Troisième Mi-Temps sous Terre

— J'ai entendu dire que les Nains avaient une petite taille, commentait Chris Verhoeven en passant sa main sur son menton. Je me demande s'il y a une part de vérité ... Et toi, fiston, tu as entendu des rumeurs ?

Le Comte n'était pas non plus sans savoir que les jeunes Mages Blancs adoraient les rumeurs, d'autant plus lorsqu'ils pouvaient échanger dans les couloirs de leur établissement scolaire, sans parler que le Magicien devait les avoir étudier en cours, étant donné que leurs membres se trouvaient dans la longue liste de dévastation des Démons. C'était il y a longtemps, au même titre que les Humains, mais cela ne pouvait qu'être d'actualité puisque le massacre des Anges remontait à sa venue au monde. Quelle horreur. Néanmoins, il semblerait que les trois races n'aient pas abandonné pour autant leur survie et que les Vils eussent subi un violent retour de bâton. Les choses avaient l'air apaisées depuis, comme quoi, ils étaient réellement une race à problèmes. C'était un miracle qu'ils eussent réussi esquiver leur malignité sur les Terres du Lac Bleu, probablement à cause de la puissance de leurs Empereurs Blancs. En dehors des scandales, évidemment. Pulsar sourit.

— J'ai entendu dire qu'ils étaient doués avec l'acier, d'où leur second nom.

Les Enfants d'Acier, un peu à l'image des Enfants de Sympan. C'était sûrement ironique, car à l'image des seconds, les premiers avaient également subis la vilénie d'autrui.

— Ce doit être pour cette raison qu'ils se protègent ainsi ...

Son Père ne répondit pas, étant assez sensible à la Magie ambiante pour connaître la raison. Les Nains s'étaient longuement retiré et protégé, ce qui n'était pas étonnant ... S'il accompagnait son Père durant cette mission économique sur un autre territoire, c'est avant tout en raison de sa place d'Héritier du Comté, de sa curiosité inhérente à sa race et de son intérêt pour la Joaillerie. On les disait cruellement talentueux, alors le Magicien se demandait à quel point c'était le cas. Surtout que pour lui, dernièrement, les jours se suivent, mais ne se ressemblent en rien. Il avait de nouveau réussi à se démarquer au sein des Lyrienns, au point de se demander comment lui, le Magicien, pouvait autant être reconnu au sein d'une race avec laquelle les siens ne s'entendaient pas. Peut-être que cela allait faire comme avec l'Humaine à Nylmord : engager un semblant d'approche. Pourtant, il ne s'en sentait ni l'intérêt, ni les épaules. Et devant Nidavellir, il se sentait encore d'autant petit et angoissé. Les Magiciens présents ne pouvaient être qu'émerveillés devant la beauté de l'oeuvre, cachée par sa propre nature et par le passage du temps, laissant devant eux un escalier les guidant vers des pro­fon­deurs incon­nues et ter­ri­fiantes. Relativement, à moins que ce ne soit pas une idée, mais en tout cas, véritablement située dans les entrailles de la montagne, la Terre de Feu se voulait grandiose.

Pulsar avait les yeux brillants, non pas d'étoiles, mais de luxe. Sombre et mys­té­rieuse, la Cité se trouvant devant eux, sculp­tée dans la roche et embel­lie par des sup­ports natu­rels de cal­caire, de gra­nite et d’albâtre, sculptés en d'hautes et impressionnantes colonnes, les chambres et les grottes souterraines étaient devenus de grands halls, certains loin d'une symétrie ordonnée, mais dans un joyeux chaos architectural. Les passages sinueux étaient nivelés et garnis avec de la pierre fine­ment taillée. Au bas des marches, ils étaient accueillis par des êtres de petites statures, en armure et ayant des armes différentes à la ceinture. Ils semblaient un peu vieux et bourrins, mais ça l'amusait autant que ça le surprenait. Le Mage Blanc n'avait pas l'habitude de devoir baisser la tête pour discuter avec ses interlocuteurs. Ils se laissaient guider dans une rue commerçante. Dans cette dernière se trouvaient des étables et une armurerie, ainsi qu'une grande salle à l'arrière qui était creusée dans la montagne et une grande tour, les artisans produisaient des tapis, des ban­nières et des bijoux. Pulsar n'avait jamais rien vu d'aussi beau en dehors des créations de la Sertisseuse ou de Leipani. Des joyaux et des pierres semi-pré­cieuses accen­tuaient les reliefs et étaient incrus­tés dans de gigan­tesques fon­taines ciselées et d'imposantes sta­tues. Leur ingéniosité leur avait permis de dompter les torrents et les chutes en construisant des canaux en pierre pour trans­por­ter l'eau potable vers les éten­dues sou­ter­raines, alimentant toute la structure.

Tout l'endroit était empli d'une lumière dan­sante issue d'un mil­lier de lampes de cris­tal, ne laissant aucun doute sur le devoir de dire qu'il s'agissait d'une Cité florissante malgré sa nature secrète et taciturne. L'ouverture serait bénéfique à tout un chacun s'ils savaient la manier avec aisance, notamment devant les veines de métaux précieux situés dans les abysses. Son Père discutant avec un armurier, le Magicien poursuivait sa route avant de se retrouver devant un large terrain où se ... combattaient des Nains ? Ils étaient encouragés par une foule en délire sur chaque extrémité, certains ne manquant pas de renverser une bonne partie de leur chope de bière dans la manoeuvre. Qu'était-ce donc que ceci ? Clignant des yeux, intrigué, Pulsar marchait dans cette direction, évitant néanmoins les coups d'un bras trop énergique en restant en retrait, sa taille lui permettant de dominer une partie de l'assistance.

— Qu'est-ce donc ? demanda-t-il à voix haute.

Il n'était pas sûr que quelqu'un l'entende, ou lui réponde, mais les miracles existent, même sous la surface du monde.

— Du sport d'homme, gamin ! Du Fergy !

À la mention du sport, les yeux de Pulsar s'était quelque peu illuminés. Cet endroit recelait tellement de merveilles, le Nain qui venait de lui parler l'avait, en vérité, suivi en le voyant s'écarter de son groupe. Le jeune homme l'ignorait, mais les environs étaient très surveillés, de sorte que les étrangers venus pour cet événement ne commettent aucun écart. Son interlocuteur improvisé poursuivait ses explications ;

— L'but, c'est d'marquer l'plus d'points ! Plus que ton adversaire, en tout cas, par des essais, des buts de pénalité ou encore par des coups de jambes, en tout bien tout honneur ! On gagne des points progressivement par ces derniers qui ...
— Monsieur ...

Le Magicien l'avait interrompu, confus.

— Je ne comprends rien à ce que vous dites.
— C'est l'manque d'barbe, ça, petit, rit grassement le Nain. Tu as quel âge, trois ans ?
— Presque dix-huit.
— Et tu n'as pas d'barbe ?!

Il semblait aussi choqué que surprit.

— Oh ... Je laisse pousser quelques jours, de temps en temps, puis je coupe.
— Tu coupes ?! Mais quelles sont ces traditions barbares ?
— C'est simplement parce que j'apprécie sans, essaya-t-il de se justifier. Il y a beaucoup d'hommes qui aiment la porter, vous savez !
— Dedjoû ! Les peuples de la surface sont vraiment bizarres !

Est-ce qu'il s'était regardé ? Lui-même faisait au moins cinquante centimètres de moins que lui, portait une armure, une bière dans la main. Rien de très courant en soi.

— Comme j'dis, le but, c'est d'marquer des points.
— Et ils s'obtiennent comment ?
— Un essai, c'est cinq points.
— ... Et un essai, qu'est-ce que c'est ?
— Ah ! Eh bien ... Un essai est marqué lorsqu'un joueur effectue un touché à terre dans l'en-but et ceci peut s'faire de deux manières, t'vois ?

Le Nain avait débuté ses explications, que le Magicien écoutait avec attention. Cet intérêt encourageait l'Enfant d'Acier à lui expliquer tous les tenants et aboutissants du Fergy, laissant les joueurs sur le terrain illustrer ses propos, tandis qu'il continuait ses commentaires. Visiblement, la brutalité du Jeu ne le choquât pas, bien au contraire.

— C'te fille, Myriam, elle est douée ?

Il n'avait pas fait attention à si des personnes de sexe féminin jouaient en cet instant. Pulsar eu l'air troublé.

— Vous voulez dire que les femmes y jouent ?
— Pourquoi elles n'y joueraient pas ?

Bonne question. Il la laissait en suspens, mais il voyait mal des demoiselles Magiciennes se battre de cette manière en dehors des périodes de l'année où les prix des chiffons étaient bas ...

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