoirs et nos Convictions se brisent doucement en milliers de petits morceaux. Ne reste que la Foi, fragile, mais heureusement toujours présente. Que pouvait-on faire de plus de toute manière ? Je me voyais, comme ce flocon, fragile, incapable de résister, ne pouvant que suivre le mouvement. Que pouvais-je faire de plus... Je restais quelques secondes à méditer sur cette phrase, avant que la solution, pourtant évidente, ne s'imprime au fer rouge dans mon esprit. C'était comme une claque, un retour à la réalité. Ma réalité. Comme tout le reste, je ne devais pas me résigner. Bien sûr, ça pouvait être dangereux. Mais qu'est-ce qui n'était pas dangereux pour un Immaculé ici ? 
 
Je m'installais à genoux en même temps que je regardais à travers les barreaux, vérifiant si quelqu'un approchait. Puis, je prenais une profonde inspiration. La soufflant doucement, je me concentrais sur ma main libre, l'autre tenant fermement ma Clochette comme un soutien psychologique, pour faire à nouveau ces doux flocons d'argents que j'avais fais danser face à moi un peu plus tôt. Il y avait bien du bruit à l'extérieur, mais personne ne semblait s'intéresser à mon sort. C'était une bonne chose. Pourtant, en même temps que je m'essayais à créer une chute de neige correcte, je ne pouvais m'empêcher de poser des regards inquiets sur la porte. Ce qui n'allait pas du tout, bien entendu. Ces regards distraits me détournaient l'esprit de mon intention première, réduisant mes essais à de vulgaires échecs. Et je voyais mes trois flocons que j'avais réussi à créer avec peine se battre en duel dans les airs avant de finir lamentablement leur course au sol, disparaissant quelques secondes plus tard dans la pierre. Finalement, je m'en sortais presque mieux tout à l'heure alors que je les avais créé involontairement. Fort de ce constat, je baissais les yeux et posais les mains sur les genoux, démotivée. J'avais été idiote d'avoir cru pouvoir réussir à refaire ce que je fais seulement d'instinct... Surtout ici. Des fois je me demandais ce qu'il me passait par la tête. Ces idées folles me coûteront la vie un jour ! La Vie... Je me tournais vers l'entrée de ma cage. Ma seule sortie également. Souvent je réfléchissais à la vie que je menais ici et si j'étais prête à la risquer pour m'en défaire. « ... ». Il y a cinq minutes j'aurais répondu que oui, sans la moindre hésitation. « … ! ». A présent, c'est moins sûr. 
 
« Putain tu vas arrêter de m'ignorer grognasse !!! ». Ce fut seulement à ces mots, alors que la porte de la prison valsait contre le mur, que la réalité me rattrapait, me sortant d'une torpeur qui n'avait – semble-t-il – que trop durée. Alors que j'essayais d'articuler quelque chose, aucun son ne daigna sortir. Je voyais le Démon s'approcher férocement de moi sous le regard amusé de son... ami  ? Je reculais à chacun de ses pas le rapprochant de moi, sachant pertinemment ce qui m'attendait au bout de ma route, le mur. Une boule commença a peser lourdement dans mon estomac. Je n'entendais même plus ce que cet homme me crachait, des tas d'insultes et autres noms d'oiseaux probablement. Mes oreilles étaient soudainement devenues hermétique à toute langues étrangère à la mienne. Un autre pas, et soudain je sentais le contact froid et terrifiant de cette barricade que je haïssais tant. Pourtant je n'osais quitter cet être des yeux, même lorsque je me recroquevillais sur moi-même, cherchant une vaine protection derrière mes genoux... Jusqu'à ce que la distance me séparant du Démon ne diminue beaucoup trop. Je m'enfermais alors dans l'obscurité de mes paupières, tentant également de me former une nouvelle barrière contre cet assaillant en plaçant mes bras devant mon visage. Futile. Je venais au contraire de lui offrir une parfaite prise, bien malgré moi. Et sans la moindre once d'hésitation il m'attrapait par le poignet pour me jeter avec violence, me retrouvant alors la face au sol. Je l'entendais rire. Puis me susurrer quelque chose. Je ne l'écoutais pas. Je ne le voulais pas. Je ne voulais pas savoir ce qu'ils se disaient. Ce qu'ils me disaient. Ce qu'ils imaginaient. Je ne voulais pas souffrir de savoir. Souffrir simplement est déjà assez cruel. Le Démon me saisit par les cheveux, me traînant au sol pour me remettre sur le dos. J'eus à peine le temps d'esquisser un mouvement qu'il écrasa de toute son poids ma main, arrachant un cri de douleur de ma part, un terrifiant rire de la part de mes détracteurs. J'aurais espéré que ce soit tout. Mais je sentais alors un poids sur ma poitrine et la main du Démon me saisir la mâchoire. Pour la première fois depuis plusieurs minutes déjà je rouvrais les yeux. Au même instant je voyais un rictus se dessiner sur les lèvres de cet être. J'étais terrifiée... Il le voyait. Il en jubilait. « Tu verras, je suis sûr tu vas adorer. Mais peut-être pas autant que moi. », ajouta-t-il en même temps qu'il enserrait mon coup de ses mains. Mon cœur battait la chamade. Je me débattais de toute mes forces, essayant de me défaire de son étreinte mortelle, griffant, poussant, m'agitant... Vainement. « De l'air... ». Je suffoquais de plus en plus. « S'il-vous-plaît... ». Non... Ça ne pouvait pas se terminer ici ? Pas comme ça ! « Je n'arrive plus à ... ». Mes gestes se faisaient moins coordonnés. Plus lents. Moins déterminés. « De l'air... ». Je sentais des larmes perler à chaque recoins de mes paupières et glisser le long de mon visage. J'étais terrifiée. « ... ». L'obscurité. 
 
Je m'étais recroquevillée, la tête dans le creux de mes genoux, mes bras enserrant ces derniers contre ma poitrine. J'ignorais combien de temps déjà je me trouvais dans cette posture. Je n'avais pas compté. Je m'en fichais bien. La tête penchée en avant, des mèches couvraient mon visage meurtri par ce que je venais de vivre. Des larmes coulaient toute seule le long de mes joues en silence, alors que je ne pouvais que repenser à ce qu'il venait de m'arriver. Le temps d'une minute, j'ai cru embrasser la Mort. J'aurais pu être libre, enfin. Je n'aurais pas cet hideux visage imprimé dans mon esprit. Je n'aurais pas eu à supporter ce corps poisseux et dégoûtant contre le mien à mon réveil. A cette unique pensée, un frisson de dégoût me parcouru de la tête au pied et je resserrais mon étreinte autour de moi. Le temps d'une minute, j'ai cru embrasser la Mort. J'aurais pu être libre, échapper à ce monde. Pourtant ce fut la pire minute de ma vie. Je me suis rendue compte d'une chose à cet instant précis où je croyais pousser mon dernier soupir. Je ne veux pas mourir. Du moins, pas ainsi. Pas ici. Je ne veux plus ressentir cette peur, cette douleur. Qu'Ezechyel me pardonne de le fuir ainsi, mais je refuse que les derniers sentiments que je puisse ressentir à l'instant où la Vie m'abandonne soient si négatifs et cruels. Je me rends compte à quel point j'y tient à cette vie. Ma Vie. 
 
Doucement je relevais la tête et tendais une main face à moi. Je recommençais alors mon précédent exercice. Échec. Je recommençais. Échec. Encore une fois. Échec. C'était difficile de les enchaîner ainsi. Mais je ne me démontais pas. Je continuais. Encore. Je continuerais, jusqu'à y arriver. « Je veux vivre. ». J'y arriverais. « Je veux vivre ! ». Je dois y arriver. 
Une vie inutile est une mort anticipée.

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Mots 1854
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Jeu 01 Aoû 2019, 02:22



L'heure est sur le mur, mais personne alentour, Sa volonté s'est effacée, il est à moitié à terre, Si tout ce que nous sommes est tout ce que nous étions, Alors il trépassera bientôt sans même un murmure, Et la vie continue
Et je ne révélerai rien, Je ne serais pas contrôlée, Je ne veux pas de ton remède, Je ne veux pas être rassurée, Je ne serais pas opérée, Tu es celui qui est atteint de maladie, Et je ne déclinerai pas, Je ne veux jamais disparaître, Je ne disparaîtrai pas
Il y a des mouches sur le mur, et personne alentour, Une fois que ces yeux brillants sont ternes, elle est à moitié à terre, Et la vie continue
Et je ne changerai pas, Je ne serai pas enchaînée, Je ne serai pas apprivoisée, Je ne me conduirai pas bien, Je ne serai pas enfermée, Je ne serai pas esclavagée, Je ne me contiendrai pas, Je ne disparaîtrai jamais, Je ne disparaîtrai pas

Cœur passionné empli de larmes, guide l'enfant sur le chemin vertueux de la Lumière



Depuis ce terrible jour où j'avais pu frôler la mort du bout des doigts, je n'avais cessée de faire tomber de la neige dans ma cellule. Je n'avais pas comptés les nuits qui étaient passés depuis lors, ni les échecs que j'avais essuyée. Mais je ne me démontais pas. Je n'abandonnerai pas. Ce jour-là j'avais définitivement choisi le genre de Liberté que je désirais. Je la voulais non pas dans la Mort, mais bien dans la Vie. Préférablement une vie longue pour rattraper ce temps perdu passé sous le joug démoniaque, mais également afin me souvenir de ce passé oublié. Et pour cela j'avais décidé d'y mettre tous les moyens que j'avais à disposition. L'avantage était qu'il était difficile de me prendre sur le fait accompli, mes rares flocons dansant généralement au bout de mes doigts mais finissant en une fine bruine au sol. Ce qui avait, certes, de quoi décourager au bout de plusieurs jours sans résultats, mais me motivait également d'autant plus à continuer pour réussir à faire perdurer cette neige artificielle. En bref, même lorsque l'on me regardait du coin de l’œil, ma magie ne faisait pas grand effet à côté de ceux qui arrivaient à créer du feu ou étaient capable de soulever la terre, aussi l'on ne me voyait pas faire. Je pourrais presque en être vexée que l'on me prenne si peu en considération. Presque. Être invisible aux yeux des Démons était également une garantie de survie d'une certaine manière. Alors je laissais danser mes flocons au creux de mes mains, dans l'indifférence et le mépris le plus total de mes geôliers, malgré la fatigue qui s'accumulait au fil des jours suite à cet entraînement intensif, puisant au plus possible dans mes forces pour paraître naturelle les quelques fois où l'on s'intéressait à moi. Mais un jour quelque chose changea.

Un jour mes flocons, dans leur chute, flottèrent lascivement, se promenant lentement de gauche à droite, puis de droite à gauche, dans un mouvement de balancier. Je les observais d'un regard intrigué, curieuse de voir cette nouvelle routine. Néanmoins, une fois au sol, mes flocons disparaissaient comme à l'habitude. Du moins, ça, c'était au début. Car plus ces nouveaux flocons battaient l'air de ce nouveau mouvement perpétuel, plus je voyais une différence dans la longévité de leur tenue au sol jusqu'à ce qu'un jour un petit tas immaculé apparaisse. Un air ravi se dessinait alors sur mon visage tandis que je laissais échapper un « Enfin... ». A mon grand malheur, ce fut comme par hasard à cet instant qu'un sbire de notre grand Manitou, maître des lieux et de notre sort à tous, y compris de ces Démons, choisi d'apparaître, m'interpellant en m'entendant m'exprimer ainsi. « Hé ! On peut savoir c'qui te met autant en joie l'emplumée ? ». Je me pinçais les lèvres, pleine de remord d'avoir agis aussi spontanément. J'avais été idiote et j'allais le regretter, c'était évident, si je ne trouvais pas une excuse rapidement qui pouvait à peu près tenir la route et justifier cette réaction. Je me levais et me tournais vers lui, me tortillant les doigts pour évacuer le stress qui s'accumulait rapidement en moi. « Je... Hum... En fait je... ». Je ne trouvais absolument aucune excuse. Je soupirais et lui répondais finalement, tête baissée, « Je sais enfin créer de la neige... » - « Quoi ? Sérieux t'es aphone ou muette ? Ou p't'ête on t'as coupé la langue ? », ajouta-t-il avec un rictus rieur en s'appuyant sur la porte. Je ne m'étais pas rendue compte que j'avais murmuré ma réponse. Aussi je reprenais, plus fort. « Hum... Je... Sais enfin créer de la neige. ». Un silence pesant s'installa avant d'être brisé par le rire rauque du Démon, ce qui me fit relever la tête rapidement. Je le fixais, les yeux ronds. Pourquoi ? Qu'avais-je dis de drôle ? « C'est ça ! Tu nous f'ra tomber de la neige quand on s'ra saoulé de la météo et tu nous f'ra des bonhommes de neige avec pour décorer le paysage hein ? », fit-il alors dans ce même rire en s'éloignant. Je ne comprenais pas. Il ne semblait pas me croire. Ce que je comprenais rapidement. Mon petit monticule s'était déjà évaporé à mon grand regret. Ou presque. En voilà un qui devait s'être déjà défoulé pour avoir réagit ainsi. Je soupirais de soulagement avant de me faire glisser le long du mur, les membres tremblant. Pourtant ses paroles me firent réfléchir. Des bonhommes de neiges... Ce n'était pas si bête finalement. Si j'arrivais à faire de beaux bonhommes de neiges viables, probablement mes flocons le serons-t-ils aussi ? Cependant, un bonhomme de neige reste moins discret que quelques flocons et un tas à mes pieds...

Après réflexion, j'avais alors décidé de faire ces créations une fois la nuit tombée. Les Démons avaient beau être vigilent avec nous, ils restaient tout de même moins attentif à nos activités une fois Cléophée maîtresse du monde. Ce qui n'avait rien d'étonnant. Nous n'avions rien pour nous occuper, mais surtout aucune lumière pour nous éclairer. Et même si nous en avions, il aurait été dangereux de l'utiliser, risquant ainsi d'attirer d'autant plus leur attention. Cependant ça n'avait rien de pratique, pour mes essais. Pourtant je me débrouillais tout de même sans, préférant la sécurité à l'apprentissage de la création du feu pour m'aider. De toute façon je savais que Rinn refuserait, j'y avais déjà songé et plus d'une fois. J'attendais que ma vue s'adapte à l'obscurité, assez pour deviner les contours de mes créations des murs, usant de mes sens tactiles pour discerner les formes que ces dernières avaient pu adopter ainsi que leur texture lorsque j'avais réussi à former un bonhomme de neige complet et qui tenait la forme, puis cessant toute activité dès lors que j'entendais un bruit suspect. C'était un rythme que j'avais eu du mal à prendre pourtant. Néanmoins, une fois adopté, il me paru tout à fait naturel, m'exerçant ainsi dans le plus grand secret – du moins je faisais en sorte qu'il le soit – y comprit de Rinn. Je ne voulais pas l'impliquer dans un projet que certain considérerait comme folie. Il l'était. C'était d'ailleurs pour cela que je me cachais de tous. Non, en fait il y avait une personne qui était au courant. Cupidon. Il m'apportait un soutient dont j'avais besoin, empêchait mon esprit de sombrer dans une dangereuse solitude et rendait mes jours – ou plutôt mes soirs – meilleurs. Avait-ce un rapport avec ça d'ailleurs ?

Quelque chose d'intriguant m'arrivait depuis quelques temps. Je ne me souvenais plus du jour auquel remontait mon dernier cauchemar. Un certain temps, c'était certain, pour que j'en vienne à oublier la dernière fois que mes nuits avaient été hantées par ces atroces visions de ma vie de tout les jours. C'était étrange et dérangeant à la fois. Mais je n'avais pas à m'en plaindre. C'était un peu de répit dans ces longues journées de tourmente. Seulement je ne pouvais m'empêcher de me poser cette question : comment devais-je prendre ces soudaines nuits devenues si douces ? Était-ce dû à la nouvelle présence quotidienne de Cupidon à mes côtés ? J'espérais seulement que ce n'était pas parce que je m'étais habituée à ma captivité et à la présence des Démons et de leurs tours. Ce serait la plus terrible des explications. En fait, à peine y avais-je songé que j'avais préféré la rejeter comme la plus improbable des réponses que j'avais pu trouver. J'avais alors voulu voir si Cupidon était réellement la cause de ces rêves à répétitions. Aussi j'avais passé plusieurs soirs sans faire tinter ma clochette. Il ne s'était rien passé au début. Cependant, après quelques jours, mes cauchemars avaient repris. Je ne savais plus trop quoi penser alors. Son absence me pesait ? Sa présence me réconfortait ? Les deux cas étaient envisageable. Aussi, je ne m'attardais pas plus longtemps dans le monde d'Elzédor et, le soir suivant, alors que je fus certaine de n'être remarquée de personne, je fis de nouveau tinter la petite clochette d'or. « Bonsoir... », murmurais-je. « Pourquoi tu murmures ? », me répondait-il sur le même ton comme chaque soir. « Tous le monde dort, je ne veux pas les réveiller. ». Ni attirer l'attention sur moi en faisant trop de bruit. « Je vais faire un peu de magie mais je ne veux pas qu'on le remarque. Tu veux bien m'aider en surveillant la porte et me prévenir si quelqu'un approche s'il-te-plaît ? ». Ce qu'il approuva avant de s'avancer lentement vers ce que l'on distinguait vaguement être la porte grillagée de ma prison. Je m'accrochais à son vêtement pour le suivre, préférant rester assez près de lui pour éviter qu'il ne s'exclame trop fort s'il devait m'annoncer un quelconque mouvement, puis me remis à ma tâche quotidienne, en silence.

C'était terrible. Plus je m'améliorais – car je le voyais, je le sentais, que je m'améliorais – plus je rageais de tourner en rond dans cette cage comme un animal de cirque que l'on ne sort que quand on en a besoin. Je suivais ces Démons à contre cœur, avec plus de mépris que je n'en avais jamais eu et d'une soif de leur fausser compagnie à laquelle je n'avais encore jamais osé penser. Mais je contenais tout ces sentiments en moi, sachant que je n'irais pas très loin si je mettais ces agissements en application, et n'aurait ainsi jamais l'occasion de faire de mon rêve une réalité. Alors je les divertissais quand ils le demandaient. Je participais aux travaux de construction ou de rénovation quand ils le demandaient. Je subissaient chacun de leurs désirs, prémédité ou non, priant Ahena dans chacun de ces instants. Puis je réfléchis. Il existait une panoplie de sort. Pourquoi me cantonner à créer uniquement de la neige qui n'avait rien de létal ? J'y avais déjà songé, que je n'avais rien pour me défendre dans la pire des situations. Et je devais récupérer mon arme. J'ignorais d'où elle provenait, mais elle été la seule chose qui pouvait potentiellement me rattacher à mon passé oublié. Je l'avais vu faire, ce vil. Non pas sur moi, heureusement. Mais si j'arrivais également à maîtriser ce pouvoir de prendre le contrôle de l'esprit de quelqu'un... Ce serait tellement bien ! Mais comment je pouvais m'entraîner à un tel sort ?... La solution était évidente. J'allais avoir besoin d'un complice angélique. « Debout ! », cracha le Démon en bousculant sans ménagement la porte dans un fracas monstre. J'obéissais, sans broncher ni prononcer un mot. J'avais compris qu'à leurs yeux j'étais enfin devenue docile et sage. Un de ces pigeons qui avait perdu foi en toute possibilité d'échapper à leurs griffes et ne songeait même plus à la rébellion. C'est ce qu'ils croyaient. Il en était bien hors de question ! J'attendais seulement l'instant, celui où j'aurais la possibilité de quitter cet endroit. Alors en attendant j'avais arrêté de me tourner les pouces pour m'occuper de la meilleure des façons.
Nul ne sait ce qu'il peut faire avant d'avoir essayé

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[IX] - Cœur passionné empli de larmes, guide l'enfant sur le chemin vertueux de la Lumière

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