L'Ordre Rouge

Objectif : Aria conclut un Pacte Démoniaque avec une cliente de l'Ordre Rouge. Elle a fait venir Kahel en observateur afin de former le jeune homme au monde des affaires.

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L’ambiance était chaude et chaleureuse. Le salon était plongé dans une obscurité toute relative du fait des lumières tamisées qui venaient en renfort du feu qui crépitait dans la cheminée. La Dame Rouge était assise sur l’un des fauteuils et faisait face à une jeune femme qui semblait bien mal à l’aise. Vu sa situation, cela ne faisait aucun doute. À côté d’elle, se retrouvait l’un de ses fils, plutôt bien bâti. Il devait avoir quoi ? Seize ans ? Pourtant, il faisait déjà homme et avait pour lui l’insolence de la jeunesse. Kahel, son propre fils, se tenait un peu plus loin dans la salle. Elle avait tenu à ce qu’il soit présent mais lui avait interdit de parler. Entre les deux femmes, il y avait une table basse. La différence entre elles était grande. Aria possédait l’élégance des nobles et ses vêtements et atours semblaient coûter une fortune. L’autre, portait des vêtements délavés, si bien qu’il était aisé de penser qu’ils avaient au moins dix ans d’âge et qu’elle était incapable d’user d’une magie convenable pour leur rendre leur jeunesse ou les entretenir. Le Monde était bien injuste. « Expliquez-moi tout. » finit par dire la Collectionneuse en plaçant sa jambe droite sur sa jambe gauche. Elle se pencha un peu, comme pour montrer à son interlocutrice qu’elle était concernée. Chacun de ses mouvements était sensuel. Elle avait travaillé le procédé de longues décennies. Puisqu’elle était l’Asmodée, elle prenait un malin plaisir à représenter son Péché. Néanmoins, il ne fallait jamais oublier qu’elle était aussi efficace, une arme à la main. « C’est un peu… » « Vous n’avez pas à avoir honte de quoi que ce soit. Je désire néanmoins entendre chaque histoire pour fixer le prix. » Les menteurs payaient toujours plus cher, pas qu’elle soit contre en principe, simplement parce qu’elle n’aimait pas que l’on essaye de la rouler. La jeune femme blonde posa ses mains sur ses cuisses, liées entre elles. « Voilà… Mon mari et moi avons toujours été agriculteurs. Cela fait des siècles que notre famille possède la terre qui nous appartient aujourd’hui. Seulement, face au peu de magie que nous possédons tous les deux, nous ne pouvons cultiver les terres autrement que manuellement. Nos fils ne sont pas mieux pourvus que nous. Nous sommes donc soumis aux intempéries. Les dernières récoltes ont été très mauvaises et nous avons dû emprunter de l’argent pour pouvoir semer à nouveau et, surtout, nous nourrir. Je… J’aimerais pouvoir offrir une éducation digne de ce nom à mes enfants et ne pas les obliger à travailler avec nous. Mon fils le plus âgé, qui est présent, aurait pu faire autre chose. Il rêvait de devenir apothicaire et je suis certaine qu’il en a les capacités. » « Hum. » fit la Dame Rouge, un petit bruit qui révélait simplement son écoute attentive. « Comme nous sommes endettés et que la chance ne semble toujours pas nous sourire, nous nous retrouvons dans une situation compliquée. Nos créanciers ne cessent de nous réclamer leur dû et deviennent de plus en plus virulents. J’aimerais vraiment les payer mais… c’est impossible. » Elle semblait prête à s’effondrer. « Alors, j’ai entendu parler de vous, du peu d’intérêt que vous preniez et je me suis dit que je pourrais essayer. » « Vous avez bien fait. » dit Aria.

La Démone décroisa les jambes. « Avant tout, sachez que l’Ordre Rouge marche exactement comme une banque. Je ne prête pas gratuitement. La différence est que j’essaye de prendre en considération vos volontés dans le processus. L’argent n’est pas ce qui me motive puisque, comme vous pouvez le constater… » Elle tendit la paume de sa main. Plusieurs pierres précieuses et pièces d’or y apparurent, au grand étonnement de la blonde. « … je ne suis pas limitée. » Elle sourit. « Bien sûr, vous devez être au courant de la caution à payer puisque vous avez amené votre fils avec vous. » « Oui tout à fait. » Le garçon regardait la Démone lorsqu’elle ne le regardait pas. Sinon, il baissait les yeux, virant alors au cramoisi. Ça la faisait intérieurement rire mais elle n’en dit rien. Elle était habillée décemment, sans décolleté. Elle se demandait comment il allait le vivre lorsqu’elle mettrait ses atouts en valeur. Il n’était pas vilain. Un peu jeune pour elle, sans aucun doute inexpérimenté. Elle se demandait ce qu’il avait fait durant sa courte existence. Peut-être embrasser la fille du propriétaire terrien d’à côté entre deux champs. Pourtant, cet adolescent, presque adulte, avec sa peau basanée et sa pomme d’Adam bien visible, tout comme les lignes de sa mâchoire, ne mesurait pas encore la chance qu’elle allait lui offrir.

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L'Ordre Rouge

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La Dame Rouge laissa son dos s’appuyer contre le dossier. Même ainsi, elle ne semblait en rien lâcher son maintien. « Bien, nous allons donc commencer à parler affaire, même si je pense très sincèrement que mon offre ne demandera aucune modification de votre part. Cependant, nous devons être toutes les deux d’accord sur les modalités. N’acceptez pas si votre volonté est viciée, le contrat en deviendrait caduc. » « D’accord. » La jeune femme blonde amena son pouce et son index à ses lèvres et commença à les tripoter, arrachant la peau morte sous l’effet de l’anxiété. « Tout d’abord, la caution, puisque celle-ci est invariable. » Les yeux de la Collectionneuse admirèrent un instant le jeune homme. « Votre fils restera avec moi le temps pour vous de me rembourser. Si vous n’y parvenez pas, il restera à mes côtés jusqu’à la fin de sa vie. » La mère tressaillit légèrement. Tout le monde était pareil, lorsqu’il s’agissait de lui fournir un être cher en caution. Cependant, elle n’avait pas fini. Elle savait faire s’envoler les doutes et les résistances. Un sourire charmant apparut sur ses lèvres rouges. « Je comprends votre trouble mais écoutez la suite. J’ai entendu vos vœux le concernant. Il travaillera pour moi à la construction des Cités de l’Antre de la Dame, en échange de quoi il sera nourri et logé. Son niveau de vie sera supérieur à celui que vous pouvez lui offrir actuellement et il sera formé pour devenir apothicaire sur son temps libre. » « Mais… » Ça lui semblait visiblement incroyable. « Si vous réussissez à me rembourser, il sera libre d’exercer son métier comme bon lui plaira une fois libéré du contrat. Sinon, il sera amené à exercer sa profession pour mon compte, chose qu’il fera déjà à la fin de sa formation, si vous n’avez toujours pas réuni assez de fonds pour me rendre mon dû. » La Démone fit apparaître un parchemin. Il s’agissait d’un pacte. « Sommes-nous d’accord sur ce point ? » demanda-t-elle, avant de préciser : « Je vous laisserai un temps à la fin de notre entretien pour réfléchir. Il s’agit simplement d’avancer sur la prochaine étape. Tout pourra être rectifié par la suite. » La jeune femme regarda son fils. « Cela me semble bien, oui. Tu vivras mieux et pourra avoir accès à une formation… » Celui-ci voyait sa chance mais il n’avait jamais été séparé de sa mère. Si son âge aurait dû lui faire vouloir prendre son envol, il n’en était rien. Il était habituel dans sa famille de vivre tous ensemble sous le même toit. Lorsqu’il se marierait, sa femme les rejoindrait, ou il partirait, même si la deuxième option ne lui plaisait pas. Tout dépendrait. Si c’était une fille d’agriculteur, ils pourraient, à deux, étendre leur exploitation. Il finit néanmoins par acquiescer. Le fait de devenir apothicaire pourrait contribuer au maintien à flot de la famille. S’il gagnait bien sa vie après ses études, il pourrait reverser une partie de son argent à ses parents et à ses frères, afin de les aider. Quant à cette femme, qui se tenait en face de lui, elle provoquait des réactions corporelles qu’il avait du mal à faire cesser. Le fait de travailler pour elle lui plaisait aussi, bien malgré lui, peu importe la nature de celle-ci.

« Parfait. Inscrivons ceci alors. » Une écriture apparut magiquement sur le parchemin. « Ensuite, voyons le cœur du contrat en lui-même. Tout d’abord, étant donné que je compte vous prêter une somme d’argent plutôt conséquente et que vous n’avez probablement pas l’habitude de posséder autant de capital, un homme, comptable et gestionnaire, sera chargé de vous aider dans un premier temps. Il s’occupera de rembourser vos créanciers pour que vous puissiez vous préoccuper de la chose la plus importante : votre exploitation. Une femme délicieuse sera, elle, chargée d’étudier votre terre et sa position afin de trouver avec vous ce qu’il sera le plus rentable d’y exploiter. Tous les deux mettront en place avec vous un suivi et vous pourrez leur demander conseils tout au long de la transaction. Ils vous aideront aussi à changer vos moyens de production. Un mage sera chargé d’essayer de développer votre magie pour effacer votre souci la concernant et un autre de mes hommes sera là pour vous aider dans le choix des outils non magiques qu’il serait préférable d’acheter pour vous économiser du temps. Votre demeure sera améliorée et, durant disons, quelques lunes, plusieurs individus travailleront avec vous pour remettre le tout en état et vous permettre d’entamer la saison des plantations de façon sereine. » Elle sourit. « C’est un service gratuit. Il me semble simplement préférable, pour vous comme pour moi, de m’assurer du bon fonctionnement de vos terres et de vous donner les moyens nécessaires à votre réussite. »

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« Vous savez… » La jeune femme blonde n’était pas dénuée d’instinct de survie. « Je pense sincèrement que rien n’est gratuit dans la vie. » La Dame Rouge sourit. « Attendez d’écouter la suite. Honnêtement, comme je vous l’ai dit, il en va aussi de mon intérêt. Cependant, puisque vous êtes déjà endettée et que ce genre de service coûte cher, je ne vois pas la nécessité de vous facturer les compétences de ces hommes et de ces femmes. » En réalité, elle ne les payait pas. Ils travaillaient gratuitement pour elle à la suite d’emprunts en cours ou pour lesquels il n’y avait eu aucun remboursement. Puisque l’argent n’était pas un souci pour elle, l’Ordre Rouge prenait en puissance autrement. Elle n’était pas bénéfique, elle était simplement prévoyante. Si tout se passait pour le mieux et que le remboursement était effectué, elle offrait à ces cocontractants une nouvelle vie, faste. Si ce n’était pas le cas, elle prenait possession de ce qui leur appartenait. Dans les deux cas, et puisque les intérêts étaient souvent à vie, il allait de la propre survie de l’Empire d’envisager le meilleur. C’était ainsi qu’elle conquerrait du terrain, morceau par morceau, parcelle par parcelle. Plus le temps passait, plus elle devenait influente. C’était un simple calcul mathématique. Puisqu’aucun Souverain n’était présent pour contrôler ses taux de change et ses créations monétaires, contrairement aux banques raciales, elle était libre de ses faits et gestes. Ce qu’il lui manquait, elle pouvait se l’acheter. Pour le reste, elle l’obtenait par Pacte. Bien entendu, elle n’était pas à l’abris qu’un Souverain essaye de la dissuader de continuer ses petites affaires. Elle verrait bien et aviserait. Pour l’instant, elle restait discrète. Il valait mieux qu’elle se constitue une véritable armée avant de révéler l’étendue de sa toile.

« Continuons. Inutile de vous laisser errer dans les profondeurs de vos doutes plus longtemps. Vous allez comprendre de façon claire et limpide en quoi votre intérêt se superpose au mien. » Elle s’avança légèrement. « Je suppose qu’un peu de vin vous plairait ? C’est une très bonne cuvée de chez les Magiciens. Avec un peu de fromage coupé en dés ? » Elle sourit et regarda à l’autre bout de la salle. L’un de ses domestiques acquiesça et disparut, le temps de chercher ce que la Dame avait demandé. « Merci. » murmura la jeune femme. « Bien. Reprenons donc. Parlons tout d’abord du cas où vous arriverez à me rembourser. Je suis certaine que vous y parviendrez. » Ou pas mais la Dame Rouge mettait tout de même le maximum de chances du côté de cette femme et de sa famille. Elle n’avait pas forcément intérêt à ce qu’elle n’y parvienne pas, beaucoup moins que dans d’autres transactions où il y avait bien plus à gagner. « Dans ce cas de figure, votre fils vous sera bien entendu rendu. En intérêt, vous me fournirez dix pourcents de vos récoltes jusqu'à la fin de votre vie et parlerez de l’Ordre Rouge à vos connaissances qui se retrouvent, elles aussi, en difficultés financières. Je peux également faire des prêts d’appoint ou des prêts servant à étancher un projet urgent qui ne peut se réaliser sans avoir fait, au préalable, des économies. Vous me léguerez également vos terres actuelles. » La blonde recula vivement son visage. « Dans dix générations. Vous ne serez plus là, vos enfants non plus, vos petits-enfants non plus. Bien sûr, rien ne vous empêche de vendre votre propriété entre temps mais notre contrat prévaudra et devra figuré sur l’acte de vente afin qu’aucune partie ne soit dans l’ignorance concernant le leg des terres lors de la survenue de cette dixième génération. » « Je ne sais pas… C’est tout de même endetter mes descendants. » « Sauf si vous avez l’intelligence de vendre vos terres actuelles à un moment. Avec l’argent, en admettant que votre affaire fleurisse, vous pourriez avoir la même chose ou plus grand ailleurs, et cela détachera votre famille de son dû, pour le donner à une autre. » La Dame Rouge sourit. « Sans parler du fait qu’il est impossible de savoir ce qu’il se passera d’ici dix générations. » « C’est vrai… » Une deuxième Guerre Divine n’était pas à exclure, pas plus que le fait que la terre en question finisse rasée et inutilisable. Dix générations représentaient une période longue et si les enfants ne procréeraient pas, elle n’arriverait jamais. La Dame Rouge laissait une grande marge de manœuvre à cette femme. « Êtes-vous d’accord pour que j’inscrive ces termes ? Comme je vous l’ai déjà dit, je vous laisserai une marge de réflexion à la fin. » « Oui faites. Je vais y réfléchir lorsque j’aurai entendu la suite. »

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Deux serviteurs entrèrent dans la pièce. L’un tenait sur ses doigts un plateau de fromage. L’autre amenait le vin et les verres associés. Ils déposèrent le tout sur la table et le deuxième servit la boisson dans les règles de l’art. La Dame Rouge attendit que chacun ait terminé pour reprendre la discussion. « Passons à présent au cas où vous ne réussiriez pas à me rembourser. » « Oui. » « Ce n’est pas si terrible, je vous l’assure. Je ne vous agresserai pas ou ne vous mettrai pas à la rue. » Elle sourit. « En revanche, vos terres et votre famille entière, ainsi que sa descendance m’appartiendront. » « … » « Comprenez bien que cette appartenance ne vous sera pas préjudiciable, au contraire. Soyez attentive. » Elle prit son verre de vin et but une gorgée. « J’ai toujours eu à cœur de faire fructifier mes propriétés. Vos terres seront à moi et je ne les laisserai pas en friche. Comme votre famille m’appartiendra, elle pourra continuer à vivre là où elle a toujours vécu. Inutile de préciser que je ne ferai pas de vous mes esclaves, simplement des individus travaillant pour moi, dans mon intérêt, mais également dans le vôtre. Par exemple, je ne forcerai jamais l’un de vos descendants à devenir ce qu’il n’a pas envie de devenir, ni à adopter un comportement criminel qu’il n’aura pas envie d’endosser. La seule variable est que votre travail sera fait dans mon intérêt. Nous discuterons de chaque avenir, de chaque formation qu’auront envie de suivre vos descendants. Pas qu’eux, vous également. En échange du travail que vous fournirez, vous continuerez à être logés et nourris et vous aurez accès à plusieurs autres activités sur mon territoire. Seulement, votre loyauté m’appartiendra. Le contrat n’admettra aucune rébellion. Toute révolte sera punie. Cela étant, si je manque à ma promesse de laisser vos descendants libres de leurs aspirations, dans le cadre de mon intérêt, le lien d’appartenance entre le concerné et moi-même sera rompu. » Elle but une nouvelle gorgée. « Disons que, dans tous les cas, votre vie sera toujours meilleure que celle que vous avez actuellement. Ce qui change est la disparition de votre liberté. » « Mais si l’un de mes enfants a… je ne sais pas, envie de devenir écrivain… » « Il le pourra. Je mettrai tout en œuvre pour faire en sorte qu’il réussisse et ses livres me seront utiles, d’une manière ou d’une autre, soit par le message qu’ils véhiculeront, soit parce que je prendrais un pourcentage sur les recettes des ventes, soit encore parce que la maison d’édition m’appartiendra. Mes intérêts sont multiples, vous savez. » C’était vrai. « Je vais inscrire ceci sur le contrat et vous laisser en tête à tête avec votre fils pour réfléchir. » Elle se leva et fit signe à Kahel de la suivre.

À l’écart, elle regarda son fils un instant. « Je sais que tout ceci a dû t’ennuyer et que tu n’as pas dû y comprendre grand-chose mais, plus tard, lorsque toi aussi tu seras dans une position similaire, je suis sûre que tu te rappelleras ce que tu as vu. » Elle aimait tellement l’Orisha. Elle ne l’avait pas réellement éduqué puisqu’elle avait eu ses exigences le concernant mais le lien entre eux était réel. Il était pourtant si faible. Elle ne souhaitait pas le voir partir de l’Antre de la Dame. C’était une obligation cependant. Elle en avait longuement discuté avec le père de ce dernier et il restait intraitable. Elle avait conscience que ce serait pour le mieux. Il devait connaître le monde et voyager. De toute façon, si quelqu’un essayait de lui faire du mal, elle le retrouverait et lui broierait les os un par un, pour l’éternité. Il existait de très bonnes potions pour reconstituer ce qui avait été brisé.

De longues minutes plus tard, elle entra de nouveau dans le salon. « J’espère que vous avez eu le temps de réfléchir. » La blonde acquiesça. Elle avait conscience que, dans sa position, il était délicat de refuser. Ses créanciers n’hésiteraient pas à la mettre dehors ou à brûler tout ce qu’elle possédait, voire pire. En plus de cela, elle avait beau essayer de trouver ce qui était terrible dans le contrat, elle n’arrivait pas à mettre la main dessus. Bien sûr, la perte de liberté de sa famille entière était un désavantage mais puisque chacun ferait ce qu’il voudrait de sa vie – en plus de pouvoir accéder à des études et d’avoir l’assurance de vivre décemment – ce n’était pas si terrible, au contraire. Ils pourraient avoir ce qu’ils n’auraient jamais pu obtenir sans elle, même dans le pire des cas. « Il ne nous reste plus qu’à fixer l’échéance du prêt, dans ce cas. Je vous laisse libre de le faire et nous pourrons signer. » « Quarante ans ? » dit-elle après avoir regardé, de nouveau, le montant prêté. « Cinquante ans même, si vous le désirez. En sachant que si vous me remboursez avant, le contrat sera terminé et votre caution rendue. » « Bien, cinquante ans. Je préfère être prudente. » « Parfait. Marché conclu. » Elle laissa la jeune femme signer et utilisa sa magie pour terminer le Pacte Démoniaque. « Je vais vous laisser vous dire au revoir. Bien sûr, vous pourrez toujours venir voir votre fils ici et vous assurer que je respecte ma part du contrat. » « D’accord. »

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