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 [Q] L'espace de la flamme | Solo

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Sam 07 Nov 2020, 14:03


L’espace de la flamme

Thème.

Intrigue : Alors qu’elle découvre l’habitation offerte par les Réprouvés suite à Odon Do Dur, Calanthe croise par hasard la route de César.

Appuyée contre une barrière, la jeune femme observait le spectacle en silence. Pensive, elle ne prêtait guère attention aux ruades de l’animal ou aux traits concentrés de ceux qui s’essayaient au rodéo. Quelques semaines auparavant, elle avait reçu une lettre pour l'informer d'une acquisition improbable. Ses maladresses guerrières, qu'elle avait d'abord crues rêvées, avaient suffisamment attiré l'attention pour qu'une récompense lui soit octroyée. En guise de remerciement, les Réprouvés lui accordaient une habitation. Avant de reprendre la route vers Avalon, elle tenait donc à découvrir sa première demeure. Le visage lissé par l’ennui, elle regardait Joliel tenter de maîtriser un Bicorne. À de multiples reprises, il avait échoué, et pourtant, sa volonté ne faiblissait pas. La Déchue soupçonnait son confident de persister dans son entreprise pour gagner les faveurs d'un membre du public avec lequel il avait échangé un regard marqué, un peu plus tôt. N’ayant aucun doute quant à sa réussite prochaine, elle décida de s’éclipser. En ces temps de délibération, l’atmosphère dans la cité était à l’image du peuple qui l’habitait ; électrique et joyeuse, elle menaçait de se dégrader à tout instant. Loin des préoccupations des Bipolaires et des délégations, elle s’éloigna des arcades principales. Le plan de la ville en main, il lui fallut se perdre plusieurs fois avant de trouver la bonne rue. À défaut d’avoir un numéro auquel se fier, l’expéditeur avait pris soin de joindre un dessin de la bâtisse ; malgré sa mémoire défaillante, elle la reconnut de suite. Impatiente de l'explorer, elle fouilla dans sa besace à la recherche de la clef.

Son but atteint, la Déchue s’immobilisa devant la porte. Bien que d’une grande modestie, la maison lui paraissait déjà une possession qu’elle ne méritait pas. Obstinément, elle fixait le bois verni. Il lui aurait suffi de relever la tête pour se mettre à envier l’intégralité du quartier. Elle ferma les yeux. Tâchant de se remémorer les exercices que Nux lui avait appris, elle inspira longuement, et retint quelques secondes son souffle. « Bonjour, Calanthe. » L’air échappa brutalement à ses poumons. Ce timbre d’un calme olympien, presque froid, ne pouvait appartenir qu’à une personne. « Je ne pensais pas vous trouver ici. » Il allait lui falloir davantage d’oxygène. Anxieuse, elle se demanda s’il ne l’avait pas suivie. Ce n’aurait pas été la première fois. « Vous avez perdu votre langue ? » Les doigts figés sur le métal, elle chassa les inquiétantes pensées qui fleurissaient comme des bourgeons aux premières caresses du soleil. Ses neurones s’agitèrent à la hâte pour fournir une explication logique à sa présence. « Vous êtes venu assister aux délibérations ? » Le Sorcier acquiesça. L’avenir des Réprouvés ne l’intéressait pas le moins du monde. Obéir aux volontés de Camélia, en revanche, lui assurait des subventions pour ses expériences, et il ne pouvait refuser des financements. « Malheureusement, je ne peux pas échapper à toutes mes obligations. Il a fallu que je monte sur l’estrade. » La jeune femme haussa les épaules. Jouir depuis l’enfance d’une liberté totale l’empêchait d’appréhender les motivations du blond. « Je ne comprends pas grand-chose à cette histoire. » En réalité, il y avait bien des histoires auxquelles elle ne comprenait pas grand-chose ; elle se garda de le préciser.

e4oj.jpgDevant le mutisme qui la prenait à nouveau, le Sorcier s’amusa. De toute évidence, croiser par hasard son chemin ne la réjouissait pas autant que lui. Une réaction sensée. « Que faites-vous là, toute seule ? » Compte tenu de l’ambiance générale, traîner dans les rues sans escorte lui semblait quelque peu risqué. À moins qu’elle  ne lui ait dissimulé des aptitudes guerrières. « Je rentrais chez moi. » Qu’il découvrît son adresse avant même qu’elle se soit installée lui donnait des sueurs froides. Certains jours, elle craignait déjà qu’il n’apparaisse à l’atelier. N’allait-il lui laisser aucun refuge ? « Ah ? Pourtant, vous n’avez pas la tête de quelqu’un qui retrouve son foyer. » Le pli soucieux sur le front de la jeune femme ne lui avait pas échappé. C’était compréhensible : quand bien même il avait dérobé certains de ses souvenirs, leurs dernières entrevues avaient été éprouvantes, et malgré l’aide qu’il lui avait apporté, il ne devait pas faire partie de ceux avec qui elle aimait passer du temps. L’homme voulait lui montrer qu’il pouvait se montrer doux, lorsque l’occasion se présentait. « Peut-être pourrais-je arranger ça. Entrons. » Sans qu’elle n’émit la moindre protestation, il posa sa main sur la sienne pour l’obliger à ouvrir, et ne la lâcha pas avant qu’ils soient à l’intérieur. D’un geste tranquille, il referma la porte ; mieux valait ne pas oublier la prudence. Ses congénères avaient la fâcheuse tendance de découvrir ce qui devait rester secret. Malgré le traitement qu’il lui réservait, il ne tenait pas à la mettre en danger.

Plongée dans l’obscurité, la pièce principale paraissait atrocement lugubre. Le soleil jetait à peine ses rayons sur la scène. Visiteur timide, il pénétrait à travers les craquelures d’un volet. « Vous vivez comme un Vampire. Un peu de lumière ne ferait pas de mal. » Faiblarde, la luminosité lui montrait néanmoins des horreurs. Son amour pour les choses bien ordonnées lui donnait envie de détruire ce qu’il avait sous les yeux. Il ne parvenait pas à croire que quelqu’un puisse vivre ici. Pour constater l’ampleur des dégâts, il prit l’initiative d’ouvrir les battants de bois. Superbement éclairée, elle confirmait ses craintes. « Vous nourrissez une drôle de passion pour la poussière. » Silencieuse, Calanthe contemplait la pièce. Des draps recouvraient les meubles. Au sol, le parquet présentait des aspérités minimes. Quelque peu délavée, la peinture avait perdu de son éclat, et donnait à l’ensemble une allure décrépie. Humblement, elle remercia la bonté des Réprouvés. Il s’agissait assurément d’un peuple généreux. C’était presque trop, et ce n’était pas assez. Malgré elle, son regard dévia vers l’extérieur. De l’autre côté de la rue, ses pupilles captèrent la finesse des rideaux d’une autre maison. Un sentiment familier remua ses entrailles. « À vrai dire, c’est la première fois que je viens ici. » La Déchue se savait immensément chanceuse. La satisfaction, pourtant, ne l’envahissait pas. Un manège vieux comme le monde se remettait en marche, et, incapable de l’arrêter, elle le regardait tourner avec chagrin. « Vous semblez déçue. » Le blond repérait les moindres variations que l’Envie imprimait sur ses traits. Devant sa détresse, la réjouissance habituelle ne vint pas.

Paradoxalement, la compagnie de ses semblables émoussait les pulsions de César. Depuis son arrivée à Stenfek, une humeur étrange le saisissait, et, contre toute attente, il décida de ne pas aggraver les tourments de la jeune femme. « Ce doit être difficile, de toujours vouloir ce qu’on ne possède pas. » La compassion adoucissait sa voix. Surprise, la blonde le dévisagea un instant. À quoi jouait-il, cette fois-ci ? « Laissez-moi vous changer les idées. » Se laisser aller à quelques heures de joie n’allait pas diluer la noirceur en lui. Ils en avaient tous les deux besoin. « C’est gentil à vous, mais je crains que ce soit impossible. » Parfois, l’espoir d’une amélioration délaissait la jeune femme, et alors, l’amertume prenait le dessus. Elle n’était pas facile à vivre. « Vous douteriez de moi ? » Craignant d’avoir causé sa colère, elle secoua la tête. « Non. J’ai confiance en vous. » Il n’était pas le problème. S’efforçant de rejeter le monstre qui l’implorait de lancer une pierre à travers la fenêtre des voisins pour voler leurs possessions, elle épousseta sa robe du bout des doigts. « Commençons par visiter le reste. Nous aurons une meilleure idée du travail à accomplir. » Loin d’être convaincue, elle le laissa prendre la tête des opérations, et le suivit à l’étage. Du coin de l’œil, elle l’observait réfléchir tout haut. Pourquoi diable fallait-il que le Sorcier soit là pour elle, quand son meilleur ami préférait languir entre les cuisses d’un autre ?

Il ne leur fallut que quelques minutes pour faire le tour du palier. L’escalier menait à une mezzanine en bois, qui n’était pas sans rappeler celle de l’atelier. Cette dernière sur deux chambres, dont l’une, plus petite que l’autre, et à en juger les gribouillages sur les murs, avait probablement été celle d’un enfant. Un chêne dissimulait la pièce aux regards indiscrets. Ses feuilles filtraient la lumière, épargnant au jardin en contrebas la chaleur de l’après-midi. Au rez-de-chaussée, ils découvrirent également une salle dédiée aux ablutions. Bien que de taille modeste, une baignoire, creusée dans la roche, en constituait le cœur. Lorsque le Sorcier fit remarquer qu’elle était suffisamment grande pour deux personnes, Calanthe piqua un fard. Néanmoins, conquise par le luxe que cela représentait, elle oublia bien vite son trouble. Si la maison nécessitait quelques travaux de rénovation et un coup de peinture fraîche, les Réprouvés ne s’étaient pas moqués d’elle. La simplicité de sa nouvelle demeure lui plaisait ; sans la vue tentatrice sur les habitations de ses voisins, elle n’aurait jamais été aussi heureuse. « Vous êtes chanceuse, vous savez. Cette maison est presque plus grande que la mienne, et il m’a fallu des années avant d’avoir les fonds nécessaires pour l’acheter. » Volontairement, il omit de préciser que l’argent en question avait été souillé par le sang et les larmes des prisonniers d’Amestris, et qu’avant de rencontrer Gisèle, il avait dormi des mois à quelques mètres de leurs cellules. C’était pourtant ce qui avait rendu l’affaire exquise. « Je suis désolée. C’est dans ma nature, de ne jamais être satisfaite. » Malgré les bons soins du Sorcier, le désir de posséder davantage rampait en elle. Détestable parasite.

Devant l’acharnement de l’Envie à être sa compagne, le blond prit un instant pour réfléchir. Au-delà du péché qui était le sien, il existait sans doute d’autres explications. Mieux valait explorer toutes les possibilités avant de baisser les bras. « Peut-être que la décoration ne vous convient tout simplement pas. » La Déchue détailla la pièce. Il fallait reconnaître qu’elle n’aimait pas beaucoup ce qu’elle voyait. Cependant, elle ne voulait pas se montrer ingrate. Tout ceci lui avait offert. « Je ne sais pas. Il faudrait commencer par faire un brin de ménage. » L’enthousiasme ne se manifestait pas par magie, et la propreté faisait quelquefois des miracles. D’un geste vif, elle se mit à défaire les draps qui protégeaient les meubles de l’emprise du temps. Libérée de l’étreinte du textile, la poussière voletait joyeusement dans les airs. Devant ce ballet gris, Calanthe fut prise d’une quinte de toux. Confiant le tissu à César, elle se rendit du côté de la cuisine : un peu plus tôt, elle avait repéré le nécessaire pour nettoyer le sol. Pensivement, elle passa le balai. Sa gentillesse l’inquiétait. Que manigançait-il ? Sa cervelle fécondait des scénarios angoissants. Son travail terminé, elle rangea l’outil à sa place. Cela avait eu le mérite de lui vider la tête, et de rendre le salon plus accueillant. Toutefois, un détail arrêta la jeune femme. Le Sorcier avait déformé le tissu de manière à former un sac. « Allons faire des emplettes. » Il n’avait plus le même visage.

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