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 [Q] - À travers le temps et l'espace

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Jeu 10 Juin 2021, 15:04


Crédit : Dryad - Oksana Kharlampiyeva
Objectif || Après plus d’une Ère de torpeur, le sortilège qui emprisonnait Nausicaä se délia grâce à l’intervention de deux des siens. Malheureusement pour elle, ses sauveurs espéraient une tout autre récompense. Si l’une désira la sauver, l’autre préférerait l’achever. Il ne tint qu’à elle de faire pencher la balance…



À travers le temps et l'espace
Quelque part dans la Forêt des murmures




Ce fut un craquement qui l’éveilla. Un picotement lancinant, presque agréable, qui l’arracha lentement des ténèbres. Cette sensation électrisa son épiderme, sans pour autant la contraindre à se mouvoir et quand bien même, elle ne serait comment s’y prendre. Sa conscience s’agita cependant, cherchant le lien conducteur de cet instant. Mais aucune réflexion ne parvient à se concrétiser, ainsi qu’aucun avis éclairé sur la nature de son existence. Tout n’était que quiétude et légèreté, nulle raison de s’attiser. Et pourtant. La mémoire lui revient peu à peu, telle un torrent brisé d’images clairsemées, de sensations fragmentées, dominées par la peur et la confusion. Cela commença par la fin. Inlassablement. Tragiquement. Cette scène qui se joua continuellement dans son esprit ne fut autre que ses derniers souvenirs. Sa propre fin.

◮▼◭

« Tu ne souffriras pas. »
Menteur ! songea-t-elle résignée, le corps coller contre l’arbre squelettique, tandis que son père continué d’écrire d'étranges symboles sur sa peau. Ses geignements en étaient la preuve, ce sort n’avait rien d’anodin. Un brouillard dense pesait sur la forêt le soir où Ardwick décida de dissimuler son enfant du monde des vivants. Aucun avis ne fut sollicité. Un père sait ce qui est bon pour son enfant. Les runes finirent par pénétrer la sève en même temps que l’arbre prenait vie. Pris d’une faim féroce, le résineux s’empressa d’entrelacer ses racines autour des chevilles de l’offrande, qui lui avait été si gracieusement offerte. Nausicaä espéra user de son don d’Envoûtement pour retarder l’inévitable – C’est sans doute ce qu’elle aurait tenté de faire, si sa condition d’obéissance ne l’en avait pas dissuadé. Le sorcier posa sa main sur sa joue poudrée, chassant du bout des doigts ses larmes naissantes. « Ne t’inquiète pas. Quand tout sera réglé, je reviendrais te chercher. Je te le promets. » Seuls les craquements des branches semblaient lui répondre. Pourtant, elle souhaitait hurler, réclamer des explications, tandis que l’écorce recouvrait le reste de sa poitrine, mais aucun son ne sortit d’entre ses lèvres. Parfois, le silence est la meilleure réponse. L’Elfe ne ressentait pas de réelle douleur physique – la fusion se passait sans encombre – mais son âme était meurtrie. Elle se sentait trahie. Abandonnée. Ses pensées troublées, noyer de sanglots, ne trouvaient pas une justification à cette mascarade. Rien ne pouvait la sauver. Rien n’aurait pu le sauver. Ses mirettes contemplèrent une dernière fois les traits du seul homme quel admiré, avant de sombrer lentement dans une torpeur trafiquée. « N’oublie pas, que je t’ai toujours aimée. » Difficile de dire, si ses derniers mots furent entendus.

◮▼◭

Ce fut un craquement qui l’éveilla. Une irritation fastidieuse, presque insupportable, qui l’arracha lentement des ténèbres. Cette sensation électrisa son épiderme, suppliant son corps de se mouvoir et quand bien même, elle aurait sans doute dû s’écorcher la peau pour apaiser ses brûlures. Sa conscience s’agita, cherchant le lien conducteur de cet instant. Mais un torrent de réflexion la dévora, ainsi qu’une multitude de sentiments contradictoires. Tout n’était que peur et lourdeur, un magma effroyable d’incompréhension. La sensation d’étouffer, de ce noyer, affolé son esprit. Et pourtant. Elle ne put rien entreprendre, se retrouvant comme figer dans l’espace et le temps. Puis, soudainement, le sol se déroba sous ses pieds. Instinctivement ses mains saisirent l’air, griffant le néant à la recherche d’une échappatoire, inutilement, tandis que ses jambes battaient en vain dans un vide qui l’avala indubitablement. Un vent herculéen tourbillonna en son centre, scellant sa chute inexorable. Elle ouvrit la bouche pour hurler, mais ne parvient à émettre qu’un gémissement plaintif, suivi d’un hoquet étranglé qui l’obligea à engouffrer une bouchée d’air frais. Elle sentit ses poumons brûler, puis geler, ne se souvenant plus comment respirer. Son corps s’en retrouva accablé, étendue face contre terre. Sa chute ne lui laissa pourtant aucune séquelle, nulle souffrance tangible, semblable à un long cauchemar que l’on ne saurait échapper. « C’est… » – « Une enfant. » – « J’aurais plutôt dit décevant. Mais soit. » Les voix étaient des murmures, si loin et pourtant voisine. À son sens, elles se firent tout juste entendre et malgré cela, la sensation d’émerger au milieu d’une conversation se saisissait. « Quelle cocasserie. Je n’espérais rien et pourtant, je me sens tout de même désappointé. » – « Cesse tes enfantillages. » L’enfant essaya de s’acclimater à ce nouveau bain sensoriel, qui pourtant lui fut si instinctif à une époque. La clarté qui mordilla ses paupières, la douleur irradiante dans ses membres, le givre du vent qui rongea sa chair et l’humidité de la forêt qui imbiba sa peau ; l’hypothermie lui sembla bien trop intime. Elle comprit à cet instant qu’elle ne portait pas l’une de ses fameuses robes d’apparat, ni sa somptueuse houppelande. Bien entendu. Ce soir-là, elle s'était vêtue en toute hâte d’une sobre robe fluide, sans la moindre fioriture, car le temps lui manquait – Tout du moins, c’est ce qu’elle avait estimée suite à cette funeste missive.

Ses longues oreilles entendirent des bruissements, des feuillages effarouchés, puis le crissement des bottes contre l’herbe humidifiée, qui interrompirent le fils de son analyse. « Pouvez-vous vous relever ? » Non. Incontestablement. Mais elle concentra tout de même sa volonté dans ses muscles, pressée de se lever pour fuir cette situation humiliante. Au lieu de ça, elle ne parvient qu’à pousser un grognement sourd et à agiter ses membres bêtement. Ses doigts se crispèrent de résiliation contre la terre, toujours baignée par la caresse de la mousse forestière. Que lui arrivait-il ? Son corps lui sembla rouillé, inutilisable, dépourvu de ligament. « Bien. Ce fut divertissant, mais la nécromancie n’a jamais été mon domaine de prédilection. Considérons là comme morte et retournons vaquer à nos occupations respectives. » Son interlocutrice ne releva pas sa propre interprétation de la situation, elle sembla davantage intriguer par la nouvelle apparue. Posant ses genoux à terre, elle se pencha au côté de la petite, l’obligeant ainsi à installer sa tête violine sur ses cuisses. « Prenez votre temps, conseilla la jeune femme avec douceur, vous venez sans doute de vivre une expérience déplaisante. » Un hoquet ce fut entendre, sûrement le meilleur moyen qu’eut l’homme d’exprimer sa contestation – de sentence, d’agacement. « Nous allons procéder par étapes. Je sais déjà que vous pouvez m’entendre, est-ce que vous pouvez ouvrir les yeux ? » Elle lui répondit par un faible hochement de tête, avant de déglutir. Elle en avait bien conscience, la pratique risquait de ne pas être dès plus agréable. Pourtant ses yeux s’ouvrirent. Ce fut flamboyant de couleurs et de sons. Aveuglant. Douloureux. Elle dut s’y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir maintenir ses mirettes céruléennes entrouvertes.

Au-dessus de son minois se posta un autre visage, plus doux, au trait apaisant et bienveillant. C’était un membre de son peuple, aux oreilles réputées pour être longue et pointue. Sa peau, parfaitement unie, s’approchait curieusement de celle des êtres partie trop tôt, mais sa chevelure châtaine – qui tombaient en cascade jusqu’au creux de ses reins – et ses prunelles ambrées réchauffaient tout son être, témoignant la délicatesse qu’elle émanait. Un nouveau hoquet d’impatience interpella la petite curieuse, c’est alors qu’elle remarqua l’homme à l’allure étrange. Une silhouette qui s'élançait, teinter d’ébène et de gris. « Owël, tu perds ton temps. Ce n’est probablement qu’une Näg, au mieux, une Rararyn, il posa une main sur son épaule. Son absence n’accablera personne. » Pardon ? Un brasier de rage cambra soudainement en elle ; libérant de ce fait ses poumons de l’étau de glace qui ne cessait de vouloir l’étouffer. Comment osait-il la traiter ainsi ? Elle inspira une seconde fois cet air inédit, puis tracta de la force dans la colère qui grondait en elle et prononça fièrement « Je suis une Delia ! ». Mais à ses oreilles, ce ne fut au final qu’une pleurnicherie candide incompréhensible. « Cesse de l’irriter. Elle a besoin de conserver des forces. » Il secoua sa tête de désolation. « Là n’est pas le problème. Quand cesseras-tu de vouloir porter secours à toutes les bestioles estropiées que tu aperçois ? Ça finira par te porter préjudice, un jour. » Il lui sembla qu'elle murmura un « jamais » mais cela lui importa peu. « Je t’informe simplement que notre temps, ou tout du moins le mien, est bien plus précieux que cette vie. Sans compter que… Regarde la. Sa faiblesse m’irrite les yeux. Nous rendrions un grandiose service à notre peuple en abrégeant ses souffrances et peut-être même pour elle. » – « Tu hyperbole. Comme toujours. » – « Et inlassablement, tu es trop clémente. » Durant leur conciliabule, la concerner de leur désaccord réussit non sans mal à déloger la bague qui enjolivait l'une de ses phalanges. Pour la énième fois, elle supplia son bras de se soulever pour tendre l’objet à ses mécènes. C’était sa seule chance. Après maintes tentatives, ces derniers finirent enfin par constater sa réclamation. « Navrer mon enfant, mais on ne peut me soudoyer aussi… » Il laissa sa phrase en suspens et considéra une fois encore le bijou qui lui fut tendu. Ses sourcilles se froncèrent presque immédiatement.  « Qu’est-ce ? » Ce saisissant de l’objet, il fit tourner l’alliance entre ses doigts. « Une Noldrasi. De toute évidence. » Cette information sembla agacer l’Alfar, remettant toutes ses pensées en cause. « Confie là donc aux gardes. Ils feront le nécessaire. » – « Sûrement. Mais pas maintenant. » Elle n’avait pas besoin de justifier son projet, ses intentions étaient limpides à la mémoire du mage. Nul doute qu’Owël désirerait soigner l’enfant, avant de la replonger dans ce monde si cruel qu’était leur Capitale. Espoir qui sembla bien vain pour l’homme. Elle se fera dévorer sans pitié. « Soit. Soupira-t-il, me concernant, j’ai brillamment accompli ma bienfaisance annuelle. À présent, son sort m’importe peu. » – « N’en soit pas si assuré. » L’Alfar l’interrogea du regard, intrigué par cette affirmation si soudaine, malgré cela, cette conversation sembla avoir atteint son terme. Sans demander son reste, il tourna les talons de cette scène désintéressant, qui lui prit bien trop de son temps. « Arkay, l’interpella-t-elle, je suis encore dans l'obligation de solliciter ton aide. » – « Allons bon. Comme c’est singulier. Et quelle sera ta demande cette fois-ci ? » Owël ce mordu la lèvre inférieure, quelque peu embarrasser. « Je ne pourrais pas la ramener toute seule. » Un silence fut sa première réponse. Puis un éclat de rire. « Ô Dothasi, que t’ai-je donc fait pour que tu souhaites tant mettre ma foi à l’épreuve. » – « Je ne pourrais me permettre de parler au nom de notre protectrice, mais je pense tout de même connaître la réponse… » – « Et c’est ainsi que tu me remercies ? Je te trouve bien cruelle. » L’adolescente sentit quelque chose de chaud et de doux l’envelopper des pieds à la tête – sans doute la cape que l’homme portait –, puis des mains la soulevèrent dans les airs.

Les secousses ne la dérangèrent pas et les soupirements d’agacement du prénommé Arkay encore mois. Bien au contraire, ses murmures de contrariété l’apaiser car depuis son réveil, ce fut le seul événement qui lui fut un tant soit peu familier. « Nausicaä. » Finit-elle par bredouiller difficilement. L’homme baissa son regard sur elle, la contemplant durant quelques instants en silence, avant de conclure : « Ne te méprends pas, si ça ne tenait qu’à moi, tu serais déjà enfouie sous terre. » Cette déclaration ne la surprit pas – ou alors elle fut bien trop lasse pour songer à vouloir se débattre. « Nausicaä ? Hum. Je serais m'en souvenir. » Sans doute. Ou alors nullement. Qu'importe. Ses yeux finirent par se refermer au cours de leur voyage, mais cette fois-ci, elle n’eut pas peur des ténèbres.


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