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 Félins pour l'autre... ou pas | Dhavala

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Dim 26 Juil 2020, 22:18


Partenaire : Dhavala
Objectif/Intrigue : Deccio est engagé pour mettre fin aux agissements d'un indésirable qui se change régulièrement en tigre (Dhavala). Cependant, les deux hommes vont peut-être pouvoir trouver un terrain d'entente.


La corde émettant un son sous la pression de son pouce, une succession de notes s’égrenèrent petit à petit, composant doucement ce qui ressemblait maintenant à une mélodie. Le Démon attendit le bon moment de sa partition pour commencer à chantonner quelque chose. Depuis son excursion au Coryphée de Ciel-Ouvert, Deccio s’était entiché pour la musique. Il trouvait cet art assez intéressant, aussi bien pour la variété qu’elle proposait selon l’instrument et la voix utilisés que pour ce qu’elle pouvait transmettre avec seulement des mots. Certes, il n’escomptait pas raviver le moral des victimes du génocide, mais il pouvait toujours s’en servir à bon escient durant certains festivals. Dans tous les cas, il s’essayait à tout, ne fermant jamais les portes à la découverte. C’était une manière pour lui de se chercher, d’apprendre à se connaitre et accessoirement se faire plaisir. Son frère aussi avait beaucoup de talent. Il se souvenait de la sculpture qu’il avait lui-même forgée avec l’appui de quelques artisans. Un évènement qui resterait peut-être à jamais ancré dans les annales vu qu’elle avait ensuite été livrée à l’Ultimage. A cette époque, le renard n’avait pas encore été éveillé, c’est pourquoi il avait seulement entendu parler de cette histoire au travers des récits de Zane et de quelques documents qui relataient les faits. Quand il y pensait, ce type était vraiment capable de tout sans craindre les représailles.

Toutefois, même s’il l’admirait pour ça, il devait aussi reconnaitre les tares de son grand frère, à savoir son cœur trop grand. Quand bien même ce dernier avait régné sur la race, il lui avait manqué l’attrait qu’on prêtait à tous les tyrans ; la monstruosité. Malgré bon nombre de ses actes, il avait toujours combattu avec des principes et honneur. Deccio n’avait jamais partagé son avis sur la façon de les diriger, et surtout de se comporter. Avoir un Roi cruel capable des pires atrocités sans sourciller était la clé qui leur permettrait de se relever. Sans un individu prêt à recevoir toute la haine pour ensuite la déverser, aucun d’eux n’irait très loin. Aodh était manifestement un de ceux-là. Il ne jurait que par les résultats, et n’hésitait pas à mettre de l’ordre dans ses rangs. Mais cela suffisait-il pour en faire un bon Monarque ? Le Saraṇi l’ignorait. Il manquait encore de réponses sur les responsabilités de ce poste de toute évidence trop dur à porter. Toutefois, il est fort à parier que le palais allait subir quelques bouleversements dans les mois qui suivraient. En attendant, Deccio s’était promis de gagner davantage d’argent en tant que mercenaire. Pour ce faire, une femme d’âge mûre l’avait personnellement missionné pour résoudre un problème d’ordre assez simple à première vue. À Stenfek, quelqu’un s’amusait visiblement à perturber les pauvres habitants en se transformant fréquemment en tigre. Si la cité acceptait facilement les étrangers, elle semblait toutefois beaucoup trop laxiste en ce qui concernait les fauteurs de troubles. Et le renard savait de quoi il parlait, il était justement l'un d'entre eux.

Néanmoins, il s’occuperait de son cas en tant que professionnel chargé d’accomplir sa besogne en échange d’une contribution. Il se foutait pas mal de ce change-forme qui s’amusait comme il le pouvait. Il était surement le plus à plaindre, mais là encore il s’en fichait éperdument. Son enquête préliminaire s’amorça aux abords de l’entrée en commençant par interroger quelques villageois ou quelques gardes. Certains ne semblaient pas au courant de l’affaire là où d’autres se rappelaient avoir vu un animal de cette trempe en revenant des marchés. Tout compte fait, les seuls troubles qu’il causait ne volaient pas bien hauts. Quelques témoins mentionnaient des larcins et des menaces sans grandes gravités, mais sa digression la plus sévère n’allait pas plus loin que que l’exhibitionnisme. La seule chose pour laquelle il méritait d'être condamné, c'était pour faute de goûts. En matière de nuisance, il représentait à peine le dixième de ce qui se trouvait dans les coins les moins hostiles des Enfers. Un coup de lame bien placé entre les deux pattes et l’affaire serait plié. Deccio gardait toutefois des réserves, car d’après son client, ce dernier serait plutôt féroce. Décidé à en juger par lui-même, le renard attendit patiemment l'arrivée du félin en se positionnant au milieu de la route. Il pouvait difficilement passer à côté d'un tel colosse, et quand bien même il n’apparaîtrait pas sous cette forme, alors c'est un nudiste auquel il devrait se confronter. Autant dire que l'un comme l'autre, ça allait être du gâteau.


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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Lun 27 Juil 2020, 22:22



Bien que Dhavala soit affamé, il se rendit travailler dans une taverne réprouvée. Parce qu’un malheur n’en attendait pas un autre, non seulement l’Eversha avait sacrifié sa chasse de la précédente semaine au profit de la communauté réprouvée, il travaillait maintenant comme cuisinier afin de payer l’hébergement et la nourriture de sa meute. Ainsi, il n’avait pas le temps de repartir chasser.

Malgré l’imposante quantité de viande que le chef de meute engloutissait chaque jour, ce n’était pas suffisant pour satisfaire son Totem, sa forme animale. Il avait besoin d’une proie consistante ou une alternative viable. Évidemment, Dhavala avait survécu à pire. Sa faim était à au moins deux semaines de devenir incontrôlable et il avait des méthodes pour l’atténuer et tenir plus longtemps encore. Le véritable problème, c’était la nécessité de sans cesse se transformer en tigre.

En restreignant ses transformations et en maintenant sa forme humaine, Dhavala dépensait beaucoup moins d’énergie. Malheureusement, vivre avec des Réprouvés impliquait de se retrouver la plupart du temps à combattre pour une raison ou une autre. Peuple guerrier, ils étaient nombreux à désirer prouver leurs habiletés et le tigre d’Odon do Dur était un partenaire de choix pour plusieurs habitants de Stenfek. Du coup, Dhavala était souvent défié. C’était d’ailleurs un des attraits de la taverne : nourriture eversha et baston.

Ainsi, quiconque voulait se mesurer à Dhavala devait au préalable acheter trois consommations. L’Eversha pour sa part recevait une part des bénéfices de la taverne, en plus de son salaire de cuisinier. Grâce à cet argent, l’Eversha et sa meute allaient pouvoir financer leur voyage vers les Terres du Lac Bleu, où ils comptaient prendre un portail vers le Rocher au Clair de Lune. C’était, à en croire Échidna, son amante, une autre façon pour Dhavala d’apprendre à devenir un meilleur chef. Si ce n’avait été de cet argument, il y a plusieurs jours que le chasseur-cuisinier aurait quitté Stenfek.

En réalité, Dhavala aurait pu imposer le départ à ses compagnons. C’était sa propre incertitude qui le motivait à affronter son appétit et rester plus longtemps chez les Réprouvés. Ici, sa présence était acceptée, aussi bien qu’un Réprouvé bipolaire pouvait accepter un non-Réprouvé. Au Rocher au Clair de Lune, toutefois, Dhavala n’était rien d’autre qu’un prétendant. Pour que sa meute soit reconnue, elle allait devoir faire ses preuves. Comme l’aspirant chef de meute l’avait appris en bas âge, il suffisait qu’une dynastie décide d’utiliser son influence et tout effort serait dès lors réduit à néant. Pour évoluer, une meute avait besoin d’alliés. Ayant passé les dernières années de son existence comme un vagabond, Dhavala était seul.

***

Ce jour-là, c’est une vieille dame qui défia Dhavala. C’était la troisième fois déjà. Elle lui en voulait toujours pour avoir humilié publiquement son petit-fils. Cela dit, c’était pour l’Evershsa une occasion de se reposer, puisque personne d’autre ne pourrait le défier tant que la vieillarde n’aurait pas été satisfaite, ce qui pouvait durer assez longtemps.

« Monstre ! Rustre ! Vilain !
- Encore toi ? Puisque tu insistes, je vais me repaître sous tes yeux et tu n’y pourras rien !
- Oh, tu crois ça !?! Viens et bats-toi comme un homme !
- Urp ! Ah, mais tu as dit que j’étais un monstre. Je vais dévorer cette tranche de viande, arrête-moi si tu peux ! »

Somme toute, Dhavala l’aimait bien la vieille. Il s’en servait comme prétexte pour augmenter ses portions journalières et, lentement, rattraper son retard énergétique. L’Eversha se souvenait bien de ladite rencontre avec son petit-fils. Un adolescent à peine en âge de porter les armes. Il chercha à surprendre le tigre en sautant sur une table comme un gamin. À ce jour, Dhavala ne savait pas ce qui avait pu passé par la tête de ce Réprouvé, mais résultat, la table flancha sous son poids et il se disloqua l’orteil en tombant. Pour ne pas perdre complètement la face, ce gaillard prétendit que l’Eversha l’avait estropié. Il ne convainquit pas grand monde, si ce n’est sa grand-mère bien plus persistante que lui.

Après avoir englouti un demi-kilo de viande défraichi, Dhavala chassa la dame âgée de la taverne. Il y avait des limites à ce que l’Eversha pouvait manger avant que son salaire n’en pâtisse. De plus, d’autres attendaient leur tour pour confronter la bête de la taverne.

« Tu gagnes, pour cette fois, mais je t’aurai !  
- C’est ça. Va dire à ton petit-fils que son orteil ira mieux dans deux ou trois semaines s’il se tient tranquille. Mieux, amène-le donc voir un soigneur plutôt que d’essayer bêtement de défendre l’honneur qu’il a perdu par lui-même.
- Rah ! Si j’avais dix ans de moins…
- Humph… plutôt trente…
- Non, mais ! Laisse-moi finir truand ! J’ai engagé un professionnel pour régler ton compte. Tes jours sont comptés, sac à puces !
- Parfait ! N’oublie pas de dire à ton professionnel qu’il n’a qu’à venir n’importe quand en journée et commander trois boissons pour m’affronter.
- Ça te fait rire, hein ? Bien, figure-toi qu’il est tellement doué qu’il est parti sans même demander ! Tu n’as pas l’ombre d’une chance, c’est un dur à cuir, un vrai de vrai ! »

Les autres combattants étaient bien plus féroces qu’une vieille dame, alors Dhavala dû se transformer. Ce faisant, il eut tôt fait de dépenser le peu d’énergie supplémentaire qu’il avait acquis en « combattant » la vieille. Quelques jours de plus comme ça et Dhavala aurait gagné bien assez d’argent pour la suite de son voyage. Évidemment, le propriétaire de la taverne était déçu de perdre à la fois un cuisinier et un partenaire d’affaires, mais même lui savait qu’il ne retiendrait pas éternellement un Eversha sauvage dans son établissement.

***

Au terme de la journée, Dhavala dévora joyeusement toute la nourriture invendue dans sa forme féline. Le Réprouvé, et partenaire d’affaires de l’Eversha, n’arrivait toujours pas à s’habituer à ce spectacle. Voir un animal aussi imposant et menaçant de si prêt jour après jour ne faisait que renforcer une évidence. Le changeur de forme ne faisait que jouer. Le propriétaire de la taverne comprenait pourquoi seuls des amateurs se mesuraient à cette bête. Les vrais guerriers, ceux qui avaient combattu longtemps à Odon do Dur, avait vu ce que l’Eversha pouvait accomplir quand il cherchait à tuer. Ce n’était que tant mieux, puisqu’ainsi la taverne recevait un achalandage supérieur à la normale. Cela dit, le Réprouvé ne pouvait s’empêcher de voir dans le regard de la bête un éclat bestial. Il était probablement pour le mieux que cette combine ne dure pas bien plus longtemps.

Son prérepas engloutit, Dhavala quitta la taverne, toujours sous la forme de son Totem. À force d’affronter de jeunes Réprouvés dans des duels plus ou moins arrangés, certains croyaient (et avec raison), que l’Eversha serait bien plus vulnérable dans sa forme humaine et contre un groupe. C’est d’abord pour dissuader ces potentiels adversaires que Dhavala accomplissait le trajet jusqu’à sa chambre avec sa forme de tigre. Même en comptant la dépense d’énergie supplémentaire nécessaire, c’était mieux que de se retrouver en situation de combat et dépenser bien plus d’énergie. La seconde raison, c’était tout simplement pour laisser ses vêtements de travail en sécurité à la taverne. Ainsi, ils ne risquaient pas d’être endommagés par une bataille, ou dérobés à l’improviste par une blague de Renart. Finalement, adopter cette forme animale impliquait que Dhavala perdait l’usage de la parole. Après une journée à devoir gérer différents aspirants duelliste et leurs incessantes bravades, le calme et la tranquillité n’était pas de trop avant de retourner vers les deux membres de sa meute, Échidna et Renart, qui allaient à coup sûr avoir besoin de lui parler de ci ou de cela.

Marchant vers sa chambre sur le chemin principal, Dhavala s’arrêta soudainement, sorti de ses pensées. Les auras magiques ténébreuses et pourpres, typiques des Démons, faisaient face à l’Eversha. Avec les festivités entourant les débats sur l’indépendance de Stenfek, toutes les races avaient été invitées à partager leurs opinions. Ça ne signifiait pas pour autant que tout se passait sans altercation. Pourquoi attendait-il au beau milieu de la route ? Pourquoi le regardait-il, lui, précisément ?

Bon, j’avoue que tout le monde me regarde…

Un coup d’œil rapide autour, sans pour autant quitter le Démon du regard, confirmait qu’ils étaient nombreux à observer le tigre. Pour cause, l’animal était d’une taille surnaturelle, mesurant quatre mètres de long et pesant dans les trois-cent-soixante kilos. Les Réprouvés du coin avaient l’habitude de voir l’Eversha se promener de la sorte, mais tous les passants n’avaient pas cette expérience. Dhavala grogna à l’intention du Démon et d’instinct, une bonne partie des passants prirent leurs distances. C’était un avertissement.

L’Eversha avait une expérience particulière avec des Démons. Pour cause, le dernier qu’il rencontra chercha à le dévorer. Cela dit, Dhavala devait également à ce Démon sa maîtrise des arts culinaires. Au final, la rencontre se termina bien pour les deux partis, mais uniquement parce qu’un concours de circonstances permit à Dhavala de tenir tête au Démon autrement plus puissant que lui. Depuis, l’Eversha se montrait plus prudent avec ces créatures maléfiques. Présentement, Dhavala ne détectait qu’un seul Démon, mais il n’était pas seul pour autant.

Après une journée de travail, cette altercation risquait mal se finir pour le Démon. Dhavala acceptait de « jouer » avec ses adversaires dans le cadre de son travail. Cela dit, mieux valait avoir une bonne raison pour venir le déranger en dehors des heures de travail. Entre la faim et la fatigue, le tigre risquait « d’oublier » de rétracter ses griffes.

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Mar 28 Juil 2020, 18:38

Les regards tournés dans une même direction, les personnes qui gravitaient autour du renard lui donnèrent indirectement l’alerte dès lors que la cible entra dans le périmètre. C’est la raison principale qui avait incité le Démon à se placer ici et pas ailleurs. Même s’il était venu de derrière, femmes et enfants jouaient le rôle d’indicateurs. Car quand bien même les habitants étaient accoutumés aux frasques de ce dernier, ce n’était pas le cas des touristes et des plus jeunes. Et c’est aussi pourquoi il avait choisi ce secteur de la ville en particulier. Il ne s’agissait pas du quartier le plus fréquenté de Stenfek. Pour autant, il était le plus paisible, avec une présence des gardes amoindries sinon absentes en cette partie de la journée. Ça n’en avait pas l’air, mais Deccio était le type d’hommes à prendre toutes les précautions possibles, profitant avec justesse de son sens de l’observation et de ce qu’il avait acquis durant ses enquêtes. L’autre raison qui l’avait mené à prendre cette décision, c’est que ni l’un ni l’autre ne pouvaient commettre d’atrocités avec des témoins braqués sur eux. Les Réprouvés ne plaisantaient pas en ces temps troubles. Déjà lunatiques et au bord de la scission diplomatique, ils risquaient gros en s’affrontant ici. Et surtout maintenant. C’est pour ça que le renard affichait un sourire si condescendant. Il était à l’abri, du moins en supputant que l’homme derrière le masque de tigre était doué d’intelligence.

Levant le bras en l’air afin de le saluer, le Démon approcha prudemment en lui indiquant qu’il ne portait aucune arme sur lui. Évidement, ce qui n’était pas visible ne signifiait pas que ça n’existait pas ; la nuance étant finaude. « Écoute-moi bien, Grominet. Si nous nous battons ici, nous signons notre arrêt de mort. Ce serait dommage. Je pense que nous pourrions discuter tranquillement autour d’un verre et trouver un terrain d’entente. De plus, tu ne sais même pas qui je suis ni pourquoi je suis là. » L’inverse était moins vrai. Il possédait plus d’informations — qu’elles soient erronées ou non — sur la bête. Toutefois, Deccio n’engageait pas un combat sans être sûr de pouvoir le gagner, et pour ça il lui fallait vérifier à quel type d’individu il avait affaire. Se trouver au seuil de la mort était certes une expérience palpitante, mais il ne comptait pas la réitérer de sitôt. Le détective arrêta d’avancer à distance honorable, en vue de ne pas chauffer davantage le félin. « Si ta curiosité est assez titillée, reprends ta forme originelle, habille-toi et allons causer comme deux hommes. » Là où la plupart de ses confrères auraient foncé sans réfléchir en défendant l’attrait de la guerre, le blondinet préféra la diplomatie. Un élan de générosité sans doute accompagné d’une date limite et d’intentions moins bienveillantes. Mais c’est parfois par la négociation et les mots qu’il s’en sortait le mieux. Encore fallait-il s’en servir avec parcimonie.

En remuant l’index, une lame sur laquelle reposait un morceau de tissu se planta devant les pattes du mammifère. « Mais avant ça, j’aimerais voir de quoi tu es capable. Si ça t’intéresse, retrouve-moi par tes propres moyens. Je suis friand de cache-cache, faut pas m’en vouloir. » L’esprit espiègle du Démon avait été éveillé grâce ou à cause de cette rencontre, en conséquence de quoi il éprouvait le besoin de le provoquer. Encourager le prédateur par un gros morceau de viande lui semblait être une bonne idée, surtout si elle servait ses objectifs. En tournant les talons pour s’apprêter à partir, Deccio ajouta néanmoins quelques précisions. « Bien sûr, si tu venais à renoncer par peur, alors je me verrais contraint de faire jouer mes relations et de m’en prendre à tes proches. Et si jamais ça ne suffit pas, et bien… » Mais il ne termina pas sa phrase, sa paire d’ailes émergeant de ses omoplates pour lui permettre de prendre son envol et de disparaître au bout d’une poignée de secondes. Quoi qu’on en dise, le frère de l’ancien Monarque était un homme arrangeant, très peu soumis à la violence pure et dure et qui manifestait parfois d’empathie. Il possédait un instinct mieux aiguisé que la plupart des animaux. Et c’est pourquoi il s’était planqué dans une zone quasiment inaccessible due à l’étroitesse du passage qui ne permettrait pas à son corps de félin de s’y glisser. Aussi, il pouvait facilement s’échapper par les airs si leur discussion venait à mal tourner. Dans les conditions dans lesquelles il opérait, Stenfek lui était plutôt favorable. Restait maintenant à savoir quel choix ferait le fauve, et s’ils allaient pouvoir conclure un compromis.



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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Jeu 30 Juil 2020, 18:30



Au départ du Démon, l’Eversha ne put s’empêcher de bâiller. Il était épuisé de sa journée de travail. Le jeu de cache-cache, le Démon allait pouvoir se le mettre entre les fesses. Il se prenait pour qui d’ailleurs ? Trouver un terrain d’entente ? Quelle entente ? Il ne pouvait pas se pointer à la taverne comme tous les autres, cette énergumène ? Soupirant, Dhavala continua son chemin comme si rien ne s’était passé.

S’en prendre à mes proches ? Bah ! Avec une magie aussi faible, Échidna va le dépouiller de tous ses avoirs.

Arrivé devant la porte de sa chambre, le tigre pris forme humaine afin d’ouvrir la porte. Quand Dhavala rentra dans sa chambre, il fut accueilli par une attaque de son protégé. L’adolescent essaya tant bien que mal de prendre rapidement la forme de son Totem, puis de mordre son mentor au cou. Bien avant qu’il eut réussi sa manœuvre, son aîné avait déjà adopté sa forme animale et écarta « gentiment » le renard au bond, qui roula plus loin avant de s’écraser contre le mur.

Le jeune réceptacle faisait des progrès sous les conseils d’Échidna. Il se transformait plus rapidement et plus efficacement, mais il n’avait visiblement toujours pas compris comment atténuer la douleur de sa transformation. Pour Renart, c’était l’un des principaux signes de son manque de maturité. Pour un réceptacle, il était particulièrement doué. Le présent exercice était dû à une promesse de Dhavala. Si Renart réussissait à mieux gérer son Totem, la dernière journée à Stenfek de la meute lui serait dédiée. « L’attaque » n’était qu’un prétexte pour démontrer la progression de l’adolescent. Cela dit, l’exercice comprenait deux volets.

Puisque Renart était aussi doué pour adopter la forme de son Totem, Dhavala lui faisait travailler sa vitesse de transformation. Le jeune n’avait aucune chance de battre son aîné bien plus expérimenté, alors c’était la deuxième partie de l’exercice qui comptait le plus : reprendre forme humaine. C’était sur cette partie que Renart peinait encore. De longues minutes étaient nécessaires pour permettre au réceptacle Bélua de reprendre douloureusement sa forme humaine.

Pendant ce temps, Dhavala s’assit et commença à engloutir la nourriture que lui avait préparée Échidna. Forcément, si l’Eversha passait sa journée à travailler à nourrir les autres, il n’avait pas le temps de cuisiner pour lui. Cela dit, Échidna n’avait à peu près aucun talent pour la cuisine. Par chance pour elle, son mâle préférait la quantité à la qualité. La chatte se frotta quelques instants contre la cuisse de l’Eversha avant de prendre forme humaine et enlacer Dhavala. La Bélua était plutôt chétive, surtout comparativement avec l’Eversha, mais sous ces traits vulnérables se cachaient une puissante enchanteresse capable de perturber même les esprits les plus puissants.

«  Je n’arrive pas à y croire. Tu maigris vraiment… J’arrive à faire toucher mes doigts de l’autre côté de ton ventre.  »

L’Eversha continua de dévorer son repas pendant quelques instants avant de prendre une pause pour poursuivre la discussion. Son estomac humain avait besoin de temps pour assimiler la nourriture. De fait, Dhavala allait passer les prochaines heures à se nourrir. Il faut dire que l’Eversha engloutissait suffisamment de nourriture pour nourrir une famille entière, soit un repas de plus de trois kilos chaque jour, en plus de ce qu’il trouvait à manger durant la journée.

«  Je n’ai pas l’habitude de passer autant de temps en tigre sans pouvoir chasser. Je dépense trop d’énergie pour ma forme humaine. Sauf que si on dépense tout notre or pour me nourrir, il n’en restera plus pour rentrer au Rocher au Clair de Lune.  »

C’était le dilemme quotidien pour Échida, puisqu’elle avait pour tâche de nourrir la meute tout en s’assurant que leurs économies s’accumulent pour payer leur voyage jusqu’à la terre des Evershas. Cet objectif était en bonne voie de se réaliser, mais visiblement, Dhavala en payait les frais. Cela dit, l’Eversha du Totem du tigre n’en était pas à sa première expérience de déficit alimentaire. Quand le temps était à l’abondance, Dhavala s’engraissait précisément pour les temps difficiles.

«  Dit, Échidna, aujourd’hui un Démon a essayé de me provoquer. Il a dit qu’il s’attaquerait à mes proches, si je ne jouais pas à un jeu ridicule. Je te le laisse, ou tu veux que je m’en occupe ?
Bof… J’ai déjà assez à faire avec Renart et remplir le trou sans fond qu’est ton estomac. Je n’ai pas envie d’avoir un incompétent dans les pattes à gérer en plus. Dévore-le donc.
C’est bon, je m’en occupe…  »

***
Au terme de son long et copieux repas, Dhavala s’en alla observer les étoiles, à la recherche d’un signe de Phœbe. La déesse de la nature et de la lune guidait les Evershas et Dhavala commençait à reconnaître de plus en plus facilement les intentions de la déesse. Évidemment, Échidna n’y croyait qu’à moitié. La Wynmeris avait longtemps haï la déesse des Evershas pour avoir fait d’elle une sang-mêlé. C’est bien à contrecœur que la chatte révisait sa position, mais elle avoir choisi comme mâle un adepte de Phœbe et elle souhaitait vivre sur la terre bénie par ladite déesse. Échidna avait fort à faire pour achever sa conversion à cette foi. C’est pourquoi elle accompagnait toujours Dhavala quand il procédait à la cérémonie qui lui permettait de lire les signes de la déesse.

La chatte était bien moins confiante que le tigre pour interpréter la volonté de Phœbe. Elle avait bien plus confiance en la magie de son mâle que des quelconques désirs d’un être divin qui n’avait probablement rien à faire de ce qu’on pensait d’elle. Échidna s’efforça de réviser sa pensée avant qu’elle n’atteigne sa bouche et lui attire un nouveau sermon. Il n’était pas sage de contredire un Eversha dès que Phœbe était évoquée. La chatte garda donc sous silence le fait que ce que Dhavala tenait pour la volonté de Phœbe, était en fait la pratique de lire l’avenir. Ultimement, ce qui l’intéressait, c’était l’entrejambe de son compagnon et du corps à corps qui suivrait la cérémonie.

***

D’après les signes de Phœbe, Dhavala conclu que le Démon allait retourner à son repaire pour préparer son prochain coup sur l’Eversha au courant de la journée. C’était à ce moment, lorsque le Démon croirait à tort que le changeur de forme avait abandonné la poursuite, qu’il frapperait. Échidna et Renart étaient partis annoncer au tavernier l’absence de Dhavala, pour permettre à ce dernier de régler le cas du Démon. Donc en plus du dérangement, ce Démon privait l’Eversha d’une journée de travail. Il avait intérêt à avoir une bonne raison pour ses actions. Dans le cas contraire, il se pouvait que le tigre suive le conseil de son amante et qu’il dévore le Démon.

Dhavala se rendit discrètement au repaire du Démon. Il était sous forme humaine et vêtue normalement. Il était donc beaucoup moins reconnaissable que sous la forme de son Totem. Cela dit, même en forme humaine, Dhavala mesurait deux mètres de taille pour plus de cent kilos de poids. Passer inaperçu, ce n’était pas vraiment la force de l’Eversha. Or, comme Stenfek était visité par de nombreux étrangers en ce moment, Dhavala sortait un peu moins du lot. Malgré tout, sa puissante aura magique le trahissait. Pour peu qu’on s’y intéressât, l’unique aura argenté, particularité typique des Evershas, ne tromperait personne. C’était le prix du pouvoir en quelque sorte. Plus puissant l’on devenait et plus on attirait l’attention.

Arrivant au repaire du Démon le premier, Dhavala se dévêtit dès lors pour se transformer en tigre. Trouvant une cachette adéquate, l’Eversha y traina ses vêtements pour s’y coucher dessus. Il comptait prendre le Démon à revers lorsqu’il serait dans la vieille maison d’allure abandonnée. Ainsi, il ne pourrait compter sur ses ailes pour s’enfuir aussi facilement que lors de leur précédente rencontre. Les mots de ce Démon scelleront ensuite son sort. Heureusement pour lui, Dhavala n’avait pas l’intention de tuer. Il ne voulait pas tomber dans les mauvaises grâces des Réprouvés.

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Sam 01 Aoû 2020, 22:51


Un verre disposé soigneusement entre son index et son majeur, Deccio s’amusait à faire tourner le vin contenu à l’intérieur. En tant qu’hôte de qualité, il avait pris la peine d’apporter cette mixture au goût exquis qu’il avait acheté pour une modique somme à un commerçant du coin. Enfin, acheter était un bien grand mot. Il l’avait échangé contre quelque chose de moins tangible, d’une valeur plus ou moins équivalente. S’il avait un peu de chance, un bienfaiteur le trouverait peut-être avant la nuit tombée. En tout cas, son invité de marque lui avait manifestement posé un lapin malgré le ton courtois de son interpellation pacifique. D’un autre côté, ça ne l’étonnait guère plus que ça ; les Evershas étaient sans doute la seule espèce qui surpassait les Démons sur le plan de l'agressivité. La plupart d’entre eux n’étaient pas très adaptés socialement, en plus de se laisser facilement submerger par leurs plus vils instincts. Le renard se doutait toutefois que la bête ne s’arrêterait pas en si bon chemin. Qu’il ait renoncé à jouer le jeu ne certifiait pas pour autant qu’il resterait aussi sage et docile que les animaux qu’on trouvait dans les cirques. Après tout, les tigres demeuraient des carnivores imprévisibles qu’il valait mieux surveiller du coin de l’œil. Et puis il avait une mission à remplir, il ne pouvait pas tout simplement s’en aller sans récolter la somme qui lui était due. Toutefois, dans ces conditions qui lui échappaient, le Saraṇi n’avait aucune piste complémentaire pour le retrouver ni savoir avec exactitude où il créchait.

Quelle que soit la tournure de ses réflexions, il n’avait d’autres choix que celui de retourner dans le repère qu’il avait acquis grâce aux récents évènements. Il s’en servait uniquement comme refuge, n’y entreposant rien de plus que des provisions et de quoi se reposer en cas de besoin. Pour le reste, Deccio n’entretenait aucune relation privilégiée avec un Réprouvé en particulier, et c’est pourquoi il lui était impossible de compter sur l’aide d’éventuels alliés. Pour autant, était-il dépourvu de la moindre ressource ? Pas totalement. C’est en général en étant confronté à ce genre d’impasses qu’il s’en sortait le mieux, car c’est dans ces moments qu’il ressentait toute l’excitation de la chasse. Dans une vie antérieure, il eut certainement été un Vampire. Dans une optique visant à être le plus précautionneux possible, le Démon se présenta sous différentes identités en questionnant les gens qu’il croisait sur la présence d’un tigre dans les environs, mais toutes les réponses coïncidaient en un point : personne ne l’avait revu depuis. Quand bien même Deccio ne possédait pas l’appréciation d’un comportementaliste, cette soudaine disparition lui apparaissait des plus suspectes. Non pas qu’il craignait un retour de bâton, mais il n’aimait guère la tournure de ce scénario. Il devait songer à toutes les éventualités pour ne pas être pris de court, mais actuellement il devait reconnaître ne pas en être capable. En rentrant chez lui, il aviserait. Et c’est ce qu’il fit, sauf qu’il se rétracta au dernier moment, dès lors qu’il entrebâilla la porte. En lorgnant la penture, quelque chose le gêna. Il referma alors celle-ci et ne revint que dix minutes plus tard, se désistant de ses vêtements sur le porte-manteau.

Il s’installa ensuite à la table, déposant un carnet — qu’il ouvrit — sur cette dernière. Attrapant un crayon à proximité, le détective commença à coucher des lignes sur les pages vierges. Il dessina notamment un plan de la ville tout en reportant les témoignages qu’il avait recueillis jusqu’à maintenant. Il fit également un croquis du tigre, en essayant d’estimer sa taille et son poids à vue d’œil. C’est un exercice qu’il appréciait beaucoup entreprendre, du fait de son attraction pour l’observation et des hypothèses qui stimulaient ses neurones en conséquence. Toutefois, lorsqu’un bruit sourd mit en émoi ses tympans, Deccio laissa choir son bâtonnet en bois sur la reliure. Il effleura lentement le pommeau de son sabre, renonçant la seconde plus tard à l’extraire de son fourreau. « J’ignore quels genres d’opinions biaisés tu as sur les Démons mais… » Il croisa les bras, penchant la tête en arrière afin de contempler le plafond. « Nous ne sommes pas tous stupides. Cela dit, j’imagine que tu ne t’attendais pas non plus à tomber sur le seul de son espèce qui aspire à devenir un grand détective. » L’ironie était présente dans sa voix, mais la situation s’y prêtait clairement. On ne trahissait pas des décennies de prudence aussi impunément. « J’y ai beaucoup réfléchi, et je ne peux pas te battre. Pas ici, et pas encore. C’est pourquoi ce sera mon dernier avertissement : parlons diplomatiquement si tu tiens tant à éviter les problèmes à l'avenir. » Son regard noir impliquait une immense confiance en son lui du futur. L’histoire avait déjà prouvé que le sang qui bouillait en lui n’était pas commun. Il le menaçait en toute connaissance de cause, conscient de ce qu'il risquait.


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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Mar 04 Aoû 2020, 21:36



Dhavala avait vu juste. Le Démon s’installa dans la maison, gribouillant dans son carnet. Pendant un moment, l’Eversha craignit que sa présence eût été trahie, mais sa proie entra éventuellement dans la vieille maison sans plus de suspicion. Concentré, l’individu n’avait pas remarqué la présence du tigre couché dans l’ombre d’une pièce adjacente. Ce faisant, le chasseur confirma la faiblesse de sa proie.

Ce n’était pas tant un reproche, qu’une constatation. Dhavala était très doué pour passer inaperçu. Enfin, il était efficace à un détail près, sa magie. Pour peu qu’on s’y intéresse, elle était trop développée pour qu’on ne remarque pas son aura. Évidemment, l’individu lambda n’était pas un expert en auras magiques, ni n’ouvrait ses sens à percevoir ce genre de manifestation métaphysique.

Il n’a pas l’air appétissant, mais il est grand. Je devrais pouvoir en tiré plusieurs kilos de viande correcte.

Puisqu’il avait peu de raison de craindre l’altercation, le tigre se leva et s’étira. Le plancher grinça sous le poids de l’imposant prédateur, ce qui alerta le Démon de sa présence. Il s’en suivit d’une sorte de bravade, mais Dhavala n’y prêta qu’à moitié attention. Il hésitait toujours à se débarrasser de ce gêneur tout en assouvissant sa faim, ou à gérer ce cas « diplomatiquement. »

La bête se dirigea lentement et bruyamment vers le Démon. Bien qu’il fût quadrupède, le poids du félin surdimensionné faisant en sorte que chacune de ces pattes supporte une charge dépassant les 80 kilos. Rassasié, le Totem de Dhavala atteignant les 360 kilos. Bien qu’il ait perdu du poids ce mois-ci, le prédateur n’en était que plus dangereux. Ainsi, de nombreuses planches grincèrent alors que le tigre contourna le Démon pour éventuellement atteindre le côté opposé de la table.

Se soulevant, avec une grâce surprenante pour un animal de cette taille, l’Eversha prit appui au centre de la table. Il exposait ainsi ses pattes antérieures et les crocs de sa gueule entrouverte. Long de quatre mètres, Dhavala dominait le Démon et il se plaisait visiblement à le démontrer. Cela dit, le tigre ne grognait pas. Bien qu’il ne fût pas évident de comprendre le comportement de ce genre de prédateur, un regard avisé comprendra que l’attitude du félin était davantage au jeu qu’à la menace.

***

Après avoir fixé le Démon pendant un temps, l’Eversha procéda à lentement adopter sa forme humaine. Pendant une interminable minute, Dhavala passa de tigre à humain. Si cette transformation fut aussi longue que lors de ses jeunes années, où le Totem était encore un douloureux fardeau, aujourd’hui, elle témoignant de sa grande maîtrise. En effet, Dhavala pouvait contrôler sa vitesse de transformation. Passer d’une forme à l’autre en un instant allait de soi. C’était ce qui était le plus utile. Cela dit, une transformation longue avait elle aussi son mérite. Dans la situation présente, l’Eversha voulait donner un faux sentiment de sécurité au Démon. Si ce dernier n’était pas au fait des capacités des Evershas, il pourrait, à tort, penser que Dhavala avait besoin d’une minute pour se transformer.

Nu, Dhavala ne portait sur lui qu’une unique boucle d’oreille en argent, ornée d’une pierre blanche. Celle-là même qui ornait précédemment l’oreille droite du tigre. Sans prendre la peine de chercher à se couvrir, ou à récupérer ses vêtements dans la pièce voisine, l’Eversha s’assit sur la chaise opposée au Démon. Même en ayant maigri, Dhavala dépassait les 110 kilos, ce qui était toujours un surpoids pour sa taille de deux mètres, soit quelques centimètres seulement de plus que le Démon. La chaise émit une plainte en grinçant pendant que son occupant se positionnait plus confortablement.

« J’ai faim. »

Les premiers mots que prononça Dhavala au Démon étaient exempts de politesse. Pour cause, ce personnage ne s’était pas présenté, alors qu’il est celui qui aborda initialement l’Eversha. Il n’avait toujours pas précisé ce qu’il voulait au changeur de forme, mais il avait déjà menacé ses proches. Pour finir, il n’avait pas invité à discuter, il était parti se cacher. C’est pourquoi les mots de Dhavala étaient à la fois une constatation, mais aussi une menace.

« Nourris-moi et tu auras ta rencontre diplomatique. Et prends ta forme démoniaque. Tu me donnes faim. »

Si le Démon voulait une discussion diplomatique, il allait devoir la mériter. Satisfaire l’estomac de son « invité » serait suffisant pour la peine. Dhavala n’avait pas la prétention de pouvoir faire fi des lois de Stenfek. Il savait que sa popularité auprès des Réprouvés ne l’excuserait pas du meurtre. Tant que ce Démon restait en ville, il était protégé. Cela dit, l’amante de l’Eversha avait déjà résolu ce problème. Il suffisait de tuer le Démon en dehors de la ville. Si cette option était envisageable, Dhavala avait le pressentiment qu’il n’irait pas jusque-là.

Quant à la forme démoniaque, Dhavala était légitimement plus à l’aise à discuter avec un Démon qui ne se cachait pas sous des traits humains. Il y a quelques années, l’Eversha avait passé un mois chez un seigneur Démon, où lui comme ses serviteurs œuvrait sous leurs traits démoniaques. Il associait donc mentalement les auras magiques pourpre et ténébreuse à ces créatures monstrueuses. C’était troublant de sentir cette magie provenir d’un être aussi… normal.

***

***La suite suppose que Deccio a convaincu Dhavala de discuter.***

Dhavala bâilla, puis se leva pour s’étirer. Puisqu’il s’était résolu à ne pas dévorer le Démon, il se résignait à continuer à contenir son appétit. Ses réserves graisseuses en pâtissaient et l’Eversha maigrissait de jour en jour. En un mois, sa forme humaine avait perdu 10 kilos dû au Totem du tigre qui le vidait de son énergie. Proportionnellement, c’était 30 kilos que le félin avait perdus. C’était la réalité de posséder un Totem. Dhavala n’était pas un humain qui se transformait en tigre. Il était humain et tigre à la fois. Tout le temps passé sous ses traits félins nécessitait une alimentation appropriée à un tigre, faute de quoi, les deux formes étaient affectées.

« Détective ? C’est stupide. Tu es un Démon. Vous autres, vous tuez ouvertement vos rivaux pour gagner en influence. Pas que je le reproche. Les Evershas font pareil. »

Retournant à sa chaise, l’Eversha se laissa tomber, provoquant une petite onde de choc. La structure en bois de la chaise tenue bon, mais elle ne sembla pas apprécier un tel traitement. Dhavala ne savait toujours pas ce que le Démon lui voulait, ni même son nom. Cette ignorance l’agaçait. Non pas parce qu’il avait soif de connaissance, mais parce qu’il se trouvait dans le repaire dudit Démon et qu’il ne savait toujours pas pourquoi il faisait autant d’effort.

« J’aurais dû te dévorer… Alors, il a un nom le grand détective ? Il a une raison d’avoir menacé ma meute le grand détective ? Il me veut quoi le grand détective ?  »

Chacune des mentions de « grand détective » était prononcée de plus en plus agressivement. À la troisième mention, il y avait dans le regard de Dhavala l’air typique d’un meurtrier qui est à deux doigts de passer à l’acte. Le Démon était l’instigateur de cette rencontre, alors s’il voulait y survivre, il avait intérêt à répondre quelque chose qui puisse détourner l’attention de sa gorge exposée.

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Jeu 06 Aoû 2020, 18:28


Les pas trop lourds du félin l’avaient en partie trahie, mais pas seulement ça. Il y avait aussi cette aura particulièrement chatoyante qu’il dégageait ainsi que le repère sur la porte qui avait alerté le Démon, soit beaucoup trop de concordances pour ruiner toute crédibilité à son intrusion. En terrain ennemi, c’est le genre de faute qui se payait très chèrement. Heureusement pour lui, Deccio n’était pas à la hauteur de toutes les menaces qu’il avait proférées. Il aurait pu rassembler quelques alliés, mais il ne retirait aucun plaisir à faire appel aux autres, surtout depuis qu’il avait ouvert sa gueule concernant ses aspirations politiques. Dorénavant, il devait en assumer les conséquences et faire avec. Le carnivore ayant manifestement pour projet de l’intimider, il sauta sur la table pour lui exposer sa mâchoire baveuse, et lorsqu’il pensa pertinent de faire cesser cette comédie, il reprit enfin son apparence humanoïde. Il n’avait nullement besoin d’en faire autant pour lui prouver sa supériorité, car le renard en était conscient depuis le début de leur rencontre. C’est pourquoi il avait préféré la ruse à la force, car c’est un domaine dans lequel il excellait plus que quiconque. Toutefois, en dépit des mots qui fleurissaient de ses lèvres, son convive ne semblait pas du tout réceptif à la discussion. Il s’efforçait de l’impressionner par tous les moyens, à moins qu’il cherchât simplement à provoquer la colère du Démon, auquel cas il allait devoir sortir l’artillerie lourde. « Je trouve ça assez ironique qu’un tigre demande l’aumône. En général, ce sont d’assez bons chasseurs qui se débrouillent par eux-mêmes. Comme quoi les exceptions n’épargnent aucune espèce. » Il disait ça en rapport à son approche plus pacifique que celle de l’Eversha, alors que la conformité aurait voulu l’inverse.

Dans tous les cas, ce rustre requérait beaucoup d’attention et de prudence. Il avait l’impression de marcher sur des œufs, contraint de mettre son impétuosité de côté pour ne pas le froisser. Cette bête-là était particulièrement sensible et susceptible, à tel point que ça lui demandait une certaine habilité oratoire. « Sers-toi comme il te plaira. Je pourrais malencontreusement empoissonner la nourriture si je m’en occupe. » Mais il fallait parfois remettre les choses à leur place pour éviter tout débordement. S’il laissait trop de libertés au félin, il finirait par uriner sur la porte. Ou pire. Pour faciliter la discussion, si tant qu’on pouvait appeler ça ainsi, le Démon recouvra néanmoins sa forme basique. Une longue chevelure carminée avait poussé sur le dessus de son crâne, s’étendant jusqu’au creux de son échine, tandis qu’une enveloppe aussi dure que la roche remplaçait désormais sa peau. Ses ailes rachitiques ne pouvant plus être contenues, elles prirent une bonne partie de la pièce, déjà bien étroite. « Les exigences de votre excellence sont-elles comblées ? Ou bien désire-t-il que je m’offre à lui à présent ? » La situation avait été inversée à son avantage de par les revendications de son propre ennemi. Il était redevenu un homme sans armes physiologiques, alors que lui revêtit le costume du vrai monstre.

Il y avait tant de sujets sur lesquels ils pouvaient être en désaccord. Même avec ce peu d’échanges verbaux, il ne fallait pas être un génie pour expliquer leurs différends. Deccio préférait la stratégie et l’intellection alors que son interlocuteur éprouvait plus d’aisance à remuer la queue pour effaroucher et affermir son autorité par la brutalité. Deux chemins opposés qui amenaient toutefois au même résultat, du moins dans un contexte comme celui-ci. Dans des circonstances plus variables, les poings connaissaient rapidement des limites. Raclant la table avec ses griffes, il était temps d’aller à l’essentiel. « Tu es fort. Je peux le deviner rien qu’en t’observant. Mais tu es aussi stupide, et ça, je peux le deviner rien qu’en t’écoutant. » Même dans ses périodes les plus obscures, L’Enfer avait connu de meilleurs diplomates. « Oh, mais ne te fâche pas. J’ai avoué t’être inférieur physiquement, c’est déjà cordial de ma part. » Une cassure qu’il s’empresserait de calfeutrer au plus vite. En attendant, la créature ailée recula sa chaise pour pouvoir se lever.

Il allongea quelques pas dans le repère, gardant toujours à l’esprit une distance de sécurité entre lui et le prédateur. « J’ai été missionné par une vieille femme pour t’arrêter. Elle est restée très vague, alors j’aurais pu ramener n’importe quelle tête pourvu que ce soit celle d’un tigre. » Il prit une pause, s’immisçant furtivement près de son lit pour ramasser quelque chose à son pied. « Mais bon. Le grand détective que je suis sait quand il doit renoncer. Actuellement, tu es hors de portée pour moi. C’est assez frustrant, mais l’endroit dans lequel nous sommes ne joue pas en ma faveur. » Il se déplaça ensuite jusqu’à la porte, effleurant doucement la poignée. « Tu as remporté cette manche, Tigrou. Mais méfie-toi. Tu as beau avoir le corps d’un adulte, ton esprit n’a pas autant mûri. Si tu persistes dans cette voie, ce n’est pas à un Démon de seconde classe que tu auras affaire. » Jetant un œil derrière lui, il reprit lentement son apparence habituelle. Toutefois, avant que son bras ne regagne la texture de la peau, il brisa une sorte de contenant en bois disposé à l’entrée. Un cadavre amoché en fut extrait. Il ne dégageait presque plus aucune odeur. « Rendez-vous en Enfer. » Ponctua-t-il en achevant sa transformation en une belle jeune femme blonde. Il s’empressa alors de sortir, titubant comme une demoiselle en détresse. Il s’accrocha péniblement au col d’un officier de l’ordre qui passait par là, respirant avec difficulté. « Vite… aidez-moi, il y a un fou à l’intérieur... il veut ma peau. » En pointant le repère du doigt, le soldat se précipita. Un sourire en coin, Deccio changea de nouveau d’apparence, apposant un chapeau sur sa dense chevelure brunâtre. S’infiltrer chez un Démon n’était jamais recommandé.


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Typhon Gargantua
Jeu 06 Aoû 2020, 22:25



Ainsi, c’était la vieille dame réprouvée qui avait envoyé le Démon s’en prendre à Dhavala. Ça avait le mérite d’être clair. Cette Réprouvée ne donnait pas l’impression d’être particulièrement fortuné, alors elle dû mandater le premier passant. Si seulement cette vieillarde n’était pas aussi obstinée sur son concept de l’honneur, l’Eversha aurait accepté sans réserve d’être payé pour perdre un combat. Mais non, l’honneur familial devait être restauré dans les règles de l’art… en engageant un inconnu pour faire le travail à leur place.

À cette révélation, le chasseur perdit très vite son intérêt pour sa proie. Le Démon lui cachait toujours son identité, mais bon. Dhavala n’avait pas de raison de croire que ce « détective » était assez stupide pour continuer de harceler le tigre. Il y avait eu un échange d’insultes, des concessions avaient été faites d’une part comme de l’autre. Il ne restait plus qu’à se séparer et ne plus jamais se revoir. Dhavala n’en fut donc que plus surpris de la manœuvre du Démon.

Et c’est moi qu’il traite de stupide ?

Tout comme la vieille dame qui ne savait pas quand abandonner, le Démon instigua une nouvelle confrontation avec sa mise en scène. Or, si Dhavala se moquait des insultes et d’être tourné en ridicule, voilà qu’une légitime victime était dévoilée. Le cadavre desséché était toujours à moitié dans son cercueil quand un soldat entra dans la pièce pour valider les dires de la demoiselle en détresse. Le jeune homme boitant pénétra dans la pièce un air rayonnant au visage. Dès qu’il vu l’occupant, le soldat déchanta rapidement.

«  Ingvarr Harulf ! Alors, comment va ton pied ?  »

Un concours de circonstances voulut que le Réprouvé à l’origine de toute cette affaire fût celui qui répondit à « l’appel de détresse » du Démon. Le soldat à l’orgueil blessé cherchait depuis longtemps un moyen d’échapper aux railleries de ses camarades. Se faire battre par le Tigre d’Odon do Dur, c’était le lot de bien es frères d’armes d’Ingvarr. Cela dit, il était le seul à avoir été battu de sa propre maladroitesse. La nouvelle se répandit et le Réprouvé avait une grande hâte de prouver sa valeur afin de faire oublier cette histoire.

« Dhavala Himsaru. Je t’en prie, dis-moi que tu as des vêtements à te mettre…
Dans la petite pièce à côté.
— Allez, va t’habiller. Je me suis encore fait avoir comme un débutant, pas vrai ?
Le Démon s’est transformé en demoiselle en détresse pour mieux s’enfuir.
— Et merde… Je voulais faire oublier l’histoire de l’orteil, mais ça, c’est bien pire… Ils me l’ont bien dit à l’académie pourtant… Tu restes avec la victime et tu appelles des renforts. Il ne faut pas se précipiter comme un con… »

Pendant que l’Eversha allait s’habiller, Ingvarr observa le cadavre. C’était une sale affaire. La victime avait vraisemblablement beaucoup souffert avant sa mort. Il était donc impliqué dans une affaire de meurtre. Stenfek était beaucoup plus souple que les autres cités réprouvées en matière de meurtre. L’accusé avait droit à un procès avant de recevoir son jugement. Certes, le soldat pouvait tenter de faire porter le blâme à Dhavala. Cela dit, c’était sa parole contre celle d’un héros d’Odon do Dur. Puisque la jeune blonde n’était nulle part en vue, ou bien c’était la titubante la plus rapide de Stenfek, ou bien c’était une changeuse de forme qui avait déjà pris une autre apparence. Ingvarr jouait sa carrière sur ce coup et il avait déjà foiré son entrée en la matière.

« Je ne suis pas guérisseur, mais c’est évident que la victime est morte depuis plusieurs jours. Alors, le héros, dans quel merdier je me trouve ?
Hier, un Démon m’a arrêté dans la rue pour menacer ma meute. Je l’ai attendu dans son repaire pour mettre les choses au clair. Apparemment, c’est ta grand-mère qui l’a engagé. Et puis, il est parti en dévoilant ce cadavre. Je crois qu’il voulait me faire porter le blâme.
— Bordel, Mémé est impliquée aussi… Attends, comment tu as fait pour savoir que c’était son repaire ?
Phœbe m’a envoyé un signe et cet endroit correspondait.
— Mouais… Vous autres et vos dieux… »

***

Parce que mieux vaut tard que jamais, Ingvarr appela des renforts pour prendre la situation en charge. Lui, il n’était qu’un novice et il avait laissé l’un des principaux suspects prendre la fuite. Évidemment, Dhavala fut questionné, et à plusieurs reprises, mais l’on ne l’arrêta pas. Les faits et gestes de l’Eversha étaient surveillés depuis son arrivée à Stenfek. Les alibis foisonnaient tant ce tigre passait presque tout son temps dans un milieu public. Seules ses nuits étaient passées en privés et ses deux compagnons pouvaient témoigner en sa faveur.

C’était tout l’inverse pour le mystérieux Démon sans nom. Qui plus est, contrairement aux Béluas, qui ne pouvaient prendre que deux formes uniques, les Démons pouvaient revêtir de nombreuses apparences.

« Dites, ça sert à quoi un détective ?  »

La question de Dhavala surprit l’enquêteur mandaté pour trouver le meurtrier de cette affaire. La réponse surprit tout autant l’Eversha. Un détective avait pour but de trouver des preuves pour résoudre une affaire. Le Démon qui se prétendait « grand détective » devait avoir sa propre définition pour se comporter tel un vulgaire mercenaire.

« Moi, je suis chasseur. Si vous voulez, je vous le retrouve, votre Démon. J’ai une idée. Et si vous m’engagiez comme détective ?  »

Il n’était pas dans les habitudes de Stenfek d’engager des étrangers pour faire leur travail, mais le cas présent était plutôt particulier. Faute de meilleures ressources, l’enquêteur décida d’accepter la suggestion de l’Eversha, ce qui lui valut un long entretien supplémentaire sur ce qui était attendu de lui. Dhavala devait trouver des preuves et rapporter toutes ses découvertes, le tout dans le respect des règles de Stenfek. S’il y arrivait, le changeur de forme serait payé en fonction des preuves rapportées, plus un bonus s’il permettait la résolution de l’affaire.

***

En rentrant vers sa chambre ce soir-là, Dhavala fut forcé d’admettre que le Démon n’était peut-être pas si stupide que ça de choisir la profession de détective. La récompense monétaire promise pour des preuves menant à l’élucidation de cette affaire de meurtre était particulièrement intéressante pour l’Eversha qui cherchait à accumuler la somme nécessaire pour son voyage vers les Terres du Lac Bleu.

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4ème message et fin du RP
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