" Par pitié, Soa'Lêtó'Ha Souw, vous n'avez rien à faire dans cette cale remplie de… vins rouges ? " Un dégoût apparent s'exprima du côté de la cendrée. Elle n'osa même plus effleurer les piles de cargaisons. Quelle effroyable invention que ce nectar à moitié raffiné ! Cette situation lui évoquait par ailleurs un drôle de souvenir. En tout cas, Léto ne perdit pas une seule seconde pour s'extirper de ce navire. Cette femme était certes grande, remarquablement repérable, pas forcément discrète, mais elle s'était bien focalisée sur sa dextérité récemment. Puis, elle n'était pas folle : même si c'était le bateau sur lequel voguait Erza Taiji, ses intentions ne furent nullement hostiles vis-à-vis des pirates. Ceux ayant hanté son adolescence devaient servir de composte six pieds sous terre à l'heure actuelle. Et ces Léviathaniens semblaient… différents. Souw ne savait guère si cette ambiance à l'approche des côtes pesait sur elle ou lui plaisait un chouïa trop.

Lver faillit faire une crise cardiaque post-mortem en assistant au flegme incommensurable de sa cheffe. Cette dernière ne voulait plus l'écouter depuis ses incessantes jérémiades, vu qu'il l'avait suivi sous forme spectrale durant toute la traversée. Malgré tout, Léto n'était pas aussi folle que son Roi : à peine toucha-t-elle l'eau durant son plongeon qu'elle dissocia son Esprit de son ancre, son corps se dématérialisant lors du processus. Certains membres de cet Empire notèrent le "plouf" mais leurs sens ne pourront guère pister les fantômes. En se rapprochant de son congénère, Souw lui tira la langue, le nargua de par tous ses actes depuis son petit voyage. Le Souw'Ba ignorait s'il était obsédé par la sécurité de sa supérieure ou s'il se questionnait honnêtement sur les circonstances qui l'ont amenée à ne pas crever bêtement. Léto Sùlfr était si légère dans les bras de la Mort, si déconnectée que les rumeurs sur son prétendu décès se retrouvaient renforcées. Finalement, avec son fardeau sur les épaules, peut-être n'était-ce là que vérité.

D'autant plus avec la sentence du Silence.

" Si tu continues de me répéter que je dois rentrer, je te mange. Une réflexion. Enfin, pas comme… Je veux dire… Bon. Et elle retourna valser entre et à travers les passants, aussi grandiloquents qu'étranges. Lver la suivit de près, alerte. Il n'aimait que peu quitter l'Île Maudite, les peuples n'étaient guère réceptifs quant à leurs coutumes et rituels. Parfois, il regrettait amèrement que Souw soit aussi proche de ses racines, mais il se disait toujours que ce devait être là son avantage : connaître son prochain mieux que quiconque. Il ne serait sûrement pas dans cet état de simili serein s'il savait pour Räk. Léto n'était pas dupe : ici étaient ses Terres et, bientôt, lui aussi viendra sur les leurs. Bizarrement, pour les mêmes raisons qui la poussaient, elle, à se rendre ici, néanmoins la finalité ne devrait pas être identique. Dommage. Enfin, si là était le prix à payer pour se frotter à un Empereur… Secouant la tête, la Draugr se recentra sur son environnement : elle n'était pas présente pour ce Léviathan, mais pour une toute autre créature qui tentaculait son Esprit. Les deux spectres de Souw, d'ailleurs, s'invitaient à travers les murs et les étages sans pudeur ; absolument opaques à ce qu'il se tramait dans les bâtisses, totalement concentrés sur la quête de Léto. On ne s'en ira pas tant que je ne l'aurai pas retrouvée. " Ainsi soit-il, Raguä'Lver'Om n'était pas prêt à partir sans sa cheffe. Elle leur avait trop manqué.

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" OUI ! Enfin ! Yeux grands ouverts, le Souw'Ba constata l'étonnante joie de Souw, à croire que cette Réprouvée comptait pour la Chamane. Même s'il n'avait toujours pas compris comment, ni pourquoi. En reprenant forme physique, Léto n'osa plus trop bouger durant quelques instants. En cet instant, elle se trouvait dans la chambre de la Dovahkiin, une certaine fierté devrait la caresser, cependant il pesait sur ces Terres un occultisme incroyablement puissant. Cela l'intriguait, elle en connaissait plus d'un qui seraient tout aussi intéressés…
- Quelque chose ne va pas ? Malgré tout, ce n'était pas l'heure. La guerrière se frotta les yeux, s'imprégnant peu à peu des mécanismes de son organisme.
- Non, c'est juste bizarre d'être là alors qu'elle ne me connait même pas.
- Attendez… Il pensait avoir mal entendu. Elle ne vous connait PAS ? " Tiens, encore une situation bien Léto-esque.

Alors que le pauvre Lver Eyaboo s'en mordait les doigts, la Souriante jeta un coup d'œil par-dessus les affaires, sans jamais se risquer à bousculer quoi que ce soit. Ses lectures du soir et la couleur de ses sous-vêtements ne l'intéressaient pas – pour l'instant – mais savoir qu'Erza avait gardé son présent la préoccupait davantage. Et à son plus grand bonheur, ce fut bel et bien le cas. La tête du Faas'Bahlok trônait, certes, négligemment dans un coin de la pièce, pourtant cela la ravissait. De près, le trophée semblait bien conserver ; ça aussi, cela l'étonna. Tant mieux, elle en avait grand besoin. Léto fouilla vivement dans sa sacoche, ne pouvant presque plus supporter la crise de panique de son subordonné, et en extirpa une chétive boîte en bois. Elle glissa son doigt à l'intérieur de l'entrouverture et en fit sortir une sorte de crème onctueuse qu'elle étala sur ses lèvres. L'écarlate de ce produit mit en valeur la forme de sa bouche, comme si elle se préparait à un bal de mages, malheureusement son utilité fut tout autre. Il était magique. Une fois prête, Léto s'approcha de la tête de la créature et marqua son front par un singulier baiser, la trace de ses lèvres à jamais imprégnée sur la chair morte. Étant donné les étincelles et autres artifices typiques d'un sortilège, il se pourrait que son enchantement fonctionnât. Fière, Souw se retourna vers l'autre Chaman : " On s'en va. "

Bonne Saint-Valentin, Erza ♫: