Apocalypse

Île Maudite, solo.
[Lien] Ellipse : suite à Il faut vouloir vivre et savoir mourir partie II
[Lien] Ambiance : Yicali | Wardruna

Depuis l'ultimatum lancé aux Draugrs, Devaraj se mettait à rire tout seul d'un ton aigu dès qu'on lui demandait des explications sur ses futures manœuvres d'évacuations et son subit besoin de retrouver ses forces physiques d'antan. C'était nerveux. En réalité, il ne dormait plus, même avec les boules quies. Son sang n'était plus que du café mélangé à une drogue vivifiante qui poussait son corps à trembler de rage, mais lui permettait au moins d'accomplir ses devoirs hiérarchiques en journée. Néanmoins, il était facile de voir que son Esprit était complétement ailleurs. Des questions extrêmement précises roulaient dans sa tête. Premièrement, est-ce-que ce qu'il avait lu allait réellement se réaliser ? De ce qu'il saisissait du Destin, plusieurs lignes de ce dernier pouvait naître dans le Futur et la logique soufflait que le choix des protagonistes déterminait la direction à prendre. Tout dépendait donc encore de Räk et de son entourage. Par exemple, si quelqu'un décidait de l'égorger dans son sommeil, l'affaire serait réglée.

Devaraj était allongé sur son lit. L'air était chaud à cette saison. Son corps humide et moite n'arrivait pas à trouver sa couche confortable. Il avait l'impression stupide que la lune le regardait par la fenêtre avec un sourire pointu de dents, pour se moquer de lui. Les lignes qu'il avait lue était vraies au moment où ses pieds foulaient la Bibliothèque d'Ilios ; l'étaient-elles toujours maintenant ? Le seront-elle demain ? Ensuite, il y avait l'avertissement de Jun, qui penchait dangereusement vers la pire option possible pour le futur proche de l'Île Maudite. Mais en même temps, son père était un taquin et son humour était merdique, il avait pu mentir pour son propre plaisir. D'autres questions défilaient à toute vitesse : allait-il être la hauteur ? Non. Etait-ce possible d'être à la hauteur pour se battre contre un dieu marin ? Non. Comment allait-il réussir à contrôler sept millions de momies avec sa magie ? Où allait-il mettre ces momies ? Allait-il échouer devant les Dieux ? Devrait-il plutôt livrer Lilith pour la sécurité de son peuple ? Il préférait mourir. Allait-elle se livrer toute seule pour éviter un désastre ? Peut-être. Malheureusement, il en avait envie, de ce désastre. C'était inexplicable. Son esprit était comme obsédé par les lignes terribles qu'il avait osé déchiffrer. Pourquoi avait-il choisi de lire le livre de Räk et pas un autre ? Et si tout ceci arrivait par sa faute, à lui ? Le Chaman passa sa main sur son visage en sueur. Ses doigts tremblants atteignirent un verre d'eau posé sur sa table de chevet. Le Destin parlait de dragons. A quoi pouvait bien ressembler cet animal légendaire ? Pourquoi des dragons viendraient-ils se poser au milieu de la Mer Maudite ? Pourquoi était-il capable de trouver un sens à cette histoire et surtout, une démarche à suivre ?

Brusquement, il repensa à Caleb. Si sa mémoire était bonne, son fidèle ami lui avait parlé de voir le futur. Devaraj n'en avait vu qu'une infime partie pendant d'infimes secondes, mais il comprit mieux le mal-être du Rehla. Ce qui allait finir par le faire craquer cependant, était surtout l'incertitude absolue dans laquelle il était laissé. Pouvait-il s'en plaindre ? S'il n'avait pas été prévenu -même mal prévenu- à l'avance, la fatalité aurait été de donner sa sœur ou mourir. Maintenant, il avait le choix entre donner sa sœur, mourir, ou résister. Quand est-ce-que cette horreur aura lieu ? Demain ? Dans dix-ans ? Dans deux siècles ? Et s'il tuait Lilith tout de suite pour éviter le futur ? Sentant que son Esprit dérivait dans des eaux morbides et dangereuses, Devaraj se leva brusquement, le regard fou.

« Que fais-tu là ? » « Je ne dors plus. » « Depuis quand ? » « Depuis que quelque chose grouille dans l'île. » Devaraj ne répondit rien. Faisait-il allusion aux momies, aux Ridere, aux monstres, ou aux Cauchemars Vivants ? Son hypothèse penchait pour la dernière option. Zawa'Kar avait été le seul témoin oculaire de l'existence des enfants de Lilith et Jun, et de leur nature cauchemardesque. « J'ai l'impression que ça me regarde et vient ramper dans ma chambre. » La peur pouvait saisir les âmes les plus irrationnelles, les plus endurcies. Pour pouvoir la vaincre et la surmonter, il fallait commencer par la connaître et la subir. « Et toi ? » répliqua le visage sombre du Draugr. Ses yeux noirs scrutaient le visage fatigué de son roi. Ils se trouvaient sur une plage déserte balayée par une brise nocturne, non loin de l'endroit où Kazak avait amarré ses navires fantômes. Leurs crêtes déchiquetées lançaient des ombres chevaleresques sur le sable, jusqu'à leurs pieds. Quel décor ! « Je ne dors plus. » « Depuis quand ? » La question flotta dans l'humidité quelques instants. « Je suis incapable de m'en souvenir. »

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Apocalypse

Île Maudite, solo.
[Lien] Ellipse : suite à Il faut vouloir vivre et savoir mourir partie II
[Lien] Ambiance BASTON

« C' est un ordre, Général. » Devaraj venait de faire apparaître entre ses mains une lame courbée au manche soigneusement sculpté d'un kraken hurlant. « Attaquez-moi. » répéta-t-il d'un ton sulfureux. L'aura violette qui brillait à la lumière de la lune autour du métal tranchant n'inaugurait rien de bon. Elle se reflétait dans les pupilles complétement dilatées du Suprême de l'Au-Delà. Il n'avait aucune difficulté à considérer un ami de longue date comme son pire ennemi, pour un simple duel. Tous les Zawa'Kars savaient consacrer un temps aux loisirs et un temps à la Guerre et au Sang. Lorsqu'ils tournaient leurs regards vers Haziel, plus rien d'autre que la victoire ne comptait. Leurs ombres projetées sur la plage de sable fin, telles deux fantômes, restèrent immobiles. L'air et la mer même semblaient avoir arrêté de se mouvoir. Des cailloux glissèrent sur le rivage, quelques centaines de mètres plus loin. Minou avait suivi son maître pour sa promenade nocturne et cherchait un cadavre à se mettre sous les crocs. Les yeux jaunes du monstre brillaient dans la nuit, fixant le spectacle étrange. Il sentait une tension entre les deux humains qui avaient commencé à se tourner autour comme deux fauves, se jaugeant l'un, l'autre avec deux sourires carnassiers. Sans chercher plus loin, l'hybride mi-félin, mi-corbeau, replia sur lui-même ses pattes pour se donner de l'élan. Un rire de hyène fendit l'air. L'animal bondit littéralement sur celui des deux qui n'était pas le Maître.

Leurs corps éthérés s'entrechoquèrent dans une violence inouïe. Le fracas des lames brûlait les tympans et recouvrait l'éternel son de la marée qui s'en allait pour revenir. Devaraj raffermit sa position sur le sable. Ils ne cessaient de passer du monde des Morts à celui des Vivants dans une danse saccadée, brusque, difficilement à suivre à l'œil nu, provoquant la levée d'un nuage de sable et d'éclaboussures. Chacun profitait des deux physiques pour déstabiliser l'autre et esquiver. La Séparation de l'Esprit bien maîtrisée à haut niveau rendaient les arts martiaux ridicules et inutiles. Mais Zawa'Kar n'était pas seulement un excellent épéiste. Bon stratège, il savait connaître son adversaire et utiliser ses faiblesses. Ravalant le goût du sang dans sa gorge, Devaraj leva sa lame, effectua un moulinet dans l'air électrique, guidé par la magie morbide qui émanait de l'arme. « Zarg'RakamXersus. » murmura-t-il d'une voix grave. La lame de Zawa'Kar vint s'écraser sur la sienne et lui arracha un grognement de douleur. La force éhontée du choc lui fit lâcher la poignée de son épée et trébucher sur le côté. Dans un élan de rage, il attrapa avec agilité son partenaire pour le projeter sous lui à terre. Ils roulèrent dans le sable comme deux bêtes sauvages. Les pupilles de Devaraj prirent une teinte affreuse, violette.  « Zarg'RakamXersus. » susurra-t-il, étouffé. Il fit un bond en arrière et se releva par la même occasion, tendant sa main pour faire revenir à lui son arme par télékinésie. « Zarg'RakamXersus. » Ses doigts venaient de se refermer sur le manche sculpté. Trois tentacules géantes jaillirent de l'eau, du néant, de nulle part. Leurs ombres les recouvrirent dans un sifflement horrible et elle s'abattirent en quelques secondes sur les malheureux. Même s'il était le créateur de cette magie marine, le Chaman n'avait aucune idée de comment contrôler ces choses qu'il venait de faire apparaître...

« Pas mal la nouvelle épée. » Le Chaman haussa les épaules et fit disparaître l'arme, qui n'en était pas une. Ils avaient passé plus d'une heure à se débattre contre les trois apparitions marines tout en se tirant dans les pattes. Plus que d'être un gros couteau, ce qui n'intéressait absolument pas Devaraj, l'épée du Lord Poulpe permettait de faire apparaître des tentacules géantes grâces aux étranges runes ensorcelées gravées sur le métal. Seulement, il ne maîtrisait pas encore l'étendue de ce sort. « Merci, hum. » Il essuya la sueur et le sang qui lui coulaient dans le cou, puis enleva ses habits trempés, sales, collés à sa peau. Le goût du sel entra dans sa bouche lorsqu'à bout de souffle, il passa sa langue sur ses lèvres ensanglantées. Il avait besoin d'un cobaye, qui ne se casserait pas en mille morceaux au moindre choc et qui n'avait peur de rien. Heureusement que l'île Maudite regorgeait de ce type de caractère, une condition nécessaire à la survie sur cette terre hostile. Les deux hommes se jaugèrent une dernière fois dans un silence sinistre. Le vent n'avait pas fini d'effacer la puissante tension qui s'était installée entre eux pendant le combat. Devaraj se baissa brusquement pour soulever son homologue par le cou, ses doigts enfoncés dans la chair musclée et tatouée.  « Du nerf, Zawa'Kar. C'est un être divin que nous allons affronter, pas un jouet humain. » Ce dernier les fit basculer à terre et se dégagea d'un coup de poing dans les côtés, bien visé. « Hm, à quoi bon les armes et les pouvoirs, alors ? On dirait que cela vous amuse. » Le Chaman étouffa une grimace et se releva. Cette fois-ci, l'entraînement était fini pour de bon. « Peut-être. Je déciderai de si ça m'amuse au dernier moment. En attendant... Demain, même heure, Général. » Quitte à ne plus dormir, autant ne pas perdre son temps.

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Île Maudite, solo.
[Lien] Ellipse : suite à Main à marier, cinquième épreuve

Les chocolats sentimentaux | Kaahl, Kagamiko, Léto, Djoulhya, Isley, Louisa, Brethil

« D' où viennent ces chocolats ? » Nyam haussa un sourcil. « Je ne sais pas. Ils sont peut-être... » Devaraj en engouffra plusieurs dans sa bouche. « Empoisonnés ? Dommage. » dit-il, la bouche pleine, sans que l'idée ne parusse le perturber. « Je voulais dire offerts par l'un de vos futurs époux. » Après une inspection générale de toutes les boites qui proposaient différents types de chocolats, son verdict fût qu'il préférait les blancs et ceux à la liqueur. « Sers-toi, je n'aime pas manger seul. » La Chamane baissa les yeux sur les friandises avec mépris. « Manger par simple envie ou gourmandise est un signe de faiblesse psychique et d'une addiction qui abaisse l'être humain. Je suis en jeun afin de renforcer ma maîtrise de moi-même. » commenta la Draugr. Devaraj dévia son regard des chocolats pour dévisager la femme. « Mouai. Tu t'entendrai bien avec Jezekael. On dirait que plus on passe de temps avec la mort, plus on devient chiant. » La preuve était que toutes les personnalités importantes du Royaume des Morts transpiraient la frigidité et l'ennui. « Majesté... » Amusant, cette matière qu'elle avait d'être extrêmement mal à l'aise en sa présence tout en gardant une façade parfaite hautaine et froide. « Je sais. Je n'ai pas oublié. » Sa mauvaise foi ne pouvait effacer complétement les bienfaits de la méditation quotidienne sur le maintient de son esprit dans un état stable. « Qu'avez-vous choisi pour aujourd'hui ? » demanda-t-elle alors qu'ils quittaient le salon royal pour se rendre dans une pièce beaucoup plus modeste, calfeutrée loin des bruits du palais. Le roi étouffa un soupir. Lors des précédentes séances, la pensée de Circë lui revenait toujours en tête, peu importe où il allait se réfugier dans les tréfonds noirs de son propre esprit. Cette unique pensée précise le pourchassait n'importe où. Il ne répondit rien et s'assit en tailleur face à elle. « Nous allons changer d’exercice alors. Prononcez la liste de tous vos enfants et petits-enfants par ordre alphabétique. »

Les miroirs espions | Siruu, Circë, Djoulhya | Omi'Ake

Dans la chambre du roi, il y avait trois miroirs. Le premier était rafistolé avec de la colle rudimentaire, le second était entouré d'un ruban rose et le troisième d'un ruban bleu. L'homme passait son regard de l'un à l'autre, une moue vague imprimée sur le visage. L'espionnage avait ses hauts et ses bas et faire une obsession sur la vie quotidienne de ses victimes pouvaient vite devenir ennuyeux, mais aussi addictif, dans la peur de rater quelque événement intéressant. Celui qui espionnait Circë attirait majoritairement son intention, pour la simple raison qu'il pensait avec justesse que celui qui espionnait Lilith était maudit et méritait d'être évité pendant quelques temps. Et puis la sécurité de l'Ygdraë l’obsédait. Où était-elle ? Ne s'était-elle pas enfuie ? Ne lui cachait-elle pas quelque chose d'important ? Autant de questions auxquelles le miroir répondait parfaitement. Quand au troisième miroir... Le troisième racontait depuis quelques temps une histoire étrange et rocambolesque qui se déroulait sur une île oubliée de tous remplie d'Anges démoniaques et de Démons angéliques. Sirh Juuka était décidément un personnage haut en couleur dont la vie n'était pas ennuyeuse à regarder en ce moment. Devaraj soupira et plongea ses yeux dans le miroir. Cette histoire d'halo argenté et d'élus des portes ne l'intéressait pas. Ce n'était qu'un nouveau jeu de plus pour les divins, et puis quoi d'autre ? Lui-même y avait malencontreusement participé et il était plutôt fier d'avoir mit le chaos parmi les participants. Le Chaman effleura la glace du bout des doigts et sourit devant la scène. Le Sorcier avait dévié de la quête principale qui avait été confiée aux élus des Portes pour se perdre dans des labyrinthes interdits. Quel gredin... Pas étonnant que son clone soit en sa compagnie. La vision était floue mais ce qu'elle laissait entrevoir était admirable. Peut-être n'était-ce qu'une illusion. Cela paraissait trop beau pour être vrai. Quelle différence ? Il avait le pouvoir de transformer le faux en vrai, ce n'était pas si compliqué qu'on le pensait. Il ferma les yeux. Regarder dans les miroirs faisait aussi partit de ses exercices de médiation. Espionner autrui lui permettait de se calmer et de concentrer son attention sur quelqu'un d'autre. Il pouvait y passer des heures entières, c'était un jeu dangereux.

La chaussette | Isiode, Kaahl

La liste de ses enfants lui tournait encore dans la tête, comme une chanson sans fin dont les paroles lui tournaient autour. Il espéra que Nyam trouvera une idée un peu moins envahissante pour le lendemain. Celle-ci avait fonctionné sur le coup mais allait bientôt le rendre fou s'il n'arrivait pas à retrouver le fil normal de ses pensées avant la fin de la journée. Il fallait pourtant qu'il tienne jusqu'au mariage et après, jusqu'à ce que les élus lui laissent un minimum d'espace. Bien sûr, au lieu de leur accorder toute son attention, il pourrait s'enfuir avec une excuse quelconque, mais attirer le courroux de la Déesse n'était pas dans ses projets. Mieux valait serrer les dents et attendre. Ce n'était pas si terrible, si l'on oubliait le moment où il devrait coucher avec Circë. Ce qui était terrible, c'était la suite. C'était Räk qui allait venir récupérer sa femme. C'était Djoulhya enceinte de leur enfant, qu'il allait devoir protéger d'une manière ou d'une autre. Le Chaman s'allongea sur son lit. Il n'avait pas envie de dormir et pourtant le manque de sommeil le plongeait dans un état léthargique. Le temps qu'il passait éveillé était plus réparateur que le sommeil qui attendait le Suprême de l'Au-Delà. Quant à couper le Lien Divin pour s'autoriser quelques heures d'un vrai repos, il se forçait de ne pas le faire trop souvent pour ne pas éveiller le courroux des Ætheri. Il regarda les boules quies posés dans leur boîte. Cet artéfact était d'un sacrilège éhonté... Rien de pire pour lui plaire.

Le Chaman plongea la main dans sa réserve de Demencia. Les cristaux qu'il avait ramassé étaient soigneusement entreposés dans une nouvelle pochette, orange comme les pierres. Sa main ne rencontra que le vide. Les sourcils froncés, il regarda dans la poche de tissu pour constater l'absence de sa drogue.

PS : La Demencia est une puissante drogue provenant du volcan de l'Île Maudite. Elle ne fait effet que sur les personnes possédant des troubles mentaux et leur sert à apaiser leurs maux. C'est un cristal orangé de base, mais il est dérivé en plusieurs formes : poudre, onguent, liquide, fumée. On le retrouve aussi très souvent incrusté dans des bijoux ou des ornements sur les Totems.

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Île Maudite, solo.
[Lien] Ellipse : suite à Médiations
[Ambiance] Sentence to Death

La lune rouge & Le temple de Phoebe

Là où la terre avait été ravagée par un tremblement de terre peu après l'apparition de la Lune Rouge, la nature avait reprit ses droits, et, si le phénomène brutal n'avait pas été expliqué aux Chamans, cela ne les avait pas empêché d'envisager aussitôt la naturelle reconstruction de ce qui avait été détruit, après que Devaraj se soit assuré que l'endroit n'était plus dangereux. Enfin, les ruines d'un Temple ne pouvaient longtemps rester à l'état d'abandon sur les terres sacrées, quoiqu'on en dise. L'Autel destiné à Phoebe se tenait donc de nouveau dans la vallée du Lac Rouge, sur le territoire de Delawam, flambant neuf. Il pouvait en distinguer les colonnes et la forme carrée entourée d'arbres depuis la fenêtre de sa chambre, mais il lui aurait fallu des yeux plus perçants pour avoir plus de détails que cela. En vérité, les travaux avaient occupé les artisans pendant que les religieux préparaient les épreuves nécessaires au mariage royal et que le roi lui-même, s'en était allé décimer un peuple. De cela, personne n'en avait rien su. Quelques rumeurs circulaient via les Esprits pour les friands de commérages, mais le mariage était un sujet bien plus fructifiant, car il amenait avec lui son lot de faits incongrus et de nouveautés, comme cette statue étrange qui flottait au milieu du lac ou encore ses humains sur lesquels circulaient un nombre incalculables d'histoires. Devaraj soupira. Les choses s'était faites plus doucement et sans remous qu'il ne les avait imaginé. Tant mieux. Le panthéon chamanique était suffisamment malléable pour y ajouter une nouvelle déesse de la purification, maintenant qu'ils avaient tous la preuve de son existence sous forme d'une géante en pierre au regard particulièrement méprisant. « Cela ne va pas faire l'unanimité. » commenta Kewanee, qui lisait les papiers du roi. Ce dernier haussa les épaules. Comme le mariage devait aussi amener une certaine purification des mœurs, il prévoyait d’interdire tous les incestes, pour peu que certains sachent qui fait parti de leur famille et qui n'en fait pas parti. « Je répondrai à quiconque veut se plaindre, que je suis le premier à ne pas être d'accord. » Il sourit. « Cela s'installera avec les prochaines générations. » Edel ne sera pas contente, de moins en moins de personnes allaient honorer la Vie en son nom. Mais de toute façon, Edel était morte, quelle ironie. Dans sa dépression, il trouvait beaucoup de choses très drôles, et très vaines.

Delawam lui avait dit « Finalement, ce n'était pas si terrible. » au sujet de la cérémonie, ce à quoi il avait répondu avec amertume que ce n'était que le début de la fin. D'accord, il s'était marié avec des étrangers pour montrer l'exemple visant à intégrer du sang neuf dans la race. Comment savoir si les élus allaient s'intégrer au peuple ? Et s'ils étaient véritablement dignes de confiance pour ce qui ne touchait pas au contrat de mariage ? Et si cette union particulièrement bancale allait fonctionner ? Auraient-ils vraiment un renouveau génétique avec une myriade d'enfants ? Contrairement aux Draugrs et aux Oracles, il n'avait pas cette confiance toute particulière dans le Destin. Il savait que justement, le Destin prévoyait aussi des échecs et des injustices, pour ceux qui ne faisaient rien pour les éviter. Il savait que les Dieux avaient leurs caprices et qu'ils pouvaient retourner leur veste en claquant des doigts pour certains, et dans ces certains, il comptait Blanche dans les rangs. Et puis, rien n'était commencé tant que le mariage ne sera pas consommé et les nuits de noces passées, ce qui lui enlevait tout optimisme possible. « Tout le monde va se demander s'il n'est pas en train de commettre un sacrilège avec son cousin. » Ils rirent. « Et pour... hum. » Le Chaman suivit le regard de la jeune femme. « Les souterrains ? » Il comprit tout à fait à quel problème elle faisait référence.

Le Génocide démoniaque & les momies

Les souterrains de l'île Maudite, dépotoir officiel de Jun Taiji, visiblement. L'homme y déposait ses lettres, ses cadeaux et d'autres choses dont il voulait se débarrasser. Il aimait visiblement rythmer la vie de ces fils par des catastrophes et autres événements chaotiques. En bref, il était un personnage agaçant et le fait qu'il soit insaisissable le rendait insupportable aux yeux de Devaraj. Comme Jezekael le lui avait dit, il devait se méfier de ce nouveau cadeau. Quatorze millions de momies... Pourquoi son père ne les avait-il pas envoyé en Enfer par lui-même au lieu de faire faire la sale besogne par ses deux fils -et encore, heureusement le Chaman avait eu la bonté d'esprit ou l'inspiration subite de partager ce fardeau avec son frère- ? Pourquoi leur offrait-il la possibilité de contrôler ces créatures ? Maintenant, il y avait sept millions de ces choses, endormies, dans les grottes sur lesquels ils marchaient tous les jours. C'était une arme de guerre puissante, mais Devaraj s'en méfiait. « Sont-elles... ? » « Dangereuses ? Oui, très. Elles ont décimé l'Enfer. » Il haussa les épaules en se remémorant le spectacle, comme s'il parlait de manger de la compote aux fraises. « Si cela est vrai que le Léviathan va venir nous attaquer dans peu de temps, nous pourrions les utiliser. » Kewanee avait trop vécu avec l'ancien Zawa'Kar pour ne pas s'intéresser à la guerre. Devaraj la regarda, les yeux légèrement vitreux. « Je préfèrerai ne pas dépendre de mon père et de ses fantaisies lorsque je me débarrasserais de Rak. » Il fallait qu'il lise les prophéties pour mieux comprendre et peut-être, aussi, un jour, ce fameux manuel qu'avait Kaahl sur l'utilisation des momies. Le problème était qu'il n'avait aucune envie de se penser sur ce futur proche et que, sortant déjà d'une période éprouvante, il fuyait tout ce qui pourrait lui enlever la paix. « Peut-être que je pourrais en profiter pour me laisser tuer. » marmonna-t-il dans un sourire fébrile. « Majesté ? » Il soupira. « Faîtes circuler ceci : il a plût à l'Æther de la Mort que notre peuple participe de manière ponctuelle au rétablissement de l'équilibre entre le bien et le mal. » Et que nous précipitions le déséquilibre entre la Mort et la Vie que nous sommes supposé protéger afin de servir les bons plaisirs et caprices d'un imbécile. Hum ! « Ce faisant, l'ancien Monarque Démoniaque ayant souillé certains élus de Raanu, je suis allé venger la déesse afin que justice soit faîte. En conséquence, il n'y a plus de Démons ou presque dans ce monde, un million d'entre eux ont subit la Malédiction d'Ezechyel dont un de leur généraux, et je refuse qu'ils fassent parti de nos futurs Hozros ou qu'ils accèdent au tribunal de Souw. Par ailleurs, je demande une prudence particulière concernant les Esprits Parasites qui pourraient naître du génocide. » La Chamane s'inclina. Lorsqu'il ne s'adressait pas particulièrement aux Draugrs, elle pouvait faire office de porte parole auprès d'eux, qui eux-même répêtaient au sein de leur tribu par tradition orale.

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« Taom. » Le Chaman sourit. « J'aimerai que les témoins de la présence de mon frère disparaissent, je veux aussi une liste des Esprits qui en savent trop, et que tu surveilles les moindres faits et gestes de Kaahl Paiberym, Elya Galathiel et Elias Salvatore. » L'espionne s'inclina et disparût, contrairement à la paranoïa de Devaraj, qui grandissait jusqu'à vouloir remplir l'univers entier.

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