« Sans combat, pas de victoire. Alors bats toi ! »

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Le grand blond avec une chaussure noire engagea une pièce sur l’échiquier. Ce pion — à l’effigie d’un Démon — se déplaça sur les cases d’à côté en formant un L. Il tendit sa lance dans une posture robotique, déstructurant complètement le gardien d’en face. Son tour terminé, son adversaire bougea à son tour la pièce maitresse de sa défense ; un chevalier chevauchant sa monture et exterminant à lui seul trois jetons consécutifs. Un carnage qui s’accompagna d’un cortège, puisque le contradicteur ajusta son tir d’une seconde salve qui annihila sa dernière ligne, celle-ci favorisant à protéger son cœur, et donc son ultime point de vie. Sa défaite se matérialisa sous l’effet d’un souffle qui projeta sa belle crinière dorée vers l’arrière. Malgré une stratégie d’Enfer étudiée et corrigée trois nuits durant, cette procédure ne convenait pas idéalement aux Démons. Marqués d’imperfections, il comprenait l’ampleur de la solitude endurée par les généraux de guerre. Cette simulation — à titre indicatif — avait servi à appliquer des données analogues à celles qui prirent place pendant la purge. Bilan : les pertes étaient équivalentes, sinon supérieures à celles que l’on estimait au cours de ce désastre. Ravagé par la colère, l’homme dévasta le plateau avec virulence qui se volatilisa dans une volute de fumée. Croisant les bras, il bougonna dans sa barbe avant de réaliser le labeur qui l’attendait.

Ses pupilles se dirigèrent inconsciemment à destination d’une lettre blanche. « T’as pris ta décision à propos de ça ? » Deccio se leva de son siège, attirant le bout de carton entre ses phalanges. Recouvrant les mots de l’invitation à participer à un jeu, il glissa la carte dans la poche avant de son veston. « Qu’est-ce que tu crois ? Je ne peux me permettre de décliner un défi. Les flammes avides de la compétition, l’engagement d'une glorieuse distinction, un combat acharné pour la consécration. On dirait que celui ou celle qui m’adresse ce message s’est directement introduit dans mon esprit. » « Tu penses avoir tes chances ? N’oublie pas que la réalité virtuelle met tout le monde sur un même pied d’égalité. Un Mādiga, pour ne pas dire un nouveau-né, pourrait t’éclater sans aucun respect. » « Je ne participe jamais sans avoir les moyens d’en sortir victorieux, tu le sais bien. De plus, l’inverse est aussi envisageable. Si je m’y prends bien, je pourrais devancer un Seigneur. Ou qui sait, le roi en personne. Et ça, c’est plutôt palpitant. » Kattale, l’empire des distractions en tout genre. Ici, on ne minaudait pas avec des bouquets de fleurs, et les strip-pokers se terminaient rarement aussi bien qu’avec du tissu en moins sur les genoux. Ce qu’ils impliquaient ne convenait pas aux petits joueurs. Les gagnants raflaient généralement tout, tandis que les perdants ne pleuraient pas seulement leurs biens. Ils égaraient plus que ça, et bien plus que des notions abstraites tels que l’honneur ou la fierté. Rien de tout cela ne s'appliquait à la règle qui gouvernait ce monde où l’ennui n’avait pas son mot à dire. Agité quant à l’idée de commencer, le Vil se hâta jusqu’à l’endroit où prenait place cette projection équivoque. Il suffisait de s’armer d’une paire de lunettes sur le visage et la simulation faisait le reste. Dès lors sur le bout du nez, les corps des utilisateurs aussi exposés soient-ils fussent protégés des ennemis extérieurs. De sorte, ils pouvaient partir l’esprit tranquille et donc le focaliser dans le monde virtuel.

En lançant le viendeztousdansnotremondemagique.exe, le logiciel planta. Ah ben tient ! Voilà qu’une mise à jour vint l’importuner. Ce n’était carrément pas le moment pour ça. La plupart du temps, elles mettaient des plombes à arriver à terme. Celle-ci ne fit pas exception, puisqu’elle s’interrompit à la toute fin, sans possibilité de surmonter les derniers pourcentages. Deccio tapa dessus à plusieurs reprises et étouffa un juron avant de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]finalement rebooter le bordel. Avec un peu de chatte, il y aurait peut-être moyen de glitcher, qui sait. Vint l’étape tant attendue du choix de l’avatar qui consistait en une décision bien plus délicate qu’elle ne le laissait paraitre. En effet, il illustrait le dilemme cornélien ; celui de jeter son dévolu entre une apparence hideuse, peut-être moins sujette à attirer le regard sur lui et par extension lui permettre une plus grande marge de manœuvre, ou bien saisir l’opportunité de relever un plus gros challenge en revêtant une esthétique plus fringante et attractive, parfaite pour subir les foudres de ses comparses. Après réflexion, il opta pour la seconde suggestion en épousant celui qu’il qualifiait de plus sculptural. Avec un tel engin, il aurait l’impression de pouvoir défoncer quiconque se trouverait sur son passage. Pour le reste, il inciterait son exubérance naturelle à agir, et surtout son éclatante désinvolture. Il botterait des culs comme ça et pas autrement. Habitués à endosser des rôles secondaires, les Démons avaient cette particularité de se fondre n’importe où avec une décontraction déroutante. Ça y est, le jeu allait pouvoir commencer. Handsome Bowser entrait en lice.


862 mots | Post I

Les jeux de Kattale

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Le garçon n’était pas content. Une moue boudeuse sur les lèvres, il toisait le bâtiment en face de lui. Peu impressionné par l’architecture de l’édifice, il ruminait sa déception. Rien de particulier n’émanait de ce dernier, et à vue d’œil, il aurait tout aussi bien pu s’agir d’une ferme ou du chaleureux foyer d’une famille des environs. L’élégance de la pierre le touchait rarement ; peut-être parce que depuis l’incident, il vouait une haine farouche aux minéraux. La honte de sa blessure couvait dans ses entrailles, à la manière de braises qui refusaient de s’éteindre. Au cours de ses pérégrinations pour retrouver Mara, il avait entendu une conversation au sujet d’un jeu, et puisqu’il entretenait une passion dévorante pour ces derniers, il avait foncé tête la première en direction de Kattale, Enfin, foncer était un bien grand mot. La cité se trouvait à des lieues de son point de départ, et il lui avait fallu des semaines de marche pour y parvenir. En tant que chair à canon indisciplinée, il ne disposait pas du luxe d’un carrosse, et sa jeunesse le privait de l’usage de ses ailes. En chemin, il s’était perdu à plusieurs reprises, si bien qu’il avait pensé ne jamais trouver la ville, et il avait dû marchander avec d’infâmes individus pour acheter des chaussures à un prix raisonnable. Ses semelles avaient la fâcheuse manie de se percer en un temps record. Par ailleurs, il n’avait pas jugé bon de tenir son supérieur informé de ses déplacements, et il savait qu’à son retour, il recevrait une jolie paire de claques. Quant à savoir s'ils les méritaient, la suite le lui dirait.

Pour l’heure, il ne s’inquiétait pas le moins du monde des conséquences de sa désobéissance. Avec méfiance, il observait les allées et venues des invités. L’un d’entre eux l’avait au passage bousculé sans ménagement, et il avait dû se retenir de lui en coller une. Son gabarit l’en avait dissuadé ; la piqûre d’un moustique ne lui aurait pas fait plus d’effet que ses coups. Loin de se sentir au mieux de sa force, il maudissait la fragilité de ses membres. Des courbatures lui percutaient les jambes, et le simple fait d’imaginer devoir se secouer les méninges pour remporter une manche lui occasionnait une migraine. Sa prochaine action soulevait des questionnements sous sa tête blonde. Ne ferait-il pas mieux d’aller se coucher, et d’oublier toute l’affaire ? Avant d’arriver sur la place, il avait aperçu une auberge que les clients désertaient, et il rêvait de s’oublier dans la chaleur d’une couverture. Existait-il un moment plus délicieux ? La paresse avait toujours été son premier amour, et il n’aimait pas s’arracher à la douceur de ses bras. Néanmoins, avoir dépensé autant d’énergie pour finalement préférer le confort d’un matelas à la compétition qui s’annonçait lui sembla absurde. Appuyé par la curiosité de l’enfance, son raisonnement pencha en faveur de l’évènement. Sa silhouette maladroite se glissa dans l’entrebâillement de la porte. Avec un peu de chance, il n’arriverait pas le dernier. La ponctualité lui tenait mystérieusement à cœur.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Contre toute attente, on lui avait plutôt réservé bon accueil. Assis face à un outil dont il ignorait s’il s’agissait d’un outil de torture ou d’un instrument de musique, il avait suivi les instructions de son hôte. D’abord timidement, il avait poussé des touches au hasard. Et puis, ses méninges avaient fini par comprendre à quoi correspondaient les flèches. On lui avait demandé de choisir un nom, et de prendre les traits d’un personnage. Longuement, il avait réfléchi à la question, avant qu’un sursaut de malice n’effleurât son esprit. Alors, jouissant de cette pleine liberté, il avait voulu savoir ce que ça faisait, d’être dans le corps d’une femme. Mara disait toujours que c’était une partie de plaisir, surtout après une dure journée de travail. Lui ne voyait pas ce qu’il y avait de plaisant, à se trimballer avec des ballons sur le torse. Pour les maintenir, il avait l’impression de devoir se tenir exagérément droit, comme si quelqu’un lui avait enfoncé un balai dans le cul. Son appendice lui manquait : il avait la sensation d’avoir perdu quelque chose, et se demandait sincèrement comment il allait pouvoir se soulager, si le besoin se faisait sentir. Ces pensées le dégoûtaient, et il commençait à craindre que sa métamorphose ne déteignît sur son caractère. Néanmoins, peut-être le jeu en valait-il la chandelle. Aujourd’hui, il serait Louve, et s’il parvenait à remplir son rôle, son nom figurerait parmi les légendes. C’était ce qu’il se disait, naïvement. Il espérait surtout qu’il y aurait des morts, et que s’il arrivait au bout du parcours, il aurait droit à un gâteau.

787 mots | Post I

Les Jeux de Kattale

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Otello n’aimait pas l’Enfer. La dernière fois qu’il y avait mis les pieds, il y avait laissé un morceau de sa belle cravate et de son pantalon préféré. Les créatures qui y vivaient lui semblaient vraiment cruelles et mesquines. Lui, ce qu’il aimait, c’était la porcelaine raffinée et les tissus d’exception. Il aurait fait la guerre pour se procurer les œuvres de certains artistes. Il avait d’ailleurs récemment visité un musée qui l’avait laissé sur les fesses, déjà parce qu’il s’était cassé la binette dans les escaliers et ensuite parce qu’il était tombé amoureux des courbes des vases et des assiettes. Pour un Démon, il frisait la traîtrise comportementale. Loin d’aimer la violence pour la violence, son essence aurait sans doute être celle d’un Alfar. Il ne fallait néanmoins pas se méprendre : il restait méchant en bien des points. Simplement, sa méchanceté n’avait pas véritablement la possibilité de prendre une réelle importance dans un esprit aussi étriqué que le sien. Son cerveau, sans doute de la taille d’une boulette de papier, nourrissait certaines passions et devenait hermétique au reste, comme le mal. La porcelaine et les tissus prenaient toute la place. Rien d’autre n’aurait pu s’y entasser. Parfois, il en oubliait même pourquoi est-ce qu’il avait commencé à s’intéresser à la vaisselle. C’était d’un risible sans précédent, étant donné que la Dame Rouge avait occupé toutes ses pensées matin, midi et soir pendant un temps très long. Le souci c’est qu’il n’avait toujours pas réussi à la rencontrer, ni à rencontrer qui que ce fût dans la fameuse liste. Il se retrouvait donc comme un con, endetté jusqu’au cou, à errer dans le monde tel un mendiant. Heureusement, il avait des « amis ». C’était d’ailleurs eux qui lui avaient fait part de l’invitation de l’Asmodée pour des jeux à Kattale. Il s’en rappelait parce qu’il était en train de vider sa vessie, en se disant que c’était quand même pratique, ce tuyau qu’il avait entre les jambes. Alors qu’il l’observait, objet d’une expulsion, il s’était demandé comment est-ce qu’il aurait fait s’il n’avait pas eu de pénis. Est-ce que les filles pouvaient faire pipi debout sans s’en mettre partout ? Peut-être que la clef était une position un peu penchée en arrière, bassin en avant, accompagnée d’une pression prodigieuse. Il se promit de respecter profondément, non, même plus que ça : il se promit de devenir l’esclave de la première femme qu’il verrait faire pipi debout sans se mouiller les cuisses et les pieds. Bref. Alors qu’il pissait, il avait reçu la nouvelle des jeux de Kattale. Il s’en était foutu partout sous la surprise, la Collectionneuse lui revenant en mémoire, ainsi que son nouveau but de vie : devenir le domestique de cette dernière. Puisqu’il était pauvre et qu’il n’avait qu’un pantalon, il dut attendre de laver le tissu souillé et de le faire sécher avant de partir à la conquête de son futur statut !

Otello n’aimait donc pas l’Enfer. Pourtant, ce n’était pas l’Enfer qui réussirait à se mettre entre l’Asmodée et lui ; ce serait surement son manque de mémoire prodigieux. S’il avait pu croiser la Dame, il ne l’aurait sans doute jamais oubliée mais, en attendant, elle restait une figure abstraite et, donc, par conséquent, totalement illusoire. Elle n’était qu’une idée. Son envie était pourtant bien réelle. Si tel n’avait pas été le cas, il n’aurait jamais fait le déplacement vers un endroit qu’il n’aimait pas du tout. En plus, il n’avait pas compris grand-chose à cette histoire de Purge. Tout ce qu’il savait c’est que, lui, était tellement insignifiant que l’Œil n’avait pas daigné l’inviter lors de celle-ci. Il avait simplement eu de la chance de travailler dans l’extraction des œufs d’animaux ailés à ce moment-là, sinon il serait mort. Personne ne l’aurait regretté. Des siècles plus tard, peut-être aurait-on retrouvé un morceau de ses vêtements. Les archéologues se seraient sans doute interrogés, alors, sur les goûts douteux de leurs anciens. Heureusement pour la science, Otello était toujours vivant. Les jeux de Kattale allaient d’ailleurs remédier au néant intellectuel de son cerveau. Non seulement il allait changer d’apparence mais, en plus, il allait se retrouver doter de facultés qu’il n’aurait jamais pu imaginer.

Comme le Vil était un excentrique, il opta pour une apparence à son image, surtout au niveau des vêtements. Il adorait les habits particuliers, à motifs différents. Dans un corps ni homme ni femme, il se présenta affublé d’une chemise à rayures, d’une cravate et d’un veston. Ce qui aurait dû être un pantalon s’arrêtait à mi-cuisse et était étonnement bouffant, si bien qu’on aurait pu prendre ses fesses pour le bulbe d’une tulipe. Un collant rose fuchsia donnait à ses jambes un aspect appétissant. Ses chaussures finissaient par une pointe qui remontait en spirale. Plus léger qu’à l’accoutumé, il était également plus vif. Un énorme livre l’accompagnait, rempli d’indications sur la porcelaine. Il avait des oreilles d’Ygdraë et la peau sombre. Ses yeux bleus contrastaient avec l’ensemble. Il émit un petit rire espiègle pour toute introduction. « Bonjour ! Je suis la Clef ! Enchanté ! Du thé ? » Une théière apparut de nulle part, tenue par sa canne. Sur son livre, une tasse se tenait, avec sa coupelle.

872 mots

« Sans combat, pas de victoire. Alors bats toi ! »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les flammes dévorantes emmitouflèrent le corps musculeux de la bête noire ; l’avatar rêvé pour l’homme qui souhaitait toucher du bout des doigts — plus que quiconque — le soleil. L’ardeur de sa couche était au moins égale à celle de son esprit doué pour la compétition. De nombreuses personnes se trouvaient au sein de cet univers fictif ; des individus qui existaient pourtant bel et bien en dehors de cette réalité. Savoir qu’il ne savait rien, c’est ce qui faisait tout le sel de ce tournoi. Il mourrait d’envie de connaitre l’identité de chaque intervenant, et en même temps, il se délectait de cette part de mystère qui rehaussait l’enjeu de la partie à un tout autre niveau. Les conséquences varieraient certes énormément en fonction de qui se cachait sous le masque, mais son objectif resterait inchangé : il n’accorderait la victoire à personne. Quiconque se trouverait sur son passage se brûlerait les ailes, cette promesse excluant l’entremise d’une métaphore. Tous les protagonistes rassemblés dans une drôle de pièce, le superhéros incandescent détailla l’ensemble de cette architecture pour le moins singulière.

Des damiers de toutes parts, des escaliers à en perdre la tête et des portes à n’en plus finir ; une déco quelque peu équivoque sur l’imagination débordante du maitre de jeu. Élevant sa voix rauque, Handsome Bowser s'adressa à tous. « Ça vous dépasse déjà, bandes de déchets ? Pas de quoi rester bouche bée, il suffit d’emprunter celle-ci, je sens quelque chose derrière. » À vrai dire, tout se confondait, car toutes les portes dégageaient l’impression de contenir des trésors incroyables. Un semblant d’énergie ponctuait ces dernières, et aucune n’était identique à celle de sa sœur. Aux bras de son assurance, le défendeur de la justice donna un puissant coup avec son poing, fracturant la barrière qu’il passa ensuite. Une cassure dimensionnelle semblait se produire en son seuil, une débauche de couleurs et de formes toilant ce passage. Le corps de l’homme disparut derrière cette chose avant de réapparaitre à l’autre bout de la pièce, la tête en bas. Le visage crispé par l’agacement, le colosse pesta dans sa barbe, entreprenant la descente — ou la montée selon le point de vue — des escaliers, mais un drôle de phénomène se dévoila. Comme si la gravité et les lois de la physique avaient étés saccagés, il se retrouva de l’autre côté de la plateforme, sous une énorme voute qui menaça de s’écrouler. « Qu’est-ce que c’est que cette daube ? Puisque vous me cherchez des noises, vous allez me trouver. » Propulsant la tranche de sa main contre le pilier, la voute vacilla puis se déstabilisa. Mais elle ne céda pas, les morceaux de pierres errant impunément dans l’air. Cela confirmait sa théorie : ce qui déterminait les règles de ce monde ne présentait aucune similarité avec le reste. Ça ne ressemblait pas non plus à de la magie puisque le masque qu’il portait savait percevoir la plus infime de ses vestiges.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Qu’à cela ne tienne, le parangon poursuivit son exploration en empruntant d’autres escaliers, en ouvrant d’autres portes et en se mesurant à la déroute de ses allées et venues perpétuelles. Ce n’est qu’après avoir placé ses doigts sur le symbole modelé d’une plaque qu’il parvint à en extraire un objet prenant les formes d’un artefact. Il représentait une sorte de pyramide inversée sur laquelle apparaissait un orifice. En disposant la pièce manquante dans sa cavité, une lumière jaillissante activa un dispositif. Un bruit sourd déclencha l’ouverture de cette même porte, dégorgeant l’accès à une créature longiligne et menaçante. De dos, perché sur un crâne affermi lui-même fiché sur une souche, il ne laissait pas entrevoir son regard qu’il devinait aussi sombre que le charbon. Il se passait enfin quelque chose d’intéressant. Formidable. Usant de ses flammes en tant que réacteurs afin de retourner en bas tout en utilisant l’artefact en sa possession afin d’inverser la gravité, Handsome Bowser éclata de rire. « Laissez faire les pros et allez vous réfugier sous le jupon de votre mère, les bambins. À partir de là, ça devient trop chaud pour les amateurs. » La créature répondit favorablement au duel, sa charge intervenant immédiatement après. Ses pattes antérieures, bien que graciles, recelaient de grandes faux en son extrémité. Propageant un son de métal dû aux chocs des deux entités, le combat débuta sans tarder. Le propriétaire des flammes en propulsa à tout bout de champ, d’immenses colonnes éclosant dans le périmètre tandis qu’il s’exerça à balancer des boules de feu en direction de l’ennemi. Très agile et véloce, sa capacité consistait à façonner toutes sortes d’armes avec la matière qui composait son corps, ses faux en étant la principale démonstration.



796 mots | Post II

Les jeux de Kattale

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Loin de la table couverte de sucreries que le garçon espérait, un paysage tout à fait singulier s’ouvrit à lui. S’il lui avait d’abord semblé être plongé dans l’obscurité, la lumière éclatait dans la pièce où il avait émergé. De prime abord, rien ne valait la peine qu’il s’y attardât. Des formes blanches et noires saturaient son champ de vision. Dans le désordre le plus total, des portes et des arches y poussaient. Pas l’ombre d’une douceur ou d’une richesse à l’horizon. Son exploration visuelle prit malencontreusement fin lorsqu’une voix nasillarde vint lui chatouiller les oreilles. L’indésirable lui tendait une tasse de thé. Probablement empoisonnée. « Tu crois que tu vas m’avoir si facilement ? » D’un geste brutal, il envoya valser le récipient. Au lieu de se briser, la porcelaine s’enfonça dans le sol. Pas une éclaboussure ne maculait les carreaux. C’était suspect. De mauvaise humeur, Kai saisit son interlocuteur par le col. « Qu’est-ce que ça veut dire, t’es la Clef ? T'as plus l'air d'un Ygdraë que d'une clef. J’aime pas les Ygdraë. On ne sait jamais ce qu’ils trament dans leur foutue forêt. » Quel que fut le milieu, il savait que pour survire, il ne fallait accorder sa confiance à personne, et la générosité de l’inconnu lui apparut comme un affront. Ses prunelles descendirent sur l’objet qu’il tenait toujours. « Est-ce que c’est une arme ? » Relâchant son emprise, il s’empara de cette chose qu’il n’avait jamais vue.

Interloqué, le Démon examina sa nouvelle propriété sous toutes les coutures. Protégée par une matière étrange, elle ne paraissait pas pourvue d’un mécanisme de sécurité. Prenant son courage à deux mains, il déplia le tout, prêt à mettre au jour sa dangerosité. Toutefois, rien ne se produisit. Des gribouillis s’étalaient sur des plaques jaunies. Perplexe, il tenta vainement de les secouer pour en faire sortir le maléfice. Agacé de ne pas en comprendre le fonctionnement, il finit par l’abattre sur la tête de l’inconnu. « C’est pas bien dangereux. Garde ça, et évite de m’approcher, ou je te coupe les oreilles. » Ses traits se fendirent d’un sourire ; il espérait bien que l’avertissement ne découragerait pas son interlocuteur, et qu’il aurait l’occasion de mettre sa menace à exécution. Les oreilles ne comptaient pas parmi les parties du corps humain les plus grasses. Cependant, il s’imaginait pouvoir en tirer quelques pièces, sur le marché. L’heure n’étant pas à remplir son estomac, il s’engagea avec confiance dans un escalier. Celui-ci menait à une arche, qui, contre toute attente, le renvoya au pied des marches. Mécontent de passer pour un idiot, il donna un coup de pied dans le bois. Une vive douleur percuta ses orteils : il n’était pas habitué à la finesse de ses sandales. D’ordinaire, il ne portait d’ailleurs pas de chaussures. Il fallait de l’argent pour s’en procurer _ ou, à défaut, avoir l’adresse nécessaire pour en confectionner _, et il ne possédait ni l’un ni l’autre.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Retenant un juron, Kai aperçut une porte et décida de tenter sa chance. Avec méfiance, ses doigts se posèrent sur la poignée. Aucun phénomène inexplicable ne les emporta. Soulagé, il appuya sur le métal. Réduisant ses espoirs à néant, il se retrouva de l’autre côté. Le battant demeurait ouvert, sans qu’il n’ait changé de pièce. C’était à n’y rien comprendre. Reclus dans son ignorance, il refusait d’aller interroger les autres sur l’endroit où ils avaient atterri. Sa patience atteignant ses limites, il songea qu’une sieste l’aiderait probablement à y voir plus clair. En l’occurrence, il avisa le renfoncement d’un escalier qui lui sembla prometteur. À sa grande déception, un animal s’y reposait. Subjugué par la férocité de son allure, il s’approcha à pas de loups. Sa silhouette ressemblait à celle d’un poisson, ou d’un lézard amphibie. Un ronflement discret montait de son faciès de tigre. Malicieusement, il se hissa sur son dos. Ses phalanges caressèrent tranquillement la chair froide. Remarquant que la température avait brusquement augmenté, il éprouva l’envie d’ôter sa robe de lin. Avant qu’il ne fit le moindre geste, des explosions retentirent. Le garçon n’eut pas le temps de se demander ce qui se passait. Réveillée par le bruit, la créature se redressa soudainement. Un grognement peu engageant déforma ses babines. Désarçonné, il raffermit son emprise sur le cartilage pour éviter la chute. En réponse, elle remua furieusement, et, sans crier gare, se mit à courir en direction des autres. « Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! » Conserver, il ne prêta pas du tout attention. Son corps entra en collision avec celui d’un individu au visage enflammé. Ils s’écrasèrent ensemble sur le carrelage, et, dans la manœuvre, une mèche de ses cheveux partit en fumée. Cela sentait le cochon grillé, et la suite s’annonçait mal.

Post II - 760 mots:

Les Jeux de Kattale

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]S’il avait pu, Otello aurait placé ses deux mains sur ses joues et aurait crié d’effroi. Mais attendez… Qu’est-ce qui l’en empêchait ? Rien. Absolument rien. Je disais donc : Otello, outré du comportement de son interlocutrice, plaça ses mains - comme il put, parce que je vous rappelle qu’il était un peu chargé - sur ses joues, et fixa la belligérante d’un air catastrophé. En faisant ça, elle lui déclarait la guerre. Le seul souci à l’horizon était celui-ci : il n’avait jamais fait la guerre. Lui, à la base, récoltait les œufs d’animaux ailés au cœur des Terres Arides. Il n’était pas un Démon de compétition. Il était un Démon d’œufs. On ne se bat pas avec un œuf, sauf lorsqu’on essaye de faire une omelette et qu’un bout de coquille tombe dans la poêle ; mais nous disgressons. « Dis donc toi ! » fit-il, en plaçant ses mains sur ses hanches, tant bien que mal. Sa vis-à-vis ne capta pas la remarque, puisqu’elle lui posa une question. Qu’est-ce qu’il en savait, d'abord, ce que voulait dire le pseudonyme qu’il avait pris ? Est-ce qu’il lui parlait de ses cheveux ou de sa poitrine, lui ? Non, parce qu’on ne parle pas de seins à une femme. Ou alors, il faut qu’elle soit vraiment proche. Et Otello ne connaissait pas… Comment s’appelait-elle déjà ? Bref : il ne la connaissait pas. Parce que quand on ne connaît pas le prénom de quelqu’un, on ne peut pas dire qu’on le connaît, n’est-ce pas ? Alors, oui, certes, on pourrait disserter sur le type brun qui envoie toujours tout le monde dans des quêtes improbables ou dans des dîners apocalyptiques mais, bon, vous comprendrez que nous ne sommes pas là pour ça.

« Rends-moi… » Otello, la Clef, comprit qu’il n’allait pas entrer dans la serrure. Il n’était pas taillé pour. Pourquoi est-ce que je parle de serrure ? Non ce n’est pas lubrique. Je vous vois venir. C’est simplement que, voilà : parfois, ça rentre et parfois ça ne rentre pas. Là, ça ne rentrait vraiment pas entre eux. Le contact semblait difficile et, s’il était la Clef, elle n’était pas SA Serrure. Ce sont des choses qui arrivent. Tout le monde ne peut pas toujours s’emboîter à la perfection. Quand le feeling ne passe pas, ça passe pas. Elle devait être la serrure de quelqu’un d’autre, comme sa serrure devait… Oui bon, j’arrête, sinon on ne s’en sortira jamais. Otello donc. « Mais non ce n’est pas… Mais tu es vraiment… » Il soupira. Son personnage, à vrai dire, était assez clownesque. Ses manières étaient exagérées. Cependant, ça plaisait au Démon. Il aimait les individus excentriques - aussi parce qu’il l’était lui-même. S’il n’avait pas été une engeance du mal, il aurait sans doute cherché à faire carrière dans un cirque, bien que l’un n’exclût pas l’autre, n'est-ce pas, Grendel ? « MAIS AÏEUH ! » cria-t-il, lorsqu’il se reçut son livre sur la tête. « T’es vraiment pas très nette de la cafetière quand même ! » La menace du coupage d’oreilles fusa. Otello la prit très mal. Il aimait bien ses nouvelles oreilles. Il aurait d’ailleurs adoré les conserver après le jeu, même s’il se doutait que la chose ne serait pas possible. Tant pis. Il s’en ferait greffer par magie. Il lui suffirait d’aller dans un quartier malfamé et de trouver un « spécialiste ». Assurément, il se ferait arnaquer par un charlatan ou, plutôt, ce serait lui qui arnaquerait le charlatan. L’histoire du charlatan charlatané par le Démon sans le sou. Ça ferait fureur dans les écoles !

Comme la jeune femme était partie sans demander son reste, après avoir fait disparaître sa tasse dans les dalles du sol, Otello chercha un nouveau protagoniste à suivre. Le problème c’est que tout le monde semblait s’occuper et ne pas vraiment faire attention à lui. L’homme cheminée et le lapin avaient pris de l’avance. Pendant ce temps, le Démon était resté à regarder sa non-serrure le martyriser. Peut-être devrait-il songer à se venger ? Ou à incarner son rôle, au moins ? Oui. Il le devait. Surtout que ce monde recelait de magie. Ici, il était plus fort que d’ordinaire. Il fallait qu’il tire avantage de ce qu’il ne possédait pas dans la réalité.

Alors qu’il commençait à se diriger vers une porte, une étrange créature sortit de celle-ci. « Qu’est-ce que c’est que ce machin bizarre ? » Devant lui, juché sur deux pattes, se trouvait une sorte de cravate multicolore, comme celle qu’il aimait tant. Néanmoins, au-delà des goûts douteux du créateur de cette chose vivante, la cravate géante avait des yeux et une bouche. Ce que disaient ces traits, c’est que le vêtement n’était pas content. Peut-être que, finalement, tout était une question de clef et de serrure, de cravate et de chemise ? Pour que la cravate soit contente, sans doute fallait-il lui trouver une chemise à son goût ? À moins que ce ne fût un cou à étrangler qu’elle était en train de chercher ?

Pris par la peur, Otello fit demi-tour, entra par une arche, ressortit par une autre et finit par se retrouver nez-à-nez avec un monstre aux yeux mauves et l’un des participants. « Monsieur… Madame… Euh… Vous êtes un monsieur lapin ou une madame lapine ? » demanda-t-il, comme si c’était le moment de se soucier de cette thématique-là. « Vous pourriez peut-être m’aider avec ma cravate… » Oui, il était complètement déconnecté de la réalité - et, en fait, c’était le cas de le dire.

911 mots

Résumé:

« Sans combat, pas de victoire. Alors bats toi ! »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Des batailles comme celles-ci, il en ingurgitait tous les matins, et les chiait le soir même. Qu’est-ce qu’il en avait à foutre du reste ? Du moment qu’il dévergondait ces puceaux, qu’importe les états d'âme ambiants, ses mirettes ne voyaient que dalle en dehors de la créature et de ses flammes. Il s’amusait comme un petit fou, exploitant la flexibilité de ses propulseurs pour continuer de jouer avec sa proie. Tendant ses dix doigts vers l’avant en prenant soin de cibler la bestiole, le héros de brasier s’écria d’un ton solennel : « Burning Fingers ! » S'empourprant à leurs extrémités, les faisceaux écarlates coulèrent sur l’ennemi à une vitesse folle, le semant avec une violence inouïe dans le sol. Au même moment, un pic de glace se dressa derrière lui, prêt à lui asséner un coup de grâce en criblant directement son cœur. Sans sa réactivité et l’ardeur fugace de son corps, il serait lui aussi passé à tabac. Ce pic n’était pas un cas d’école, puisque plusieurs d’entre eux furent plongés dans le secteur ; leur racines semblant s’établir à partir des damiers de couleurs blancs uniquement. Quoiqu’il en soit, son adversaire recouvra peu à peu ses moyens en résorbant les trous dans sa poitrine. Non seulement il créait des armes par le biais de son organisme, mais en plus se régénérait grâce au même processus. Parfait. Une résistance moindre à des coups aussi anecdotiques l’aurait légèrement désappointé.

Se ruant de nouveau sur sa proie avant qu’elle ne daigne se ressaisir complètement, la cheminée foudroyante bouillonna au moins autant de l’intérieur que de l’extérieur. En accumulant toute la chaleur dans son poing, l’homme à la gueulante facile bombarda son plus beau direct en visant sa carcasse. Cependant, la créature s’octroya une paire d’ailes, cette acquisition lui permettant de s’évader de justesse. L’attaque de Handsome Bowser fit chou blanc, mais un immense crachin de glace s’écroula sur lui, obligeant le maitre des flammes à déclencher un bouclier flamboyant pour contrecarrer l’inondation providentielle. En dehors de la matière, cela ressemblait beaucoup à…  Mais pas le temps de théoriser, son adversaire profita de l’effet de surprise pour produire de longues tiges perforatrices qu’il esquiva à son tour en se propulsant vers l’arrière. « Incandescent Escape ! » Trop dans la précipitation pour le remarquer, d’autres apex rappliquèrent sur son flanc. Ramenant son bras pour restreindre les dégâts, c'est par l'ébahissement qu'il fut frappé dès l’instant où il constata que la texture de ces dernières ne lui causa aucun dommage. Aussi malléables que du caoutchouc, elles se contentèrent de lui rebondir dessus sans le heurter d’effets indésirables et insoupçonnés. Ce qu’il suspectait un peu plus tôt se vérifiait à présent. Ces carreaux étaient responsables des instabilités récentes. Quand quelque chose s’engageait à l’intérieur, les dalles changeaient non seulement ses propriétés, mais les commutaient également à partir d’une autre case, et probablement de façon aléatoire. C’est ce qui menait la plupart des concurrents à perdre le pied. Ingénieux et perfide, tout ce que les Démons prisaient.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Malgré cette information à prendre en compte, le gaillard et son némésis continuèrent à se battre à pleine puissance. Handsome n’y allait pas de main morte, libérant successivement ses plus viles techniques. « Red Parade ! » « Hell Storm ! » « Fries Pillars ! » « Balls Burners ! » Et ainsi de suite. En dépit de sa volonté et de son acharnement bestial, rien n’y faisait, c'est pourquoi il passa au niveau supérieur. Assouplissant ses articulations, il commençait à en avoir ras la patate. Intensifiant alors sa puissance de feu à dessein de tout calciner sur son passage, le colosse adressa une accolade à son cher et tendre. « Plus Ultra : hasta la vista, Baby. » Exténué, le padre revint au centre de la scène, observant avec fierté l'œuvre de sa crémation. C’est durant cette trêve qu’une participante eut la bonne idée de venir à sa rencontre. Enfin, façon de parler. En terme technique, on parlait alors de collision, et cette collision l’amena à perdre l’équilibre. Il s’agissait peut-être d’un fan un peu surmené. Pas de chance pour elle, il ne signait pas d’autographe, encore moins aux débiles. Se redressant séance tenante, Fireplace Boy appliqua sa grosse paluche sur la tête rousse de la rombière, resserrant doucement son étreinte sur son crâne. « T’as pas l’air dans ton assiette, petite. Laisse-moi te concocter un plat maison spécialement pour toi. Je l’appelle : le pot-au-feu des perdants. Il consiste en une légère rotation du plexus et ensuite… » Déployant toute sa force pour soulever le châssis frêle de la gamine, Handsome Bowser joignit la parole aux actes en effectuant le mouvement de balancement avec son bras, ceci afin d’établir l’élan implacable à son lancer. Une projection qui ciblait deux participants ; le type aux grandes oreilles et l’autre garçon aux grandes oreilles bis. « Tout ce qu’il te reste à faire, c’est d'te viander en beauté. » Une recette assez facile à réaliser avec pour finalité de préparer un magnifique civet de lapin. Après tout, le principe d’une compétition avait pour objectif de balayer tous les rivaux.  



858 mots | Post III

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Les jeux de Kattale

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Avant que d’avoir le temps de se relever, la jeune femme s’était sentie à nouveau soulevée dans les airs. Le choc contre le carrelage _ et contre l’imposante stature de l’homme aux explosions _ l’ayant quelque peu sonnée, elle ne réalisa pas le sens de ses propos. Percevant qu’il s’agissait plus ou moins d’une menace, la colère embrasa ses nerfs. « Ta mère ne t’a jamais appris que... » L’expression de son mécontentement prit brusquement fin. L’inconnu prenait visiblement l’endroit pour un terrain de jeu, et il avait décidé qu’elle serait la boule. Quant aux quilles, elles s’amusaient un peu plus loin, paradant devant des créatures. Dans leur insouciance, elles ne se doutaient pas une seconde du sort qui leur était réservé. Toutefois, ce n’était pas avec elles que Louve désirait en découdre. Avec toute la vigueur que ses mâchoires renfermaient, elle mordit la main de son ravisseur. Le sang lui chatouilla la langue. Satisfaite de son petit tour, elle enfonça ses canines plus profondément dans la chair : il n’avait pas très bon goût, et, en conséquence de son attaque, une langue de feu lui rôtissait la joue. Malgré la brûlure qui rongeait sa peau, l’habitude de ces dernières l’incitait à ne pas relâcher son emprise. Mieux valait ne pas avoir peur des flammes, lorsqu’on vivait en Enfer. Un jour, elle avait même manqué perdre une jambe en glissant près d’une coulée de lave, et la chaleur avait désintégré ses poils. L’aventure avait été terriblement excitante. Cependant, un orgueil nouveau s’enracinait en elle, et, à bien y réfléchir, l’idée que son visage fut abîmé l’insupportait.

L’initiative de la demoiselle ne suffit malheureusement pas à lui offrir la victoire. Trempé dans un acier dont elle ignorait la robustesse, l’homme ne se démonta pas, et donna le coup d’envoi de son entreprise. Propulsée à travers la salle, la jeune femme maugréa une quantité d’insultes à faire pâlir un Réprouvé. À la manière d’un oiseau sans ailes, elle agitait ses membres d’une façon grotesque, tâchant de ralentir l’inévitable. De son indifférence intemporelle, la gravité l’attirait vers une silhouette aux longues oreilles. « Hey, Lapinou ! Bouge tes fesses de là ! » Ce fut le moment où ses neurones choisirent de s’assembler pour lui rappeler la magie qui coulait dans ses veines. Frappée par une illumination que seule l’urgence inspirait, des végétaux surgirent du bout de ses phalanges. Tranchantes comme des rasoirs, des épines en piquetaient la surface. Avec la vivacité d’une plante grimpante, elles s’enroulèrent autour d’une arche pour lui assurer un appui digne de ce nom. Rétracter ces dernières lui permit de rallier la structure en toute sérénité, non sans avoir envoyé quelques remerciements au responsable de la découverte. Elle espérait qu’il apprécierait l’attention, et la toxine qui n’attendait qu’une éraflure pour prodiguer son amour. Loin de pouvoir se réjouir de la situation, elle sentit quelque chose déstabiliser son point d’accroche. Furieux d’avoir été dérangé dans son divin sommeil _ ô combien elle le comprenait ! _, l’animal paraissait l’avoir prise pour cible. À la seule force de ses pattes, il se projetait contre un pilier, faisant dangereusement osciller son perchoir. Le voir se démener ainsi l'amusait.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]D’excellente humeur, Louve se servit de ses nouvelles alliées pour glisser le long d’une colonne. Pourvue de réflexes vifs, et la gueule grande ouverte, la créature l’attendait en bas. D’un geste brutal, elle envoya un coup de poing sur le haut de son crâne, évitant de justesse ses crocs acérés. Admirative de sa férocité, elle décida de ne pas utiliser la magie pour le défaire. L’agilité de ses membres, et la bestialité qu’ils savaient manifester, lui suffirait à vaincre. Quelque peu sonné, son adversaire recula. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se jeter dans la bataille. Se démenant comme des furies, ils se lancèrent dans un concours de mâchoires claquantes. Le premier qui mordrait l’autre ne le lâcherait pas avant d’en avoir dévoré toute la chair. Pris dans leur jeu, ils en oublièrent malencontreusement la salle où ils se trouvaient. À plusieurs reprises, ils se cognèrent dans des portes. Enfin, lassé de ne pas attraper la souris, l’animal déclencha une ultime offensive. Prenant son élan, il se jeta avec violence contre la demoiselle. Emportée par la puissance de la bête, elle se sentit basculer en arrière. Ses dents se plantèrent à la naissance de la crête osseuse, là où les écailles laissaient place à une ouverture. Un bref sourire dévoila leur blancheur. Toutefois, la victoire ne fut pas sienne. Dans la manœuvre, ses fesses heurtèrent un carreau blanc. Attirée par une puissance contre laquelle elle ne pouvait lutter, elle disparut. Ou du moins, elle ressurgit au plafond, pas tout à fait certaine d’être toujours en vie. Son merveilleux corps lui semblait étranger.

779 mots | Post III

« Sans combat, pas de victoire. Alors bats toi ! »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le jeu en valait-il la chandelle ? Handsome Bowser se posait sérieusement la question. La politique, le pouvoir, une mention dans les papiers de la haute sphère, tout ceci avait une piètre importance pour le soldat de feu. Son seul intérêt dans cette course était la même pour la plupart de ses entreprises : la victoire. Il ne la céderait sous aucun prétexte, et surtout pas à ces sens-la-pisse. Depuis que cette roturière avait eu l’audace de le mordre, le héros s’enflammait davantage. Taisant la douleur, le visage fermé par la colère, le colosse balaya l'air devant lui pour créer une vague de chaleur et annihiler sa riposte. Et l’autre qui lui balança un couteau dans la poire, ça n’allait pas tarder à le gonfler non plus. En canalisant le feu dans sa main, il fit fondre ces derniers à haute température, réduisant l’espoir du lapin à néant. « Puisque je n’ai rien d’autre à faire, ça tombe bien. J’vais pouvoir m’occuper de ton cas, l’insecte. » Chaud comme la braise, l’homme à la moustache incandescente tira une flopée de salves sur son challenger. Ne la quittant pas d’une semelle, ses doigts intervenaient comme un viseur. Ne lui laissant aucune seconde de répit, il cherchait à l’exténuer afin de saisir la meilleure opportunité possible, son rire retentissant en écho dans cette pièce isolée. Il se fichait éperdument de ce qu’il touchait du moment qu’il entendait la chair flétrir sous ses assauts ardents. Parfois, il blessait la dernière créature en lice sans faire exprès, dérivant ensuite intentionnellement sur la femme pour éviter qu’elle se sente à son tour esseulé. Handsome plaidait pour l’altruisme, c’était là sa principale qualité.

Quant il en eut sa claque de combattre à distance, le colosse se dépêcha de rejoindre l’herbivore histoire de lui faire également gouter ses poings. « Tu prendras bien un peu de sel avec mon plat maison : le lapin braisé. » L’agilité de la créature rebondissante ne lui permettait pas de taper dans le mille comme il l’aurait espéré, c’est pourquoi il se servit intelligemment de ses flammes en les employant de façon à accélérer ses propres coups, devenant ainsi plus explosifs que jamais. S’il arrivait ne serait-ce qu’à l’atteindre une seule fois, il ne ferait aucun doute que ses os partirait en miettes. Pour autant concentré sur son œuvre de rôtir le lièvre, il n’en oubliait pas l’autre gourdasse sur laquelle il propulsa régulièrement des boulets de canon volcaniques. Très rapidement, l’Enfer qu’ils avaient tantôt quitté revint de plus belle tellement l’homme l’inonda de son enthousiasme érubescent. Il n’en avait plus rien à foutre, ni des coups qu’il se prenait en retour — largement supportables compte tenu de sa résistance — ni de la configuration impétueuse du terrain qui commença doucement à s’adapter aux circonstances. Couverts par les flammes sublimées de son art, Handsome ne voyait plus grand-chose hormis les portes et les escaliers qui s’effaçaient progressivement au profit d’un plateau arpenté par des champs, des montagnes et divers reliefs plus ou moins praticables.

Sur chaque petit continent qui venait de naitre, un autel constitué d’un socle apparut. Sur ces socles, des armes à l’habillage magistral laissèrent présager qu’elles ne servaient pas qu’à la décoration. Sans doute renfermaient-elles une puissance particulière qu’ils étaient censés devoir libérer d’une manière ou d’une autre. A vrai dire, le manieur de feu ne perdit pas trois quarts d’heure à raisonner sur le pourquoi du comment. Influencé par son avatar actuel, son caractère impétueux l’impulsa à s’emparer de l’une d’entre elles. Sur le chemin, il croisa quelques contestataires qui ne firent pas long feu. « Vous êtes loin derrière la jeunesse, j’suis pas prêt de vous céder le flambeau. » Pendant qu’il s’évertuait à clasher les autres concurrents, ses doigts entrèrent en contact avec le manche d’un sabre. Au moment où il renforça sa prise, une étrange sensation parcourra son échine, le déchirant de l’intérieur, comme si quelqu’un ou quelque chose venait de s’engager dans ses tripes. De même, un cristal géant germa de nulle part, réfléchissant une lumière étincelante. Un genre de lien spirituel se créa entre lui et ce joyau du néant. C’était donc ça. Déterminé à assurer sa protection, le mâle alpha fondit sur la rouquine à dessein d’abattre sa lame sur elle. « J’aime bien les flammes au corps svelte qui ont du caractère ! Accepte mon invitation à danser, et je te récompenserais d’un doux brasier. » Frappant à plusieurs reprises, il vérifia son hypothèse. En effet, plus il réduisait la vitalité de l’adversaire, plus le cristal s’endommageait en parallèle. Restait à savoir ce que sa destruction occasionnerait.




739 mots | Post IV

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Les jeux de Kattale

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Hélas, la première impression de Louve se vérifia rapidement. Au profit d’un hôte pour le moins singulier, l’élégance de ses mains avait disparu. Des formes grossières en dévoraient la surface, exhalant une odeur de terre et d’humidité. La moitié de son corps, d’ailleurs, s’était éclipsée, et ses jambes, loin de la finesse qui les caractérisait, s’étaient rassemblées en un pied fongique. La transformation avait quelque chose de grotesque. Humaine et champignon à la fois, elle se rendit compte que sa nouvelle condition la privait de la parole. Sa vision elle-même s’en trouvait affectée ; elle percevait désormais la pièce comme une sphère qui tournait autour d’elle. Par miracle, sa magie demeurait présente. Du chapeau des parasites sur ses doigts sortirent des ronces qui vinrent se ficher au sommet d’une arche. Leur solidité lui permit de s’arracher à l’emprise du plafond, juste à temps pour éviter une salve de flammes. En colère contre son assaillant _ n’était-ce pas sa faute si sa sublime silhouette disparaissait peu à peu ? _, elle décida qu’il serait le prochain sur la liste. En premier lieu, elle choisit de prendre soin de la bestiole qui l’avait si joyeusement envoyée valser. On ne traitait pas les femmes de la sorte. Alors que la créature approchait, déterminée à la priver à nouveau de son perchoir, ses mutilations révélèrent un précieux atout. Des spores tombèrent comme un nuage toxique, s’attachant aux bronches de la bête pour fêter leur renaissance. La victoire, cependant, n’avait pas de saveur pour la jeune femme. Aucun miracle ne s’étant produit, elle décida dramatiquement de se laisser choir, espérant se fendre le crâne contre le carrelage et se réveiller de ce mauvais rêve.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]À son grand étonnement, ce ne fut pas la douleur qui l’accueillit. Un tapis moelleux adoucit la rudesse de sa chute. En guise de réflexe, elle porta ses doigts à son visage. Les Aetheri avaient dû s’offusquer de l’affront fait à sa beauté ; le phénomène s’était évaporé sans laisser de traces. Considérablement plus guillerette, elle partit explorer les environs. Autour d’elle, des troncs nouaient leurs racines sous l’humus, et l’ombre des feuilles l’empêchait de voir le ciel. Un terrain qui lui convenait à merveille. Jouissant de la tranquillité des environs, elle ne tarda cependant pas à entendre des explosions. Fallait-il que l’enflammé croise systématiquement son chemin ? Distraite par une démangeaison à la naissance de sa poitrine, elle se détourna de son objectif un instant. Baissant les yeux, elle aperçut un bijou. Pour une pierre, il étincelait beaucoup. Une pointe de colère embrasa ses neurones. D’un geste rageur, elle arracha la chaîne autour de son cou. Sa poigne se referma sur l’objet. Contre toute attente, le motif s’imprima dans sa paume sans qu’elle ne puisse le détruire. Alors qu’elle s’apprêtait à le balancer plus loin, un troisième protagoniste surgit des fourrés. L’examinant une seconde, elle esquissa un sourire torve. « Dis, Lapinou. Ce type là-bas, il commence sérieusement à me les briser. J’aimerais lui faire passer l’envie de tout cramer. Les barbecues, c’est pas mon truc. » La chaleur de l’Enfer ne lui manquait pas, et elle ne tenait pas à ce qu’il anéantisse le sous-bois ; l’endroit lui paraissait suffisamment agréable pour qu’elle envisageât de s’y installer.

Pour convaincre l’inconnue de lui venir en aide, Louve décida de jouer sa carte maîtresse. Ses doigts dévoilèrent imprudemment le cristal. Intacte, sa surface luisait comme un rayon de soleil. Peut-être vaudrait-il une fortune, au marché noir. « Si tu m’aides, je te donnerais ça. » Avant que d’entendre sa réponse, elle replia les phalanges, et déposa sa monnaie d’échange dans une poche de sa robe. Lorsqu’une idée éclosait sous sa tête blonde, elle ne la lâchait avant d’avoir obtenu ce qu’elle voulait. « Je vais faire l’appât. Il n’y verra que du feu. » Sans aucune garantie de la coopération de la lapine, et intérieurement satisfaite de sa plaisanterie, elle pouffa et s’élança en direction de sa cible du jour. Ce dernier ne perdit pas une minute en galéjades, et lui souhaita la bienvenue à l’aide de sa lame. Désarçonnée par la brutalité de son attaque, elle encaissa tant bien que mal le premier coup. À l’abri du tissu, une fissure s’incrusta dans le bijou. Une large zébrure apparut sur son bras. « Sans vouloir être impolie, je préférerais aller faire la sieste. » Ayant ramassé un bâton en chemin, elle lui asséna un soufflet sur le crâne, espérant le déstabiliser. Vaine tentative. Une lutte au corps-à-corps s'engagea. Malgré ses efforts, elle prenait plus de coups qu’elle n’en parait. Sans véritablement ressentir les effets de la fatigue, elle avait toutefois la sensation dérangeante de s'affaiblir au fur et à mesure de leur échange. Le cristal s'effritait. En dernier recours, elle envoya ses ronces lui caresser le visage, tandis que ses poings frappèrent son ventre. Elle n’était clairement pas dans une configuration idéale.

807 mots | Post IV