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 [Evénement] La Coupe des Huit

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Jeu 29 Avr 2021, 23:07

La Coupe des Huit



Assise sur un muret de pierre derrière lequel paissaient quelques moutons, Djinshee observait les gens de loin. Son attention était particulièrement attirée par ceux dont le visage ne lui disait rien. Parmi eux, elle s’exerçait à différencier ceux originaires des villages alentour, des étrangers. Ce n’était pas très difficile. Leur façon de se comporter était différente, surtout, un peu curieusement, lorsqu’il s’agissait de Lyrienns d’autres îles. Cet afflux d’inconnus, bien qu’il ne fut pas si grand, avait changé l’atmosphère sur Sülh. Malgré l’esprit festif prédominant, il régnait dans l’air un semblant de nervosité. D’habitude, les rares nouveaux venus étaient ceux qui avaient choisi de vivre ici. Cette fois-ci, ces gens ne seraient que de passage. Il y en avait aussi en temps normal, bien sûr, mais… pas autant. La Lyrienne espérait, comme chaque habitant de l’île, que leur mode de vie basé sur l’ancien système aurait du crédit. L’événement était une grande nouveauté, et même s’il était supposé rallier leur peuple, Djinshee faisait partie de ceux qui gardaient ce petit goût étrange que l’on appelait l’appréhension. Après tout, rien n’était joué d’avance.

La participation de Sülh à la Coupe des Huit avait été une véritable question au sein de l’Archipel. La décision avait été prise tardivement, au prix de nombreuses contestations. Après tout, les plus récalcitrants avaient leurs raisons : après tant d’années à vivre en retrait et en refusant le système actuel, de quel droit osaient-ils lever la voix ? Comment choisiraient-ils leurs Champions, eux qui ne représentaient aucun élément en particulier ? N’étaient-ils pas avantagés d’avoir justement le choix de l’élément de leur Champion ? Et surtout, SURTOUT - surtout - comment pouvait-on accepter un neuvième candidat alors que le championnat s'appelait la Coupe des Huit ? De tous ces arguments, c’était la présomption de tricherie qui avait fait le plus de bruit. Autant dire que pour le début d’une première compétition, l’ambiance était plutôt tendue, et c’était chiant - est-ce que Djinshee était en train de se mettre sur les nerfs toute seule pour un truc auquel elle ne participerait même pas ? Peut-être.

-Tu ne viens pas boire un verre ?

Valkäjh s’était posté près de son amie sans qu’elle ne le remarque. Les bras croisés, il avait rejoint son observation. Sa question l’avait fait sursauter. Heureusement, le jeune homme n’avait pas fait attention, alors l’estime personnelle de la rousse était sauve.

-Ça fait bizarre. Tout ça.

-Hmm, je suppose que c’est un peu troublant pour tout le monde. Il haussa les épaules. Mais c’est cool. Allez, viens.

Comme elle ne bougea pas tout de suite, Valkäjh crut qu’il allait devoir la traîner. Mais contre toute attente, elle et ses idées bornées cédèrent finalement à son invitation.

*

-Les prix ont augmenté. Commenta-t-elle lorsqu’ils eurent franchi la porte de “Jo”, une taverne qui portait sobrement le nom de son propriétaire.

C’était vrai. L’établissement était rempli, et le commerce devait bien profiter de cet afflux de touristes. Nul doute que la compétition requinquerait l’économie locale.

-Depuis quand tu t’inquiètes autant des prix, toi ?

-Je…

Elle fronça les sourcils. Il avait raison. Elle n’était pas comme ça normalement. Djinshee savait parfaitement pourquoi elle venait d’avoir cette réflexion et à vrai dire, ça l’énervait : elle ne portait pas sa bague en ce moment et le fait que son péché ait déteint sur sa nature de Lyrienne relevait d’une faiblesse qu’elle ne tolérait pas.

-Rien.

Elle ne voulait pas qu’il pose de questions ou qu’il lui reproche qu’elle était rabat-joie. C’était la raison pour laquelle elle n’avait pas résisté lorsqu’il était venu la chercher. Djinshee ne connaissait que trop ses défauts, et il n’était pas nécessaire que quelqu’un vienne lui rappeler à quel point elle pouvait être une plaie.

*

-Un autre.

-Non. C’est bon. Merci.

Face à cette réponse osée, Valkäjh fit semblant d’être scandalisé. Cela ne faisait qu’une demie heure qu’ils étaient là, elle n’avait bu que deux verres de whisky, était encore parfaitement sobre, et ça, ça n’allait pas.

-Ok, je suis la milice du fun, chargée de répandre et maintenir l’amusement chez les personnes que je côtoie. Répliqua-t-il sur un ton autoritaire et étrangement rapide. Votre comportement est suspect, ma petite dame, vous n’avez pas l’air de vous amuser suffisamment, ce qui est passible de sanctions. A moins que vous n’ayez d’autres choses urgentes à faire, vous ne pouvez vous soustraire aux règles du fun. Je vous le demande donc: avez-vous autre chose à faire de plus urgent que le fun ?

-Autre chose à faire que d’être saoule avant la fin de l’après-midi tu veux dire ? Oui, certainement.

Ce n’était pas aujourd’hui qu’elle comptait entamer une carrière de poivrot. Elle savait qu’au prochain, elle commencerait à perdre les pédales, et les Aetheri savaient qu’il y avait une chance sur deux que ça finisse en baston.

-Mise à part observer les gens et ruminer dans ton coin avec condescendance. Compléta le blond.

-C’est comme ça que tu me vois ?

-C’est comme ça que les gens vont te voir si tu quittes ce bar. Il n’y a rien d’autre à faire que de célébrer aujourd’hui. Arrête de réfléchir et détends toi un peu. Je suis sûr que ça fait une éternité que tu n’as pas fait ça. Déjà, de nouveaux verres les attendaient sur le comptoir. Valkäjh en fit glisser un jusqu'à son amie. Mais bon. C’est comme tu veux. Après réflexion, la milice du fun ne sévira pas, car elle imagine bien à quel point avoir un balais dans le cul doit être douloureux…

-Oh, la ferme.

Piquée au vif, elle but cul sec. Ancrant ses mires dans celles de son ami, une flamme de défi était née. Satisfait, Valkäjh leva son verre à sa santé.

-Grâce à moi, tu pourras dire à tes gosses que c’était une journée mémorable. La toute première Coupe des Huit.

-Quels gosses ? Parfois, elle se demandait à quoi elle ressemblait vu de l’extérieur. Elle ne comprenait pas comment on pouvait lui attribuer une tête de mère. Surtout qu’il fallait un mec pour ça, ce qui était une étape complexe à franchir au préalable. Et qu’est-ce qui te dit qu’il y aura d’autres éditions ?

-La milice du fun aimerait savoir si c’est votre balais dans le cul qui vous rend si pessimiste ? Si tel est le cas...

-La ferme. Elle descendit son troisième verre. Comme ça. T’es content ?

Il sourit et d’un signe de la main, commanda d’autres boissons. Entre eux deux, la tension s’était soudainement calmée. C’était officiel : dans quelques minutes, elle serait complètement torchée.

-Très.

~1075 mots~

Explications


Coucou tout le monde ! Bienvenue à cet événement Lyrienn et ouvert à tous nastae J’ai pas mal de choses à dire donc je vais diviser ça en plusieurs points :

Jaal’Akim, le souverain lyrienn actuel, a annoncé il y a quelques mois l’organisation d’un championnat sur l’Archipel d’Aeden : la Coupe des Huit. En gros, c’est le même principe que la Coupe des Nations, mais à l’échelle nationale, c’est-à-dire que chaque île accueille une épreuve créée par ses soins, et à laquelle les autres îles participent. Il y a au total 9 épreuves (une pour chaque île/élément + une sur Sülh), et chaque île doit donc désigner 8 Champions pour les représenter lors de ces épreuves. Par souci d’équité entre les îles (et notamment parce que c’est facile pour Sülh de gagner s’ils choisissent tranquillement le Champion pour l’élément adapté), la recherche des Champions ne s’est pas seulement limitée aux Lyrienns, et donc il est possible pour n’importe qui de participer (pour justifier les bas niveaux, on va dire que vous vous inscrivez et c’est du tirage au sort /sbaff). Globalement, une fois que les Champions sont choisis, c’est assez simple : ils sont amenés sur l’île où ils vont concourir et sont logés et nourris dans une résidence commune pour quelques jours, le temps de l’épreuve et de l’annonce des résultats. Les Champions peuvent donc se croiser entre eux sans soucis.

Pour les visiteurs et les autres : Vous pouvez venir sur l’Archipel pour assister aux épreuves ou simplement profiter des festivités. Ou alors vous pouvez rester chez vous et juste réagir aux événements de loin, c’est aussi possible.
Pour ceux qui voudraient venir sur place, ce qu’il se passe dépend de l’île sur laquelle vous allez. Aeden (la capitale) est l’île la plus ouverte et la plus accessible de toutes. Les autres îles sont aussi ouvertes, mais l’ambiance et la tolérance y est plus ou moins bonne en fonction de l’élément (genre vous serez mieux accueilli chez les Lyrienns de l’Air que de la Glace, donc naturellement, il y aura plus de visiteurs chez les premiers). Sinon globalement, comme il s’agit de plusieurs jours de festivités (on va dire environ deux semaines, sachant qu’il y a une épreuve tous les un ou deux jours), il y a tout le tintouin habituel, à savoir des stands, des marchands, de la musique, des activités, et peut-être des rixes entre deux éléments, qui sait. Sur chaque île où se déroulent les épreuves, vous pouvez même participer à une version miniature de l’épreuve !

Les épreuves en question : j’ai essayé de diversifier pour que vous puissiez trouver votre bonheur nastae

Yangin - L'île du Feu :

Su - L’île de l’Eau :

Qar - L’île de Glace :

Yer - L’île de la Terre :

Hava - L’île de l’Air :

Djomir - L’île du Métal :

Ildirim - L’île de l’Electricité :

Tobieth - L’île de la Nature :

Sülh - L’île des non-conformistes :

Voilà pour les épreuves ! Dans tous les cas, tout est mis à disposition pour que vous ne puissiez pas mourir (l’objectif de cette compétition est de calmer les tensions entre les Lyrienns et non l’inverse xD). Aussi, vous pouvez utiliser votre magie comme bon vous semble, faites preuve d’imagination.

Au niveau des résultats, n’annoncez pas dans votre rp si vous avez gagné ou non. Dans le cas où plusieurs joueurs participent à une même épreuve, comme à la CdN, il y aura une sélection avec un podium. D’ailleurs, si certains souhaitent lire et être jury pour les résultats d’une ou plusieurs épreuves, n’hésitez pas à vous annoncer ici. Et si vous êtes seul, bah… par défaut, vous gagnerez xD

Si vous voulez participer, vous devez vous inscrire (ici) à l’épreuve de votre choix avant de poster.

Vous avez 2 mois pour poster, donc jusqu’au dimanche 04 juillet !

Pour les Champions : comme pour la CdN, le post sera un message unique entre 900 et 3000 mots.

Gains


Gains pour les participants :
- 2 points de spécialité au choix
- Popularité nationale Lyrienne
- Un renard élémentaire issu de l’élevage de la famille Blaise | Il s’agit d’un renard un peu particulier, possédant les pouvoirs de contrôle, fusion et création d’un élément au choix
- Le pouvoir de Contrôle, ou Fusion, ou Création d’un élément

Gains supplémentaires pour les gagnants :
- Calmez-vous, on verra ça plus tard  [Evénement] La Coupe des Huit 2289842337

Gains pour les visiteurs/spectateurs :
Pour 900 mots :
- 1 point de spécialité ou 6 points de rp
Pour 400 mots supplémentaires, soit 1300 mots :
- 1 point de spécialité supplémentaire


Réponses à vos questions

Questions générales :
- Est-ce que les participants sont au courant à l'avance de la nature de l'épreuve ?
Oui, les participants ont une idée globale de ce à quoi va ressembler l'épreuve si vous le souhaitez. Mais vous pouvez le laisser dans le flou si tel est votre souhait 8D

- Est-ce qu'on peut dire qu'ils ont du matériel enchanté à disposition ?
Les artefacts personnels sont autorisés, mais pas à disposition.

-  Est-ce que les visiteurs peuvent se balader et voir ce qu'il se passe, ou est ce que c'est fermé tant que le résultat final est pas là ?
Les visiteurs sont autorisés partout, juste, l'accueil est pas le même partout. Mais globalement, ils ne sont interdits nulle part.

Pour l'épreuve de Tobieth :
- Est ce que le jardin doit forcément être que floral, ou est ce qu'on peut l'agrémenter d'autres éléments ?
L'objectif est de créer le jardin de ses rêves, donc vous pouvez mettre d'autres choses que des fleurs et des plantes.

- Est-ce que les participants peuvent demander de l'aide à des Lyriens pour aménager l'espace ? Par exemple est ce qu'ils peuvent avoir un nombre de "joker", sachant que ça leur enlèverait des points quand les jurys passeraient, etc...
Sachant que certains peuvent recevoir de l'aide dans d'autre épreuves, je dirais oui xD avec prise en considération du jury.

- Est-ce que les participants ont accès à une pépinière, avec toutes les variétés de plantes désirées, ou bien est ce qu'il y a des restrictions de ce côté ?
Tout est fourni.

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Sam 22 Mai 2021, 17:00


Illustration - Inconnu
La Coupe des Huit

Alors que l'Ange entre dans la zone d'entraînement de ce qui constitue l'Arène prévue pour la Coupe des Huit, il aperçoit quelques guerriers, issus de différentes nations, travaillant pour améliorer leurs compétences au combat. Certains, comme lui, n'étaient présents que pour un échauffement. Un vétéran se trouve derrière eux et leur donne quelques conseils utiles, ou quelques insultes bien sentie. Bien qu'il ne comprenne pas l'Erek, cela se ressentait au ton ... C'était une certitude, le Capitaine n'était pas dépaysé. Cet environnement, c'était le sien au quotidien. La Nith-Haiah, tout comme lui, avait reçu une missive officielle de la part du peuple des éléments, où tout du moins, les représentants de l'Île de Sülh. Ces derniers l'invitaient à prendre part à un événement national, où les étrangers pouvaient se rendre et où ils l'avaient choisi pour combattre en leur nom chez les Yangin, de ce qu'il avait compris, c'était des Lyrienns manipulant le Feu. À dire vrai, il n'avait pas réellement saisi les tenants et aboutissants, mais inutile de dire qu'on l'avait vivement encouragé à accepter. Les Ailes Blanches avaient besoin de se repositionner sur les différents échiquiers. Ils devaient montrer qu'ils étaient revenus sur le devant de la scène. Et quelle meilleure motivation pour les Recrues de l'Armée Céleste que de voir les compétences qu'ils pourraient acquérir à l'avenir en se consacrant à leur travail. Bref, on se servait de lui pour motiver les troupes à garder le rythme qu'elles avaient ... Après tout, il avait eu ses propres modèles.

J'ai l'impression d'avoir vécu mille vies et d'être devenu si vieux. Et il était loin d'avoir la cinquantaine. Qu'est-ce que ce serait dans quelques décennies ? Quand Mancinia aurait vieilli et ses enfants, grandit ? ... Neah ne désirait pas y penser. Vivre le moment présent était plus important, même si l'idée de voir son travail s'accumulé l'angoissait. Nombreux étaient à dépendre de ce dernier pour qu'il le néglige, même avec le soutien du Lieutenant Lancaster. Aussi, le Capitaine s'assurait d'être en ordre pour trouver un équilibre entre son travail et sa Famille. Pour que tous puissent l'avoir au sein de sa cohorte. Ce dont il était conscient en voyant les alentours, c'était que son absence ne serait pas longue. Un seul adversaire ... À moins d'une blessure grave, sa capacité à reprendre son poste serait immédiate. Quand il avait pris conscience de l'épreuve, il n'avait pu s'empêcher d'esquisser un sourire. Un combat, dans une Arène ouverte au public, devant un combattant aguerri, certainement de la même trempe que lui ... Son air songeur à l'entrée du lieu d'entraînement ne manquèrent pas d'attirer les regards, mais également quelques tentatives désespérées d'attirer son attention.

Hé, petit ! Si tu cherches le tour de manège, c'est par là !
Les Anges n'avaient plus de combattants à nous envoyer, c'est triste ...

Une chose était à reconnaître, c'est qu'il avait de l'humour, ou tout du moins, un sacré sens de la comédie. Sans en attendre plus des concernés, l'Ange se détournait d'eux pour voir ce qui était à sa disposition avant le début de la Coupe des Huit. C'était l'un des premiers sur la liste.

Il nous ignore là ?
Ouais. C'est comme ça quand on a peur ...

Une des combattantes, non loin d'eux, soupirait en secouant la tête. Elle avait bien compris qui était l'Ange et, si ces deux ignares l'asticotaient, c'est parce qu'ils ne croyaient pas cinq secondes qu'un Immaculé puisse tenir une telle réputation. Il avait sans doute eu de la chance et ne fait qu'exagérer son implication. Tant mieux pour eux, elle croisait les doigts pour ne pas l'affronter dès le départ. Ce serait un honneur, mais elle en repartirait avec des blessures et une défaite cuisante, c'est certain. Les deux loubards ne voulaient pas en rester là, comme s'ils cherchaient à se démarquer avant le début des hostilités. Neah était en train de chercher une armure adéquate en taille et s'assurer qu'elle ne serait pas contraignante dans ses mouvements.

Petit. Je suis légalement autorisé à te causer autant de dommages que je peux t'infliger pendant un long moment. Ne t'attends pas à t'en sortir indemne.
Si vos muscles sont aussi mous que votre langue, ce devrait être une simple promenade.

C'était donc lui, son adversaire, cette montagne de muscles mesurant au moins trois têtes de plus que lui ? Il avait combattu des Démons sous leur laideur démoniaque et en était ressorti vivant. La taille n'était pas garante de réussite.

Tsss. Nous verrons ce que tu vaux dans l'Arène. J'te ferais aucun cadeau.
J'en suis terrorisé.

Non. Un sourire insolent sur ses traits devait certainement exacerbé son adversaire. L'esprit était confus lorsqu'on était énervé. L'autre cracha au sol et reparti. À bien des égards, ici, tout est différent. Le rang et les titres n'ont aucune valeur, seule compte la maîtrise. Et la sienne est immense. Sans doute ne le mesurait-il pas vraiment, puisqu'il ne combattait réellement que lors des combats armés, dont le dernier remontait à l'assaut de la Terre Blanche. Y repenser le rendait amer. Ils avaient réussis à chassés les Démons de leurs terres, mais elle demeurait sous l'égide des Mages Noirs et il doutât sincèrement que ces derniers ne cèdent leur ancien territoire et ses mines, même contre de l'argent. S'ils pouvaient au moins récupérer le Fleuve des Âmes, avec les efforts conjoints des diplomates Anges et Magiciens, alors peut-être que son esprit s'apaiserait. Il contribuait en majeure partie à sauver des Âmes et à agrandir leur population. Avec les déchets qui pouvaient désormais se remettre à avoir des héritiers, les Anges allaient connaître un déséquilibre d'ici quelques années si les choses ne s'arrangeaient pas. Devrait-il assister, impuissant, à l'échouage complet de sa race ? Si les Démons ne les avaient pas exterminés, les Aetheri semblaient les avoir laissés de côté. Pour l'instant. Il espérait que ce qu'il s'était produit pendant la Mâdary dā Sipāhī se poursuivrait ... Progressivement, mais rapidement. En souvenir de cette nuit endiablée et en l'honneur de son Humaine, il choisit une lance. Et il mesurait la stabilité de l'arme qui serait sienne, le menant certainement à la victoire.



Il y a foule chez le responsable de l'Arène. De nombreux petits groupes sont présents et discutent ensemble. Contre lequel de leur champion allait-il combattre ? Nouant une lanière en tissu carmin autour de son poignet, l'Ange avait l'espérance de voir des combattants qui n'avaient pas présumé de leur puissance, ou sinon, le choc risquait d'être saisissant. Une odeur de sueur et de sable agressaient ses narines depuis qu'il avait posé un pied dans la redoutable Arène, où un discours avait lieu pour le présenter lui et son adversaire. Schnek Ovarien. Ce dernier levait ses bras pour recevoir les cris d'une foule en délire. Les Lyrienns savaient recevoir. À lui de réaliser ses preuves devant l'insatiable public des Arènes clairsemant ce monde.

En l'honneur de nos glorieux ancêtres et des Aetheri qui nous ... !
Raaaaah !

Sans attendre la conclusion du discours, l'enragé se mis à courir dans sa direction, surprenant l'auditoire. Il n'avait ni magie dans sa démarche, ni arme au poing prête à l'attaquer en traître. Un combat d'hommes, à la puissance du poing.

Tu feras moins le malin une fois que je ... !

Le Capitaine Katzuta avait relevé les yeux. Était-ce vers les cieux ou vers son adversaire ? Personne ne le su réellement. Peut-être que personne ne l'avait vu. La lance qu'il tenait en main eu à peine le temps de toucher le sol que son pied avait autant décollé du sol pour venir se loger dans l'abdomen de l'assaillant, brisant son élan en même temps que sa respiration. Sous l'impact, il dû se mettre à genoux, son corps n'assumant pas. Leurs regards se croisèrent un instant, autant la surprise que la crainte vinrent heurter le calme de l'Aile Blanche, avant que son poing ne vienne s'encastrer contre le nez de son adversaire, l'assommant complètement. Son corps retombait mollement dans le sable, inerte. Évidemment, il respirait, même si du sang s'écoulait de son nez, ce dernier n'était pas brisé. Neah se retournait vers les dignitaires qui s'assuraient du bon déroulement de l'épreuve, qui étaient muets de surprise.

Vous pouvez terminer votre discours.

Tournant les talons, l'Ange retournait d'où il venait sous un silence troublé avant d'entendre des acclamations - et d'autres insultes - germées de toutes part. S'arrêtant un instant, relevant la tête vers les tribunes en relevant son poignet à la hauteur des yeux pour le divulguer à la vue de la seule personne pour qui il dédierait cette victoire expéditive. Un sourire naissant sur son visage en voyant celui de Mancinia. C'était un moyen comme un autre de l'encourager, même si elle n'avait pas douté de sa réussite. En disparaissant sous l'ombre, Neah prit conscience qu'il n'avait jamais ressenti ce genre de sensations. En général, il combattait ses Soldats, en les considérants comme tel, avec respect et dans un but continuel de s'améliorer, mais remporter la victoire pour un Jeu et déclencher l'effervescence de la foule ... Jamais. C'était vraiment particulier. Quelques combattants s'écartaient sur son chemin, autant éberlués qu'avec l'envie de lui casser la figure, certainement.

Monsieur Katzuta ?
Oui ? se manifesta-t-il en se retournant.
D'autres combattants demandent à vous avoir comme adversaire. Est-ce que vous accepteriez ?

Ce n'était pas dans les termes initiaux, mais son combat avait duré moins d'une minute et les organisateurs voulaient sans doute augmenter la durée du spectacle, en plus de laver l'honneur du pauvre combattant Ovarien. Alors, oui, il avait accepté et en avait vaincu quelques autres, tout en essayant de ne pas les blesser fortement. L'odeur était désormais intense. Nombreux sont ceux qui se sont surestimés et qui ont payé le prix fort à cet endroit, alors autant dire qu'il aimait être dans les meilleurs uniquement par les beaux yeux de son Écuyère de l'Aurore.

1640 mots


[Evénement] La Coupe des Huit Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
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http://yinandyangpower.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhardt-
Pulsar Verhoeven
~ Magicien ~ Niveau II ~

~ Magicien ~ Niveau II ~
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◈ YinYanisé(e) le : 17/08/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : June Hautbourg | Magicienne | PNJ
◈ Activité : Organisateur de Soirées [Rang II]
Pulsar Verhoeven
Dim 23 Mai 2021, 16:43


Illustration - Eren Arik
La Coupe des Huit

Cette Île semblait offrir de nombreuses possibilités en terme de pratiques de grimpe en extérieur, au milieu de sa nature incomparable. Pulsar prit une longue inspiration, passant sa main couverte d'eau sur son visage en sueur, en recherche d'une certaine fraicheur après son ascension. Ses bras hurlaient de douleurs, ses genoux s'étaient écorchés sur la paroi et ses doigts tremblaient, mais il avait réussi et cela lui octroyait le droit de voir cet incroyable paysage en amont. Avant de s'asseoir et de boire le contenu de sa gourde, il veillait à s'étirer et à reprendre son souffle en préparant le nécessaire pour monter sa tente, dans un retour au calme progressif pour évacuer la tension physique occasionné par ses efforts et évitant de refroidir son corps. Alors que le Soleil déclinait, le Magicien enlevait ses vêtements imprégnés de sueur. Ce serait idiot de contracter une pneumonie, tout en mangeant un repas frugal pour ne pas attirer d'éventuels prédateurs. Sous sa protection en toile et bien qu'habitué à dormir dans un lit douillet, Pulsar s'endormit presque instantanément. Cette première journée avait été épuisante ...



L'Archipel d'Aeden l'émerveillait vraiment. Dommage que ce dernier ne soit en possession des Lyrienns, car les Magiciens l'aurait probablement sublimé au mieux, mais malheureusement, les choses étaient ainsi ... On l'avait de nouveau convié dans cet endroit sous missive cacheté, en le nommant comme représentant des Sülh chez les Yer. Des noms relativement imprononçables et qui sonnaient comme des insultes à la moindre prononciation de sa part, mais Pulsar était conscient que cette demande reposait uniquement sur sa victoire lors de la la Coupe des Nations. Sans doute un moyen pour les Enfants des Éléments, comme les Humains, de s'ouvrir plus dignement sur l'extérieur. Ce n'était pas pour rien que d'autres noms prestigieux seraient présents, venant concourir dans les différentes disciplines. Entre Léto Sùlfr et Kyra Lemingway, d'autres races seraient bien représentées. Quelques noms lui étaient inconnus, puis, il y avait des Humains, comme Maximilien Eraël. Vraiment, pourquoi sa Royauté conférait des titres à de tels étrangers ? La Marquise de Nylmord était encore passable, mais les autres ? Dans ce qu'il y avait de crispant, en terme de mélange, c'était des cas comme Eibhlin Mèinn, cette Alfar devenue Dame Noire. Autant miser sur des personnes intéressantes, comme Neah Katzuta, avec qui il défendait l'honneur des Sülh, ou Astriid Cëlwùn, qui avait remporté l'Épreuve des Sirènes. Avaient-ils vécus des choses en commun, sous les eaux tumultueuses ? Peut-être n'y avait-il rien en commun, dans la mesure où Vanille Deslyce avait surgit au début de l'Épreuve, de mauvaise humeur, avant que contraindre les participants à suivre une autre voie que celle initialement prévue.

Ça lui collait des frissons. Cette Impératrice était comme une sangsue envers le Trône des Océans et aucun des Souverains terrestre n'oserait lui dire quoi que ce soit, de crainte de terminer comme les Sorciers ... ou d'être ensorcelé, comme le précédent Empereur Noir. Peut-être Astriid était-elle dans le même état ? Cela expliquerait les rumeurs qui étaient nées sur une amitié avec la Marquise de Nylmord. Décidément, Leenhardt était sur tous les tableaux, c'en devenait agaçant, même si elle créait le Bien. Sa langue était bien pendue, mais entre ses titres et sa richesse, elle s'éloignait des remarques désapprobatrices. Il y avait trop à perdre. De leur côté, les Lyrienns ne devaient pas l'apprécier pour ne pas l'avoir conviée. Nulle doute de sa présence, cela dit : June était venue en sa compagnie. Où allait la Canine Blanche, la Fille du Soleil le suivait. Au moins, personne n'ennuierait sa partenaire, cela lui permettait de démarrer sereinement. Pratiquant du Myel depuis sa tendre enfance, autant dire qu'ils avaient su choisir l'épreuve adéquate. Son épreuve se concentrerait en une randonnée comblée d'escalade, du moins, quelque chose d'assez important pour qu'on exigeât des personnes versées dans cette discipline. Escalader une montagne et saisir un drapeau ? Il se revoyait, il y a quelques mois, blessé, à remporter la victoire. Bon, il s'en passerait volontiers d'une seconde. Ses blessures avaient eu du mal à se remettre, sans mentionner les douleurs. ​Une fois, ça suffisait.

Ils avaient loger dans un charmant village où tout avait été prévu concernant les concurrents. On leur avait donné tout le matériel nécessaire, du moins, en apparence, parce que tout avait été étendu sur des tables pour qu'ils choisissent. Tout était de qualité, mais il avait vu une concurrente omettre de prendre des cordes. Sans système d'assurage complet, la grimpe était compromise. Il n'avait cependant pas osé lui faire la remarque : peut-être n'en aurait-elle pas besoin, étant une grimpeuse de bloc ? À l'aube du lendemain, ils avaient tous emprunter une première bifurcation qui sur la droite. Un ou deux kilomètres plus loin, ils étaient arrivés sur une étendue en terre, avec quelques gros pin. Plusieurs routes traversaient l'île, il convenait à chacun de choisir la sienne. Certains ont prit un sentier de galets avec une montée légère, mais il avait choisi une pente de terre plus escarpée : ses jambes en souffriraient moins ! De tout ce qu'il voyait aux alentours, c'était que cet endroit était composé d'hautes falaises de granite, comparables à certaines de leurs territoires et certaines voies avaient été adaptées aux personnes ayant peu d'expérience, pour qu'ils soient tous sur un pied d'égalité. Du moins, en apparence, vu que les expérimentés auraient d'autant plus de simplicité pour remplir le parcours. Ce n'était pourtant pas le moment de se surestimer, car le Magicien était conscient de ne pas être en mesure de l'escalader librement.

Il allait devoir s'aider de pitons, de coinceurs et de crochets pour se suspendre aux murs naturels. Certains hauts athlètes se servaient de la puissance de leurs doigts pour venir à bout de ces dernières, mais il n'était pas encore à ce stade, surtout sur des parois d'un granit lisse et peu adhérant. Suite à sa montée, peu délicate, où il reprit son souffle en essayant de trouver le chemin adéquat, Pulsar trouvât un grand escalier naturel, bien visible et s'était laissé séduire. En prenant son temps, avec des pauses régulières, il en avait eu pour deux heures à gravir cette nouvelle montée, menant à un massif se divisant en deux niveaux et où l'on ne distingue pas forcément bien d'en bas. En marchant vers son objectif et dès qu'il en avait l'opportunité, l'homme buvait et remplissait sa gourde aux divers ruisseaux. Qui sait s'il aurait encore de l'eau s'il était amené à gravir en altitude ? Il se sentait bien plus préparé que lors de son épreuve de la Coupe des Nations, curieusement. L'expérience, sans doute. Bon, il y a un court chemin qui lui offrait la possibilité de monter jusqu'au sommet. Soixante mètres de corde devrait être assez et surtout, un casque prévu pour ces passages tortueux. Mais bon, une telle chute risquait d'être fatal ... Prudence. En se motivant, c'était la voie choisie, mais cela prit une majeure partie de son temps, en vérité. Lorsqu'il eu atteint le haut, une pause s'imposait avec la nuit tombante.



En s'éveillant le lendemain, son corps était courbaturé sous ses efforts. Outch. Il prit un peu le temps de le remettre en service tout en déjeunant, avant de se remettre en marche. Pulsar avait encore du mal à comprendre les Lyrienns, de l'organisation de ce genre d'événements pour asseoir sa domination sur les autres clans. Une seule race, mais désunie au point de se remettre doucement des atrocités commises par l'ancienne Reine. Des rumeurs qu'il avait entendu, certes, mais qui refermaient de leur poigne glaciale l'emprise qu'avait pu avoir cette dernière sur les siens. Le nouveau régent, après avoir stabilisé son pouvoir, semblait plus serein et moins centré sur l'exclusion, d'où leur présence, certainement. Même si un étranger remportait l'épreuve, cela pourrait nouer des liens entre son peuple d'origine et l'île concernée ... Et puis, pour le Comté de Virial, l'héritier du Comte pouvait bien se traîner. Franchement, les femmes de pouvoir semblait aimé la destruction. Elles que l'on disaient posées ... L'Impératrice des Abysses était dans l'ombre depuis un moment, que manigançait-elle ? Ses livres d'Histoire narraient ses macabres exploits, mais allait-elle disparaître comme Zane Azmog ? Ou allait-elle resurgir du néant en apportant la désolation, comme souvent ? À croire que le Mal était en train de sombrer après avoir voulu bouleverser l'équilibre du Bien. Au bout d'une centaine de mètres, qui filent comme le vent tant il est perdu dans ses pensées, Pulsar distinct l'entrée du bois.

Ce site donnait l'impression d'être un lieu baignant de magie et sa beauté naturelle méritait quelques minutes de contemplation.  Plus loin, la vision de la paroi le saisi. Dans les environs, les voies sont courtes, constituées de trois splits, mais elles sont cependant belles et intenses. En raison de la présence des chèvres sauvages, qu'il entendait sans réellement les voir, Pulsar prenait garde aux retombées rocailleuses depuis le sommet. Sa vie était en danger à chaque instant ici. Est-ce que, comme la Coupe des Nations, c'était le cas, ou il y avait des mesures de sécurité pour préserver la vie des participants ? ... Le Magicien choisi de ne pas tester sa théorie. Encore quelques pas, quelques accroches sur la paroi. Et là, il vit le sommet. Souriant, Pulsar s'engageait dans sa direction avec toute la puissance de ses petits muscles.

1550 mots


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 24 Mai 2021, 12:11



La Coupe des Huit


« La Princesse Eméliana aimerait m’accompagner. » dis-je, à dessein. Je ne lui en avais pas parlé mais je voulais qu’elle fût là. « Je veux participer aussi ! » cracha Réta. Je soupirai. Je ne lui avais rien demandé à celle-là. Ce que je voulais, c’était torturer la rousse, pas me trimballer le boulet de service. « Reste à ta place. » « Moi aussi je suis une Princesse Noire ! Je décide si je veux ! » fit-elle remarquer, en croisant ses bras sur sa poitrine. Je lui décochai un regard en biais, un regard qui disait que j’avais envie, à ce moment précis, de serrer mes doigts autour de sa gorge et de la lui broyer. Malheureusement, la garce avait une force qui équivalait la mienne. Comment ? Pourquoi ? Seule Ethelba le savait. Je la dépassais en hauteur. J’aurais dû avoir l’avantage. Heureusement, ma magie contrebalançait le manque de dextérité et de vitalité de mon corps. Ce dernier était trop grand pour l’esprit de l’enfant qui l’habitait. J’étais en période de transition. Comme je ne désirais pas que Réta pensât un seul instant qu’elle pouvait avoir une opinion et la faire entendre, je décidai de prendre les devants. « Je veux que la Princesse Réta m’accompagne aussi. » Je décidais, pas elle. « Nous allons y réfléchir. » répondit le Sorcier en face de moi. Lui ne se laissait pas démonter par mon rang. Participer à des jeux lyrienns, lorsqu’on était un Mage Noir, avait de quoi en révulser plus d’un. Quelques accords économiques existaient vaguement entre les deux peuples, initiés par mon père alors qu’il n’était pas encore l’Empereur Noir, mais celui-ci avait eu bien d’autres choses à faire que traiter de la question de l’Archipel d’Aeden depuis. Je n’avais, pour ma part, pas envie de côtoyer cette sous-espèce. Je voulais simplement leur montrer la supériorité sorcière et me dégourdir les jambes. Je voyais les choses comme une promenade, durant laquelle je pourrais profiter des nouveaux mécanismes de mon corps pour faire passer à Eméliana un sale quart d’heure. J’avais tort de sous-estimer les épreuves et de surestimer mes capacités. J’étais encore inconscient du fait que cette épreuve marquerait ma première vraie défaite face à un frère dont j’ignorais tout. Ce serait également notre première véritable rencontre.

L’annonce de notre participation ne tarda pas à tomber. Comme nous étions jeunes et n’avions aucune expérience malgré notre rang, l’autorisation nous avait été donnée de participer. Si nous réunissions, le peuple nous encenserait et critiquerait les Lyrienns, trop faibles pour imaginer des épreuves dignes de ce nom, et si nous échouions, l’excuse de notre jeunesse prévaudrait ainsi qu’une hypothétique tricherie de la part du peuple des éléments, dans l’unique but de ne pas laisser une victoire méritée à un Sorcier. Il fallait être un Mage Noir pour être capable d’une telle mauvaise foi, ou un Alfar.

L’Archipel d’Aeden n’avait rien à voir avec Nementa Corum. Je n’aimais pas cette nature foisonnante, cette beauté dérangeante. Elle me donnait des envies de destruction. Heureusement, mon esprit était occupé à savourer l’air à la fois paniqué et offusqué de la Princesse Eméliana. Je m’approchai d’elle. Ma langue effleura doucement ma lèvre supérieure, lentement, trop lentement. J’avais envie de créer le malaise chez elle. Son petit corps, semblable à une aiguille, me donnait des envies de torture. Pourtant, il lui suffisait d’un regard un peu sévère dans ma direction, comme lors de la galette, pour que mon instinct me soufflât de m’arrêter. Je n’aimais pas cette ascendance qu’elle avait sur moi. Je n’aurais de répit que lorsqu’elle serait mienne et soumise. Un jour, Princesse Eméliana, tu sentiras mon souffle contre ta peau, je hanterai tes nuits et tu ne pourras rien y faire, pensai-je. « Comme on se retrouve, Princesse. » Elle me fixa, consciente, à présent, de mon identité. Le mépris dans son regard ne m’échappa pas. Elle ne répondit pas, en bonne orgueilleuse. J’allais lui faire ravaler ce petit air hautain. L’aurait-elle encore lorsqu’elle serait mon esclave ? Réta semblait très loin de ces préoccupations et de ces jeux de pouvoir. Elle était en train d’essayer de manger quelque chose qu’elle avait trouver par terre, avec l’élégance d’un Réprouvé. Elle me dégoûtait et cet attrait qu’elle avait commencé à développer pour tout ce qui était potentiellement comestible ne faisait que renforcer mon envie de la tuer. Malheureusement, elle revenait à chaque fois, toujours plus dérangée.

Je posai ma main sur l’épaule de la rouquine. « Ne m’ignore pas, tu pourrais le regretter. » Son regard vint percuter le mien. Elle était agacée, cela se voyait. Elle claqua sa langue contre son palais, imitant ainsi mon père, avant de déplacer lentement sa main vers la mienne. D’un geste plus fort que je ne l’aurais cru, elle éjecta ma présence d’elle, avant de pointer un doigt accusateur sur mon torse. « Je sais que c’est ta faute, Érasme. » Ses sourcils froncés me firent ressentir un léger frisson. J’aimais ça. « Ma faute ? Allons. Je ne fais que te donner des opportunités. » « Je me passerais bien de toute opportunité à tes côtés. » Réta trouva bon de ricaner à ce moment-là. J’allais lui éclater sa petite gueule de fouine à celle-là si elle continuait. « Fais attention à ton ton. Il pourrait t’arriver la même chose que… » Elle me coupa la parole. « Essaye un peu pour voir. » Le son que j’émis ne fut que des murmures. « Je vais essayer oui. On verra si tu feras toujours la maline quand la doul… » « Euh… Excusez-moi ? » La voix nous fit cesser ce que nous faisions. Nos yeux accrochèrent l'étranger. La stupeur me gagna et j’oubliai un instant la Princesse Eméliana. Celui qui se trouvait devant nous me ressemblait à un point insolent. Les deux Sorcières durent penser la même chose, ainsi que l’inconnu, puisque nous nous retrouvâmes tous les quatre plongés dans un silence malaisant.

« Oui ? » Ce fut Eméliana qui brisa la suspension du temps. « Ah… Oui… » L’autre se gratta le crâne d’un air passablement stupide qui m’agaça. « Je me suis dit qu’on pourrait gravir la montagne ensemble et s’entraider. » Réta ricana de nouveau, ce qui n’eut pas l’air de décourager le brun. Hors de question. Je voulais être le seul garçon, entouré de mes esclaves. « Je pense que… » « Nous acceptons. » répliqua la rouquine, avec un petit sourire satisfait. Elle avait dû percevoir mon refus à venir. En me coupant l’herbe sous le pied, elle prenait l’ascendance officiellement. Je serrai les dents. « Super ! J’ai un peu regardé les différents chemins et je crois qu’il vaudrait mieux tabler sur un qui monte doucement, quitte à y passer plus de temps. Sinon, nous allons nous épuiser. » « Parle pour toi. » envoyai-je. Eméliana fit un pas en avant, se plaçant entre le jeune homme et moi. « Je pense que c’est une solution. Nous devrions aussi faire les présentations. Je suis la Princesse Eméliana Salvatore. » Elle l'avait dit avec fierté. « Voici le Prince Érasme Salvatore et la Princesse Réta Salvatore. Et vous ? » L’inconnu nous sourit. « Enchanté. Je suis Lucius Paiberym, vous pouvez m'appeler juste Lucius. » Il m’envoya une œillade curieuse. Je déchantai totalement.

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Andrea
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Andrea
Lun 24 Mai 2021, 13:38

[Evénement] La Coupe des Huit Jf0r
La Coupe des Huit
Natsumura




Un doux sourire éclairait le visage aux traits fins de Natsumura. L'œuf qui lui avait été offert à Boraür avait enfin éclos pour dévoiler à la Hanatsu la bouille pelucheuse d'un chiot au pelage immaculé. Il avait fait ses premiers pas à Maëlith et sa démarche pataude était source de beaucoup de rires dans la maison où vivait l'Orine. Incapable de s'en séparer, elle avait emmené Nüka avec elle sur l'Archipel d'Aeden et elle le laissait gambader dans les congères en attendant son professeur. Pour l'occasion, ses sœurs avaient agrémenté ses tenues d'une fausse fourrure végétale pour lui tenir chaud sur l'île de Glace où aurait lieu son épreuve. Un léger toussotement se fit entendre et Natsumura se redressa aussitôt. Des cheveux de neige lissés en arrière en une élégante queue de cheval, des traits ciselés et une silhouette fine et musclée, son professeur posait des yeux d'écume grise sur sa jeune élève. Aussitôt, elle se fendit d'une courte révérence et se présenta respectueusement : «Bonjour, je suis Natsumura Mugen. On m'a dit de vous attendre ici.» Voyant qu'il observait un silence froid, elle poursuivit avec hésitation : «J'ai été appelée pour participer à l'épreuve des Lyrienns sur Qar.» «Enchanté Mademoiselle Mugen. Vous pouvez m'appeler Monsieur Rozier.» Natsumura sourit, heureuse de l'entendre enfin parler. «Qu'est-ce que vous attendez pour aller sur la glace ? Nous n'avons que peu de temps pour faire en sorte que vous ne vous tourniez pas en ridicule le jour de l'épreuve.» La Hanatsu cligna des yeux, surprise. «Je... Euh... Oui d'accord.» Avec des gestes rendus maladroits par la précipitation, elle enfila les patins qu'on lui avait remis avant de poser un premier pas prudent sur la surface brillante où se reflétaient les rayons pâles du soleil. Quand son autre pied quitta la terre ferme, elle bloqua sa respiration et s'agrippa aussitôt à la barrière en bois. «Rassurez-moi. Ce n'est quand même pas la première fois que vous allez faire du patin à glace ?» «Eh bien... si.» Souffla la jeune fille, les joues soudain cramoisies, ce à quoi elle s'empressa d'ajouter : «Mais j'ai un assez bon équilibre ! Je danse beaucoup vous savez et je suis déterminée, je peux apprendre rapidement !» Le professeur ne sembla pas particulièrement ému de la fervente motivation de l'Orine. «Bien. De toute façon, nous n'avons pas le choix. Allons, lâchez cette barrière, ce n'est pas elle qui vous fera gagner cette coupe.» Natsumura aurait bien ri à ce trait d'humour mais son visage était tout plissé par la concentration lorsqu'elle quitta l'appui réconfortant. Tournant le buste vers la piste glacée, elle sentit l'étrange sensation des lames sous ses pieds crissant dangereusement, comme une promesse qu'elles n'allaient pas lui offrir un équilibre aussi certain que ses pieds sur la terre ferme mais plutôt la précipiter tête la première vers la glace. Elle fit taire ses angoisses naissantes et s'élança.
Le professeur ne l'épargna pas ce jour-là, ni ceux qui suivirent. Ignorant le visage rougit par l'effort de son élève ou ses contusions aux genoux et aux mains dus aux multiples chutes, il se montra intransigeant avec l'Orine et ne la quitta plus que pour dormir. Il venait très tôt le matin alors qu'il faisait encore nuit pour lui faire pratiquer des étirements intenses qui la forçaient à travailler son équilibre. Il lui autorisait ensuite un repas frugal avant de l'entraîner sur la glace enchaîner inlassablement des figures basiques. Il la faisait travailler si dur qu'elle n'avait plus ni la force ni le temps de réfléchir, c'était comme si en l'espace d'un instant, tout avait changé, ses priorités étaient chamboulées, ses habitudes oubliées ; elle n'était plus que l'extension de la volonté du Lyrienn. Nüka geignait souvent de se sentir ainsi délaissé mais voyant que cela ne détournait pas sa maîtresse de ses entraînements, sa curiosité de chiot reprenait le dessus et il explorait l'île où il vivait des aventures bien plus excitantes que celles de Natsumura.
«Consolidez votre position. Votre jambe est-elle faite de coton ? Votre jambe Elle ne répondit pas. Elle s'était rapidement aperçue qu'il ne l'écoutait pas de toute manière. Il exhala un lourd soupir en voyant la jambe de l'Orine trembler sous son poids avant qu'elle ne redescende sa jambe sur le sol, incapable de tenir plus longtemps la position. «Recommencez.» Il glissait à côté d'elle, les mains jointes dans le dos, semblant évoluer sans effort, aussi à l'aise sur la glace qu'une Sirène dans l'eau. Sous ses remarques acerbes et son caractère aussi froid que la température, il savait se montrer bon pédagogue et était de bon conseil, il n'hésitait jamais à démontrer lui-même les figures qu'il souhaitait la voir exécuter. Toutefois, on ne rattrape pas en quelques jours une discipline qui nécessite plusieurs années et bien que son expérience en tant que danseuse soit la bienvenue, il était loin de se montrer satisfait des efforts de la jeune Hanatsu et était avare de compliments.
Natsumura n'était pas seule sur la piste, ce qui n'avait pas arrangé les choses au départ car elle avait manqué provoquer plusieurs accidents lorsqu'elle perdait le contrôle de sa trajectoire. Les Lyrienns de Glace étaient à l'image de leur élément et l'Orine était perturbée par leur mentalité, plus habituée à la bienveillance de ses congénères. Les premières fois qu'on lui avait lancé des regards agacés ou même des remarques désobligeantes, elle s'était figée, incapable de savoir comment réagir mais rapidement, elle avait été obligée de faire abstraction car son professeur ne lui laissait pas le loisir d'analyser les comportements des Lyrienns. Ils n'avaient pas le temps pour ça et il avait été plus que clair à ce sujet.
Le jour de la compétition approchait et se posait désormais la question de la chorégraphie qu'elle devait monter. Son professeur avait refusé de l'aider sur ce point, estimant que c'était à elle de l'inventer. «Assurément je n'ai pas besoin de vous dire ça aussi ? Cela ne devrait pas être trop difficile si vous êtes danseuse.» Avait-il déclaré avec froideur. Il restait à sa disposition afin de corriger sa technique mais gardait le silence sur le reste. La Faiseuse d'Enigmes réduisit alors son temps de sommeil et se mit à réfléchir studieusement sur la chorégraphie qu'elle voulait réaliser, ses doigts dansant sur la table lorsqu'elle mangeait pour imaginer des enchaînements. Natsumura ne s'était pas défait de son enthousiasme et elle avait le sens de la compétition, aussi se mis-t-elle à mettre au point un programme à la hauteur de son ambition. Le professeur Rozier passa à un moment derrière elle, jeta un regard sur sa feuille couverte de schémas et émit un petit rire indulgent. «Voyons Mademoiselle Mugen, je crois qu'avec votre niveau, il faut revoir à la baisse la difficulté de votre chorégraphie.» Elle lui lança un regard atterré et il finit par reprendre, du bout des lèvres comme si ça lui coûtait : «Ne vous découragez pas, il vaut mieux faire simple que faire quelque chose dont vous n'êtes pas capables et vous ridiculiser devant tout le monde - et moi-même par extension. Préparez cette épreuve intelligemment, je vous en conjure.» Il poussa un soupir et s'éloigna.
Natsumura termina sa boucle, une main au creux des reins et l'autre étendue devant elle. Sa poitrine s'élevait et s'abaissait rapidement et elle avait les pommettes empourprées. «Alors ?» Demanda-t-elle une fois qu'elle eut récupéré son souffle. Les bras croisés, le Lyrienn la toisait. «Oui je suppose qu'avec la tenue adéquate, la musique et un peu de magie pour essayer de distraire le public de vos lacunes, c'est correct, étant donné le temps que vous aviez et votre niveau initial frôlant le néant.» Il y a quelques jours, l'Orine se serait certainement vexée de cette évaluation après tous les efforts qu'elle avait fournis mais elle commençait à comprendre que c'était juste la manière de parler du Lyrienn et elle ne s'en offusqua pas. «Merci pour vos conseils Monsieur Rozier. Je ferai de mon mieux demain.» «Oui, essayez de ne pas me faire honte. Et allez vous reposer, ça ne sert à rien d'épuiser son corps avant une compétition.» Souriante, elle se dépêcha de quitter la piste pour aller rejoindre le chalet où elle logeait.
Le soir arriva et avec lui, les premières angoisses. Elle avait tant donné ces derniers jours qu'elle n'avait pas réalisé toute la pression accumulée sur ses épaules. L'Orine craignait d'oublier l'ordre de ses enchaînements, de tomber ou tout simplement de constater ses piètres capacités face aux autres concurrents. Elle avait entendu qu'Èibhlin Mèinn, future Dame Noire, participerait également à l'épreuve. Qu'espérait-elle accomplir face à de tels concurrents ? Avalée par le désespoir, Natsumura sentait son estomac protester tant elle était contrariée. Le professeur Rozier avait raison, elle était médiocre et tout le monde rirait d'elle le lendemain. Quelle honte. Que dirais-t-elle en retournant à Maëlith ? Car les filles voudraient tout savoir. Elle fourra son visage dans ses mains et se mit à frapper le matelas de ses pieds. Réveillé par l'agitation de sa maîtresse, Nüka dressa une truffe ensommeillée hors des couvertures. Il posa une patte sur le bras de la Hanatsu comme pour la convaincre de se détendre mais voyant qu'elle fixait le plafond avec des yeux écarquillés, les contours de sa silhouette se brouillèrent pour laisser place au jeune homme aux oreilles de chien. Natsumura sursauta et chuchota sur un ton de reproche en faisant mine de lui pincer l'oreille : «Oh Nüky ça me surprend toujours quand tu fais ça !» Les yeux de l'homme-chien pétillèrent et il enlaça tendrement sa maîtresse, sa queue touffue battant l'air. Elle garda ses sourcils froncés encore un moment, pour faire bonne mesure, avant de se laisser aller à l'étreinte de son compagnon. «J'ai peur pour demain. Quand je danse à Maëlith, c'est différent car tout le monde est gentil. Mais ici les Lyrienns sont si... froids. Je sens leur jugement, il me bloque. Je n'avais jamais ressenti ça avant. Monsieur Rozier n'est pas méchant, mais à chaque remarque qu'il me fait, je perd confiance en moi.» Nüka ne répondit pas et pour cause, il en était incapable, il se contenta de la serrer plus étroitement et de déposer un baiser sur le front de la jeune fille. Quelques secondes plus tard, il reprit la forme d'un chiot mais il demeura lové contre elle, lui procurant le réconfort nécessaire pour qu'elle s'abandonne au sommeil.
[Evénement] La Coupe des Huit Zktc
La mâchoire crispée, Natsumura observait avec appréhension le concurrent qui passait avant elle saluer le public et les juges à la fin de sa représentation. Dans quelques secondes, ce serait son tour. Une boule s'était logée dans sa gorge et elle avait pâlit malgré le maquillage. Le professeur Rozier la poussa doucement dans le dos quand son nom fut appelé et elle s'élança mécaniquement sur la glace. Possédée par les affres de l'anxiété, la Hanatsu entendit à peine les applaudissements, comme si on l'avait plongée toute entière dans l'eau. Elle s'arrêta devant les juges et le silence s'installa. Pétrifiée, l'Orine semblait ne plus savoir quoi faire d'elle-même. Un mouvement en périphérie de sa vision lui fit tourner la tête pour apercevoir son professeur, le regard noir, agiter la main pour l'encourager à bouger. La Hanatsu prit une inspiration, plaqua un sourire sur son visage et salua les juges. Son coeur battait si fort dans ses oreilles qu'elle crut qu'il allait sortir de sa poitrine. Les premières notes de musique s'égrenèrent et ses bras partirent dans son dos, les doigts pointant vers la glace. Refoulant son angoisse, elle s'élança, son corps entamant naturellement la chorégraphie maintes fois répétée. Alors qu'elle dessinait une première boucle, elle activa le contrôle des illusions pour que se forme sur son passage un ruban de lumière couleur d'orchidée. À l'issue de son épreuve devait se dévoiler sur la toile de glace la représentation d'un jeune arbre dévoilant ses premières fleurs de printemps. C'était la théorie et Natsumura ne devait pas se tromper dans son parcours pour y parvenir. Ses lèvres s'agitaient fébrilement alors qu'elle se récitait l'enchaînement qu'elle avait mémorisé. Concentrée, elle en avait oublié tout le reste, il ne restait que le son du violon et du piano et les sensations de son corps.
À la sortie d'un virage, l'Orine contracta ses muscles pour préparer sa première figure, une pirouette arabesque. Elle sentit sa jambe d'appui trembler alors qu'elle tournoyait, le buste à l'horizontale et entendit presque son professeur râler mais elle tint bon et poursuivit, laissant derrière elle l'esquisse d'un bourgeon sur l'extrémité d'une branche. La suite de sa chorégraphie se poursuivit sans encombre et Natsumura reprenait doucement confiance en elle, son dos était moins crispé et son sourire était devenu sincère. Elle prenait plaisir après tous ces efforts de voir qu'elle y arrivait malgré les remontrances du professeur Rozier. Elle ne doutait pas qu'il avait tout un tas de commentaires à faire sur sa performance jusqu'à présent mais peu lui importait car elle savait qu'elle donnait tout ce qu'elle avait. Son corps se replia puis s'étira pour se lancer dans un saut de valse, un air épanoui fleurissant sur son visage et l'impression que des ailes lui poussaient dans le dos. Sa cheville choisit cet instant pour lui faire défaut à la réception et elle se reçut sur la cuisse dans un petit cri de surprise mêlé de douleur. La Hanatsu sentit son visage s'empourprer et elle se releva aussitôt, le souffle court, fuyant du regard l'audience. Perturbée par sa chute, elle reprit maladroitement son élan et réalisa avec horreur que le choc lui avait fait oublier la suite de sa chorégraphie, son cerveau semblait s'être vidé de toute forme d'intelligence et elle braquait un regard perdu sur l'extrémité de la piste. Son coeur palpitait à grands coups rapides et elle crut un instant qu'elle allait défaillir devant tout le monde. Alors qu'elle baissait lentement les bras, perdant espoir, les souvenirs revinrent brusquement avec l'effet d'une gifle. Pour un peu, elle en aurait pleuré de soulagement et elle poursuivit son programme avec des gestes devenus fébriles. L'Orine finit par reprendre contenance mais son visage était encore blême lorsqu'elle se figea dans sa position finale au milieu de la piste, le front couvert de sueur. Autour d'elle s'esquissaient en larges courbes les contours de l'arbre qu'elle avait souhaité représenté. Il n'était pas parfait à cause de sa chute et de quelques autres erreurs qu'elle avait commise mais le résultat demeurait reconnaissable. En se redressant, elle aperçut le regard désapprobateur de son professeur et un timide sourire d'excuse arqua ses lèvres. Il lui tardait de revenir à Maëlith.


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[Evénement] La Coupe des Huit Zzm4
Happy St Valentin  nastae:

Merci Jil  [Evénement] La Coupe des Huit 009 :
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Dim 30 Mai 2021, 12:58



La Coupe des Huit


J’avais ramassé quelques brindilles et cailloux qui trainaient sur le sol. Je penchai la tête sur le côté lorsqu’il se présenta, ma mémoire vacillant jusqu’à me rappeler ma propre situation. J’étais une Paiberym aussi. Je ricanai. Le monde était petit. « Paiberym ? » Je n’avais pas le droit de briser le secret d’Elias. Au-delà du sceau qu’il avait apposé sur moi, personne ne s’intéressait à ce que j’avais à dire de toute façon. C’était dommage parce que j’en savais long comme le bras, croyais-je. En regardant ce morveux, je me demandai lequel des incapables qui se trouvaient dans ma famille avait engendré cette grande perche. « Il y a des Paiberym chez les Sorciers et les Magiciens. Vu ta tête, tu dois être un Magicien. » Je souris, comme si je l’accusais de tous les maux avec délectation. Eméliana claqua sa langue contre son palais, avec son air de pimbêche habituel. « Réta ! » « Oui ? » « Vous devez respecter les formes et les usages et vouvoyer Monsieur Paiberym. Votre comportement n’est pas digne d’une Princesse Noire. » J’écarquillai les yeux. Depuis quand elle me vouvoyait celle-là ? Elle était amoureuse ou bien ? Et puis, il y avait une injustice flagrante dans cette histoire. « Si je puis me permettre, Princesse Eméliana, vous n’avez rien dit au Prince Érasme quand il a tutoyé Lucius. » Le Mage Blanc dut vouloir intervenir pour faire savoir que ça lui était égal mais Eméliana fut la plus rapide. « Je n’ai rien dit parce que je pense que le Prince Érasme va se reprendre sans avoir besoin de moi, ce qui n’est pas votre cas. » Cinglant et froid. En d’autres termes : j’étais une moins que rien qui ne comprenais rien. Érasme croisa les bras sur son torse, dans une posture qui montrait très clairement qu’il n’entendait pas laisser la rousse avoir le dernier mot. « Je ne vais rien changer à mon comportement. Je ne connais pas ce type, ce n’est pas un Sorcier et je suis de sang royal. » « Rang. » souffla-t-elle, pour lui rappeler que la seule qui avait eu du sang royal ici, c’était elle. Je jubilais presque de voir le jeune homme se faire rouler dans la boue par la rousse. « Rang, si tu veux. Mais ça ne change rien au fait que c’est à lui de me vouvoyer. »

Un petit rire vint mettre un terme au débat. Lucius, visiblement, souriait depuis déjà quelques secondes. Il n’avait néanmoins pu s’empêcher de rire après la réplique de son quasi-reflet. « Quoi ? » claqua Érasme, de plus en plus agacé. J’adorais cette situation. « Rien. Je vouvoie forcément les gens que je ne connais pas alors c'est inutile de vous battre. Ça fait partie de l’éducation de base que j’ai reçue. » Étrangement, cette phrase ne semblait pas terminée et contenir un ce qui n’est visiblement pas ton cas. « Mais ne vous inquiétez pas, je m’adapterai à vos envies. Je suis d’accord pour être vouvoyé ou tutoyé pour respecter vos préférences. Dîtes-moi en retour ce que vous voulez que je fasse. » Je pris la parole. « Tu peux me tutoyer et je te tutoierai aussi. » « Tu me vouvoieras et je te tutoierai. » répondit Érasme. Il y eut un silence. « Et vous, Eméliana ? » demanda Lucius. « En public, nous nous vouvoierons. » dit-elle, après un temps de réflexion supplémentaire. Avait-elle l’intention de le rencontrer en privé ? Ce fut exactement la question que se posa Érasme aussi, vu sa tête. Il rageait intérieurement, je le connaissais assez pour le savoir. Ça me rendit heureuse. « D’accord, très bien. » répondit Lucius avec un sourire compréhensif. « Nous y allons ? Avant de prendre trop de retard. Nous pourrons toujours discuter en chemin. » « C’est une idée. » répondit la rouquine, qui avait visiblement décidé de ne laisser à personne d’autre le commandement de notre groupe.

En chemin, je repris la conversation précédente où nous l’avions laissée. Je voulais savoir. « Tu es donc un Magicien ? Qui sont tes parents ? » « Je n’ai qu’un père. » dit-il. « Qui est ? » « Le Baron Kaahl Paiberym. Mon père est Marquis sur le territoire des Sorciers. » Bien sûr, le nom était connu des proches de la royauté. Eméliana sembla le voir sous un jour bien plus favorable. « Êtes-vous l’aîné ? » La question le déstabilisa. Je savais pourquoi elle la lui posait. Je ne comprenais juste pas dans quel objectif, puisqu’elle n’avait rien à y gagner. « Oui. » « Alors vous hériterez du titre à la mort de votre père. » « … Je n’y avais jamais réfléchi. » avoua-t-il, étonné qu’elle lui parlât de la mort de son père. Surpris, nous l’étions tous. « C’est dommage. » dit-elle. « Vous aurez un marquisat rien que pour vous. J’ose espérer que vous l’entretiendrez correctement et que vous gérerez vos gens. » « J’imagine que… oui. » « Que faites-vous dans la vie, Lucius ? » enchaîna-t-elle. En temps normal, elle n’était pas si bavarde. Je me demandai si elle avait des desseins cachés. Voulait-elle le conduire d’un point A à un point B en espérant l’écraser ? Voulait-elle en faire son chevalier ? Voulait-elle l’humilier ? « Je tente d’apprendre à prendre soin des dragons. » Cette fois, ce fut lui qui nous surprit tous. « Des dragons ? » « Exactement. » « Quelle idée étrange. » laissa-t-elle entendre. « Elle dit ça parce que la Princesse Eméliana est incapable d’avoir un animal de compagnie sans l’étouffer sous le poids de son amour… » intervint Erasme, d'un air mauvais et narquois. Elle se tendit. Elle avait tué systématiquement tous les animaux qui lui avaient été confiés. « Ah bon ? Je comprends tellement ! » répondit Lucius, inculte sur la question. « L’avantage des dragons c’est qu’ils sont assez gros pour recevoir tout l’amour possible et imaginable. Cependant, il ne faut pas oublier qu’ils sont sauvages et peuvent vous arracher la tête en cinq secondes. » Il sembla avoir une idée. « D’ailleurs… » Il souleva son haut, pour montrer une marque juste au-dessus de l’os de sa hanche. « J’ai été imprudent et voilà. » La plaie commençait doucement à cicatriser. Eméliana détourna vite le regard de sa peau nu. Moi, ça m’hypnotisait. J’avais envie d’appliquer un onguent verdâtre sur cette peau si belle.

Une fois que le sujet des dragons fut lancé, personne ne put arrêter Lucius. Naturellement, les moins intéressés, à savoir Érasme et moi-même, nous retrouvâmes derrière. La rouquine et le brun, eux, ouvraient la marche. Elle le relançait sans cesse, alternant les questions sur les dragons et sur ce qu’il ferait plus tard, lorsqu’il serait Marquis et, quelque part, soumis à elle. « Ils sont écœurants. » finit par laisser filtrer Érasme. « Tu dis ça parce qu’elle ne te parle pas, à toi. » Il tourna vers moi un regard empli de mépris. « Tu ne comprends rien aux filles, ma pauvre Réta. » « C’est vrai que je suis mal placée pour comprendre les filles. » Je ricanai. Finalement, lui et moi étions faits du même bois. Nous allions au bout de nos pensées, même si ce n’était pas pour les mêmes raisons. Lui était un pervers narcissique et ça ne s’arrangerait probablement pas avec le temps. Moi, j’avais connu la mort un nombre si important de fois que j’en étais sortie à moitié folle. Comme lui, ça ne s’arrangerait probablement pas avec le temps. « Elle fait exprès. Pour me provoquer. Elle veut que je la coince dans un coin. Elle ne désire que ça. Que je m’intéresse à elle. Et elle me nargue avec ce... minable. » Nous étions sur une montée depuis quelques minutes et je ne perçus pas que si Érasme faisait des phrases de plus en plus courtes, c’était parce qu’il s’essoufflait. Je commençais à avoir le même problème de mon côté. Mes jambes étaient douloureuses et je transpirais. « Sinon pourquoi ? » questionna-t-il. « Parce qu’il est intéressant ? » « N’importe quoi. » « Tu lui ressembles en tout cas. » laissai-je flotter dans l’air. Ça le crispa. Il s’arrêta et sa main vint enserrer douloureusement mon épaule. « Je t’interdis de dire ça ! » cria-t-il. Les deux autres se retournèrent. « Tout va bien ? » s’enquit Lucius, ce qui agaça d’autant plus Érasme. « Mêle-toi de ton cul ! » envoya-t-il. Eméliana intervint avant que le Magicien n’eût à dire quoi que ce fût. « Érasme a toujours été colérique et égocentrique. Le mieux, c’est de ne pas faire attention à lui. » Et elle tourna les talons, en plaçant sa main sur le coude de Lucius pour l’encourager à faire de même. J’avais envie de l’applaudir. « Mais… » protesta le jeune homme. « Vraiment, Lucius. Je vous assure qu’il ne vaut mieux pas chercher à comprendre ce qu’il se trame entre ces deux-là. » « Écoute-la putain. » dit sèchement Érasme. « Réta et moi on va juste faire une pause le temps de régler nos comptes. »

Lucius n’écouta pas Eméliana et fit demi-tour pour se retrouver en face d’Érasme. Le Sorcier était légèrement plus grand que le Magicien. La rouquine soupira, comme déjà exaspérée. Moi j’avais hâte. Ces deux garçons ressemblaient tellement à Kaahl qu’ils étaient forcément frères. La coïncidence aurait été trop grande. Deux frères. Un Sorcier. Un Magicien. Une histoire de sang et de fratricide. Comme ils s’observaient sans qu’aucun des deux ne parlât, je me raclai la gorge. Lucius tourna les yeux vers moi. J’étais son arrière-grand-mère. Amusant. « Tu as besoin que l’on reste avec toi, Réta ? » demanda-t-il, prévenant. Ça me faisait étrange de constater que quelqu’un s’intéressait un peu à mon existence. « Tu n’as pas l’air d’aller bien. » ajouta-t-il. Oui. J’étais fatiguée de cette randonnée. Le sommet était encore loin et je n’avais pas envie de continuer. Je devais être rouge comme une pivoine. « Non ça va aller. Attendez-nous un peu plus loin. » « Ce sont des histoires de Sorciers que tu ne peux pas comprendre. » intervint Érasme. Sa phrase sortait de nulle part. Il enrageait et aurait pu sortir n’importe quoi pour que l’autre se sentît impuissant. « Tu vois bien qu’elle n’a pas besoin de toi. » ajouta-t-il, comme s’il venait de se rendre compte que ses pulsions avaient précédemment parlé pour lui.

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 30 Mai 2021, 12:59



La Coupe des Huit


« Venez, Lucius. » répétai-je, sans aller jusqu’à réduire la distance qu’il y avait entre nous. Le futur Marquis se détourna d’Érasme et me rejoignit. « N’hésite pas si tu as besoin d’aide. » dit-il, à l’adresse de Réta. « Elle n’a pas besoin de ton aide. » continua le Sorcier, comme s’il cherchait réellement à entrer en confrontation. Je relevai légèrement le menton, afin de faire comprendre à mon frère à quel point il était puéril. « Venez. » ajoutai-je, une dernière fois, avant qu’il ne vînt effectivement.

Seuls tous les deux, je le détaillai davantage. Il ressemblait à Érasme à n’en pas douter. « Excusez-moi de vous poser cette question mais… Votre père n’aurait pas eu un deuxième enfant ? » Il me fixa. Son regard me troublait. Ses iris étaient un mélange de vert et de bleu. D’autres couleurs s’y noyaient. Je détournai les yeux, repensant à la blessure qu’il avait montrée sans aucune pudeur. « Mon père n’a pas d’enfants biologiques. Il nous a tous adoptés. » Il avait une telle facilité à parler de ces sujets. Chez les Sorciers, l’adoption était une sorte de pratique honteuse, sauf lorsqu’elle avait un dessein spécifique. Mon père avait adopté Elias pour que le nom perdurât sur le trône. Il y avait toujours une ambition cachée à l’acte de faire entrer dans sa famille quelqu’un qui n’était pas de son sang. « Ce qui veut dire qu’Érasme et vous pourriez être de vrais frères. » laissai-je entendre. Il passa ses doigts sur sa nuque. « Il a été adopté également. » précisai-je. « Oh. » Il n’avait pas l’air de désirer continuer sur cette voie-là. Il y avait quelque chose entre les deux jeunes hommes, une forme de tension. C’était peut-être simplement dû au fait que l’un était Magicien et l’autre Sorcier mais j’en doutais. Il répondit cependant. « Ce serait une drôle de coïncidence. En fait… Je ressemble beaucoup à mon père adoptif et je ne suis pas le seul dans la fratrie. J’imagine que notre morphologie est assez commune. » Il semblait étonné lui-même d’utiliser ce genre de mots, comme s’il s’apercevait d’une évolution chez lui. « Vous… Est-ce que vous avez gran… » J’interrompis ma phrase, constatant que les deux affreux revenaient. J’inspirai, consciente depuis le début de notre péripétie que je n’avais pas envie de les voir. Je voulais être seule avec Lucius et les autres me gênaient. « Réta est trop fatiguée pour continuer. Je vais abandonner pour rester avec elle. De toute façon, cette épreuve est nulle. Rien d’intéressant à marcher pendant des heures. » Je ne retins pas le sourire qui s’afficha sur mes lèvres. S’il pensait que j’étais dupe de son manège... « C’est vrai. Érasme veut bien rentrer avec moi. Tu vois, Eméliana, il est gentil. » Le concerné grimaça, comme si l’exagération de la Sorcière ne lui plaisait pas. Je le dévisageai. Avaient-ils passé une forme d’accord ? « Je vois ça. » dis-je. « Bien. » ajoutai-je. « Dans ce cas, Lucius et moi allons continuer ensemble. » « C’est ça. » laissa échapper Érasme. Il ne semblait pas ravi, ce qui confirma mes soupçons. Quel lâche, à faire peser le poids de ses propres incapacités sur Réta seule. Il ne pouvait plus continuer et préférait s’attribuer le beau rôle que d’avouer ses faiblesses. D’un autre côté, le fait que je marchasse seule avec Lucius ne lui plaisait pas. Tant pis pour lui, parce que moi je voulais rester avec le Magicien, sans lui. « On se retrouvera à la résidence. » « Ouais. »

Une fois que nos chemins se furent séparés et que nous fûmes seuls, nous nous arrêtâmes afin de regarder autour de nous. Lucius me rendait bizarre. Il y avait quelque chose en lui qui m’adoucissait à vue d’œil, même si je préférais ne pas me l’avouer. Il donnait beaucoup, parlait sans filtre. Il n’était pas attaché au fait de garder ses secrets. J’étais certaine qu’il ne chercherait pas à profiter de moi d’une quelconque manière. Contrairement à d’autres, je ne prenais pas sa personnalité comme une forme de faiblesse. Le fait qu’il fût Magicien ne me posait pas non plus le moindre souci. « Avez-vous un plan pour la suite ? » dis-je, en m’installant sur un rocher à la forme plane. Il se mit à côté de moi. Nos corps se touchèrent sans qu’il ne semblât le remarquer. « » « Je pense que nous devrions prendre des pauses fréquentes. Je ne me sens pas de gravir la montagne d’une traite. Dans mon sac, j’ai de quoi boire et manger. » Il me regarda. « Qu’est-ce qu’il y a ? » « Rien. » « Tu es sûre ? » « Je… !! » Mon air indigné le fit sourire. « Tu as dit qu’on se vouvoyait en public. Comme nous ne sommes plus que tous les deux, je me suis dit que c’était bon. Mais si tu veux, je peux continuer à te vouvoyer. » Le silence s’installa. « Pourquoi est-ce que vous acceptez de faire ce que je veux ? » demandai-je. « Parce que… Eh bien, je me dis que ça ne me coûte rien. » « Vous feriez tout ce que je veux ? » « Pas tout mais… Je ferais beaucoup de choses si ça suffit à rendre quelqu’un heureux. » « Vous vous agenouilleriez devant moi ? » « C’est ce que tu veux ? » « Oui. » « Et ensuite on pourra se tutoyer ? » « … Oui. » À mon plus grand étonnement, il se releva et plia un genou. Sa silhouette, réduite aux trois quarts, me sembla moins haute. Ses yeux se figèrent dans les miens. Ça me troubla. À genoux, et sans qu’il ne fût impressionnant ou puissant, il me sembla soudain dominer notre duo. « Tu peux te relever. » bafouillai-je. Il le fit et sourit. « J’ai déjà entendu des grandes personnes parler du fait que s’agenouiller était une preuve de soumission. Pourtant, papa a répondu qu’à partir du moment où on choisissait sciemment de le faire, alors on ne se soumettait pas parce qu’on restait libre. » Il parlait d’une étrange manière, comme s’il était bien plus jeune que ce que son physique laissait supposer. « Je suis libre de m’agenouiller devant toi et je choisis de le faire parce que je veux que tu sois heureuse. » Mon cœur rata un battement et s’emballa soudainement, sans que je ne fusse capable de contrôler la situation. Comment faisait-il ? Comment arrivait-il à provoquer chez moi cet état ? Il n’était qu’un Magicien de pacotille. « Tu es heureuse ? » « » Pourquoi ? « Je… Nous devrions y aller. » dis-je, en me redressant et en essayant de retrouver mon air habituel. « Nous ne gagnerons jamais sinon. » Il sourit. « C’est vrai ! Allons-y. »

Le plat succédait à la montée dans un cercle infini. Le temps passait. Parfois, nous commentions le paysage. D’autres fois, le silence régnait. Je l’observais de temps en temps. Lorsqu’il me rendait mes coups d’œil, je détournais les yeux. Je ne comprenais pas sa gentillesse. Ce n’était pas ce qui me troublait le plus. Ce qui me faisait chavirer, c’était mon propre comportement à ses côtés. C’était comme si sa lumière rongeait mes ténèbres, comme s’il rendait possible une discussion franche et désintéressée. Je n’avais ressenti aucun plaisir à le voir à genoux devant moi. C’était même tout le contraire. Un instant, j’avais voulu me positionner à sa hauteur, pour que nous fussions égaux. « Faisons une pause. » proposa-t-il. « J’ai un peu de mal avec mes jambes. » « Comment ça se fait ? » « J’ai eu une poussée de croissance importante. » « Érasme aussi. » « Très importante. » précisa-t-il. « Érasme aussi. » répétai-je alors qu’il s’asseyait dans l’herbe. Je fis de même. J’avais été heureuse qu’il proposât une pause. Mon corps n’était pas fait pour ça. Si je m’efforçais de rester forte, il m’était arrivée plusieurs fois de constater que ma vision se troublait. « Tu as vraiment envie qu’il soit mon frère. » fit-il remarquer, en sortant à manger de son sac. Il me tendit une petite boîte. « Tiens. » « Merci… » J’ouvris, sans répondre à son commentaire. Dedans, y avait du riz et plusieurs légumes. « C’est que… » « Tu verras, c’est très bon ! » Ses yeux brillaient comme ceux d’un enfant. Ils avaient cette clarté si particulière, une clarté qu’il n’y avait pas dans les miens et qu’il n’y aurait jamais dans ceux d’Érasme. Sa motivation était contagieuse, comme sa joie de vivre. « D’accord… Je ne mange juste pas beaucoup… » « Il faut manger ! » me fit-il remarquer. « Sinon, comment tu pourras gravir la montagne ? Puis ça fait des forces ! » Je fus tellement surprise que je laissai échapper un rire. Ça l’étonna et il me regarda. « Qu… Quoi ? » « Rien. J’aime bien quand tu souris. » Je ne sus plus où me mettre. « Arrête ! » dis-je, d’un ton gêné mais autoritaire. « Arrête quoi ? » « De… De faire ça ! » « Je ne fais rien. » prononça-t-il, en cherchant ce qu’il avait fait. Il eut une idée. Ses émotions se voyaient tellement sur les traits de son visage qu’il était facile de lire en lui. « Oh je vois ! En fait, tu fais partie des gens qui rougissent quand on leur fait un compliment ! Mais tu peux rougir, c’est pas grave. Il n’y a que toi et moi. »

Une fois qu’il eut fini sa boîte, il plaça ses mains derrière lui et s’appuya dessus. Il leva les yeux vers le ciel en poussant un soupir de satisfaction. Sous son haut, les formes de son corps apparaissaient. « Je suis content de faire cette randonnée ! Pas toi ? » « … Si. »

Nous continuâmes à discuter en marchant, entre deux pauses. Plus le temps passait, plus les arrêts devenaient nécessaires. Seule, j’aurais peut-être abandonné plus tôt. « Faire une randonnée ça doit te changer de ton quotidien. » me dit-il. « C’est vrai. » « Tu étudies à Amestris ? » « Non. Je suis à Basphel. » « Mon père y a étudié quand il était plus jeune. Il est devenu professeur là-bas ensuite. » Oui. Maintenant je m’en rappelais, de cet homme qui avait discouru durant la cérémonie de rentrée. C’est vrai. Lucius lui ressemblait. Érasme aussi. « Je n’aime pas vraiment cette école. » dis-je. « Ah ? Pourquoi ? Moi je trouverais ça trop bien de pouvoir étudier là-bas et de côtoyer plein de gens différents ! » Je me sentis soudainement honteuse de ne pas partager son point de vue. « Pourquoi ? » « Si je comprends les autres, je peux les accepter. » « Pourquoi tu devrais accepter les autres ? » « Euh… Pour que tout le monde s’entende ? » « C’est important pour toi ? » « Oui. La guerre ça me rend triste. » « Alors tu ne dois pas beaucoup m’aimer. » « Pourquoi ? » « Parce que je suis une Sorcière. » « Ce n’est pas une raison valable pour aimer ou pas quelqu’un… Je t’aime pour ce que tu es en tant que personne, pas sur des critères qui te sont extérieurs. C’est comme si je n’aimais pas les roux… C’est bête. » « Et tu m’apprécies ? » me risquai-je. « Oui. » Il n’avait même pas hésité, rien calculé. C’était sorti tout seul. Il n’attendit même pas que je lui retournasse le compliment.

1949 mots
Réta et Erasme abandonnent la compétition.
Il ne reste plus qu'Eméliana et Lucius.
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Mar 08 Juin 2021, 17:19



La Coupe des Huits



Toujours en plein apprentissage auprès de sa grande cousine, Katheleen enchaînait les diverses épreuves que cette dernière mettait sur son chemin en guise d’entrainement. Ce dans l’unique but de parfaire sa maîtrise du Qyndily Mantris. Que ce soit par le biais d’une compétition d’Hufwe’rum ou par un tournoi entre Telebes de son âge, sa cousine ne manquait pas d’idées de ce côté-là et sa dernière en date eut tôt fait de surprendre l’adolescente tant cela se révéla totalement fou. Ayant récemment annoncé l’ouverture d’une Coupe des Huit, chose totalement nouvelle, le souverain des Lyrienns en avait alors décrit les grandes lignes et incité chaque île à choisir ses champions pour chacune des épreuves. La majorité du peuple fut totalement emballée par cette initiative de leur Kraal. Tous s’occupèrent alors des différents préparatifs pour l’évènement prochain. Qu’elle ne fût la surprise de Kathe lorsque Cléophace lui annonça qu’elle l’avait inscrite à l’épreuve de Yer, l’île de la Terre. L’adolescente en fut surprit, bien évidemment, mais cela aurait très bien pu s’arrêter là. Hélas, le tirage au sort qui eut lieu ensuite la nomma comme représentante de Yangin pour l’épreuve de la Terre. La fille du feu n’en revenait toujours pas. Qu’allait être la suite ? La coupe des Nations peut-être ? Elle en vint même à se demander si tout cela n’était pas finalement un coup monté par sa cousine, malheureusement la suite des évènements lui prouvèrent que non. Embarquant sur le navire en direction de Yer, Kathe vit Cléophace lui dire au revoir d’un signe de la main tout en haussant les épaule avec un air désolée.

Ajustant son sac à dos et attachant ses cheveux en un chignon serré, la fille du feu régla les derniers préparatifs avant son grand départ pour l’épreuve de la Terre. Les yeux levés en direction de l’immense montagne, celle-ci faisant la particularité de l’île, Kathe inspira un grand coup et avança d’un pas déterminé sur le sentier sinueux jusqu’au sommet. Maintenant un rythme assez soutenu, l’adolescente ne voulait pas perdre de temps, n’étant nullement là pour se promener et même si celle-ci se voyait déjà perdante de l’épreuve, elle allait se donner à fond. La route fut on ne peu plus simple pour le moment, Kathe n’avait qu’à suivre le chemin, même si parfois elle dû traverser quelques cours d’eau en sautant de rochers en rochers, tout en faisant attention au poids de son sac qui ne manquait pas de la déséquilibrer à tout moment. Mais l’épreuve commença à se corser lorsqu’elle arriva soudainement face à une paroi rocheuse. Deux choix s’offrirent alors à elle : Escalader cette paroi ou bien longer cette dernière sur plusieurs mètres avec un espace juste assez large pour y poser ses pieds. Observant l’un et l’autre, l’adolescente posa finalement son sac et sortit de ce dernier tout le nécessaire d’escalade qu’on lui avait fourni au départ de l’épreuve. S’armant alors de cordes et d’autres ustensiles, elle se harnacha et vint planter un premier piton dans lequel elle avait fait passer sa corde, tout en s’assurant de la solidité de l’ensemble. Parée, Kathe commença donc l'assenions de la paroi. Ses débuts furent un peu gourds, mais la jeune fille prit peu à peu la confiance et gagna alors en assurance sur ses prises, tout en prenant soin de ne pas regarder le sol qui s’éloignait au fur et à mesure qu’elle grimpait. Par la suite, un bras tendu, la Lyrienne décrocha le piton resté en bas, grâce à ses pouvoirs, et fit flotter celui-ci jusqu’à son prochain point d’ancrage, à quelques mètres de hauteur, avant de reprendre à nouveau son assencion. Elle répéta cela ainsi de suite, jusqu’à finalement atteindre un promontoire assez large pour qu’elle puisse si reposer la nuit. Car, en levant les yeux vers l’horizon, Kathe vit le soleil commençant à disparaitre sous la surface de la mer, son reflet sur l’eau éclatant de mille feux. Le spectacle la laissa sans voix, d’autant qu’à une telle hauteur, elle avait une vue assez incroyable sur toute l’île, apercevant même la plupart de celles composant l’archipel d’Aeden. Cette masse noire au loin, n’était-ce d’ailleurs pas Yangin, l’île de son élément ? Pour la jeune fille, il n’y avait aucun doute que oui.
Postée à admirer la vue s’offrant sous ses yeux, son ventre la rappela soudainement à l’ordre, elle avait terriblement faim après cette journée, entre marche et escalade intensive.
Allumant un feu d’un simple claquement de doigt, Kathe entreprit alors de monter la tente pour la nuit qui s’annonça.

Assise auprès du feu qui crépitait joyeusement, l’adolescente croqua avidement dans les morceaux de viandes séchés qui lui servaient de provision. Cela n’avait rien d’exceptionnelle, mais ce fut toujours mieux, d’autant que sur son promontoire, il lui était difficile de partir chasser. Se remplissant donc l’estomac plus que nécessaire, la fille du feu but ensuite une longue rasade d’eau avant de se poser un instant. Dans le silence de la nuit, elle resta à observer le paysage qui s’étendait à ses pieds, admirant les lumières de la ville comme les reflets de la lune sur les remous de la mer. Ne sachant combien de temps elle resta ainsi, un bâillement sonore la ramena à la réalité. La soirée était déjà bien avancée et le moment de se coucher venait d’arriver. Ne tardant pas plus que cela, Kathe partit rejoindre la tente, s’emmitouflant dans ses couvertures avant que le sommeil ne vienne l’étreindre à la seconde ou elle ferma les yeux.

Au matin, les rayons du soleil, filtrant à travers la tente, vinrent réveiller la jeune fille endormie. Celle-ci ne mit guère de temps à se préparer. S’étirant tout en savourant la lumière du jour, elle prit un rapide repas, de quoi lui tenir l’estomac pour une bonne partie de la journée. Ceci fait, Kathe rangea sa tente ainsi que le reste de ses affaires dans son sac à dos, gardant tout de même son matériel d’escalade. Comme hier, les yeux rivés en direction du sommet, elle planta le piton afin d’assurer sa sécurité et entreprit ensuite d’escalader la paroi rocheuse. Avec bien plus d’assurance que le veille, elle grimpa sans grande difficulté ce flanc de montagne, celui-ci possédant bon nombre de prises grâce auxquels elle pouvait progresser sans encombre.
Pour finir, la Lyrienne parvint à rejoindre une portion de route menant jusqu’au sommet.
Plus elle avançait et plus elle sentit sa respiration devenir insistante, la température décliner peu à peu et un brouillard à se lever. D’un rythme soutenu au départ, Kathe ralentit la cadence afin d’économiser au maximum son énergie, d’autant qu’une prochaine session d’escalade l’attendait très certainement dans la dernière ligne droite de l’épreuve. Bien évidemment, cela ne manqua pas, comme elle s’y attendait. L’adolescente piqua dans ses dernières provisions et réchauffa ses membres quelque peu engourdis par le froid, entourant son corps d’une fine couche de chaleur, juste assez pour pouvoir la maintenir en place, et ce, sans trop user de sa magie.
Comme elle l’avait fait tant de fois ces derniers jours, le piton fut son meilleur et seul ami dans cette montagne. Ce dernier lui sauva même la mise. Arrivée à mi-hauteur, faisant face aux rafales incessante, la jeune fille devait parfois s’arrêter en plein ascension pour se protéger les yeux, reprenant une fois celles-ci passée. Mais soudainement, ses doigts ripèrent sur une prise gelée à laquelle elle ne fit pas attention, chutant alors sur quelques mètres seulement son piton vint la stopper dans sa chute. Heureusement qu’elle ne pesait pas bien lourd, car la tige de métal ne bougea même pas sous le choc.
Alors suspendue dans le vide, Kathe mit un temps à s’en remettre, assez pour comprendre qu’elle venait de l’échapper belle, mais bien plus pour stopper les martellements de son cœur et ses membres tremblant. Une soudainement envie d’abandonnée lui tarauda l’esprit, mais la fille du feu n’était pas de ceux qui abandonnait juste devant la ligne d’arrivée. Elle devait continuer, d’autant que Cléophace allait le lui faire payer chèrement si elle n’allait pas jusqu’au bout de l’épreuve. Prudente, elle continua de grimper malgré tout, prenant un moment pour vérifier chacune de ses prises avec soin.

Désormais pétrit de fatigue, les muscles en feu et prêts à lâcher à tout moment, Kathe parvint finalement à atteindre un rebord sur lequel allait elle pouvoir se reposer. Le nez dans la neige la Lyrienne resta là, incapable de bouger, avant de lever les yeux sur son environnement. Dans ce blizzard, elle ne distingua absolument rien, rien si ce n’était cette forme longiligne au loin, droite, imperturbable et les cheveux flottant au gré de la tempête. Commençant à ramper, l’adolescente usa de ses dernières forces pour l’atteindre. Un bras en avant, les doigts tendus à l’extrême, un ultime effort et la main de la jeune fille finit par agripper, ce qu’elle pensait être la jambe de la silhouette aperçue précédemment. N’en pouvant alors plus, ayant poussée son corps jusqu’à sa limite, Kathe bascula dans l’inconscience, un drapeau dans la main.

1500 mots

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Mar 15 Juin 2021, 12:50


La Coupe des Huit | Hava

Regatta par Svetlana Khodyrevskaya

The Silk Road | The Sidh
Les pieds dans l'eau allant et venant, enfoncés dans le sable mouillé, je pris une profonde inspiration, emplissant mes poumons de l'air iodé rafraîchissant. C'était pourtant moins de l'air marin dont je me rassasiais que de retrouver un environnement magique. Je ne m'étais pas rendue compte à quel point ça me manquait avant de quitter Utopia. J'exhalai un souffle ennuyé en songeant à ces hommes que j'avais dû abandonner. Le bar était à peine terminé et la marchandise venait juste d'arriver que je devais les quitter. Une part de moi s'en voulait. J'aurais aimé être un peu plus présente pour les débuts de mon établissement. Une autre partie elle... Par Kinath je me sentais presque revivre de me retrouver enfin loin du Désert de Näw et de ses indigènes. Aussi j'appréhendais déjà mon retour à la Capitale Humaine. Car je devrais y retourner. Entre la clientèle que je devais me faire et ma nouvelle collaboration avec Najib. Je fermai les yeux et me laissai bercer par le bruit des vague s'échouant sur la plage en une traînée d'écume. C'était apaisant. Pourtant je n'étais pas ici pour des vacances. Je rouvris les paupières et tournai la tête en direction des navires. Je m'étais un minimum renseignée sur la voile avant de venir en apprenant le but de l'épreuve. Toutefois, je ne m'attendais pas à "ça". M'en approchant, j'étudiais la chose plus en détail. Il était plus grand vu de prêt. Pas moins d'une fois et demi plus haut que long, sa largeur était également tout à fait discutable. Quant à la forme... Quelle étrange conception. Je m'avançais vers le navigateur, mon regard remontant le mât déjà habillé de ses voilures. Deux seulement, dont la forme rappelait celle des voiles latines. « Alors ? Prêtes ? »  m'interpella celui qui serait mon coéquipier durant toute la durée de la course. « Absolument pas. » répliquai-je en fixant le bateau après une œillade sur le Lyrienn. « C'est la première fois que je vois quelque chose de ce genre. Comment ça fonctionne ? » - « Comme n'importe quel autre navire. La grande différence avec les autres vaisseaux hauturiers c'est que cette bête est un peu plus nerveuse. » expliqua-t-il en tapotant l'un des flotteurs comme on flatterait l'encolure d'une monture. « Surtout ceux-là. » ajouta-t-il avec un rictus. « Ceux-là ? » répétai-je en me tournant vers lui. « De base se sont des pirogues et ils n'ont qu'une voile. Mais pour les courses, les modèles sont améliorés. On leur ajoute une seconde voile à l'avant du mât et la pirogue, normalement entre les deux flotteurs, est retirée et remplacée par la toile là. » - « D'accord. Et on va vraiment tenir à deux là-dessus ? » continuai-je à le questionner, intriguée. Car à moins de vouloir creuser les flotteurs pour s'y cacher, il n'y avait pas de "dedans" sur ce bateau-ci. Ce simple fait me faisait dire que j'aurai possiblement préféré la pirogue originale à son évolution. « Bien sûr. L'un sera à la poupe pour tenir la barre et régler la grand voile. L'autre sera à la proue à s'occuper du foc et du maintient de l'équilibre du navire. » - « L'équilibre ? ». Je le fixais, sans trop comprendre se qu'il voulait dire par là. Les charpentiers navals ayant réfléchi à ce bateau ont-ils été assez idiot pour faire en sorte qu'il chavire dès sa mise à l'eau ? Le Lyrienn dû comprendre mon incompréhension puisqu'il détailla ses mots. « Sous le bon vent, ce navire peut aller si vite qu'il semble "voler" sur l'eau. » - « Oooh. » - « Mais pour la même raison, il suffit d'une mauvaise manœuvre, d'une réaction trop tardive ou trop hâtive, et ça peut tourner à la catastrophe. ». Je marquai un temps. Je ne préférais pas savoir ce qu'il voulait dire par "catastrophe". Pas avant même d'être monté sur "la bête" comme il l'avait appelé plus tôt. Cherchant à changer de sujet, je me saisis d'une corde parmi d'autres. « Donc ça c'est un bout, c'est ça ? Et il va où ? » - « Manqué. C'est une drisse. » - « Une quoi ? » - « Une drisse. Celle du foc justement. » expliqua-t-il en indiquant la voilure en avant du bateau. « Ça c'est un bout. Et là t'as une écoute, celle de la grand voile. » fit-il avec un rictus moqueur en me lançant une autre corde alors qu'il me perdait dans les détails. Ça devenait compliqué si une corde avait dix noms différents. Il devait bien y avoir une différence entre les trois pourtant. Toutefois je ne voyais pas du tout ce que ce pouvait être. Aussi je m'assis sur l'un des flotteurs, face à mon coéquipier. « Tu veux bien m'expliquer un peu tout ça, tant qu'on a encore un peu de temps ? Histoire que je ne sois pas perdue une fois sur l'eau et que ça ne finisse pas en "catastrophe". ». Il m'offrit un sourire amusé à ma remarque. « On va même profiter de ce temps pour faire un peu de pratique puisque tu es novice. Comme ça ça te permettra d'apprendre à dompter l'animal. » ajouta-t-il en commençant à pousser le navire, encore sur la berge, vers l'étendue océanique. Bête ; dompter ; animal. Je commençais sincèrement à croire que j'avais affaire à un être vivant, sauvage qui plus est. L'embarcation à l'eau, il me fit signe d'y monter avant de l'emmener un peu plus au large encore pour grimper à son tour dessus comme on chevaucherai une monture mal débourrée.



J'avais toujours une pointe d'appréhension lorsque je posais le pied sur un bateau. Mais sur ce petit navire, sans garde-fou ni cale ou même cabine, je commençais à saisir le frisson de liberté qui parcourait la peau des marins et les poussait à aller toujours plus loin au large. Même si je me voyais difficilement prendre la mer sur cet engin ou même les rejoindre dans leurs folles aventures. « Donc on révise. Si je te dis de border ? » - « Je tends la voile. » - « Et dans le cas contraire ? » - « Je vais... Choquer ? » - « C'est ça. » - « Mais dis-moi. Comment je sais quand c'est bon ? Quand la voile est assez choquée ou bordée ? ». Un sourire amusé se dessina sur le visage de mon vis-à-vis. « Tu le sais pas. Tu le sens. » me fit-il en tapotant son nez de l'index. « Lorsque l'on navigue, on ne sait pas. Par contre, on observe, on sent, on écoute et on devine. » ajouta-t-il devant mon air effarée. « La navigation, c'est autant une affaire de ressenti que de connaissance. L'odeur du sel, la couleur de l'océan, la direction des nuages... Tout ça sont des indices qui permettent d'optimiser la navigation. » - « Je vois. Météorologie, astronomie, cartographie... Je dois en oublier. ». Ce devait demander un temps monstre pour être marin aguerri. Je pris alors conscience que la totalité de mes sens seraient mis à l'épreuve. Sentir la force du vent dans la voilure et les vibrations dans les coques. Observer les changements du paysage infini pour prédire la météo et s'adapter. Seulement c'était un monde entre celui impalpable de la voile et celui tactile du quotidien. Je devrai cependant m'y faire, et vite.



La mise en pratique du vocabulaire effectuée, les actions de bases, celles nécessaires et d'autres bonus mais dont j'aurai probablement besoin, vues et plus ou moins bien apprises, nous nous rapprochâmes de la ligne de départ. « Alors, prêtes Capitaine ? » me lança Edwin — mon coéquipier — légèrement moqueur. A croire qu'il s'attendait déjà à la réponse que j'allais lui donner. « De toute façon il est trop tard maintenant. » grimaçai-je, lui arrachant un rire bref. « Au pire, s'il y a un pépin, je suis là pour arranger le coup. » - « Je préférerai qu'il n'y ait pas de pépins du tout. » commentai-je en surveillant l'horizon et le signe du départ. Je l'entendis rire, attirant mon attention sur lui. Ça ne me donnait pas envie à moi. Levant les yeux sur la voile, je la choquai afin de réduire notre allure, puis jetai un regard aux autres concurrents. Je priai soudainement pour qu'ils soient tous aussi doués que je ne l'étais. Le bruit sourd d'une déflagration retentissant, je levai la tête en sa direction. Un épais panache de fumée s'élevait dans les airs depuis la barge plus loin. Ça y est, la course débutait.

Bordant la voile jusqu'à sentir le vent  exercer une pression sur celle-ci à travers l'écoute que je tenais en main, je surveillais et m'aidais également les filins accrochés à la voilure, attendant de les voir à l'horizontal. C'était une sensation particulière que de ressentir indirectement cette force. Il m'avait fallu du temps pour m'en rendre compte et en saisir la justesse. Mais à présent il y avait presque quelque chose de naturel. « Tu peux me dire où se trouve la prochaine bouée s'il-te-plaît ? Avec les voiles je ne la vois pas. ». Ce qui avait de quoi être gênant. Il ne faudrait pas que je passe à côté et récolte ainsi une pénalité de temps. « La première est à 40° nord-est. À environ un kilomètre. ». J'opinai du chef à l'information qu'il me transmit et virai de bord pour rejoindre la direction indiquée. Je levai alors les yeux sur ma voile. Les filins étaient retombés. C'est bien ce qu'il me semblait. Pourtant ce n'est pas comme si j'avais fait un écart à 180°. Aussi, comme l'eut fait Edwin plus rapidement que moi, je réglai ma voilure et la bordai un peu plus. Mais non, cela n'améliora rien. Je vis le Lyrienn me faire un signe. Boudeuse de mon échec, je portai mon attention sur lui. « Tendre la voile ne va pas forcément te faire aller plus vite. On a changé d'angle par rapport au vent. C'est ça que tu dois prendre en compte. Le vent et sa direction par rapport au navire et ses voiles. Toujours. ». Je marquai un temps. En effet. J'avais agis sans réfléchir. Je donnai donc un peu de mou dans ma voile et, comme un cheval qui aurait reçu un méchant coup de fouet, le bateau fut prit d'un sursaut d'accélération. Jusque là, tout semblait plutôt bien se dérouler et plus facilement que je ne l'imaginais malgré un premier couac. Il n'y avait plus qu'à croiser les doigts pour que la suite de la course se déroule de cette façon.



L'on passait seulement la dernière bouée que je captai le regard d'Edwin rivé sur un point à l'horizon, à tribord. Je suivis donc la direction de son regard et constatai un autre bateau qui naviguait dans la même direction que nous, et nous dépassant à allure raisonnable. Mais nous dépassant tout de même. « On va empanner. Ça nous fera perdre quelques secondes mais on rattrapera rapidement ce temps perdu après la manœuvre. » - « Empanner ? » répétai-je, surprise. Je n'étais plus certaine de l'objectif de l'exercice. Ce que j'en avais retenu toutefois, c'est que ce n'était pas la moins dangereuse. Ça ne me rassurait pas. « Oui. La voilure est plus adaptée pour un vent arrière. On va prendre les devants en faisant un écart. » expliqua-t-il en faisant référence au second navire. « Mais je ne sais plus comment on fait ça ! Tu me l'as montré qu'une fois et on en a pas fait depuis le début de la course. » répliquai-je, toujours plus inquiète. « C'est pas compliqué. Tu vas complètement virer de bord par tribord. En même temps tu choqueras ta voile à fond de sorte qu'elle faseye. » - « Qu'elle quoi ? » - « Qu'elle soit tellement relâchée qu'elle batte au vent. » m'expliqua-t-il avant de continuer. « J'arrangerai également ma voile, mais toi tu devras te concentrer uniquement sur le navire. Lorsqu'il aura complètement viré de bord, tu pourras à nouveau border ta voile et reprendre les commandes. La manœuvre peut prendre plusieurs secondes, il ne faut pas se montrer impatient. Mais il faut être extrêmement précis, sinon on est bon à recommencer et ce sera du temps perdu difficilement rattrapable. ». Je déglutis, une pression monumentale appuyant soudain sur mes épaules. « Et n'oublies pas. Fais attention à la bôme. ». Je hochai de la tête. Ce devait là être l'unique chose dont je me souvenais à propos de la manœuvre. J'exhalai un souffle puis entamai l'exercice "pas compliqué" — nous devions avoir une définition bien différente de cette expression — profitant de l'accalmie qu'elle apportât pour me poser un instant. Une pause qui fût de courte durée toutefois. Tandis que je tirai à deux mains sur mon écoute, mon partenaire reprit « Au fait, je t'ai expliqué ce que c'était que le trapèze ? » - « Non ? ». Le sourire qu'il esquissa ne me rassura pas. « Pour faire simple, passer en trapèze sert à stabiliser le navire. ». Je papillonnai des yeux. « Tu te souviens ce que je t'ai dis sur le navire qui "vole" » - « Oui... » - « Ce qu'il se passe exactement c'est qu'il va commencer à chavirer sur une coque.  » - « Quoi ?! » - « L'objectif c'est de faire contre-poids pour éviter de totalement chavirer. » continua-t-il en ignorant mon objection. « Pour chercher à le remettre sur ses deux flotteurs, c'est ça ? » concluai-je donc, cherchant à me rassurer. Il me répondit d'abord par une moue désolée. « Pas exactement. Avec moins de surface dans l'eau, le bateau va plus vite. Et c'est ce qu'on cherche dans une course. Aller plus vite que les autres. » répliqua le Lyrienn avec un sourire en coin. « Tu suivras mes indications. Je m'occuperai de la combine. » ajouta-t-il toujours sans se soucier de ma réaction. Avec de grands yeux, je le fixais, incrédule. Ce que je pensais sur les marins se confirma à ses mots. Ils étaient fous. Il fallait l'être pour appréhender avec tant de flegme la potentialité de faire chavirer le navire au seul prétexte qu'il gagnerait en vitesse.
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Maximilien Eraël
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Maximilien Eraël
Mar 15 Juin 2021, 18:15


La Coupe des Huit | Yangin

Au début, Maximilien ne sût dire s'il s'agissait d'un papier officiel ou d'une blague, dans ce cas pas des meilleures. Ce fut lorsqu'il apprit qu'il n'était pas le seul concerné par ce genre de missive qu'il comprit que, non, il n'y avait rien de plus sérieux que ce qui était écrit dans ce courrier. Participer à des jeux au nom de l'une des îles de ces maîtres des éléments ? Qu'ils aient pu faire appel à lui lui paraissait invraisemblable. L'idée se rapprochait réellement d'une farce. Mais soit. Qu'à cela ne tienne. C'était bien leur choix, il n'allait pas se dérober. D'autant que ça avait l'air d'être quelque chose d'important.



L'île du Feu, Yangin, portait indiscutablement bien son nom. Ses flammes n'avaient cependant rien pour rendre jaloux le feu du Désert. Elles se montraient peut-être plus menaçantes, mais la chaleur qu'elles dégageaient était tout aussi intense que celle des dunes de son quotidien. Tandis qu'il prit connaissance des autres mandatés pour l'épreuve, il commença à se dire que c'était justement parce qu'il était Humain qu'on lui avait demandé de participer. C'était curieux qu'ils n'aient pas préférés appeler la Matasif dans ce cas. À moins que, pour le coup, ce soit trop pour eux. En même temps que son esprit se plongeait dans ces différentes réflexion, son regard se porta vers le Gardien de Mancinia, le Madhif Katzuta, tout en arquant un sourcil. Ceux qui lui cherchaient des noises étaient soit idiots, soit inconscients sinon probablement les deux. Puis son attention se porta vers la silhouette immanquable de Léto. Les réminiscences d'un rêve firent surface comme il intercepta un signe de l'Orisha. Un rictus se glissa sur ses lèvres avant de s'en détourner pour aller se préparer. Ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour laisser ces songes l'envahir.

Avant d'entrer dans l'arène, Maximilien prit le temps de la réflexion pour choisir le meilleur équipement. Il devrait faire face à un lanceur de flammes. Lui n'aurait que l'acier comme arme. Si le combat n'était pas prévu pour être à mort, l'élément ne restait pas sans danger. Pour l'armure — qu'il fit arranger afin de pouvoir la mettre, faute de ses ailes non-rétractable — , il privilégia donc le cuir au métal au contraire du bouclier lenticulaire qu'il soupesa avant de l'ajouter à son armement. L'inverse aurait été la combinaison parfaite pour improviser une cocotte au feu de bois. Harnachant une falcata à sa hanche opposée au bouclier, lui permettant ainsi d'y avoir accès quelque soit la situation, son regard se porta quelques secondes sur les lances avant de s'en saisir d'une. Ça ne l'étonnerait pas que son adversaire cherche à maintenir la distance entre eux-deux et une arme d'hast comme celle-ci ne serait pas de trop dans ce cas. Ce ne serait peut-être pas le plus facile des combats. Mais ce serait intéressant. Pour lui comme pour le Lyrienn en face. Il était certain qu'il ne s'était encore jamais confronté à un Humain en un contre un, de la même manière que lui n'avait jamais fait face à un être magique de cette façon.

Quittant l'armurerie pour enfin fouler le sable, la lumière extérieure ébloui un instant le Kaaiji qui s'en protégea du revers de la main. Alors il la vit. La foule. Un moment il fut prit d'un doute. Est-ce que le Ma'Ahid serait vraiment efficace dans ces conditions ? Rapidement il évalua la taille de l'arène et la distance qui le séparait des tribunes. En théorie, si. En théorie, le public ne devrait pas interférer avec. Son attention se reporta donc pleinement sur le parterre et son adversaire en le voyant arriver, fronçant des sourcils en constatant l'air assuré et mesquin qu'il affichait. « J'ai entendu dire que Ildirim avait fait fait appel à un Humain pour les représenter. » commença-t-il, un rictus moqueur aux lèvres. « Balance ta connerie, vas-y, je suis prêt. » pensa Maximilien, déjà agacé par le personnage. « C'est quand même triste. Le monde doit cruellement manquer de bons guerriers pour en être réduit à faire appel à l'un d'eux. » compléta-t-il avec condescendance. Un rictus crispé se glissa sur la commissure des lèvres du rouquin. Voilà, c'était dit. Il exhala un souffle, court et irrité. « Franchement, il va peut-être falloir songer à renouveler le stock. Ça commence à faire un peu réchauffer vos critiques, je pourrais les dire à votre place. » répliqua-t-il en s'ancrant dans les iris du Lyrienn. Celui-ci souffla des naseaux comme un taureau prêt à charger. « Je vais te montrer ce que c'est que du réchauffé. ». Le rouquin cru entendre un « bâtard » ponctuer la phrase. La déflagration apparaissant en même temps l'empêcha de le distinguer clairement, le laissant ainsi dans un doute tout relatif. Afin de se protéger, lui et l'arme, des flammes voraces, il se replia derrière le bouclier, sa lance dans son dos. Puis il prit une profonde inspiration, raffermissant sa prise sur ses armes. Alors il déploya largement ses ailes et donna un puissant battement de celles-ci vers l'avant pour faire reculer le brasier. Ce ne fut qu'une seconde à peine. Un temps ridiculement court. Juste assez pourtant pour qu'il y échappe d'une roulade sur le côté. Un genou à terre, le regard toujours sur le Lyrienn et les muscles tendus prêts à repartir, c'est ainsi qu'il profita de la mince ouverture qu'il s'offrit pour se redresser d'un bond. À peine sur pied, il leva son bras armé haut au-dessus de son épaule et, d'un geste vif, il jeta la lance qui vola dans un sifflement sourd sur son adversaire. Ce n'était qu'un tir approximatif. Pourtant l'attaque eut l'effet escompté. Le jet de flamme se dérouta pour venir carboniser la hampe de bois avant de cercler le Lyrienn en un mur protecteur. La pointe continua sa route néanmoins, bien que moins vive et le maître du feu n'eût qu'à effectuer un léger pas de côté pour assurer sa sécurité, alors même qu'elle n'alla pas plus loin que ses pieds. Un picotement sur la nuque et une sensation désagréable le saisit. Un sentiment anormal et inconnu. La seconde d'après c'est un râle douloureux qui retentit à travers l'arène.

Profitant que l'attention du Lyrienn soit accaparée par la lance fonçant sur lui, Maximilien se précipita en avant, bouclier devant pour se protéger des flammes qui se réduisaient à chaque pas qu'il effectuait en direction du lanceur de feu. Celles-ci vinrent malgré tout chatouiller méchamment ses ailes, crispant sa mâchoire pour atténuer la douleur de la brûlure. Lorsqu'il fut à portée de son adversaire, le Kaaiji jeta son bras protecteur dans la mâchoire de celui-ci, le faisant reculer de quelques pas tant par la violence du choc que par la surprise. Cette fois ce fut un « connard » parfaitement audible qui retentit aux oreilles du rouquin. Il ne se formalisa cependant pas de l'insulte. Il aurait surement réagit de la même manière. Ce qui l'intéressait avant tout, c'était sentir l'intensité du feu s'éteindre dans son dos. Il pouvait l'affaiblir, il en était certain à présent. Ainsi ne comptait-il pas le laisser fuir maintenant qu'il avait atteint cette proximité permettant d'étouffer l'agressive flamme du Lyrienn. Se pressa-t-il donc à repartir au contact, dégainant son arme en sabrant l'air de bas en haut dans un mouvement oblique avant enchaîner par une attaque transversale. Si le premier coup fut esquivé d'un pas en arrière, le second fut contré et repoussé. Alors le Lyrienn récupéra son bouclier jusque là encore dans son dos. Une joute à l'épée s'engagea entre les deux duellistes, le son des lames s'entrechoquant et des boucliers réceptionnant les coups résonnant dans l'arène. Un vif rictus apparu sur le visage du rouquin. À l'évidence, il avait définitivement abandonné son fouet enflammé pour le fer seul, ce qui confirmait ses soupçons quand à son Kan'Ghar essoufflé. Il avait toutefois conscience qu'il devait avoir bien moins de cartes à jouer en main que le Lyrienn et qu'il en avait déjà épuisé quelques unes. Il devrait faire preuve de parcimonie pour la suite et user de chacune avec esprit s'il voulait remporter ce combat... Ou bien le prendre de vitesse de sorte qu'il n'ait pas le temps d'user de ses atouts. Ce fut l'option qu'il choisit.

La lueur naissante dans le coin de l'œil du Kaaiji attira son attention sur la jambe du Lyrienn qui s'embrasait d'un feu vivace. Finalement le combattant était loin d'être à cours de Kan'Ghar et ce fut lui qui fut prit de vitesse. D'un vif coup du pied, le Lyrienn éjecta la flamme surprise en direction de son adversaire. Trop proche. Trop dangereux. Plutôt que l'attendre, Maximilien amena son bouclier au contact de la boule de feu qui éclata contre le métal dans un souffle rugissant. Quelques langues enflammées à la recherche de sa proie s'échappèrent depuis les bords incurvés pour continuer leur chemin et venir lécher le cuir protecteur tenant le bouclier afin de de trouver une interstice à attaquer. Le rouquin saisit toutefois l'opportunité inattendue. Il balaya l'unique jambe encore au sol de son assaillant et, pour le forcer à la chute, lui donna un coup d'épaule qui se fracassa contre la taule du bouclier. Avec une grimace, le lanceur de flamme perdit l'équilibre et finit dans le sable. L'homme à terre, Maximilien bloqua du pied son avant-bras tenant le bouclier et laissa reposer le sien sur son torse. Ainsi le malheureux se retrouva incapable tant de se relever que de se défendre et ne put qu'assister à la suite sans pouvoir agir. Le Kaaiji leva sa falcata haut au-dessus de sa tête en un geste meurtrier. Dans un sifflement, le Lyrienn l'entendit autant qu'il la vit s'abattre comme une faucheuse sur lui. Puis elle s'arrêta, à une vingtaine de centimètres de son cou, come confrontée à un obstacle invisible. Ils restèrent ainsi quelques secondes en suspens. Enfin Maximilien se redressa, récupérant son bouclier et rengainant le fer. Et, sans un mot, il s'écarta de son adversaire en massant son épaule s'étant frottée au bouclier du Lyrienn, effectuant quelques moulinés pour la détendre. Il ne ferait pas ça tout les jours. Sa main vint ensuite tâter le cuir abîmé de son armure, ignorant la moue courroucé de son adversaire. Elle avait bien fait son travail. L'homme était habile et certains coups avaient su passer la défense de l'Humain. On voyait et sentait les coupures où l'épée avait frappée. Mais aucune déchirures, donc blessures. Qui plus est, ce n'était jamais sur des points sensibles. Donc même s'il avait été touché, ça n'aurait pas été "grave".

Son regard abandonna l'armure en percevant le Lyrienn se relever, son épée fermement tenue. « Si tu comptes m'effrayer comme ça, tu te plantes mon gars. » fit-il en se remettant en posture de combat. Le rouquin le fixa en silence. « T'aurais dû profiter de l'occasion pour me mettre KO. Elle se représentera pas. » ajouta-t-il, narquois, tandis qu'une vague enflammée vint dévorer son arme et former un cocon rougeoyant sur le métal. « J'ai su me créer l'occasion une première fois. Je saurai bien recommencer. » répliqua Maximilien qui se mit en position de défense, la main sur son épée, prêt à dégainer. Car, après leur première passe d'arme, il pensait avoir comprit ce qui faisait défaut au Lyrienn. Il était vif, certes et ne manquait pas de puissance. Il n'en serait pas là sinon. Mais probablement serait-il meilleur encore à distance. A l'inverse, lui appartenait à l'al Palānaikasa. Ils étaient certes entraînés pour être flexible. Accompagner l'al Kainā aux premières lignes du front ; agir en troupe seule ; tenir la position ou aller du point A au point B à travers les lignes. Mais dans tout les cas, il y avait contact avec l'ennemi, d'une manière ou d'une autre. Hors, son adversaire semblait être parti pour en découdre de cette façon.

Il s'écoula quelques secondes où les deux combattants se dévisagèrent avant que le maître des flammes ne se lance à l'assaut. Maximilien campa sur ses positions, son regard allant de la lame menaçante au guerrier, jusqu'à ce qu'il considéra la mesure adéquat. Alors il fit un pas en avant et donna un coup de bouclier pour repousser la lame enflammée, maintenant la pression sur le fer brûlant pour empêcher une contre-attaque. En même temps il dégaina son épée qui se confronta au bouclier adverse. Chacun bloquant mutuellement l'autre, il repoussa brutalement le bas armé du Lyrienn et fit glisser sa propre lame sur le bouclier dans un crissement métallique jusqu'à trouver l'aisselle absente de défense de celui-ci. En même temps que la douleur assailli le lanceur de feu, sa main lâcha son arme qui tomba mollement sur le sol poussiéreux. Dans un réflexe, il recula de quelques pas, son autre main cherchant la blessure. Maximilien suivi chacun de ses pas comme son ombre, profitant de sa confusion pour laisser le bouclier à ses pieds afin de saisir d'une poigne ferme son adversaire par le collet et figer le fil de sa lame contre son cou. « Je t'en foutrait des occasions qui se présente pas. Ce serait la deuxième fois que tu serais mort. » siffla le rouquin en ancrant ses iris smaragdin dans celles de son adversaire.

Un tissu vola dans le champ de vision de Maximilien. Il n'appartenait à aucun des deux combattants. Le Lyrienn remarqua l'attention détournée de son adversaire. Il fit fîs de la douleur pour attraper un couteau dans son dos et porter une ultime tentative de contre-attaque. L'éclat de la lame dans le coin de l'œil du Kaaiji rappela celui-ci à l'ordre et il dû relâcher sa prise pour reculer et tenter l'éviter en même temps qu'il baissa la tête pour se protéger le cou. Dans la balance bénéfice-risque, un œil en moins valait mieux qu'une carotide trouée. Ça n'alla pas jusque là toutefois, même si elle vint effleurer son visage. La mâchoire serrée, tant à cause de l'agacement que par les picotements qui le saisirent, lui faisant comprendre que le couteau avait réussi son coup, il se saisit du bras audacieux du Lyrienn pour l'empêcher de réitérer son attaque avant de repositionner sa lame comme précédemment, lui jetant un regard sévère.
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Kaahl Paiberym
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Mar 15 Juin 2021, 20:29



La Coupe des Huit


J’étais couvert de sueur. Mes doigts attrapèrent le bas de mon haut et je l’enlevai. Avec difficulté, je m’en servis pour me faire une protection contre le soleil. Je pris un peu d’eau et en versai sur moi, en poussant une exclamation de satisfaction, et me tournai vers la Princesse Noire. « Tu devrais faire pareil. » « Hein ? » me répondit-elle, la pensée dans le vague. « Te rafraîchir. » Je la fixai. Son corps était maigre. Ses joues étaient rouges et ses cheveux humides. Ses yeux reflétaient le malaise crée par l’effort. Les tissus, à force de frotter sa peau, avaient provoqué l’irritation. Ses vêtements n’étaient pas faits pour la randonnée. Comment aborder la question sans la blesser ? « Eméliana ? » l’appelai-je, alors qu’elle persistait à ne rien dire. Elle me fixa. « Dans mon sac j’ai un autre haut et un bas. Je pense que tu devrais enlever tes habits actuels. » « Q… Quoi ? Hors de question... Ce ne serait pas digne d'une... Princesse... » Elle avait du mal à respirer et je la vis devenir blanche comme les jupons de Gustine. « Eméliana ?! » Elle chercha avec ses mains un support sur lequel prendre appui. Elle était aveugle. Ça se voyait à ses mouvements. Elle semblait vouloir agir avec une certaine logique mais elle n’avait aucune précision. Je réduisis rapidement la distance entre nous et l’attrapai tout aussi prestement par les épaules. « Eméliana. Tu peux t’accrocher à moi. Attends… Viens, on va aller sur l’herbe. » Malgré sa descente vers l’inconscience, je réussis à l’amener à l’endroit souhaité. Mon corps bascula avec le sien dans l’herbe. Je n’étais ni fort ni adroit. J’évitai de justesse de tomber sur elle et m’effondrai juste à côté. « Eméliana ? » Je détachai mon sac de mon dos et fouillai dedans. Il fallait du sucre et de l’eau… et desserrer ses vêtements.

Comme je n’avais pas encore des pensées en adéquation avec mon âge physique, je cherchai son bien-être avant tout, sans me dire que défaire son col entraînerait son courroux immédiat. Je m’appliquai. « Attends. Ça va aller. » C’était si contraignant, ces vêtements. Je me battis avec avant d’enfin réussir à libérer sa gorge. Là, je pris ma gourde et lui versai l’eau dessus avant de partir soulever ses jambes. Dans mes mains, ses mollets n’étaient que deux brindilles. Elle semblait tellement fragile. On aurait dit un moineau ou une petite souris. Lorsqu’elle soupira et remua, je changeai de place pour revenir près de son visage. Je pris l'un des gâteaux de Pauline et lui fourrai entre les lèvres. « Mange, sinon tu n’iras pas mieux. » Là encore, c’était une erreur, bien qu’elle obéît, trop faible pour lutter.

Le calme régna encore quelques minutes, le temps pour elle de récupérer et de constater que son haut était dégrafé, qu’elle était trempée, que je lui avais touché les jambes et que, en plus, je lui avais fait manger un aliment hautement calorique. Elle se redressa, les sourcils froncés. Je vis que sa vision lui jouait encore des tours mais elle n’en tint pas compte et se jeta sur moi en m’insultant. Je fus tellement surpris que je fus incapable de retenir le contenu du discours. Tout ce que je vis fut son air contrarié et les larmes qui pointaient à la commissure de ses yeux. « Eméliana… » Mes mains se posèrent sur ses joues. Elle m’avait couché par terre avec une telle brutalité que je ne remarquai pas nos positions respectives. Elle non plus. De toute façon, je ne pensai pas à mal, ni maintenant, ni quand je l’attirai contre moi pour l’enlacer. Mes doigts se perdirent dans ses cheveux et je lui caressai la tête, comme papa avait l’habitude de le faire quand j’avais un gros chagrin. « Ne t’inquiètes pas, je suis là. » Comment aurais-je pu savoir que ce n’était pas comme ça qu’on faisait ? Et comment aurait-elle pu se douter que je me comporterais ainsi ? Le décalage total avec ses habitudes brisa pourtant les barrières de son orgueil. Elle cessa de lutter et s’affala sur moi en pleurant. Ça dura longtemps et elle serait beaucoup tourmentée à l'avenir par ce souvenir. « Tu peux pleurer si tu veux. Ce n’est pas grave. » Ma voix était basse. J’observais le ciel en même temps, mon regard suivant le rythme lent des oiseaux qui jouaient avec les courants. « Je suis désolé si je t’ai énervée. J’ai eu peur pour toi. » Et c’était vrai. J’avais eu peur, en la voyant tomber. Je me fichais qu’elle fût Princesse Noire ou esclave. Ce qui m’importait, c’était elle et son bien-être.

Une heure plus tard, elle était changée. Ses longues jambes maigres se détachaient de mon caleçon et ses bras tout aussi squelettiques sortaient de mon maillot. Elle avait attaché ses cheveux en un chignon approximatif, avait accepté de finir le gâteau et avait bu beaucoup d’eau. Je lui souris. « Tu dois te sentir plus à l’aise. » Elle ne répondit pas. Bien sûr qu’elle se sentait mieux ainsi mais elle était maintenant vêtue comme une roturière et si ses connaissances en avaient vent, elle serait moquée. Les habits ont toujours de l’importance. D’un simple coup d’œil, ils permettent de se faire une idée des individus. « Je te préfère comme ça. » laissai-je entendre, sans dessein. Elle paraissait plus abordable, plus simple. Ainsi habillée, nous pourrions aller plus vite et la liberté lui sourirait enfin. Quelle liberté y avait-il dans ces tissus qui compressaient la poitrine et cachaient les jambes ? Comment cette idée d'entrave avait-elle pu un jour germer dans le cerveau de quelqu'un et trouver autant de succès ?

Nous nous remîmes en marche. Parfois, je l’aidais, d’autre fois c’était l’inverse. Sur une zone de plat, je lui posai la question qui me taraudait. « Pourquoi est-ce que tu ne veux pas manger ? » Elle tourna le regard de l’évidence vers moi. « Je suis bien trop grosse déjà. » Je fus hébété. « Quoi ? » Elle n’en parlait jamais à personne. J’étais le premier à qui elle avouait sans détour sa pensée. Ses yeux roulèrent. « Ne fais pas semblant de ne pas le voir. » murmura-t-elle. « Mais… » Sa langue claqua contre son palais, un tic qu’elle avait copié sur Elias. « Tu es trop gentil. C’est vraiment agaçant, en plus d'être inutile. » « Eméliana. » Je m’étais arrêté tout en attrapant sa main. « Tu n’es pas trop grosse. Tu… enfin… Tes cuisses font la moitié des miennes. » « Tu dis n’importe quoi. Puis tu es un homme, ça n’a rien à voir. » « Mais non… » J’étais dans l’incapacité de savoir quoi lui dire. « Si. » Que ferait papa ? Que ferait Gustine ou Pauline, ou encore Minéphore ? Je ne pouvais que me baser sur les adultes qui avaient bercé mon enfance, pour essayer de les imiter au mieux. « Tu sais… Je tiens à toi alors même si tu étais grosse, ce qui n'est pas le cas, ce ne serait pas un problème. Je t’aimerais quand même. » Le souci c’est que je n’avais aucune idée des convenances, du fait que moi, jeune adulte, je ne pouvais pas dire ce genre de choses à une jeune fille comme Eméliana. Elle n’était pas de ma famille, elle ne me connaissait pas et nous n’avions aucun lien. Mes mots ressemblaient à ceux de l’amour. Je n’y pensai pourtant pas. Je pensais juste à la rassurer, totalement inconscient de l’impact que ça pourrait avoir. Je ne m’étais même pas aperçu de son changement de comportement, du fait qu’elle ne me traitait pas du tout comme ceux qui partageaient sa vie. Je n’aurais pas pu savoir.

« C’est la dernière montée. » dis-je. « Oui. » Je la regardai et lui pris la main. « Allons-y ! » Je la fis passer devant moi. J’avais trop peur qu’elle s’évanouît de nouveau et, bêtement, je me disais que, ainsi, si elle tombait, elle tomberait sur moi, ce qui la préserverait. Plusieurs fois, nos pieds glissèrent et notre prise se déroba. Heureusement, la paroi n’était pas verticale. Il s’agissait bien plus de monter sur de gros rochers et d’aller de l’un à l’autre, toujours plus haut, que d'escalader de front un mur rocheux. Souvent, je m’arrêtais pour nous encourager, par des phrases bateaux comme « On y est presque ! » « Courage ! » « Allez, encore un peu ! ». Eméliana, devant moi, se fortifiait à l’entente de ma voix. Ça l’encourageait à continuer et lorsque, enfin, nous atteignîmes le sommet, je vis sur son visage un vrai sourire. Ni mesquin, ni orgueilleux, ni hautain. Juste un pur bonheur, magnifié par la couleur vermeille de ses joues. Ce fut à ce moment-là seulement que je sentis quelque chose changer en moi. Le bonheur d’être arrivé au bout était réel mais atténué par une étrange révélation floue. Cette fille… Elle dut remarquer ma mine parce qu’elle se rapprocha. C’était une Princesse et, même habillée avec mes vêtements, ça se voyait dans ses manières. Elle ne demanda jamais l’autorisation et je ne sus jamais ce qui se trama exactement dans son esprit à cet instant. Pourtant, elle se mit sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur les miennes, avec toute l’assurance du conquérant. Je ne reculai pas.

1525 mots
Fin.

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Ven 18 Juin 2021, 20:28



La Coupe des Huit


Rp précédent : L'Absent

« Vous êtes certain que vous ne voulez pas de cours, Monsieur euh… » Il haussa un sourcil, incapable de lire ce que j’avais écrit sur la fiche de renseignements. « Certain. » Je souris, étrangement confiant. L’épreuve ne m’importait pas vraiment. Je désirais juste patiner. « Est-ce un dragon ? » Je baissai les yeux vers le Kinshäla à mes pieds. « Je ne crois pas. » « Je parlais de la créature sur votre épaule. » « Sur mon… Oh ! Ah oui ! Oui. » Je ris. « Ils ne sont pas autorisés dans les cités. » répliqua l’homme d’une voix gelée. « D’accord. » dis-je, avec un ton plaisant mais qui laissait présager que l’information ne me resterait guère longtemps à l’esprit. Le Dragon Royal s’assit et toisa l’individu jusqu’à ce qu’il nous libérât de sa présence.

Autour de moi, les chuchotements étaient une constante, chez les Magiciens comme chez les Lyrienns. Ma magie, libérée de toute entrave, continuait de s’étendre, apprivoisant l’environnement pour le rendre beau. L’aura bleutée qui m’entourait se remarquait de loin. Entre deux glaces à l’eau, je me demandai si Priam était ici. Pourquoi lui ? Parce qu’il n’aurait certainement pas apprécié l’air pincé des Lyrienns de Qar. Mon ex-mari et moi avions passé des années plaisantes ensemble. Parfois, j’y songeais et me rappelais ces jours avec une nostalgie bordée de tristesse. Ça ne m’empêchait pourtant pas de le côtoyer et de lui prodiguer des cours de musique. Lorsque nous étions ensemble, je ne pensais jamais au passé. Je me contentais de vivre l’instant présent. C’était en de rares occasions que mon esprit se troublait et se remémorait ce qui avait été un « nous » mais n’en était désormais plus un. Esther me comblait. La relation était simplement plus récente. Elle n’avait pas encore le goût de cet amour qui n’était plus tout à fait de la passion mais davantage de la tendresse. Surmonter les difficultés de la vie ensemble créait un lien bien plus puissant que celui que construisait le sexe. Le premier n’empêchait pas le deuxième mais était bien plus englobant. Je faisais confiance à Priam. J’aurais pu lui confier ma vie et, finalement, j’avais autant aimé le voir rater ses œufs au plat ou ronchonner que l’entendre me murmurer des choses salaces dont seuls les Réprouvés avaient le secret. C’était un ensemble.

J’avalai le dernier bloc de ma glace colorée avant de me diriger vers l’endroit où se déroulerait l’épreuve, mes patins positionnés de chaque côté de mon épaule, tenus là grâce à leurs lacets noués entre eux. Je savais qu’il revenait à chaque candidat de préparer une chorégraphie, chose que je n’avais pas faite. J’étais bien trop instable pour prévoir quoi que ce fût. Je vivais sur l’instant et virevoltais ici et là à la manière d’un papillon, me laissant guider par mon instinct et mes sens. Ce que je planifiais disparaissait souvent dans le flot de la journée, une idée en entraînant une autre, puis une autre, puis une autre. Le soir, j’avais réalisé beaucoup mais rien ou presque n’était en rapport avec mes volontés du matin.

J’entrai sur la glace. Ce moment me semblait toujours important. Il l’était pour tous les débutants puisqu’ils se rendaient alors compte qu’une nouvelle texture s’offrait à leurs pieds. Bien souvent, les premières chutes arrivaient à cet instant précis. Il l’était aussi pour tous les autres. Dans mon esprit, c’était comme passer d’un monde à l’autre, passer d’un état où la marche en était presque désagréable de répétitions à un état bien plus fluide. Passer de la raison aux émotions. Glisser sur la glace s’apparentait, à mes yeux à une nouvelle liberté. La pratique était douce et plaisante. L’adrénaline de la vitesse ravivait les espoirs, comme si sentir son cœur battre en s’élançant toujours plus loin conférait le courage nécessaire pour affronter les vicissitudes de l’existence. Cette liberté avait néanmoins un prix : d’affreuses courbatures pour les novices et le retour à la réalité pour les initiés.

J’appuyai sur ma jambe droite. Elle ne tarda pas à être relayée par la gauche. Quelques mouvements plus tard, je sentis l’air frais sur mon visage et dans mes cheveux. Je souris, prenant le pari d’aller encore plus vite. Le bruit des patins qui s’entrechoquaient ou glissaient sur la glace m’était agréable. Cette ambiance particulière forçait mes émotions. Pour un Magicien, le patinage est une sorte d’institution. Qui n’est jamais allé se promener sur le Lac Bleu gelé avec sa famille ? Je me souvenais des premiers pas de Priam sur la glace, de mes plaisanteries douteuses et de mon sourire taquin. Je l’avais amené au milieu du lac puis avais fait mine de le laisser là pour qu’il apprît plus vite. Lorsque j’avais raconté l’anecdote à Mancinia, ça l’avait fait rire. Puis, plus tard, l’Ange et moi avions appris à notre enfant à se tenir sur la glace et à y avancer. J’étais resté sérieux et appliqué cette fois-ci. Adam avait fait la moue en entendant l’histoire. Ce qui l’intéressait n’avait rien à voir avec l’enfance. Il avait demandé des nouvelles de Priam, me précisant pour la énième fois que le jour où notre couple battrait de l’aile, il se ferait une joie de réconforter mon mari. Il ne l’avait pas fait, sans doute par amitié pour moi.

D’un mouvement précis, je me retournai. À contre-sens, mes cheveux encadraient maintenant mon visage. Ils battaient à mes oreilles, comme un drapeau hissé sur un mat, pantin du vent. Les mains dans le dos, les spectateurs auraient pu penser que je ne faisais rien de particulier. Ils auraient eu raison. Néanmoins, ma magie s’appliquait à creuser et élever la glace de la piste. Le bleu se propageait de toute part, sculptant des reliefs et réparant les imperfections. Je fis un tour sur moi-même, puis un autre, et un autre, levant souvent l’une de mes jambes, celle-là même qui initiait à chaque fois le mouvement d’impulsion de la rotation. J’avais l’impression que je n’avais pas patiné depuis une éternité. C’était le cas, autant dans les souvenirs factices du Magicien que dans ma réalité. Le temps me manquait et, lui, comme l’incarnation du déni, ne courait pas après lui. Il illustrait peut-être mon refus de vivre cette existence, ma haine du Destin ou simplement ma lâcheté. Il était hermétique à mes appels et il était fort possible que je n’eusse pas insisté. À quoi bon, si une partie de moi pouvait s’amuser et oublier la réalité ? J’avais peut-être atteint le point de rupture, celui à partir duquel je n’avais plus envie de revenir. J’avais trouvé une alternative à la mort. J’avais trouvé l’oubli et je pensais, à travers le prisme de la dépression, que le monde s’en sortirait très bien sans moi. Personne n’est irremplaçable. Les blessures d’hier sont les cicatrices de demain. Je ne voulais plus que mes songes fussent des cauchemars. Je ne voulais plus que ma vie fût un cauchemar. À moitié conscient à travers lui, je me sentais bien.

Je pris de l’élan, un peu plus, et laissai mon corps gravir la rampe créée par magie. Il n’y avait pas de descente derrière la montée, qu’un vide dans lequel ma silhouette serait engloutie une fois la pulsion perdue. Ça ne m’effrayait pas et je profitai du saut pour tourner sur moi-même. En l’air, des appendices dorsaux se déployèrent, réponse au danger. Une aile blanche et une aile noire. Les plumes diminuèrent la vitesse, juste assez pour me permettre d’adhérer de nouveau au sol glacé sans tomber. Je continuai mon chemin, le vent de la liberté bourdonnant à mes oreilles. Mes bras exécutaient de grands mouvements, aériens et arrondis, comme si j’avais été un chef d’orchestre bien trop expressif. Je me promenais sur la piste, flânant ici, bondissant là. Parfois, je volais, d’autres fois, je glissais. Je me fichais de gagner. L’arrivée n’a aucune importance lorsque le voyage est merveilleux. J’aimais ce que je faisais. J’étais heureux.

1321 mots

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Dim 20 Juin 2021, 17:49




Ce serait merveilleux… de nager dans les nuages.

" Isiii, par ici ! "


Amusé par la jovialité de sa camarade, Isaris fut aimanté jusqu'au groupe des joyeux lurons, délaissant le voyage que lui promettaient les cieux. Les jumeaux Syn de Yer semblaient s'accoutumer au climat chaotique de l'Île du Feu. Lui-même – alors originaire de Su – admettait avoir du mal aux recoins particulièrement envahis par la lave. Il comprenait l'absence de sa meilleure amie, Aura, ayant révélé son élément de la Nature il y a peu. Elle s'y brûlerait littéralement… Une certaine mélancolie l'envahit à cette pensée, comme si constater son évolution lui faisait perdre peu à peu ses attaches avec elle. Mais après tout, elle venait de Tobieth et y restera vraisemblablement toute sa vie. Quant à lui, si Lyë en décidait ainsi, il ne renoncera guère à sa chère Su. Il n'était pas si rare que les jeunes Lyrienns se fréquentassent de la sorte, surtout sur l'île centrale, et encore plus entre Élémentaires non éveillés. Les mélodies cristallines de Su le berçaient comme nul autre chant d'Aeden, ce qui lui suscitait quelques tensions vis-à-vis des natifs de Yangin. Fort heureusement, en présence des Lyrienns de la Terre, il se sentait comme protégé, apaisé. À l'inverse, il serait desséché.

Sa sueur s'accola aux mèches rebelles, la chaleur dénaturant le reflet rosé de sa tignasse d'acier. Sans comprendre comment, les jumeaux se portaient comme un charme. Cela se voyait dans leurs prunelles qu'ils s'impatientaient au compte à rebours de l'événement. Lui aussi avait hâte de pouvoir assister aux combats de l'arène. Sans parler du fait que cette édition de la Coupe se présentait comme une occasion en or pour fréquenter des étrangers, c'était devenu le moment qu'attendaient beaucoup de jeunes de son âge : apercevoir – peut-être croiser ! – des légendes vivantes. En tout cas, les Syn étaient bien plus caler que lui sur le sujet. En leur compagnie, Isaris finira par connaître par cœur tous les combattants pour Yangin. Pour sa part, le jeune Amaranthinos fut agréablement étonné d'apprendre que la Championne de Su sera la Souriante Sùlfr en personne. Le spectacle serait sensas, comme dirait Pete.


" Regardez, c'est Léto ! " Quand on parlait du loup, ou plutôt de la louve ; enfin, dans le cas de la Sùlfr, ce n'était pas aisé pour tout le monde de retenir, tant elle en jouait.

La demoiselle – plutôt dame, on contait son récent mariage, même si personne ne semblait l'acter – dépassait d'une bonne tête la plupart des participants, qu'elle côtoyait sans gêne. Une armada d'étrangers venus représenter les différentes îles de leur archipel. Pour Isaris, ce ne pouvait être qu'un événement inratable, d'autant plus avec de si grandioses personnalités. La Souriante fit honneur à son nom et échangeait quelques mots avec quiconque l'approchant ou sur son passage. Son visage était si radieux, on pourrait presque la croire innocente.


" Vous croyez qu'elle parle de quoi avec Maximilien ?! " Avec leur jeune âge, les familiarités s'enchaînaient à au fil de leur enthousiasme.

" Elle vient de lui faire un clin d'œil, par Tokë ! " Isaris cachait lui-même mal son étonnement. Il n'aurait jamais songé à une potentielle amitié entre l'Orisha et l'Humain. Mais bon, dans le cercle fermé des Grands, les fluctuations devaient être monnaie courante.

" Elle est chouette avec tout le monde. " Ce ne pouvait être que l'unique explication.

S'ils savaient. Son insolence passée, Léto se détourna aussitôt du Kaaiji. Sa présence lui était tout aussi surprenante : les Lyrienns ne vinrent point vraiment à elle, ce fut plutôt l'inverse. Les Esprits parlaient tant que cela en devenait grisant ! Au fil des Coupes de Nations, le nom de Léto se gravait dans l'Histoire des compétitions. On connaissait sa force, sa puissance, on pouvait la craindre pour ses muscles comme l'admirer pour son sourire éclatant. Lorsqu'il était alors question de conscrire des allochtones pour représenter chaque îlot de l'Archipel, la Sùlfr apparaissait sans surprise sur la liste des potentiels candidats. Consciente qu'ils ne la trouveront jamais – même avec toute la bonne volonté du monde – il lui suffisait de faire une petite apparition inopinée point très loin, et l'invitation glissa mystérieusement entre ses mains. Quelle aubaine !

Sur le ring, sous les regards par centaines, se produisait une effervescence digne d'être vécue. Ce type de situation représentait son élément, Léto l'avait déjà ressentie à plusieurs reprises par le passé. Il suffisait d'un cercle défini, d'au moins une paire de yeux, d'une grosse bestiole en face, et son portrait se dessinait tout seul. Peut-être était-ce ainsi qu'elle souhaitât apparaitre : pas uniquement comme la peintre aux faits d'armes remarquables, mais plutôt comme l'artiste du combat, la fine fleur des duels. Durant son enfance, l'Arène de Cristal du Matin Calme berça ses nuits, emplit ses rêveries. À l'époque, elle aurait donné n'importe quoi pour finir dans les gradins, même pour une simple session d'entraînement quotidien des combattants ; aujourd'hui, elle en était devenue le centre, elle-même parée d'une armure somme toute classique et légère, dévoilant plusieurs motifs colorés le long de ses bras et de son buste. Comme à Bouton d'Or. Comme à Gona'Halv. Une Lyrienne de la Guerre, s'amusait-elle à imaginer. Ou alors, une Lyrienne de la Peinture, cela se rapprochait des natifs de Su ! Sa magie se rapprochait de jour en jour de cette palette arc-en-ciel, où l'on se perdait dans un torrent de confusion et de merveilles. L'un de ces êtres, le fameux Isaris Amaranthinos, espérait justement la voir à l'œuvre, bercer sa vision d'effluves spectaculaires, nourrir son admiration pour elle et sa légende. Plus agités que lui, ses amis de la Terre donnaient de la voix pour accompagner les encouragements du public ; les quelques effrontés qui osaient aller à l'encontre des êtres du Feu sur leur propre terrain.


" T'as oublié tes armes comme à Bouton d'Or ? "

À colossal problème, colossale solution : les Lyrienns gardèrent l'un de leurs géants spécialement pour accueillir la Sùlfr, d'autant plus qu'elle représentait leurs plus grands rivaux. Hors de question de lui laisser le moindre répit. Léto avait beau posséder une remarquable force, les Flammes de Yangin se chargeront de ronger ses fibres musculaires une à une. Le porteur de ce flambeau n'était nul autre que le grand, le fier, le puissant Fucendius. Au grand dam des organisateurs, il ne faisait finalement pas la même taille que la Chamane… Les mains sur les hanches, cette dernière afficha une inflexible confiance face à la provocation de son adversaire.

" Oh, non : je n'en ai pas besoin. " Dépourvue du moindre fourreau, on aurait presque cru à une vaste blague. Ce n'était point le cas.

Les mots de la blonde jetèrent un certain froid sur l'arène, une incessante suspicion du côté des spectateurs. Était-elle sérieuse ? Isaris laissa un sourire plutôt nerveux flotter sur ses lèvres, ne sachant trop comment réagir. Fucendius se mit à rire, de plus en plus fort. Entraînée par son euphorie, Léto commença aussi à rire. Ils exprimèrent leur amusement ensemble, sous le silence éberlué des témoins. Ce ne pouvait être définitivement pas sérieux.

Voltant du coq à l'âne, le Lyrienn du Feu troqua son amusement contre la colère pure et dure : les mains jointes face à lui, de gigantesques flammes s'extirpèrent de ses paumes et s'abattirent sur la malheureuse nonchalante. Fucendius se couvrit d'un épais manteau incandescent durant le processus, ne semant face à lui que destruction et poussières. Une fois plus ou moins vidé de sa fureur, le Champion du Feu se redressa et admira son œuvre : elle n'aura même pas eu le temps de souffrir. De toute manière, Léto n'avait même besoin de se rabaisser à de telles sottises. Il lui suffisait de sortir des voraces flammes et de graver sur le visage de son adversaire une stupeur comme jamais vécue. Toute souriante, la Sùlfr épousseta sa tenue plutôt cramée, quelques flammèches persistaient par-ci par-là. L'un de ses cheveux aussi ; elle l'étouffa d'une simple pression de ses doigts. Sans un mot, elle réduisit la distance avec ses pas lourds. Elle lui accordait au moins ce courage de rester et de lui tenir tête, même si l'imprévisibilité de la Hǫfðingi ne l'aidait pas à choisir une autre stratégie. À quelques centimètres de lui, elle ne démontrait aucune agressivité, ni aucune inquiétude alors que ses vêtements commençaient à prendre feu ! En toute réponse, Léto inspira et lui souffla sur la tête. La crinière flamboyante de Fucendius partit en fumée. Avec une plus grosse bouffée, elle aurait très pu le réduire à l'état de bougie éteinte. Soudain, les yeux bicolores de la Chamane s'écarquillèrent.


" Ola, par contre, je n'ai rien en-dessous ! Durant le match de l'Eraël, elle lui avait balancé son soutif depuis les gradins. Un moyen comme un autre d'encourager son chouchou. Ce n'était pas lui qui l'avait récupérée, malheureusement. Sans plus attendre, elle saisit le bras du Champion, le feu naturel mit son épiderme à rude épreuve, mais la douleur ne fit que l'encourager à se battre. Tu viens avec moi ! " Son emprise se raffermit encore, instillant une vive impulsion chez le Lyrienn.

Le plan s'avérait on ne peut plus simple : elle allait les faire valser suffisamment vite pour que les flammes s'étouffassent. Il fallait admettre que Léto croyait en le pouvoir de la cinétique. Sa philosophie étant que : si ça ne marchait pas, il fallait insister ! Sinon, réfléchir à une autre tactique. Mais avait-elle vraiment le temps et l'envie ? Non, et non. Ainsi, le Lyrienn de Feu fut voué à muter en Lyrienn de l'Air à force de tournoyer autour de la Titanide, celle-ci accumula assez de force rotative pour laisser ses chevilles tenir bon et se laissa transporter par la vitesse. Alors que Fucendius commençait à décoller du sol, la Chamane rit comme une enfant. Se donner en spectacle était si divertissant, surtout lorsqu'il était question de faire parler les poings et le fer. La valse s'éternisant suffisamment, Léto finit par signer la fin en reprenant l'équilibre de ses jambes et tira le plus possible sur ses bras pour balancer le Lyrienn contre un mur. L'impact fut remarquable et laissera bien des séquelles à son compétiteur. Durant son lancer, elle manqua elle-même se viander et continua alors de tournoyer sur place.

" Oh oh oh oh oh… ! " Quelques secondes et un léger mal de crâne ponctuèrent son ultime danse, les dernières étincelles agonisèrent. Sous le tonnerre des applaudissements, elle se massa le crâne en souriant.

Le cœur des jeunes Lyrienns bondit. C'était ce genre de personnes qui les inspiraient et les poussaient à se dépasser chaque jour. Isaris ne se destinait nullement aux combats, encore moins à la brutalité de Yangin, malgré tout il ne se voyait pas non plus être hermétique aux muses de ces Terres. Elles lui faisaient pousser des ailes et l'aidaient à affronter du regard les cieux. Un jour, il était bien possible qu'il parvînt à nager dans les nuages. Il s'accrochera aux attaches tendues par la pluie et profitera d'un repos bien mérité sur les courants de Lyë en personne. Merveilleux.



1928 mots ~



By Jil ♪
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Lun 21 Juin 2021, 23:23

Toki
La Coupe des Huit
Like a Parasite - Annisokay

Je sais pas si c'est choquant, mais obviously, y'a de la violence. Et du langage grossier. Et puis Toki est assez dérangée dans ce rp, donc voilà.


-Lâchez-moi !

Elle se débattait, griffait, cherchait à libérer ses bras que l’on tenait fermement pour ne pas qu’elle s’échappe.

-LÂCHEZ-MOI !

-Putain, mais vous allez la faire taire ?!

Le problème était qu’ils n’avaient pas le droit de la frapper – tout du moins, pas avant le combat – afin de ne pas porter préjudice à la compétition. Ils devaient donc recourir à d’autres solutions pour maintenir la candidate en place. Ce qui était particulièrement difficile lorsque l’on était un groupe de colériques devant gérer les caprices irrationnels d’une hystérique pareille. L’un d’entre eux plaqua sa main contre sa bouche pour mettre fin à ses vociférations. La Démone le mordit jusqu’au sang et son violent geste de retrait ne fit qu’empirer son cas, puisqu’il lui arracha la paume.

-Aaaah putain, mais quelle salope ! Elle m’a bouffé la main !

Là où n’importe quel être sensé aurait recraché le morceau de chair par terre, Toki l’avala, faisant monter encore d’un cran l’énervement des membres de la sécurité.

-Par Shaana, mais mettez-lui une muselière à cette grosse folle ! Et attachez-la !

-LAISSEZ-MOI LE VOIR !

-MAIS FERME LA !

Mécontente, elle se remit à hurler. L’un d’eux en profita pour passer un bout de tissus entre ses dents. Toki secoua la tête pour le repousser mais rien n’y fit. Ce gros con avait de la poigne et il serrait si fort qu’elle avait mal. Folle de rage, elle tenta quelques coups de pieds entre les jambes de ces messieurs. En vain. Deux d’entre eux lui attrapèrent les chevilles et ensemble, ils la portèrent jusqu’à sa loge.

-… -Raaaaaa ! -RAAAAA !

Ce n’était pas une simple onomatopée, mais bien une tentative pour appeler Kraa. Evidemment, il fallait que celle-ci ne réponde pas à l’appel à cet instant précis. C’était le pompon, connaissant ce qui stimulait habituellement sa venue. Néanmoins, loin de s’avouer vaincue, la dissidente déploya ses ailes et battit l’air. Cette méthode n’avait pas pour objectif de la faire s’envoler, mais purement et simplement de les faire chier. D’après leurs grognements, ça marchait plutôt bien, alors elle continua, en espérant que ça les ferait lâcher prise et qu’elle pourrait finalement s’enfuir dans les couloirs avant qu’ils ne la rattrapent. En plus, elle savait exactement où aller. Ce n’était pas juste une question de rumeurs ; elle savait qu’il était là. Elle pouvait le localiser, là maintenant tout de suite. Il était si proche, il allait concourir incessamment sous peu et ces connards ne voulaient pas qu’elle aille voir ! Elle avait pourtant promis qu’elle ne causerait pas le moindre trouble. Elle voulait juste voir. Mais on ne l’avait pas crue. Tout ça parce qu’il s’agissait d’un Ange et qu’elle était une Démone et que par définition, en plus que d’éloigner deux opposés, cette bande de gros fachos racistes la prenaient pour une menteuse fourbe et sans principes.

-… -EA !

Ils entrèrent dans son appartement. Là, on l’y déposa et ses membres furent enfin libérés. Avant qu’elle n’ait pu se relever, les cinq Lyrienns étaient déjà repartis, fermant à double tour la porte derrière eux. Toki s’y précipita malgré tout, martelant le battant avec son poids. Comme elle peinait à respirer, elle défit le bâillon et le jeta par terre.

-NEAH ! Appela-t-elle.

Evidemment, il ne l’entendrait pas. Mais savait-on jamais.

_

Elle était têtue, très.

-Mesdames et Messieurs, voici les prochains combattants ! Annonça le crieur, dont la voix résonnait dans toute l’arène.

C’était la raison pour laquelle on lui avait lié les mains.

-Pour représenter Yangin, je ne vous le présente plus, voici Curtis Feufeu !

Cette raison aussi pour laquelle une grille métallique recouvrait sa bouche.

-De l’autre côté, la représentante de Hava sera une terrible Démone du nom de Kitoe !

Il ne pensait pas ce qu’il disait. Il ne la trouvait pas terrible, et alors qu’elle s’avançait au centre de l’arène, elle crut entendre quelques rires. Sûrement à cause de sa taille. Ou de ses liens. Elle n’en savait rien, mais elle n’aimait pas ça, qu’on ne la prenne pas au sérieux. Néanmoins, le comportement du public avait l’avantage de faire monter sa tension, tout doucement, et de ce fait de la rendre plus efficace au combat. Tandis qu’on la libérait, Toki jaugeait son adversaire. C’était un colosse d’environ un mètre quatre-vingts. Une armoire, même si elle avait déjà vu pire en Enfer, un blond trop assuré, bien qu’il eût le mérite de ne pas la tourner au ridicule comme leurs spectateurs. Après tout, on ne l’avait pas muselée pour rien. Le Reflet frictionna ses poignets, alors qu’on s’occupait enfin de désentraver son visage.

-Maintenant tu te bats et tu fais plus chier. L’avertit son accompagnateur avant de s’éloigner.

Elle lui lança un regard noir. Du con. Elle n’en avait pas l’intention. Avant que ce dernier ne parte, Toki agrippa son bras.

-Je le garde. Dit-elle en reprenant la muselière.

Elle n’avait choisi qu’un couteau pour toute autre arme. Toki se sentait la fougue d’un chien enragé : elle avait besoin d’utiliser ses mains, ses crocs, ses griffes. De son côté, Curtis s’était équipé d’une hache à deux mains. Ils portaient tous deux une simple cuirasse. Toki avait failli garder ses vêtements ordinaires, mais Ellie lui avait soufflé de ne pas jouer aux plus malines. Comme cette couche supplémentaire n’entravait pas trop ses mouvements, elle n’avait pas protesté.

Lorsque l’arbitre sonna le début du combat, Toki fonça sur son adversaire. La mâchoire serrée, elle montrait les dents. La hache brandie vers elle ne lui faisait pas peur. Enhardie par une rage sauvage qu’elle se connaissait rarement, la Démone ne voyait plus le danger. Elle sentait la présence de Kraa avec elle, qui influençait considérablement son comportement. Quand elle fut presque à la hauteur de l’homme, la jeune femme bascula en avant et se réceptionna sur ses mains. A quatre pattes, presque à ramper, elle atteignit les jambes du bougre tout en esquivant sa lame. Couteau en main, elle s’apprêtait à planter ses mollets lorsqu’un coup de pied la propulsa violemment en arrière. Le petit corps frêle de la Démone s’envola, littéralement, sous les rugissements hilares de la foule. Elle atterrit dans un nuage de poussière, toussa, grogna. Irritée, elle n’attendit même pas de se remettre sur pieds pour lancer son couteau vers son adversaire. A l’aveugle. Au vu de la poussière et de ses compétences, elle avait toutes les chances de le louper, mais en toute franchise : elle n’en avait rien à foutre. Tout ce qu’elle voulait, c’était le buter. Il y eut une déflagration. La chaleur devint pendant quelques secondes à la limite du supportable. Ce fut sous ses yeux ébahis que son arme fondit, en plein vol. Le Reflet prit du temps à réaliser. Le cours de ses pensées était chaotique. Tout le monde dans sa tête parlait en même temps et réfléchissait à des stratégies, l’engueulait, se disputait, se contredisait, ou mieux, déviait complètement du sujet du moment – qui n’était autre que survivre à peu près et gagner ce putain de combat. La Vile finit par froncer les sourcils. Ils la faisaient tous chier. Tous.

Les doigts enfoncés dans le sable, Toki scrutait Curtis avec toute la noirceur du monde. Elle était en piteux état : la moitié de la face abîmée et le corps douloureux, elle ressemblait déjà à celle qui perdrait, misérable dans ses vêtements à déchirés et salis par sa précédente chute. Le Lyrienn s’avançait avec assurance. Bien qu’il doutât que le combat ne fut bientôt terminé – auquel cas, il avait de quoi être déçu – il savait qu’il avait l’avantage.

Il l’eut jusqu’à ce que la jeune femme chétive et déséquilibrée ne se transforme en une bête noire. Curtis leva les yeux vers son adversaire, qui la dépassait maintenant d’une vingtaine de centimètres. Kraa grondait comme un fauve. Un long filet de bave pendait de sa gigantesque gueule. Elle scrutait le combattant comme une proie. Par un curieux réflexe, le blond lui lança une boule de feu. Aussitôt, l’animal bondit. Toutes griffes dehors, elle s’apprêtait à l’éviscérer, mais celui-ci fut plus rapide. Reculant d’un pas, il para l’attaque puis rappliqua avec quelques flammes. Les brûlures n’améliorèrent pas l’humeur de la bête. Furieuse, celle-ci enchaina les coups de pattes. Ses griffes eurent tôt fait de percer la cuirasse de son adversaire, qui, en retour contre-attaquait comme il pouvait. Kraa ne lui laissait pas beaucoup d’opportunités, car elle attaquait quitte à se blesser elle-même. Finalement, à force d’acharnement, le colosse tomba à la renverse. Comme un parasite, Toki grimpa sur son buste. Elle avait repris forme humaine, elle-aussi épuisée par l’invocation de l’Autre. Ses mains tendues en l’air tenaient la muselière, qu’elle abattit avec force sur son visage. Elle accompagna son coup d’un cri strident et sauvage. Le sang gicla, quelques gouttes vinrent colorer son visage déformé par la haine. Elle continua, plusieurs fois, avant qu’on ne lui demande d’arrêter. Le Reflet n’écouta pas. Elle voulait le dévisager, le tuer, le réduire en un amas de chair fumante. Chaque coup qu’elle lui assénait, chaque fois où le métal grossier pénétrait sa chair et effaçait son identité, était une délivrance. On fut obligé d’intervenir. Plusieurs Lyrienns accoururent pour la séparer de sa victime.

-J’ai gagné ! S’écria-t-elle, haletante, en s’accrochant tant bien que mal au vêtement de l’homme, qui était tombé dans l’inconscience. C’était Lia.

Puis soudain, avant qu’elle ne soit séparée du corps, elle lui cracha dessus. Elle ne se débattit plus. La Démone tremblait de tous ses membres, épuisée. Elle était moite de sueur et de sang, ses yeux révulsés fixaient de plus en plus le néant. Elle dissociait complètement. C’était le cas depuis le début du combat, mais là, ça devenait ingérable. Kitoe essayait de garder les commandes ; Ellie fulminait face au comportement de sauvage dont elle venait de faire preuve ; la foule en délire appelait Lia au centre de l’attention ; l’appel de la mort stimulait Kraa, qui n’avait même pas eu son repas.

-Quelle folle.

Les Lyrienns de l’Air devaient être très fiers de leur Championne.

1672 mots



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Andrea
Jeu 24 Juin 2021, 20:40

[Evénement] La Coupe des Huit Qa4j
La Coupe des Huit
Andrea




Accroupi, je promenais un regard pensif sur le terrain vierge, effleurant du bout des doigts les brins d'herbe émeraude. J'avais revêtu un large tobi d'une teinte acajou brillante et un simple haut en coton couleur crème dont j'avait retroussé les manches pour éviter de les salir. La concentration froissant les fines lignes d'un blond presque blanc de mes sourcils, je tentais de faire le tri dans les idées qui affluaient. Pour ne pas être gêné, j'avais ramené mes cheveux en arrière à l'aide de quelques épingles qui dégageaient mon front pâle. Ce dernier terminerait certainement rougi par le soleil à la fin de l'épreuve. Me redressant, j'aperçus une Lyrienne se tenant un peu plus loin, ses pouces coincés dans les poches de sa salopette. Je luttais un instant avec moi-même avant de me décider à l'aborder. D'une voix rendue presque inaudible par la timidité, je l'interpelais : «Excusez-moi, est-ce que je pourrais avoir quelques feuilles pour faire des croquis ?» Elle m'adressa un sourire éclatant et acquiesça jovialement avant de tourner les talons et je me sentis idiot d'éprouver tant d'anxiété à parler avec d'autres personnes quand cela semblait si facile pour eux. Quand elle revint quelques minutes plus tard, je la remerciais chaleureusement avant de m'installer à même le sol pour commencer à tracer l'ébauche du jardin que j'avais en tête. Idéalement, je le voyais comme un havre de paix, comme une bulle végétale à l'écart du reste du monde. Aussi simple soit le concept, le réaliser me demandait des capacités que je ne possédais pas, sans compter la limite de temps. Fronçant les sourcils, je posais mon crayon pour examiner mes schémas griffonnés. Je coulais finalement un regard vers la Lyrienne qui s'amusait avec un chien. Avec son aide, je pouvais peut-être caresser l'espoir d'élaborer le jardin de mes rêves. «Excusez-moi.» Répétais-je avant de réaliser que j'avais été si absorbé par l'épreuve de l'île de Tobieth que j'en oubliais la politesse élémentaire. Un air catastrophé peint sur le visage, j'ajoutais rapidement : «Pardon, je ne vous ai même pas demandé votre nom.» Elle sourit et ramena ses boucles auburn derrière son oreille. «Shay.» «C'est un joli prénom.» Fis-je sincèrement, avant de le répéter comme pour goûter sa sonorité dans ma bouche. Elle parut surprise et garda le silence quelques secondes avant de répondre. «Merci. Est-ce que je peux vous aider ?» Vous ? Je me mis à rougir et secouait les mains devant moi. «Oh je vous en prie, tutoyez-moi ! Je suis bien plus jeune que vous et ... Oh ce n'est pas ce que je voulais dire.» Mortifié, mes excuses moururent dans ma gorge alors que mon cou prenait une intéressante teinte coquelicot. La femme haussa un sourcil d'un air faussement fâché avant de se mettre à rire. «Pour te faire pardonner, je veux que tu me tutoies aussi.» «D'accord.» Soufflais-je, soulagé avant de m'approcher d'elle pour lui désigner mon croquis. «Voilà, je voudrais creuser dans le coin pour y faire un bassin mais je ne pense pas y arriver tout seul en deux jours. En fait, il y a pas mal de choses que je n'arriverais pas à faire par mes propres moyens.» Avouais-je avec une grimace. Je m'imaginait mal devoir compter sur ma musculature presque inexistante et ma magie tout aussi faible pour un jardin qui serait digne des Faes. «Et peux-tu m'indiquer où je peux trouver les plantes ? Est-ce que je peux aussi avoir de l'aide pour les transporter ?» Shay hocha la tête et coinça ses poings sur ses hanches. «Oui, c'est possible, dans la limite du raisonnable. Et ce sera pris en compte par les juges bien sûr.» Il ne me fallut pas trop de temps pour réfléchir, il me paraissait plus important que le jardin soit comme je l'imaginais, quitte à perdre des points auprès des juges. «Je comprends, merci Shay.»

Accompagné d'autres habitants de Tobieth, je passais les deux jours entiers à faire prendre forme au terrain nu. En quelques heures, la terre s'agglutina sous mes ongles et macula mon visage lorsque j'essuyais distraitement les perles de sueur qui se formaient sur mes tempes. Mon dos fut mis à rude épreuve et de nombreux nœuds douloureux s'y logèrent après les incessants allers et retours entre la pépinière et mon jardin, à porter les plantes et autres matériaux. Dès le premier soir, je me retrouvais le corps raidi, les muscles presque atrophiés par le traitement que je leur faisais subir. Je commençais à comprendre les grimaces des jardiniers alors qu'ils se frottaient les reins de temps à autre. Loin de me refroidir, j'essayais d'ignorer les plaintes silencieuses et lancinantes de mes membres en détresse pour me concentrer sur l'épreuve. Je n'avais pas l'âme compétitrice de Natsumura mais j'étais perfectionniste et je savais que l'insomnie me volerait mon repos. Je passais donc la nuit à modifier mes schémas en fonction de ce que j'avais déjà accompli, mes pensées s'égarant parfois. J'espérais que tout se passait bien pour Natsumura. L'apprentie danseuse avait été choisie pour concourir à l'épreuve de patinage artistique et je la savais aussi anxieuse qu'excitée. Je songeais que c'était la première fois que je voyais le peuple des éléments s'ouvrir tant au reste des terres du Yin et du Yang et j'admirais leur choix d'inviter des concurrents qui n'étaient pas de leur race dans leurs épreuves. Les Lyrienns avait ainsi su élever leurs évènements insulaires presque au même rang que les légendaires Coupes des Nations et de nombreux journaux en parlaient avec frénésie. Certains candidats avaient une renommée difficile à ignorer. Si l'objectif final était diplomatique, j'étais satisfait de l'opportunité créée pour Natsumura et moi-même. Je savais la jeune Orine réticente à quitter Maëlith mais elle avait été rassurée que je la suive et nous avions fait le voyage ensemble, accompagnés d'autres Faiseuses d'Enigmes qui avaient voulu profiter de l'occasion pour visiter les îles en même temps qu'elles assistaient aux différentes épreuves. Mes pensées se tournèrent alors vers Wakiya. Avait-elle poursuivi son voyage ? Pensivement, je frottais mes poignets et un léger sourire crocheta les commissures de mes lèvres au souvenir de cette nuit si particulière. «Tu t'es fait mal ?» S'inquiéta Shay en surgissant à mes côtés, les bras chargés d'iris aux larges pétales parme. Je la rassurais d'un mouvement de tête et me penchait au dessus du bassin creusé pour y planter les pieds des ombrelles.

J'arrivais à la fin de la composition de mon jardin alors que les rayons de soleil caressaient une dernière fois le résultat de mes efforts. Souhaitant créer quelque chose d'intime, j'avais élevé de hautes rangées de bambous bordant le périmètre du terrain attribué pour dissimuler l'intérieur aux regards curieux. On ne pouvait alors y accéder qu'en passant sous un tori en bois laqué écarlate de forme arrondie. De chaque côté se dressaient divers érables aux feuillages verts, dorés et vermeils. Une fois que l'on avait pénétré suffisamment plus en avant, le couloir végétal s'élargissait en une corolle au tracé irrégulier vallonée de quelques buissons d'azalées se déclinant en tâches fuchsia et mauves. Sur la gauche, un large bassin avait été creusé, ses rives moutonnées d'une mousse moelleuse émeraude sur laquelle s'asseoir afin de se rafraîchir les pieds. Des lotus rose pâles flottaient dans l'eau au fond indiscernable, tels des fleurs piquées dans une chevelure sombre relevée de quelques roseaux. Traversant le bassin, un bras de larges galets plats s'étirait jusqu'à son extrémité. Une structure en bois séparait le point d'eau de l'extérieur, sur laquelle j'avais monté un rideau de plantes grimpantes vivaces mais qui m'avait surtout servi de support pour y disposer quelques ombrelles de la couleur des amarantes. De différentes tailles, elles s'inclinaient de sorte à laisser cascader des gerbes d'eau rejoignant le bassin au son des clochettes accrochées aux extrémités des rayons. Sur la droite un peu plus loin, en empruntant un chemin sinueux formé de gravillons de la teinte des nuages, on arrivait jusqu'à un futon où d'épais coussins formaient un nid moelleux sur lequel je rêvais de m'allonger pour méditer avec le simple bruit du vent dans les feuillages. Aux quatre coins du futon, des colonnes en bois entrelacées de camélias s'élevaient jusqu'à un dais surmonté de tentures en gaze de soie céruléenne presque translucide qu'une brise légère caressait par instants. J'exhalais un soupir, sentant la fatigue s'emparer enfin de moi maintenant que j'avais relâché la tension et que mon épreuve était terminée. Lentement, je me dirigeais à nouveau vers le bassin pour me rafraîchir le visage. L'espace de brèves secondes, j'entrevis une toute autre scène, plongée dans une pénombre aux couleurs sanguines alors que je me dirigeais avec assurance vers la silhouette alanguie d'une Sirène. Une ombre me surplomba, chassant la vision, et je levais le visage vers Shay. Elle aussi avait les traits fatigués. «Alors tu es content ?» J'acquiesçai. «Plutôt oui. Mais tout ça c'est grâce à toi et aux autres Lyrienns. Et merci de m'avoir montré...» Je levais une main et après quelques secondes où mon front se crispa sous l'effort, un filet d'eau jaillit de l'extrémité de mes doigts. Elle sourit, manifestement ravie. «Mais de rien ! Toi aussi tu m'apprendras ce que tu sais faire quand je viendrai te voir à Maëlith ! Mais j'attendrai que tu sois un peu plus grand, je ne suis pas à l'aise avec un adolescent, j'ai comme l'impression que c'est mal.» Je la regardais sans comprendre et elle gloussa avant de déposer un baiser sur mon front et de repartir en chantonnant, m'abandonnant avec mon incompréhension et le rouge qui grimpait à nouveau sur mes joues.


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