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Échapper à ses Cauchemars

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Mancinia avait la sensation, désagréable s'il en est, que son corps allait se rompre. Cet entraînement matinal n'avait pas été de tout repos et son apprentissage de l'arc avait tôt fait de lui causer des douleurs à l'épaule ; elle savait l'utiliser, mais ne le maniait pas correctement. Sa maîtrise de la lance était connue de tous et Neah avait réussi à renforcer son maniement de l'épée, mais cet arme-là, pourtant l'une des plus utile au monde ... C'était compliqué. C'était sans doute pour cette raison qu'elle désirait s'y consacrer un peu plus. Trois heures d'entraînement ne semblait rien en comparaison des journées entières que vivaient son époux, mais elle n'avait pas des heures extensibles et ses derniers écarts longue durée l'avait conduit à une sorte de sommeil sans rêves de plusieurs jours. Si cela se reproduisait à nouveau, surtout dans cette période de projets multiples, ce serait irrattrapable, en plus de la faire passer pour une incompétente. Tandis que son corps prenait du repos, son esprit s'abreuvait des missives, des rapports et des rumeurs. Il y avait quelques cadeaux dans le tas, dont ce merveilleux ensemble d'écriture qui n'était pas pour lui déplaire, au point qu'il trônait sur son bureau ; c'est en désirant le fouiller en détail qu'elle découvrit une missive non-signée. Si, au départ, l'Humaine avait cru à un oubli, une plaisanterie ou un mot de son ancien propriétaire, il n'en était rien. C'était tellement énigmatique. Et pourquoi diable voulait-elle joindre une lettre d'espoir à ces interrogations de souffrance ?

Chère Âme en Détresse,

Je vous réponds par l'affirmative avec sincérité. Qui n'a pas envie de vivre ses rêves, avec la facilité de l'absence de ces contraintes bien réelles ? Tout le monde le souhaite au moins une fois dans son existence et mon cas ne fait pas exception, mais au fil des ans, j'ai cessé de vouloir vivre une vie sans rêves et essaie de rendre mes aspirations réelles.

Je dois paraître imbue de ma personne aux yeux des autres, surtout avec une ambition aussi démesurée. Pourtant, chacun de mes projets est un succès et, s'il ne l'est pas, est un apprentissage supplémentaire pour rendre possible ce qui parait impossible. Je ferais tout pour atteindre mes objectifs et puisse les Dieux me seconder comme ils le font désormais. Peut-être est-ce là ma prison ? Travailler, travailler et encore travailler ... en m'accordant une pause auprès de mon mari et mes enfants. Peut-être qu'une vie paisible de mère au foyer m'aurait convenu, peut-être est-ce à tout ce à quoi j'aspire, quelque chose de paisible et d'heureux ... mais ce n'est pas assez.

Pour que tout demeure paisible et heureux autour de moi, je dois me battre. Je dois me battre pour protéger tout ce que j'ai acquis.

Parce qu'une mère doit protéger ses enfants, parce qu'une épouse doit soutenir son mari comme il la soutien, parce que mon peuple est toujours sur une pente raide, prêt à partir en arrière et à s'effondrer pour disparaître dans le Néant si les personnes comme moi, avec la volonté et les moyens de changer les choses, décident de ne rien faire. Cette image doit être ma plus grande peur. Parce que si je décide de m'asseoir au coin du feu, rien ne me dit que je ne paierai pas cet écart dans quelques années. Je dois être forte, c'est tout. Et si un démon personnel vient me murmurer à l'oreille que je suis une moins que rien, que je vais échouer ... Eh bien, je le combat à armes égales ; on est toujours son propre ennemi, après tout.

Si vous avez crainte de sombrer dans un long sommeil fait de vos rêves et de ne plus vous en extraire parce que la vie est difficile, lisez-moi bien ; faites en sorte que ce que vous y voyez devienne réel avant que vos rêves ne vous consument. Peut-être est-ce là vos aspirations qui vous somment de reprendre votre route ? Devenez l'épine qui perce la main imprudente, soyez la dague qui tranche les problèmes en premier. Peut-être que l'écrire parait morbide et dangereux, mais votre vie vous appartient et personne ne peut agir pour vous autre que vous-même. Protéger ce qui doit l'être pas vos propres moyens.

Contrôlez votre vie, faites de vos cauchemars une force et que vos rêves deviennent une réalité,

Avec toute mon amitié,

Iskandar

En reposant sa plume, elle fit en sorte de laisser sécher l'encre quelques instants. Ça faisait du bien d'écrire sans réfléchir. Avait-elle peur de ses rêves ? Peut-être moins depuis qu'elle avait appris l'existence du Monde de Songes, prenant conscience que la Coupe des Nations dans ce monde onirique avait été un électrochoc. Ce qu'il se passait avec les Sirènes, en ce moment, semblait presque lui avoir été révélé à cette époque. Quand elle se voyait sacrifier son sang pour imposer la procréation d'Humains à ces dernières, conduisant leur race vers une douce extinction. Est-ce que c'est parce que Reine était intervenue là-bas que quelqu'un d'autre avait choisi ce chemin ? Ce qu'il advenait du Peuple des Mers et des Océans était une rupture totale avec ce que les Terres de Sympan connaissait. Peut-être que si rien n'était l'oeuvre de quelqu'un ... Peut-être que la balance s'équilibrait entre Bien et Mal. Peut-être qu'elles payaient leurs mauvaises actions passées.

En pliant la feuille pour la remettre avec l'autre, Mancinia mis quelques jours à se rendre compte qu'elles avaient disparues ...

Post I - 910 mots

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Échapper à ses Cauchemars

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Mancinia n'avait eu aucune nouvelle, mais elle avait constaté la disparition des lettres. Étaient-elles allées vers un nouveau destinataire, poursuivant une sorte de boucle mystique au-delà de sa compréhension ? Au-delà, parce que si une magie était rattachée à l'écritoire, c'est qu'elle était d'une puissance au-dessus de son Ma'Ahid, ce qui n'était pas courant. Ou alors, est-ce que le précédent ne voulait pas répondre ? Ce n'était pas qu'elle s'en souciait vu qu'elle n'avait pas signé de son nom, elle était simplement intriguée par ce processus. Elle avait beau saisir les rouages de la Magie, elle ne savait l'utiliser ; ce n'était pas aussi instinctif avec une Humaine que cela l'était avec les races magiques. En se grattant l'arrière du crâne, la Dame à la Lampe se rendait compte que cela ne servait à rien de se prendre la tête ; elle avait des choses plus urgentes à faire, comme la rédaction d'une note interne.

Chers confrères, chères consoeurs,

En cette période de récoltes sur Haute-Terre, nous vous rappelons que le terrain allergique est augmenté ; nous traitons de nombreux rhumes des foins, des eczémas, des dermatites atopiques, des conjonctivites allergiques et des asthmes. Nombreux sont ceux habitués aux traitements à l'encontre de ces maladies, mais un rappel quant aux développements de symptômes allergiques après la prise de certaines plantes est toujours adéquat ; la camomille et l'avoine, notamment, peuvent se révéler problématique.

Il est également courant de voir des intolérances croisées où l'allergie à une plante prédispose à l'allergie d'une autre, appartenant à une même famille, l'exemple le plus évident est le fenouil et l'armoire, mais surtout l'aspirine et l'écorce de saule blanc. Soyez donc attentifs aux allergies éventuelles avant la prescription et ce, dans la potentialité où les substances sont similaires. Certaines plantes, censées stimuler les défenses, pourraient exacerber les symptômes ; le curcuma est particulièrement à surveiller de notre côté, ainsi que l'arnica.

Cette note de service servira autant à remettre de l'ordre dans l'utilisation des plantes médicinales à destination des patients souffrant d'une maladie chronique. En effet, les produits de phytothérapie ne doivent en aucun cas aggraver la maladie, ni provoquer de rechute ou de complications en interagissant avec d'autres prescriptions. Un dialogue ouvert entre nous et les patients est primordial pour éviter des conséquences désastreuses.

Il est normal pour des personnes en souffrance d'être tenté d'explorer d'autres médecines et s'ils ne cherchent pas à se soigner uniquement à l'aide des plantes, ils espèrent néanmoins pouvoir lutter contre des symptômes inhérents à la maladie ou à leur traitement. Nous sommes tous conscients qu'un usage immodéré est dangereux ; l'usage des plantes médicinales exige de nombreuses précautions et du respect d'un certain nombre de règles. Il faut encourager les patients à nous parler et à glisser, lors de nos consultations, un rappel quant aux conseils que nous pouvons prodiguer et des risques quant à une prise sans avis médical. Soyez à l'écoute ; écoutez leurs arguments, présentez-leur les vôtres et essayez d'arriver à un compromis. En cas de doute, n'hésitez pas à demander conseil à un collègue préparateur.

J'émets aussi des réserves quant aux traitements des maladies graves. Nous sommes souvent confrontés aux patients qui souhaitent essayer des médecines manuelles vis-à-vis d'un traitement magique qui est, disons-le, plus efficace. N'oublions pas aussi qu'ils sont curieux dès qu'ils sont malades. Certains traitements provoquent une toxicité dans le foie et les reins, ainsi que des troubles de la coagulation sanguine. Cela est d'autant plus augmenté que le foie véhicule de nombreuses maladies et engendre des complications si lié à l'alcoolisme ou les obstructions des voies biliaires. Rappel des plantes toxiques pour le foie en annexe. Quant aux reins, la réglisse, la grande consoude, l'aristoloche, la griffe-de-chat et la salsepareille sont des plantes à éviter absolument !

Nous avons en mémoire l'un de nos patients ayant pris un traitement alternatif avant de soigner ses dents, qui s'est ainsi fait prodiguer des soins sans nous en avoir averti au préalable et qui a eu des complications cardiaques majeures, le conduisant au décès.

Il existe des variantes plus rares, mais bien réelles, de ceux interrompant leur traitement. Un suivi régulier est ainsi nécessaire pour s'assurer des absences d'interactions entre deux médicaments aux propriétés contraires. Les plantes ne doivent pas se substituer au diagnostic de traitements ayant fait leurs preuves ; les rechutes et les complications seraient aggravées.

À noter que le millepertuis a des interactions médicamenteuses pouvant être problématique avec la prise de produits de fertilité ou d'infertilité produit par les Déchus. Souvent utilisées contre les troubles anxieux en cycle court, il modifie le corps en éliminant de nombreux autres médicaments et en réduisant leur efficacité. Des personnes souffrant du Mal Sacré sont également sujette à des crises régulières, il est donc préférable pour eux de s'abstenir totalement de la prise du millepertuis.

Pour rappel, le Ma'Ahid élimine la magie et peut, sur le long terme et à l'ajustement de puissance nécessaire, rompre des sortilèges implémentées dans l'organisme. Il faut seulement ajuster l'exposition du patient à sa pathologie. Récemment, les patients angéliques ont suivi des procédures similaires et les résultats ont été relativement corrects.

Abruptement, Mancinia s'interrompit dans son écriture aux coups sur la porte de son bureau et en constatant la présence de Monka, tout sourire.

— Marquise Leenhardt. La Comtesse Hautbourg est arrivée.
— J'arrive tout de suite ! s'exclama-t-elle en rangeant tout à la hâte.

Ce n'est que plus tard qu'elle chercherait ses notes, clignerait des yeux et se maudirait ; elle les avait cachées dans l'écritoire, causant leur disparition.

Post II - 920 mots
Précision ; ce n'est qu'une vulgarisation inexacte puisqu'on se situe aux alentours du Moyen-Âge et que de nombreuses pathologies sont inexistantes ou inconnues aux Humains. Un Pharmacien est appelé ici un Collègue Préparateur, qui est son équivalent.

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Échapper à ses Cauchemars

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Tenant la missive entre ses doigts, Mancinia comprit qui en était l'autrice avant même d'en entamer la lecture. Ce devait être aussi elle qui avait récupéré son rapport médical par inadvertance ... Pauvre interlocutrice, elle n'avait rien dû comprendre à son charabia de mise en garde.

— Ce sont des partitions de musique ?

Mancinia avait écarté ce qui n'était pas textuel pour s'y consacrer ensuite, mais l'intervention de Neah la surprit. Il ne se souciait jamais vraiment de son courrier, en dehors des choses confuses ou détestables qu'elle pouvait recevoir malgré les tris de prévention de Monika.

— C'est une correspondante qui me les a envoyées.
— J'ignorai que tu en avais une qui était musicienne.
— En fait, Neah, je me suis acheté cet écritoire il y a quelques semaines et j'ai pris conscience qu'en mettant mes lettres à l'intérieur, elles étaient expédiées vers une inconnue et que les siennes faisaient pareilles avec moi.

Si elle n'avait pas jugé utile de lui en parler, c'est parce qu'il allait partir sous peu et qu'elle ne voulait pas lui encombrer l'esprit avec des doutes inutiles.

— Un écritoire magique ne souffrant pas de ton Ma'Ahid ?
— C'est sûrement la création d'un Ange. Seule votre magie et celle des Dieux sont en mesure de nous dominer.

Sans doute était-ce le cas et le vendeur l'ignorait certainement. Il reportait son attention sur les notes.

— Je n'y connais rien en musique et elle semble vouloir s'améliorer. Qu'en penses-tu ?
— Je suis loin d'être un spécialiste de la composition, tu sais bien que ce n'est qu'un passe-temps.

Le temps ... Une denrée rare, d'autant plus qu'il passait son temps en sa compagnie et ne pratiquait plus que rarement. Mancinia prit conscience que c'était ce qu'il manquait dans leur demeure ; un piano.

— Elle m'inique que ça se nomme Dial, reprit-elle en lisant. Je lui parle avec des mots en Alikir, alors elle m'écrit aussi sûrement dans sa langue, mais ...
— Du Llandreri.

Son regard se relevait vers celui de son mari, désormais quelque peu obscurci.

— Ce doit être une Alfar.
— Ce qui explique les propos qu'elle me tient, hein ? Ma foi ... J'imagine que ce n'est pas mauvais pour moi d'entretenir une correspondance avec une personne dont la cité demeure en retrait et où les étrangers ne sont pas particulièrement bien vus. Surtout dans les circonstances actuelles.
— C'est certain.

Neah apprenait comme il pouvait le langage de la Majestueuse pour ne pas se laisser dominer si les Alfars voyaient d'un mauvais oeil l'installation future de Rivellon. Comme elle avait appris le Niséis avec Érina en s'entraînant avec lui par le passé, il lui avait promis de le lui enseigner plus tard et ce, pour une unique raison ; contrairement au langage des Orines, celui des Elfes Noirs était loin d'être compréhensible dans la mesure où la Canine Blanche n'avait aucun professeur et uniquement des mots approximatifs issus de certains livres de base.

— A moins qu'elle ne m'ait écrit une insulte ... ?
— En aucun cas. Cela semble être un dérivé du mot rêverie.
— Oh ! Elle m'a chantée la mélodie, tu veux l'écouter ?
— Pourquoi pas.

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Lyn í Faro,

Je peux vous assurer qu'avant d'être là où je me tiens, je n'étais rien. Un grain de sable dans un immense désert de talents, une enfant qui a appris la dureté de la vie aussi brutalement qu'un verre se brisant au sol. J'ai essayé d'être vertueuse dans un monde hostile dans l'espoir fou d'obtenir un bonheur simple dans une existence simple ... J'imagine que l'on y aspire tous. Et comme de nombreuses personnes, la désillusion n'en a été que plus vaste. J'ai vite compris qu'une vie de simplicité dans un monde de combats et de dangers ne m'apporterait rien. J'ai essayé de faire avec ce que j'avais à l'époque ... Je mentirais en disant que je n'ai pas été extrêmement chanceuse sur certains points de ma vie. Si l'on me nomme Iskandar, c'est parce que pour les miens, je suis l'illustre héritière spirituelle d'un ancien chef méritant. Un peu comme une lumière dans l'obscurité.

Écrire cela peut paraître arrogant, mais c'est ce que j'aspire à être pour agir selon mes règles et protéger selon mes codes. Maintenez votre cap pour accomplir vos objectifs. Si vous avez un but, ne vous y soustrayez jamais, peu importe la dureté de la route et les détours empruntés. J'imagine que vous devez penser que je suis bien gentille de vous encourager, mais que je le fais uniquement pour avoir bonne conscience ; mais si on ne m'avait pas donné ma chance, à moi aussi, ça n'aurait pas été si simple non plus. Je ne vais que rendre ce que l'on m'a offert, c'est ainsi que le veut l'équité.

Si vous craignez le nid de vipères avec raison, n'hésitez pas à devenir une vipère encore plus redoutable. Et si vous faites des erreurs que personne n'oublie, n'oubliez jamais celles des autres pour affûter vos armes personnelles. Prenez votre temps, même si l'on vous dit que vous êtes lente, parce que rabaisser les autres pour cacher ses faiblesses est le propre de ceux qui ont peur. J'en sais quelque chose pour le subir et l'avoir fait subir aussi. Un conseil, ne le faites pas, de sorte qu'on ne puisse jamais rien vous reprocher directement.

Je vous souhaite une belle réussite dans votre expression musicale, de ce que j'en écoute, c'est sur la bonne voie pour être interpréter dans des concours. Je ne pratique aucun instrument, contrairement à mon époux et me contente d'en apprécier la saveur. Par ailleurs, je crois que j'ai trop de passions dans la vie pour être raisonnable ... Je dirais que mes principaux centres d'intérêts actuels sont la danse et les arts Joailliers. Dessiner sur le papier de futures créations apaise mon esprit et les voir prendre vie, c'est comme créer une chose unique. Quant à la danse, la pratique avec mon partenaire me fait oublier tout ce qui existe ... On dirait que ma troisième passion dans la vie, c'est lui ! Et vous, êtes-vous mariée ? Avez-vous des enfants ? Ou bien ce n'est pas pour tout de suite ?

En espérant que cette lettre vous trouve en bonne santé,
Iskandar.

P.S. ; J'ai presque failli oubliée, si vous avez reçu un rapport d'ordre médical, il s'agissait de moi. Je l'ai rangé dans l'écritoire en ne pensant plus à la possibilité que le texte disparaisse ...

Post III - 1070 mots

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Échapper à ses Cauchemars

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Suspicieux, le Capitaine observait l'écritoire de son oeil acéré en essayant d'y déceler quelconque malice rattaché à l'objet, mais sa magie se contentait de taper dans le vide. Il était habitué à désamorcé des pièges de ce type, alors soit l'enchanteur était doué, soit ce dernier était un Ange et nul danger ne viendrait les prendre par surprise. Il n'y avait aucune raison non plus que cela résiste à son inspecte ou au Ma'Ahid de son Humaine. D'un autre côté, cela ne le rassurait pas pour autant maintenant qu'il savait la vérité ; son interlocutrice était une Alfar. Et ces être-là étaient retors, même si Mancinia y voyait clairement une opportunité, ce ne serait pas l'avis de l'autre derrière ses lettres élégantes. L'étaient-elles un peu trop pour une Elfe Noir ? Sans doute.

— Ne songe pas à mettre le feu à mon bureau, s'il te plaît.

En contraste avec sa suspicion, l'Humaine était détendue en nouant ses cheveux avec un ruban pour les rehausser en s'approchant de son mari, debout devant le bureau.

— Ta sécurité est importante pour moi.

Ça sonnait comme une inquiétude, mais l'aveu était vibrant de sincérité. Mancinia se demandait souvent ce qu'elle craignait dans la vie avec un tel chevalier servant, prêt à accourir à sa demande, elle qui, pourtant, était loin d'être en sucre.

— Si cette Alfar tente de t'empoisonner avec un parchemin ensorcelé ...
— Il ne me fera pas d'effet, tu le sais.

Ils sentaient venir cette conversation, celle où ils demeureraient sur leurs positions. La Marquise avait conscience de détenir un Don défiant toutes les magies nocives de l'atteindre, mais son Ange pensait certainement qu'elle se surestimait. Sans doute était-il dans le vrai. À moins que ce ne soit sa crainte de ressentir, une énième fois, leur Lien se fracturer complètement ... Ce n'était pas une impression agréable.

— Elle ignore qui je suis et même si elle venait à découvrir que je suis une Humaine, quoi ? Elle ne m'écrira plus ? Elle ne le fait pas très régulièrement, d'ailleurs, soit la boîte est capricieuse, soit son manque de temps est flagrant. Je vis très bien sans tout cela. C'est juste que ... Comment te dire ?

Mancinia croisait les bras, cherchant les mots justes pour s'exprimer.

— J'aime bien converser avec les autres sans qu'il n'y ait de préjugé sur moi uniquement en raison de ma race.
— ... Je le sais bien. Je suis sans doute un peu trop préoccupé.
— Tu as peur de m'oublier si tu te consacres au reste de tes tâches ? demanda-t-elle en riant, tandis qu'il détournait le visage, probablement gêné. Je reviens du Palais. La Reine souhaiterait que je sois en charge de la défense du prochain Bal d'Encens.
— ... Pourquoi si soudainement ? demanda-t-il, surprit.
— J'imagine qu'elle veut voir si la Matasif Leenhardt a évoluée depuis sa première fois.

Mancinia était pleine d'entrain et de fierté, Neah ne voyait qu'une énième tâche dans une pile déjà précaire. Scylla souhaitait la tester, certes, mais ...

— Est-ce nécessaire ?
— C'est important pour moi d'être membre organisateur du Bal d'Encens, Neah. C'est là que l'on s'est réconciliés, tu te souviens ? Je t'avais pleinement accepté comme Gardien, mais surtout, c'est là où je me suis rendue compte que ...
— Je t'aimais.

Ils l'avaient dit avec une synchronisation parfaite.

— Ah ah ! C'est sans doute la preuve que cela marche réellement !

Puis, elle se penchait vers lui pour l'embrasser.

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Lyn í Faro,

Comment vous portez-vous ? Je n'ai pas eu de nouvelles depuis ma dernière missive, je me disais que cela faisait un moment. J'espère que vous allez bien et que vous avez réussi à concrétiser vos projets.

En ce qui me concerne, j'ai été mandaté pour travailler lors du Bal d'Encens qui se tiendra chez les Humains dans quelques mois. Cela demande beaucoup d'organisation dans mon domaine. En avez-vous déjà entendu parler ? Et, à tout hasard ... Est-ce que vous y serez présente ? J'aimerais beaucoup vous rencontrer, ce sera peut-être l'occasion, même si je comprendrais que ce ne soit pas possible, ce ne sera que partie remise.

Au plaisir de recevoir votre réponse,

Iskandar

C'était un envoi court, mais elle ne savait pas quoi écrire à une personne aussi muette qui devait vivre à des années-lumière de sa propre existence. En raison de leurs échanges passés, l'Humaine la voyait comme une adolescente qui n'était pas encore capable de savoir quel était son chemin. Qui sait si elles ne deviendraient pas des alliées, à l'avenir ? Autant se laisser une chance, après tout.

Post IV - 820 mots

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Échapper à ses Cauchemars

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Lyn í Faro,

Cela faisait un moment depuis ma dernière missive, n'est-ce pas ?

Il m'arrive de me demander comment vous allez en observant cet écritoire, vu le temps qui s'est écoulé depuis notre dernier échange. Peut-être êtes-vous mort et mes mots ne touchent que votre fantôme. Est-ce que cela vous amuse de me voir insister, ou cela vous agace-t-il très profondément ? Je n'ai pas la réponse, mais je vais profiter d'écrire ce qu'il me passe par l'esprit. Vous serez mon journal. Qui sait si je ne révèlerais pas mes secrets ? Vous pourriez vous vanter de détenir des éléments importants sur quelqu'un de puissant, en essayant peut-être de m'égaler. Parce que cela est vrai ... Je suis monstrueuse.

J'essaie d'imaginer votre surprise, ou votre levée d'yeux vers votre plafond, c'est selon.

Ha ! J'imagine que ma race ne me destinait nullement à exceller, encore moins à briller sur la scène que l'on se construit tous ensemble pour y danser, avant de tous y mourir. Pourtant, j'y suis l'une des actrices les plus adulées de ces dernières années. J'imagine que mon statut, élevé avec les ans, en est la cause principale. Que ma richesse, si colossale, les éblouit tous avec intérêt. Et que mes succès les rendent envieux au point de me voir basculer dans une chute aussi spectaculaire que retentissante !

J'ai tout pour moi, c'est une vérité, mais cela n'a pas toujours été le cas, ça aussi, c'est une vérité.

Je n'avais rien. Je ne savais rien. Je voulais être la citoyenne la plus modeste qui soit, remerciant chaque soir Drejtësi d'être en vie. Et quand la Guerre a éclatée, j'ai pris les armes. Pour mon peuple. Pour ceux qui ne pouvaient se défendre. J'étais pourtant moi-même dans la moyenne. Mon peuple ... J'étais prête à lui consacrer ma vie. C'était une sorte de révélation. Pour autant, rien n'était jamais assez bien pour ceux qui évoluent en dehors de notre cercle. J'ai ainsi prit une décision. J'allais atteindre une haute position pour que tous me craignes. C'était le seul moyen d'avoir un minimum de respect. Du respect hypocrite, quelques fois sincère, mais rarement gravé dans la roche.

Je n'ai eu aucun moment de répit. J'ai dû me consacrer à des cours de sciences politiques, militaires et d'histoire, maîtriser différents arts, tout en restant cultivée et informée des dernières tendances. M'essayer à de nouvelles langues, de nouvelles étiquettes ... Je m'inflige une vie rigoureuse, parfois inhumaine. Pourtant, je tiens mes objectifs, plus ou moins. Mes échecs me forment tout autant, après tout. Je me suis découvert une passion concernant la gestion ; attribuer des missions à mes employés, investir dans la recherche, améliorer mon environnement de travail et élaborer des stratégies lors des simulations de combats. Tout cela est si gratifiant. J'ai l'impression de boire à la source d'un océan qui jamais ne me satisfait.

Tout cela a payé.

Je suis autant crainte que respectée. Oserais-je dire qu'on m'idolâtre ? ... Oui, écrivons-le, ce ne sera qu'un morceau de papier dédié à mon ego, que personne ne devineras pour autant. Pourtant, j'ai offert plein d'indices. On continue ? Je suis certaine que vous allez le deviner.

Regardez. Malgré ma haine et ma rancoeur, toute cette merde sombre qui m'engloutit parfois, mon souhait est d'aider tout le monde. Je veux faire le bien et rendre les gens heureux, que l'on accepte les miens dans la société, à leur exacte place. Pour autant, ce n'est pas une raison pour être arrogante et croire tout acquis, peu importe l'idée que l'on m'idolâtre ou non, ce n'est pas une raison pour sombrer dans le luxe et la paresse. Je n'ai aucun nom de famille derrière lequel me cacher. Je dois toujours être audacieuse dans mes décisions commerciales. Je ne dois pas faillir pour ne pas déshonorer ce que je veux chèrement protéger. Je dois rester moi-même, humble en dominant le reste.

On ne m'a jamais qualifié de mauvaise personne. Je ne suis pas exempt de défauts, j'ai même commis des fautes grossières, mais la jeunesse forme l'esprit de l'adulte, l'essentiel est d'en tirer des leçons et de devenir si irréprochable que l'on ne vous reproche plus rien tant que vos paroles font sens. Le monde extérieur est si vaste. Prenez vos bagages et allez-y, la liberté est une chose précieuse. Il faut avoir de la chance pour découvrir ce monde aux possibilités infinies.

Alors ... Que diriez-vous de venir me voir directement pour voir si ce que je dis est vrai ?

Voyons voir si vous êtes une personne audacieuse, ou simplement peureuse.

Venez là où c'est évident, demandez qui je suis, vous aurez votre réponse.

Iskandar, l'Enfant de Sympan

Post V - 830 mots

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Échapper à ses Cauchemars

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Je ne peux rien redire à vos délicates paroles, Lyn í Faro. Vous manipulez les mots avec une aisance rare, cela se ressent. Je ne peux que vous pardonnez, vu qu'il m'arrive également de commettre des erreurs. C'est en trébuchant que l'on apprend, après tout, cela arrive plus souvent qu'on ne le croit. L'essentiel est de ne pas se rompre le cou dans la chute.

Je ne suis pas étonnée d'une telle méfiance. À dire vrai, je n'ai pas cherché aussi loin que vous, puisque si l'on m'a remis cet écritoire et qu'il marche dans ma situation, c'est qu'il est d'une création puissante et ... J'imagine que je suis assez arrogante d'imaginer qu'aucun sort ne m'atteindra par son biais. Mon cher et tendre m'avertissait à outrance d'un éventuel danger, mais je m'en riais, à son grand désarroi. Que pouvait me faire un bout de papier si je ne divulguais rien ? Vous aussi, vous auriez pu me mentir, mais cela n'aurait apporter aucun bénéfice. Ceci dit, un médecin connaît très bien les plantes, n'est-ce pas ? J'aurais pu empoisonner ce parchemin que vous lisez en le trempant dans une mixture douteuse. J'ai les moyens de le faire, mais pas d'inquiétude, vous êtes une interlocutrice bien trop intéressante pour cela. Et je n'aime pas tuer gratuitement.

Pour le reste ... Je suis une Enfant de Sympan et vous pourriez être plus proche de mon identité que vous ne le pensiez. Je vous laisse venir le découvrir. J'avais laissé des indices, mais c'est vrai que la magie se désagrège en notre présence, il est donc difficile de croire que j'ai en ma possession un tel artéfact. Je suppose d'ailleurs qu'un Ange est à l'origine de sa conception, de sorte qu'aucune vilénie ne soit en mesure de le traverser, ou ne soit détruite avant que vous n'essayez.

Et au-delà de tout ceci, qu'est-ce qui empêcherait les Humains et les Alfars d'entretenir des correspondances ? Il est vrai que nous ne sommes pas connus pour l'amitié que nous nouons avec la magie et que nous devons être désagréables en raison de l'affinité que vous avez, mais nous sommes des êtres respectueux de la nature. J'imagine que beaucoup ne voit que l'aspect vert et bénéfique de la chose, mais les ignares qui en jugent l'aspect hostile ne savent juste pas voir plus loin que le bout de leur nez. Je vis dans le Désert, savez-vous combien elle est aussi mortel, sur des aspects différents, de ce qui se trouve dans la Forêt des Murmures ? Que toutes les plantes que l'on peut considérer comme mauvaises peuvent être des remèdes pour nous ? Je suis certaine que si l'on abattait certains murs, nous vivrions plus en harmonie, mais ce doit être idéaliste. Je suis la première à croire que le monde irait bien mieux si la magie s'éteignait. Elle facilite certainement la vie sur beaucoup de points, mais mon peuple est rejeté et considéré comme méprisable parce que nous en possédons son exact opposé. Nous aurions des moments dur, mais nous devrions être en harmonie bien plus que nous le sommes, non ? C'est une conclusion ... tout autant simpliste que mes idées, pas vrai ?

Assez de sérieux pour cette lettre. Je suis curieuse de savoir qui est cette personne ? Est-ce un bon ami ? Une excellente amie ? Ou ... Est-ce l'amour de votre vie ? Oui, il m'arrive d'être très centrée sur ce sentiment, ce doit être mon petit côté fleur bleue. Je nage en plein Conte de Faes, de mon côté, alors je trouve que c'est le sentiment le plus merveilleux du monde, quel qu'en soit la forme. Je ne peux vous souhaitez que la chance d'éprouver cela ! Tiens, en parlant de Conte, avez-vous entendu celui qui fait fureur en ce moment ? C'est une série en plusieurs tomes, avec de multiples annexes rédigées par les Faes - elles savent comment se faire de l'argent avec le succès. Le premier volume de l'ouvrage se nomme Le Royaume de Lieugro - Le Vieux Roi. Ce n'est pas vraiment mon type de lecture habituel, mais il est primordial de se tenir informer des dernières tendances, dans mon milieu. C'est une histoire de complots, d'assassinats et d'adultères dans tous les sens. Je ne dis pas que ça vous intéresse parce que vous vivez avec les Elfes Noirs, mais c'est fort à la mode ... Je ne sais pas si vous avez accès à des livres de cet acabit, là où vous êtes, mais si jamais, je pourrais vous envoyer une copie, si l'écritoire le permet.

Eh bien, oui. J'ai hâte de vous rencontrer. Ce ne sont pas les célébrations qui manquent dans notre pays, alors n'hésitez pas à venir prendre part à l'une d'elles ! Certes, il arrive que les étrangers ne soient pas les bienvenus, mais j'imagine que l'on pourrait surmonter nos différences si l'on y consacre du temps. Comme on le fait maintenant.

Dans l'attende de votre prochaine missive, restez prudente sur votre santé !

Votre seule et unique Iskandar

Post VI - 880 mots