Donc, dans le monde de cette toute petite bague blanche, frappée d'un Cerfeuil d'Od, je suis la Blondasse Lar – Lardon pour les intimes – car je suis une Ange Réprouvée qui assure d'être Léto Sùlfr, Edmund'Faasnu, la Souriante, morte à Gona'Halv. Le tout, sans une once de souvenir, si ce n'est quelques bribes. Léto Ange Réprouvée. LAR. C'était ridicule. Devaraj lui avait laissé un drôle d'artefact, pour ne pas dire complètement cinglé. Heureusement que la Hǫfðingi était habituée aux changements d'essence via la couronne des Ombres, par exemple. Mais elle devait bien avouer que cette fois, c'était drastiquement différent : si Lar admettait être Léto, elle s'était imaginé tout un scénario pour expliquer son état et sa situation. En soi, tout cela était la faute du Silence. Que se passera-t-il la prochaine fois que Léto enfilera la bague ? Les souvenirs de l'Ange seront altérés ? C'était tentant de tester, mais dangereux tant que la fameuse Blondasse ne s'habituait pas au climat, disons, plutôt abrupte du territoire Réprouvé et de ses natifs. Brouteuse d'Erza. Se remémora-t-elle avec déni, un arrière-goût désagréable.

" C'est quoi ça ? "

Sans crier gare, la petite Nörråke débaroula dans la chambre royale pour se jeter sur le lit de la Sùlfr. La jeune fille adorait ce lit car il était très, très grand, comme sa maman ! On pouvait rebondir dessus à plusieurs qu'il ne craquerait même pas. Heureusement que Léto avait les faveurs des meilleurs ébénistes d'Awaku No Hi.

" Ça ? Elle exhiba la fameuse bague, tandis que la fille rejoignait les gros coussins. Ça appartenait à ton père. La bague se volatilisa magiquement. Je te la donnerai un jour, si elle me lasse. " Nörråke était déjà toute contente.

Souriante, Léto lui donna un baiser sur le front et se leva pour choisir un poncho dans l'armoire. Depuis le Fessetival, elle adorait vraiment revêtir ce type de vêtement : c'était ample à souhait, léger, et suffisamment épais pour prémunir du froid ; même si la rudesse du Voile Blanc l'endurcît de ce côté-là.

" C'est bizarre, on dirait que quelqu'un s'est servi dans les ponchos de Takhi… " Cette dernière y avait laissé ses propres pièces, pour qu'elles pussent comparer des coloris. Lentement, la titanide pivota vers la probable fautive, l'air narquois.

" Ce n'est pas moi ! " Ce n'était pas elle.

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Un colis fut donc déposé à la porte des Belegad, stipulés comme destinés aux frangins angéliques. L'identité et l'adresse de l'expéditeur ne figuraient nulle part, apparu comme depuis l'éther. A l'intérieur, il y avait deux ponchos, un taillé pour chaque destinataire : l'un était brodé d'un titre "Aile d'Acier" et l'autre "Petit Pigeon". Les ponchos sont troués par endroits de sorte à y faufiler ses ailes. Un dernier détail, amusant : une version enfantine et mignonne d'Edmund'Faasnu – un chibi quoi –sur un rebord, qui fait un clin d'œil et lève le pouce. Comme une approbation.

Sous les ponchos, le colis renfermait également deux manuscrits. Le premier présentait la recette des tartelettes aux framboises, dite "revisitée par Léto". Le parchemin retranscrit à merveille son écriture, comme si on le lui avait volé. Il y a un petit aparté sur un coin de la recette : "NE PAS FOUETTER TROP FORT", avec une petite tête qui pleure. Enfin, le second manuscrit est une toute petite note qui est en réalité une incantation : une fois lue – à voix haute ou dans la tête – le bout de papier disparait et un énorme lapin de couleur jaune apparait ; le collier autour de son cou le prénomme "Létouille, Fléau des carottes".

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