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 [Q] - Les marionnettes | Edelwyn

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Priam et Laëth
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◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Jeu 26 Nov 2020, 12:03




Les marionnettes

Occasion manquée avec Edelwyn


Intrigue : Alors qu'elles sont présentes au concours de musique organisé sur Lagherta, Edelwyn et Laëth jouent ensemble.

RP précédent : Ingjaard.
RP lié : Les marionnettistes (Kaahl).


Alors, c’est lui. Il avait une façon de s’exprimer malhabile. Pour un homme de musique, c’était amusant, parce que cela sonnait particulièrement faux. Sa gêne se répercutait contre son aura en un tintement qui ne pouvait que déranger l’auditoire. Ses doigts jouaient dans le vide et la magie nimbait ses yeux de folie. La noirceur l’auréolait. Indubitablement, ce que dégageait ce Sorcier ne pouvait pas laisser indifférent. Qu’il fût devenu Chancelier des Ténèbres faisait sens, vu ainsi. « C’est un virtuose. » lui souffla le vieux maître. Laëth lui accorda un coup d’œil et un sourire en coin ; pourtant, elle était loin de partager son enthousiasme. Elle détestait savoir que des êtres aussi sombres gravitaient autour de Kaahl. C’était inévitable. Mais celui-ci, il l’avait choisi. Et il devait jouer avec lui.

Puis, il lui avait sauvé la vie – deux fois ; d’abord, en l’arrachant au suicide, ensuite, en lui offrant son sang. Pourquoi Cyrius Windsor avait-il voulu se donner la mort en présence du Mage, et ce peu de temps avant leur représentation ? L’histoire faisait parler. Si elle excitait les langues en mal de commérages et déclenchait les plus farfelues des rumeurs, dans l’esprit de Laëth, elle soulevait de nombreuses interrogations. Elle écartait tout scénario amoureux ou filial, mais elle se demandait ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. Fallait-il s’inquiéter du lien qui les unissait ? Sans doute. Kaahl n’avait pas seulement choisi et sauvé un être humain. Il avait choisi et sauvé un condensé de Ténèbres.



Le soleil jetait un feu brûlant sur les terres de Lagherta. De ce qu’elle en avait vu, c’était une île agréable. Si Cyrius Windsor avait souligné l’attachement de l’Empereur Noir à ce territoire dans son discours d’ouverture, l’Ange n’avait pas eu besoin de cet ajout pour en comprendre la valeur. Il l’avait nommé d’après sa mère. Elle savait aussi son affection pour la nature, l’ordre et les belles choses. Cela la rassurait, quand elle croyait que le chaos l’engloutissait. « Surtout, prêtez l’oreille. Le Comte Windsor est un prodige, et votre Baron est vraiment doué. Ce sera époustouflant, je n’en doute pas ! » Les yeux de son professeur brillait d’impatience. L’Ailée lui sourit. Une lueur espiègle s’invita dans le regard du vieillard. « Si vous continuez à vous entraîner dur et que vous finissez par l’épouser, peut-être que vous produirez des virtuoses ! » la taquina-t-il. « Si ça arrive, je les enverrai étudier chez vous. » Il pouffa dans sa barbe. « C’est trop d’honneur. »

Lorsque la silhouette ailée de Kaahl s’avança, Laëth retint son souffle. Le Sorcier le rejoignit rapidement. Sous leurs coups d’archet, l’eau entama une danse endiablée. La douceur du Mage Blanc contrastait avec la violence de son partenaire Noir ; néanmoins, leurs musiques et leurs magies se confondaient dans une étreinte aussi harmonieuse que saisissante. Les macchabées affrontèrent les cavaliers. Les armées se déchiraient, et pourtant, leur combat s’apparentait à une danse. Les coups répondaient aux esquives avec une perfection millimétrée : tout semblait chronométré pour offrir à l’ouïe comme à la vue le spectacle satisfaisant d’une œuvre parfaitement maîtrisée. Il y avait aussi tout ce que la répercussion des sens et l’amplification par la magie causaient : les émotions tourbillonnaient. Les images de la bataille en Terre Blanche frappaient Laëth, en même temps que des réminiscences de son enfance parmi les Réprouvés. Elle songeait à la Lumière qui l’étreignait et aux Ténèbres qui la guettaient, aux paroles de Jun et à son mot déposé sur la table, au printemps bourgeonnant et à l’automne grisonnant, à l’amour de Priam et à ses injustes colères, au feu et à la glace, au sourire de Kaahl et à tous les mensonges et mystères qu’il masquait, au Bien et au Mal ; et à cette valse qu’ils voulaient guider mais dans laquelle ils s’empêtraient.

Le visage de l’Ange était pâle comme la Mort ; pourtant, son cœur bouillonnait. Le Sorcier était véritablement incroyable, et elle se rendait compte qu’elle n’avait aucune idée des aptitudes musicales de Kaahl. Elle comprenait pourquoi il lui avait offert un violoncelle, parce qu’elle comprenait désormais son amour pour les instruments et leurs chants. Priam avait assisté à la représentation qu’il avait donnée avec Lodicia Marivaux. Tout le monde avait parlé d’un spectacle exceptionnel. Elle avait regretté de ne pas pouvoir y être présente. Cependant, elle ne s’était pas imaginé ressentir une telle déflagration. Elle n’aurait jamais pensé que la musique pût être si intense qu’elle en bouleversât jusqu’à la plus infime partie d’elle-même. En voyant le Mage jouer aux côtés de son Chancelier, elle avait envie de s’infiltrer chez lui et de l’écouter faire chanter son piano, comme dans ce rêve où ses crocs s’étaient plantés dans sa chair. Elle avait envie de courir sur scène et de l’enlacer si fort qu’il aurait l’impression que les battements de son cœur étaient les siens. Elle avait envie d’écarter le Sorcier du tabouret et de jouer une mélodie de Lumière et de Bonté, pour à tout jamais annihiler les Ténèbres de l’Empereur.

Lorsque la dernière note tinta, comme Lodicia Marivaux, Laëth pleurait. Cependant, elle n’aurait pas su dire si cela était dû à la beauté de la musique, à l’horreur que lui avaient inspirée certains tableaux ou à l’appréhension que suscitait ce qu’elle se figurait de la relation entre les deux hommes – c’était une osmose, une osmose funeste. Ébranlée, elle se tourna vivement vers son professeur de musique, dont les yeux étincelaient d’enthousiasme et d’émotion. « Il est tard. Je vais rentrer. Merci, c’était… merci. » Et sans un mot de plus, sans s’attarder sur ses protestations, elle s’éclipsa. Dans son sillage, elle entendit quelqu’un s’exclamer : « Regarde ! C’est Laëth Belegad ! Je ne savais pas qu’elle était venue voir le Baron… C’est mignon. » - « Oui- oh mais ! Elle aussi, elle pleure ! » répondit une autre voix. Tandis qu’elle s’enfuyait, ses paumes balayèrent ses larmes. Parvenue à l’auberge, elle se dévêtit et s’étala sous les couvertures. Il ne lui fallut qu’un mouvement de paupière pour sombrer dans les bras du sommeil – un sommeil troublé et agité.



Les jours suivants, elle ne vit pas Kaahl. Elle ne lui avait pas dit qu’elle viendrait, et de son côté, elle l’évitait. Elle n’avait pas envie de le voir. Sa performance musicale avait profondément perturbé quelque chose en elle – un équilibre, une balance. Elle s’en remettrait. Ses émotions comme ses sentiments retourneraient à leur état normal, d’ici quelques jours. Ce n’était qu’une question de temps, comme cela pouvait l’être de la musique. « Non non, reprenez, reprenez ! Ce n’est pas un, deux, trois, quatre mais un, deux, trois et quatre. » Le musicien battait la mesure pour illustrer ses propos. L’Ange fronça les sourcils, se recala dans son siège, et se reconcentra sur la partition. Elle posa l’archet sur son violoncelle et réitéra les mouvements. « Oui ! Comme ça ! » Face à l’attitude enjouée du vieil homme, elle sourit.

Ils étaient venus en simples spectateurs. Son mentor était convaincu que voir jouer de grands artistes l’inspirerait et la guiderait. Elle avait hésité à accepter, parce qu’elle n’avait absolument aucune envie de retourner en territoire sorcier. Pourtant, il avait eu raison : assister aux spectacles avait nourri la flamme de sa volonté d’apprendre. En outre, elle avait été soulagée de découvrir que Lagherta n’avait rien à voir avec Nementa Corum. C’en était même tout le contraire. De nombreux Magiciens s’étaient rendus au concours, sur invitation de l’Empereur Noir. D’autres peuples étaient aussi présents, certains connus pour leurs talents musicaux, d’autres moins. Il y avait même quelques Anges, ce qui avait contribué à la rassurer et à la mettre un peu plus à l’aise.

Être spectatrice ne la dispensait cependant pas de s’entraîner. Au contraire, l’aïeul avait souhaité la voir redoubler d’efforts lorsqu’il avait constaté que des représentations annexes et spontanées se mettaient en place. Le soir même, ils joueraient tous les deux auprès d’une violoniste. Il l’avait entendue jouer alors qu’il se promenait, un après-midi. Charmé, il lui avait proposé de se retrouver après les spectacles afin d’offrir une petite représentation. Elle avait accepté.



Laëth la dévisagea avec une intensité probablement dérangeante. De petite taille, blonde, les yeux verts. Edelwyn, avait-elle dit. Edelwyn. Son instrument en main, l’Aile Blanche sentait ses doigts trembler. Elle était certaine que, si cette femme se déshabillait, elle reconnaîtrait un corps que Jun et elle avait parcouru et aimé, une fois, dans cette chambre où la fenêtre donnait sur de vastes champs rouges. Elle le reconnaîtrait, néanmoins, ce ne serait pas tout à fait celui-ci. Il lui manquait de la prestance, et quelque chose, dans son aura. Ce n’était pas une Déesse. Ce n’était pas Paaz Kiin’Din. Ce n’était pas la mère de l’un des fils de Jun. Simplement, une mortelle. Comme elle, et tous ceux qui les entouraient. La voir troublait pourtant l’Immaculée. Cela chassait son déni et ravivait des envies de dévorer des livres d’histoire, de géographie, de magie et de littérature, pour comprendre tous les éléments qu’Ezechyel avait savamment éparpillés dans ses rêves. Il ne faisait rien par hasard. Il l’avait dit : les miracles ne sont faits que pour les idiots. Peut-être qu’il y avait, dans son subconscient, des éléments clefs pour battre en brèche ce mal contre lequel il l’avait prévenue, et pour faire de la beauté cruelle de la vie une force essentielle. Ses iris glissèrent sur le violon du clone. La vraie savait-elle en jouer aussi ? Elle repensa à la femme que le Prince Noir avait assassinée lors de son couronnement. Et elle ? Tout se mélangeait. Des imbrications se faisaient et se défaisaient.

« Un, deux, trois et- » Les trois musiciens entonnèrent les premières notes. Laëth se concentra immédiatement sur le morceau. Elle fit taire les questions qui la harcelaient. Un petit groupe de spectateurs s’était constitué, qui grossit à mesure que la musique enflait, ronflait et soufflait. Le professeur, à l’aide de la magie, parvenait à jouer de plusieurs instruments. L’archet de l’Ange caressait son violoncelle. Quelques illusions apparaissaient au gré de ses mouvements. Elle seule pouvait les percevoir. Quant aux sentiments que créaient et manipulaient son jeu, elle était incapable de dire si elle maîtrisait assez son instrument pour qu’ils touchassent aussi le public. Le chant du violon lui parvenait avec clarté. Elle ferma les yeux quelques secondes et sourit. Le temps de quelques instants, elle oublia tout. Seule la musique la portait.

Lorsque les instruments se turent et que le crépitement des applaudissements les remplaça, elle voulut se diriger vers Edelwyn. « Isemssith Belegad ! L’Aile d’Acier ! » Elle se retourna. Une fillette, qui courait vers elle, se figea. Les prunelles qu’elle posa sur l’Immaculée brillait d’admiration. « Vous pouvez signer mon dessin, s’il vous plaît ? » - « Églantine ! Églantine ! » Une femme rondouillarde apparut derrière elle, visiblement essoufflée. Le rouge teintait ses joues et quelques mèches s’échappaient de son chignon. « Mademoiselle Belegad, je suis vraiment désolée. Dès que la représentation s’est terminée, elle m’a filée entre les doigts ! » Laëth sourit avec douceur. « Ce n’est rien. » Elle s’approcha de l’enfant et s’accroupit devant elle. « Fais voir. Tu as un crayon ? » - « Oui ! » Avec entrain, elle en sortit un de l’une des poches de sa robe. L’Ailée le prit et regarda le dessin. Une Ange aux ailes gris métallique brandissait sa hallebarde vers le ciel, un pied posé sur le corps d’un Démon. Les croix qui remplaçaient ses yeux et sa langue pendante indiquaient son trépas. « Il est joli, ton dessin. » Elle signa et lui rendit sa feuille, avec un sourire. « Super ! Merci beaucoup ! La prochaine fois, je dessinerai Belle avec Adam ! » - « Belle avec Adam ? » - « Il faut qu’on rentre, ma chérie, tes frères et sœurs nous attendent. Veuillez nous excuser. Bonne soirée. » - « Merci, à vous aussi. » - « Oui ! Au revoir ! À bientôt ! » La fillette suivit sa mère en lui faisant de grands signes de la main. Son sourire disparut dans la nuit. Edelwyn était partie aussi.



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