Dhavala émergea du halo de lumière qui, l’espérait-il, le ramènerait enfin au Rocher au Clair de Lune. Après plusieurs mésaventures en contrées inconnues, l’Eversha souhaitait retourner sur sa terre natale. Le chasseur avait soif d’aventure et de liberté, mais puisqu’il avait acquis un pouvoir de téléportation, pourquoi se priver d’un retour occasionnel en terrain familier ? Enfin, pour cela, il fallait déjà contrôler ledit pouvoir et de toute évidence, cette téléportation avait sa volonté propre et envoyait le jeune homme partout, sauf chez lui.

Quand les yeux de l’Eversha retrouvèrent leurs capacités, après l’éblouissement du halo de lumière, le paysage qui s’offrait à lui semblait prometteur. Il se trouvait dans une forêt d’allure assez ancienne et bien préservée. Le chasseur se permit un instant d’espoir, mais se ravisa rapidement lorsqu’il remarqua la grande quantité de magie dans lequel cette végétation baignait. Phoebe avait doté le Rocher au Clair de Lune d’une nature abondante, mais naturelle, tel qu’on pourrait l’imaginer d’une déesse de la nature et de la lune.

Un regard plus approfondi démontrait les effets de la protection magique sur les arbres environnants. Ils étaient vieux, imposants et d’une santé exemplaire, surnaturelle même. De toute évidence, il s’agissait d’une forêt enchantée. L’aspect lugubre des lieux, même pour un habitué des forêts sauvages, indiquait un endroit dangereux. L’Eversha soupira alors qu’il renonça à tout espoir que ce nouveau lieu ait un quelconque lien avec le Rocher au Clair de Lune.

***

Plus il marchait dans cette forêt magique et moins Dhavala appréciait l’endroit. La magie des lieux avait une aura ténébreuse étouffante qui cherchait à altérer les sens. Si le chasseur ne s’était fié qu’à ses sens physiques, il aurait vite fait de tourner en rond. Par chance, il avait acquis la faculté de faire usage de sa magie pour complémenter ses sens physiques. L’enchantement de cette forêt ténébreuse n’eut donc que peu d’effet sur le chasseur, si ce n’est de ralentir sa progression.  Dhavala y voyait là une preuve qu’il avait encore fort à faire pour atteindre le niveau des grands de ce monde.

Alors que l’Eversha progressait contre la volonté de cette terre, il entendit du bruit. Dhavala cherchait à quitter cette forêt maudite, mais même en y appliquant toute sa magie à la recherche d’une sortie, le chasseur n’avait aucune façon de déterminer combien de temps il lui faudrait pour quitter cet endroit. Il pouvait évidemment utiliser son pouvoir de téléportation, mais Dhavala cherchait à l’éviter. Il voulait d’abord savoir où il était et s’il était possible de faire le voyage jusqu’au Rocher au Clair de Lune à pied.

Se concentrant sur le son, le chasseur déduisit que la créature était de taille modeste. Ça pouvait être humain, mais ça pouvait aussi être un animal de poids similaire. Dhavala choisit donc de se diriger vers la source de ce bruit. Plus il se rapprochait, plus la créature démontrait des signes de confusion et de frayeur. À la respiration saccadée et au bruit des déplacements incertains, c’était définitivement humanoïde, possiblement mâle.

Ne cherchant pas a effrayé davantage cet individu, Dhavala chercha à s’approcher bien à la vue de ce dernier. Étrangement, il ne sembla rien remarquer de la présence de l’Eversha. Le chasseur ne s’appliquait pourtant pas à se déplacer silencieusement ou sous le couvert des arbres. Dhavala continua donc se s’approcher.

Mâle. Cheveux blancs. Yeux rouges. Morceaux de métal sur les oreilles. Vêtements de haute qualité. Équipement de voyage léger.

Le chasseur eut rapidement la confirmation qu’il était bel et bien loin de sa terre natale. La différence de technologie était frappante entre l’équipement de l’Eversha et celui de l’inconnu. Il ne restait plus qu’à espérer que celui-là parle le commun… et qu’il remarque enfin Dhavala. Le chasseur savait se montrer discret quand il le voulait, mais en ce moment, il hésitait à crier pour annoncer sa venue tant il était près de l’inconnu.

À quelques mètres de l’homme aux cheveux blancs, Dhavala se risqua à ouvrir la discussion dans la langue commune. Est-ce que c’était l’influence de cette forêt qui voilait les sens de l’inconnu, ou était-il paniqué au point de perdre ses sens ?

« Bonjour. Je suis Dhavala Himsaru. Est-ce que tu sais où nous sommes ? »

Voilà. Dhavala s’était annoncé et il fallait maintenait voir comment l’inconnu allait réagir. Si celui-là n’avait vraiment pas vu ou entendu l’Eversha approché, toutes les réactions étaient possibles. Après tout, le chasseur était plutôt intimidant. Il était grand, mesurant 1 mètre 82, il était lourd, pesant plus de 100 kilos, il était habillé de vêtements de coton peu ouvragés et portait la fourrure d’animaux chassés. Si cette apparence n’était pas assez intimidante, le chasseur était armé de son arc et d’une épée.

C’était dans ces moments que l’Eversha regrettait de n’avoir pas mieux exploité ses talents de chasseur et de s’être offert des vêtements de plus haute qualité. Réalistement, il n’en avait pas eu le temps. L’aventure le surpris avant que Dhavala ait le temps de réfléchir à ce genre de détails. À bien y penser, maintenant qu’il avait un peu plus d’expérience, il y avait bien des choses que l’Eversha aurait fait différent avant de quitter le Rocher au Clair de Lune. C’était d’ailleurs l’une des raisons qui motivaient son désir de retour. Dhavala voulait toujours explorer le monde, mais il souhaitait également un meilleur départ.

Puisque Dhavala n’avait aucune idée de quand il retournerait enfin chez lui, toutefois, il lui faudrait bientôt penser comment se procurer les biens qui allaient vite lui faire défaut. L’usure faisait déjà des ravages dans ses possessions actuelles et s’il devait se retrouver en situation de combat, il devait prévoir des bris. Explorer le monde était bien plus compliquer que Dhavala avait prévu…


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