Objectif : Fusionner

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Lilith passa par la chambre de Devaraj pour accéder aux bains privés. Elle soupira de soulagement en constatant que les lieux étaient déserts. Enfin… déserts était un bien grand mot. Ils étaient déserts de Vivants. Elle ôta ses vêtements, déjà agacée des commentaires des Esprits, surtout de ce vieux pervers qui la suivait de jour comme de nuit. Son humeur était mauvaise. Elle le fixa, semblant sur le point de lui faire un commentaire méchant. Elle se ravisa. Ça ne servait à rien. Elle était certaine que des Esprits prenaient un malin plaisir à narguer les Rois sans que ces derniers ne puissent les voir. Les Morts pouvaient être puériles, tout comme les Vivants. Le fait est qu’une fois qu’ils avaient accompli toutes les choses que leur nouveau statut leur offrait, parcouru le Monde pour passer au travers de toutes les portes inviolables qu’ils n’avaient jamais pu franchir auparavant et écouter ceux qui n’avaient pas encore connu le trépas, ils finissaient inlassablement par s’ennuyer. Le Monde des Vivants leur était inaccessible. Seuls les Chamans pouvaient leur permettre de « vivre » de nouveau et d’accomplir ce qu’ils n’avaient pu finir. Aussi, ceux de son peuple qui n’avaient pas encore fusionné ou qui devenaient assez puissants pour obtenir un autre Hozro les rendaient tous curieux. Lilith était donc suivie. Tous ces espoirs qu’ils misaient sur elle l’agaçaient. Elle ne voulait pas les décevoir. Elle attendait. Elle ne savait pas quoi exactement mais elle attendait. Bientôt, cette petite chose fragile, protégée par son frère, fusionnerait avant elle. L’Élue de Raanu lui sortait par les yeux et, parfois, elle songeait qu’elle aurait mieux fait de la tuer lorsqu’elle était apparue à Liluvel, à la recherche d’aide. C’était injuste pour la minuscule Ygdraë mais la vie n’était, de toute façon, pas juste.

La Chamane s’avança dans l’eau, laissant ses muscles se détendre. La température, brûlante, lui plaisait. Une fois installée, elle plaça l’une de ses mains sur son ventre. Elle ferma les yeux et écouta les Esprits discuter de façon distraite. Elle pensait à ses propres problèmes, au fait qu’elle avait du mal à savoir où est-ce qu’elle en était. Cette danse, avec Devaraj, au Bal des Douze Cycles Lunaires la tourmentait. Elle ne savait pas. Au fond d’elle, une petite voix lui disait qu’elle ne voulait pas rester ici. Pourtant, une autre voix lui murmurait qu’elle n’avait pas envie de partir non plus. Elle enviait parfois la facilité déconcertante avec laquelle les Chamans de la tribu Nyam pouvaient faire le calme et se détacher. Elle en était incapable. Elle se sentait déchirée. Elle aurait sans doute souhaité que son frère l’aimât sans concessions, sans exigences. Elle grimaça et plongea un instant sous l’eau, au calme. Tout ce qui n’était pas Chaman était hérétique. Pourtant, il allait épouser des hommes et des femmes d’autres peuples et, visiblement, n’avait plus vraiment le droit de toucher ceux qui partageaient son sang. Et si elle prenait un navire et partait, maintenant ? Elle ouvrit les yeux et fixa un instant ses poignets, comme si elle les envisageait enchaînés. Elle vida l’air de ses poumons et coula doucement au fond, quelques secondes, avant de remonter à la surface. Elle s’était déjà dit qu’elle devait tuer le Roi, prendre sa place. Elle savait que ce n’était que folie. Il la blessait et elle ne souhaitait qu’obtenir vengeance. Les deux dernières fois, les choses avaient bien fini. Elle redoutait la suite, pourtant. Elle ne savait jamais. Devaraj pouvait faire une crise n’importe quand et briser, encore, son cœur en mille morceaux. Elle ne pourrait pas le recoller un nombre incalculable de fois. Il semblait heureux de sa grossesse. Jusqu’à quand ? Et après ? Elle avait conscience qu’il n’y avait aucune fidélité charnelle sur l’Île Maudite et elle devait s’y faire. Rester sage, hors de tout, n’était pas une solution. Elle ne pouvait nier que le Roi avait eu une certaine emprise sur elle. Il en avait peut-être toujours une. Elle devait simplement la briser, apprendre à vivre sans lui tout en chérissant les instants qu’ils passeraient ensemble.

Elle laissa reposer sa tête sur le rebord du bassin. Elle avait obtenu des terres chez les Magiciens grâce à la Coupe des Nations. Elle n’était pas encore allée les visiter. Elle y avait laissé ses serviteurs, sans même les avoir rencontrés. Ils allaient veiller seuls sur une propriété dont elle ne connaissait rien. Ça lui donna envie de rire. Elle irait sans doute là-bas se reposer quelques temps. Elle ne manquerait à personne ici.

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Musique

« J’aimerais beaucoup goûter le sang du Suprême de l’Au-Delà. » La voix avait retenti, plus forte que les autres. Ce phénomène était sans doute subjectif, parce que l’Esprit en question s’était adressé directement à elle, en parlant du Roi. La Chamane redressa la tête. Devant elle, une femme se tenait. Elle ne paraissait pas jeune. Elle était d’un âge moyen mais ses mâchoires marquées et son regard perçant la rendaient sévères. Pourtant, il se dégageait quelque chose de charnel d’elle. Lascive, elle semblait avoir l’habitude de dominer ou… peut-être était-elle simplement très ancienne. Lilith resta silencieuse, contemplant toujours son interlocutrice imposée. Généralement, elle ignorait les Morts. Sa peau était foncée et, pourtant, paraissait étrangement pâle. L’ancienne Ange se questionna sur le peuple auquel cette inconnue avait appartenu, avant de mourir. Comme elle ne semblait pas vouloir ajouter quoi que ce soit, l’ancienne Reine finit par ouvrir la bouche. « Vous devriez aller lui en parler directement. » « Non. Même si c’est vrai, ce n’est pas lui que je suis venue voir, mais vous. » Elle sourit. En réalité, elle n’était pas venue par hasard. On l’avait envoyée ici. Elle aurait bien continué son existence au cœur de l’Au-Delà, laissant le passé derrière elle. Il ne restait plus beaucoup d’Esprits ayant partagé sa vie, ses activités. C’était sans doute pour cela qu’elle avait été choisie, parce qu’elle devait apprendre à cette femme à devenir ce qu’elle avait été. « Connaissez-vous Amsès ? » « Pas le moins du monde mais, avec un nom pareil, cela doit être l’un des clones estropiés du Roi. » « Hum. Probable. » dit-elle, après quelques secondes de réflexion. « Je n’en ai pas la moindre idée. Les affaires qui touchent les Ætheri sont bien complexes. Quoi qu’il en soit, il s’agit du Dieu des Âmes, celui-là même pour lequel vous dansiez au Bal. » Lilith soupira. Elle était lasse. Elle était déjà empêtrée dans ses propres sentiments, pourquoi venait-on en plus lui parler d’un Dieu dont elle ne connaissait rien ? Aussi, elle ne répondit pas, laissant tout de même cette femme continuer à s’exprimer si elle le souhaitait. « Il y a de nombreuses Légendes sur cet Æther. Avant de devenir Divin, il aurait été un maître de la thanatopraxie, à l’époque des premiers hommes. Jezekael en était le plus brillant disciple. » Jezekael… Elle était à peu près certaine d’avoir déjà entendu ce prénom dans la bouche de Devaraj. Sans doute l’un de ses amants. « D’autres Histoires racontent qu’il ferait partie des premiers Humains à avoir eu accès au pouvoir divin. » « Où voulez-vous en venir ? » « Ces mystères n’éveillent-ils pas en vous quelques questions ? N’êtes-vous pas excitée à l’idée de pouvoir avoir accès à une connaissance perdue depuis des millénaires ? » « À vrai dire, je crois bien être plongée dans une sorte d’état dépressif qui m’empêche de sauter de joie à chaque fois que l’on me parle d’un Dieu qui pourrait détruire ma vie d’un claquement de doigt. » avoua l’ancienne Ange, avec une pointe d’ironie dans la voix.

Comme l’Esprit était devenue silencieuse, la Chamane soupira. « Mais continuez toujours. » Lilith l’observait. Sa voix était envoûtante, elle devait bien l’avouer, malgré son refus de coopérer. Elle avait dû avoir du succès de son vivant. « Amsès est un Dieu particulier, qui prend place entre Edel et Ezechyel, capable de concilier la Vie et la Mort, de faire le lien entre eux. » « Super. » articula l’ancienne Ange. Quoi qu’elle fasse, tout la ramenait toujours vers son très cher père et vers son très cher frère. Quand Ezechyel n’était pas invoqué, c’était Edel, la mère de Devaraj, qui l’était. Elle en fut contrariée, si bien qu’elle se dit qu’elle aurait bien envie de goûter le sang de son frère, elle-aussi. Ses cheveux, aussi blonds que les champs de blé ensoleillés l’agaçaient. Le fait qu’il soit le fils de deux Divinités l’irritait. Tout tournait toujours autour de lui dans sa vie. Oh elle savait qu’il souffrait, qu’il était complètement fou mais, au moins, il n’avait pas à se battre avec la raison. La raison était douloureuse, aussi. Elle était de mauvaise foi, complètement. « Et il façonne les Âmes, Âmes que votre père est en train de faire disparaître. » Il y avait une statue géante de Jun au sein de l’Au-Delà. Aucun Esprit n’ignorait qui était Ezechyel, ni qui était Edel non plus, bien que le jeu risquât d’être rebattu très bientôt. « Il est donc primordial qu’Amsès puisse renaître. » « Je ne peux qu’être d’accord. » murmura Lilith, sur un ton qui ressemblait plus à un « Parfait. Et alors ? Quel rapport avec moi ? » « Votre père aimerait que vous contribuiez à restaurer le culte d’Amsès. Votre frère reste, bien entendu, bien plus à-même que vous de faire le lien entre les Mortels et les Dieux, mais cet Æther a également besoin qu’une certaine pratique se répande pour continuer à croître. » « Quelle pratique ? » « La thanatopraxie. » « Quel rapport avec moi ? » finit-elle enfin par demander. « Votre frère va avoir besoin de thanatopracteurs. Il y a des choses dont vous ignorez tout. » Oh si elle parlait des Momies et des Démons, elle en avait entendu parler. Les Esprits étaient bavards. Un Génocide passait rarement inaperçu.  

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Musique

« Vous avez eu de la chance. Tous le monde n’a pas l’opportunité, aujourd’hui, de pouvoir disposer d’une Âme… Imaginez, si les Vivants étaient au courant. Imaginez, s’ils commençaient à se battre pour récupérer les Âmes. Voulez-vous sauver leurs Âmes ? » Elle parlait de ses enfants. « Votre Âme ? » questionna-t-elle de nouveau. Lilith la fixa. Il y avait beaucoup de choses dont elle se foutait, des choses qu’elle préférait refouler. Elle pouvait se persuader de vouloir se détacher de Devaraj. Elle aurait même pu quitter cette île. Pourtant, ses enfants faisaient partie des choses sacrées à ses yeux. Le premier qui en touchait un passerait le reste de sa vie à souffrir le martyr. Ce n’était certainement pas sujet à plaisanterie pour elle. Elle sourit d’un air étrange avant d’utiliser sa magie. La Fusion des Deux Esprits, un don chamanique qui lui semblait trouble auparavant. À présent, les choses étaient bien plus claires. Le sentiment qu’elle ressentit fut indescriptible. Il lui sembla être libérée de sa morosité. Elle se sentait différente, tout en restant elle-même. Il y avait deux êtres en elle, qui ne formaient plus qu’un. Les connaissances de Sekhmet lui étaient accessibles. Sa vie à elle devait être livrée, de la même manière, à son Hozro. Son corps lui parut bien plus sensible. L’environnement lui était agréable, avec une intensité renouvelée. Elle se sentait plus sensuelle, plus… désireuse. Le manque de confiance en elle qu’elle ressentait depuis un certain temps venait de s’évanouir. Elle sourit et tendit sa main devant elle. Elle avait une autre vision d’elle. Elle se sentait attirante, vraiment. Ce n’était pas un simple constat un peu las. Elle se sentait vivante et désirable. Plus que ça, elle avait envie de l’être, pas simplement de se contenter du minimum. Elle avait envie de se maquiller, de se parer. D’un mouvement ample, elle amena ses doigts sur sa mâchoire et la caressa lentement en penchant doucement la tête en arrière. Elle frémit et ferma les yeux. Ses lèvres s’entrouvrirent délicatement. Elle les effleura et fut satisfaite de l’effet produit. Elle avait l’impression de succomber aux conséquences de l’alcool, d’être dans un état de désinhibition complet, comme si, loin de ses doutes et de ses chaînes, elle pouvait de nouveau voler de ses propres ailes.

Elle hissa son corps sur le rebord du bassin. Elle resta un instant là, nue et trempée, admirant les volutes de fumées qui s’élevaient de l’eau brûlante. Elle finit par se relever, à la recherche de quoi se sécher. Elle le fit sur place et abandonna le tissu au sol pour lui préférer une huile aux senteurs voluptueuses. Lilith se déplaça jusqu’à l’une des pièces adjacentes. Elle s’assit sur un tapis de fourrure et commença à étaler l’huile sur son corps, en prenant son temps. Cela plaisait à Sekhmet. Peu importe l’étendue de la tâche, il y avait toujours du temps pour se préparer. Le souci c’est que l’ancienne Ange ne possédait pas ce qu’elle souhaitait. Lilith finit par se relever, bien disposée à partir en quête des objets de ses convoitises. Un pas après l’autre, sans prendre la peine de se vêtir, elle se perdit dans les velours pourpres du harem. « As-tu de quoi me maquiller ? » demanda-t-elle à une femme qu’elle croisa. « Et m’habiller ? » Elle fit part de ses volontés poliment et finit en face d’un miroir, une Chamane la conseillant sur comment appliquer le noir autour de ses yeux. Elle souhaitait des paupières bleues et dorées, ces cils cerclés de noir, un jais s’étendant bien plus loin, en dessins spécifiques. Elle traça en doré le symbole d’Amsès sur son front, le doré servant également à remplir ses lèvres. On lui prêta une tunique blanche, maintenue par un épais collier de la couleur de sa bouche. Elle attacha un tissu autour de sa taille qu’elle laissa pendre devant elle et enfila des sandales. « Qu’en penses-tu ? » demanda-t-elle, alors. Plusieurs chats avaient fait leur apparition dans la pièce, au fur et à mesure. Elle reconnut même celui de Devaraj, Petit Caleb. Il ne semblait pas la regarder, contrairement aux autres. « Tu es très belle. » dit simplement la jeune femme. Lilith sourit, s’approcha, glissa sa main dans ses cheveux et l’embrassa sur la bouche, deux secondes à peine. « Merci. » répondit-elle, avant de tourner les talons. Elle avait envie de se promener au cœur de Zaowa. Avec un peu de chance, elle pourrait croiser le Suprême de l’Au-Delà. Son sang l’attirait toujours, pas que.

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Musique

La Fusion avait fini par lâcher. Forcément, ça ne pouvait pas durer bien longtemps la première fois. Lilith se sentit diminuée. La puissance magique qu’elle avait éprouvé à l’intérieur de son corps s’était quelque peu évanouie. Pourtant, elle conservait une certaine joie de vivre, étrange, dérangeante. Son Hozro était partie visiter l’île. La Chamane, elle, avait décidé de continuer sa promenade. Elle voulait aller voir les artistes. Elle entendait une musique entraînante résonner un peu plus loin. Les tambours ne passaient pas inaperçus. Peut-être y trouverait-elle l’Orine de Souw ? Elle l’avait déjà vue à plusieurs reprises, celle qui se faisait appeler Momo. Elle ne savait pas s’il s’agissait d’un surnom ou de son véritable prénom. Lorsqu’elle était encore une Ange, la présence de cette étrangère ici l’avait à plusieurs reprises rassurée. Ça n’avait jamais été évident. Certaines personnes avaient le don de s’acclimater rapidement. Elle ne possédait pas une telle agilité.

Elle avait renoncé à trouver Devaraj. Elle ne savait pas où il était. De toute façon, elle n’était pas certaine qu’il soit particulièrement heureux d’apprendre qu’elle eût fusionné, là, dans ses bains, comme ça. Elle n’en savait rien. Il la blâmerait sans doute, tôt ou tard, de ne pas savoir entrer dans le moule, d’être aussi têtue qu’une mule, de ne rien faire comme les autres. Elle chassa cette pensée. Pas maintenant. Elle ne voulait pas se replonger dans sa morosité et, de toute façon, elle ne se sentait pas prête à avoir un mentor. Elle se sentait si différente des Nyam… En fait, elle avait l’impression de ne pas être à sa place. C’était fait. Elle ne pouvait rien y changer.

Alors qu’elle avançait dans l’un des nombreux couloirs du palais, elle assista à une drôle de scène. Un homme, particulièrement grand, se fit coller une gifle par une jeune femme blonde à l’aura envoûtante… ou effrayante. Lilith avait du mal à se décider. Il resta là. Elle, partit. « Vous allez bien ? » demanda l’ancienne Ange en s’approchant. « Ah… » fit Alaster en réfléchissant tout en se malaxant la joue. « Je n’aurais peut-être pas dû lui dire ce que j’ai dit. » « Vous avez dit quoi ? » Il grimaça. « Je préfère garder ça pour moi. » confia-t-il. Elle le fixa. « Vous n’êtes pas d’ici, hum ? Un futur époux ? » « Oui. » Il lui sourit. « Vous n’êtes pas en train de passer les épreuves avec les autres ? » « Non. » répondit-il. Il pensa brièvement qu’il avait eu de la chance d’être exempté. Il n’aurait sans doute pas réussi, même s’il ne savait pas en quoi celles-ci consistaient. Elle soupira. « Je suis l’ancienne femme du Roi. » avoua-t-elle. Il resta silencieux. Il ne semblait pas très loquace. Elle n’avait aucune idée d’à quel point c’était vrai. En temps normal, il ne parlait jamais. Il pouvait passer des jours dans un mutisme complet. Pourtant, depuis qu’il était sur l’île, il essayait de faire des efforts. Généralement, il sortait un peu, discutait brièvement puis retournait dans sa suite pour se reposer et se demander ce qu’il pourrait améliorer. Contrairement à lui, la blonde – dont il n’arrivait tout bonnement pas à prononcer le nom – avait aménagé l’endroit très vite. Lui, avait demandé le plus important : un lit et des zones parfaites pour se reposer. « J’ai sommeil… » finit-il par dire, comme s’il avait oublié l’information précédente. « Vous avez une suite non ? » demanda-t-elle. « Trop loin mais tant pis, je vais m’allonger un peu dans le couloir. » « Non voyons. Je connais un endroit très confortable, un lit particulièrement solide, empli de fourrures. Très douillet. » Un Paresseux ? pensa-t-elle. Devaraj allait épouser un Paresseux. Un peu plus et elle en aurait ri. « Venez… » lui murmura-t-elle, en l’attrapant par la main. « Un petit effort et nous y serons. » Elle le guida jusqu’à la chambre du Roi, déserte. « Voilà. » « … » Il ne dit rien mais sembla ravi. « Il n’y a qu’une règle : jamais habillé dans ce lit. » Cette règle, elle venait de l’inventer. Elle ne savait pas exactement ce qui motivait sa réplique. Voulait-elle le faire fuir ? Voulait-elle offrir un présent au Souverain ? Voulait-elle simplement lui faire une farce ? Elle n’en avait aucune idée. Peu importait.

En restant toujours silencieux, il commença à enlever ses affaires. Il n’était pas bien farouche. Elle l’observa se dévêtir. Pas trop mal. Il y avait mieux mais elle adorait sa barbe. « Bonne sieste alors. » lui lança-t-elle avec un petit sourire en coin lorsqu’elle le vit s’effondrer dans le lit. Alaster réfléchit un peu avant de dormir, se disant qu’elle lui disait vaguement quelque chose. Ce sourire lui était familier. Lilith, elle, se dirigea vers les musiciens qui jouaient.

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