Losing my Religion - Lacuna Coil

Guidé par la lumière vacillante des bougies, Elyot traça son chemin à travers la pénombre jusqu'au fond de la salle, avant de s'agenouiller devant l'autel qui occupait l'espace central du mur sur lequel il prenait appui. Le garçon y déposa le candélabre qu'il tenait entre ses doigts en faisant bien attention à ne pas froisser l'étoffe de soie qui couvrait le meuble dans un geste malencontreux. Posant ses mains à plats sur ses genoux, il inspira profondément : les fragrances d'encens qui brûlait paisiblement dans la pièce emplirent brusquement ses narines, avant d'être expulsées en relâchant son souffle. L'Ygdraë ferma ensuite les paupières, inclinant légèrement la tête vers le bas pour compléter sa pose de prière, comme le lui avaient montré maintes fois les prêtres attitrés à son éducation religieuse. Il répéta l'exercice de respiration à quelques reprises afin de se vider l'esprit de toutes distractions susceptibles de perturber sa concentration, c'est-à-dire le son des flammes qui crépitaient sur les mèches des chandelles, l'odeur du parfum qui flottait agréablement au sein de la pièce, le faible claquement produit par son souffle qui se percutait contre le bois de son masque ou la chaleur suffocante qu'il éprouvait à garder sa tête à l'intérieur de ce dernier. S'il continuait pourtant de porter l'objet en question, ce n'était pas pour le plaisir, loin de là, mais pour la forme. Bien que tout récent, le culte d'A'Zar commençait à se répandre dans la société ygdraëenne depuis que de nombreux cas d'accidents touchant les individus qui avaient juré fidélité à Elzédor en refusant d'obéir aux commandements du messager envoyé par le nouvel Æther aient été recensés sur l'ensemble du territoire. Ces événements, où les victimes, hantés par de perpétuels cauchemars, prétendaient toutes, après un certain temps, que leurs peurs devenaient réelles, avaient agi comme une gifle à la figure du clergé qui déployait désormais des efforts incommensurables pour honorer le Dieu des Cauchemars et éviter ainsi de subir son courroux. Bien évidemment, cette décision n'était pas approuvée de tous et les fidèles d'Elzédor continuaient, malgré ces incidents, de supplanter en nombre les partisans d'A'Zar. Cela dit, la plupart des Ygdraë comprenaient la nécessité des actes que les prêtres et les prêtresses de Melohorë avaient été contraints de faire afin d'échapper au jugement implacable de cet Æther aux origines nébuleuses. Se déguiser de manière effrayante n'était qu'une modalité parmi tant d'autres pour célébrer le culte du Dieu et c'est pourquoi le jeune Elfe acceptait d'endurer, en dépit de l'inconfort qu'il ressentait, le contact du masque sur sa peau. Il écoutait son cœur battre à un rythme soutenu pour se dissocier du mieux qu'il pouvait de la sensation déplaisante qui le démangeait.

Dès qu'il parvint à s'y accommoder avec plus ou moins de facilité, le sylvestre finit par joindre ses mains devant son visage, avant de réciter une longue prière en Hyriël. À la fin de sa tirade religieuse, il vint décrocher un masque, identique au sien, suspendu à sa ceinture pour le déposer délicatement sur l'autel fait de pierres noires, près du chandelier. « Je vous offre cette offrande en guide de preuve de ma foi et de fidélité à votre égard. En échange, je vous demanderai de bien vouloir épargner ma sœur, mon frère, mes futurs frères ou mes futures sœurs ainsi que mes parents de cauchemars... ou de mauvais présages. » Étonnamment, même si l'Ygdraë était un fervent pratiquant, il ne s'était jamais adressé à voix-haute à un Æther auparavant. L'expérience était un peu... intimidante, il devait le reconnaître, surtout lorsqu'il prenait le temps d'analyser la qualité des mots qui sortaient de sa bouche. L'Eskët se rendait compte à quel point il manquait de finesse dans son élocution et il espérait silencieusement que cette lacune ne nuirait pas à la transmission de son message... si A'Zar l'écoutait vraiment. Nerveux, le jeune garçon déglutit avant de poursuivre. « J'espère qu'il vous plaira. » Le sylvestre n'était pas certain de comprendre l'utilité d'offrir une telle offrande à une figure divine qui pouvait façonner tout ce qu'elle désirait en un simple claquement de doigts, mais les prêtres l'avaient convaincu de l'importance du geste, tant bien même qu'il lui paraissait inutile. Ils avaient sans doute raison. C'étaient eux, les messagers des Dieux après tout. Néanmoins, Elyot ne pouvait s'empêcher de trouver son « cadeau » quelque peu ironique, mais le personnel ecclésiastique lui avait assuré qu'il n'en était rien, du moins, en partie. Quand il considérait les propriétés du masque sous un autre angle, l'Elfe leur donnait raison, quoique son destinataire soit un Æther et qu'il n'avait probablement pas à se préoccuper de quelconques répercussions. L'Ygdraë compléta sa requête avec quelques remerciements supplémentaires avant de souffler les bougies, s'abandonnant ainsi au cœur des ténèbres.

Cadeau de Jun:

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