La Venue de la Reine

Partenaire - Solo
Intrigue - les Humains célèbrent la Venue des Bilhelies, alors que Mancinia est en déplacement à Qaixopia. Attendant qu'une cliente vienne chercher sa commande, elle s'attarde en compagnie d'Ihsan, avant de se rendre aux célébrations. Seulement, la soirée ne s'annonce pas exactement comme prévue et, souvent, la beauté se trouve dans les yeux de ceux qui aiment.

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L'Imprévisible était en train de mettre des vêtements à Ihsan, qui ne voulait pas se tenir tranquille entre ses mains. L'Humaine avait du mal concernant les habits du haut, craignant souvent que ses Enfants des Cieux ne soient victimes d'un érythème solaire ou d'un rhume. Crainte légitime, sans doute, vu qu'ils ne pouvaient pas se couvrir comme tout un chacun avec leurs ailes qui, à l'inverse des Anges, ne se matérialisaient pas selon leur bon vouloir. Idril était dans le même état, mais elle était plus calme que son aîné. Mancinia dû le reprendre à plusieurs moments de l'habillement, avec des refus et des appels au calme. Son fils voulu se mettre à pleurer devant sa fermeté, en signe de contestation, mais il avait compris depuis longtemps, au regard de sa mère, que cela ne servirait à rien. Il serait alors remis dans son lit, même éveillé, à tourner en rond dans sa prison de bois. Rien d'enviable, donc. Relâchant un soupir, elle se disait que son caractère avait changé depuis qu'il avait appris à marcher. Il se dérobait souvent à la surveillance, curieux de chaque chose. Il n'y avait qu'elle qui parvenait à lui faire comprendre que, non, il n'était pas libre de tout. Peut-être était-ce cela qui la sauvait des caprices de sa Jumelle ? Ses ailes l'empêchaient actuellement de se mouvoir, en raison de leur poids, alors Idril ne ressentait pas ce besoin de tout voir et de geindre de frustration d'en être empêchée ? Dans tous les cas, elle avait moins la bougeotte, à l'inverse d'Emelyn, qui ne s'était assagie qu'avec la présence de Sif, comme si chacun de ses enfants complétait l'autre.

Mithra l'aidait énormément dans ce genre de tâches, ayant grandi au contact de ses cadets. Si elle conservait sa malice, l'aînée de ses adoptés ne manquait pas de surveiller tout ce petit monde d'un air strict et veillait sur eux avec amour, aidant sa mère à en prendre soin. Seule, ce serait compliqué. Rakhshan était plus pudique devant ses petites soeurs et aimait bien plus s'occuper de son cadet. L'absence d'homme pesait, inévitablement, sur la maisonnée. Neah était au travail, loin, alors il manquait certainement une figure paternelle, même s'il ne manquât jamais ses devoirs les plus évidents. Il aimait leurs enfants, ô oui, il les aimait ! Elle était le mieux placée pour reconnaître ce sentiment d'amour et de fierté, au-delà des liens du sang. Mancinia avait conservée secrète la volonté de son compagnon de les prendre sous son aile, d'abandonner le nom des Feriel et devenir des Katzuta. Quand est-ce que cela serait aussi officiel que leur union ? ...

— Maman attends sa dernière cliente et nous pourrons aller voir les Bilhelies, d'accord ? Tu dois être sage en attendant.

L'Élu d'Hel'dra la regardait de ses grands yeux bleu, de la même teinte que celle de son Père, qui ne cessait de l'émouvoir. C'était idiot, mais cet attrait physique la rendait tellement heureuse. En ayant conscience que sa torture venait de se terminer, il cessait de geindre. Remis au sol, pieds nus, sur l'instabilité de ses petites jambes, Ihsan suivait sa mère, qui suivait son rythme, tenant dans ses mains le contenant de sa commande. Ça n'avait pas été la plus complexe de ces dernières semaines, mais elle avait observé la demande avec un sérieux doute quant à la sécurité des pierreries en voyant l'annotation finale. On lui demandait une fermeture dans le dos par des bandelettes de soie, de fait, deux longs rubans de trois rangs passent sur les épaules et retombent dans le dos. Le visuel était très joli, mais mieux valait ne pas énormément bouger au risque de voir le collier se détacher. Quant à un éventuel vol, il n'en serait que plus aisé. Toutefois, le commanditaire n'avait pas voulu de pierres précieuses, mais du zircon. Cet ersatz de diamant. Mancinia avait d'abord grimacée, mais la pierre demeurait naturelle et elle avait veillé à ce que sa couleur, d'un vert foncée, soit suffisamment chauffée et taillée pour révéler sa véritable brillance. Si c'était une chose abordable pour les bourses moins épaisses, elle en demeurait fragile. Un choc et la pierre se détachait, se brisait ... Alors, pourquoi un prix si exorbitant ? Tout d'abord, son savoir-faire. Il avait été exigé. Et que, en prime, elle devait le remettre ce soir. Elle-même. Drôles de demandes, n'est-ce pas ?

Avec son premier refus, on lui avait alors quasiment proposé dix fois le prix convenu. C'était ridicule et aberrant, alors Mancinia avait joué la carte de la cupidité et augmenté seulement de trois fois. Cette différence irait dans l'aide qu'elle désirait offrir aux Anges. Elle payait de grandes quantité de nourriture, essayait de combler les petites dettes qui traînaient, mais elle voulait tellement réaliser plus. Dernièrement, elle songeait à investir directement dans leurs commerces, en tant qu'investisseuse et faire tourner leur économie en interne. Pourquoi ne pas aller plus loin et ouvrir un établissement Joaillier à Iyora ? Elle se sentait capable de former des Ailes Blanches. Ce serait ainsi qu'ils se redresseraient. C'était un processus si long ... Mais avant d'envisager toute cette avancée, elle devait voir l'état de ses finances globales. Il y avait d'autres projets qui nécessiteraient des financements et qui la concernaient, surtout en ce qui concerne le Projet Astura. Elle aimait les Anges, mais les Humains restaient sa priorité. Dans tous les cas, ils devaient se rendre à la Venue des Bilhelies. Sa cliente n'était pas la seule personne attendue par la Sertisseuse, son Gardien lui avait promis de les rejoindre pour assister à l'oeuvre vivante qu'incarnait cette célébration au sein du Royaume, permettant au Désert de s'abreuver sous des pluies éparses, rependant un éclat rare et verdoyant sur son sable. Un spectacle splendide. Ce serait son dernier acte de présence avant d'embarquer vers Orahza. Neah devait se rendre auprès du notaire, devant actée la remise d'un terrain, comme elle-même en avait reçu un en son absence. Ils avaient convenus de les explorer ensemble lorsqu'il aurait obtenu l'accord de ses supérieurs, de sorte à ne pas être trop éloigné l'un de l'autre et lorsqu'elle ressentait une présence, l'Humaine relevait les yeux, interloquée.

— Bonsoir, Mancinia.

Si elle était venue à sa rencontre, cela voulait dire que sa cliente n'était autre que cette femme, à n'en point douter.

— Reine, la salua-t-elle poliment. Si c'était vous ... Pourquoi ne pas me l'avoir simplement dit ?
— Tu sais que mes entrées sont remarquées !

En vérité, elle évitait de surprendre ses interlocuteurs dans une situation embarrassante et veillait toujours à s'annoncer sans réellement dire qui viendrait. À ceci près que Mancinia n'était plus vraiment une étrangère, à ses yeux, après avoir pris possession de ses songes en quelques occasions. Si Reine ne se baladait pas sur les Terres de Sympan en dehors d'un ou deux lieux, par curiosité, elle avait vraiment besoin de renouer avec les Humains actuels et ainsi mieux répondre à leurs attendes. Comme les autres, ses préférences prévalaient, certes, mais l'Imprévisible et l'Obstiné n'avaient pas des ambitions séparées ... leurs chemins se croisaient, inévitablement. Son regard se posait sur l'Enfant des Cieux, qui s'était reculé, plus par simple réflexe que par réelle crainte.

— C'est ton fils ?

Attendant confirmation de l'Humaine, Reine mis ensuite ses mains sur ses genoux, se penchant un peu vers l'avant. Il ressemblait à cet enfant, autour de la table orchestrée par Filou ... sûrement l'un de ses frères. Mancinia, elle, ne semblait pas encore se souvenir de ce point temporel.

— Bonjour ! C'est quoi ton petit nom ?
— Hihi !

Il s'était mis à rire en se réfugiant entre les jambes drapées de sa mère, gêné, mais loin d'être embêté par leur ressemblance.

— Il se nomme Ihsan, répondit poliment Mancinia avec un sourire.

Si sa Sēnaṭīnēla avait levé sa main contre elle, Reine aurait eu la même réaction soufflée. Passé cet instant, elle reprit contenance avec un léger sourire, empreint de nostalgie.

— ... C'est un très beau nom.
— Je présume que vous êtes venue pour ceci.

Se redressant pour engager son pas vers Mancinia, elle tendait la main pour prendre le contenant pour en découvrir son contenu, s'assurant ainsi de sa valeur. Devant l'ouvrage, Reine cru qu'il s'agissait d'une illusion.

— Cela ne vous convient pas ?
— ... Je constate que ta réputation n'est pas usurpée.

Reine s'était reprise de justesse. Mancinia eu un sourire narquois, tandis que son interlocutrice refermait le coffret. Comment ne pas être fière d'avoir autant progressée ? Elle était partie de rien, en nouant des pierres à du cuir dans son enfance pour maintenant travailler sur les plus précieux des métaux et sertir les pierres les plus prestigieuses.

— Je me rends à la célébration. Pouvons-nous y aller ensemble ?

Simple politesse, d'accord ou non, Mancinia l'aurait certainement dans son sillage. Les sentiments de Neah à l'encontre de Reine se percutaient aux siens, ce qui rendait son intérêt soumis à la méfiance malgré toutes leurs rencontres qui se voulaient aussi réelles que l'était un rêve. Peut-être n'était-ce pas plus mal ? Prenant son fils dans ses bras, elle sortit en leur compagnie pour rejoindre le reste de sa Famille, tout s'assurant de la sécurité de l'endroit malgré la présence de la Garde. Son Gardien devait l'attendre sur place, Rosie et ses aînés se chargeant des autres cadets. Reine ne semblait pas embarrassée de quoi que ce soit en sortant dans la rue où traînaient les visiteurs, Utopia étant animée par les étrangers venus, curieux et qui ne semblaient pas prêter attention à leurs traits communs ... sans doute la prenait-on pour Lancinia ? Loin des regards noirs qu'on lui jetât pour envisager une alliance avec les Sorciers, ceci dit.

— Reine.

Son nom était presque craché, tandis que la concernée se retournait vers le locuteur. Son arrivée avait été accueillie par un silence qui se voulait oppressant du côté de l'Aether. Il n'était pas question de commenter son apparition, son aura était glaciale pour un Mortel, elle ne pouvait le nier. Pourquoi était-il soudainement venu à sa rencontre ? Un mauvais pressentiment, probablement.

— Comment allez-vous, Capitaine ?
— Très bien, merci.

Ce n'était pas tout à fait vrai, dans la mesure où sa présence le dérangeait. Seulement, ce genre de questions n'attendait jamais une réponse franche. Ce n'était qu’une politesse à laquelle il convenait de se tenir, sans pour autant s'intéresser à la réplique. L'Ange vint se mettre aux côtes de Mancinia, comme prêt à intervenir au moindre mouvement suspect.

— Devrions-nous être honorés de votre présence ?

Dans un sourire, Reine envisagea brièvement de leur révéler sa nature véritable, mais elle n'avait pas besoin de son essence créatrice dans cette conversation. Que l'un et l'autre ne lui accordent aucun intérêt, uniquement de la défiance, n'était pas son problème. Ce qui l'intéressait était un tout autre but, l'appréciation des autres n'était qu'un bonus et en cela, son Alternante était similaire. Son petit Capitaine, par contre ...

Post I - 1820 mots

La Venue de la Reine

— Je ne peux pas le dire, se contenta-t-elle de répondre.
— Puis-je partir du principe que vous n'êtes pas la bienvenue, dans ce cas ?

Quel aplomb dans ses propos et quelle insolence dans son sourire. Était-ce sa nature qui le rendait si fascinant ? Il n'était pas le seul à avoir cet éclat. Une ombre passait dans son regard. Les Anges avaient également soufferts des agissements des Vils. Ils étaient secondaires à ses aspirations, mais elle ne pouvait rester muette et aveugle après qu'ils eussent tant agis avec les Humains. Des choses qui seraient légitimes, sans mettre sur son dos leurs Aetheri Protecteurs. Certains étaient farouchement contre les ingérences sur leurs domaines ... en même temps, Protecteurs ... l'humour avait ses limites.

— Vous devriez essayer d'avoir un meilleur regard sur ce qui vous entoure, Capitaine, tout le monde n'est pas votre ennemi.

Il eut à peine le temps de froncer les sourcils que l'indésirable avait disparue. Reine s'était matérialisée dans leurs dos, prenant les épaules de l'un et de l'autre pour les attirer à elle dans une étreinte, où elle se trouvait au milieu.

— Vous êtes des personnes de Bien et particulièrement méritantes.

Neah clignait des yeux plusieurs fois, là où, étrangement, Mancinia eu un sourire ravi. Aucun d'eux ne répondit rien et ils passèrent de longues secondes à se dévisager, sans rien dire, avant qu'elle ne les libère.

— Je suis intriguée par vos aventures, alors ne cessez pas de me surprendre ! ...  Je ne serais pas loin si vous avez besoin de moi. Passez une bonne soirée, Écuyers.
— Reine, attendez.

N'écoutant plus, son interlocutrice disparue bien vite de son champ de vision. Mancinia eu une moue désolée de ne pas avoir encore savoir qui elle était réellement.

— Je pensais qu'elle n'était qu'un cauchemar tenace, mais elle s'avère être une personne de chair et de sang ..., souffla Neah, dépité.
— Nous avons l'habitude de ce genre d'événements, pas vrai ?

Un peu trop au goût de l'Ange, qui était amer. Il n'aimait pas savoir cette étrangère en train de tourner autour de sa fiancée, de ses enfants, ou de ses collègues. Pourtant, son instinct lui disait que Reine aurait pu le balayer sur place. Elle avait de la magie,  une puissance assez élevée pour balayer leurs barrières mentales, mais ne semblait souffrir de son absence au sein de la Capitale officielle des Humains.

— Papa !

Ihsan s'était exclamé brutalement, comme pour mettre un terme à ce silence gênant, tendant ses bras dans sa direction. Maman était vilaine avec lui, elle ne tenait pas ses promesses !

— Bihi ! Bihi !
— Tu as raison.

On ne pouvait pas vraiment savoir s'il répondait à Mancinia ou à son fils. Peut-être aux deux ? Néanmoins, s'ils voulaient éviter de se mettre en retard et de gâcher une partie des célébrations à ruminer, c'était le moment de se mettre en route pour rejoindre le reste de leur Famille. Mancinia avait trouvé un coin assez sympathique, à l'écart. A la lueur des torches, plusieurs dizaines de personnes se trouvaient. Quelques Bilhelies tapaient leurs pattes dans une petite étendue d'eau devant les chuchotements émerveillés. Ihsan leur aurait couru après si la poigne de Neah ne le retenait pas entre ses bras. C'était un jeu pour le Père, amusé des vaines tentatives de son enfant à se défaire de ses liens. Ce dernier se calmait au fur et à mesure des minutes, avant d'être reposé au sol, tandis qu'il était encore aidé pour marcher vers Rosie. La domestique était ravie d'être aimée par des enfants aussi adorables. Mancinia discutait avec Sylvia et Mithra, tandis qu'il restait en retrait. Il l'aimait. Et il ne savait pas comment le lui exprimer en dehors de quelques mots. Leur Lien se chargeait de l'immense tâche de transfert, mais c'était si bon de l'entendre et de le voir. C'était trois sensations dissemblables. Son Humaine se tournait vers lui en ressentant un regard brûlant sur sa peau. Un sourire naquit à la commissure de ses lèvres, prête à l'inviter à leurs côtés d'un geste, mais curieusement, durant quelques instants, quelque chose la retint.

— Chaahana aaq hona mere chammak challo ?

Ses traits trahissaient sa surprise. Qu'est-ce que ... ? Que venait-il de dire ... ?

— Oh, mais quelle bonne idée ! s'exclama Ramesh, avant de se redresser en entraînant sa propre partenaire vers lui. Chammak Challo !
— Non, mais ..., tenta vainement de reprendre Mancinia.
— Oui ! renchérit Gangamma à son compagnie.
— Faisons ça !

Ra-One - Chammak Challo

Jamais un Humain n'aurait envie de mettre de côté cet attrait d'exprimer avec son corps ce que sa bouche ne pouvait faire. Ils n'étaient pas tous danseurs, encore moins des bons, certains ne pratiquaient pas en regardant les autres d'un oeil mauvais, ou admiratifs. C'est selon. Toutefois, aucun d'entre eux ne semblait surprit que cette demande émane d'un Ange. Peut-être parce que les Écuyers de l'Aurore étaient en couple depuis si longtemps que cela n'était que l'évidence même ? Les Bilhelies, non loin, s'étaient brièvement éloignées sous les exclamations soudaines et l'euphorie environnante, avant de revenir se mettre non loin, curieux, comprenant qu'ils ne risquaient rien. Nombreux étaient les Humains à s'être rassemblés autour d'eux alors que Neah avait enlevé sa veste, réceptionnée par Rosie, amusée, dans l'ambiance, après qu'il l'eu lancé dans sa direction. C'était une plaisanterie, n'est-ce pas ? Non. Mancinia était mélangée entre l'émerveillement et la gêne d'être ainsi exposée aux yeux de tous, au milieu de ces célébrations si importantes. Quelques unes des danseuses l'incitèrent à prendre part, mais elle déclinait. Elle admirait seulement son fiancé, il était tellement ... Elle en avait vraiment rêver, vraiment, avoir un homme dans sa vie qui soit son partenaire dans tous les domaines, la danse incluse. Comment ne pas être transportée par les regards, les gestes ? Cela ne changeait rien à sa position, au milieu de ce cercle créée autour du couple, sans qu'elle n'en est conscience, tandis que son compagnon enchaînait les pas, avec une maitrise de l'Alikir impressionnante.

L'Humaine avait les yeux écarquillés, de plus en plus, avec l'envie évidente de suivre sa danse. Ce qu'elle fit. Jusqu'où leurs capacités avaient-elles grimpées suite à leur échange avec le Lärtneesh ? Neah avait-il vu tout cela dans ses souvenirs ? Mais si cela lui conférait la connaissance, ce n'était pas le cas de la maîtrise, alors ... s'était-il entraîné ? Elle sourit en l'imaginant essayer devant son miroir. Ils étaient si synchrones, si agiles, leurs regards ne trompaient personne. C'était si précis, si évident. L'Ange avait complètement balayé la présence de Ramesh, l'un des danseurs les plus émérites du Royaume. La musique les suivait dans ce monde qui n'appartenait qu'à eux. Certains s'étaient même arrêtés de danser pour les observer. Gangamma suivait les pas de Mancinia avec plaisir, narguant son partenaire d'un rire.

— Comment ... ?
— Ils sont incroyables ... !
— La Matasif a toujours été une bonne danseuse, mais le Capitaine ... ?
— Il est doué !

Il y eu comme un silence au milieu de la musique. Ramesh s'était trouvé des adversaires de taille.

— Ce sont des Devâdasin, déclara-t-il simplement.

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Pendant un instant, au moment où les Écuyers de l'Aurore ne regardaient pas, distraits dans leur euphorie, Izanami avait subtilisé Ihsan à ses surveillants. Ça ne prendrait qu'une seconde, mais elle avait besoin de montrer quelque chose à ce petit être. Peut-être était-ce un caprice, mais il ne craignait rien. Elle ne s'attaquait pas aux Humains, encore moins à ceux d'un autre Aether. En dehors de la Cité d'Utopia, le calme semblait être revenu brutalement malgré la présence lointaine des bruyances des célébrations. Posant ses pieds nus dans le sable, par respect, ils observaient la vaste étendue de sable où se dressaient les stèles du cimetière des Humains. L'Enfant des Cieux savait qu'elle n'était pas sa mère. L'instinct ne le trompait pas, mais ce n'était pas pour autant qu'il la craignit, obnubilé par ce qu'il voyait. Un spectacle enchanteur se dessinait devant eux. Des fleurs, absolument partout.

— Est-ce que tu sais ce que c'est, Ihsan ? demanda-t-elle en balayant du regard les alentours éclairés de sa dernière lubie. Ce sont des Primevères. Elles ne poussent pas dans le Désert, en général, mais nous réaliserons une exception. Elles seront aux couleurs des Bilhelies, en l'honneur de leur venue.

Elles ne survivraient certainement pas au Soleil du lendemain, mais c'était un moyen d'honorer les disparus. Si Ezechyel régnait en maître sur la Mort en ces terres, elle était celle qui la commandait sur Embrya. Dans un sens, elle se remémorait aussi ceux qu'elle n'avait su secourir. Au détail près.

— Je sais que ce ne sont pas les animaux de Drejtësi et que ta mère aurait sans doute choisi de l'honorer, mais je dois m'y remettre, moi aussi.

L'Aether eu un souffle vers elles, les illuminant d'un éclat doux et blanc. Éternel.

— Si une voix égarée en ressent le besoin, elle suivra la lumière de l'apaisement.

Dans sa main gauche, tendue, apparu le collier d'argent noué avec des rubans dans le dos, comme flottant dans le vide. Mancinia avait réalisée une oeuvre splendide malgré l'absence de pierreries rares : le zircon était cassable, mais c'était sa volonté. Sa magie en action, Izanami piégeait certaines primevères à l'intérieur de leur cage de verre.

— Nulle couronne ne ceindra ton front ... mais dans le coeur de tes parents, tu resteras un Prince, Ihsan. Ils sont nombreux à oublier qu'ils ne sont pas seuls. Ils sont nombreux à abandonner.

Elle voyait quelques marques sur certaines stèles. Des signes de suicide. Les Humains essayaient de les honorer, sans craindre la colère du Dieu de la Mort. Ils étaient si pieux. Remettant une des fleurs à Ihsan, ce dernier la contemplait, sans l'abîmer, comme s'il savait que c'était précieux. La femme rit, amusé. S'il lui arrivait très souvent d'agir de manière impulsive, Izanami voyait bien ne pas être la seule. Qui remettait cent mille enfants, ailés de surcroît, entre les mains d'un peuple qui peinait à assumer, au point de confier ce bien si précieux à des étrangers ? Les Anges, pourquoi pas. Mais les Magiciens ? ... D'un clignement des paupières, le nouvel Artefact disparu. Elle sourit au garnement qui s'était mis à gesticuler.

— Je l'ai laissé à un endroit amusant. Si quelqu'un en a besoin ... cette personne le découvrira. Je te le dis à toi, mais ce sera notre petit secret, d'accord ?

A peine lui avait-elle murmuré la réponse qu'une goutte de pluie venait s'écraser au sol, alors que l'enfant réapparu aux côtés de sa Jumelle, qui protestait, au moment où ses parents tournaient la tête vers ces derniers. Heureux.

Post II - 1860 mots
Chaahana aaq hona mere chammak challo ? - veux-tu devenir ma précieuse compagne ?

Cadeau de Svana Belvarrian | Le Collier de la Reine - il s'agit d'un collier réalisé des mains de la Sertisseuse. C'est une composition élaborée, formant ainsi un trois-quarts de cou et se ferme dans le dos par des bandelettes de soie, alors que deux longs rubans passent sur les épaules et retombent dans le dos, avec un rang de dix-sept emplacements de zircons, où l'on entrevoit au travers de leur éclat blanc la conservation des fleurs. Au travers de ces Primevères d'un bleu roi aux contours blanc qu'une Reine disait tant aimer, la voix du porteur est ainsi émise. Peu importe l'endroit, peu importe le monde ... Si l'utilisateur remet un morceau du collier à un correspondant, ils seront en mesure de communiquer normalement par leur bais. Scintillantes dans la nuit, elles éclairent également les possesseurs d'un léger halo lorsqu'il se trouve dans les endroits sombres, s'assurant que, plus jamais, ce dernier ne soit seul et perdu. Ce qui est important dans la communication, c'est la fleur et non sa protection, mais s'il advient que les deux se brisent, le contact est rompu. Chaque morceau brisé du collier réapparaît tous les ans pour lui rendre son éclat, le soir de la Venue des Bilhelies ...

Je n'ai pas précisé où Reine laisse le collier, tu le agis comme tu le sens pour le récupérer ! Joyeux Noël, Svana °o°