Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Après Latone et le Báng Midos, Léto retrouve son Hozro originel : Oberon Mohr.

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" Ravos, Ravos, Ravos… Ses lèvres s'étirèrent tant que leurs commissures pourraient atteindre les contours de son visage. Des clochettes tintèrent à chacun de ses pas, de son avancée macabre jusqu'à sa proie. Les marques luminescentes sur sa peau prirent une nouvelle bouffée d'intensité, telle la mèche s'approchant du liquide explosif. Les Tokashras ne conviendraient guère pour un Esprit lambda, alors pour la cible de plusieurs dizaines – une centaine ? – de vengeurs… Il rit, alors que Ravos se résignait enfin à accepter sa perte, pour toujours. Au loin, une détonation retentit, le sol sous leurs pieds trembla, une fissure discrète serpenta à perte de vue. L'Esprit s'attarda sur cette divine lueur, comme si la souffrance de ses comparses était un spectacle inratable. Il avait l'œil fou, instable. Mais ainsi était leur quotidien, résidents de ces terres inhospitalières. Ces étincelles sont de moins en moins nombreuses, ne trouves-tu pas ? Ravos ne saurait dire. Il n'était que peu familier avec cet endroit, pourtant il en connaissait un lot sur ces Esprits "brillants". C'est de leur faute. Ils y ont trouvé une source inépuisable de destruction. Il sourit de plus belle. Ils sont pressés de nous rejoindre. Et je me ferai un plaisir de les accueillir à bras ouverts… Son visage se retourna vers son paternel, plus que l'ombre de lui-même. Tu ne pourras pas y assister. Oh que non ! Un privilège beaucoup plus grand t'attend. Il s'avança à nouveau, Ravos recula jusqu'à la paroi : il ne pourra pas y échapper. Comme tous les autres… L'Esprit tendit sa main vers le haut, un cliquetis métallique s'échappa de sa paume. Tu découvriras ce qu'est la véritable Fin. "

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Oberon entra dans l'établissement, aussi silencieux qu'une tombe. Ah, cocasse ! Personne ne fit attention à lui. Tous les défunts se fondaient dans la masse, dans le biome citadin post-mortem. On ne s'intéressait qu'à ceux qu'on cherchait dans la mare gigantesque de Zterbiuh'Oshi. Les autres ne représentaient que du vent, qu'un passage aussi invisible que l'attention portée par les vivants à leur égard. Soudain, les clochettes de son apparat s'agitèrent, attirant un rassemblement en particulier. De grands gestes lui furent adressés : " Oh, 'Beron, par ici ! " Naturellement, l'Esprit du Métallique suivit les voix par-dessus la cohue, prenant place là où on l'attendait. Oberon ne se joignait guère à de clans ici, et cela depuis des ères. Il était un solitaire, un loup qui rôdait dans l'Au-delà, ne s'acclimatant plus du tout aux terres du Yin et du Yang. Il était un observateur, un être qui ne vivait plus que de nouvelles, de compréhension du monde ; maintenant que l'enveloppe charnelle n'était plus une barrière. Détaché des Chamans et des Mortels en général, il n'eut guère le loisir de profiter de ses fonctions. Il entendait des choses : certaines l'amusaient, d'autres le faisaient pester sur place. Mais il n'en avait plus rien à faire : il était mort.

" Vous avez entendu la dernière ? Non, et c'était bien pour cela qu'il était présent. On raconte que le Roi des Chamans va épouser plusieurs personnes à la fois, comme ça !
- Veinard ! L'Esprit leva les yeux au ciel. À vrai dire – étant donné la félonie de sa Chamane durant ses débuts – il ne connaissait que trop peu ce peuple, qui apparemment s'était reclus de plus en plus. Avec tous les problèmes qui leur tombaient littéralement sur le coin de la tronche, ce n'était pas plus mal, pour eux.
- Et l'une d'elles s'appelle "Alix Mohr". Évidemment, cette mention attisa la curiosité du principal concerné.
- Une Humaine loin de chez elle, c'est dangereux. C'est déjà un miracle qu'elle soit encore vivante depuis le temps…
- Ce n'est pas un miracle. S'empressa de préciser le paternel. C'est ma fille, son destin est exceptionnel. L'un des attablés fit rouler ses yeux.
- Comme n'importe quelle andouille qui croise ton chemin.
- En même temps, il n'a pas vraiment tort… Tu te rappelles de cette "Léto" ? Bah on l'aurait vue dans les Tokashras. Cette fois, l'étonnement fut on ne peut plus palpable. Même Oberon n'en croyait pas ses oreilles ; et il en avait entendu des histoires ici, depuis le temps !
- Oh, et on l'a explosée ? Ricana le comparse.
- Eh ben, c'est même tout le contraire ! Elle en est repartie avec plusieurs de ces types.
- Je n'y crois pas ! Pour le Lyrienn, c'était à peine surprenant. Léto était une femme tenace, ce n'était clairement pas son heure. Elle ne connaissait que trop bien les règles, elle y échappait à merveilles. Néanmoins, durant encore combien de temps ?
- Ça bouge sérieusement de ce côté. On risque d'assister à quelque chose de… palpitant.
- Les Chamans s'entretuent, et ils arrivent à organiser un mariage de cette ampleur dans un contexte pareil ? Ils s'étonnaient de ce peuple, mais ne comprenaient point tout leur potentiel. En tant qu'ancien Hozro, Oberon Mohr savait.
- C'est le lot de leur quotidien : vivre un éternel cauchemar. " Il sourit de nouveau. Toutes ces bribes d'histoire le fascinaient.

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Les hurlements d'agonie furent une douce mélodie pour Zawa'Kar. Et, pour son plus grand bonheur, également aux oreilles de Souw. Les deux Draugrs marchèrent en rythme dans les couloirs oppressant de Zawakar'Gar, la femme au sourire ravageur souhaitant être mise au parfum le plus souvent possible concernant leurs prisonniers. Étant donné l'implication du Draugr lors de l'attaque de la Banquise, ce ne fut que partie remise de lui laisser les joies de l'interrogatoire. Elle se doutait bien qu'il ferait son travail à merveilles, que ses hommes étaient efficaces. Avec tout ce qu'il lui arrivait récemment, Souw ne pouvait guère s'adonner pleinement à la résolution de ce mystère. Les hérétiques ont subi un sacré coup, les Chamans purent récupérer les fragments qu'ils gardaient… Toutefois, cette opération s'en était arrêtée là. Apparemment, les Bángs supprimaient les témoins à vue, et les fanatiques refusaient encore de parler sous les menaces et la torture des Zawa'Kar. Cela leur prendra du temps de dénicher les véritables responsables. Encore… Léto perdait patience.

" On en a tué deux sans faire exprès, bon… Ils en avaient encore une pléthore sous le coude. Par contre, la Souriante doutait que les fameuses victimes furent simplement "tuées". Elle haussa les épaules, exaltant une certaine résignation.
- Ils finiront bien par parler. Sinon, nous dénicherons leurs alliés. Ils ne peuvent pas être loin… La Chamane se plaça près d'une meurtrière, observant succinctement l'extérieur grisâtre. Bien sûr, Zawa'Kar en profita pour la mater un peu sans gêne ; heureusement qu'elle en avait l'habitude. Les Tokashras, c'est là que tout a due commencer. Je devrais y retourner… Il se ressaisit.
- Déjà ? Cette éventualité l'attristait.
- DÉJÀ ?! Répéta bêtement le géant qui peinait à ne pas se faire remarquer. Il fallait dire qu'il faisait même craindre Kewa'KirZam'O.
- Du calme, Midos ! Elle seule, et quelques rares élus, possédait le pouvoir de l'apaiser, avant qu'il recommence à faire un massacre. Son immatérialité sauva bien des vies sur son passage.
- Dis, ça fait quoi de le laisser rentrer en toi ? Léto ignora tout simplement si c'était à double sens ou si la maladresse du guerrier frappait une nouvelle fois. Après tout, il ne s'appelait pas Raoni. Elle croisa les bras, se remémorant la dernière fois.
- Ça a fait fumer mon corps durant une bonne heure. Elle seule s'était adonnée à l'expérience jusqu'à maintenant, malgré tout elle se doutait bien que plusieurs d'entre eux – les noms apparaissaient dans sa tête comme une évidence – voudront aussi tenter. C'est vif, c'est renversant… Et ils ont brisé les Akésarlhas avec ce pouvoir. Le Draugr le comprenait : Léto était à bout de nerfs avec cette histoire qui n'avait de cesse de s'éterniser. Puis, entretemps, les préparatifs pour l'Aurore Argentée pointaient le bout de leur nez. J'ai un mammouth à nourrir. Faudrait que je lui trouve un nom… Viens Midos, on s'en va. " L'Hozro grogna, il réalisait déjà assez de boucan rien que par sa présence. Les deux titans s'éclipsèrent pour le moment. Zawa'Kar voulait la retenir, il voulait juste la garder pour elle, faire en sorte qu'elle n'aille pas se faire sauter ; dans un sens, comme dans l'autre.

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Souw'Gar vibrait par la présence des Raya, animés par leurs obligations quant à la prochaine cérémonie. Accoudée sur son trône, Léto commençait à se dire que Zawa'Kar avait peut-être raison : elle devrait relâcher du leste, laisser ses propres hommes s'en charger. Maintenant qu'ils avaient tous les détails quant à ces fameux Esprits, ils avanceront beaucoup plus rapidement. Malgré tout, têtue comme une mule, la guerrière ne parvenait pas à faire abstraction de sa défaite, de cette explosion dont elle fut victime et qui faillit causer sa perte. Alors qu'elle devrait prendre ses responsabilités, la Draugr en faisait une affaire personnelle. Ce n'était pas bon. Cela la rendait folle. Les Bángs la rendaient folle. Ses phalanges craquelèrent : elle n'arrivera à rien à ce rythme. C'est alors qu'il arriva, comme le messie. Au début, les clochettes firent réveillées ses instincts combattifs, néanmoins elle se ravisa bien vite de paraître sur la défensive lorsqu'elle aperçut son visage. Cet Esprit-là, elle le connaissait. " Oberon… " Souffla-t-elle, n'en croyant pas ses yeux tant sa présence était improbable. " Léto. "

" Tu es différent. Cette constatation l'étonna : les spectres ne changeaient pas. Sauf… Était-il l'un des leurs ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, réévoquer son nom lui fit recoller une bonne partie du puzzle. Tout prenait sens.
- Je ne compte plus les jours, cela m'est futile. Il vagabonda dans la pièce, ajustant l'histoire de cet endroit avec chacune de ses possessions. Hélas, fort m'est de constater que les Mohr continuent de hanter ta vie. La Chamane comprenait où il voulait en venir : oui, Alix était venu sur l'île. Mais ceci fut sans son aval : les deux femmes n'avaient plus rien en commun depuis des décennies. L'Humaine prenait son envol de son plein gré. Il est alors de mon devoir de reprendre les rênes. Elle fronça les sourcils : Oberon n'avait jamais voulu partager son aventure auprès des Chamans, ni d'aucun autre mortel par ailleurs. Son deuil était terminé depuis bien longtemps.
- Tu n'es pas retenu ici. Il soutint son regard, elle ne défaillit pas. Il sourit, ce n'était vraiment plus la Chamane qu'il connaissait.
- Ceci est mon choix. À partir du moment où j'ai accepté de fusionner avec toi, je suis resté lié. Il la toisa de haut. Et il ne me semble pas t'avoir entendue me rejeter… Il disait vrai, elle devait l'admettre. Comment se passe la cohabitation avec les Bángs ?
- Très mal.
- Évidemment, vous n'êtes guère unis ; toi ici et eux… là-bas… Il fit glisser son doigt sur sa tempe. Doucement, elle se leva de son siège, presque impatiente. Ceci est ma mission. Que dirais-tu de te débarrasser de la vermine ? Il tendit la main, exactement comme cette fois où, acculée dans cette vallée, il lui offrit l'occasion de se dépasser. Reviens à moi, et nous accomplirons ton devoir. " Souw sourit et accepta l'offrande.

La Fusion originelle reprit ses droits.

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